les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Tim Geithner révèle sans détour comment les dirigeants de l’Europe ont tenté un suicide financier

Tuesday 4 August 2015 at 01:58

Des transcriptions de l’ancien secrétaire au trésor américain dévoilent une panoplie d’erreurs qui hanteront l’Europe pour des années, aggravée par une rigueur déplacée.

Tim Geithner a découvert ce à quoi il allait être confronté dès février 2010 au G7 | Photo : ReutersPar Ambrose Evans-Pritchard

Nous le savons désormais : les dirigeants de l’Europe ont bien tenté de renvoyer la Grèce à l’âge de pierre dans une rage rancunière, ont comploté pour suspendre toute aide à la dette de l’Italie tant que son dirigeant élu n’était pas chassé, et ont “géré” la crise dans l’union monétaire européenne pendant trois ans avec une stupidité à faire pleurer.

Timothy Geithner a révélé les détails, tout aussi déplaisants qu’alarmants. L’ancien secrétaire au trésor des États-Unis a fait allusion à ces “défauts” dans son mémoire, Stress Test : Reflections on Financial Crises.

Peter Spiegel, du Financial Times, a obtenu les transcriptions brutes, parsemées de jurons.

Le verdict est sans appel. “J’ai complètement sous-estimé la possibilité qu’ils s’agiteraient pendant trois ans. Il m’était tout simplement inconcevable qu’ils laisseraient la situation empirer à ce point”, dit M. Geithner.

Il a découvert ce à quoi il allait être confronté dès février 2010 lors d’un meeting du G7 qui, étrangement, se tenait dans la ville canadienne d’Iqaluit, dans la Baie de Frobisher. On savait déjà que le déficit budgétaire de la Grèce était de 12% du PIB (et non pas 6% comme annoncé précédemment) et que le marché obligataire grec allait dans le décor.

Geithner : Je me souviens être allé dîner en regardant mon BlackBerry. C’était un p***n de désastre en Europe. Les actions des banques françaises avaient perdu 7 ou 8 points. C’était énorme. Pour moi, vous aviez un carnage complet classique parce que les gens disaient : crise en Grèce, qui est exposé à la Grèce ?

Je l’ai dit à ce dîner, à ce meeting, parce que les Européens se pointaient en déclarant en gros : “Nous allons donner une leçon aux Grecs. Ils sont vraiment horribles. Ils nous ont menti. Ils sont nuls, ils gaspillent, ils ont profité de tout ça et on va les écraser.” C’était à peu de chose près leur attitude, à tous.

Mais la chose importante, c’est que je leur ai dit : “Vous pouvez leur marcher dessus si c’est que vous voulez faire. Mais pour compenser, vous devez faire en sorte d’envoyer un signal rassurant à l’Europe et au monde entier, montrer que vous allez tenir les choses en main et ne pas lâcher. Vous allez protéger le reste.

J’ai été très clair avec eux dès le départ. On les entendait pousser des cris à glacer le sang sur l’aléa moral, et je leur ai dit : “D’accord. Si vous voulez être durs avec eux, ça va, mais vous devez contrebalancer en faisant bien comprendre que vous n’allez pas laisser la crise s’étendre en dehors de la Grèce. Vous devez mettre tout votre soin et vos efforts à rendre cette détermination crédible au moment où vous donnerez leur leçon aux Grecs.

Journaliste : Est-ce que vous aviez un pressentiment du genre “oh mon Dieu, ces types vont juste…”

Geithner : Ouais. J’avais vraiment… bien sûr, comme je pense l’avoir dit ailleurs, j’avais complètement sous-estimé la possibilité qu’ils brasseraient du vent pendant trois ans. Il m’était tout simplement inconcevable qu’ils laisseraient la situation empirer à ce point. Mais ces présages étaient déjà visibles dans le débat initial. Les Grecs leur avaient menti. C’était embarrassant parce que les Grecs avaient emprunté tout cet argent et ils étaient furieux, en mode “sortez les battes”.

Ils voulaient juste les tabasser. Mais en le faisant, ils risquaient de mettre le feu aux poudres. Ne manquait plus qu’une allumette.

M. Geithner est resté atterré par l’accord de Deauville en octobre 2010 (entre la chancelière Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy) qui imposerait une diminution aux détenteurs de titres souverains avant même qu’un mécanisme soit mis en place pour mettre fin à la contagion.

Geithner : C’était une incroyable erreur d’appréciation des dégâts. Ils ont tenu un sommet à Deauville en France, où Sarkozy, afin que Merkel arrête avec ses histoires d’union fiscale (ce qui était très difficile pour lui politiquement, vous savez, voir la France se placer sous la coupe de l’Allemagne en matière fiscale, du moins c’était la politique française). Donc Sarkozy se résout à soutenir Merkel sur cette réduction.

J’étais au cap Cod pour Thanksgiving et je me souviens d’avoir appelé le G7 depuis Le Cap dans ma petite chambre d’hôtel. Et en gros j’ai dit, comme Trichet, j’ai été grossier et j’ai dit : si vous faites ça, vous ne ferez qu’accélérer la fuite des capitaux d’Europe. Personne ne prêtera un dollar, un euro, à un gouvernement européen s’il est faible dans ce contexte parce que la logique sera, s’ils ont besoin d’argent, il y aura une restructuration, une réduction de la valeur de la dette. Cela inverse complètement les incitations que vous voulez créer.

J’étais hors de moi et j’ai dit il est possible que vous ayez à le faire – je ne me rappelle plus exactement comment je l’ai dit – c’est possible, si vous avez l’intention de restructurer la Grèce, mais à moins d’avoir la capacité à protéger ou à garantir le reste de l’Europe contre la contagion qui va s’ensuivre, c’est l’exacte métaphore de notre crise de 2008. Vous ne pouvez pas faire ça.

A ce moment, Trichet était complètement hors de ses gonds contre eux, et leur a dit : “Vous ne pouvez pas tenir ces paroles en l’air sur la réduction de la dette avant d’être dans une meilleure position pour garantir et protéger le reste de l’Europe de la contagion et de tout ce qui s’est passé.”

Au sujet de l’Italie, nous savons déjà grâce au livre de M. Geithner que les dirigeants de l’union monétaire européenne ont essayé de convaincre Obama de soutenir leur putsch contre le premier ministre Silvio Berlusconi en 2011. Leur requête fut rejetée. “Nous ne pouvons pas avoir du sang sur les mains”, furent les mots exacts. Les transcriptions en donnent toute la saveur.

Geithner : Pour abonder dans leur sens, les Allemands savent d’expérience qu’à chaque fois qu’ils achètent un peu de calme, et que les spreads Italiens se rapprochent, Berlusconi revient sur tout ce qu’il avait promis. Ils étaient juste paranoïaques à l’idée que chaque geste de générosité soit reçu par une sorte de “allez vous faire foutre” de l’establishment des pays plus faibles en Europe, l’establishment politique, et les Allemands étaient quasiment hystériques. Sarkozy, qui essaie de naviguer entre la perception allemande de la crise et le fait que la France souffrait beaucoup des dégâts collatéraux elle aussi, et parce que l’Europe s’affaiblit, il est en campagne. Il essaie de trouver un moyen pour établir une passerelle.

Il y a eu un sommet du G20 en France dont Sarkozy était l’hôte, qui était incroyablement intéressant, fascinant pour nous et pour le président et j’aborde ça rapidement pour pouvoir y revenir. Les Européens nous ont en fait approchés doucement, indirectement avant l’évènement en disant : “Nous aimerions que vous vous joignez à nous pour éjecter Berlusconi.” Ils voulaient que nous disions que nous ne soutiendrions aucune aide du FMI à l’Italie, en argent ou de n’importe quelle autre façon, tant que Berlusconi serait premier ministre. C’était intéressant. J’ai dit non.

Mais j’ai pensé que Sarkozy et Merkel faisaient en gros ce qu’il fallait mais que ça n’allait pas marcher. L’Allemagne, le public allemand, n’allaient pas soutenir un pare-feu financier plus important, plus d’argent pour l’Europe avec Berlusconi aux manettes du pays.

Finalement, M. Geithner dit que la phrase de Mario Draghi en juillet 2012 “nous ferons tout ce qui est nécessaire” était de l’improvisation, faite sans l’aval du conseil des gouverneurs de la BCE. C’est peut-être vrai, mais trompeur puisque le ministère des finances allemand était effectivement au courant du plan de sauvetage par les OMT pour l’Italie et l’Espagne. (J’ai pris part à un dîner avec le directeur général du ministère à peu près trois semaines avant et il avait signalé que quelque chose était en train de se préparer. Il a même utilisé l’expression “rien ne se passe dans la zone euro en ce moment sans notre permission”, alors ça me fait sourire lorsqu’on me dit que l’Allemagne ne dirige pas la zone monétaire européenne.

Mais nous y voilà :

Geithner : Les choses se sont détériorées dramatiquement pendant l’été, qui amena Draghi à prononcer ces choses en août que je ne pourrai jamais écrire, mais pour faire simple : il était à Londres à une réunion avec quelques fonds de pensions et des banquiers. Il était inquiet du style direct de l’Europe, parce qu’à ce moment-là toute la communauté de fonds de pensions pensait que l’Europe était finie. Je me souviens qu’il m’a raconté ça après, il était aux abois et a décidé d’ajouter à ses remarques, et fait tout un tas de déclarations à l’improviste du style “nous ferons tout ce qui est nécessaire”. Ridicule.

Journaliste : C’était juste impromptu ?

Geithner : Totalement impromptu… Je suis allé voir Draghi, et à ce stade, Draghi n’avait pas de plan. Ca leur est tombé dessus.

Quel foutoir.

Source : The Telegraph, le 12/11/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/tim-geithner-revele-sans-detour-comment-les-dirigeants-de-leurope-ont-tente-un-suicide-financier/


La débâcle grecque, par Perry Anderson (+ Annie Lacroix-Riz)

Tuesday 4 August 2015 at 00:09

22 JUILLET 2015 |  PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART

L’historien britannique Perry Anderson revient sur la crise grecque et analyse l’échec de la stratégie du premier ministre grec. « Tsipras et ses collègues ont répété à qui voulait les entendre qu’il était hors de question d’abandonner l’euro. Ce faisant, ils ont renoncé à tout espoir sérieux de négocier avec l’Europe réelle — et non l’Europe qu’ils fantasmaient. » 

La crise grecque a provoqué un mélange prévisible d’indignation et d’auto-satisfaction en Europe, où l’on oscille entre déploration de la dureté de l’accord imposé à Athènes et célébration du maintien in extremis de la Grèce dans la famille européenne, ou bien les deux à la fois. La première réaction est aussi futile que la seconde. Une analyse réaliste ne laisse de place à aucune des deux. Que l’Allemagne soit une fois de plus la puissance hégémonique du continent n’est pas un scoop en 2015 : la chose est évidente depuis au moins vingt ans. Que la France se comporte comme sa servante, dans une relation assez semblable à celle du Royaume-Uni vis-a-vis des Etats-Unis, n’est pas davantage une nouveauté politique : après De Gaulle, la classe politique française a retrouvé ses réflexes des années 1940. Elle s’accommode, et même admire, la puissance dominante du jour : hier Washington, aujourd’hui Berlin.

Moins surprenante encore est l’issue actuelle de l’union monétaire. Depuis l’origine, les avantages économiques de l’intégration européenne, qui vont de soi pour l’opinion bien-pensante de tout bord, ont en réalité été très modérés. En 2008, les calculs de Barry Eichengreen et Andrea Boltho, deux économistes favorables à l’intégration, concluaient que celle-ci avait augmenté le PIB du marché commun de 3 ou 4% entre la fin des années 1950 et le milieu des années 1970, que l’impact du Système Monétaire Européen était insignifiant, que l’Acte unique européen a pu ajouter 1%, et que l’Union monétaire n’avait quasiment aucun effet discernable sur la croissance ou la production.

C’était avant que la crise financière mondiale ne frappe l’Europe. Depuis, le carcan de la monnaie unique s’est révélé aussi désastreux pour les Etats du sud de l’Europe qu’avantageux pour l’Allemagne, où la répression salariale — masquant une très faible croissance de la productivité— a assuré à l’industrie allemande son avantage compétitif contre le reste de l’Europe. Quant aux taux de croissance, la comparaison avec les chiffres du Royaume-Uni ou de la Suède, depuis Maastricht, suffit à démonter l’affirmation que l’euro aurait profité à un pays autre que son principal architecte.

Voilà la réalité de la « famille européenne » telle qu’elle a été construite par l’Union monétaire et le Pacte de stabilité. Mais son idéologie est inébranlable : dans le discours officiel et intellectuel, l’UE garantit toujours la paix et la prospérité du continent, bannit le spectre de la guerre entre les nations, défend les valeurs de la démocratie et des droits de l’Homme, et fait respecter les principes d’un libre marché modéré, socle de toutes les libertés. Ses règles sont fermes mais souples, répondant à un double impératif de solidarité et d’efficacité. Pour les sensibilités baignant dans cette idéologie commune à l’ensemble du personnel politique européen et à la vaste majorité du commentaire médiatique, la souffrance des Grecs a été un spectacle douloureux. Mais heureusement, le bon sens a fini par triompher, un compromis a été trouvé et il ne reste plus qu’à espérer tous ensemble que l’Union n’a pas subi de dommage irréparable.

Depuis la victoire électorale de Syriza en janvier, le cours de la crise en Grèce était également prévisible, à l’exception du rebondissement final. Les origines de la crise étaient doubles : la qualification frauduleuse à l’entrée dans la zone euro par le PASOK de Simitis et l’impact du krach global de 2008 sur l’économie fragile d’une Grèce endettée et non compétitive. Depuis 2010, des programmes d’austérité successifs — autrefois appelés « plans de stabilisation » — dictés par l’Allemagne et la France, dont les banques étaient les plus exposées au risque de défaut grec, ont été mis en oeuvre sur place par la Troïka composée de la Commission européenne, de la BCE et du FMI. Cinq années de chômage de masse et de coupes budgétaires sociales plus tard, la dette atteignait de nouveaux sommets. Dans ce contexte, Syriza a gagné parce qu’il promettait avec fougue et conviction de mettre fin à la soumission à la Troïka. Il « renégocierait » les termes de la tutelle européenne.

Comment comptait-il y parvenir ? Tout simplement en implorant un traitement plus doux, et en jurant quand celui-ci ne venait pas — des implorations et des jurons, donc, adressés aux nobles valeurs de l’Europe, auxquelles le Conseil européen ne pouvait être indifférent. Il n’était que trop clair, dès le départ, que ce déversement de supplications et d’imprécations était incompatible avec toute idée de sortie de l’euro. Pour deux raisons. Les dirigeants de Syriza n’arrivaient pas à faire la distinction mentale entre l’appartenance à la zone euro et à l’UE, considérant la sortie de l’une comme équivalent de l’expulsion de l’autre, soit le pire cauchemar pour les bons Européens qu’ils assuraient être. Ensuite, ils savaient que, grâce aux fonds structurels et à la convergence initiale des taux d’intérêt européens, le niveau de vie des Grecs avait effectivement progressé pendant les années Potemkine de Simitis. Les Grecs avaient donc de bons souvenirs de l’euro, qu’ils ne reliaient pas à leur misère actuelle. Plutôt que d’essayer d’expliquer ce lien, Tsipras et ses collègues ont répété à qui voulait les entendre qu’il était hors de question d’abandonner l’euro.

Ce faisant, ils ont renoncé à tout espoir sérieux de négocier avec l’Europe réelle — et non l’Europe qu’ils fantasmaient. La menace économique d’un Grexit était certes beaucoup plus faible en 2015 qu’en 2010, les banques allemandes et françaises ayant été renflouées entre temps par les plans de soi-disant sauvetage de la Grèce. Malgré quelques voix alarmistes résiduelles, le ministère des finances allemand savait depuis un moment que les conséquences matérielles d’un défaut Grec ne seraient pas dramatiques. Mais du point de vue de l’idéologie européenne à laquelle adhèrent tous les gouvernements de la zone euro, ce coup symbolique porté à la monnaie unique, et au « projet européen » comme on aime à l’appeler ces jours-ci, aurait été une régression terrible qu’il fallait empêcher à tout prix. Si Syriza avait élaboré dès son arrivée au pouvoir un plan B pour un défaut organisé — en préparant les contrôles de capitaux, l’impression d’une monnaie parallèle et d’autres mesures de transition imposables en 24 heures pour éviter le désordre — et menacé l’UE de l’appliquer, il aurait disposé d’armes de négociation. S’il avait déclaré qu’en cas d’épreuve de force, il retirerait la Grèce de l’OTAN, même Berlin aurait réfléchi à deux fois à un troisième programme d’austérité, devant la crainte américaine que suscite une telle perspective. Mais pour les Candides de Syriza, ceci était encore plus tabou que l’idée d’un Grexit.

Face à un interlocuteur privé de tout levier et alternant entre implorations et insultes, pourquoi les puissances européennes auraient-elles fait la moindre concession, sachant dès le départ que tout ce qu’elles décideraient serait in fine accepté ? Sous cet angle, leur conduite a été tout à fait rationnelle. La seule surprise notable dans cette chronique écrite d’avance fût que Tsipras annonce, en désespoir de cause, un référendum sur le troisième mémorandum et que l’électorat le rejette massivement. Armé de ce « Non » retentissant, Tsipras a émis un « oui » penaud à un quatrième memorandum encore plus dur que le précédent, prétendant à son retour de Bruxelles qu’il n’avait pas d’autre choix en raison de l’attachement des Grecs à l’euro. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas avoir posé cette question là au referendum : être vous prêts à tout accepter pour rester dans l’euro?  En appelant à voter Non, et en exigeant un Oui docile moins d’une semaine après, Syriza a retourné sa veste aussi vite que les crédits de guerre avaient été votés par la sociale-démocratie en 1914, même si, cette fois-ci, une minorité du parti a sauvé son honneur. A court terme, Tsipras prospérera sur les ruines de ses promesses, comme l’avait fait le premier ministre travailliste britannique Ramsay MacDonald, dont le gouvernement d’union nationale composé en majorité de conservateurs avait imposé l’austérité en pleine Grande dépression, avant de mourir dans le mépris de ses contemporains et de la postérité. La Grèce a déjà eu sa part de dirigeants de cet acabit. Peu de gens ont oublié lApostasia de Stephanopolous en 1965 (1).  Le pays aura sans doute à en subir d’autres.

Quid de la logique plus large de la crise ? Tous les sondages montrent que, partout, l’attachement  à l’Union européenne a — à juste titre — fortement décliné en dix ans. Elle est désormais vue comme ce qu’elle est : une structure oligarchique, gangrénée par la corruption, construite sur le déni de la souveraineté populaire, imposant un régime économique amer de privilèges pour quelques uns et de contraintes pour tous les autres. Mais ceci ne signifie pas qu’elle soit mortellement menacée par le bas. La colère monte dans la population, mais faute de catastrophe, le premier instinct sera toujours de s’accrocher à ce qui existe, aussi repoussant que cela puisse être, plutôt que de se risquer à ce qui pourrait être radicalement différent. Ceci ne changera que si, et quand, la colère sera plus forte que la peur. Pour le moment, ceux qui vivent sur la peur — la classe politique à laquelle Tsipras et ses collègues appartiennent désormais — peuvent être tranquilles.

(1) L’Apostasia désigne le transfuge de renégats menés par Stephanos Stephanopoulos d’un gouvernement d’Union des Centres à un régime nommé par le Roi, deux ans avant le coup d’Etat militaire de 1967.

Source : http://blogs.mediapart.fr

Quand le Coup contre la Grèce révèle ce qu’est l’Union Européenne depuis l’origine ! – par Annie Lacroix-Riz

Il n’aura donc pas fallu une semaine pour que le “OXI” massif des grecs soit piétiné, qu’un coup d’état financier mené de façon implacable par l’Union Européenne en étranglant la Grèce via la Banque central européenne démontre le caractère totalitaire, la nature de dictature de la classe capitaliste de ce qu’est réellement et concrètement l’Union Européenne à ceux qui en douterait encore. www.initiative-communiste.fr site web du PRCF publie cette tribune de notre camarade l’historienne Annie Lacroix-Riz, auteur notamment d’un ouvrage à lire absolument « Aux origine du carcan européen ».

La réalité de cette Union européenne, amorcée à la fin du 19e siècle par les associations capitalistiques franco-allemandes, et qui prit son visage définitif, sous la tutelle américaine ajoutée à l’allemande, entre les années 1920 et les années Jean Monnet-Robert Schuman d’après Deuxième Guerre mondiale, fait brutalement tomber le masque du « projet européen » qui a dupé tant de peuples et pendant si longtemps. Beaucoup prêtent à l’union européenne une identité sympathique, au moins fugace, qu’elle n’a jamais eu, ni en 1926 (fondation du cartel international de l’acier) ni en 1950 (discours de Robert Schuman sur la Communauté européenne du charbon et de l’acier). C’est d’ailleurs l’origine d’une déception sans objet. La casse de l’histoire, systématique, dans tous les pays concernés, et la propagande quotidienne ont entretenu les illusions.

Il fut un temps, et vous le savez, où les partis marxistes, bien informés, notamment par le « camp démocratique » guidés, eh oui !, par l’URSS (pays dont il serait temps de faire sérieusement l’histoire), et indépendants de « l’Occident » guidés par Washington, connaissaient les tenants et aboutissants de « l’Europe » (alors « occidentale »), l’écrivaient et le clamaient. Les archives originales l’attestent, qui révèlent, dans le cas français, l’effroi du Quai d’Orsay devant les révélations, incontestables mais encore parfois au-dessous de la cruelle vérité, que L’Humanité et la presse communiste diffusaient quotidiennement tant sur l’abominable Plan Marshall que sur celui d’Union Européenne qui en constituaient le prolongement : l’objectif était de créer un énorme marché européen pour l’impérialisme américain, avec la perspective d’y intégrer, sous la tutelle secondaire mais essentielle de l’ancien Reich (alors zone occidentale de l’Allemagne puis RFA), le continent européen entier, ce qui supposait entre autre de balayer le « camp socialiste ». Notons qu’on continue ces temps-ci à réclamer un Plan Marshall pour tout et n’importe quoi, notamment pour la Grèce : on ne croit pas si bien dire, on y est, avec une grande partie des conditions attachées aux emprunts « européens » de l’époque…

Un carcan de fer s’abat sur l’europe : l’Union Européenne

Le tout pris corps sous la « protection »-carcan américain du Pacte atlantique d’avril 1949 et de son organisation militaire, l’OTAN, disposant de bases dans le monde entier (stepping stones) et mettant en œuvre la « stratégie périphérique » (aérienne) qui vouait les peuples dépendants à la mission explicitement décrite de « chair à canon » (canon fodder). Cette ligne avait été entièrement définie à Washington pendant la Deuxième Guerre mondiale, à l’heure où l’URSS assurait la partie militaire, avec ses dizaines de millions de victimes militaires et civiles de la guerre d’attrition conduite par l’impérialisme allemand, de ce qui fut l’écrasante victoire économique et politique des Etats-Unis en 1945. L’option américaine n’eut donc rien à voir avec la chronologie de la « Guerre froide », attrape-nigauds aussi puissant et efficace que celui du « projet social » de l’Union Européenne. Rappelons qu’une base militaire, à l’ère maritime (britannique) et aéronautique (états-unienne) de l’impérialisme (voir même avant cette phase impérialiste, pour le cas britannique), constitue d’abord une base de contrôle économique de l’empire.

Que la plupart des partis, mouvements et syndicats révolutionnaires ou (vraiment) « démocratiques » aient changé d’avis sur l’Union Européenne et cédé aux illusions (certains, de longue date, d’autres, qui ont résisté plus longtemps, plus récemment, inutile d’établir ici le sinistre palmarès) mesure seulement l’ampleur des défaites et abdications successives du « mouvement démocratique » au bout de plusieurs décennies de crise systémique du capitalisme et de victoires politiques du « camp impérialiste » (camp très malade cependant). Ces illusions ont généré une situation aussi désespérante pour les peuples que celle de 1914, c’est à dire aussi momentanément désespérante qu’en 1914. A cet égard, la synthèse de Jacques Pauwels, 1914 1918. La grande guerre des classes, Bruxelles, Aden, 2014, riche sur les questions politiques et sociales, aidera les désespérés à réfléchir, par comparaison, sur les issues possibles. Sur la clé économique du phénomène, tant en 1914 qu’aujourd’hui, impossible de sortir du cadre de L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, de Lénine, qu’il faut lire ou relire, tant cette brochure est adaptée à la période que nous vivons. Sans en négliger la portée politique, puisqu’elle souligne la responsabilité éminente de la fraction dirigeante des partis « ouvriers », « l’aristocratie ouvrière » de la Deuxième Internationale qui avait soutenu l’union sacrée et conduit ses mandants à la boucherie. De même, le chœur « européen » des partis de « gauche » et des syndicats nationaux groupés sous la bannière de la Confédération européenne des syndicats sanglote aujourd’hui sur le paradis perdu et conjure ses membres et sympathisants (de moins en moins nombreux, ce qui ne diminue pas toujours les moyens des organisations concernées) de se battre pour le maintien de l’euro et une union européenne fantasmée, ou plutôt de les soutenir par sa seule renonciation à lutter. Car ledit chœur empêche de toutes ses forces, depuis plusieurs décennies, ses mandants de défendre activement leurs propres intérêts politiques et sociaux, jusqu’ici avec grand succès, il faut l’admettre.

Avec le coup de force contre la Grèce, les yeux se décillent : combattre l’euro fascisation en marhce

Nous atteignons avec le coup de force ou coup d’État contre la Grèce (qui en effet, ressemble comme deux gouttes d’eau au Munich extérieur de la nuit du 29-30 septembre 1938 et au « Munich intérieur » consécutif) une phase de la crise de l’impérialisme décisive pour que les yeux se dessillent. Le problème supplémentaire, non scientifique assurément, est qu’il faudrait trouver une solution politique, et vite, pour sortir d’un enfer déjà atteint ou qui nous menace tous ou presque. Commençons par arrêter de crier au loup et au retour du « nationalisme » comme si les mouvements fascistes, naguère qualifiés de nationaux, avaient vraiment l’intention de reconstituer les nations mises à l’agonie par l’impérialisme, Etats-Unis et Allemagne en tête  : c’est ce que les partis fascistes, financés par le grand capital (comme aujourd’hui), ont prétendu dans l’entre-deux-guerres, avant de se rouler aux pieds du vainqueur, montrant ce qu’il fallait entendre par « partis nationaux », tandis que les prétendus « métèques » se battaient pour les intérêts nationaux et sociaux de la population de leur pays d’accueil. Le fascisme, excellent moyen, pour le grand capital, d’écraser les salaires en cas de besoin, ne « passe » que si les populations omettent de se battre pour leurs intérêts sociaux : si le peuple grec et les autres luttent contre ce qui les accable, le « fascisme » ne passera pas ; s’ils y renoncent, laissant le grand capital libre de confier ses intérêts du jour à des auxiliaires politiques « à poigne », c’est une autre affaire.

Je me permets, sur l’aspect historico-scientifique de ces questions, de renvoyer à mon ouvrage Aux origines du carcan européen, 1900-1960 (2e édition), Paris, Delga-Temps des cerises, 2015, évidemment plus précis que le contenu des conférences. J’ai consacré nombre de travaux depuis les années 1980-1990 (dont plusieurs figurent dans la bibliographie du livre sur le Carcan) aux tentatives ayant abouti à la création de l’Union Européenne. Les sources contemporaines des événements ne laissent aucune illusion sur la similitude absolue entre les intentions de ses fondateurs et leurs réalisations, et sur l’inanité de la thèse d’une « dérive » de l’Union Européenne entre 1945-1960 et la période actuelle (voir le curriculum vitae de 2014 de mon site, qui sera bientôt actualisé à la date de juin 2015). Et, sur le fascisme, à mes travaux sur l’entre-deux-guerres, notamment LeChoix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2010, et De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, Paris, Armand Colin, 2008.

Source : www.initiative-communiste.fr

Source: http://www.les-crises.fr/la-debacle-grecque-par-perry-anderson-annie-lacroix-riz/


Zero Hedge : L’UE est devenue un nid de corruption

Tuesday 4 August 2015 at 00:01

Roulez ! Roulez ! L’UE est devenue un nid de corruption !

Sources :  Zero Hedge – soumis par Pivotfarm le 04/02/2014 18:11 -0500

Comme si nous n’étions pas déjà au courant ! Le monde occidental reste bien l’ultime destination pour la corruption, tirer d’un coup rapide et chiper les objets de valeur de la poche intérieure du pantalon du type debout en face de vous pendant qu’il garde ses petits yeux brillants rivés sur le système économique. Il a toujours été par le passé le maître de Tom-bêtises et de l’imaginaire, l’Occident. L’endroit où ils vous diront qu’il faut remonter aussi loin que du temps des Romains, parce que c’est là qu’on devrait se rendre pour y trouver la moindre trace de la corruption dans le monde politique et puisqu’il en avait certainement banni les franges mêmes du monde financier. C’est ce que nous nous sommes dit.

Il s’avère à présent, selon les chiffres récemment publiés, que c’est bien l’UE qui reste l’un des endroits les plus corrompus au monde. Assez pour vous couper le souffle, et pas seulement votre argent durement gagné. Ce sera certainement le carburant pour mettre le feu aux arguments des anti-européens et des eurosceptiques qui sont en train de devenir beaucoup plus nombreux qu’une simple pincée de curiosité.

La corruption dans l’Union européenne coûte au moins 120 milliards d’euros (162,10 milliards de dollars) chaque année selon une Commission européenne. Espérons simplement que la Commission a eu l’honnêteté de rester suffisamment éloignée des activités frauduleuses pour réaliser cette étude et au cours de l’élaboration de ce rapport. Oh ! Quel bien méchant Web nous tissons-là !

N’importe qui pourrait hasarder l’hypothèse que ces € 120 milliards sont plutôt du côté des conservateurs. Mais, là encore, l’UE aime bien,  comme toujours, balancer un tas de chiffres, n’est-ce pas? Ils doivent avoir de l’argent à jeter. Désolé pour la correction, les citoyens de l’UE doivent avoir de l’argent à jeter aux politiciens et aux fonctionnaires corrompus comme de lancer des cacahuètes dans la bouche des singes qui se balancent aux branches des arbres du zoo.

Le chiffre de 120 milliards c’est l’équivalent du budget de l’UE. Ainsi donc les Européens paient le double pour le fonctionnement de leur Union unifiée ? En ce qui concerne l’Union européenne, on dirait bien que la seule chose qui soit unie à l’heure actuelle c’est bien la lutte pour arriver à maintenir les activités frauduleuses de détournement de fonds et d’aide de fonds publics pour des avantages personnels de celui qui se trouve au sommet dans l’agenda. Une telle enquête n’a jamais été menée auparavant et il semble peu probable qu’il leur prendra de nouveau l’envie  de faire à nouveau publier de tels résultats.

• La Grèce, la Croatie, la République tchèque, la Lituanie, la Bulgarie et la Roumanie donnent des résultats qui montrent qu’entre 6% et 29% des citoyens de ces pays ont dû payer des pots de vin à des fonctionnaires du public (dans les douze derniers mois) de ces pays ainsi que particuliers.
• 99% des Grecs estiment que la corruption est monnaie courante dans l’UE (est-ce que ça nous apprend vraiment quelque chose de nouveau ?).
• La Pologne c’est un chiffre de 15%.
• La Hongrie se situe à 13%.
• Le Royaume-Uni connaît un niveau étonnamment bas (seulement 1%). Alors, soit ce sont tous des mensonges qui se racontent en Grande-Bretagne, soit c’est qu’ils ont peu de relations avec les fonctionnaires de l’UE ou des responsables gouvernementaux. Faites votre choix !
• 64% des Britanniques ont précisé cependant qu’ils avaient quand même l’impression que la fraude et la corruption était répandue au Royaume-Uni. Cela montre bien que quelqu’un s’est couché quelque part le long de la ligne.
Mais, le chiffre global de l’UE c’est que 74% estiment que la corruption est partout.
• 9% des Allemands connaissent quelqu’un qui a pris un pot de vin.
• 60% des entreprises françaises estiment que la corruption est un obstacle qui empêche de faire des affaires dans l’UE.
• 4% des Suédois disent qu’ils ont eu à payer un pot de vin.
• Bien que 18% des Suédois connaissent quelqu’un qui a eu à payer un pot de vin.
• Donc, nous ne pouvons qu’en déduire ici parmi toutes ces étranges statistiques que, soit toutes les personnes se connaissent en Suède et que ce sont les mêmes vieux fous qui paient de l’argent sous la table.
• Soit la commissaire Anna Cecilia Malmström (née à Stockholm) de l’UE qui conduisait ce rapport sur la fraude a été obligée de rédiger une « certaine » réponse.

Le rapport de l’UE a été fait à la demande des pays membres de l’UE ainsi que du Parlement européen. Rien de tel qu’une apparente transparence pour garder au calme les chiens qui aboient, n’est-ce pas ?

L’UE dispose déjà d’un organisme anti-fraude appelé OLAF (notamment sur la fraude de l’UE concernant le budget européen). Mais, c’est encore l’une de ces autres merveilles de la recherche d’investigation moderne. Gardez le budget aussi serré qu’une chaussure enchaînée et ils ne seront pas en mesure d’enquêter sur tout. OLAF reçoit 23,5 millions d’euros ($ 31.740.000). Mais, est-ce que ça vaudrait le coup de leur donner davantage ? En 2000, les vérificateurs internes ont placés des rapports sur le bureau des enquêteurs de l’OLAF pour montrer qu’Eurostat avait frauduleusement attribué des contrats à des entreprises privées. L’OLAF a décidé de ne pas agir à la suite de cette information, mais il a ensuite été forcé de le faire lorsque le scandale a été révélé par la presse.

Les dernières conclusions du rapport de l’UE montrent que les procédures de passation des marchés publics ont été ouvertes à la fraude, en particulier. Le financement des partis politiques a également été attaqué à cause d’activités frauduleuses.

Hocus Pocus, la chicane, la duperie et la duplicité, oh quel bambouzelement (NdT : en français ça pourrait donner Parlement-Bananier) de la ruse de la duplicité et du mensonge! 

Noyer le tout autant que possible dans des textes interminables, avec un sens de la hiérarchie superflu sur-renforcée à tous les niveaux afin que vous ne puissiez jamais aller au fond des choses, et vous obtenez une magnifique ancienne recette pour la corruption dans l’UE. Voilà ! Magique!

NdT : Pour 2013, le budget de l’UE s’élevait à 132,8 milliards d’euros.

Traduction Didier ARNAUD

 

À vous couper le souffle” la corruption en Europe !

Sources :  Zero Hedge – Soumis par Tyler Durden le 10/02/2014 12:12 -0500 – Soumis par Pater Tenebrarum de acting-man – Traduction librement adaptée © Didier ARNAUD

Un récent article de la BBC a examiné les conclusions d’un rapport de la Commissaire des affaires intérieures de l’UE Cecilia Malmström sur la corruption dans l’Union Européenne. Selon le rapport, le coût de la corruption dans l’UE s’élève à € 120 milliards chaque année. Nous aimerions suggérer que c’est probablement beaucoup plus que cela (puisqu’en fait, même Mme Malmström a déclaré être accord avec cette évaluation). C’est évidemment ce que l’on obtient quand on met en place d’énormes bureaucraties byzantines et que l’on publie un véritable déluge de règles et de règlements chaque année. De plus en plus de personnes deviennent nécessaires pour administrer cet indigeste cauchemar de formalités administratives, et naturellement la qualité des embauches décline au fil du temps en raison du nombre devenu absolument nécessaire.

En pardessus le marché, probablement que beaucoup de petites et moyennes entreprises n’auraient pas été en mesure de survivre si elles n’avaient pas pris occasionnellement le temps de corrompre quelques fonctionnaires. Les grandes entreprises considèrent de toute façon la corruption comme un coût tout à fait normal pour leurs affaires, en particulier lorsque l’entreprise concernée implique la traite de vaches à lait  fiscales. Comme vous le verrez ci-dessous, le secteur de la défense – ou mieux le racket de guerre – est particulièrement vulnérable à la corruption. Les contribuables finissent évidemment par en payer chaque centime. Un autre secteur qui est apparemment sujet à la corruption généralisée reste celui des soins de santé – ce qui ne devrait pas être une surprise, puisque la prestation des soins de santé est une entreprise pratiquement entièrement socialisée en Europe. Des pots de vin peuvent bien dans certains cas devenir la différence entre la vie et la mort. Vous n’aurez probablement pas non plus à être trop surpris d’apprendre qu’il y a eu fraude à la TVA d’un montant de 5 milliards € dans le marché bizarre, et totalement inefficace, et inutile, du “crédits carbone“, qui s’est transformé en un gâchis aux proportions ahurissantes. Il n’y a tout simplement pas d’autre moyen d’arriver à faire fortune sur ce marché nous supposons. De la BBC :

« L’étendue de la corruption en Europe est ” à vous couper le souffle “» et elle coûte à l’économie de l’UE au moins 120 milliards d’euros (£ 99 billions) chaque année, a déclaré la Commission européenne. La Commissaire aux Affaires Intérieures de l’UE Cecilia Malmström a présenté un rapport complet sur ce problème.

Elle a expliqué que le véritable coût de la corruption était «probablement beaucoup plus élevé » que ces 120 milliards. Les trois quarts des Européens interrogés pour cette étude de la Commission on déclaré que la corruption était généralisée, et plus de la moitié ont déclaré que le niveau avait augmenté.

 « L’ampleur du problème en Europe est à couper le souffle, bien que la Suède reste parmi les pays ayant le moins de problèmes», a écrit en Suède Mme Malmström dans le quotidien Goeteborgs-Posten. Le coût pour l’économie de l’UE est équivalent au budget annuel de l’Union. Pour ce rapport, la Commission a étudié la corruption dans la totalité des 28 États membres de l’UE. La Commission annonce que c’est la première fois qu’elle a pu réaliser une telle enquête.

Plutôt que les institutions de l’UE, ce sont bien les gouvernements nationaux les principaux responsables de la lutte contre la corruption dans l’UE.

 [...]

Dans certains pays, il y a eu un nombre relativement élevé de rapports sur des expériences personnelles de corruption. En Croatie, en République tchèque, en Lituanie, en Bulgarie, en Roumanie et en Grèce, entre 6% et 29% des personnes interrogées ont dit qu’elles avaient été contactées pour un pot de vin, ou bien qu’elles avaient été tenues d’en payer, au cours des 12 derniers mois. Il y a eu également un grand niveau de corruption en Pologne (15%), en Slovaquie (14%) et en Hongrie (13%), où les cas les plus fréquents étaient dans le domaine de la santé.

 [..]

L’année dernière, le directeur d’Europol Rob Wainwright a déclaré que la fraude à la TVA sur le marché des crédits de carbone avait coûté à l’UE environ 5 milliards d’€uros ».

Et c’est seulement ce qu’ils ont réellement réussi à savoir à son propos. Rappelez-vous, il y a des inconnus connus et des inconnus inconnus tout aussi ici, et ils éclipsent probablement tout ce qui est réellement connu. On a peut être vraiment une idée de l’immensité du problème quand l’on considère le cas de la Grèce.

______________________________________________________________________________________________

NB : Le 10 septembre 2014, le nouveau Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a proposé Cecilia Malmström comme Commissaire européenne chargée du Commerce. Sa principale mission est de finaliser le traité transatlantique

Pots-de-vins officiels qui dépassent la capacité de stockage en mémoire en Grèce 

La Grèce est bien sûr un cas particulier en termes de corruption officielle. Si vous vous êtes jamais demandé comment le pays pourrait faire faillite en si peu de temps après avoir rejoint la zone €uro, surtout ne vous posez plus la question. Voici quelques extraits d’un article paru récemment dans le New York Times sur un fonctionnaire de niveau inférieur du Ministère de la Défense qui a reçu tant de pots de vin qu’il ne peut même plus se souvenir davantage de tous. Les montants en jeu se révèlent stupéfiants :

«Quand Antonis Kantas, un député du ministère de la Défense d’ici, s’est élevé contre l’achat de coûteux tanks fabriqués en Allemagne en 2001, un représentant du fabricant de tank s’est arrêté à son bureau pour abandonner un cartable sur son canapé. Il contenait € 600.000 ($ 814.000).

D’autres fabricants d’armes désireux de faire des affaires sont venus lui rendre visite, aussi, certains pour le guider à travers les tenants et les aboutissants de la banque internationale et lui verser ensuite des dépôts sur ses comptes à l’étranger.

À l’époque, M. Kantas, un ancien vigoureux officier de l’armée, n’avait pas réellement le pouvoir de décider quoi que ce soit de son propre chef. Mais la corruption était si répandue à l’intérieur de l’équivalent grec du Pentagone que même pour un homme de son rang relativement modeste, comme il a récemment témoigné, a réussi à amasser près de 19 millions de dollars en simplement cinq ans de ce travail ».

On se demande bien ce que les fonctionnaires les plus puissants ont été en mesure de détourner. Malheureusement, la corruption est si répandue et implique censément les plus hauts échelons de la bureaucratie et du corps politique en Grèce, que l’on doit s’attendre alors à ne jamais le découvrir. Rien d’étonnant à ce qu’il y ait autant de fraude fiscale en Grèce : qui veut remettre son argent durement gagné à un tel gang de voleurs? C’est comme payer la mafia.

En attendant, les sociétés qui versent des pots de vin sont bien évidemment toutes aussi coupables, et beaucoup d’entre elles proviennent de pays qui sont eux-mêmes classés relativement bas sur l’échelle de la corruption – par exemple l’Allemagne et la Suède. Cela semble bien être l’ «occasion qui fait le larron » dans ce type de situation.

« Jamais auparavant, un fonctionnaire n’a ouvert une aussi grande fenêtre sur ce système impressionnant de bakchichs au travail dans un ministère du gouvernement Grec. » À divers moments, M. Kantas, qui est retourné témoigner de nouveau la semaine dernière, a déclaré aux enquêteurs qu’il avait reçu tant de des pots de vin, qu’il lui était devenu impossible de se souvenir des détails.

 [...]

Le témoignage de M. Kantas, s’il se révèle exact, illustre la façon dont les fabricants d’armes en provenance d’Allemagne, de France, de Suède et de Russie ont généreusement distribué des pots de vin, souvent par le biais des représentants grecs, pour vendre de l’armement au gouvernement largement au-dessus de ses moyens, et dont les experts affirmaient dans de nombreux que c’était cas trop cher et techniquement dépassé.

Les € 600.000, par exemple, qui ont servi à acheter le silence de M. Kantas sur les tanks, ont été considérés comme de peu de valeur dans des guerres où la Grèce aurait à combattre, selon Constantinos P. Fraggos, un expert de l’armée grecque qui a écrit plusieurs livres sur le sujet. La Grèce allé de l’avant et a acheté 170 de ces tanks pour environ 2,3 milliards de dollars.

Ajoutant à l’absurdité de cet achat (presque en totalité à crédit), le ministère n’a pratiquement pas acheté de munitions pour eux, a déclaré M. Fraggos. Elle a également acheté des avions de combat sans systèmes de guidage électroniques et a versé plus de 4 milliards de dollars pour des sous-marins, bruyants et inadaptés qui ne sont pas encore terminés et qui gisent aujourd’hui pratiquement abandonnés dans un chantier naval en dehors d’Athènes . Au plus fort de la crise, quand il n’était pas clair si la Grèce serait jetée hors de la zone €uro et longtemps avant que les sous-marins n’aient été achevés, le Parlement Grec a approuvé un dernier paiement $ 407 millions pour les sous-marins allemands “.

[...]

Le ministère de la Défense est loin d’être le seul ministère soupçonné d’être un foyer de corruption. Mais le ministère de la Défense constitue une cible particulièrement riche pour les enquêteurs parce que la Grèce a connue une énorme frénésie de dépenses après 1996 quand elle a connue une escarmouche de faible niveau avec la Turquie sur l’île d’Imia dans la mer Égée.

Un ancien directeur général du ministère de la Défense, Evangelos Vasilakos, a calculé que la Grèce va passer commande pour au moins 68 milliards de dollars d’armes au cours des 10 prochaines années, en grande partie de l’argent emprunté. Pour gagner ces offres, qui impliquait l’approbation de responsables militaires et de fonctionnaires du ministère de la Défense, ainsi que du Parlement, les marchands d’armes ont probablement dépensé plus de 2,7 milliards de dollars en pots de vin, selon Tasos Telloglou, un journaliste d’investigation du quotidien Grec Kathimerini, qui a écrit abondamment sur le sujet. “

(Remarque Ajoutée)

Acheter des armes en grande partie inutile pour 68 milliards de dollars est assurément un sacré exploit pour un pays d’un peu plus de 11 millions d’habitants. Les Saoudiens pourraient bien être capables de faire mieux sur une autre base par habitant, mais ils ont beaucoup d’argent du pétrole et n’ont pas besoin d’un plan de sauvetage de quiconque. La Grèce n’était pas en mesure de se permettre l’achat de ces coûteux jouets. 

Même si les armes étaient en parfait état de fonctionnement, cette frénésie d’achats n’aurait aucun sens. Est-ce que la Grèce va vraiment mener une guerre contre la Turquie, un partenaire de l’OTAN? L’idée même est absurde. Puisque nous pouvons écarter cette possibilité, pour qui sur terre sont les bonnes armes ?

Nous pouvons modifier la présente phrase célèbre de Randolph Bourne: «La guerre est la santé de l’État - et de ses sbires et des fournisseurs ».

Dites bonjour à un éléphant blanc dans les massifs d’arbustes grecs !!!.

Traduction Didier Arnaud

Source: http://www.les-crises.fr/zero-hedge-lue-est-devenue-un-nid-de-corruption/


Quand Varoufakis projetait secrètement de pirater son propre ministère

Monday 3 August 2015 at 00:05

Un article Mainstream sur ce sujet, mais avec une information très importante…

– Publié le 27-07-2015

Il y avait bien un plan B à Athènes. Et pas n’importe lequel. Alors qu’il était ministre des Finances du gouvernement Tsipras, en plein bras de fer avec les Européens, Yanis Varoufakis a créé un cabinet secret, qui avait notamment pour mission de réfléchir aux alternatives, au cas où il faudrait passer de l’euro à la drachme. Varoufakis voulait aussi développer un système bancaire alternatif. Et cela supposait de… pirater sa propre administration fiscale !

L’affaire, pour le moins explosive à Athènes, a été révélée dimanche 26 juillet par “Ekathimerini“. Ce journal grec a retranscrit une conférence téléphonique entre Yanis Varoufakis, l’ancien ministre des Finances britannique Norman Lamont, et des financiers. Elle a eu lieu le 16 juillet, soit une semaine après le départ de Varoufakis du gouvernement.

Depuis, le contenu de cette conversation a été confirmé par Varoufakis et par deux responsables de fonds spéculatifs qui y ont participé, révèle le “Télégraph” (en anglais). A Athènes, les principaux partis d’opposition (Nouvelle Démocratie, To Potami et le Pasok) se sont réunis en urgence pour évoquer l’affaire. “Ils veulent me faire passer pour un escroc, répond Varoufakis, et me faire tomber pour trahison.”

Un système bancaire parallèle

L’histoire racontée par l’ancien ministre aux financiers dépasse la fiction.

Le Premier ministre, avant qu’il ne devienne Premier ministre, avant que nous ne gagnions l’élection en janvier, m’avait donné son feu vert pour mettre au point un plan B, débute Varoufakis. J’ai réuni une équipe très compétente, restreinte vu qu’il fallait garder ce projet secret pour des raisons évidentes. Nous avions travaillé depuis décembre ou début janvier.”

L’économiste affirme que le plan était “presque achevé”, mais que pour le mener à bien, il avait besoin d’agrandir son équipe de 5 à 1.000 personnes. Là n’est pas la seule difficulté :

Notre plan se déroulait sur plusieurs fronts, poursuit l’ex-ministre, je ne vous en présenterai qu’un seul. Prenez le cas des premiers instants où les banques sont fermées. Les distributeurs de billet ne fonctionnent plus et il faut mettre en œuvre un système de paiement parallèle pour continuer à faire tourner l’économie pendant un temps, et donner le sentiment à la population que l’Etat a le contrôle, qu’il y a un plan. Nous avions prévu cela.”

Le plan de Varoufakis consistait à créer des comptes bancaires de réserve pour chaque contribuable, en fonction de son numéro fiscal. Il suffirait d’envoyer à chaque contribuable un mot de passe pour qu’il se connecte sur le site des impôts et passe des virements.

Cela aurait créé un système bancaire parallèle lors de la fermeture des banques résultant de l’action agressive de la BCE de nous priver d’oxygène. C’était très avancé et je pense que cela aurait fait la différence, parce que rapidement, nous aurions pu l’étendre, utiliser des applications sur smartphone, et cela aurait pu devenir un système parallèle qui fonctionne, bien sûr avec une dénomination en euro, mais qui pourrait être converti en drachme en un clin d’œil.”

Un obstacle : la troïka

Seulement, pour faire cela, le gouvernement grec aurait dû surmonter de sérieux obstacles institutionnels.

C’est assez fascinant, poursuit Varoufakis aux financiers. La direction générale des finances publiques, au sein de mon ministère, était contrôlée entièrement et directement par la troïka. Elle n’était pas contrôlée par mon ministère, par moi, ministre, elle était contrôlée par Bruxelles. Le directeur général est désigné via une procédure sous le contrôle de la troïka. Imaginez, c’est comme si les finances étaient contrôlées par Bruxelles au Royaume-Uni. Je suis sûr que ca vous hérisse le poil d’entendre cela.”

Le ministre fait alors appel à un “ami d’enfance”, professeur d’informatique à l’Université de Columbia, qu’il nomme directeur général des systèmes d’information.

Au bout d’une semaine, il m’appelle et me dit : ‘Tu sais quoi ? Je contrôle les machines, le matériel, mais je ne contrôle pas les logiciels. Ils appartiennent à la Troïka. Qu’est-ce que je fais ?’”

Les deux amis se voient discrètement. Pas question de demander officiellement à la direction des finances publiques l’autorisation d’accéder au système, cela pourrait susciter des soupçons.

Nous avons décidé de pirater le programme informatique de mon propre ministère afin de pouvoir copier, juste copier, le code du site internet des impôts sur un gros ordinateur de son bureau, pour pouvoir travailler sur la conception et le développement d’un système parallèle de paiement. Et nous étions prêts à obtenir le feu vert du Premier ministre, lorsque les banques fermeraient, pour nous rendre à la direction générale des finances publiques qui est contrôlée par Bruxelles et à y brancher son ordinateur portable pour activer le système.”

Voilà qui en dit long sur l’ampleur des enjeux auxquels doivent faire face le gouvernement grec et sur la complexité de la relation entre Athènes et Bruxelles.

Ce que j’essaie de vous décrire, c’est le genre de problèmes institutionnels que nous avons rencontré, les obstacles institutionnels qui nous empêchaient de mener une politique indépendante pour contrer effets de la fermeture de nos banques par la BCE.”

Varoufakis savait que la conversation était enregistrée. “Il y a surement d’autres personnes qui écoutent, mais ils ne diront rien à leurs amis”, avait mis en garde Normal Lamont alors que Varoufakis commençait à entrer dans les détails. “Je sais. Même s’ils le faisaient, je nierais avoir dit cela”, avait répondu le grec sur le coup. Depuis la publication de la conversation, il se défend :

C’est une tentative d’annuler les cinq premiers mois de ce gouvernement et de les mettre dans la poubelle de l’Histoire”, a-t-il déclaré au ‘Télégraph’. J’ai toujours été totalement contre un démantèlement de l’euro, car on ne sait jamais quelles forces maléfiques peuvent se réveiller en Europe.”

L’ancien ministre a aussi publié un communiqué officiel. Il s’en prend au journal grec :

L’article fait référence au projet du ministre comme l’a décrit le ministre le 6 juillet dans son discours de départ pendant la passation des pouvoirs. Dans ce discours, Varoufakis déclare clairement : ‘Le secrétariat général à l’informatique a commencé à étudier les moyens de faire de Taxisnet quelque chose de plus important, un système de paiement pour tiers, un système qui augmente l’efficacité et minimise les arriérés de l’Etat aux citoyens et vice-versa.’ Ce projet ne faisait pas partie du programme du groupe de travail, a été présenté entièrement par le ministre Varoufakis au cabinet et devrait, selon le ministre Varoufakis, être mis à exécution indépendamment des négociations avec les créanciers de la Grèce, car cela contribuera à améliorer considérablement l’efficacité des transactions entre l’Etat et les contribuables et entre les contribuables.”

Le projet de Schaüble

Le journal “Ekathimerini” cite aussi un extrait où Varoufakis évoque le ministre des Finances allemand :

Schaüble a un plan. Ce qu’il m’en a décrit est très simple. Il croît que l’eurozone n’est pas viable. Il pense qu’il faut des transferts budgétaires, et un certain degré d’union politique. Il croit que pour que cette union politique fonctionne sans fédération, sans la légitimité qu’un parlement fédéral, élu en bonne et due forme, peut assurer, notamment face à un exécutif, la seule solution est la discipline. Et il m’a dit explicitement qu’un Grexit sera l’élément qui lui permettra de négocier, qui lui donnera suffisamment de puissance, de quoi faire peur, afin d’imposer aux Français ce contre quoi Paris a résisté. Et de quoi s’agit-il ? Un degré de transfert budgétaire qui fait passer le pouvoir de Paris à Bruxelles.

Dans le “Telegraph”, Varoufakis va plus loin, affirmant que Schaüble a fini par penser que la Grèce devait être expulsée de l’euro, qu’elle ne faisait qu’attendre son heure, sachant que le dernier plan de renflouement était voué à l’échec.

Tout le monde sait que le Fonds monétaire international ne veut pas participer au nouveau programme mais Schaüble insiste pour en faire la condition de nouveaux prêts. J’ai le fort pressentiment qu’il n’y aura pas d’accord de financement le 20 août.”

Selon Varoufakis, les indicateurs économiques se révéleront mauvais à la fin de l’année en Grèce.

Schaüble dira alors qu’il s’agit d’un nouvel échec. Il nous enfume. Il n’a pas renoncé à pousser la Grèce hors de l’euro.”

“Des enjeux opérationnels”

James K. Galbraith, économiste britannique de renom et proche de Varoufakis, a révélé lundi qu’il faisait partie de son équipe secrète. Et il précise son rôle, sous la forme de six déclarations :

  1. “A aucun moment le groupe de travail ne s’est engagé pour un Grexit ou tout autre choix de politique. Le travail était uniquement d’étudier les enjeux opérationnels qui se poseraient si la Grèce était forcée d’émettre de nouveaux papiers ou si elle était forcée à quitter l’euro.
  2. Le groupe a opéré en supposant que le gouvernement était entièrement décidé à négocier dans le cadre de l’euro, et a pris des précautions extrêmes pour ne pas mettre en jeu cette engagement en laissant filtrer au monde extérieur des indices de notre travail. Il n’y a eu aucune fuite, jusqu’à la révélation de l’existence du groupe, révélée par l’ancien ministre lui-même, en réponse aux critiques selon lesquelles son ministère n’avait pas préparé de plan de sortie alors qu’il savait que la sortie forcée de l’euro était une option.
  3. L’existence de plans n’auraient pas pu jouer de rôle dans la position grecque dans les négociations, puisque leur circulation (avant qu’il n’y ait eu besoin de les mettre en exécution) aurait destabilisé la politique du gouvernement.
  4. En dehors d’une conversation téléphonique tardive et non-concluante entre le député Costas Lapavitsas et moi, il n’y a eu aucune coordination avec la “plateforme de gauche” et les idées de notre groupe de travail avaient très peu en commun avec les leurs.
  5. Notre travail s’est terminé pour des raisons pratiques début mai, par un long memo exposant les questions principales et les scénarios que nous avons étudiés.
  6. Mon travail n’a été ni rémunéré ni officiel, fondé sur mon amitié pour Yanis Varoufakis et mon respect pour la cause du peuple grec.”

Donald Hébert

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

Source: http://www.les-crises.fr/quand-varoufakis-projetait-secretement-de-pirater-son-propre-ministere/


Revue de presse du 03/08/2015

Monday 3 August 2015 at 00:01

Cette semaine notamment dans la revue, fraude fiscale et fraude au clic, camions, drones et robots autonomes, mises en examen croisées, comportements face à la technologie, OGM et ondes. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-03082015/


Revue de presse Surveillance & Renseignement de juin-juillet 2015 (2/2)

Sunday 2 August 2015 at 01:43

[Partie 2] Pour célébrer la surprenante décision de notre bon François de refuser d’accorder l’asile politique à Julian Assange… un point sur la loi sur le renseignement en France, la surveillance en général ici et ailleurs, et l’information, billet d’abord intitulé “Libertés et Démocratie” ce qui sonnait un peu comme l’antinomique “Plan de sauvegarde de l’emploi”…

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-surveillance-renseignement-de-juin-juillet-2015-22/


Pierre Laurent, la Grèce et les mensonges

Sunday 2 August 2015 at 00:57

PAR  · 25 JUILLET 2015

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, vient de donner le samedi 25 juillet une interview à Marianne[1]. Il justifie sa position au sujet de la Grèce et son soutien à la capitulation consentie par Alexis Tsipras. C’est son droit. Mais, pour se faire, il prend un certain nombre de libertés avec les faits. Et cela est beaucoup plus condamnable. Cette interview est une excellente illustration des illusions d’une partie de la « Gauche Radicale », illusions sur l’Euro et sur l’Europe, dont il semble désormais que le Parti de Gauche commence à se dégager[2].

Un petit florilège des citations de Pierre Laurent permet de voir qu’il entretient de sérieuses illusions, et même qu’il adopte un point de vue « européiste » qui n’est pas éloigné de celui du Parti dit « socialiste ». Mais, il faut aussi savoir que les prises de position de Pierre Laurent sont aujourd’hui fortement critiquées dans de larges fractions de la base comme de l’appareil du PCF. Ces prises de position reflètent bien plus les errances d’un homme et d’un groupe de direction du PCF qu’une position largement défendue au sein du Parti.

 Une analyse tendancieuse du 13 juillet

Tout d’abord, quand il entend justifier la capitulation de Tsipras, Pierre Laurent dit au journaliste la chose suivante :

« Ils ont enfermé la Grèce et ses dirigeants dans une alternative qui était soit le Grexit — souhaité par les Allemands de manière ouverte, Wolfgang Schaüble, le ministre des Finances allemand, a plaidé jusqu’au dernier moment auprès des Grecs pour une sortie ordonnée —, soit le plan d’austérité qui a finalement été imposé. Le choix qu’a fait Tsipras est un choix qui évite la banqueroute bancaire de son pays, une situation qui aurait été terrible pour les Grecs. Je crois qu’il n’avait pas d’autres alternatives »[3].

Si je suis d’accord qu’un effondrement des banques est une catastrophe, je signale à Pierre Laurent que ce que Tsipras a refusé c’est la proposition de Varoufakis de (1) réquisitionner les banques et (2) de réquisitionner la Banque de Grèce. Ce faisant, le gouvernement aurait eu accès aux réserves (sous contrôle de la BCE avant la réquisition) déposées à la Banque de Grèce mais aussi dans les banques commerciales. La réquisition est un mécanisme qui permet à tout gouvernement de la zone Euro de s’affranchir de la tutelle de la BCE. Dire, dans ces conditions, que le choix de Tsipras était entre la banqueroute et la capitulation est faux. La décision de Tsipras a été politique, et non économique. C’était un choix entre s’engager sur une voie, celle que proposait son Ministre des finances Yanis Varoufakis, voie pouvant le conduire à sortir de l’Euro, ou bien d’accepter l’austérité. Présenter cela comme une décision économique est un mensonge éhonté[4]. Les choses sont désormais publiques, et il est triste de voir Pierre Laurent s’enferrer dans le mensonge.

Pierre Laurent révolutionne la science économique

Commentant un possible Grexit, Pierre Laurent ajoute alors :

« Et une sortie de la zone euro laisserait n’importe quel pays qui la pratiquerait devant la même pression des marchés financiers, voire une pression décuplée et une dévaluation nationale plus grave encore ».

Il semble ici que Pierre Laurent, qui a pourtant fait des études d’économie à Paris 1, ignore qu’il existe des moyens réglementaires permettant à un pays de faire fortement baisser la pression exercée par les marchés financiers. Cela s’appelle le contrôle des capitaux. Non pas le « contrôle des capitaux » imposé par la BCE à la Grèce, et qui aboutit à empêcher les entreprises grecques de faire des opérations sur l’étranger via les comptes Target2 (et qui s’apparente en réalité à un contrôle des changes), mais les contrôles sur les mouvements de capitaux à court terme non liés à des opérations matérielles. Ces mouvements représentent entre 90% et 95% des flux de capitaux, et sont essentiellement des mouvements spéculatifs. Bien entendu, pour les mettre en œuvre, il faut recouvrer le contrôle sur la Banque Centrale. Ici, soit Pierre Laurent fait la preuve de sa méconnaissance des mécanismes économiques de base, soit il les connaît, et en ce cas il ment en toute connaissance de cause. Je laisse le lecteur libre de son choix.

 Pierre Laurent est un grand logicien

Pierre Laurent assène alors un argument qui lui apparaît imparable pour écarter une sortie de l’Euro. Cet argument, le voici :

« Il y a d’ailleurs des pays aujourd’hui qui, en dehors de la zone euro, sont également frappés par des politiques d’austérité. Car la pression des marchés s’exerce partout et sur tous les pays ».

On reste sidéré par ce que ce paragraphe implique comme méconnaissance des liens logiques qui relient plusieurs éléments. Bien sûr, il existe des pays qui ont des politiques d’austérité sans appartenir à l’Euro. Nul ne l’a nié. Mais, connaît-on un pays de la zone Euro qui n’applique pas une politique d’austérité ? En fait, on peut montrer que la zone Euro induit un cadre dépressif pour les économies qui y participent[5]. Donc, cet argument ignore ce qu’en logique on appelle des conditions nécessaires et des conditions suffisantes. La sortie de l’Euro est une condition nécessaire à une rupture avec une politique d’austérité, mais ne constitue nullement une condition suffisante. Par contre, par sa méconnaissance de la logique la plus élémentaire, Pierre Laurent nous montre qu’il est suffisant mais pas nécessaire.

 Pierre Laurent révolutionne la science économique (bis)

On revient à un argument en apparence plus économique avec la citation suivante, qui se révèle, à nouveau, tout à fait catastrophique :

« Oui, mais aujourd’hui, la différence est que tous les avoirs détenus par les Grecs sont en euros. Et le transfert de ces avoirs dans une monnaie nationale qui serait dévaluée par les marchés financiers conduirait, dans un premier temps, à un affaiblissement considérable du potentiel de ressources des Grecs. Alors que pour reconstruire leur pays, ils ont besoin d’un niveau d’investissement important ».

Notons tout d’abord que ce ne sont pas les « marchés financiers » qui transfèrent les avoirs qui sont détenus par les grecs. C’est en réalité le système bancaire, s’il s’agit d’avoirs détenus en Grèce. Pierre Laurent, à l’évidence soit ne connaît pas les règles de fonctionnement de l’économie, soit cherche à nous mener en bateau. Ces avoirs en Euros seront automatiquement re-dénominés en Drachmes. Mais cette redénomination touchera toutes les valeurs de l’économie grecque. Donc, le potentiel d’investissement sur la base de l’épargne (oui, cette chose que l’on apprend en fin de première année d’économie, l’égalité entre l’épargne et l’investissement) sera inchangé par rapport aux valeurs de l’économie grecque. Mais, une partie de ces avoirs ne sont pas détenus en Grèce. Donc, ils resteront en Euros (ou dans une autre monnaie, que ce soit le Dollar ou, peut être, le Mark allemand…). Si la Drachme est dévalué, disons de 25%, cela signifie que ces avoirs seront réévalués de 33%. Donc, le potentiel d’investissement, sur la base des avoirs grecs détenus à l’étranger, sera largement augmenté. Ce qui veut dire que les grecs ayant mis leurs avoirs à l’étranger pourraient les rapatrier avec un effet bien plus positif sur les investissements que si la Drachme n’avait pas été dévaluée. Notons encore que ceci s’applique aussi à l’ensemble des investisseurs étrangers. En fait, une sortie de l’Euro et une dévaluation de 25% de la Drachme constituent la condition pour qu’un flux d’investissement important en drachmes se reconstitue en Grèce.

Mais, il est peu probable que Pierre Laurent ignore à ce point les mécanismes de base de l’économie, ou alors il faut s’interroger sur les conséquences délétères sur le cerveau humain d’années de travail au journal l’Humanité. Il est bien plus probable que Pierre Laurent, ici encore, mente, et qu’il mente avec l’aplomb d’un arracheur de dents.

Quand Pierre Laurent joue au prestidigitateur 

Reprenons le cours du raisonnement. Pierre Laurent nous offre une magnifique perle avec la citation suivante :

« Puisque les solutions apportées par Tsipras étaient totalement viables et elles restent praticables dans la zone euro. Ce n’est pas la zone euro qui les empêche mais la décision politique prise par les dirigeants allemands et un certain nombre d’autres dirigeants européens de rendre impossible l’expérience politique de Syriza ».

Ici, Pierre Laurent fait mine de croire que les dirigeants allemands et européens ont été conduits uniquement par leur haine politique de Syriza. Que ces dirigeants n’aient pas apprécié Syriza est certain. Mais, quand bien même l’auraient-ils apprécié, accepter les solutions proposées par Tsipras impliquait, à relativement court terme, faire basculer la zone Euro vers ce que l’on appelle une « union de transfert ». Or, les montants nécessaires pour faire fonctionner la zone Euro sans les politiques d’austérité ont été évalués, et on trouvera l’une de ces évaluations d’ailleurs dans ce carnet. Pour faire court, il faudrait que l’Allemagne consacre entre 8% et 10% de son PIB tous les ans pendant environ dix ans à ces transferts. Il est clair que cela n’est pas possible, sauf à vouloir détruire l’économie allemande. La véritable cause du rejet des options de Syriza se trouve là. Affirmer que « les solutions apportées par Tsipras étaient totalement viables et elles restent praticables dans la zone euro » est un nouveau mensonge. Les solutions proposées par Tsipras impliquaient une refonte totale de la zone Euro, et cette refonte aboutissait à faire peser un poids excessif sur l’Allemagne. Telle est la vérité. Mais, cette vérité gêne Pierre Laurent, qui préfère la faire passer sous le tapis pour sauver l’illusion de la possibilité d’une zone Euro qui ne soit pas austéritaire. Pierre Laurent doit donc mentir quant aux conditions de viabilité de la zone Euro, mais, nous l’avons vu, il n’est pas à un mensonge près.

 Le dernier mensonge

Il ne reste donc à Pierre Laurent qu’un argument : le point Godwin ou la réduction du dilemme grec à un affrontement avec le Front National. Il suffit de regarder le paragraphe suivant pour s’en convaincre :

« Il y a aujourd’hui trois options en débat. L’option d’une Europe de l’ordre libérale, celle qui existe aujourd’hui. Il y a l’option d’une destruction de l’Europe et d’un retour à la compétition, voire au choc des nations dans la crise que traverse l’Europe, c’est l’option du Front national et des forces qui l’appuient. Et il y a l’option qui est la nôtre, celle de Tsipras, la mienne, celle que nous défendons, qui est l’option de la reconstruction d’une Europe de coopération, de solidarité, d’une Europe de souveraineté qui doit laisser plus de place aux pouvoirs de chaque nation de négocier démocratiquement son insertion dans cette Europe de solidarité. Nous parlons d’une Europe à géométrie choisie… ».

Passons sur le fait que proclamer que l’on vivrait mieux dans le monde des bisounours, la troisième option, na jamais fait avancer le débat. Mais, une sortie de la Grèce de l’Euro, et à terme, une dissolution de l’Euro, entraineraient-ils ce cataclysme que prévoit Pierre Laurent ? En fait, de nombreux économistes soutiennent aujourd’hui qu’une sortie de l’Euro était préférable, certains conservateurs comme Henkel[6], d’autres progressistes comme Kevin O’Rourke[7] ou Stefano Fassina[8], ancien ministre du PD en Italie, et parmi eux des assistants de Varoufakis[9]. C’est donc un nouveau mensonge de Pierre Laurent que de prétendre que l’option d’une sortie de l’Euro serait le fait du seul Front National. Un mensonge de plus dira-t-on. Espérons, en tous les cas, qu’il soit le dernier.

[1] Pierre Laurent : “Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés”, entretien avec Bruno Rieth, Marianne, 25 juillet 2015, http://www.marianne.net/pierre-laurent-sortie-zone-euro-n-empeche-pas-pression-marches-100235637.html

[2] Voir le blog de Guillaume Etievant, responsable économique du PG, le 24 juillet 2015, http://guillaumeetievant.com/2015/07/24/soyons-prets-a-sortir-de-leuro/

[3] Pierre Laurent : “Une sortie de la zone euro n’empêche pas la pression des marchés”, op.cit..

[4] Je renvoie à l’article de Jamie Galbraith, qui a travaillé avec Varoufakis publié dans Harper’s, http://harpers.org/blog/2015/07/greece-europe-and-the-united-states/ ainsi qu’aux explications données par Yannis Varoufakis lui-même sur son blog : http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/14/on-the-euro-summits-statement-on-greece-first-thoughts/

[5] Voir Bibow, J., et A. Terzi (eds.), Euroland and the World Economy—Global Player or Global Drag? Londres, Palgrave, 2007.

[6] http://www.conservativehome.com/platform/2015/07/hans-olaf-henkel-mep-greece-must-leave-the-eurozone-for-the-good-of-us-all.html

[7] http://www.socialeurope.eu/2015/07/moving-on-from-the-euro/

[8] http://www.stefanofassina.it/lavoroeliberta/2015/07/19/sono-daccordo-con-schouble-una-grexit-assistita-unica-soluzione/

[9] Munevar D., « Why I’ve Changed My Mind About Grexit », in SocialEurope, 23 juillet 2015, http://www.socialeurope.eu/2015/07/why-ive-changed-my-mind-about-grexit/

Source : http://russeurope.hypotheses.org

Source: http://www.les-crises.fr/pierre-laurent-la-grece-et-les-mensonges/


Que révèle le « livre noir » du Grexit ?

Sunday 2 August 2015 at 00:09

Un article d’un journal grec (europhile) qui parle des menaces reçues par le gouvernement grec…

Le 19/07/2015

Jean Claude Junker a décrit au premier ministre grec, peu avant l’ouverture de la réunion du sommet,tous les détails du grexit pour lui faire comprendre le contexte juridique et politique d’une telle décision.

De notre correspondant à BRUXELLES. Au 13ème étage de l’immeuble Berlaymont à Bruxelles, à quelques mètres du bureau du président de la Commission Européenne, J. C. Junker, dans une pièce spéciale sécurisée, est gardé à l’intérieur d’un coffre-fort le plan de sortie de la Grèce de la zone euro. Un livre comportant de nombreuses pages a été rédigé il y a un peu moins d’un mois par 15 membres de la commission et répond aux questions de comment faire face à une telle sortie, y compris, aussi choquant que cela puisse paraître, à la possible sortie du pays de l’espace Schengen ; ainsi cela ne conduirait, pas seulement à la sortie de l’euro mais aussi à celle de l’U.E.

La Grèce a pu échapper la semaine passée au danger immédiat de sortie de la zone euro par l’ouverture de négociations pour un 3ème mémorandum, mais, comme a déclaré à « K », le président du Conseil, Donald Tusk, cet accord « ne constitue que le premier pas ».

Jusqu’à la réunion dramatique qui a suivi de 24 h le référendum, beaucoup avaient entendu parler du plan, mais rien n’était confirmé. Aux premières heures de mardi, après la fin de la réunion, depuis le podium du Conseil de l’Europe, le président de la Commission Européenne, visiblement en colère des agissements du premier ministre grec, dévoila à des dizaines de journalistes que le plan existe et qu’il est prêt.

Selon un officiel européen, à cette rencontre au sommet, la Commission Européenne avait déjà un document établi, un écrit de nombreuses pages dont M. Junker en personne a parlé au président grec, avec tous les détails du grexit, pour lui faire comprendre le cadre juridique et politique d’une telle décision.

Dans cet écrit de nombreuses pages, selon un officiel européen qui a pu voir son contenu, il y a les réponses détaillées à 200 questions qui se poseraient en cas de grexit.

Ces questions, explique le même officiel européen , sont interdépendantes, car la sortie de l’euro créerait une chaîne d’événements qui se dérouleraient dans un temps assez bref. Depuis le retour de l’économie à la drachme, au contrôle des changes qui seront faits aux frontière du pays pour arriver finalement à la sortie de la Grèce de l’espace Schengen.

Les auteurs

Ce plan, selon l’officiel européen, a été préparé dans des conditions de secret absolu . Une équipe spéciale de 15 personnes de la Commission, en contact direct avec la Grèce, a commencé à le préparer en étant aussi en contact direct avec une série de hauts responsables et de directeurs généraux de la Commission Européenne spécialisés dans des domaines spécifiques. La rédaction du plan avait commencé quand la date de l’échéance du programme (fin juin) approchait, pour que la Commission soit prête à toute éventualité . Quand a été annoncé le référendum, le vendredi 26 juin, le processus s’est accéléré. Le week-end du référendum, les travaux se sont intensifiés, si bien que deux jours plus tard, le mardi de le réunion, le plan avait sa forme définitive.

Suivant une source bien informée, ceux qui étaient impliqués dans la réalisation du plan « avaient le cœur serré », elle explique à « K » qu’ « ils étaient accablés » parce qu’ils ne pouvaient pas croire que les choses en étaient arrivées à ce stade. La plupart d’entre eux étaient impliqués dans le programme de sauvetage de la Grèce. Dans la Commission Européenne existait, jusqu’au dernier moment, l’espoir que l’on trouverait une solution. Les membres de cette équipe connaissaient mieux que quiconque les conséquences de la sortie de la Grèce de la zone euro et savaient le coût d’une telle décision. Un des membres qui connaissait de près la réalité grecque dans cette phase cruciale déclara au reste de l’équipe : « Si ce plan est appliqué, on entendra le bruit des chenilles des tanks dans les rues d’Athènes ! »

Cela ne tient qu’à un fil

Même si ce plan peut constituer maintenant un scénario éloigné, à peine quelques jours auparavant,le lundi  à 7 h du matin après 17 heures consécutives de négociations de la réunion au sommet, un haut responsable européen déclare à « K » que la sortie de la Grèce ne tenait qu’à un fil. Tsipras et Merkel demandent alors l’interruption des négociations. M. Tsipras demandait 24 h pour consulter le parlement grec et Mme Merkel demandait une autre réunion pour le mercredi, deux jours plus tard. « C’était comme s’ils cherchaient des excuses pour interrompre » dit le haut responsable en lien direct avec les événements de la réunion. «  C’était un moment très dangereux et très spontané, comme une réaction authentique à la fatigue et à l’irritation qu’ils ressentaient tous les deux », dit il à « K »,  il dit aussi que tous deux étaient sûrs d’être arrivés à un point où ne les séparaient plus que 2,5 milliards.

Donald Tusk, président du Conseil et médiateur entre les deux parties,dit à « K » que finalement le différend porte sur combien d’argent « virtuel » des privatisations irait aux investissements et combien au remboursement de la dette . La position de Mme Merkel était de consacrer 10 milliards aux investissements, celle de M. Tsipras était de 15 milliards. « Alors là je leur ai dit que s’ils terminent les négociations sans résultat, je suis prêt à dire publiquement que l’Europe est au bord du gouffre à cause de 2,5 milliards…

Source : www.kathimerini.gr, traduit pour Les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/que-revele-le-livre-noir-du-grexit/


Revue de presse Renseignement & Surveillance de juin-juillet 2015 (1/2)

Saturday 1 August 2015 at 01:59

Pour célébrer la surprenante décision de notre bon François de refuser d’accorder l’asile politique à Julian Assange… un point sur la loi sur le renseignement en France, la surveillance en général ici et ailleurs, et l’information, billet d’abord intitulé “Libertés et Démocratie” ce qui sonnait un peu comme l’antinomique “Plan de sauvegarde de l’emploi”… La publication aura lieu en deux parties vu la quantité d’articles. Merci à Didier pour ceux-ci.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-renseignement-surveillance-de-juin-juillet-2015-12/


Décoder le FMI : l’accord sur la Grèce condamné, sortie probable, par Paul Mason

Saturday 1 August 2015 at 00:01

Il est facile de se perdre dans les détails. J’ai passé une partie de la journée d’hier dans les couloirs étouffants du parlement grec où les différentes factions et tendances de Syriza, le parti de la gauche radicale, travaillaient sur leurs positions pour le vote d’aujourd’hui.

Non au plan de secours, dit la gauche. Abstention, déclarent d’autres. Voter oui tout en déclarant qu’il a été passé avec un pistolet sur la tempe, dit Alexis Tsipras dans un entretien télévisé en direct. Mais si l’on s’écarte des discussions, amères comme le café noir servi à la cantine du parlement, le tableau devient net : l’accord passera, Syriza le votera.

Prenons encore plus de recul et examinons les implications du rapport secret du FMI, divulgué hier, dans la dynamique de la dette grecque. Le FMI nous dit – après les semaines de désagrégation causée par le bank run incessant et le contrôle des capitaux – que l’accord d’austérité n’a aucun sens. La Grèce a besoin d’un effacement massif de sa dette ou d’un large transfert de l’argent des contribuables du reste de l’Europe. Elle a besoin d’un délai de grâce de 30 ans pendant lequel elle cessera de rembourser les prêts.

Néanmoins, tout l’accord établi dimanche soir a été basé sur ceci : pas un centime d’allègement de la dette. De vagues engagements à “reprofiler” la dette – repoussant les dates de paiement et baissant les taux d’intérêt – c’est tout ce qui a pu être obtenu d’Angela Merkel.

La conclusion est simple : le troisième accord de sauvetage dont le principe a été adopté dimanche soir est voué à l’échec. Premièrement, parce que le FMI ne peut le ratifier sans un allègement de la dette ; deuxièmement, parce que sans allègement il provoquera l’effondrement de l’économie grecque. Et cela même avant que vous preniez en compte la résistance collective à toutes ses spécificités, ou au manque absolu d’entrain des ministres de Syriza qui devront mettre cet accord à exécution.

Le rapport du FMI

Mais des deux bords de la classe politique grecque il y a une dissonance cognitive, et elle provient de la même chose : l’aveuglement devant ce que l’Euro est devenu.

Le centre et le centre droit grecs maintiendront Syriza au pouvoir dans l’immédiat, pour montrer qu’ils sont de bons Européens. Syriza votera un plan qu’elle désapprouve, et dont quiconque ayant lu ne serait-ce qu’un résumé du rapport du FMI comprend désormais qu’il est voué à l’échec. Là encore, pour donner des gages de bonne volonté européenne, ce qui, comme le soutient Alexis Tsipras, “nous évite le Grexit”.

Ce qu’implique le rapport du FMI, c’est que le Grexit est inévitable. Sans effacement de dette, le rapport entre la dette et le PIB atteindra 200%. Il faudra consacrer 15% du PIB aux seuls intérêts et paiements arrivant à échéance.

Nous voilà donc revenus au vieux problème poursuivant la Grèce depuis 2010. Oui, elle a une économie inefficace, étatique, qui a besoin d’être réformée ; oui, elle est marquée par des entraves à la liberté d’entreprendre, datant de Mathusalem et favorisant la corruption. Mais on ne modernise pas un pays comme la Grèce dans un contexte de pression à la baisse sur la croissance, inévitablement induite par les mesures d’austérité.

En disant cela – bien que provenant d’un document secret que les Européens voulaient supprimer – le FMI a montré qu’il pouvait apprendre. Il a abandonné le dogme prédisant une contraction du PIB de 4% due à l’austérité, et a tiré les conclusions de la chute de 25% du PIB qui s’est réellement produite.

Une des caractéristiques récurrentes de cette crise est le décalage entre la rapidité d’apprentissage des partis politiques et celle des peuples.

J’ai découvert, parmi des gens ordinaires, fervents partisans du Non au référendum, un large consensus sur l’idée que pour établir plus de justice sociale ou des alternatives à l’austérité la Grèce devrait quitter l’Euro. La plupart des gens à qui j’ai parlé veulent que cela soit effectué de façon contrôlée, avec l’assentiment du plus grand nombre et avec un mandat délivré par le peuple.

Ils ont réalisé que le refus sans appel d’Angela Merkel d’admettre un effacement de dette dans le cadre de l’Euro, en parallèle avec l’extrême insistance du FMI qu’il devrait avoir lieu, avait créé une impasse dont aucun gouvernement grec ne pourra sortir sans abandonner l’appartenance à l’Euro.

// VIDEO

Syriza – qui a toujours été une coalition de socio-démocrates de gauche, de marxistes de Nouvelle Gauche et d’un groupe communiste d’une gauche plus radicale – considère qu’il est difficile institutionnellement d’accepter cette logique.

Les opposants au Grexit argumentent qu’une fois la question de l’Euro “résolue”, ils pourront se concentrer sur une croisade interne contre la corruption, des méthodes policières insuffisantes et des dysfonctionnements de la justice et de l’état.

Ce que personne ne sait, c’est à quel point l’Euro-zone pourrait utiliser son pouvoir absolu sur la législation nationale si, par exemple, Syriza essayait de dépoussiérer le système judiciaire. Cela serait-il considéré comme une “politisation de l’état” ? Personne ne le sait – parce que la Commission Européenne et la BCE n’ont jamais eu à avoir de politiques sur de telles questions auparavant.

“Le troisième sauvetage sera un désastre”

Une autre question se pose : quel genre de parti Syriza va-t-il devenir maintenant ? Actuellement, il reste fondamentalement une expression du désir d’une large proportion des Grecs de rester dans l’Euro avec moins d’austérité.

Au cours des 5 dernières années, le schéma de l’électorat grec a été de porter au pouvoir des partis qui promettaient d’atténuer l’austérité tout en restant dans l’Euro. D’abord Papandreou, puis Nouvelle Démocratie – qui, lui aussi, on l’a presque oublié aujourd’hui, s’était opposé au mémorandum sur l’austérité – et maintenant Syriza. Le résultat de l’envoi des partis successifs dans le hachoir européen a été de les broyer. Le Pasok a été déchiqueté, Nouvelle Démocratie a été déchiquetée et il est possible que Syriza se fissure, ses membres soient vilipendés, dénoncés comme traîtres, etc.

Nous savons par les sondages d’opinion qu’environ 35% des Grecs souhaitent quitter l’Euro mais que 25% de ceux qui ont voté Non au référendum craignent probablement ce qu’a détaillé Alexis Tsipras hier soir : 250 milliards d’euros ont quitté le pays au cours des 5 dernières années et si la Grèce quittait l’Euro, ce “lobby de la drachme” pourra revenir en Grèce et racheter tout et tout le monde.

Mais revenons au rapport du FMI laissant entendre que le troisième accord de sauvetage sera un désastre, et à l’intransigeance d’Angela Merkel qui dit pas d’allègement de la dette dans la zone Euro. Plus je le regarde, rationnellement et sans affection, plus ces 250 milliards d’euros qui attendent hors de Grèce un Grexit semblent très judicieusement placés. Et vous la communauté des investisseurs, hautement logique et dépassionnée, tirez également la même conclusion.

Le niveau de souffrance économique et d’emprunts anormaux qui vont être infligés à la Grèce signifie qu’à un certain moment au cours des prochains 12 à 18 mois, il y a une possibilité que 20 à 30% de l’opinion publique centriste bascule en faveur d’une politique de sortie maîtrisée, ou peut-être temporaire de l’Euro-zone. La seule question est alors : quel parti offrira un discours convaincant pour la mener ?

Source : Paul Mason, le 15/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

==============================================

Des documents de la Troïka ayant fait l’objet d’une fuite montrent que la Grèce a besoin d’un énorme allègement de sa dette

Proposé par Raul Ilargi Meijer via The Automatic Earth blog,

C’est au moment où vous pensez que les choses ne peuvent pas devenir encore plus folles, qu’elles le deviennent toujours. Le Guardian rend compte de documents non-publiés de la Troïka qui montrent que la Grèce n’a que trop raison lorsqu’elle demande un allègement de sa dette. Que signer, pour le gouvernement Syriza, ce que la Troïka veut le forcer à signer, amènerait Tsipras et les siens à plonger leur pays dans les abysses d’un enfer financier.

Pour mémoire, voilà à quoi ressemble l’enfer…

Supposons que, d’une manière ou d’une autre, la Grèce réussisse à repousser l’échéance jusqu’à la fin de 2015. Alors, à coup sûr, elle sera sortie de l’auberge, n’est-ce pas ?Faux. Parce que pour le pays le plus dévasté d’Europe, c’est seulement à ce moment-là que le cauchemar de la dette commence vraiment.

Sont listés ci-dessous  tous les remboursements à venir de la dette grecque jusqu’en 2057, autrement connus sous le nom des cercles de l’enfer grec, le premier, le neuvième, plus tous ceux qui se trouvent entre les deux :

Ce qui est potentiellement encore plus étrange est que tous les députés allemands ont reçu ces documents, parce qu’un vote les concernant était supposé avoir lieu, mais aucun d’entre eux ne les a évoqués. C’est une bonne chose qu’il y en ait eu au moins un d’assez lucide pour les transmettre à la presse.

Ils avaient donc ces documents, et puis hier Merkel a dit d’arrêter les discussions jusqu’à après le référendum, et un silence total a suivi. La voilà redescendue sur terre, et de quelle manière ! Nous savons que la Troïka est composée de laquais du système bancaire – et cela le prouve une fois pour toutes – mais Merkel est pire. De plus, le Bundestag lui obéit au doigt et à l’œil. Elle a une haute idée de la démocratie, cette Allemagne.

Mais les documents faisaient aussi partie d’un package qui a été envoyé à la Grèce et aux autres. Et l’allègement de la dette n’était-il pas toujours sur la table ? Qu’est-ce qui m’échappe ici ? Comment Tsipras aurait-il pu signer ça ? Alors qu’il pouvait voir les propres chiffres de la Troïka, eux ont tout de même refusé de les prendre en compte et de les intégrer à l’accord ?!

L’article du Guardian a reçu un titre insignifiant, mais son contenu est assez clair.

FMI : les mesures d’austérité laisseraient toujours la Grèce avec une dette insoutenable

La Grèce ferait face à une dette insoutenable en 2030 même si elle acceptait la totalité des réformes des taxes et des dépenses exigées, d’après des documents non publiés réunis par ses trois créanciers principaux. Ces documents, rédigés par ce qu’on appelle la Troïka des prêteurs, vont dans le sens de l’argumentation grecque, à savoir : sans allègement substantiel des dettes, pas de restauration durable de l’économie.

Ils montrent que, même après 15 ans de croissance durable, le pays aurait à faire face à un niveau de dette que le FMI juge insoutenable. Les documents montrent que les estimations de référence du FMI – résultat le plus probable – sont que la dette grecque serait de 118% de son PIB en 2030, même si elle signait la totalité des réformes sur les taxes et les dépenses.

C’est beaucoup plus que les 110% que le FMI estime soutenables vu le profil de la dette grecque, un seuil assigné en 2012. Le niveau de la dette est actuellement à 175% et il est probable qu’il augmentera encore, le pays étant redescendu dans la récession. Le document reconnaît que selon le scénario de base, il faut des “concessions importantes” pour augmenter la probabilité pour la Grèce de se débarrasser durablement de ses problèmes de financement de la dette.

Même dans les scénarios les plus optimistes comprenant une croissance de 4% par an pour les cinq années à venir, le niveau de la dette grecque ne tombera qu’à 124% en 2022. Ce cas le plus optimiste anticipe aussi des recettes de 15 milliards d’euro à la suite de privatisations, donc cinq fois l’estimation dans le scénario le plus probable.

Mais dans tous les scénarios examinés par la Troïka, et présumant tous un troisième plan de sauvetage, la Grèce n’a aucune chance d’atteindre l’objectif d’une réduction de la dette “bien en dessous des 110% du PIB en 2012″, fixé par l’Euro-groupe en novembre 2012. Pour citer les créanciers : “Il est clair que les dérapages politiques et les incertitudes des derniers mois ont rendu les objectifs de 2012 impossibles à atteindre quel que soit le scénario.”

Ces projections émanent du rapport Analyse Préliminaire de la Soutenabilité de la Dette Grecque, un des six documents faisant partie d’un ensemble de matériaux composant la proposition “finale” envoyée à la Grèce par ses créanciers vendredi dernier. Ceux-ci, qu’a vus le Guardian, ont été obtenus par le Suddeutsche Zeitung après qu’ils aient été envoyés à tous les députés allemands en prévision du fait que l’accord devait être approuvé par le Parlement. Au Bundestag ce vote n’a jamais eu lieu car le premier ministre grec a rejeté les plans et appelé à un référendum sur la question d’accepter ou non les demandes des créanciers. Bien que les analyses soulignent le fait que la Grèce a déjà bénéficié d’un certain nombre de mesures de réduction de sa dette – l’allongement des échéances, les taux d’intérêts ramenés à un niveau semblable à ceux des pays moins endettés et l’annulation de100 milliards d’euros de dettes par les créanciers privés en 2012 – le document admet aussi que dans le cadre du scénario de base des “concessions significatives” amélioreraient la soutenabilité.

Mais bien que les prêteurs admettent que la Grèce ne puisse pas se développer sans un allègement de la dette, les documents n’apportent aucune lumière sur ce à quoi devrait ressembler un tel “package”, ni ne fournissent de détails sur un troisième plan de sauvetage en supposant qu’il en existe un. Ils ne promettent seulement qu’une analyse plus approfondie sur la soutenabilité de la dette le moment venu.

L’article en contient encore plus. Mais qui a besoin d’encore plus ?

Source : Zero Hedge, le 01/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/decoder-le-fmi-laccord-sur-la-grece-condamne-sortie-probable-par-paul-mason/