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La Grèce face à l’hybris européen

Friday 24 April 2015 at 00:35

La question d’un possible défaut de la Grèce dans les jours, voire les semaines, qui viennent est désormais régulièrement posée. Mais, cette question est parfois confondue avec celle des liquidités internes. Or cette question est aujourd’hui le principal instrument utilisé par l’Eurogroupe pour étrangler la Grèce et tenter d’imposer des politiques qui ont été rejetées par les électeurs le 25 janvier. Rien que cela en dit long sur la notion de la démocratie des principaux responsables européens, et en particulier de M. Jean-Claude Juncker (un multirécidiviste sur ce point qui avait déclaré à la suite de cette élection du 25 janvier « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »[1]) ou M. Moscovici. Ajoutons que les récentes déclarations de M. Schäuble[2] vont parfaitement dans ce sens. On mesure que le mot « démocratie » n’est qu’un slogan sans contenu pour les dirigeants de l’Union européenne.

La question des remboursements

La Grèce doit de l’argent au FMI, à la BCE ainsi qu’aux différents fonds d’aides (MES et FESF). Les échéanciers des remboursements jusqu’au 19 juin sont les suivants :

Graphique 1

Echéanciers des remboursements

A - chart Detts

On constate qu’a part de petits remboursements à la BCE, l’essentiel, du moins jusqu’au 19 juin, sera les remboursements aux FMI (2,54 milliards d’euros). Or, le Fond Monétaire International s’est distingué pour l’instant par une attitude bien plus « souple » que celle de la BCE ou de l’Eurogroupe qui supervise les paiements à faire pour le MES et le FESF. Il n’est donc pas exclu que l’on trouve un arrangement sur ces 2,54 milliards d’Euros. Mais, un tel arrangement ne peut être que provisoire. La Grèce devra rembourser, entre le principal et les intérêts, environ 7 milliards aux diverses institutions européennes entre la fin du mois de juin et le début du mois de juillet. Le gouvernement Grec a dit, à de nombreuses reprises, qu’il ne ferait pas ces paiements car ces derniers prélèveraient l’ensemble des sommes (et au-delà) sur le (petit) excédent fiscal primaire qu’il réalise et qu’il souhaite affecter tant à des mesures de soutien à la population qu’a des mesures de relance de l’activité économique. On sait aussi que l’Eurogroupe, pour l’instant, refuse cette solution. L’Eurogroupe refuse de même de négocier sur la dette, et cherche à imposer des réformes qui, outre qu’elles sont à tout plein inutiles[3], sont refusées par le gouvernement grec et surtout pas ses électeurs. Nous sommes donc dans une impasse.

Il s’en déduit qu’un défaut de la Grèce peut survenir dans les semaines qui viennent, mais surviendra de toute manière entre la fin juin et le début du mois de juillet. Sauf si, d’un côté ou de l’autre, un changement de position survient.

La crise de liquidité

Pour chercher à faire céder la Grèce, et imposer une politique dont les électeurs grecs clairement ne veulent pas, l’Eurogroupe institue un rationnement dans l’offre de liquidité à l’économie grecque. La Banque Centrale Européenne a « déconseillé » aux banques grecques d’acheter des bons du trésor, elle a exclu de fait la Grèce du mécanisme d’aide d’urgence à la liquidité (ou ELA), et relève très lentement le plafond de ses offres de liquidités. Un auteur de la revue américaine Foreign Policy, qui ne peut être considérée comme d’extrême-gauche, va jusqu’à parler des « dirty tricks » soit des « sales magouilles » de la Commission de Bruxelles vis à vis de la Grèce[4]. Cette situation, couplée avec les retraits des banques grecques et les sorties de capitaux qui ont atteint un niveau très élevé en mars dernier confronte le pays avec le risque que son économie, affaiblie par les mesures d’austérité mises en place par le « protectorat » européen, ne s’effondre rapidement. C’est un autre problème que celui du défaut. Là où ces deux problèmes deviennent liés est que si la Grèce fait défaut sur ses remboursements extérieurs, la BCE ne pourra plus légalement financer les banques grecques. Le défaut provoquera la crise de liquidité.

Une solution pourrait consister en l’émission par le gouvernement grec de dettes au porteur, avec un pouvoir libératoire absolu, pouvant être utilisées par les individus et les entreprises comme une monnaie. Mais, il est clair qu’une telle mesure équivaudrait à la création d’une monnaie parallèle à l’Euro, monnaie qui se substituerait à l’Euro très rapidement dans les transactions. Un taux de change implicite se constituerait très rapidement, une reconnaissance de dette ne donnant accès qu’à 98%, puis 95% puis sans doute encore moins de sa valeur faciale en euros. De fait, la Grèce serait hors de la zone Euro, et elle devrait rapidement régler la question des comptes courants et à terme dans les banques et déterminer une circulation cette fois-ci scripturale et pas seulement fiduciaire de ces « titres de dette ».

L’idée d’une monnaie parallèle permettant à la Grèce de rester dans la zone Euro est une illusion. L’histoire, qui est remplie de cas ou des pays ont utilisé des monnaies en parallèle sur leur territoire nous apprend que ces systèmes sont hautement instables. Une monnaie parallèle, quel que soit son nom, reviendrait en fait à recréer la drachme. Mais, c’est en réalité la meilleure solution pour la Grèce dans la situation politique actuelle.

Le problème politique.

Le gouvernement grec a construit sa stratégie sur le fait que l’Eurogroupe aurait bien plus à perdre que la Grèce à une crise. En cas de défaut grec, les gouvernement de la zone Euro devraient expliquer à leurs populations qu’il faut recapitaliser d’urgence la BCE et couvrir les pertes du MES et du FESF. Par ailleurs, un défaut grec entrainerait l’activation des CDS (credit-defaut swaps) qui ont été émis. Enfin, psychologiquement, cette crise signifierait à tous les observateurs que l’Euro n’est pas irréversible mais aussi que les pays du « noyau » de la zone Euro ne sont pas prêts à assumer les conséquences du fonctionnement de la zone Euro. Il ne faudrait que quelques semaines pour que la crise se répercute dans les pays périphériques (Espagne, Portugal, Irlande et Italie). De proche en proche, on aboutirait à l’implosion de la zone Euro. C’est pourquoi le gouvernement grec ne veut pas céder. Ajoutons, et tout le monde le comprend, que s’il cède il perd immédiatement toute sa crédibilité et sa légitimité, et que Syriza, un parti passé en quelques années de 4% à 36% des sondages, serait condamné à disparaître.

Mais, là où le gouvernement grec erre, c’est qu’il pense que les décisions au niveau de l’Eurogroupe seront prises sur la base d’intérêts économiques. En fait, les gouvernements des pays de la zone Euro ont investi énormément dans la dimension politique et symbolique. L’Euro, comme le dit depuis des années le philosophe italien Diego Fusaro n’est pas une monnaie, c’est un projet politique et symbolique. Et, ce projet ne peut s’accommoder d’un compromis avec la Grèce. Car, en cas de compromis, validant la stratégie de Tsipras et de Syriza, c’est toute la politique d’austérité qui volerait en éclat (avec un encouragement très fort à Podemos en Espagne et au Sinn Fein en Irlande), non seulement au grand dam de l’Allemagne (et de ces alliés) mais aussi des hommes politiques qui, dans d’autres pays, ont construit leur carrière sur ce projet (comme François Hollande).

C’est pourquoi un compromis est en réalité une illusion. Il n’y a pas d’alternative à l’Eurogroupe que d’écraser ou périr. Il n’y a pas d’alternative pour le gouvernement grec que d’aller à l’affrontement ou périr.

L’impasse et la rupture

En fait, aucun des deux adversaires, que ce soit le gouvernement grec ou l’Eurogroupe, n’a de marge de négociation. Cette situation a été voulue par le Ministre des finances grec, Yannis Varoufakis, qui connaît bien la théorie des jeux, et qui a retourné la faiblesse apparente de son pays pour en faire une force. C’est ce que l’on appelle la « coercive deficiency ». Mais, la théorie des jeux ne fonctionne que face à un adversaire rationnel. Or, cela fait des années que les responsables européens sont sortis de tout cadre rationnel et ne sont plus guidés que par l’idéologie mais aussi l’hybris du projet européiste. Ce terme peut être traduit par ladémesure. Mais en réalité cela va bien plus loin. C’est un sentiment violent qui est inspiré par les passions, comme dans le cas européen, et plus particulièrement par l’orgueil, et en particulier par l’orgueil politique. Pour les Grecs anciens l’hybris était considérée comme un crime.

La stratégie de Varoufakis se heurte à l’hybris. C’est une figure qu’il doit bien connaître. Il sait, aussi, que face à elle, seule la rupture est possible.

[1] Naulot J-C., « Le défi Tsipras », Libération, 14/04/2015,http://www.liberation.fr/monde/2015/04/14/le-defi-tsipras_1241076

[2] http://www.lesechos.fr/monde/europe/02114542169-passe-darmes-entre-sapin-et-schauble-sur-la-france-1112348.php

[3] En particulier la « réforme » du marché du travail. Voir le World Economic Outlook d’avril 2015, publié par le FMI, et le Chapitre 3, rédigé par Patrick Blagrave, Mai Dao, Davide, Furceri (responsable du groupe), Roberto Garcia-Saltos, Sinem Kilic Celik, Annika Schnücker, Juan Ypez Albornoz, and Fan Zhang, avec l’assistance technique de Rachel Szymanski, disponible à partir du 16 avril sur www.imf.org

[4] Legrain P., « Greece Needs to Start Playing Hardball With Germany », Foreign Policy, 10 avril 2014,http://foreignpolicy.com/2015/04/10/greece-needs-to-start-playing-hardball-with-germany/

Source : Jacques Spir, pour son blog RussEurope, le 18 avril 2015.

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La Grèce, l’UE et l’hybris, par Philippe Grasset

Dans son commentaire du 18 avril 2015, avec le titre de «La Grèce face à l’hybris européenne» sur son site RussEurope, l’économiste Jacques Sapir développe les conditions de l’actuel face-à-face entre la Grèce et l’UE et juge que l’on est arrivé à la situation finale. («Il s’en déduit qu’un défaut de la Grèce peut survenir dans les semaines qui viennent, mais surviendra de toute manière entre la fin juin et le début du mois de juillet. Sauf si, d’un côté ou de l’autre, un changement de position survient.»)

Sapir examine les diverses possibilités, les réalités économiques, les conditions de l’affrontement. Il admet que la stratégie grecque, qui consiste à tenter de retourner contre l’UE sa propre puissance selon la “théorie des jeux” plus que selon la technique du “faire aïkido” qui est plus antagoniste, a du sens et du mérite à la fois, donc en théorie pourrait marcher et donner à la Grèce un compromis qui l’avantagerait. «Mais la théorie des jeux ne fonctionne que face à un adversaire rationnel», et l’UE n’est plus “rationnelle”, qu’elle soit adversaire ou partenaire, ou même objet d’admiration ou d’appréciation idolâtre. Alors, l’économiste se fait avec bonheur historien et psychologue, voire métahistorien en introduisant un facteur fondamental : l’hybris de l’UE, qui ôte à cette institution dans cette interprétation toute raison acceptable, – à moins de parler naturellement de raison-subvertie ; l’hybris, qui fait d’elle une entité évidemment déstructurante et dissolvante, une véritable créature autonome dotée d’une sorte de psychologie propre. Cela place la Grèce devant un dilemme dont les deux termes sont si extrêmes qu’ils interdisent évidemment et absolument le moindre compromis : se soumettre complètement ou rompre… Si elle veut survivre, la Grèce devra rompre.

«Le gouvernement grec a construit sa stratégie sur le fait que l’Eurogroupe aurait bien plus à perdre que la Grèce à une crise. En cas de défaut grec, les gouvernement de la zone Euro devraient expliquer à leurs populations qu’il faut recapitaliser d’urgence la BCE et couvrir les pertes du MES et du FESF. Par ailleurs, un défaut grec entraînerait l’activation des CDS (credit-defaut swaps) qui ont été émis. Enfin, psychologiquement, cette crise signifierait à tous les observateurs que l’Euro n’est pas irréversible mais aussi que les pays du “noyau” de la zone Euro ne sont pas prêts à assumer les conséquences du fonctionnement de la zone Euro. Il ne faudrait que quelques semaines pour que la crise se répercute dans les pays périphériques (Espagne, Portugal, Irlande et Italie). De proche en proche, on aboutirait à l’implosion de la zone Euro. C’est pourquoi le gouvernement grec ne veut pas céder. Ajoutons, et tout le monde le comprend, que s’il cède il perd immédiatement toute sa crédibilité et sa légitimité, et que Syriza, un parti passé en quelques années de 4% à 36% des sondages, serait condamné à disparaître.

»Mais là où le gouvernement grec erre, c’est qu’il pense que les décisions au niveau de l’Eurogroupe seront prises sur la base d’intérêts économiques. En fait, les gouvernements des pays de la zone Euro ont investi énormément dans la dimension politique et symbolique. L’Euro, comme le dit depuis des années le philosophe italien Diego Fusaro n’est pas une monnaie, c’est un projet politique et symbolique. Et, ce projet ne peut s’accommoder d’un compromis avec la Grèce. Car, en cas de compromis, validant la stratégie de Tsipras et de Syriza, c’est toute la politique d’austérité qui volerait en éclat (avec un encouragement très fort à Podemos en Espagne et au Sinn Fein en Irlande), non seulement au grand dam de l’Allemagne (et de ces alliés) mais aussi des hommes politiques qui, dans d’autres pays, ont construit leur carrière sur ce projet (comme François Hollande).

»C’est pourquoi un compromis est en réalité une illusion. Il n’y a pas d’alternative à l’Eurogroupe que d’écraser ou périr. Il n’y a pas d’alternative pour le gouvernement grec que d’aller à l’affrontement ou périr.

»En fait, aucun des deux adversaires, que ce soit le gouvernement grec ou l’Eurogroupe, n’a de marge de négociation. Cette situation a été voulue par le Ministre des finances grec, Yannis Varoufakis, qui connaît bien la théorie des jeux, et qui a retourné la faiblesse apparente de son pays pour en faire une force. C’est ce que l’on appelle la “coercive deficiency”. Mais la théorie des jeux ne fonctionne que face à un adversaire rationnel. Or, cela fait des années que les responsables européens sont sortis de tout cadre rationnel et ne sont plus guidés que par l’idéologie mais aussi l’hybris du projet européiste. Ce terme peut être traduit par “la démesure”. Mais en réalité cela va bien plus loin. C’est un sentiment violent qui est inspiré par les passions, comme dans le cas européen, et plus particulièrement par l’orgueil, et en particulier par l’orgueil politique. Pour les Grecs anciens l’hybris était considérée comme un crime.

»La stratégie de Varoufakis se heurte à l’hybris. C’est une figure qu’il doit bien connaître. Il sait, aussi, que face à elle, seule la rupture est possible.»

“Seule la rupture est possible”, – notre logique de l’antiSystème fait que nous ne pouvions qu’abonder dans ce sens, et que nous abondons … Cet accord est bien entendu la cause qui nous a fait retenir ce texte, mais plus encore, pour le symbole puissant et les références que ce terme suscite, l’idée de l’hybris de l’UE. Nous citons souvent l’hybris comme le trait dominant de la psychologie-Système, affectant les principales forces du bloc BAO, principalement les USA et l’UE. Effectivement, la démonstration est convaincante, et c’est sans doute l’une des grandes vertus de l’épisode Syriza, quoi qu’il arrive, d’avoir mis en évidence l’existence de ce péché mortel, de ce trait épouvantable de la psychologie, dans le cas de l’UE. Nous différerions peut-être (de Sapir) du point de vue de la chronologie, pour mieux mettre en lumière combien cette manifestation si évidente et si impudente, nous dirions presque désespérée à force d’impudence de l’hybris-UE, représente un signe évident de la crise de cette institution, et un signe non moins affirmé de la trajectoire de chute où elle est engagée.

Sapir écrit : «Or, cela fait des années que les responsables européens sont sortis de tout cadre rationnel et ne sont plus guidés que par l’idéologie mais aussi l’hybris du projet européiste.» Ce “des années” vaut certainement pour la “sortie de tout cadre rationnel” et pour l’affirmation idéologique extrémiste qui se sont réalisées de la façon péremptoire qu’on voit entre les années 1990 et les années 2004-2005 (du traité de Maastricht à l’euro, à l’élargissement à l’Est), mais moins certainement pour l’hybris. L’installation de cette passion funeste qui attendait son heure, certes conséquence du reste mais aussi transmutation du reste, s’est développée à partir de la formation du bloc BAO (automne 2008) et des aventures expansionnistes du bloc BAO à partir de 2010, et elle s’est installée brusquement, justement comme une transmutation psychologique presque d’une forme crisique, à l’occasion de la crise ukrainienne (novembre-2013-février 2014). Brusquement, en se transmutant, cette rupture de la psychologie a aussitôt imprimé une marque politique et stratégique dans l’affaire ukrainienne et face à la Russie. Depuis, l’on sent bien que l’UE est devenue une entité animée de penchants expansionnistes affirmé et qui abandonne tout velléité de s’en dissimuler, et de moins en moins préoccupée sinon plus du tout à se maquiller d’un vernis démocratique de simple convenance. (Ainsi, à notre sens, l’UE aurait eu face à la Grèce une position moins intransigeante s’il n’y avait eu entretemps l’aventure ukrainienne qui a dévoilé l’hybris sans la moindre retenue.)

Cette transmutation qui ne peut être précisée que sous la forme d’une “transmutation-Système”, c’est-à-dire un rapprochement décisif de ce qui est l’essentiel producteur d’une dynamique maléfique, produit l’habituel mélange que les bons auteurs identifient dans ce qu’on nommerait le Mal dans notre époque catastrophique ; c’est-à-dire, selon le schéma classique, cette dynamique de surpuissance qui se veut irrésistible et l’extrême stupidité qui l’accompagne et nous donne le ferme espoir que la susdite dynamique de surpuissance atteint le sommet d’elle-même en produisant parallèlement sa transformation (même pas besoin de transmuter) en autodestruction, tout en conservant une fidélité sans faille à l’essentielle dimension de la stupidité qui est sa marque indélébile comme celle du diable. (Selon cette observation de René Guénon que nous affectionnons : «On dit même que le diable, quand il veut, est fort bon théologien; il est vrai, pourtant, qu’il ne peut s’empêcher de laisser échapper toujours quelque sottise, qui est comme sa signature…») Les dirigeants européens, influencés par l’entité qu’ils croient diriger et dont ils ne font que subir l’influence, trop faible psychologiquement pour lui opposer une fermeté quelconque, se comportent effectivement à l’image de l’entité ainsi opérationnalisée : la déclaration (citée par Sapir dans son texte) de Juncker, président de la Commission, après les élections grecques du 25 janvier, rend compte de ce mariage de la surpuissance et de la stupidité, – «Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens», déclara-t-il fameusement… Effectivement, il s’agit bien de l’hybris, disons d’une catégorie postmoderne, parfaitement en ligne avec celle des USA dont l’UE est aujourd’hui le “compagnon de route” presque à égalité et en toute complicité, bien plus que le vassal ou l’obligée.

Au reste, l’institution évolue au niveau interne dans le même sens, avec une montée draconienne des mesures de “sécurisation” interne de l’institution UE, impliquant une sorte de surveillance intensive et intrusive, soupçonneuse et tatillonne. Un nombre de plus en plus grand de sites internet, jugés “dissident”, et qui concernent plus encore les nouvelles non caviardées du Moyen-Orient ou de l’Ukraine, ont leur accès bloqué sur les circuits intérieurs par de mystérieuses décisions venues d’on ne sait quelle mystérieuse organisation de sécurité. Un fonctionnaire sollicitant une position particulière ou une bourse d’étude, peut se voir opposer un refus, non parce qu’il a répondu d’une façon incompétente à une interview d’évaluation, mais, par exemple, parce qu’il a eu une phrase malheureuse sur la Grèce (du type “les pauvre Grecs, leur sort est difficile”). L’hybris est donc bien là, omniprésente, aussi bien présente à l’intérieur des institutions, installant une tension constante, une suspicion à mesure, et de plus en plus souvent désarroi et confusion sur la raison d’être et l’orientation de l’institution.

Nous dirions que cet hybris correspond à une affirmation de puissance (surpuissance) dont la crise ukrainienne a été la génitrice incontestable. L’Ukraine a conduit l’UE “à sortir du bois”, à se découvrir pour ce qu’elle est, ou ce qu’elle est devenue dans son évolution souterraine peu importe, c’est-à-dire une institution parfaitement totalitaire. Ce faisant, elle a complètement tourné le dos à ce qu’elle présentait comme ses ambitions pacificatrices, comme modèle de “gouvernance apaisée” et comme modèle postmoderne de gouvernement idéal. Ainsi, en acquérant cette surpuissance que lui impose son hybris, comme juste retour des choses puisque l’hybris est née de cette surpuissance, elle se met paradoxalement dans une position d’extrême faiblesse. Elle est entraînée, – le cas ukrainien est exemplaire, – dans des voies de plus en plus douteuses, où la légitimité qu’elle prétendait avoir avec ses idéaux initiaux se dissout à très grande vitesse, remplacée par l’imposture, le simulacre, et l’enchaînement dramatique du déterminisme-narrativiste. L’hybris-Système dont l’UE est désormais la porteuse comme on l’est d’une peste épouvantable, est la marque du processus irrémédiable d’effondrement qui l’entraîne. Sera-ce la Grèce, sera-ce autre chose, qui nous montrera que le roi est nu ? Les occasions ne manquent pas et ne feront que se multiplier tant cette attitude engendre de contradiction,s conflictuelles, d’antagonismes furieux, notamment avec les Etats-Membres et avec leurs populations.

Source : DeDefensa, 20/04/2015

 

Mis en ligne le 20 avril 2015 à 05H34

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-face-a-lhybris-europeen/


[Reprise] Division à Charlie Hebdo sur l’argent du journal

Friday 24 April 2015 at 00:01

Deux mois après l’attentat qui a décimé Charlie hebdo, les survivants se divisent: onze salariés demandent que tous les collaborateurs deviennent actionnaires à parts égales du journal, qui a recueilli près de 30 millions d’euros depuis la tuerie.

Un site de construction tagué "Charlie Hebdo" à Rennes le 6 mars 2015
Un site de construction tagué “Charlie Hebdo” à Rennes le 6 mars 2015

Laurent Léger (journaliste de Charlie Hebdo, ndlr) a annoncé mercredi en conférence de rédaction avoir créé un collectif pour ouvrir des négociations sur une répartition égalitaire du capital“, a indiqué à l’AFP un des avocats du journal, représentant de la direction, qui n’a pas souhaité être nommé.

Dans un mail à la rédaction dont l’AFP a obtenu une copie, Laurent Léger précise que ce collectif réunit onze collaborateurs, dont l’urgentiste Patrick Pelloux et le dessinateur Luz. Ce collectif a engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu Rue89, le Syndicat de la magistrature et Olivier Besancenot.

Charlie Hebdo est détenu actuellement à 40% par les parents de Charb, ex-directeur de la publication tué dans l’attaque du 7 janvier, à 40% par le dessinateur Riss, blessé à l’épaule, devenu le nouveau directeur du journal, et 20% par Eric Portheault, co-gérant.

Juste avant l’attentat jihadiste qui a tué douze personnes de l’équipe, le journal, au bord de la faillite, ne se vendait qu’à 30.000 exemplaires. Il a depuis vu affluer les dons et les abonnements, et vendu à plus de 7 millions d’exemplaires son “numéro des survivants” du 14 janvier. De nombreux collaborateurs vivent désormais sous protection policière.

Nous prenons acte des souhaits des salariés d’être associés à la vie du journal. Mais nous sommes encore très loin de la réflexion sur l’actionnariat“, a commenté l’avocat du journal, expliquant que les dirigeants étaient “navrés” de cette initiative.

Riss est encore à l’hôpital, les parts de Charb sont gelées par (sa) succession. Tout cet argent fait plus de mal que de bien. Cela fait penser à ces enterrements où on se bat déjà en revenant du cimetière pour les bijoux de la grand-mère“, a-t-il regretté.

Nous devons d’abord penser à sortir un journal tous les mercredis. Il faut aussi régler des problèmes fiscaux, puisque par exemple les dons sont taxés à 60%. Les dons iront aux familles des victimes. Le produit des ventes ira dans la caisse du journal. Il servira aussi à créer une fondation, notamment pour enseigner la liberté d’expression à l’école“, a expliqué l’avocat.

Pour le moment, on n’est pas associé aux choix. Il n’y a rien contre la direction actuelle, aucun conflit avec qui que ce soit, mais par rapport à ce qui s’est passé les salariés veulent être davantage acteurs de l’entreprise“, a déclaré pour sa part Patrick Pelloux, joint par l’AFP.

A partir du moment où une entreprise est décimée, vous vous sentez complétement liés à elle. Il ne s’agit pas de se partager le gâteau. L’argent ne nous intéresse pas“, assure-t-il.

Contacté par l’AFP, Laurent Léger a seulement répondu qu’il s’agissait de “discussions internes au journal“.

Dans son mail à la rédaction, il insiste sur son souhait d’un contrôle collectif des comptes.

Cette nouvelle répartition du capital permettra de rendre compte de la manière la plus transparente qui soit de l’utilisation de l’incroyable afflux de fonds dont le journal a été destinataire (…). Nous avons pris acte de l’engagement des actionnaires actuels de bloquer l’argent, mais plus le contrôle est large, plus les décisions de ce type sont prises collectivement et mieux c’est pour tout le monde“, ajoute-t-il. Il réclame aussi “un audit de la situation financière“.

L’initiative a provoqué jeudi un vif débat au sein de la rédaction. Dans un mail, un des dessinateurs, qui ne fait pas partie du collectif, a reproché aux membres du collectif de “parler de son argent (de Charb, ndlr)“, alors que “les asticots ont même pas fini de le bouffer“, même si “la question de l’actionnariat devra se poser“.

Les actions de Charb s’envoleront pas si c’est ça qui vous inquiète, Riss partira pas avec la caisse sous son bras (…) et Eric (Portheault, ndlr) a pas ouvert de compte en Suisse“, a-t-il ajouté, en soulignant les sacrifices financiers consentis par ces deux derniers pour le journal ces dernières années.

Source : l’Expansion/l’Express, le 19 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/cetait-attendu-division-a-charlie-hebdo-sur-largent-du-journal/


La Grèce va-t-elle faire défaut le 24 avril ?

Thursday 23 April 2015 at 04:57

A priori non, mais si les eurocrates continuent, ça va finir par arriver…

La Grèce va-t-elle finir par faire défaut ? C’est bien possible. Car le silence coupable de la France sur ce dossier et l’interlude marqué à l’occasion des fêtes de Pâques n’empêchent pas les choses de suivre leur cours et d’aller tranquillement…. dans le mur.

Prochaine étape : l’Eurogroupe qui doit se tenir le 24 avril à Riga. Évidemment, les « partenaires » de la Grèce vont l’y sommer une fois de plus de franchir ce que son gouvernement considère comme des « lignes rouges » : baisse des retraites et nouvelles encoches dans le droit du travail essentiellement. Tsipras ne semble pas prêt à céder là-dessus. Et l’Allemagne ne paraît pas disposée à lui faire quelque cadeau sur le sujet. Du coup, la situation pourrait demeurer bloquée. Le très souple et très conciliant ministre allemand des Finances Wolfgang Schauble a d’ailleurs eu ces mots récents : « personne ne dispose du moindre indice laissant espérer que nous parviendrons à un accord sur un programme ambitieux ». Bref, la Grèce ne semble pas prête de recevoir la tranche d’aide de 7 milliards d’euros qu’elle espère…

En attendant :

- Après la visite très commentée de Tsipras à Moscou, c’est au tour de Yanis Varoufakis de se rendre aux États-Unis. Il se dit qu’il y rencontrerait Barack Obama. Dans l’espoir que celui-ci mette un coup de pression amicale à son allié allemand ? On sait le Président américain attentif à l’évolution de la situation depuis le début. « On ne peut pas continuer à pressurer des pays qui sont en pleine dépression » avait-il affirmé dès le début du mois de février, faisant allusion à la Grèce.
- Hier, Standard and Poor’s a dégradé la Grèce. La note de sa dette a été abaissée d’un cran,  à CCC+ assortie d’une perspective négative.
- L’idée de mettre en circulation une « double monnaie » (voir explications ici) pour payer les traitements des fonctionnaires et les retraites, est de plus en plus souvent évoquée, que ce soit dans la presse grecque ou dans la presse britannique.
- Celle qu’un défaut partiel de la Grèce pourrait intervenir immédiatement après l’échec – prévisible – des négociations de Riga, fait elle aussi son chemin, tant le pays commence à être à sec. Ce défaut, d’ailleurs, n’entraînerait pas forcément une expulsion de la zone euro. Et pour cause : rien, dans les traités, ne rend cette exclusion possible. Les créanciers du pays – essentiellement des acteurs publics depuis que l’UE, en 2010, a généreusement aidé les banques françaises et allemandes à se dégager du bourbier et que le risque a été transféré vers les États-membres, le MES et la BCE – en seraient alors pour leurs frais. Et une crise politique majeure s’ouvrirait en Europe.

Bref, le calendrier est chargé. On attendant les prochaines péripéties, je mets à disposition ci-dessous la traduction d’un article de l’excellent Paul Mason, qui suit tout cela attentivement sur son blog de Channel 4.

Dans cet article, le journaliste anglais développe deux idées particulièrement intéressantes : celle d’un éventuel défaut, donc. Mais aussi celle d’une possible scission de Syriza et d’un recentrage de Tsipras, qui s’allierait alors avec To Potami et le nouveau parti fondé par Papandréou sur les ruines du PASOK. Évidemment, ce ne sont-là qu’hypothèses et supputations. Mais c’est dense et informé !

***

Ce texte est la traduction d’un article initialement paru ici

J’ai reçu un mail cette semaine, où on me prédit que la Grèce va faire face à une « rapture » (à un enlèvement, en fait. C’est un jeu de mots en anglais) avec la BCE dès le 24 Avril. En fait, mon informateur voulait dire «rupture», mais plus nous approchons de l’événement, plus je pense que le mot « rapture » décrit mieux ce qui peut désormais se produire.

Si le gouvernement de gauche radicale se retrouve effectivement dans une impasse avec ses créanciers à la fin du mois et que cela conduit à un défaut puis à une éjection éventuelle de la zone euro, alors la « rapture » telle que prévue par les fondamentalistes chrétiens – une journée apocalyptique durant laquelle la moitié du genre humain est brutalement propulsée vers les cieux – pourrait être une métaphore appropriée.

Pour une partie de Syriza, cela apparaîtrait comme une validation. Pour les autres, comme une damnation. Pour le peuple grec, dont 80 % veut rester dans l’euro à tout prix, cela pourrait ressembler à quelque chose comme la fin du monde tel qu’ils le connaissent.

Mais après trois semaines d’intenses négociations, le 24 avril commence à ressembler à une date limite. Nikos Theocharakis, responsable de la politique fiscale au ministère des Finances grec, aurait dit aux négociateurs de l’Eurogroupe que la Grèce se trouverait à court de liquidités après cette date.

Commençons par examiner les chiffres. La Grèce ne peut pas emprunter beaucoup d’argent sur les marchés, parce que sa dette de 320 M€ est considérée – à juste titre, je pense – comme insoutenable. Aucune politique d’austérité supportable par la société grecque ne suffirait à rembourser cette dette.

Donc, la Grèce essaie actuellement de survivre en dégageant un léger excédent budgétaire. Chaque année, le gouvernement tente d’être en excédent à hauteur de 1,5 % du PIB en dépensant moins qu’il ne perçoit en taxes.

Le principal problème est que ce résultat a été obtenu juste avant les élections. Or les chiffres affichés par le gouvernement conservateur précédent se sont avérés être inexacts.

Problème numéro deux : avec la fuite des capitaux générée par la fermeture de l’accès aux liquidités décidée par la BCE, l’activité économique est à l’arrêt, et le commerce extérieur s’effondre. Les recettes fiscales ont baissé en janvier-février, et bien qu’elles semblent être remontées en mars, cela tient principalement à un compromis : paiement rapide de traites sur les arriérés d’impôts et instauration d’une taxe forfaitaire par les banques. Mais semaine après semaine, l’État grec doit faire face au paiement des salaires et des pensions à partir d’un minuscule excédent de trésorerie. Il est contraint de faire main basse sur les réserves de trésorerie de divers organismes publics afin de se maintenir à flots.

Problème numéro trois : même s’il dégage un petit excédent chaque mois, l’État grec doit « faire rouler » près de 15 milliards de dette cette année, en grande partie sous la forme de bons à court terme que les banques du pays devraient en principe acheter. Mais leur capacité à le faire est plafonnée par la BCE .

Un terrain d’entente ?

Depuis le début, le temps a travaille en faveur des créanciers de la Grèce et des adversaires de Syriza.

Lorsque la BCE, en février, a fermé à la Grèce l’accès aux liquidités normales et plafonné celui aux liquidités d’urgence, il était évident que cela allait accélérer le bank run amorcé durant le dernier mois de règne du gouvernement précédent. Cela a en partie – mais en partie seulement – contraint le ministre des Finances Yanis Varoufakis à une reculade à l’occasion de l’Eurogroupe du 20 février.

Depuis lors, le principal objectif de Varoufakis est d’essayer de prouver qu’il existe une version de gauche et anti-austéritaire des « réformes structurelles » qui soit acceptable par les créanciers, et les convaincrait d’accorder les 7 Mds d’aide qu’ils bloquent actuellement. Mais même un déblocage de cette aide ne constituerait qu’une prémisse à d’autres négociations, portant  sur la manière dont pourrait être rééchelonnée une dette de 320 milliards. La dernière mouture des propositions grecques – un document de 26 pages en anglais – a été considérée comme passible d’un tel accord. Mais la question va bien au-delà de la crédibilité budgétaire d’Athènes.

La majorité pro-euro au sein de Syriza a, semble-t-il, mal calculé la force de l’opposition à laquelle elle serait confrontée au sein de la zone euro. Certes, elle a l’appui des États-Unis. Et la France et l’Italie émettent de petits gazouillis sympathiques. Mais tout cela est contrebalancé par une coalition de pays pro-austérité rangés derrière l’Allemagne, qui bloquent toute tentative de la Commission européenne de négocier un compromis. Dès lors, chaque fois qu’un accord semble se dessiner, l’Allemagne et un groupe d’alliés qui lui sont proches depuis la seconde guerre mondiale, bloquent toute avancée, que ce soit au sein de la BCE ou de l’Eurogroupe.

Impasse

La profondeur de l’attachement de Syriza à l’euro a été démontrée lorsque l’économiste-gourou du parti, Euclid Tsakalotos, s’est adressé aux députés à Westminster le mois dernier. Face aux encouragements à quitter l’euro venus de députés travaillistes de l’aile gauche, Tsakalotos est revenu sur les expériences tentées par les gauches britannique et française dans les années 1980, soldées par ce qu’il appelle « l’impasse » de solutions économiques nationales.

Ainsi, la direction de Syriza est marié à la zone euro, mais la zone euro est actuellement formatée pour écraser Syriza. Avec le ralentissement de la croissance et des recettes fiscales artificiellement soutenues par des taxes exceptionnelles, cela ne peut durer éternellement.

Les grandes entreprises, en Grèce, sont loin d’être aussi hostiles à Syriza qu’on pourrait le penser. Beaucoup d’hommes d’affaire voient ce parti aux « mains propres » comme le seul capable de s’attaquer au népotisme et à la corruption qui ont ruiné l’économie grecque pendant des décennies. Ajouté à cela, il y existe une frange de conservateurs grecs réunis autour de la dynastie Karamanlis qui serait, m’a assuré un ex-député proche d’eux, « prête à aider » Syriza.

Si vous ajoutez à cela le petit parti de centre-gauche Potami  et le nouveau parti formé par l’ancien Premier ministre George Papandreou, il y existe incontestablement une base pour un « gouvernement de centre-gauche » dirigé par Syriza, qui agirait comme un « gouvernement d’unité nationale », appliquerait un programme essentiellement dictée par Berlin, mais avec certains aménagements pour apaiser les membres et les électeurs de Syriza.

Ceci, en tout cas, constitue la nouvelle stratégie des milieux d’affaires vaguement de centre gauche – et leur souhait de la voir mettre en œuvre a été aiguisé par le fait que Syriza semble poussé vers une collaboration économique avec la Russie, l’Iran, l’Azerbaïdjan et la Chine.

Encourager une scission

Mais la gauche de Syriza est forte. La Plateforme de gauche, dirigée par le ministre de l’énergie Lafazanis, est fortement anti-euro et se sent légitimée par les événements. Elle se compose essentiellement d’anciens du communisme traditionnel et constitue l’extrême-gauche à l’intérieur de Syriza. Mais elle a été rejointe lors du dernier vote interne au parti par une franche plus moderniste et par les tenants d’une gauche plus « horizontale », jusqu’à atteindre 41% des voix contre l’accord conclu par Varoufakis le 20 février.

Il existe donc une pression croissante, exercée de l’intérieur et de l’extérieur du parti, qui pousse vers une scission au sein Syriza et un départ de la Plateforme de gauche du groupe parlementaire. Tsipras serait alors contraint de s’appuyer sur de le centre-gauche et sur les conservateurs de l’aile Karamanlis au sein du Parlement grec. Toutefois, il y existe une troisième force que les éditorialistes des journaux financiers ont tendance à oublier cependant qu’ils contemplent une Grèce ballottée entre Berlin et Moscou : le peuple grec lui-même.

Jusqu’à présent, il a été très calme. Les « mouvements sociaux » – les syndicats, les groupes anti-fascistes, les banques alimentaires, les assemblées locales et autres – étaient, ainsi qu’un vieux militant me l’a expliqué, « épuisés » au moment où Syriza est arrivée au pouvoir. Ensuite, ils ont été comme fascinés par l’apparition soudaine d’une nouvelle pratique de la politique au sein du Parlement : la mise au jour de plus de 100 cas de corruption, la mise en place d’un comité chargé d’apprécier la légalité du plan de sauvetage de 2011, la disparition soudaine des gaz lacrymogènes de la panoplie de la police anti-émeutes, la libération progressive de migrants qui étaient retenus dans des camps de l’armée.

Frustration croissante

Les personnes auxquelles j’ai parlé ce mois-ci évoquent une frustration croissante des militants et sympathisants de Syriza face au le drame feutré qui se joue à Bruxelles. Pendant ce temps-là, dans les différents ministères, les dirigeants de Syriza ont encore du mal à asseoir leur autorité et même obtenir des informations précises.

Dans ces moments historiques, le choses se cristallisent parfois sur des individus. Varoufakis – orienté US, formés à l’ouest et même pas membre de Syriza – sera, comme son bras-droit me l’a dit en février, le « dernier à quitter l’euro ». Si arrive le moment où il doit passer de la conciliation à la simple survie, vous pouvez être sûrs que tous les moyens auront été épuisés. Cependant, ainsi qu’il me l’a dit juste avant les élections, il considère qu’un euro non réformé ne peut que s’effondrer dans les deux ans.

Publiquement, vis-à-vis de la zone euro, Varoufakis a adopté le ton non seulement de la conciliation, mais aussi de la reconstruction. En privé toutefois, ses conseillers – ce sont pourtant quelques-unes des personnes les plus centristes dans l’entourage de Syriza – se disent choqués par le niveau d’hostilité auquel ils se sont trouvés confrontés au sein de la zone euro.

Cette aile de Syriza, qui est essentiellement social-démocrate, était pourtant très fortement attachée à l’euro. Du coup, leur foi dans l’euro est ébranlée. Et le danger, pour la zone euro est évidemment qu’une telle évolution des mentalités puisse gagner le peuple entier si la preuve est administrée qu’on ne peut rien faire à l’intérieur de l’euro.

Poussé au bord du précipice – soit par l’échec d’un placement de dette à court terme soit par une simple pénurie recettes – Varoufakis n’aura aucun mal à justifier la mise en place d’un contrôle des capitaux, d’une fiscalité d’urgence sur les grandes entreprises, et l’inauguration d’une double monnaie.

Une économie dans la tourmente

À ce stade, il ne tient qu’à la zone euro de réagir. Mais si elle fait monter les enchères, il reste des armes puissantes dans l’arsenal de la Grèce : les 80 milliards qu’elle doit la zone euro via le système Target 2 qui, comme le souligne Ambrose Evans-Pritchard, ne sont pas protégés. Ensuite, les sommes qu’elle doit la BCE.

La Grèce tenterait, au début, de faire défaut sur sa dette sans avoir à quitter la zone euro. Mais le défaut plongerait l’Europe dans le chaos, politiquement et économiquement. La zone euro, déjà semi-stagnante, ferait face à une période de 12 à 18 mois  d’arrêt complet de son économie jusqu’à ce que son système bancaire ait absorbé le défaut grec.

Ainsi, au cours des deux prochaines semaines il y a un risque accru de « Grexident » – de défaut partiel causé non par calcul de la part de Syriza, mais par une mauvaise estimation, par la BCE du débit du filet d’oxygène financière indispensable aux banques grecques pour survivre, ou par une semaine de recettes trop faibles.

Les Grecs, ce week-end, ont afflué vers leurs églises pour célébrer la Pâques orthodoxe. Alexis Tsipras, dont la côte de popularité est toujours de 71 %, a saisi l’occasion pour parler de renaissance et de renouveau. Certains, en réponse à l’exclamation traditionnelle « le Christ est ressuscité », ont alors plaisanté : « Envoyez-le à Bruxelles pour négocier ! ».

Après la pause pour les fêtes de Pâques, pourtant, les négociations s’approchent d’un moment critique. Si la Grèce est contrainte à un défaut accidentel, le dommage causé au projet de l’euro et à l’image de l’UE sera profond. Surprise à contribuer à la faillite des banques qu’elle est censée superviser, suspecte de travailler à briser une union monétaire supposée être sa raison d’être, la BCE verrait sa réputation ternie pour une décennie.

Source : Coralie Delaume, pour son blog l’Arène Nue, le 16 avril 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-va-t-elle-faire-defaut-le-24-avril/


All apologies

Thursday 23 April 2015 at 04:02

le 18 janvier 2015

Depuis les meurtres commis dans les locaux de Charlie Hebdo et ceux qui les ont suivis de près, un large mouvement d’opinion est né, interprétant notamment ces actes comme une attaque à la liberté d’expression largement utilisée par l’hebdomadaire satirique, qui constitue l’un des fondements d’une démocratie telle que la nôtre.

Pourtant, presque paradoxalement, depuis la commission de ces crimes, de nombreuses personnes ont été poursuivies, condamnées, voire incarcérées pour avoir usé de cette liberté d’expression dans des conditions permettant de retenir à leur égard l’infraction d’apologie ou menace d’actes de terrorisme. Le nombre de 70 à 100 procédures engagées depuis lors est avancé.

Cette situation est-elle juridiquement fondée ? Souvent. Les suites données et peines prononcées apparaissent-elles excessivement sévères ? Souvent aussi, à mes yeux.

La liberté d’expression est inscrite à l’article 11 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi »).

De même, l’article 10 de la convention européenne des droits de l’homme précise que « toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques (…). L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire ».

Il a donc toujours été admis, depuis la Révolution, que certaines restrictions puissent être apportées à la liberté d’expression, afin d’éviter divers abus. C’est ainsi qu’à compter du XIXe siècle, le législateur est intervenu pour réglementer l’usage de cette liberté, protégeant ainsi l’honneur des individus, leur vie privée ou l’ordre public et créant les infractions de diffamation, d’injure, d’atteinte à la vie privée, de provocation au suicide, de provocation publique et directe à la commission d’un génocide ou de provocation directe incitant un mineur à faire usage de stupéfiants. L’objectif était de préserver l’ordre public qui comprend notamment la sécurité des personnes et des biens.

C’est le cas également des infractions d’apologie de certaines infractions (crimes d’atteintes à la vie, à l’intégrité, d’agressions sexuelles, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes et délits de collaboration avec l’ennemi) prévues par l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la presse et de l’infraction d’apologie d’actes de terrorisme, définie par l’article 421-2-5 du code pénal, sanctionné par une peine de cinq années d’emprisonnement et de 75.000 € d’amende (ces peines étant portées à sept années d’emprisonnement et de 100.000 € d’amende lorsqu’est utilisé “un service de communication au public en ligne”).

Cette dernière infraction se distingue toutefois des autres puisqu’elle est incorporée dans le code pénal (et non au sein de la loi sur la presse) et peut à ce titre poursuivie selon la procédure de comparution immédiate, permettant un jugement du prévenu dès l’issue de la garde à vue.

L’apologie se définit comme “l’éloge ou justification de quelqu’un ou quelque chose, présentés dans un discours”. Elle se trouve constituée, selon la Cour de cassation, lorsque “les propos incriminés constituent une justification desdits crimes”. L’infraction peut également prendre la forme de la mise en valeur de la mémoire d’une personne à raison de l’activité de celui-ci – la Cour s’est notamment prononcée sur le cas de la publication d’un ouvrage qui décrivait de manière positive Philippe Henriot, éditorialiste au cours de la seconde guerre mondiale, pour ses actions de combat contre la Résistance.

Dans ces conditions, l’apologie d’un acte de terrorisme sera constituée dès lors qu’une personne fera l’éloge ou justifiera un acte terroriste, ou saluera la mémoire d’un terroriste.

Cette prévention a été utilisée à de nombreuses reprises, ces jours derniers, devant diverses juridictions françaises pour poursuivre plusieurs dizaines de personnes ayant tenu des propos se rapportant à l’attentat de Charlie Hebdo, notamment dans le cadre de procédures de comparution immédiates.

Ainsi à Toulouse, un jeune homme qui s’est adressé aux contrôleurs d’un tramway en criant : « Les frères Kouachi, c’est que le début, j’aurais dû être avec eux pour tuer plus de monde » a été condamné à une peine de dix mois d’emprisonnement, à laquelle s’ajoute la révocation d’un sursis antérieur d’une durée de deux mois.

A Paris, un homme algérien a été condamné à une peine de 15 mois d’emprisonnement pour avoir notamment tenu les propos suivants à des policiers : « Fuck la police, fuck la France, police de pute (…) Les frères Kouachi et Coulibaly ont eu raison. Ce sont des gentils. Je suis un terroriste. Allahou Akbar. Je vais mettre une bombe sur les Champs Elysées ». Il avait en outre proféré des menaces de mort et propos antisémites à l’encontre d’un médecin de l’Hôtel-Dieu.

A Bourgoin-Jallieu, un homme de 28 ans visiblement atteint d’une déficience mentale légère a été condamné par le tribunal correctionnel à une peine de six mois d’emprisonnement.

La sévérité des sanctions prononcées interroge, s’agissant d’infractions commises le plus souvent par des personnes alcoolisées, sans publicité particulière. Par comparaison, les infractions d’apologie de crimes ou délits, voire d’actes de terrorisme commises par voie de presse ont le plus souvent été sanctionnées de peines d’amende. Certains crient à la justice d’exception, compte tenu de la disproportion des peines appliquées avec celles habituellement prononcées en droit de la presse.

On peut aussi se poser purement et simplement la question de la caractérisation de l’infraction d’apologie du terrorisme poursuivie à l’encontre d’une mineure nantaise de 14 ans qui, lors d’un contrôle dans un tramway, a déclaré aux agents “on est les soeurs Kouachi, on va sortir les kalachnikovs !”. Difficile en effet de reconnaître a priori dans ces termes l’éloge de la mémoire des deux tueurs ou de leurs actes, comme la justification de ces derniers. Le discours provocateur et menaçant de l’adolescente pourrait mieux correspondre au délit d’outrage à personne chargée d’une mission de service public prévu par l’article 433-5 du code pénal.

Il convient toutefois de relever que certaines juridictions se sont appliquées à appliquer strictement les textes légaux aux faits poursuivis devant elles : le tribunal correctionnel d’Ajaccio a ainsi relaxé deux individus qui avaient lancé « Allahou Akbar » à l’approche de policier, considérant avec raison que ce terme ne constituait pas l’apologie de quelque acte terroriste que ce soit.

La question de la définition de l’apologie se posera très certainement dans le cadre des poursuites engagées à l’encontre de Dieudonné, qui a été placé en garde à vue pour avoir publié sur son compte Facebook, peu après l’épilogue de la course aux meurtriers, qu’il se sentait “Charlie Coulibaly”, d’autant plus que le tribunal correctionnel de Montpellier a relaxé vendredi un jeune homme qui avait inscrit une formule identique sur un registre de condoléances tenu au commissariat. Le tribunal a considéré que le délit « d’’apologie directe et publique d’un acte de terrorisme n’était pas constitué », selon les propos de son avocat.

Pour stupides, provocateurs et volontairement choquants que soient les termes utilisés par Dieudonné, ils ne me paraissent pas relever d’une définition stricto sensu de l’apologie.

Alors certes, par sa circulaire du 12 janvier 2015, Mme Taubira, Garde des Sceaux, a enjoint aux Procureurs de la République placés sous son autorité de faire preuve d’une “grande réactivité dans la conduite de l’action publique”, en adressant une “réponse pénale systématique, adaptée et individualisée” aux faits commis en la matière, d’en poursuivre les auteurs « sous la qualification pénale la plus haute, en retenant systématiquement la circonstance aggravante (le caractère raciste ou antisémite) lorsqu’elle est établie ». Mais en cette période difficile où tout est prétexte à emballement médiatique, la justice doit garder la tête froide et se souvenir que la loi pénale est d’interprétation stricte, et que les poursuites doivent être exercées à l’encontre des délinquants sous la qualification correspondant le plus précisément aux faits. Bien davantage que de jolies statistiques, c’est la justice que nous devons rendre, chers collègues.

Source : http://blog.francetvinfo.fr/judge-marie

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Vers une dictature antiterroriste ? par Maître Damien Viguier

Le vendredi 9 janvier 2015, à 18h47, près d’une heure trente après que les frères Kouachi, soupçonnés de l’attentat du mercredi précédent à Charlie Hebdo, sont tombés dans une scène digne de Butch Cassidy et le Kid, Othman Dahouk, 16 ans, fait figurer sur son compte Facebook l’image « Je suis Kouachi ».

Mauvaise idée. Le mardi 13, il est entendu par un officier de police judiciaire. À ce dernier, qui l’invite à parler et qui lui dit qu’il est dans un pays libre où il peut s’exprimer, il répond :

« Je mets un truc sur Facebook, et je suis en garde à vue. Vous trouvez que je suis libre ? »

Le lendemain il est conduit, menotté et sous escorte, devant un juge des enfants, dans la perspective de sa mise en examen du chef d’apologie de terrorisme [1].

Il garde le silence. Son avocat prend la parole. Il en appelle à la raison, il rappelle au magistrat que dans le contexte de démence collective qui saisit une bonne partie de la population en France, démence dont sont saisies les plus hautes autorités de l’État, il est de son devoir, à lui, magistrat, dernier rempart des libertés, de rester serein et de prononcer ce qui naturellement s’impose devant pareil cas : une ordonnance de non-lieu.

Comment peut-on, dans le contexte malsain d’une idéologie hostile à l’islam, alors que gouvernement et médias nourrissent une psychose collective, « inculper » (comme jadis l’on disait) un gamin de 16 ans pour une pancarte « Je suis Kouachi » ? Alors que dans le même temps on prétend défendre la liberté d’expression, et en particulier le droit de moquer, de railler et de tourner en ridicule ? N’encourage-t-on pas, au contraire, à dire « Je suis Kouachi » ? N’a-t-on pas le droit de tourner en ridicule ce mouvement de foule et son slogan « Je suis Charlie » ?

Il semblerait que non.

Othman Dahouk, 16 ans, a été mis en examen pour apologie de terrorisme. Il encourt cinq ans d’emprisonnement pour une pancarte sur son Facebook (sept ans, même, si l’on tient compte de la circonstance aggravante). Et le magistrat l’a astreint à se soumettre, lui, à une obligation de soins psychologiques !

Sur quoi il convient de faire d’abord remarquer que si la loi doit être claire et précise de manière à ce que l’on puisse prévoir si ce que l’on s’apprête à faire est ou non punissable, cette loi qui incrimine « l’apologie de terrorisme » ne l’est guère, tout simplement parce qu’un élément de cette formule ne l’est pas.

« Apologie »

Le mot apologie, selon le dictionnaire Bloch et Warturg, est emprunté au latin ecclésiastique apologia et provient du grec apologia, qui signifie « défense », dérivé du mot apologos, qui au sens propre signifie « récit », « narration ». Il est vrai que toute défense, en droit pénal, commence par raconter ce qui s’est passé. Le Robert parle de « discours écrit visant à défendre, à justifier », c’est un plaidoyer.

Même si on pressent qu’il y a quelque abus à voir dans trois mots l’expression d’un plaidoyer (la plaidoirie la plus brève qu’il m’ait été donné de tenir jusqu’à présent en comportait quatre), le sens du terme est suffisamment précis pour répondre au principe de légalité.

« Terrorisme »

Il en va autrement avec le mot « terrorisme ». Notons d’abord que la même réalité peut recevoir des termes synonymes : partisan, résistant, guérillero, franc-tireur, rebelle, insurgé, membre d’un corps franc, milicien ou… terroriste. Tout dépend de l’endroit et du moment d’où l’on perçoit le phénomène. Le « terrorisme » n’est pas une infraction en soi, mais englobe de nombreuses choses qui peuvent être des infractions, lorsqu’elles ne sont pas légitimées par le pouvoir en place, ou même n’en être pas (comme de simplement parler, écrire, dessiner faire un geste, etc.).

Par exemple, on va prochainement (mai 2015) faire entrer au Panthéon, pour les donner en exemple à la Nation, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, quatre « résistants » qui par leurs actes et mêmes leurs pensées étaient perçus comme des terroristes par les autorités et par la population de 1942 à 1944.

Et le Président Sarkozy n’avait-il pas ordonné que l’on lise à la jeunesse des écoles la lettre « d’adieu à ma petite maman », de Guy Môquet ? Et dans un autre registre, n’a-t-on pas fait de Che Guevarra une icône marketing ?

Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, n’a-t-il pas dit que le Front Al-Nosra faisait « du bon boulot » ? Il s’agit pourtant d’une organisation terroriste, qui opère en Syrie et qui s’y livre à des horreurs autrement plus graves que ce qui est arrivé à Paris le 7 janvier 2015. Le tribunal administratif de Paris a même reconnu que de tels propos relevaient de la politique internationale de la France.

Le phénomène est donc extrêmement difficile à appréhender. Combattant glorieux pour les uns, criminel odieux pour les autres, le terroriste n’est vraisemblablement ni l’un ni l’autre. Seulement il se trouve que le cadre juridique ne comprend que deux catégories, et qu’il faut bien l’y faire rentrer.

Sans faire de la sociologie juridique d’avant-garde à l’américaine, il est évident que la décision du juge va dépendre du pouvoir en place. Selon que vous êtes appréhendé sous un régime libéral et libertaire du genre de n’importe quel État occidental, ou que vous êtes arrêté pour les mêmes faits sous un califat dans le style État islamique, votre sort ne sera pas le même. Pour les uns vous êtes un criminel impardonnable ou un fou, tandis que pour les autres vous êtes le saint et le héros qui a exécuté la fatwa.

Tout dépend aussi de l’endroit où vous opérez. Sur sol syrien ou irakien vous pouvez décapiter, violer, torturer à loisir (à condition toutefois de ne pas toucher aux journalistes occidentaux). En France en revanche, c’est « tolérance zéro » : le voile pour les femmes, la barbe pour les hommes, suffisent à vous rendre suspects.

Et même sous un régime libéral et libertaire, tout va dépendre, à quelques jours, parfois à quelques heures près, des degrés de pression politique, de propagande et de mobilisation de l’opinion publique. En période de calme relatif il ne vous arrivera rien. Mais gare si vous n’avez pas senti le vent tourner, même si le vent tourne après, bien après que vous ayez dit ce que vous avez dit.

Par conséquent, il est extrêmement dangereux de faire figurer dans la loi pénale ce terme obscur et vague de « terrorisme ». C’est laisser à l’arbitraire du magistrat le choix de condamner ou de relaxer, sans que l’on puisse prévoir à l’avance sa réaction. Cela crée une atmosphère extrêmement malsaine. L’emploi du mot, en réalité, est le signal de la guerre civile. Il n’a pas à figurer dans la loi.

Source : Medialibre

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Source: http://www.les-crises.fr/all-apologies/


Quand Amnesty International et la LDH dénoncent la France…

Thursday 23 April 2015 at 01:48

Et là, on en entend quand même moins parler que quand ils dénoncent des choses en Russie ou Ukraine, non ?

Amnesty – France : la liberté d’expression à l’épreuve [15/01/2015]

© Jeff J Mitchell/Getty Images

Au moins 69 personnes ont été arrêtées et poursuivies depuis le 9 janvier 2015 pour « apologie du terrorisme », infraction dont la définition reste vague. Le risque est grand que ces arrestations violent la liberté d’expression.

Des dizaines de personnes ont été arrêtées et poursuivies pour « apologie du terrorisme ». Le risque est grand que ces arrestations violent la liberté d’expression.

Toutes ces arrestations ont été effectuées, visiblement, sur la base de propos tenus à la suite des attentats meurtriers commis à Paris contre le magazine Charlie Hebdo, un supermarché casher et des agents de la force publique, le mercredi 7 et le vendredi 9 janvier.

Au cours de la semaine qui vient de s’écouler, les dirigeants mondiaux ainsi que des millions de femmes et d’hommes du monde entier ont défendu la liberté d’expression d’une voix haute et forte.

« La façon dont les autorités françaises réagissent à la suite de ces assassinats constitue un test décisif de leur volonté de faire respecter les mêmes droits pour tous. »

AU NOM DE LA LOI CONTRE LE TERRORISME

Les arrestations et les procédures judiciaires sont les premières à se dérouler en vertu de la loi de novembre 2014 contre le terrorisme. Elles s’appuient sur un article du Code pénal en vertu duquel la « provocation » ou « l’apologie » d’actes terroristes sont désormais passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq ans et d’une amende de 45 000 euros, la peine étant de sept ans maximum et l’amende s’élevant à 100 000 euros si l’infraction est commise sur « un service de communication au public en ligne ».

La « provocation » ou « l’apologie » d’un acte terroriste étaient déjà des infractions en France mais, depuis la loi de novembre 2014, ces faits ne sont plus réprimés par la loi sur la liberté de la presse, mais par le Code pénal. Cela permet aux autorités d’accélérer la procédure, ce qui s’est produit pour plusieurs des affaires récentes.

L’Etat est le premier garant du respect des droits et des libertés. Interpellez François Hollande.

Outre le cas très médiatique du comédien Dieudonné M’bala M’bala, on peut citer le cas d’un homme qui hurle en pleine rue « Je suis fier d’être musulman, je n’aime pas Charlie, ils ont eu raison de faire ça », ou bien celui d’un homme arrêté pour conduite en état d’ivresse qui aurait crié aux policiers « Il devrait y en avoir plus, des Kouachi. J’espère que vous serez les prochains ».

Un homme de 21 ans, interpellé dans un tramway pour défaut de titre de transport, aurait lancé aux contrôleurs « Les frères Kouachi, c’est que le début, j’aurais dû être avec eux pour tuer plus de monde ». Il a été condamné à 10 mois d’emprisonnement.

Nombre de poursuites ont déjà entraîné des condamnations, en vertu d’une procédure accélérée.

Les arrestations, les comparutions et les peines font suite à une circulaire émise le lundi 12 janvier par Christiane Taubira, la ministre de la Justice, et faisant savoir aux procureurs que « les propos ou agissements répréhensibles, haineux ou méprisants, proférés ou commis en raison de l’appartenance à une religion doivent être combattus et poursuivis avec la plus grande vigueur. »

LA LIBERTÉ D’EXPRESSION NE DOIT PAS ÊTRE RÉSERVÉE A CERTAINS

Les États sont tenus, en vertu du droit international relatif aux droits humains, d’interdire tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence. Mais les infractions définies de manière vague, comme « l’apologie du terrorisme », risquent de criminaliser des propos ou diverses formes d’expression qui, tout en étant indéniablement choquants pour de nombreuses personnes, ne vont pas jusqu’à constituer une incitation à la violence ou à la discrimination.

Les traités internationaux sur la prévention du terrorisme prévoient la criminalisation de l’incitation à commettre un acte terroriste. Cependant, une notion comme « l’apologie du terrorisme » risque d’être utilisée pour criminaliser des propos tenus sans l’élément intentionnel nécessaire à la définition d’une infraction et sans qu’ils soient directement susceptibles de provoquer des violences de ce type.

Certains des cas récemment signalés en France ont peut-être dépassé le seuil au-delà duquel il devient légitime d’engager des poursuites, en dépit de la liberté d’expression. Mais d’autres cas ne remplissent pas ces conditions, même si les paroles prononcées sont révoltantes.

« La liberté d’expression ne doit pas être réservée à certains. L’heure n’est pas à l’ouverture de procédures inspirées par des réactions à chaud, mais bien plutôt à la mise en place de mesures réfléchies qui protègent des vies et respectent les droits de tous »

Source : John Dalhuisen, Directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International, pour Amnesty International France


Amnesty – Protégeons nos libertés [16/01/2015]

Protégeons nos libertés

Après les attaques sanglantes de la semaine dernière, Amnesty  International vous invite à adresser un appel au Président de la République. 

Après les condamnations des attaques sanglantes de la semaine dernière, des millions de personnes ont témoigné leur indignation et leur solidarité, signe d’un très fort attachement aux libertés fondamentales.

Et pourtant, dans les jours qui ont suivi ces attaques, des dizaines d’actes violents et discriminatoires visant des personnes et des lieux de culte ont été signalés.

Amnesty International s’inquiète aujourd’hui de la recrudescence, dans le débat public, de propos remettant en cause les droits humains : propos haineux et stigmatisation de populations en raison de leurs origines ou religions, injonctions de réduire certaines libertés, appels à une surveillance de masse des communications…

L’Etat est le premier garant du respect des droits et des libertés. Interpellez François Hollande.

Les autorités doivent veiller au respect et à la protection des droits de toutes les personnes, quelles que soient leurs origines, leurs nationalités ou leurs religions.

Dans toute mesure de sécurité et de lutte contre le terrorisme qu’elles seraient amenées à prendre, elles doivent respecter les droits fondamentaux et les conventions internationales liant la France.

Toute restriction à la liberté d’expression doit être légitime, proportionnée et nécessaire au but visé.

Lire notre communiqué en anglais

Source : Amnesty International France (Communiqué)


LDH – Déjà 50 poursuites engagées au pénal pour apologie du terrorisme [14/01/2015]

La loi antiterroriste, adoptée le 4 novembre 2014, a supprimé de la loi sur la presse l’apologie du terrorisme pour la transférer dans le Code pénal. Lors du débat parlementaire, la Ligue des droits de l’Homme avait démontré qu’il s’agissait d’une décision inefficace pour la sécurité, dangereuse pour les libertés et, pour tout dire, néfaste pour la crédibilité de la justice.

Les récentes poursuites en rafale sur la base de cette nouvelle disposition, au motif d’une apologie du terrorisme, donnent lieu à des condamnations parfois importantes, et sont prononcées dans les conditions détestables qui sont celles des comparutions immédiates, alors que le plus souvent il s’agit d’actes d’ivrognes ou d’imbéciles sans même aucune publicité. Ces peines pour des faits grotesques montrent à l’évidence combien la LDH avait raison de mettre en garde contre la possibilité de dérives qui auraient des conséquences redoutables pour des personnes. Ainsi les auteurs de tels faits seront-ils passibles d’une inscription dans le futur fichier antiterroriste ?

Pour que l’incrimination d’apologie du terrorisme garde son sens et son efficacité, la LDH appelle à retrouver la raison et à réintégrer le délit en question dans la loi sur la presse pour redonner son intégrité à ses dispositions protectrices des libertés.

Source : Communiqué LDH (Ligue des Droits de l’Homme)

Source: http://www.les-crises.fr/quand-amnesty-international-et-la-ldh-denoncent-la-france/


Manuel Valls, ce terroriste…

Wednesday 22 April 2015 at 17:50

Terrorisme :

“Le terrorisme est l’emploi de la terreur à des fins politiques, religieuses, idéologiques ou crapuleuses.” [Wikipedia]

Le but d’un terroriste est donc de semer la terreur dans une population pour en tirer un bénéfice politique.

Source : Le Figaro, 22/04/2015

CQFD…

(Rappel pour ceux qui sont allés à l’école : OAS, Carlos, GIA…)

Il est quand même fascinant (et parfois classique) de voir un chef de gouvernement qui passe son temps à faire peur aux gens en les terrorisant…

Alors que la bonne réponse au terrorisme est de donner encore plus de libertés aux gens, de les rassurer et de renforcer la cohésion nationale, ces tristes sires font exactement le contraire, remplissant les objectifs des terroristes…

Source: http://www.les-crises.fr/manuel-valls-ce-terroriste/


[Reprise] Bruxelles accuse Gazprom d’entraver la concurrence dans le gaz

Wednesday 22 April 2015 at 13:26

Ils me fascinent ces maniaques Bruxellois, qui vont foutre le feu partout…

Après Google la semaine dernière, Bruxelles s’en prend maintenant à un autre géant, russe, cette fois : Gazprom. La commissaire à la concurrence Margrethe Vestager a confirmé, mercredi 22 avril, à midi, que ses services allaient envoyer, dans la journée, une notification des griefs, c’est-à-dire un acte d’accusation en bonne et due forme pour violation de la loi antitrust, au groupe gazier.

Les charges retenues contre Gazprom sont lourdes : la Commission estime que l’entreprise entrave la concurrence sur le marché européen du gaz dans huit Etats membres (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).

Gazprom y impose en particulier « des restrictions territoriales dans ses accords de fourniture avec les grossistes et avec certains clients industriels […]. Ces restrictions consistent en des interdictions d’exportation et des clauses prévoyant l’utilisation du gaz acheté sur un territoire spécifique (clauses relatives à la destination) », précise le communiqué de Bruxelles.

Ces restrictions territoriales, poursuit la Commission, « peuvent provoquer une hausse des prix du gaz et permettre à Gazprom de mener une politique de prix déloyale dans cinq Etats membres (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie et Pologne), facturant aux grossistes des prix beaucoup plus élevés que ses propres coûts ou les prix de référence. »

Des « obstacles artificiels » à l’acheminement du gaz

Enfin, Gazprom pourrait tirer profit de sa position dominante en subordonnant ses livraisons de gaz à la Bulgarie et à la Pologne à l’obtention d’engagements distincts de la part des grossistes concernant les infrastructures de transport gazier. « Par exemple, les livraisons de gaz ont été subordonnées à des investissements dans un projet de gazoduc promu par Gazprom ou à l’obligation d’accepter que Gazprom renforce son contrôle sur un gazoduc », explique encore Bruxelles.

« Le gaz est un bien essentiel pour notre vie quotidienne : il chauffe nos maisons et nous l’utilisons pour la cuisine et pour produire de l’électricité. Le maintien d’une concurrence équitable sur les marchés européens du gaz est par conséquent de la plus haute importance », a souligné Margrethe Vestager, mercredi.

« Toutes les entreprises opérant sur le marché européen – qu’elles soient européennes ou non– doivent respecter les règles de l’UE. Selon nous, [Gazprom] pourrait avoir érigé des obstacles artificiels empêchant l’acheminement du gaz de certains pays d’Europe centrale et orientale vers d’autres, entravant ainsi la concurrence transfrontière. Le cloisonnement des marchés nationaux du gaz a aussi permis à Gazprom de facturer des prix que nous jugeons, à ce stade, inéquitables. Si nos préoccupations venaient à se confirmer, Gazprom devrait assumer les conséquences juridiques de son comportement », a ajouté la commissaire.

Conséquences diplomatiques

Cet acte d’accusation est totalement dénué d’arrières pensées politiques, précise t-on à Bruxelles – la notification des griefs doit être fondée sur des preuves suffisamment étayées d’un point de vue juridique pour « tenir » devant la Cour de justice de l’Union à Luxembourg.

Il risque néanmoins de provoquer des conséquences diplomatiques. « Toute charge de ce type contre Gazprom serait vue comme des sanctions supplémentaires de l’Union européenne contre la Russie », avait prévenu, lundi 20 avril, une source proche du groupe d’Etat russe. Et cela à un moment où Moscou fait semblant de vouloir respecter une paix fragile dans l’est de l’Ukraine, conclue sous l’égide de Berlin et de Paris (les accords dits « Minsk 2 »).

Une chose est sûre, Mme Vestager, ex-leader du Parti social libéral danois, arrivée à Bruxelles en novembre 2014, est décidée à « réveiller » la politique antitrust européenne. Mercredi 15 avril, elle a lancé le même type de charge – un acte d’accusation en bonne et due forme – contre l’américain Google.

La Commission de Bruxelles avait ouvert en septembre 2012 une enquête formelle sur des pratiques supposées anticoncurrentielles de Gazprom, à la suite notamment d’un dépôt de plainte de la Lituanie. Elle avait alors mené des enquêtes dans huit pays européens : outre la Lituanie, l’Estonie, la Bulgarie, la République tchèque, la Hongrie, la Lettonie, la Slovaquie et la Pologne. Après des discussions sur un possible accord à l’amiable avec Gazprom, à la fin 2013, Bruxelles avait poursuivi son travail d’enquête au début 2014.

Mesures correctives

A l’automne 2014, la « notification de griefs » était déjà rédigée et Joaquin Almunia, le prédécesseur de Mme Vestager, prêt à l’envoyer. Mais il n’avait pas reçu le feu vert du président de la Commission de l’époque, José Manuel Barroso, soucieux de ne pas envenimer des relations très tendues avec la Russie – un deuxième volet de sanctions, économiques, avait été voté par l’Union européenne (UE) durant l’été.

« Mme Vestager a reçu, elle, le feu vert de M. Juncker [l’actuel président de la Commission] », croit savoir un proche du dossier. Une information non confirmée, mardi 21 avril au matin.

À compter de l’envoi de la notification de griefs, Gazprom dispose de douze semaines pour peaufiner sa défense, puis les audiences contradictoires débuteront. À tout moment, une procédure de conciliation peut intervenir. La compagnie aurait d’ailleurs introduit une demande en ce sens, la semaine dernière. Elle aurait été balayée.

Une amende qui pourrait s’élever à 9 milliards d’euros

Si la Commission n’est pas convaincue par les arguments de l’entreprise, elle peut aller jusqu’à lui imposer des mesures correctives, l’obliger à changer ses pratiques, et (ou) lui infliger une amende allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial.

Source : LeMonde.fr, 22/04/2015

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-bruxelles-accuse-gazprom-dentraver-la-concurrence-dans-le-gaz/


Actu’Ukraine 22/04

Wednesday 22 April 2015 at 02:54

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

 

Actu’Ukraine du 13 au 19 avril 2015

Focus de la semaine : Le point de non-retour est-il franchi en Ukraine ? 

L’épreuve de force entre Porochenko et Kolomoïski a déclenché une purge des oligarques et une radicalisation idéologique nette du gouvernement. Les oligarques pouvaient encore tempérer les fous de guerre et amener doucement à un règlement du conflit en raison d’intérêts économiques bien compris, entre eux et la Russie entre autre. Leur perte d’influence au profit d’une logique purement idéologique telle qu’elle se déploie actuellement en Ukraine n’est pas bon signe…. Et les USA ne font rien pour aider à réfréner la spirale dans laquelle est entrée l’Ukraine. A des bataillons de volontaires qui reprennent les combats sur la ligne de front (point 3) et des assassinats d’opposants parfois en pleine rue (point 2), les USA répondent par envoyer des troupes en Ukraine (point 1), rejoignant les anglais et entrainant derrière eux les canadiens ! Ce qui est au mieux une démarche pragmatique d’opposition à la Russie (maintenant que les luttes de pouvoir à Kiev sont terminées, je sais à qui parler) et au pire une approbation de la dérive ukrainienne (La fin justifie les moyens, après les gentils ou méchants islamistes radicaux selon qu’ils sont pour ou contre Damas, on a les gentils ou méchants nazis selon qu’ils sont anti-russe ou pas).

Difficile de savoir comment tout cela va tourner, mais il serait très étonnant que la Russie ne réagisse pas…

1- les bruits de bottes occidentales 

On se rappelle que Petro Porochenko avait été invité à la réunion de l’OTAN au Pays de Galles les 4 et 5 septembre 2014. Il était venu annoncé un cessez-le-feu au Donbass (the guardian). Maintenant, les militaires de l’OTAN arrivent en Ukraine.

• Déploiement discret de soldats anglais. Le 24 février 2015, David Cameron avait décidé d’envoyer 75 soldats britanniques pour la formation et le conseil des troupes ukrainiennes dans les domaines logistiques, médical, et du renseignement (the guardian). 35 d’entre eux sont arrivés mi mars à Nikolaïev, sur les bords de la Mer Noire pour entrainer l’armée régulière pour deux mois dans les domaines des combats défensifs et des soins aux blessés (novorossia.today, sputnik news). La Royal British Legion exporte son fameux coquelicot du souvenir, “remembrance poppy”. Ce symbole est omniprésent le 8 mai en Angleterre et au Canada. En Ukraine, avant 2014, l’emblème de cette journée était le ruban de Saint George (maintenant devenu l’emblème des Novorusses). Mais il est interdit depuis une loi votée à l’initiative du parti Svoboda (washington post). A la place, le coquelicot est proposé par l’Institut ukrainien de la mémoire nationale (news.pn). Il sera porté par tous les présentateurs de télévision et probablement aussi par les membres du Secteur Droit qui affectionnent les couleurs rouge et noir.

• Les USA ignorent les accords de Minsk. Le colonel Michael Foster, commandant la 173e brigade aéroportée a annoncé le transfert de 290 soldats de son unité depuis l’Italie vers Yavoriv, près de Lviv, pour “Relooker l’Europe”  (youtube, les détails du plan sont annoncés de la 17e à la 20e minute). Les Américains sont bien arrivés à l’aéroport de Lviv le 15 avril. Il est prévu de former six compagnies de la Garde Nationale en six mois (army.mil). Le centre d’entrainement de Yaroviv appelé IPSC (International Peacekeeping and Sécurity Center) (ipsc.asv.gov.ua)  a de la place pour au moins 1790 personnes (nato.int) et bénéficie de nouveaux bâtiments “aux normes européennes” qui ont été inaugurés par Porochenko, le 30 décembre 2014 (president.gov.ua). Une petite vidéo à l’entrée du Centre montre les drapeaux de différentes nations dont les Etats-Unis, l’Allemagne, la Pologne, et la Roumanie (youtube). Les troupes américaine y ont d’ailleurs déjà séjourné en 2014 dans le cadre d’exercices de l’OTAN.  Le centre est prévu pour toutes sortes d’entrainements, y compris pour la conduite de chars T-64BV, d’hélicoptères Mi-8 et Mi-2 (president.gov.ua) et de drones (kyiv post).

Relooking Europe : The Role of Land Forces (Center for Strategic & International Studies – 2 mars 2015)  (à partir de 14mn00 pour les infos sur les mouvements de troupes US en Europe de l’Est, dont l’Ukraine :  youtube). Le général en question indique clairement (à partir de 15mn) que sa brigade (donc des parachutistes) va être en partie déployée cette semaine en Ukraine pour entrainer des forces ukrainiennes pour le combat en cours…

Le lundi 2 mars 2015, les USA avaient annoncé vouloir envoyer plusieurs centaines de soldats en Ukraine pour entrainer les forces armées ukrainiennes entre mars et octobre 2015 au International Peacekeeping and Security Center (IPSC), un vaste camp militaire situé près de Lvov dans l’ouest de l’Ukraine (zerohedge, sputnik news, sputnik news, defensenews.com, tass.ruipsc.asv.gov.ua), ceci malgré les avertissements des russes (zerohedge), la réticence de l’OTAN (tass.ru) et le contenu des accords de Minsk 2 (le point 10, rappellons-le, interdit la présence de forces armées étrangères ou de mercenaires en Ukraine). De plus, il y avait un flou inquiétant sur cette opération si l’on considère les répercussions géopolitiques potentielles. Certaines sources parlent de soldats de la garde nationale, d’autres de l’armée américaine, devant entrainer la garde nationale et/ou l’armée ukrainienne. Il est question de 300 militaires US ou de 1500 (chaque groupe de 300 assurant une partie de la période d’entrainement prévue sur 6 mois en tout : de mars à octobre 2015). Avec le but initial officiel, prévu en début d’année, d’entrainer 4 compagnies  de la Garde Nationale ukrainienne pour “aider l’Ukraine à renforcer ses capacités d’opération de police, de défense intérieure et de maintien de l’ordre…” (defensenews.com).

Puis le commandant des forces américaines en Europe, le lieutenant général  Ben Hodges, avait officiellement annoncé mi-mars que l’armée américaine reportait le programme d’entraînement  pour “laisser plus de temps” à la mise en oeuvre des accords de Minsk 2  (ria novosti) dans un contexte ukrainien d’épreuve de force entre Porochenko et Kolomoïski… La nouvelle date du déploiement était alors fixé fin avril (rt, sputnik news).

Le paysage politique ukrainien étant “éclairci”, le déploiement s’effectue donc dans l’indifférence de l’esprit des accords de Minsk 2. Nom de code de l’opération : “Fearless Guardian” (Gardien sans peur) (russia insider, youtube, sputnik news,rt, ronpaulinstitute.org, dnr-news, defence24, army.mil, sputnik news, stripes, globalresearch.ca, presstv.ir, kielarowski.net, torchstonepageinc.com, newrussia.press, fortruss). Les USA vont même jusqu’à accuser les russes, via leur ambassadeur en Ukraine,  d’installer des bases d’entrainement dans les républiques de Donetsk et Lougansk, ce qui dédouane les américains de faire de même dans l’ouest de l’Ukraine (uatoday.tv) et Kiev énumère les unités russes qui, selon elle, sont présentes en ukraine (m.rfi.fr). Le colonel tchèque Petr Pavel, le futur président de la commission militaire de l’OTAN, déclare que l’OTAN doit “rassurer” le public qu’il a les moyens et la volonté de s’opposer à la Russie (je ne suis pas sûr sûr que ce soit rassurant !) : ” A Czech general in line for a senior NATO post says the western military alliance was wrong-footed by Moscow’s moves in Ukraine and now has to reassure the public it has the means and will to confront Russia.” (abcnews.go.com). Dans le même genre, l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Anders Fog Rasmussen, a déclaré dans une interview à Newsweek : “La Russie est plus dangereuse maintenant que l’URSS au temps de la guerre froide ; la Russie mène une guerre “imprévisible hybride” contre l’Europe, essayant de saper les pays de l’intérieur ; elle pourrait adopter une tactique semblable à celle qu’elle applique en Ukraine” (vz.ru).

Les crises a consacré, le 19 avril 2015, un billet spécial sur ce déploiement américain (les-crises.fr).

• Stockage d’armes lourdes américaines en Roumanie. Le media gouvernemental UNIAN a réemment appelé la Roumanie, le “nouvel ami de l’Ukraine” (unian). Le budget militaire de la Roumanie est celui qui augmente le plus, en pourcentage, des pays de l’OTAN, passant de 1,36% du PIB en 2014 à 1,7% en 2015, et visant 2% en 2017. Récemment, la Roumanie a accepté de “remplir ses obligations envers l’alliance” et d’accueillir de l’équipement lourd américain sur son sol (russia insider). La Roumanie a comme par hasard une frontière commune avec l’Ukraine et de plus située à l’ouest du pays, comme le déploiement d’instructeurs américains.

L’objectif  assigné à la Roumanie selon un site très pro-Maidan (euromaidanpress.com) serait de se préparer à combattre à Odessa contre la Russie. Il est en effet possible qu’Odessa se détache de Kiev puisque le conseil municipal évoque la possibilité d’obtenir le statut de port franc (news.pn) et qu’au dernier recensement, en 2001, 65% des Odessites déclaraient avoir la langue russe comme langue maternelle, et 30% la langue ukrainienne.

A noter également la cas de la Moldavie qui est coincée entre la Roumanie et l’Ukraine et dont la région de Transnistrie à fait sécession après une guerre civile et est protégée depuis  par un important contingent russe. Mi mars 2015, lors d’une entrevue avec son homologue roumain, Porochenko a  envisagé d’intervenir pour rattacher cette république sécessionniste (wikipedia, novorossia.today, novorossia.today) à la Moldavie. Comme l’Ukraine n’arrive pas à faire intervenir la Russie à l’est du pays, elle va essayer de la faire intervenir à l’ouest, histoire d’avoir “sa” guerre contre la Russie…

La Transnistrie lui avait alors répondu par une lettre (fortruss) qui revient en termes non diplomatiques à lui dire de “s’occuper de ses oignons” :

 We, the residents of Transnistria, were  quite surprised by the manifested concern for the restoration of the  historic state borders from Petro Poroshenko and, in turn, intend to  express consent, provided, however, that Ukraine will return to its  historical homeland, that is, to Russia, to restore the territorial  integrity of the Russian lands. What actually Your citizens of Ukraine  have been demanding for more than a year. 

Dear Mr. Poroshenko, we’re surprised  that You started with the integration of foreign states, not starting  with your own. In order to show us an example of how to come to terms  with your historical homeland, now You just must demonstrate on your own  example and restore the historic injustice of the collapse of the Great  Union, the nuclear super-power. 

In case You deny Russia to return its  rightfully Russian land, then we will be forced to refuse You, too,  because if You do not find the strength to return home, then what right  do You have to return us somewhere? 

Sincerely we hope that You come to your  senses and integrate into the Russian Federation, where people will  start to live normally and not like now – only existing and surviving. 

With respect, the residents of Transnistria.

• Contexte historique Ukraine/Canada et déploiement prochain de soldats canadiens en Ukraine. On peut penser que les 1.3 millions de Canadiens d’origine ukrainienne, sur une population totale de 33 millions exercent un poids significatif sur la politique du Canada ; ce n’est pas tout à fait faux, mais c’est aussi un peu simpliste. En effet, si tous les Ukrainiens d’Ukraine ne soutiennent pas nécessairement l’actuel gouvernement de Kiev, il en est de même pour les immigrés ukrainiens, qui ont pu venir tout autant de Kiev, que de Crimée ou du Donbass (voir l’affaire du pianiste Valentina Litsina ). En fait “l’histoire d’amour” entre le Canada et l’Ukraine est assez ancienne (ahmedbensaada.com)

Il y a eu trois grandes vagues d’immigration d’Ukrainiens au Canada :

    – 1918-1920 : de nombreux nationalistes anti-communistes ayant fui  la guerre civile dans l’empire russe entre “blancs” et “rouges”

    – 1945 : les soldats de la division SS Galychina (Galicie) (wikipedia, wikipedia) qui se sont rendus aux américains et aux anglais, transférés en Angleterre puis se sont installés en Argentine, aux États-Unis et au Canada (.nationalpost.com). “Littman, who has been researching Nazis in Canada since 1980, said the 14th Volunteer Waffen-SS Grenadier Division, aka the Galicia Division, largely comprised Ukrainians who served with Nazi police battalions and death squads. The surviving 9,000 division members surrendered to the British at war’s end, and were taken to England. In 1950, Britain appealed to Commonwealth countries to admit them. Canada agreed to take 2,000, after being assured that their backgrounds had been checked and that they were cleared of complicity in war crimes.” (jweekly.com).

- 1991 : des ukrainiens de tous bords, fuyant la corruption et une économie désastreuse.

Ce sont les deux premiers groupes qui nous intéressent. Souvent originaire des campagnes, ces Ukrainiens se sont installés dans les riches provinces agricoles que l’on surnomme les plaines (Alberta, Manitoba, Saskatchewan). S’étant enrichis, ces groupes ont pris un poids significatif dans la politique canadienne où les fonds privés sont très importants.

Ensuite, il faut comprendre que le Canada n’aide pas l’Ukraine gratuitement, et là encore il y a pour le Canada deux bonnes raisons de contrer la Russie en Ukraine,  à défaut, de maintenir le chaos dans le pays :

- Le Canada est derrière la Russie dans de nombreux domaines ; extraction de minerais, production de gaz, production de pétrole… mettre la Russie au ban des nations pourrait permettre au Canada de récupérer des marchés que la Russie perdrait (lapresse.ca)

- Le Canada est un des leaders dans l’extraction d’hydrocarbures de schiste. Des licences d’exploitation en Ukraine pourraient fournir un rapide retour sur tous les investissements que le Canada a fait en Ukraine,

Le déploiement a été annoncé par le premier ministre canadien le 14 avril 2015 pm.gc.ca, pm.gc.ca, facebook, thestar.com, russia insider, novorossia.today, lefigaro.fr, sputnik news). L’OTAN, par le biais de U.S. European Command (EUCOM), a aussitôt remercié le Canada (facebook)

Officiellement, le but de ce déploiement serait la formation des troupes ukrainiennes. Selon le bureau du premier ministre, les militaires canadiens  seront déployés « à la fois à long terme et sur une base périodique,  selon le type de formation offerte ».  Les soldats canadiens seront notamment appelés à « offrir de la  formation sur la neutralisation d’explosifs et de munitions, à assurer  la formation de policiers militaires, à fournir de la formation  médicale, à offrir de la formation sur la sécurité des vols et à donner  de la formation sur la modernisation du système de logistique ».  La majorité des formateurs, environ 150 soldats, seront déployés dès cet été depuis les deux brigades mécanisées de la garnison Petawawa (Ontario) qui a opéré entre-autre en Bosnie et en Afghanistan. Ils seront principalement stationnés au centre d’entrainement que l’OTAN a installé à Yavoriv, près de la frontière polonaise. Le même centre qui accueille en ce moment les soldats américains. Ce qui fait qu’en été, il y aura près de 500 soldats anglo-saxons en Ukraine. Le reste des soldats canadiens déployés en Ukraine consiste en 25 soldats qui partageront leur expérience en Afghanistan (pour rappel, il y a un certain nombre de vétérans ukrainiens qui ont fait la guerre d’Afghanistan de 79), 5 médecins formateurs, 15 formateurs de la police militaire, entre 5 et 10 formateurs des forces aériennes canadiennes, 5 formateurs en logistique. Fait intéressant, présent sur le message de l’ambassade canadienne en Ukraine, cette mission est censée durer près de deux ans pour se terminer fin mars 2017 ! Donc bien après la mission américaine qui devrait prendre fin en octobre 2015 (facebook) !

 

Répartition des soldats canadiens en Ukraine (pbs.twimg.com). En plus de Yavoriv, il est question du centre de déminage de Kamyanets-Podilsky.


Le coût de l’opération canadienne en Ukraine est estimé à 16 millions de dollars canadiens (12 millions d’euros), et fait partie de l’aide de 578 millions de dolllars canadiens (438 millions d’euro) annoncée récemment par le gouvernement canadien (ici.radio-canada.ca, cbc.ca).

La Russie juge cette décision “déplorable” (theglobeandmail.com, sunherald.com, dailystar.com.lb) et que c’est le contraire de ce qu’il aurait fallu faire (russia insider, russia insider). À regarder les commentaires des internautes canadiens – francophones et anglophones – il semblerait que tous les Canadiens ne soient pas dupes. Même le chef de l’opposition officielle, Thomas Mulcair, qui pourtant a soutenu le financement canadien d’Euromaidan, exprime des réserves sur l’envoi de troupes canadiennes en Ukraine.

Et puisque visiblement la question lui a été posée, le ministre canadien de la défense Jason Kenney a affirmé que les troupes canadiennes ne formeraient que la garde nationale ukrainienne et des battaillons reconnus par Kiev et qu’elles ne feront pas affaires avec les milices (néo-nazies). Un certain nombre de spécialistes, y compris dans la diplomatie canadienne restent cependant sceptiques (Ottawacitizen.com).

Traduction du message Facebook de l’ambassade du canada en Ukraine (https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=446998298788366&id=270529536435244 )

Prime Minister of Canada announced a new military support Ukraine
Ottawa, Ontario – April 14, 2015
 Prime Minister Stephen Harper announced today that the Government of Canada  will provide significant additional military resources to assist in  training and capacity strengthening Ukrainian Armed Forces personnel. The announcement was made after a briefing on the current security  situation in Ukraine Jason Kenney, Minister of National Defence and  Minister of multiculturalism, General Tom Lawson, Head of the Defence  Staff.
Canada  will send approximately 200 Canadian Forces (GLC) in Ukraine to March  31, 2017 for the development and provision of military training and  capacity building programs for staff Ukrainian forces. GLC members are sent to both the permanent and on a periodic basis depending on the type of exercise that will take place. Their  activities include training for the disposal of munitions remnants,  homemade explosives, military police training, medical training,  training on safety and training systems modernization logistics. Canada will also provide individual and group training tactics for  Ukrainian National Guard personnel together with the United States.
Last  Canadian military assistance, which involved numerous requests from the  Ukrainian government, aimed at helping the country in its efforts to  preserve the sovereignty, security and stability in the face of Russian  aggression. Help was announced today after consultations with key information allies.
Canada’s position Ukraine was clear from the beginning: we recognize  the sovereignty and territorial integrity of Ukraine, and never to  recognize illegal Russian occupation of Crimea or any other part of the  country.
 
Fast Facts
·  Training, which plans to begin this summer, there are additional  educational opportunities offered through the Program GLC Military  Training and Cooperation. Training  will take place primarily in the Training Center NATO Partnership for  Peace in Sycamore, located in western Ukraine near the Polish border. Training also take place in the center Clearance Ukrainian Defense Ministry in Kamenetz-Podolsk in western Ukraine.
· In January 2015, Canada approved military assistance to Ukraine  joining the Joint Commission Interconnecting States, Ukraine and  agreement of co-presidency, along with Ukraine, a subcommittee of the  Joint Commission on Military Police.
· In December 2014, Canada signed a declaration of intent from Ukraine  joint military training and capacity building in response to Russian  aggression in this country.
·  In November 2014, Canada has more non-lethal military supplies through  the Department of International Relations, Trade and Development. Since then, Canada has 30,000 jackets, 30,000 pairs of pants, and 70,000 pairs of shoes Gore-Tex. Once production is finished, Canada also sends high-frequency radio 22  Harris, 238 pairs glasses Night Vision PVS-7, 1134 tactical kits,  moving structure field hospital, and even necessary to determine the  amount of substance for neutralization of explosive devices.
· In August 2014, Canada has provided non-lethal supplies Ukraine,  including address diverse security, medical and logistical equipment  such as 7,000 helmets, ballistic 30,000 points, 2,300 protective vests,  300 kits, 100 tents and 735 sleeping bags.
·  In addition, Canada strengthens security in Central and Eastern Europe  through contributions to NATO, including: contribution of $ 1 million to  the Trust Fund for NATO Ukraine with a focus on improving the skills of  command, control, communications and computer; deployment  of Canadian military personnel and Canadian Forces as part of its  certification, including sending Canadian ships Her Majesty Regina,  Toronto and Frederiction to support the same transaction; contributions  to the 3 accredited training centers in the Baltic NATO on cyber  security, energy security and strategic communications to help  strengthen regional framework to address the crisis; and Canada participated in some military exercises with allies in Europe.
Direct speech
“Canada continues to stand with the people of Ukraine to lengthy aggression Putin regime. Canadian  military contribution announced today will help Ukrainian military  personnel to better protect the sovereignty and territorial integrity of  the country. ” – Prime Minister Stephen Harper.
“Ukrainian military personnel benefit from exercise high caliber of the brave men and women of our Canadian Forces. Canada will continue to work with its allies to ensure a sovereign, united and secure Ukraine. ” – Prime Minister Stephen Harper.

 

• Armes israéliennes ? Une brève découverte sur ridus.ru, le 15 avril (ridus.ru à 20 h 13  ) qui mentionne la possibilité de livraisons d’armes à l’Ukraine et la Géorgie  par Israël en réponse à l’annonce de la fourniture de missiles S-300 à l’Iran par la Russie, en dépit de l’embargo sur les armes vers l’Ukraine. La logique à l’oeuvre est que la Russie livre des armes à un ennemi d’Israel, donc Israel peut livrer des armes à un ennemi de la Russie… L’ennemi de mon ennemi est mon ami, même s’il a massacré 200 000 juifs durant la seconde guerre mondiale (nrg.co.il)… Sans connaissance des médias israéliens, il est difficile de dire s’il s’agit d’une info ou d’un billet d’humeur…

Le 16 avril, au cours de sa séance annuelle de questions-réponses (tass.ru), Vladimir Poutine vient de répondre aux craintes exprimées par Israël au sujet des S-300 pour l’Iran: “Мы считаем, что в условиях, которые складываются в регионе, особенно в связи с событиями в Йемене, поставки оружия подобного рода являются сдерживающим фактором”, – подчеркнул он.”Nous estimons qu’avec la façon dont cela tourne dans la région, particulièrement en relation avec les événements du Yemen, la fourniture d’armes de cette sorte est un facteur modérateur” .

Le 19 avril, un média israélien international, Times of Israël, sort un article intitulé “Poutine avertit Israël de ne pas vendre d’armes à l’Ukraine” . Sous-titre de l’article : “Des représailles israéliennes contre la livraison de S-300 à l’Iran seraient « contre-productives », selon le président russe” (timesofisrael.com) . Dans le contexte psychologique du Moyen-Orient, ce type de phrasé revient à inciter israël à livrer des armes pour ne pas avoir l’air de céder…

Toujours est-il que l’Ukraine est déjà en relation étroite avec Israël dans le domaine de la défense, surtout via la société ukrainienne Fort qui produit de l’armement militaire léger (pistolets, fusils d’assaut,…). Dernièrement un accord de production sous licence du fusil israélien de dernière génération TAR-21 “Tavor” (world.guns.ru) a été conclu entre IWI (Israël) et Fort, pour devenir le Fort-224 (thefirearmblog.comcatalog.use.kiev.ua). Dans cette vidéo de début mars, on peut voir le secrétaire du “Conseil de défense et de sécurité nationale”, Tourtchinov (wikipedia) équipé de cette arme (youtube).

 

 

• Inspecteurs militaires occidentaux.  Les Cyber Berkuts, hackers ukrainiens pro russe, ont publié le 13 avril 2015 la liste de 58 inspecteurs militaires occidentaux qui vont séjourner en Ukraine du 12 avril au 6 mai 2015 : “We, CyberBerkut, warn the population of Donbass, and also we inform the  population of Ukraine: in the near future the criminal management of the  occupied Ukraine plans carrying out of some provocations on border with  Donetsk and Lugansk National Republics. Besides, in the near future the  Kiev Junta plans continuation and escalating of escalation of the  military conflict in the Southeast of Ukraine – informs our  secret-service device from Kiev. So, in time from April, 12th till May,  06th, 2015, to Ukraine arrives and the group of the Western military  Inspectors will conduct the antinational activity. Among them military  men of the inspector of the USA, Poland, Estonia, Finland, Turkey,  Norway, Estonia, Latvia, France, Denmark, Austria, Spain, Albania,  Portugal, Croatia, Iceland, Germany, Iceland and Slovakia. By itself,  that the greatest number of inspectors (which goes besides the separate  list) have directed the USA. Confirming to told, confirming to that the  West and further plans «to distribute councils» how the Ukrainian Junta  better and more effectively to kill the peace population of Donbass, we  result a number of documents” (cyber-berkut.ru 13.04.2015 The Western Military Inspectors all in considerable quantities arrive to Ukraine et 15.04.2015 Photos of the Western Military Inspectors in Ukraine, colonel cassad). Il y a deux Français parmi eux…

Colonel Cassad se demande s’il ne s’agit pas là de créer les bases d’un centre de commandement de l’OTAN en Ukraine (colonel cassad). Certains de ces observateurs étaient, toujours selon Colonel Cassad, présent sur le Maidan en 2014 : 2 lituaniens et 1 américain.

 

• Ambassadeur d’Australie. Fait notable, l’Australie vient, pour la première fois de son histoire, de nommer un ambassadeur en Ukraine, Doug Trappett  (uatoday.tv, dfat.gov.au) avec de plus, rapprochement prévu entre les deux pays via des organisations non gouvernementales communes (ozeukes.com). Fin mars, l’Australie avait étendu ses sanctions contre la Russie (themoscowtimes.com).

 

 

2- Chasse aux sorcières et assassinats politiques

• La chasse aux sorcières, version intimidation. Perquisition dans l’appartement de Vitaliy Skorohodov, médecin, journaliste et bloggeur. Originaire et habitant de l’Ouest de l’Ukraine, V. Skorohodov est connu pour ses convictions antifascistes, il n’a jamais soutenu le coup d’état dans son pays. Actuellement il travaillait à des livres sur les crimes et la renaissance du fascisme dans l’Ouest de l’Ukraine (antifashist.com). A ce jour, V. Skorohodov a dû quitter le pays.

• La Chasse aux sorcières, version prison. Prisonnier d’opinion, le journaliste ukrainien  Ruslan Kotsaba, arrêté depuis le 7 février (voir actu ukraine ), risque 15 ans de prison pour “haute trahison ” et “entrave à l’action de l’armée”. R. Kotsaba a été présent à l’Est de l’Ukraine depuis les premiers affrontements, il étais le premier (et le seul?) journaliste ukrainien officiellement accrédité par LNR et DNR. Il a toujours nié l’intervention de l’armée russe en Ukraine. Son appel contre la mobilisation (youtube, youtube)  a crée pas mal de soucis pour la campagne de mobilisation (segodnya.ua). Discour de R. Kotsaba au tribunal (youtube) ou il s’adresse aux journalistes : “chacun peut etre assusé d’éspionage pour avoir critiquer le gouvernement” et ” je vois actuellement le psychose et hysterie de guerre dans les média”

• Meurtre de Sergei Soukhobok, journaliste freelance, à Kiev. Ce meurtre aurait été commis dans la nuit du 12 au 13 avril, indique le média ukrainien “Obkom” (obkom.net.ua, novorossia.today). Sergei Soukhobok était un ressortissant du Donbass, co-fondateur des médias sur internet “ProUA” (proua.com.ua) et “Obkom” (obkom.net.ua). La police a arrêté jeudi 16 avril les deux meurtriers qui sont deux voisins étant en conflit avec lui depuis longtemps et qui l’ont tué après avoir trop bu (news.pn). Il s’agirait donc bien d’un meurtre au sens pénal et non d’un assassinat (qui est un meurtre avec préméditation). Il ne semble pas y avoir de mobile politique à cet acte.

• La chasse aux sorcières, version élimination. Un ex-député du parti des régions a été assassiné à Kiev devant la porte de son appartement (pravda.com.ua, ukranews, obkom.net.ua, unian.info, sputnik new, rtinterpretermag.com, unian.net, podrobnosti.ua). Oleg Kalachnikov, un des organisateurs de l’Antimaidan, avait reçu des menaces entre autres pour son appel à fêter le 70ème anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre Patriotique (vz.ru).

• Liste noire hébergée par l’OTAN.  Le dossier de Kalachnivov (psb4ukr.org), ainsi que celui de Oles Buzina, assassiné le lendemain (politrussia.com) et de beaucoup d’autres “divergents” sont visibles sur le site “Mirotvorets” (c’est à dire “celui qui apporte la paix”)  (psb4ukr.org) disponible, avec des qualités de traduction diverses, en 38 langues ! Ce site de dénonciation, fondé il y a un an par un des hommes qui montent, Gerashchenko, a été créé afin de recueillir les informations concernant les personnes qui  sont considérées comme une “menace à la sécurité nationale ukrainienne”. Les données personnelles des personnes y sont exposées : biographie, l’adresse, le numéro de téléphone ainsi que leurs comptes sur les réseaux sociaux.  Il comprend notamment une partie “Purgatoire” où sont recensés près de 30.000 séparatistes, terroristes, mercenaires, ‘traitres à la Patrie” et criminels de guerre. On y retrouve Kalachnikov, Bouzina, Sukhobok et d’autres. Le site bénéficie du soutien du SBU et du ministère de l’intérieur. De plus, cerise sur le gâteau, ce fameux site “Mirotvorets” est hébergé aux USA et renvoit sur un sous-domaine du domaine officiel de l’OTAN : nato.int (regnum.ru, myip.ms, myip.ms, analyse du trafic similarweb.com) !

Donc en clair, l’OTAN facilite, sinon coordonne, la création d’une base de données de gens à éliminer en Ukraine en complète complicité avec le régime en place. Ni l’OTAN, ni Kiev ne se salit pas les mains directement, mais laissent le sale boulot à des idiots utiles exaltés du patriotisme…

• Encore un assassinat politique à Kiev. Le journaliste, écrivain, ex rédacteur en chef  du quotidien “Segodnya”, Oles’ Buzina  a été tué de cinq balles, dont une dans la tête, devant l’entrée de son immeuble (sputnik news, segodnya.ua, unn.com.ua). O. Buzina était connu pour sa position antifasciste et antimaidan tout en restant patriote de l’Ukraine. Il figurait dans la “liste noire” du Ministère de l’Intérieur ukrainien (vz.ru). Élimination des contestataires, mais où  va ce pays ! Qui peut être le suivant ?

Quelques jours auparavant , O. Buzina a participé en direct à une émission de radio “Vesti” (youtube, youtube) pendant laquelle un sondage a été réalisé : à qui les auditeurs font-ils le plus confiance : à “Oukrainskaya Pravda” (média mainstream ukrainien) ou au site buzina.org ? (buzina.org) 56% ont voté pour le site du journaliste.

Toujours est-il que Porochenko a exigé que les enquêtes sur ces assassinats soient réalisées le plus rapidement possible”. Il est évident que ces deux assassinats sont des événements à mettre sur un même plan. Leur nature et leur signification politique sont compréhensibles : c’est une provocation délibérée qui apporte de l’eau au moulin de nos ennemis. Elle a été conçue dans le but de déstabiliser la situation intérieure de l’Ukraine et de discréditer les choix politiques faits par le peuple ukrainien” -a déclaré le chef du gouvernement. (obkom.net.ua).

Le conseiller du ministre des affaires intérieures, A. Geraschenko,  renforce cette vision des choses en sous-entendant que les meurtres de O. Kalachnikov et O. Buzina aient été organisés par Moscou (unian.net) ( de toutes façons quoi qu’il se passe, pour Kiev, c’est la faute de Moscou, on commence à avoir l’habitude). Liachko (parti radical) insulte la mémoire de Bouzina sur sa page Facebook (vz.ru). Quant à Pravy Sektor, son porte-parole déclare qu’il n’aurait pas fallu tuer Kalachnikov et Bouzina même s’ils étaient ukrainophobes, il aurait fallu faire passer en procès le premier et déconseiller la lecture des livres du deuxième (gordonua.com).

 

En mémoire d’Oles’ Buzina. Sa dernière intervention à la radio, trois jours avant sa mort (youtube, youtube)

 

En mémoire d’Oles’ Buzina. Son interview du 23 décembre 2014 sur l’histoire de l’Ukraine : “Short History of Ukraine. Oles’ Buzina 23.12.2014 | Eng. Subs” (youtube, russia insider)

 

• Erreur ou montage de sauce ? Sputnik News rajoute à la liste des assassinés Olga Moroz, rédactrice en chef de “Netechinski Vestnik” en le datant du 16 avril (sputnik news, lecourrierderussie). Alors que les fait remonteraient au 15 mars selon d’autres médias (kp.ru, newsru.com). Olga Moroz travaillait avant sa mort sur un article traitant de l’exploitation forestière illégale en Ukraine.

 

• Très molle réaction de l’Occident à la vague d’assassinats en Ukraine.  Alexeï Poushkov, président de la commission des affaires  internationales de la Douma, a commenté sur son micro-blog Twietter la  réaction occidentale aux assassinats et “suicides”  d’opposants  politiques qui ont eu lieu en Ukraine ces jours derniers:”На убийства в  Киеве Запад отреагировал предсказуемо вяло. Ни слова не сказали ни  Обама, ни Кэмерон, ни Меркель. Дежурные осуждения не в счет”  “Comme c’était à prévoir, l’Occident a réagi très mollement aux assassinats de Kiev. Ni Obama, ni Cameron, ni Merkel n’ont prononcé un seul mot. Les phrases de circonstance, ça ne compte pas.” (twitter). On voit au passage dans quelle estime est tenu notre Grand Timonier hexagonal,  puisqu’il n’est même pas cité au nombre de ceux qui “comptent”. De son côté, la Vice-Directrice du service de presse du Ministère russe des Affaires étrangères déclare que  “les purges ont commencé à Kiev ; il est effrayant également que les responsables des pays de l’Union européenne ne remarquent pas l’élimination jour après jour des acteurs de l’Anti-Maidan”. (vz.ru).

Réaction du ministère des affaires étrangères de Grande Bretagne : on ne commente pas les meurtres des non britanniques  (ria novosti). Deux poids deux mésures puisque ce même ministère avait présenté les condoléances à la famille de B. Nemtsov et  condamné son assassinat (ria novosti) ! La presse britannique est moins avare (bbc, theguardian, reuters). En France, L’Express a sorti un article sur le sujet intitulé “Ukraine: Kiev en proie à une inquiétante série de meurtres politiques”  en se focalisant sur Oles’ Buzina. Des journalistes s’inquiètent donc avant tout que l’on assassine l’un d’entre eux (lexpress.fr)… Aux USA, la porte-parole du département d’état, Marie Harf, lit mécaniquement une bréve note résumée par la phrase “Any violence concerns us.” (unian.info, youtube.com).

 

 

• Implication possible du SBU et bouc émissaire ultra nationaliste. Selon Vesti ua, le SBU utilise les groupes radicaux pour mener ses propres projets à bien (vesti-ukr.com).  Le rédacteur en chef de ce média en rajoute une couche sur la coopération entre les organes de sécurité et les groupes radicaux. Pour lui il s’agit de l’honneur des autorités ukrainiennes de trouver l’assassin du journaliste. Il interpelle personnellement Guerachtchenko dans l’article (vesti-ukr.com).

Unian, de son côté, annonce que l voiture des assassins de Bouzina a été retrouvée. Elle avait des plaques d’immatriculation italiennes, auparavant Guerachtchenko avait annoncé que les plaques de la voiture étaient lettones ou bielorusses (unian.net). Le 17 avril, l’UPA (Armée Insurrectionnelle Ukrainienne), branche militaire du parti ultra nationaliste ukrainien OUN formé en 1929, aurait revendiqué les deux assassinats (fortruss).

 

• Après Kalachnikov et Bouzina, ce pourrait être le tour d’Elena Bondarenko. L’ex-députée du Parti des Régions, Elena Bondarenko,  a en effet reçu des menaces de mort et  a été prévenue qu’elle serait la “prochaine victime” (vz.ru). Elena Bondarenko est  une femme courageuse  qui n’a jamais envoyé dire ce qu’elle avait à dire – et ce qu’elle a à dire ne plaît pas du tout au pouvoir de Kiev. A ce titre, au début de l’été 2014, elle avait  été la cible de la colère de Tourchinov qui présidait la Rada. Bondarenko, en séance et parlant depuis la tribune, avait demandé à l’assemblée une minute de silence pour les victimes civiles du Donbass, et violemment critiqué le gouvernement pour y avoir envoyé l’armée et fait tirer sur la population civile pacifique. Tourchinov avait alors vivement réagi en lui disant ” Nous n’avons pas besoin de propagande russe. L’armée ukrainienne protège la population, et vous en faites partie. Vous devriez être à genoux devant l’armée ukrainienne.( à 1′ 07″ dans la vidéo)” Puis il l’avait chassée de la tribune et renvoyée à sa place (youtube). Dans une autre vidéo (hélas non sous-titrée en français: youtube), elle avait “bâché” une journaliste ukrainienne en lui disant tout net “Je ne vais pas répondre à vos questions provocatrices” ( 0′ 22″)  ), “En ce moment, vous participez à de la propagande de guerre” (0′ 35″ – 0′ 37″ ), elle lui dit deux fois “Vous débitez des mensonges” ( “Voui vriotié” à 0′ 36″ et 0′ 38″), “Vous participez en ce moment à de l’information provocatrice” (1′ 05″ – 1′ 08″). Entre 1′ 18″ et 1′ 34″, elle lui dit “Si vous continuez à propager des mensonges (deux fois), vous allez dégoûter votre public qui ne va plus vous croire. C’est la seule et unique recette pour gagner la bataille de l’information: dire la vérité! “ 

Aujourd’hui, elle en appelle à une protection officielle par le ministère de l’intérieur à cause des menaces qu’elle reçoit par le biais de faux comptes facebook, mais aussi de personnes réelles… et pense à quitter l’Ukraine (vz.ru).

 

 

3- La reprise des combats

• Rupture réelle du cessez-le feu ?  La journée du dimanche pascal orthodoxe (12 avril) a été chaude à certains endroits d’Ukraine, les services du ministère de la défense de la DNR ont enregistré 66 violations du cessez-le-feu  (ridus.ru à 09 h 36 ). Rappelons qu’à Donetsk même, dimanche en fin de soirée, un hôpital ainsi qu’une maison d’habitation ont été touchés par un obus. A Shirokino, les habitants ne peuvent pas sortir des caves parce que leurs snipers tirent aussi bien sur les soldats séparatistes que sur les civils. Dans l’oblast de Donetsk, l’activité militaire est redevenue intense, les forces ukrainiennes ont bombardé avec des pièces d’artillerie lourde automotrices la localité de Zhobniki, elles tirent également sur Peski, Spartak et l’aéroport de Donetsk. Les journalistes civils signalent la présence dans les hôpitaux de Donetsk de nombreux soldats séparatistes blessés (ridus.ru, youtube). L’OSCE, dans son rapport paru le lendemain dénombre pas moins de 700 explosions (unian.info).

Les observateurs de l’OSCE rendent compte ce lundi de combats près de Donetsk et à Shirokino (près de Marioupol) (sputnik news) dans deux bulletins speciaux :

Spot report by OSCE Special Monitoring Mission to Ukraine (SMM):  Renewed intensive fighting around Donetsk city and Shyrokyne, 12 April  2015 (osce.org) et Spot report by the OSCE Special Monitoring Mission (SMM) to Ukraine:  Renewed Intensive Fighting in the Shyrokyne Area, 12 April 2015 (osce.org)  Le chef de la mission de l’OSCE en Ukraine exprime son désarroi et sa consternation devant cette reprise des combats dans un autre bulletin : OSCE Special Monitoring Mission Chief Monitor expresses dismay at  resumption of fighting in eastern Ukrainian, calls for restraint (osce.org).

La Mission de l’OSCE en Ukraine est de plus en plus difficile. L’Ukraine et les républiques de l’Est se méfient d’eux quand ils ne les accusent pas carrément d’espionnage comme le ministre ukrainien des affaires étrangères, Pavlo Klimkin (dnr-news.com). A Shirokino, des snipers ukrainiens les prennent pour cible (novorossia.today).

La reprise des combats est imputée conjointement par l’Ukraine et les républiques de l”Est à Praviy Sektor près de Donetsk (russia insider) et à Azov à Shirokino près de Marioupol. Donc, que des bataillons de volontaires… L’armée régulière ne semble donc pas incriminée.

 

• L’armée ukrainienne est plus honnête que les bataillons de volontaires. Il y a quelque temps, on avait pu lire que les bataillons de volontaires étaient souvent à l’origine de provocations diverses et de diffusions de rumeurs. La chaîne ukrainienne “112″ a publié aujourd’hui des précisions quant à une nouvelle rumeur qui s’était répandue à partir du 12 avril au soir. Des combattants ukrainiens avaient alors prétendu que l’armée de la république de Donetsk (DNR) avait tiré sur Peski et les positions ukrainiennes avec des munitions de type interdit, en particulier au phosphore. Le porte-parole de l’état-major général des Forces Armées Ukrainiennes (FAU), Alexeï Mazepa, a déclaré aujourd’hui à ce propos : «Фосфорные боеприпасы на наших позициях замечены не были, использовалось исключительно обычное вооружение», “Aucune munition au phosphore n’a été remarquée ni employée sur nos positions, les armes utilisées ont été exclusivement des armes conventionnelles.” Une mise au point qui fait plaisir, d’une certaine manière (112.ua). Le 17 avril, UNIAN sort un article intéressant de la part d’un média tout ce qu’il y a d’officiel selon lequel les officiers ukrainiens et russes du poste d’observation de l’OSCE à Donetsk ont indiqué qu’une “force tiers non identifiée” provoquait à la fois les forces armées ukrainiennes et les milices novorusses : “The OSCE SMM  said that according to both Ukrainian Armed Forces and Russian  Federation Armed Forces officers at the observation point, an  unidentified ‘third party’ was provoking the two sides.” (unian.info)

 

4- Analyse de Xavier Moreau (17 avril 2015)

• Entretien non-aligné avec Xavier Moreau (avril 2015) – Partie 01 (youtube). L’interview datant du 17, elle ne prend pas en compte les développements les plus récents.

 

 

Lundi 13 avril 2013

• Un peu de normalité dans ce monde de brutes. Les trolleybus font leur retour à Lougansk, spécialement pour Pâques et pour la première fois depuis juillet 2014 (lenta.ru).

• Les Assange/Anonymous ukrainiens. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, il existe un groupe de hackers nommé “Cyber Berkuts” qui s’introduit de préférence dans les ordinateurs des ministères ukrainiens pour révéler ce que le public n’a pas le droit de savoir. Parmi leurs “faits d’armes”, il y a eu dès août 2014 une intrusion dans les ordis du ministère de la défense ukrainien, et divulgation des pertes en matériel dues au premier “chaudron” de 450 soldats des FAU coincés contre la frontière russe du sud-est, et complètement abandonnés par leur commandement. Ils avaient pu rentrer chez eux en échange de l’abandon de tout leur matériel. “”Dans la période entre le 21 juillet et le 5 août 2014, les “forces répressives” ont fait cadeau aux séparatistes de:- 22 tanks, – 26 BMP (blindés de transport de fantassins), – 17 BTR (blindés de transport, avec un canon de petit calibre), 4 unités d’artillerie automotrices 2C9 “Nona” (avec un canon de 122),  4 unité d’artillerie automotrices CAY 2C1 “Gvozdika”, 12 systèmes de tir “Grad” (les “orgues de Staline” modernes), 5 obusiers D 30,  10 mortiers de 82 mm, 13 batteries sol-air ZY-23-2, 75 tracteurs automobiles. Cela, à la suite du 1er chaudron.”

Ensuite, les Cyber Berkuts ont rendu visite à l’ordi du procureur général d’Ukraine Yaréma (qui ne l’est plus à l’heure actuelle) et divulgué, par le biais des réseaux sociaux, la multitude des plaintes déposées contre les membres des bataillons de volontaires, en particulier ceux de “Aïdar” qui, en permission, commettaient des violences et des meurtres gratuits envers la population civile, la plupart du temps sous l’empire de l’alcool. Yaréma voulait garder cela sous le coude, il a été obligé de le reconnaître.

Hier, le 13 avril 2015, ils ont publié la liste de 58 inspecteurs militaires occidentaux qui vont arriver en Ukraine  (voir focus de la semaine).

• L’Ukraine a augmenté son budget militaire de 23% en 2014 et pourrait le doubler en 2015. C’est sûr que c’est la priorité dans un pays proche de l’effondrement économique et censé avoir signé un accord de cessez-le-feu (latribune.fr, sipri.org) ! Côté chiffres cela donne 4 milliards USD en 2014 pour l’Ukraine. En comparaison, les USA sont à  610 milliards USD en 2014 (en baisse de 6,5%) et la Russie à 84,5 milliards USD (en hausse de 8,1%). Les dépenses mondiales sont de 1776 milliards USD (en baisse de  0,4%), soit 2,3% du PIB mondial. (noter la coincidence : les dépenses mondiales correspondent à la date de la déclaration d’indépendance des USA !).

• Nouvelle compétition de record du monde : l’invasion russe de l’Estonie ! Le 21 janvier dernier, Brzezinski sortait devant le U.S. Senate Armed Services Committee que “Poutine pouvait prendre Riga (Lettonie) et Tallinn (Estonie) en un jour” (baltictimes.com)… et que cela signifierait une guerre totale avec l’Ouest (c-span.org, news.err.ee). Le 11 avril, le président estonien, Thomas Ilves, entre dans la compétition et déclare, après les premiers exercices de la force de réaction rapide de l’OTAN (russia insider) que la Russie pourrait occuper le pays en 4 heures (qui dit mieux ?) : “It (la force de réaction rapide de l’OTAN) would get here in, what, a week? Five days?… But if you look at the exercises that are done by our neighbour (La Russie), they’re basically instantaneous. They’re here and it’s over in four hours.” (vz.ru, telegraph.co.uk) ! Ilves a dû légèrement s’expliquer en Estonie sur ces propos ce lundi, se défendant en disant qu’il s’appuyait sur des rapports de l’OTAN et ne mettait pas en question la qualité de l’armée estonienne (3800 soldats en temps de paix,16 000 en temps de guerre… C’est sûr que contre un poids lourd comme la Russie, il faut sortir le chrono !) (vz.ru).

le président estonien, Thomas Ilves

Brzezinski devant le U.S. Senate Armed Services Committee

 

• Focus sur la Finlande. La communauté des états Nordiques (Islande, Norvège, Danemark, Suède et Finlande)  a décidé de renforcer les exercices militaires en collaboration avec l’OTAN pour faire face à “la menace russe”, suivant la dénomination les ministres de la défense de ces pays. Et ce, bien qu’une des conseillers du ministre de la défense norvégiens avertisse que cela pourrait être vraiment très mal perçu par la Russie (yle.fi) : “The analyst, who is also a member of the Norwegian Defence Minister’s expert advisory team, said that Russia can be expected to interpret the move towards closer Nordic defence cooperation as aggression. “You have to take into account that there will be negative reactions from the Russian side; this however should not be emphasised,” she added.”

Et c’est surtout suite à la tension poussée par cette décision  que le chef d’état major finlandais essaie de calmer le jeu en disant que la Russie n’a rien fait pour être perçu comme une menace par la Finlande… mais que quand même le pays va renforcer sa préparation: “Russia has done nothing that could be considered to pose an acute  threat to Finland, says the Commander of the Finnish Defence Forces  Jarmo Lindberg. He says Finland must nevertheless re-evaluate its  defence preparedness, due to the increased volume of military activities  near its borders.” (yle.fi). De son côté, le ministre des affaires étrangères finlandais n’a pas apprécié de ne pas avoir été consulté avant la signature de cette lettre qui est à l’origine de ces nouvelles tensions : “The newspaper article from the Nordic defence ministers and the Russian Foreign Ministry’s response are both not to Finland’s Foreign Minister’s liking. He says no one discussed plans for a joint publication on Nordic defence cooperation with him ahead of time.” (yle.fi). Du coup, le ministre de la défense essaie d’adopter un profil bas, vu que les experts des pays concernés et son collègue des Affaires Etrangères ont montré que c’était une ânerie (yle.fi). Cela étant, on peut comprendre, il y a les élections législatives la semaine prochaine en Finlande, et la peur est un très bon moteur pour récupérer des voix. Lles militaires permanents et réservistes comptent pour 400 000 personnes environ, ce qui semble assez peu, mais qui représente pratiquement 10% des votants. Si les centristes sont favoris dans les sondages, les euro-sceptiques/OTAN-sceptiques (si si, ça existe !) sont deuxièmes. Pendant ce temps, les entreprises finlandaises continuent à faire du business et gagner des sous en Russie (yle.fi).

Malgré tout, ce sont effectivement les centristes (modérés) qui ont remporté les élections de dimanche 19 avril, suivis des euronatosceptiques au détriment du gouvernement sortant, plus libéral et atlantiste (yle.fi).
Une adhésion de la Finlande n’est toujours pas à l’ordre du jour, et si elle l’était, tous les partis – y compris natophiles – sont d’accord sur le fait que cela devrait passer par un referendum (yle.fi).

• Dégonflage de la bulle du sous-marin russe fantôme. Le Ministère des Affaires étrangères russe a commenté les déclarations d’un responsable des forces armées suédoises (vz.ru) selon lesquelles le “sous-marin russe” qui avait été frénétiquement recherché en octobre dernier dans l’archipel de Stockholm était simplement un “navire technique” vz.ru). D’ailleurs le ministre finlandais  de la défense, Carl Haglund (Suédophone), avait qualifié dès le départ cette affaire de vaudeville, soulignant qu’outre le ridicule de n’avoir rien trouvé, il n’était pas très judicieux de montrer à tout le monde, donc à des ennemis potentiels tout le dispositif suédois de défense et de recherche (yle.fi).

• Un ex-président polonais prédit un troisième Maïdan et dit “ça suffit, ce rêve d’Europe”. (ridus.ru article en russe, tvn24.pl article en polonais)

“Un troisième Maïdan menace l’Ukraine, après lequel l’attend un virage net vers la Russie”. C’est ce qu’a déclaré, lors d’une interview sur TVN24, l’ex-président de Pologne, Alexandre Kwaznievski. “Poutine attend le moment où le peuple ukrainien, excédé, organisera un troisième Maïdan et dira: “Ca suffit, ces rêves européens, parlons déjà avec ceux qui sont en mesure de nour aider réellement.” . Il a ajouté qu’en Ukraine, il se trouve obligatoirement des politiciens qui se représentent le dialogue avec Moscou comme la seule manière de sortir de cette crise, et la génération plus âgée soutient calmement cette idée. Kwasnievski a également recommandé de lutter contre les oligarques, lutte que mène le président Porochenko. ” Pour suivre une telle politique, il est évidemment nécessaire de prendre des décisions douloureuses, et cette façon de procéder est très compliquée pour Petro Porochenko, qui est lui-même un oligarque.” a souligné Kwaznievski.

Cet ex-président n’est pas la seule voix discordante en Pologne. Le parti politique polonais “Alliance de la gauche démocratique” ( Sojusz Lewicy Demokratycznei ) (SLD)  considère comme une “gifle pour la république” la décision qu’a prise la Rada suprême d’Ukraine de qualifier de “combat pour l’indépendance” les activités le l’organisation des nationalistes ukrainiens et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (ONU-AIU, en caractère cyrilliques ОУН-УПА), toutes deux interdites en Russie. Cette déclaration a été publiée le 13 avril sur le site officiel du parti (sld.org.pl ).

• L’arroseur arrosé.…Les sanctions contre la Russie, tout le monde le sait, étaient une très mauvaise idée. La Russie a riposté, ce qui n’était pas prévu par les européens, mais logique pour la Russie… Parmi les pays de l’UE les plus touchés, il y a l’Allemagne. (Juste retour de son acharnement …). Aujourd’hui, c’est Siemens qui dévoile les conséquences de la riposte russe: le chiffre d’affaires de Siemens en Russie a fondu de moitié ! deutsche-wirtschafts-nachrichten.de). Plus encore que l’article, le commentaire d’un lecteur est amusant à lire: 13 Avril 2015 à 17:38 Bruno a écrit: “Ces Messieurs de chez Siemens avaient pourtant toujours dit que l’on assumerait les sanctions contre la Russie. Et que l’entreprise supporterait ces pertes en se jouant. Là, on a encore une fois fait l’addition sans le patron! A long terme, ce sont toutes les affaires avec l’Est que notre économie va perdre. Celui qui ne respecte pas des contrats de livraison fermes pour des raisons politiques n’a aucun droit à se plaindre. Ces commandes vont être récupérées et menées à bien par les Chinois ou les Indiens. Cela signifie que l’Allemagne va perdre à plus ou moins long terme le plus grand marché qu’elle avait. Même après levée des sanctions, il n’y aura plus guère là-bas de commandes pour Siemens, et c’est très bien ainsi. Et ce monsieur Kaeser (Nota: le PDG de Siemens) n’a rien dans la culotte.

Encore une fois, force est de constater qu’en Allemagne, il y a encore des médias capables de parler des choses qui fâchent. A ce propos, quelqu’un a-t-il des nouvelles de nos “Mistral” ?

• Rencontre “Format Normandie”. Les ministres  des affaires étrangères de “quatuor normand” ( France, Allemagne, Russie, Ukraine) se sont retrouvés lundi à Berlin. Selon P. Klimkin, les parties n’ont pas pu trouver l’accord sur toutes les questions (segodnya.ua). A l’est, rien de nouveau (lemonde.fr).

• Fusion en vue dans le paysage religieux ukrainien. L’église orthodoxe ukrainienne est divisée en trois chapelles dont deux ne reconnaissent pas l’autorité du Patriarche de Moscou, l’équivalent du Pape pour l’église orthodoxe. Ces deux églises parletn de rapprochement, peut-être pour mieux s’emparer des églises et monastères de la troisième, fidèle à Moscou, sur le territoire ukrainien (unian.info)…

 

Mardi 14 avril 2015

• Ambiance d’insécurité à Kiev (suite).  Le précédent Actu Ukraine (les-crises.fr) avait mentionné, pour le dimanche des Pâques orthodoxes, deux alertes à la bombe à Kiev: ” Pour le jour de Pâques, il y a eu à Kiev deux alertes à la bombe, l’une vers 17 h. dans un grand centre commercial, l’autre dans une station du métro. (pravda.com.ua)

Un anonyme a annoncé que le centre commercial du quartier Obolonski (wikipedia) allait sauter. Le personnel et les visiteurs ont été évacués. Un peu plus tôt, les médias avaient annoncé qu’à la suite d’un appel anonyme, la station de métro “Arsenal” avait été fermée pour cause d’alerte à la bombe.”

Aujourd’hui mardi 14 avril, c’est encore le même journal qui annonçait à 12 h 08 une nouvelle alerte à la bombe, cette fois à la station “Theatralnaya” (pravda.com.ua), pour annoncer un peu plus tard, à 13 h 13, qu’il n’y avait pas de bombe (pravda.com.ua).

• Bonne et mauvaise nouvelles. La bonne d’abord. Le journaliste donné pour mort dimanche dernier à Donetsk ne serait que blessé (rt). Mauvaise nouvelle, un autre journaliste a sauté sur une mine aujourd’hui à Shirokino. Il est gravement blessé (novorossia.today, novorossia.today, youtube, ridus.ru).

 

• Feuilleton de la dette ukrainienne. Le Guardian n’est pas pour effacer la dette de l’Ukraine, ce qui serait en quelque sorte récompenser et encourager les voleurs et il rappelle l’ampleur de la corruption dans ce pays (30 milliards USD par an ces dernières années, 14% du PIB) : “According to western analysts, the overall scale of corruption reached 14% of GDP during the early 2010s, or roughly $30bn a year” (theguardian).  Le Ministre russe des Finances Anton Silouanov a pour sa part fait une déclaration concernant la dette ukrainienne à la Russie de trois milliards de dollars : “During  my recent conversation with the Minister of Finance of Ukraine on the  Ukrainian side have been given assurances that those obligations that  are due in December this year, three billion dollars, accounted for in  the Ukrainian budget…” (vz.ru). Entre temps, l’Ukraine commence à évoquer le fait de ne pas rembourser les dettes de Yanoukovtich, dont les 3 milliards russes font partie (lb.ua, sputnik news), ce qui fait écho à une autre déclaration du ministre russe “If this statement is disavowed, we will act in accordance with the  agreement on investment NWF in Ukrainian bonds, which in the case of  non-payment, we will refer to arbitration courts under English law” (vz.ru). Les créditeurs de l’Ukraine, notamment Franklin Templeton qui détient des obligations d’état pour dix milliards de dollars, sont d’accord pour une restructuration mais non pour l’annulation de la dette ukrainienne (lb.ua). Selon un “officiel” du FMI un accord doit être trouvé pour juin 2015 (reuters).

Pendant ce temps, le salaire des membres du parlement ukrainien sera augmenté à partir du 1er avril vzgliad.ru).

Selon Sevodnia.ua,  au 1er janvier 2015, la dette extérieure de l’Ukraine se montait à 126,3 milliards de dollars US, soit 96,5% du PIB. Actuellement, elle a augmenté de 5 milliards de dollars US du fait du prêt consenti par le FMI ( segodnya.ua). Le journal a calculé que cela imposerait à chaque citoyen ukrainien une contribution de 45.000 hryvnias soit plus de 17 ans de salaire minimum (218 hryvnias en févier 2015  sputnik news) ! En comparaison, la France s’était endettée de 29.422 euros par habitant mi 2014 challenges.fr), soit un peu plus d’un an et demi de salaire minimum avec un smic à 1 457,52 euros… A ce taux de dette et de pauvreté, on se demande si le peuple ne va pas un jour ou l’autre se révolter…

• Vous avez dit révolte? A ce sujet, Ella Libanova, la Directrice de l’Institut de démographie et d’études sociales d’Ukraine (weforum.org)  a déclaré dans le journal ukrainien “Novoïe Vremia” (“Temps nouveau”) : “Le principal catalysateur potentiel de protestations est le niveau catastrophiquement élevé du chômage. Des gens qui sont en pleine force de l’âge et en âge d’être actifs perdent leur source de subsistance ainsi que la possiblité de subvenir aux besoins de leur famille. Une partie conséquente de ces chômeurs est constituée d’hommes. Si l’on ajoute à cela le fait qu’il y a une grande quantité d’armes en circulation dans le pays, on obtient une baril de poudre potentiel.”(nv.ua).

• Limogeage de l’ambassadeur d’Ukraine aux USA. Alexandre Motsik, nommé ambassadeur à  Washington par l’ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, quitte son  poste sur décision du président Piotr Porochenko. peut-être a-t-il un de ses amis à caser (sputnik news)…

 

Mercredi 15 avril

• Tout arrive ! Une nouvelle surprenante ce matin: Marie Harf, la porte-parole du département d’état US, a publiquement félicité la Russie pour avoir aidé des ressortissants américains à quitter le Yémen (ridus.ru). Des centaines d’Américains sont en train de quitter précipitamment le Yémen. Un petit nombre d’entre eux (18) n’avaient pas pu trouver place dans un avion américain, c’est à bord d’un navire russe qu’ils ont pu partir. “Je suis heureuse de pouvoir féliciter publiquement les Russes”, aurait dit Marie Harf. (Mais bon sang, qu’est-ce que ça doit faire mal, d’avoir à déclarer publiquement une chose pareille !).

• Grosse valise… Les USA ont envoyé en deux temps, le 28 et 30 mars, par la “valise diplomatique”, 150 tonnes de fret d’Ukraine vers l’ambassade américaine au Kyrgyzstan (delo.kg). L’information est relayée internationalement aujourd’hui par Sputnik News (sputnik news) et par RT (rt). C’est une entreprise ukrainienne qui a été chargée du transport par gros porteurs Antonov 124. A chaque fois, les avions venaient d’Abu Dhabi à l’aéroport de Manas qui est la plaque tournante du déploiement américain en Asie mineure (airport.kg, wikipedia). L’ambassade des Etats Unis à Bichkek refuse de commenter les informations concernant sa réception d’un “colis diplomatique” de 150 tonnes. Le journal kirghize qui relate cet envoi indique que de la même façon l’ambassade des Etats Unis à Kiev avait reçu ce genre de colis diplomatique en novembre 2013. Il était apparu par la suite qu’il s’agissait de dollars en assez petites coupures… Préparation d’un Maidan local ?

• Dossiers “retrouvés”. Mustafa Nayyem indique sur sa page Facebook que les dossiers judiciaires concernant Timochenko ont été retrouvés et se trouvent au Parquet. Nayyem avait dit la semaine dernière que ces dossiers avaient été confisqués l’an dernier après les événements de la place Maidan par Pravyi Sektor, événement où il avait été invité à assister comme journaliste par Pravyi Sektor selon ses propres dires. Entretemps Pravyi Sektor avait déclaré que les dossiers avaient été récupérés par la police en mars 2014 (unian.net) .

• Tout s’achète dans un pays en ruines. Selon Vesti, des étrangères sexagénaires auraient recours à la PMA en Ukraine (vesti-ukr.com) et les Chinois, confrontés au manque de femmes suite aux avortements sélectifs, viendraient chercher des fiancées en Ukraine (vesti-ukr.com).

• Lutte contre la corruption ? Pas très efficace, semble-t-il ! Un sondage réalisé par GFK Ukraine (unn.com.ua) ne donne pas de résultats très optimistes : Selon les résultats du sondage, 57,2% des sondés estiment que la situation sur le plan de la corruption est demeurée inchangée sur les six derniers mois, 27,7 % ont répondu qu’elle s’est aggravée, 15,1% parlent d’une amélioration. Selon l’enquête, la situation se dégrade partout. Les régions/oblasts les plus corrompues sont celles d’ Odessa, de Zaporojie / Zaporijia  et de Khmelnytskyï… et les moins corrompus celles de Volinska, Zakarpatska et Poltava.

Parmi les secteurs de l’économie souffrant le moins de la corruption, vient en tête le secteur agricole (bien qu’il soit touché, voir http://rusvesna.su/news/1428764074 ) suivi par les secteurs de l’industrie, du commerce et des transports et communications.

En revanche, l’administration des villes semble permettre à certains responsables de s’enrichir de manière visible. Prenons pour exemple l’administration de la ville de Soumy, ville du nord-est de l’Ukraine et  capitale administrative de l’oblast de Soumy. Selon le compte rendu de déclaration des revenus des hauts fonctionnaires, la majorité d’entre eux ont quadruplé leurs revenus (0542.ua) Toutefois, il s’agit d’une dénonciation venant d’un média ukrainien visant les responsables d’une ville située à la frontière russe et qui n’a rassemblé que 15 appelés sur les 2331 qui devaient être mobilisés (novorosinform.org) .

• Une nouvelle arme contre la Russie? Aujourd’hui, dans le secteur de Domodiedovo (alentours de Moscou) les agents du FSKN (les “stups” russes) ont arrêté un ressortissant ukrainien qui transportait 8 kilos de concentré permettant de fabriquer du Spice, une drogue à fumer qui fait des ravages en Russie depuis plusieurs années (vice.com). La quantité qu’il transportait permet d’obtenir 44 kilos de drogue, dont la revente sur le marché noir permettrait un résultat de 45 millions de roubles  (tass.ru). Début avril, le même service avait déjà arrêté 19 individus pratiquant ce type de commerce (tass.ru).

• Mme Clinton voudrait qu’Obama intervienne davantage. Hillary Clinton a déclaré à The Voice of America : “I think we need to provide more financial assistance for the government of Ukraine, as it is trying to make the transition from a nonprofessional, corrupt system to a system that operates according to the global rules”. Cela ferait potentiellement une décision impopulaire à prendre en moins si elle était élue… (ibtimes.com).

• La Russie a remboursé plus de 100 milliards USD de sa dette d’état dans les 9 derniers mois. Le pays se désendette massivement malgré toutes les sanctions…ou peut-être grâce à elles. (russia insider). A rapprocher de l’évolution des réserves monétaires de la Banque Centrale Russe. On y voit un maximum (598,1 Md$) qui a été atteint le 8 aout 2008, le jour de la guerre avec la Géorgie (oui bon la guerre a duré 3 jours mais en Russie elle est souvent appelée “guerre du 8-8-8″). L’essentiel de la crise russe était une conséquence de la crise des subprimes, mais y a-t-il eu des “sanctions” liées à la Guerre de

Géorgie, qui explique l’ampleur de l’effondrement ? Ou la Russie a-t-elle pompé dans ses réserves après avoir constaté le mauvais état de son armée, pour la moderniser en urgence ?. Autre élément intéressant, la baisse observée dans les 9 derniers mois, donc durant la période des sanctions ukrainiennes, est de même ampleur que les remboursements de dette. Les réserves remontent d’ailleurs depuis un mois.

 

Jeudi 16 avril

• Petit retour sur la corruption.  Les médias français publient pratiquement tous aujourd’hui une information sur un vol à la portière qui a eu lieu dans le tunnel du Landy, sur l’autoroute A1 qui mène à Roissy. “Qu’est-ce que cette info  vient faire ici” allez vous penser.La réponse est : on trouve à la fin de l’article du Figaro, par exemple (lefigaro.fr) , un petit paragraphe : “Quatre ans plus tôt, en février 2010, c’est la fille du maire de Kiev de l’époque, Christina Chernovetska, qui avait été victime d’un vol similaire toujours dans le même secteur. Son sac contenait selon elle des bijoux, des bagues et des boucles d’oreilles pour un montant de 4,5 millions d’euros.”. Ca paie bien, d’être fille de maire, en Ukraine. Amie du maire aussi, d’ailleurs, comme l’a prouvé une affaire dévoilée le 1er décembre 2014 : Des journalistes du programme télévisé ukrainien “Schémas” avaient alors révélé que l’appel d’offres pour la fourniture de pain aux jardins d’enfants de Kiev avait été remporté par une usine qui a été fondée par une co-partisane de Vitali Klitchko. Maintenant, le pain pour les enfants de Kiev, est comme la “boule de pain en or” : son prix est le double de celui du marché. Nota Bene : La “boule de pain en or” est un presse-papier en or massif, représentant un petit pain, que Vladimir Loukianenko avait offert à Ianoukovitch (politnavigator.net). Remarque annexe : le fameux “petit pain en or” a, depuis, été volé mi-mars (unn.com.ua) et le Parquet général le recherche ainsi qu’un certain nombre d’objets ayant appartenu à l’ex-président en fuite (segodnya.ua)

• Offensive sur Donetsk. Hier mercredi 15, les forces armées ukrainiennes (FAU) ont fait plusieurs tentatives pour pénétrer dans Donetsk . Mal leur en a pris. D’une part elles n’y sont pas parvenues, d’autre part elles ont subi de lourdes pertes qu’Alexandre Zakharchenko a évoquées aujourd’hui : “80 unités techniques détruites hier soir. Plus de 300 soldats ukrainiens blessés sur l’aéroport. Ils ont essayé de pénétrer dans Donetsk avec deux compagnies” – a déclaré Zakharchenko jeudi aux journalistes.  Il a souligné le fait que  RPD (République populaire de Donetsk) est prête à toute évolution des événements et qu’à son avis, Kiev se prépare à la guerre. “Pour Kiev, d’après ce que nous avons compris, les accords de Minsk sont une farce. Selon les données dont nous disposons, Kiev se prépare de manière accrue à des opérations militaires”.

• Industrie. Présentation officielle du tout dernier avion de la marque Antonov, l’AN-178 (wikipedia). Héritage de l’URSS, le bureau d’études et l’usine de cet avioneur se trouvent en Ukraine depuis 1952. En Novembre, le groupe Antonov était en grosses difficultés, son PDG Dmitri Kiva avait été licencie, les salaires n’étaient plus payés (30  11  2014   ridus.ru). Les raisons avaient été exposées dans un média ukrainien (nvua.net) : “ Le tribunal économique de Kiev a ordonné à l’entreprise aéronautique d’état Antonov de payer intégralement au ministère de la défense 111,9 millions de hryvnias de dette et 20,4 millions de hryvnias pour non-respect du délais d’exécution de travaux.”  Par quel miracle ce groupe a-t-il pu relever la tête ?

• John McCain a eu une conversation avec la ministre ukrainienne des finances, Natalia Yaresko, laquelle lui a demandé, non pas de l’argent, mais des armes “défensives” (news.pn). Non mais, de quoi se mêle-t-elle, celle-là ? Qu’elle s’occupe plutôt de redresser la situation de sa monnaie, qui en a bien besoin !

• Deux bonnes nouvelles (et une mauvaise en même temps). Le 25ème convoi humanitaire russe, en formation à Rostov-sur-le-Don ces derniers jours, est arrivé dans le Donbass (osce.org). Résumé de l’OSCE au point de pasage : “On 16 April 2015 at 07:14hrs (Moscow time), a Russian convoy arrived at  the Donetsk Border Crossing Point (BCP). A total of 62 vehicles were  checked by the Russian border guard and customs services. All the  vehicles had crossed back into the Russian Federation by 17:45hrs on 16  April.” La mauvaise, c’est que les républiques de Donetsk et Lougansk est encore et toujours besoin d’aide humanitaire. Les points positifs, sont les arrivées régulières de ces convois et le fait que Vladimir Poutine tient ses promesses : il avait dit qu’il soutiendrait les Russes ethniques, il tient parole, de la manière la plus positive qui soit, c’est-à-dire en n’envoyant pas de chars ni d’hommes, mais de l’aide à la population éprouvée. Certes, il doit y a voir des actes un peu moins nobles et invisibles, mais en comparaison des actes du gouvernement ukrainien et de ses sponsors, le bilan est largement en sa faveur. Sans surprise, le gouvernement ukrainien continue de se plaindre de la fourniture “illégale” d’aide humanitaire aux populations du Donbass (fortruss).

 

Vendredi 17 avril

• Réveil difficile ce matin pour les habitants de Donetsk, qui ont passé une nuit agitée, rythmée par les tirs et les explosions, annonce le site de la mairie de Donetsk  ( http://gorod-donetsk.com/novosti/1482-svsmv  ). Pour d’autres, ce fut un réveil à tâtons, car le vent a soufflé en tempête sur les oblasts de Kiev et de Dnipropetrovsk, privant d’électricité 27 localités dans l’oblast de Kiev, et deux dans celui de Dnipropetrovsk, communique le service de presse du ministère des situations d’urgence (   )

• Les commandos américains ont débarqué en Ukraine. les militaires de la brigade 173 vont entraîner l’armée l’ukrainienne segodnya.uaarmy.mil, leparisien.fr) Voir le Focus de la semaine et le billet de ce blog (les-crises.fr) pour plus d’infos.

• Les morts d’Ilovaïsk, suite (mais pas forcément fin) . Dans une précédente édition d’Actu’Ukraine, il avait été mentionné l’apparition de chiffres nouveaux concernant le nombre de soldats ukrainiens tués lors du “chaudron” d’Ilovaïsk en août 2014. Ces chiffres avaient subi des fluctuations, des démentis selon la source qui les énonçait. Aujourd’hui, Censor.net publie une interview d’Anatoli Matioss, collaborateur du Procureur militaire d’Ukraine (censor.net.ua). Maintenant, on en est à 459 tués et 478 blessés. L’interview en ukrainien (censor.net.ua) Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Censor.net, c’est l’un des pires organes de propagande anti-russe en Ukraine. Il possède d’ailleurs une page en anglais, afin de toucher un maximum de lecteurs à l’international. Toutefois, on n’y trouve pas forcément les mêmes articles selon la page. Mais on y trouve de belles images (censor.net.ua), des montages propagandistes qu’en russe on appelle “photojaba”, c’est-à-dire “crapauds-photo”.

• Justice ukrainienne.  Elle est terriblement efficace, si l’on en croit une déclaration faite par Natalia Cevostianova, première porte-parole du ministre de la Justice d’Ukraine (replyua.net) : “Около 70% судебных решений, вынесенных в Украине, не выполняются и полностью игнорируются ответчиками.Environ 70% des décisions de justice prises an Ukraine ne sont pas appliquées et complètement ignorées par les intimés”. Elle a précisé que c’est un énorme problème et un défaut considérable du système , qui n’a pas de solution aujourd’hui. Au nombre des raisons pour lesquelles les agents de l’état ne contrôlent pas l’application des décisions du tribunal, Sevostianova a cité le niveau peu élevé des traitements, avec pour conséquence une absence de motivation au travail. La collaboratrice du ministre a également fait remarquer que l’application des décisions de justice est un processus opaque, sur lequel on informe très mal le public. L’activité de l’organisme lui-même ne possède pas de fondements législatifs efficaces et manque totalement de coordination électronique avec les autres organes du pouvoir.

•  Kiev a présenté un ultimatum à l’OTAN.  Le Ministre des Affaires étrangères  Pavlo Klimkin a exigé des garanties de sécurité de l’OTAN pour son pays… Sinon, l’Ukraine menace de se dissocier de l’alliance et de chercher “d’autres options”  (colonel cassad). Difficile de dire s’il s’agit d’un discours purement interne à l’Ukraine ou d’une véritable position du pays…

 

Samedi 18 avril

• Odessa, histoire de deux manifestations.  Question piège : deux manifestations dans une ville, l’une à la mémoire d’un militant fasciste, l’autre pour des motifs économiques, laquelle est réprimée par la police (indice : nous sommes en Ukraine) ?

D’un côté, plus de 300 personnes ultra nationalistes marchant à la mémoire d’ un organisateur de “gloire et honneur”, mort lors d’une bagarre avec l’organisation anti-fascite “Antifa” en 2009. Un fasciste mort en se battant contre des anti-fascistes.  Aperçu des slogans : “Gloire aux héros” (signe de ralliment des ultranationalistes), “Les Moskals au couteau” (Moskals étant un terme péjoratif pour désigner les russes) tout ça, tout ça. Vivement que ces joyeux drilles soient dans l’UE. Enfin, il y en a déjà des centaines voire des milliers en Italie, parmi la grosse diaspora ukrainienne, mais passons. La manifestion a été encadrée par la police sans intervention de celle-ci (colonel cassad, fortruss, lifenews.ru).

L’autre manifestation, un rassemblement pacifique qui demandait pour Odessa un statut de Zone Franche avec des arrières pensées “subversives” de fédéralisation. “We came here to a peaceful rally in support of  initiatives to strengthen local self-government, including  initiating”Porto-Franco” in Odessa. Today  the situation is such that the region regularly sends the taxes of the  population to Kiev, however, only a small part comes back. [20%  according to some sources - KR]. And there should be a fair distribution of funds between the region and the center to address socio-economic issues. We  wanted to tell the officials that will not allow lawlessness and  require them to fulfill their duty before the people.” a déclaré un des protestataires, Alexander Radkovsky, ajoutant que la manifestation avait été approuvée et que le droit de rassemblement pacifique était assuré par la constitution du pays. Total : 53 personnes ont été arrêtées par la police aidée de militants de Praviy Sektor et d’activistes et d’autres, des personnes âgées, “juste” menacées (fortruss).

• Un titre qui peut nous interpeller: Depuis vendredi 17 avril, le site de “journalisme citoyen” ridus.ru, proche des séparatistes, titre sa “translation” (c’est ainsi qu’il nomme sa présentation chronologique des événements d’Ukraine) “L’Europe a remarqué le nettoyage des opposants en Ukraine”. N’est-ce pas là une généralisation un peu hâtive ? Une recherche sur  Google ne donne pas une longue liste de titres français ayant relaté ces faits. “Lescrises.fr” a d’ailleurs publié cette semaine un billet à ce sujet, à savoir le silence des médias (les-crises.fr). Heureusement, dans les blogs, on a de quoi lire. Quant à Libération, la lligne éditoriale n’a pas changé : tous les articles ont uniquement la Russie en ligne de mire, ce qui se passe en Ukraine n’est qu’un prétexte à propagande anti-russe, comme avec l’article “Moscou invente l’usine à trolls”, de Véronika Dorman (liberation.fr).

Curieusement, une certaine objectivité se fait jour dans  les médias ukrainiens et on  peut maintenant y lire bien plus de “mauvaises nouvelles” (mauvaise du point de vue ukrainien, s’entend) qu’il y a quelques mois. Certes, des médias comme Oukraïnskaïa Pravda ou  UNN, encore moins Censor.net n’ont pas changé de perspective,  mais au moins, des faits jusque là occultés  sont à présent dévoilés dans plusieurs médias de premier plan… Il ne faut toutefois pas être trop exigeant sur les analyses ou les explications.

• Sakaachvili n’est pas content. Il fait juste plus ample connaissance avec la bureaucratie ukrainienne et son moteur  : la corruption. En effet, UNN rapporte aujourd’hui (unn.com.ua)  ses doléances à propos du délai nécessaire pour obtenir l’autorisation de vivre en Ukraine: il s’en est plaint à l’antenne de la chaîne ukrainienne “112″ (112.ua): “Cela fait déjà cinq semaines que j’essaie, moi, le chef du conseil présidentiel d’Ukraine, d’obtenir mon autorisation de résidence, et pourtant ils me la font rapidement. Il y a des gars de chez nous qui se battent et se font tuer ici, pourtant ils n’ont toujours pas cette autorisation au bout de plusieurs mois. Pas parce quelqu’un les en empêche, mais  parce que c’est comme ça que fonctionne la procédure chez vous. Je ne vais quand-même pas corrompre quelqu’un, n’est-ce pas ? Chez nous, ça prend 7 minutes, et pour moi, ça prend plusieurs semaines. “. Prenez ça dans les dents, les Ukrainiens.

• Un autre bon connaisseur des moeurs ukrainiennes: Anatoli Matioss, le porte-parole du procureur général d’Ukraine. Il n’a manifestement aucune confiance dans les qualités morales des volontaires: Selon lui,” il ne faut pas que les volontaires aient accès à la répartition des moyens du ministère de la défense”, a-t-il déclaré lors de l’émission télévisée “SchusterLIVE”. D’après le procureur, un non-professionnel qui ne s’appuie que sur un patriotisme de base ne peut pas s’occuper de sommes conséquentes, car il est facile de céder à la tentation. “Je pense que nous allons sous peu avoir à faire face à un énorme scandale  du fait de cette situation”, a souligné Matioss.

• En ce samedi soir, il est temps de penser à des choses plus agréables que tout ce qui précède. Allez, une bonne blague pour bien dormir cette nuit: l’arrivée des instructeurs américains en Ukraine n’a rien de dangereux ni d’inquiétant, nous annonce Marie Harf. Il n’y a rien que de très normal, et en plus ça n’a aucun lien avec la situation actuelle du pays: cela ne fait-il pas déjà 20 ans que des exercices de cette sorte ont lieu? (tass.ru).

• Premiers effets de la loi de décommunisation. L’ancien ministre de la Défense, Valery Geletey propose de renommer  la “garde d’état”, le service de protection des dirigeants de l’Ukraine, en Secret Service comme aux USA arguant du fait que le nom “garde d’état” est hérité du KGB et que le drapeau du Secret Service américan fait “très ukrainien”.  (colonel cassad). D’un autre côté, cette loi interdisant les symboles de  l’URSS donnerait des maux de tête à Porochenko ; Vesti ua analyse la situation du Président et expose les différentes façons dont il pourrait s’en tirer (renvoi au Parlement, consultation de la Cour constitutionnelle, veto etc). Vesti compare cette législation avec celle sur la lustration (vesti-ukr.com).

 

Dimanche 19 avril 2015

• Les morts d’Ilovaïsk, suite (mais pas forcément fin) : Justement, ce matin Ria Novosti (ria novosti) relaie une information en provenance de Novorussie, plus précisément du chef de la commission de DNR (ou RPD, République populaire de Donetsk) s’occupant des prisonniers,  Lilia Rodionova, qui annonce plus de 900 tués près d’Ilovaïsk. Rien d’étonnant à ce que les chiffres diffèrent, car dans la même interview publiée le 17/04 par Censor.net (censor.net.ua), Matioss déclarait : “Ce qui a été pour nous un gros problème, ce fut d’interroger les combattants des bataillons de volontaires qui, sans instructions, ne veulent pas chercher à savoir. Jusqu’à ce jour, nous ne sommes pas encore parvenus à interroger bon nombre de combattants du bataillon “Azov”, ils ont refusé, motivant leur refus par une interdiction venant de leur commandant“. Le commandant du bataillon “Azov”, Beletski, n’a pas été interrogé une seule fois.

• Exposition éphémère à Dnipropetrovsk: Aujourd’hui dimanche, les habitants de Dnipropetrovsk qui ont eu l’occasion de passer dans un certain parc ont pu admirer une exposition hélas très éphémère. Elle se nommait “Ämes d’habitants innocents et pacifiques tués dans le Donbass”. Elle a été installée de nuit, les autorités ukrainiennes l’ont enlevée dès l’après-midi. Heureusement pour nous, le site ridus.ru en a mis des vues en ligne (ridus.ru) :

“Un soldat des FAU m’a tué. Moi, je voulais vivre”

“Potrochenko, nous allons apparaître la nuit, dans tes cauchemars.”

Vue générale de l’exposition.

• Citoyens outrés: Ridus nous montre également un rassemblement de citoyens de Kiev venus dire adieu au journaliste assassiné, Bouzina. Une femme parle beaucoup d’un ton courroucé, elle demande “Qu’est-ce que c’est que ça? Qu’est-ce que c’est, cette démocratie dans laquelle on s’entretue?”. Le journaliste cite un des slogans: “Il y a des bandits au pouvoir” (youtube).

• Une violation de cessez-le-feu, c’est Hype ! Les gars de Praviy Sektor sont tellement contents d’eux qu’ils filment eux-mêmes leurs violations du cessez-le feu, comme ici, à Peski (youtube).

Et quand ils quittent une position, c’est triomphalement (à moins que ce soit avec soulagement?) (youtube)

• Nouvelle urgence pour les forces des Républiques populaires  DNR et LNR : faire la chasse aux drones ukrainiens, qui survolent maintenant chaque jour le front  pour repérer les positions séparatistes. (ridus.ru à 22 h 14).

• La dette de l’Ukraine s’élève à 23 milliards de dollars a déclaré le premier ministre Arseniy Yatseniouk sur la chaine UKraina le 19 avril. Il essaye de la renégocier, mais ce n’est pas facile. 55 des 90 mines de charbon ont été perdues par Kiev, car elles se trouvent dans les zones indépendantes. Cela pose un problème aux centrales électriques qui doivent acheter du charbon sur le marché international pour 2100 hryvnias la tonne, alors que l’électricité vendue pour une tonne est de 1100 hryvnias. Les mineurs des 35 mines restantes ont des salaires en retard, mais ils seront bientôt payés. Il a été demandé au ministre de l’énergie, Demchishin, de réaliser un plan pour augmenter la production de charbon (tass.ru). Rappelons que les mineurs ukrainiens sont les travailleurs qui sont les mieux organisés. Ils ont l’habitude de manifester depuis de nombreuses années. Leurs salaires sont un peu plus élevés que la moyenne des autres fonctionnaires ukrainiens. L’intervention de Yatseniouk a pour but de les calmer tout en leur demandant plus, et de préparer la population a une nouvelle hausse du prix de l’électricité.

• La reconnaissance des républiques de Donetsk et Lougansk par la Russie “compliquerait dramatiquement” la situation, a dit le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steimneier, sur la chaine ARD le 19 avril. La possibilité de cette reconnaissance, a été évoquée par Vladimir Poutine lorsqu’il a critiqué l’arrivée des soldats américains en Ukraine (tass.ru).

• Les investisseur russes n’auront pas le droit de participer aux prochaines privatisations, a annoncé le ministre ukrainien de l’économie, Aivaras Abromavichus. Ces privatisation concerneront notamment le producteur d’alcool Ukrspirit, le producteur d’électricité Tsentrenergo, et une usine du port d’Odessa (tass.ru). En février, Siguler Guff, un fond d’investissement new yorkais, a déjà pris possession de 50% de la compagnie des containers d’Illitchiovsk, qui est le port industriel d’Odessa (rbc.ua).

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-22-04/


Le CSA fait le point sur le traitement des attentats par les médias

Wednesday 22 April 2015 at 01:21

Traitement des attentats par les télévisions et les radios : le Conseil rend ses décisions

Communiqué du jeudi 12 février 2015

Durant les attentats terroristes survenus en France entre le 7 et le 9 janvier 2015, les médias audiovisuels ont assuré l’information du public, remplissant le rôle essentiel qui est le leur.

Conscient des difficultés propres à la couverture d’une telle actualité, le Conseil supérieur de l’audiovisuel avait invité, par une note aux rédactions du 9 janvier, les télévisions et les radios à agir avec le plus grand discernement, notamment en vue de permettre aux forces de l’ordre de remplir leur mission avec toute l’efficacité requise.

A l’issue de ces évènements dramatiques, le Conseil a réuni le 15 janvier les responsables des chaînes de télévisions et des radios pour une réflexion commune.

Parallèlement, dans l’exercice des missions de contrôle qui lui sont confiées par la loi, il s’est assuré du respect des principes et des règles de la communication audiovisuelle par ces médias. Parmi les quelque cinq cents heures de programmes analysées, il a identifié des séquences susceptibles de constituer des manquements, qui ont fait l’objet d’une instruction contradictoire.

Réuni en formation plénière mercredi 11 février, le Conseil a relevé 36 manquements dont 15 ont donné lieu à mise en garde et 21, plus graves, ont justifié des mises en demeure.

Ces décisions portent sur les faits suivants.

- La diffusion d’images issues de la vidéo montrant le policier abattu par les terroristes

Le Conseil a examiné la séquence de l’assassinat du policier Ahmed Merabet par les terroristes, diffusée par la chaîne France 24. Même si l’instant précis de la mort n’a pas été montré, cette séquence faisait entendre les détonations d’arme à feu ainsi que la voix de la victime et exposait son visage et sa situation de détresse. Elle a porté atteinte au respect de la dignité de la personne humaine.
En conséquence, le Conseil a décidé de mettre en demeure la chaîne de respecter ce principe fondamental.

Par ailleurs, il a considéré que la diffusion, sur France 5, de la une d’un journal britannique, le Daily News, montrant l’image du policier à terre, dans une situation de détresse, non floutée, quelques secondes avant d’être abattu, méconnaissait également le respect de la dignité de la personne humaine.
Le Conseil a mis en garde France 5 contre la réitération de ce type de manquement.

- La divulgation d’éléments permettant l’identification des frères Kouachi 

Le Conseil a considéré que la divulgation, par i>Télé et LCI, d’informations concernant l’identification de Saïd et Chérif Kouachi, avant la diffusion de l’appel à témoins par la Préfecture de police et ce, en dépit des demandes précises et insistantes du procureur de la République, pouvait leur permettre de comprendre qu’ils avaient été identifiés et qu’ils étaient activement recherchés, ce qui risquait de perturber l’action des autorités.

En conséquence, il a décidé de mettre en demeure ces chaînes de respecter leurs obligations relatives à l’ordre public.

- La divulgation de l’identité d’une personne mise en cause comme étant l’un des terroristes

Le Conseil a considéré qu’en désignant une personne comme étant l’un des terroristes recherchés par les autorités, même en entourant cette information de certaines précautions, les chaînes BFM TV, France 2, i>Télé, LCI et TF1, ont non seulement manqué de mesure dans le traitement de l’enquête, mais encore pris le risque d’alimenter les tensions dans la population à partir d’une allégation qui s’est révélée inexacte.

Il a mis en garde ces cinq chaînes de télévision contre le renouvellement de tels manquements.

- La diffusion d’images ou d’informations concernant le déroulement des opérations en cours, alors que les terroristes étaient encore retranchés à Dammartin-en-Goële et à l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes

Le Conseil a considéré que la diffusion par les chaînes BFM TV, Canal +, Euronews, France 2, France 24, LCI et TF1, d’informations et d’images indiquant notamment le déploiement des forces de l’ordre, le positionnement exact de certaines d’entre elles ou encore la stratégie mise en place, aurait pu être préjudiciable au déroulement des opérations ainsi qu’à la sécurité des otages et des membres des forces de l’ordre, dans la mesure où les terroristes pouvaient y avoir accès.

Le Conseil a mis en garde les télévisions concernées au regard de la nécessaire conciliation entre la sauvegarde de l’ordre public et le respect de la liberté de communication.
- L’annonce que des affrontements contre les terroristes avaient lieu à Dammartin-en-Goële alors qu’Amedy Coulibaly était encore retranché à la Porte de Vincennes

Le Conseil a relevé que BFM TV, Euronews, France 2, France 24, i>Télé, LCI, TF1, Europe 1, France info, France inter, RFI, RMC et RTL, ont annoncé en direct que des affrontements avaient éclaté entre les forces de l’ordre et les terroristes à Dammartin-en-Goële. Il considère que la divulgation de cette information aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële.

En conséquence, le Conseil a décidé de mettre en demeure ces télévisions et radios de respecter l’impératif de sauvegarde de l’ordre public.

- La diffusion d’informations concernant la présence de personnes cachées dans les lieux de retranchement des terroristes, alors que les assauts n’avaient pas encore été menés par les forces de l’ordre et qu’un risque pesait donc toujours sur leur vie

Le Conseil a relevé que France 2, TF1 et RMC ont signalé la présence d’une personne qui était parvenue à se cacher dans l’imprimerie où Saïd et Chérif Kouachi s’étaient retranchés. Il constate aussi que BFM TV et LCI ont émis l’hypothèse qu’une ou plusieurs personnes s’étaient réfugiées dans une chambre froide ou dans une réserve du magasin Hyper Cacher où Amedy Coulibaly retenait ses otages.

Le Conseil a considéré que la diffusion de ces informations, à l’heure où les terroristes pouvaient encore agir, était susceptible de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux.

Il a décidé de mettre en demeure les médias audiovisuels concernés de ne plus renouveler de tels manquements à l’ordre public.

- La diffusion des images de l’assaut mené par les forces de l’ordre dans le magasin Hyper Cacher de la Porte de Vincennes 

Le Conseil a examiné la diffusion intégrale, par France 3 et Canal +, d’une vidéo montrant l’assaut mené contre l’Hyper Cacher, y compris les tirs mortels sur le terroriste alors qu’il affrontait les forces de l’ordre. Il a considéré que ces images insistantes, susceptibles de nourrir les tensions et les antagonismes, pouvaient contribuer à troubler l’ordre public.

Il a, en conséquence, mis en garde les chaînes contre le renouvellement d’un tel manquement.

Tirant les enseignements de ces constats, le Conseil se propose d’apporter à la recommandation n° 2013-04 du 20 novembre 2013 relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes par les services de communication audiovisuelle, trois adjonctions concernant le respect de la dignité de la personne humaine, la sauvegarde de l’ordre public et la maîtrise de l’antenne.

Ces propositions de modifications feront l’objet d’une consultation des médias audiovisuels destinataires de la recommandation dans les plus brefs délais.

Source : CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel)


Couverture médiatique des attentats : France Info proteste contre la mise en demeure du CSA

[...]

Le groupe Radio France a fait part de sa surprise et de son étonnement face à cette mise en demeure et examine toutes les possibilités de recours contre cette sanction : “Ils nous reprochent d’avoir dit sur l’antenne de France Info : il se passe quelque-chose à Dammartin-en-Goële, il y a des coups de feu“, explique Erik Kervellec, directeur de la rédaction de France Info. “C’est l’un des reporters de France Info qui a décrit la scène. Si on nous avait dit ‘Il va y avoir une intervention’, nous sommes des gens responsables. Nous n’aurions pas communiqué et dit des choses qui étaient de nature à faire dégénérer la situation. Mais à aucun moment nous n’avons reçu une consigne de ce type de la part des autorités compétentes. Nous contestons cette mise en demeure, nous ne la comprenons pas. Et nous envisageons des recours pour faire revenir le CSA sur cette sanction que nous jugeons parfaitement injustifiée“.

Source : Grégoire Lecalot, pour France Info


Attentats en France: ce que l’on reproche aux médias

Les actes terroristes des jours passés ont, à juste titre, été largement couverts par les télévisions et radios françaises. Téléspectateurs, confrères et proches des victimes ont dénoncé de grosses maladresses dans la couverture des évènements.

Attentats en France: ce que l'on reproche aux médias
Des journalistes à Dammartin-en-Goële à où les deux auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo le 9 janvier 2015

Cinq jours d’une rare intensité. Entre mercredi et dimanche, les médias ont été sur tous les fronts. Et certains de leurs comportements sont aujourd’hui le cible de critiques. Le CSA a convoqué télés et radios pour en parler.

Les reproches se focalisent principalement sur la journée de vendredi 9 janvier. Deux prises d’otages ont alors lieu en même temps. A Dammartin-en-Goële, les frères Kouachi - les terroristes qui ont tué 12 personnes à Charlie Hebdo - sont retranchés dans une imprimerie. Au même moment porte de Vincennes à Paris, Amedy Coulibaly retient en otages plusieurs personnes dans une supérette casher.

Des images trop explicites

La première chaîne de télévision présente Porte de Vincennes était France 2. Avec son journaliste, les Français ont découvert les premières images du lieu où se déroulait la prise d’otages. Le journaliste était extrêmement proche des forces de l’ordre, peut-être un peu trop, puisqu’elles lui ont demandé de bien vouloir reculer. Une proximité qui a dérangé certains internautes, soulignant le danger qu’elle pouvait représenter, tant pour le journaliste que pour le bon déroulement des opérations de secours.


Au vu des mauvaises réactions, le rédacteur en chef adjoint au service politique de France 2 a pris la défense de son journaliste sur Twitter: “Mathias Barrois reste à une distance raisonnable, hors de portée. Il fait son job avec professionnalisme et responsabilité. Et les images qu’il filme ne mettent pas en péril l’intervention policière en cours.”


France 2 mène l’enquête de son côté

Après Mathias Barrois, c’est Elise Lucet -toujours pour France 2- qui s’attire les foudres des forces de l’ordre. La journaliste a interviewé en direct un témoin tout en sachant qu’elle n’avait pas encore parlé à la police. Il s’agit de la soeur de l’homme caché de l’imprimerie de Dammartin et parvenait à dialoguer avec les forces de l’ordre.

La journaliste révèle ainsi la présence et l’identité d’un homme dans les locaux de l’imprimerie. Certains estiment qu’elle le met ainsi en danger.

BFMTV interviewe les terroristes

Vendredi 9 janvier, en plein siège de l’imprimerie, un journaliste de BFMTV tente d’appeler l’imprimerie de Dammartin-en-Goële et tombe par hasard sur Chérif Kouachi. Dans une interview auDauphiné, le journaliste -Igor Sahiri- dit qu’il pense avoir fait son travail. L’interview a été envoyée aux forces de police et n’a été diffusée qu’après l’assaut de la BRI. “Et la chaîne n’a pas diffusé de nombreux passages, notamment ceux des revendications. Car on ne voulait vraiment pas lui offrir une tribune”, explique le journaliste.

Un peu plus tard dans la journée, BFMTV a également eu l’occasion de parler avec Amedy Coulibaly, alors qu’il retenait plusieurs personnes en otage porte de Vincennes. Cette fois, c’est le terroriste qui a contacté la chaîne et non l’inverse. Diffusée au même moment que celle de Chérif Kouachi, l’interview a été conduite par le directeur adjoint de la rédaction de BFM, Alexis Delahousse.

BFM révèle la présence d’un otage

Alors qu’Amedy Coulibaly tenait toujours son siège dans l’épicerie casher de la porte de Vincennes, BFMTV révèle la présence de six personnes, dont un bébé, au sous-sol de l’établissement, dans la chambre froide. La chaîne était en contact permanent avec ces personnes et pensait pouvoir révéler leur location sans les mettre en danger. C’est en tous cas ce qu’explique Hervé Béroud, directeur de la rédaction de la chaîne au Monde“A une occasion, le journaliste Dominique Rizet, en plateau, a évoqué une femme qui se serait cachée dans une chambre froide. Mais il l’a fait parce qu’il était en contact avec une personne du Raid sur place, qui lui avait dit que ces personnes-là n’étaient plus en danger car les forces d’intervention avaient pris position près de la chambre froide.”

La femme d’un des ex-otages est quant à elle furieuse. Interrogée par la chaîne après la libération de son époux, elle met en cause leur inconscience: “Vous avez failli faire une grosse, grosse, grosse erreur, BFM. Parce que vous étiez en direct avec les gens qui étaient dans la chambre froide. Ils vous ont dit qu’ils étaient six en bas avec un bébé. Et deux minutes après, c’est passé sur BFM. Et le terroriste a regardé BFM.”

RTL, propagandiste?

RTL a également tenté de joindre Amedy Coulibaly en appelant directement le magasin Hyper Cacher. Le terroriste a alors décroché puis mal raccroché le téléphone sans dire mot aux journalistes. Mais la rédaction de RTL a pu entendre et enregistrer ce qu’il disait à ses otages. Une longue conversation de près de 5 minutes dans laquelle l’homme donne les raisons qui l’ont poussé à commettre ces actes.

Taxé de propagande, cet enregistrement a suscité un bon nombre de réactions négatives. Sur Twitter, on pouvait notamment lire les messages suivants: “Les journaliste de RTL téléphonent à {Amedy] Coulibaly en pleine prise d’otage. Inconscience ou traitement de l’info? ”

Source : Amélie Cochet, pour L’Express


Dammartin et Vincennes : les cinq erreurs des médias (et leur défense)

Des attentats, deux traques et deux prises d’otages simultanées. L’événement, aussi dramatique qu’historique, est impossible à anticiper pour les médias censés chercher et livrer l’information.

Pendant 54 heures – entre la tuerie à Charlie Hebdo et la fin de la prise d’otages à Vincennes et du retranchement des frères Kouachi à Dammartin-en-Goële –, les chaînes d’info télé, les radios et les lives des sites internet ont rapporté minute par minute la situation.

Si certains médias ont brillamment réussi à rendre compte de ce qui se passait, sans livrer trop d’informations inexactes ou sensationnalistes, d’autres se sont rendus coupables d’un bon nombre d’erreurs. Quelles sont-elles et quelles sont les explications données par les rédactions ? Rue89 revient sur cinq d’entre elles.

1. Mise en danger de la vie des otages… mais avec l’accord du Raid

La vidéo de la femme d’un otage accusant BFM-TV d’avoir mis en jeu la vie de son fils, retenu dans l’épicerie Hyper Cacher porte de Vincennes, a fait le tour du Web. Selon elle, la « première chaîne d’info de France » a commis une imprudence qui aurait pu être mortelle. Interrogée par BFM-TV, elle attaque cette même chaîne :

« Vous avez failli faire une grosse, grosse, grosse erreur, BFM. Parce que vous étiez en direct avec les gens qui étaient dans la chambre froide. Ils vous ont dit qu’ils étaient six en bas avec un bébé. Et deux minutes après, c’est passé sur BFM. Et le terroriste a regardé BFM. Heureusement qu’il n’a pas vu la bande qui passait en bas [le bandeau en bas de l’écran, ndlr]. Sinon, mon mari et les cinq autres étaient morts. »

Joint par Le Monde pour se défendre, Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM-TV, estime ne rien avoir à se reprocher. Il explique :

« A une occasion, le journaliste Dominique Rizet, en plateau, a évoqué une femme qui se serait cachée dans une chambre froide. Mais il l’a fait parce qu’il était en contact avec une personne du Raid sur place, qui lui avait dit que ces personnes-là n’étaient plus en danger car les forces d’intervention avaient pris position près de la chambre froide [...]

Enfin, la dame dit que le preneur d’otages regardait BFM-TV. Je ne sais pas si c’est vrai mais nous n’avons jamais entendu que c’était le cas et quand nous l’avons eu au téléphone vers 15 heures, il ne nous a rien dit de tel. »

« Il n’y a aucun intérêt à donner des précisions sur les otages »

En réalité, la version de la police est tout à fait différente. Contacté par Rue89, un haut responsable des opérations nuance sérieusement ces explications :

« A ma connaissance, le Raid avait autre chose à faire que d’autoriser BFM-TV à donner des informations sur les otages. Et d’ailleurs, tant que les otages ne sont pas libres, il n’y a aucun intérêt à donner des précisions, surtout que l’on sait aujourd’hui que Coulibaly regardait bien les informations. »

Les critiques émises par ce policier visent également d’autres médias. Il ajoute :

« Sur France 2, ils ont annoncé qu’il y avait un otage présumé à Dammartin et sur RMC, un député UMP a osé dire qu’il y avait un otage caché dans l’imprimerie. Je crois qu’ils ne se rendent vraiment pas compte des conséquences dramatiques que cela aurait pu entraîner. »

En effet, les deux terroristes ne savaient manifestement pas qu’il y avait quelqu’un caché dans l’entreprise où ils s’étaient réfugiés, le gérant de celle-ci ayant raconté qu’il leur avait dit être seul, avant d’être relâché dans la matinée.

Or, France 2 a interviewé en direct la sœur de l’otage ; et le député UMP de Seine-et-Marne, Yves Albarello, a carrément précisé que celui-ci était « caché » dans l’imprimerie.


LE DÉPUTÉ UMP ANNONCE SUR RMC LA PRÉSENCE D’UN OTAGE « CACHÉ »

Comme on l’apprendra après l’assaut du GIGN, l’homme était bien présent dans l’imprimerie, mais caché sous un évier. Il a pu donner des informations par SMS aux forces de l’ordre et ne pas se faire prendre par les terroristes qui, par chance, n’ont pas regardé France 2 ni écouté RMC.

2. Entrave au travail des policiers… mais avec leurs remerciements

La traque des frères Kouachi et d’Amedy Coulibaly a également donné lieu a des scènes médiatiques hallucinantes. Lors des opérations policières, les journalistes ont très souvent été « au cœur de l’info », quitte à se faire violemment refouler par les équipes d’intervention.


UN JOURNALISTE DE FRANCE 2 REFOULÉ PAR LE RAID

Des caméras pointées sur les positions des forces de l’ordre avant les deux assauts ont également agacé de nombreuses personnes sur Twitter :

Droit dans ses bottes, Hervé Béroud de BFM-TV a précisé sur France Inter lundi :

« Nous avons été en rapport pendant ces trois journées, et avec les hautes autorités de l’Etat (notamment à l’occasion de ces deux coups de fil avec les terroristes), et avec les plus hautes autorités de la police. Et dans les deux cas, à la fin de ces événements, les autorités publiques et les autorités de la police nous ont appelés pour nous remercier de notre sens des responsabilités. »

« Les télés ont compliqué la tâche des forces de l’ordre »

Contacté par Rue89, le ministère de l’Intérieur n’a pas donné suite à nos appels. S’agissant des remerciements de la police, notre responsable veut encore nuancer :

« A ma connaissance, si BFM-TV a été remercié, c’est uniquement parce qu’ils ont accepté de couper une caméra qui pouvait prévenir le terroriste de l’attaque du Raid. »

Et d’ajouter :

« Le travail de cette chaîne, mais aussi celui des autres, a parfois vraiment compliqué la tâche des forces de l’ordre. Nos hommes sur le terrain et ceux derrière les écrans devaient scruter les télés puis aller voir les journalistes pour leur demander de changer d’endroit. »

Le CSA convoque les télés et radios jeudi

Avant de réaliser ces erreurs, l’ensemble des médias avaient pourtant reçu de nombreuses alertes. Le ministère de l’Intérieur et la préfecture de police avaient régulièrement souligné l’importance de ne pas relayer de fausses informations ou de gêner le travail de la police.

Certes, la situation était exceptionnelle, mais cela relève en un sens d’une configuration classique où à la volonté de discrétion des forces de l’ordre, se heurte le droit d’informer de la presse. Et, dans d’autres circonstances, c’est parce qu’ils ont outrepassé les limites imposées par la police et la gendarmerie que les journalistes ont prouvé qu’il y avait eu des erreurs, des dysfonctionnements, voire des bavures.

Néanmoins, en l’occurrence, le ministère de l’Intérieur et notre haut responsable des opérations n’ont pas été les seuls à montrer leur agacement. Le (Conseil supérieur de l’audiovisuel) CSA lui-même avait publié un communiquédemandant davantage de « discernement ».

Sollicité par Rue89, un responsable du CSA précise qu’une équipe est « en train de regarder à nouveau tout le travail qui a été fait sur ces prises d’otages ». Il ajoute :

« Nous allons convoquer les télés et les radios ce jeudi. Nous allons entamer une réflexion avec elles et nous prendrons éventuellement des mesures si besoin. »

Par ailleurs, les errements de la presse ne sont pas limités à gêner le travail des forces de l’ordre.

Atteinte à la dignité humaine… mais le New York Times a fait pareil

Dans un autre registre, certains journaux ne sont pas non plus exempts de tout reproche. Le Point par exemple, a décidé de marquer le coup avec sa une publiée après l’attaque de Charlie Hebdo. L’hebdomadaire n’a pas hésité à afficher la photo du policier à terre, levant les bras en signe de reddition avant de se faire abattre.

De quoi faire réagir le ministre de l’Intérieur et mettre en colère le premier ministre Manuel Valls :

« Un policier qui faisait son travail a été abattu lâchement. Et je ne vous cache pas mon dégoût qu’un hebdomadaire aujourd’hui sorte avec cette image, celle du policier abattu lâchement par des terroristes. »

La jurisprudence Erignac

Dans un billet intitulé « Le choix d’une photo », la rédaction du journal assume et justifie son choix :

« Pourquoi avons-nous choisi cette photo pour la couverture ? Parce que précisément elle montre la violence, la barbarie, et la lâcheté des terroristes. Et l’atteinte à un symbole de l’Etat, la police.

Nous pensons que nous ne pouvons pas occulter cette réalité, justement parce qu’elle est insupportable. D’autres journaux, comme le New York Times, ont publié en une cette même photo symbole. C’est un dilemme ancien pour la presse. »

Malgré la défense du Point, la famille de policier tué pourrait saisir la justice et s’appuyer sur le célèbre exemple Erignac.

En effet, suite à l’assassinat du préfet, Paris Match avait publié une photo montrant son corps au sol, la tête auréolée d’une tache de sang. La Cour de cassation avait alors fait primer le droit au respect de la vie privée sur celui de l’information.

Le nom d’un suspect balancé… mais son innocence ultérieurement précisée

Le soir de l’attentat à Charlie Hebdo, l’identité de trois suspects circule sur Internet. Habituellement, la presse ne livre que le prénom et parfois l’initiale du nom. Mais cette fois-ci, le journaliste controversé qui intervient notamment sur la chaîne i24 news, Jean-Paul Ney, en décide autrement.

Sur Twitter mercredi soir dernier, il diffuse un document accompagné du message : « On vous tiens enfants de putains » (sic). En plus de l’identité des frères Kouachi (alors recherchés par la police), il divulgue le nom de Mourad H. et celui de ses parents.

Ce jeune de 18 ans, en terminale S, a beau se rendre à la police le soir même, en compagnie de son père, pour prouver son innocence, l’emballement commence. De nombreux médias diffusent son nom, le présentant comme le principal suspect de la tuerie, et des messages appelant à le tuer pullulent sur Internet.


Capture du site de Valeurs actuelles

En guise de mea culpa, les rédactions qui ont relayé cette fausse information se contentent de préciser que Mourad est finalement « mis hors de cause ». Aucune excuse, aucun erratum.

Le responsable policier tient encore à dénoncer « l’imprudence » de ce genre d’informations :

« Il faut savoir que des éléments de l’enquête divulgués trop tôt – comme la carte d’identité d’un des frères Kaouchi abandonnée dans la voiture ou la diffusion de la fiche d’identité des suspects – cassent l’effet de surprise de nos services. Cela peut nuire à notre travail et donc à l’enquête. »

5. Deux morts au début de la prise d’otages à la porte de Vincennes

Difficile, dans un tel flux d’informations aussi exceptionnelles qu’urgentes et denses, de déterminer quoi diffuser et quand. L’exemple le plus symbolique de cette problématique éditoriale est probablement à chercher du côté des annonces qui ont accompagné le début de la prise d’otages dans le supermarché de la porte de Vincennes.

Rapidement, l’Agence France Presse (AFP) a annoncé « au moins deux morts », citant une source « proche du dossier ». Mais suite à cette information, des sites ont affirmé que des autorités officielles telles que la préfecture de police de Paris et le ministère de l’Intérieur démentaient, comme le reflète cet extrait du suivi, en live, du site des Echos :


Capture des Echos

Même rectification du côté du Monde, qui annonçait dans son live à 14h27 :

« Deux personnes auraient été tuées lors de la prise d’otages porte de Vincennes, selon une source syndicale policière à plusieurs médias. »


Capture du Monde.fr

Avant de démentir et de corriger une nouvelle fois près d’une demi-heure plus tard :

« Nous avons annoncé, puis démenti, des victimes dans la prise d’otages de Vincennes. En réalité, la préfecture les dément, mais une autre source judiciaire nous indique qu’il y aurait “au moins deux” victimes à déplorer
15h06. »

Prise à partie sur Twitter et certains plateaux télé, l’AFP se défend toutefois de toute erreur à Rue89. Didier Lauras, rédacteur en chef France à l’agence :

« J’ai vécu quelques heures quelque peu inconfortables, comme cela arrive dans le métier lorsqu’on a raison trop tôt. »

A l’en croire, le seul tort de l’agence est d’avoir donné une information pourtant jugée « béton » (la règle étant deux sources solides et fiables) « avant tout le monde ». Information accompagnée qui plus est d’une grande prudence du ministère de l’Intérieur, qui refusait alors de confirmer ou de donner le moindre bilan.

S’en est suivi « un niveau de cafouillages, de rumeurs, de fausses infos ahurissantes », regrette le journaliste, qui assure ne pas avoir cessé de vérifier cette information auprès des journalistes police/justice sur le terrain qui, eux, assure-t-il encore, ne doutaient pas de la solidité de leurs sources. Il ajoute :

« Très vite, on a compris qu’on n’aurait un bilan officiel qu’à la fin de l’assaut. »

Avant de glisser :

« D’une certaine façon, on avait faux : ce n’était pas deux mais quatre [victimes]. Mais ce n’était pas zéro. [...] Et par expérience, on sait que si une de nos infos est vraiment fausse, [le ministère] demande un rectificatif. Nous ne sommes pas infaillibles, mais je relève que nous n’avons fait aucune correction en cinq jours. »

« Une fois que l’AFP l’a diffusée, nous avons fait un push »

Si l’AFP a ainsi été sous le feu des critiques, c’est parce qu’elle demeure encore aujourd’hui une référence pour les médias. Malgré la concurrence d’Internet, et des témoignages en live sur les réseaux sociaux, l’institution reste perçue comme une source d’informations fiables et de première main par les rédactions, telles celle de L’Express.

Rédactrice en chef pour le site du titre, Emma Defaud reconnaît l’importance de l’agence dans sa décision de diffuser ou non telle ou telle information. En ce qui concerne celle portant sur les deux victimes porte de Vincennes, elle raconte :

« Notre journaliste sur place et les confrères diffusaient cette information, mais nous ne l’avons pas publiée car nous ne l’avions pas doublement vérifiée. C’est une fois que l’AFP l’a diffusée que nous avons fait un push [une alerte envoyée sur les téléphones portables, ndlr]. »

De son côté, Le Monde affirme avoir essayé de se référer à une seule règle. Samuel Laurent, responsable de la chaîne Décodeurs, également chargé, comme d’autres chefs de pôle, de participer au suivi 24 heures sur 24 mis en place par le site sur ces derniers jours, explique :

« On ne fait rien tant qu’il n’y a pas de validation chez nous. C’était un peu la folie, beaucoup de choses sortaient dans tous les sens, qui s’avéraient par la suite fausses… L’idée était : pas d’emballement, on prend le temps de vérifier, notamment auprès des spécialistes du sujet, les rubricards police/justice. »

Mais cet effort de double vérification, et d’appui sur les équipes en interne, que tous, des sites de L’Express à Metronews, nous assurent avoir mené ces derniers jours, n’a pas empêché des allers-retours d’informations et de démentis dans les suivis en direct des événements.

En particulier du côté du Monde, qui répondait également aux questions des internautes dans son live – ces derniers ne manquant pas de relever les différences dans les couvertures des différents médias.

« Il est important de mener une réflexion commune »

A ce propos, Samuel Laurent explique que les journalistes du titre ont tenté de raconter les coulisses de la rédaction, et d’exposer l’incertitude à laquelle ils se sont aussi confrontés.

Bon nombre de rédactions affirment d’ailleurs vouloir revenir sur leur traitement de cet événement. C’est le cas à L’Express :

« Il est important de mener une réflexion commune [sur les informations à publier dans ces circonstances]. »

Et en particulier sur la responsabilité des rédactions susceptibles, dans ce genre de cas heureusement exceptionnels, de diffuser des choses pouvant « servir à des personnes qui veulent nuire à la situation ». Même discours àMetronews. Flore Galaud, la rédactrice en chef adjointe, annonce :

« On va avoir cette réflexion, tout le monde en a besoin. »

Source : David Perrotin et Andréa Fradin, pour Rue 89

Source: http://www.les-crises.fr/le-csa-fait-le-point-sur-le-traitement-des-attentats-par-les-medias/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Béchade, Collon)

Wednesday 22 April 2015 at 00:05

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “Sortons la Grèce maintenant et arrêtons les dégâts !”- 20/04

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): “Une sortie de la Grèce de la zone euro serait très mauvaise pour l’Europe” – 20/04

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Croissance économique: “La Banque centrale de Chine a totalement perdu la main” – 20/04

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: La fusion Nokia et Alcatel-Lucent, du cannibalisme à la Pacman

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): Prévisions de croissance du FMI: “la Chine est dans l’hyper-spéculation” – 15/04

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): “Les QE, ça ne marche pas ! ” – 15/04

Bilan Hebdo: Éric Lewin et Jean-Louis Cussac – 17/04

III. Michel Colon

Charlie, USA, Daesh : les 7 médiamensonges.

C’est dans un souci de rétablir le dialogue entre les “Charlie” et les “pas Charlie” que Michel Collon met en lumière les relations entre les Etats-Unis et le terrorisme.


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-21-04-2015/