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L’ultimatum des républicains à Vlad, par Pat Buchanan

Thursday 7 August 2014 at 02:01

Patrick Joseph « Pat » Buchanan est un journaliste et homme politique américain, commentateur politique sur la chaine MSNBC, cofondateur du magazine The American Conservative et cofondateur de la fondation paléo-conservatrice The American Cause. Conseiller politique des présidents Richard Nixon, Gerald Ford et Ronald Reagan, il fut deux fois candidat à l’investiture républicaine de la présidence des États-Unis et a reçu en 2000 la nomination du Reform Party of the United States of America pour l’élection présidentielle des États-Unis d’Amérique 2000.

Par Patrick J. Buchanan, 29 juillet 2014

Le parti républicain étant de nouveau uni, on peut s’attendre à ce qu’il prenne le contrôle du Sénat en Novembre, en plus de déjà contrôler la Chambre des Représentants.

Mais avant que les conservateurs orthodoxes ne se réjouissent trop vite, il leur serait judicieux de s’intéresser de près à la politique étrangère qu’ils voudront imposer à la nation.

En particulier, ils devraient prendre le temps de lire le projet de loi S. 2277, le “Russian Aggression Prevention Act of 2014″ (la loi de 2014 visant à empêcher une agression russe), texte introduit par le Sénateur Bob Corker le 1er mai, et soutenu par la moitié du comité républicain au Sénat.

En tant que cadre républicain au comité des relations internationales, Corker est sur la bonne voie pour devenir président du Sénat, si son parti remportaient les élections. Sous cet angle, cette proposition pose un problème majeur.

Le texte de Corker aurait pour conséquence de considérer la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine comme “alliés majeurs hors-OTAN” des Etats-Unis. Il permettrait en outre de déployer des forces de l’OTAN en Pologne, Lituanie, Estonie, Lettonie ; d’accélérer la mise en place des systèmes de missiles anti-missiles en Europe de l’Est, et d’autoriser les américains à fournir une aide en renseignements ou en conseillers à l’armée Ukrainienne, qui fait face aux séparatistes appuyés par la Russie dans le Donbass.

Le texte S. 2277 amènerait le Secrétaire d’Etat à intensifier ses pressions pour solidifier les institutions démocratiques au sein de la Fédération de Russie, c’est-à-dire, par la subversion, à affaiblir le gouvernement de Poutine et à entrevoir un changement de régime.

Si Poutine, au bout de 7 jours, n’abandonnait pas la Crimée et n’interrompait pas son aide aux rebelles séparatistes d’Ukraine, alors un bouquet de sanctions serait imposé aux officiels russes, aux banques et aux compagnies d’énergie, dont Gazprom.

Pour faire court, c’est un ultimatum à la Russie: elle devra faire face à une nouvelle guerre froide si elle ne quitte pas l’Ukraine et la Crimée. Et cette déclaration étasunienne considérerait d’anciennes républiques soviétiques (la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie) comme des alliés.

Un pays petit et faible serait contraint d’accepter un tel diktat de la part d’une superpuissance.

Mais en Russie l’anti-américanisme est virulent et bien ancré dans les esprits, et les actions de Poutine en Ukraine reçoivent le soutien public. La Russie veut que Poutine dise aux Américains ce qu’ils peuvent en faire de leur ultimatum.

Ainsi, la réponse Russe n’est pas difficile à prévoir.

Nos demandes pour qu’elle quitte la Crimée et qu’elle abandonne sa base navale bicentenaire de Sébastopol à Poroshenko et ses alliés étasuniens, seront balayées par un ricanement.

Poutine nous expliquerait que la Russie a voté son retour en Russie. Il nous dirait: “ça c’est à nous et on va le garder. Débrouillez-vous avec ça.”

Pour donner du sens à notre nouvelle ligne rouge, on enverrait alors des armes à Kiev. Dans ce cas la Russie, de par ses forces plus importantes dans la région, envahirait alors l’Est de l’Ukraine, par précaution.

Que ferait nos alliés de l’OTAN à ce moment-là ?

Face à la directive imposant au Département d’Etat de collaborer avec les ONG en Russie, ce qui est une ingérence flagrante dans les affaires internes d’une nation souveraine, la Russie répondrait en expulsant toutes ces organisations de Moscou.

Resterions-nous assis les bras croisés si une telle ingérence se produisait aux Etat-Unis ? Pourquoi devrions nous penser que eux ne feraient rien ?

Et de quel droit pourrions nous dire aux Russes quel type de gouvernement ils devraient avoir ? En faisons nous de même avec nos amis en Arabie Saoudite ou au Koweït ? Y-a-t’il plus de libertés en Egypte, où nous envoyons chaque année des milliards d’aide étrangère, qu’en Russie ?

Y-a-t’il plus de libertés en Chine?

Comment Pékin réagira-il si Corker et les autres déclaraient ouvertement, non seulement leur droit mais aussi leur intention de faire passer des fonds américains à des organisations civiles pour mettre un terme à la loi Chinoise du Parti unique?

Le peuple russe, soutenant aujourd’hui Poutine à 80 %, semble plus heureux avec son gouvernement que les Américains le sont avec le nôtre.

Mais c’est peut-être cette idée d’installer une défense anti-missile balistique, un système ABM, en Pologne et en république Tchèque, qui est la plus dangereuse de toutes.

Poutine a déjà indiqué que cela constituerait le franchissement de la ligne rouge, que si nous commencions à implanter des missiles anti-missiles en Europe de l’est, il répondrait en installant des missiles offensifs.

Le traité INF Reagan-Gorbachev pour éliminer tous les missiles nucléaires de portée intermédiaire d’Europe – les SS-20 soviétiques et nos missiles Pershing II – serait à jeter à la poubelle.

Une mini-crise des missiles cubains pourrait avoir lieu en Europe de l’Est.

Comment nos alliés allemands réagiraient-ils au déploiement de missiles à Kaliningrad, l’ancienne capitale prussienne du Konigsberg, coincées entre la Lituanie et la Pologne ?

La Russie et l’Ukraine sont des nations siamoises depuis un millénaire. Quand, où et comment se sont-elles séparées et sont devenues notre préoccupation stratégique ?

Sous la présidence Obama, les Etats-Unis ont refusé d’intervenir dans des conflits internes en Syrie, Ukraine ou en Libye ainsi que de revenir en force en Iraq. Il nous retire d’Afghanistan. L’impérialisme américain se replie. Le retranchement est en cours.

Si l’offre alternative des républicains à Obama est un retour à l’interventionnisme forcené de Bush fils, cela obligera certains d’entre nous à quitter le navire…

Patrick J. Buchanan

Source : antiwars.com, traduction collective pour www.les-crises.fr 

 

Source: http://www.les-crises.fr/l-ultimatum-des-republicains-a-vlad/


730 000 Ukrainiens ont fui en Russie (HCR)

Thursday 7 August 2014 at 00:02

Une paille !!!!

Qui mérite bien un billet. Étrange tous ces gens qui fuient chez l’oppresseur, non ?

Environ 730 000 personnes ont quitté l’Ukraine pour la Russie depuis le début de l’année en raison des combats dans l’est de l’Ukraine, a déclaré aujourd’hui le directeur pour l’Europe de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Cette estimation signifie que l’exode est nettement plus important que ne le laissaient supposer les statistiques des services d’immigration russes, qui ont reçu 168 000 demandes en provenance d’Ukraine.

En outre, 117 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur même de l’Ukraine et leur nombre augmente d’environ 1.200 par jour, a dit Vincent Cochetel.

Source : Le Figaro

Source: http://www.les-crises.fr/730-000-ukrainiens-ont-fui-en-russie-hcr/


Le scénario du crash du vol 17 évolue, par Robert Parry

Wednesday 6 August 2014 at 05:30

Voici un nouveau papier de Robert Parry, un des plus célèbres et respectés journalistes d’investigation américains. C’est lui qui a révélé l’affaire du financement des Contras en 1985…

Par Robert Parry, Consortiumnews.com, 3 aout 2014

Exclusif: Des unes des journaux aux déclarations de politiciens de premier plan, le tout-Washington a conclu hâtivement que les rebelles ukrainiens et la Russie étaient coupables d’avoir abattu un avion de ligne malaisien. Mais certains spécialistes US du renseignement pourraient avoir une vision différente des faits, selon Robert Parry.

Contrairement aux déclarations publiques de l’administration Obama accusant les rebelles ukrainiens et les Russes d’avoir abattu le vol 17 de la Malaysian Airlines, certains analystes des services de renseignement américains ont conclu que la faute n’incombait sans doute pas aux insurgés ni à la Russie et qu’il semble que les responsables soient les forces gouvernementales ukrainiennes , selon une source ayant eu accès à ces analyses. Ces conclusions — en contradiction avec ce que le Président Barack Obama et le Secrétaire d’État John Kerry ont exprimé publiquement — reposent principalement sur le manque de preuves du gouvernement américain indiquant que la Russie aurait fourni aux rebelles un système de missile anti-aérien Bouk, seul capable d’atteindre un appareil civil à une altitude de 33 000 pieds [env. 10 000 m], d’après la source, qui souhaite rester anonyme.

Le Président Barack Obama s’est exprimé sur la situation en Ukraine, depuis la Pelouse Sud de la Maison-Blanche, le 29 juillet 2014.

Malgré les satellites américains positionnés au-dessus de l’est de l’Ukraine, les agences de renseignement américaines n’ont publié aucune image d’un système Bouk qui aurait été remis par les Russes aux rebelles, expédié en Ukraine, déployé en position de tir puis rapatrié en Russie. Bien que l’administration Obama ait publié d’autres images de l’Ukraine prises par les satellites espions américains, l’absence de tout cliché d’une batterie de missiles Bouk sous contrôle rebelle a été la faille de l’acte d’accusation de Washington à l’encontre des rebelles et des Russes pour l’attaque aérienne du 17 juillet qui a tué 298 personnes.

Étant donné la taille de ces batteries , contenant quatre missiles de cinq mètres chacun, l’absence d’une telle preuve a suscité des réserves chez les analystes du renseignement américain, au moment même où les principaux responsables politiques et les médias américains se précipitaient pour accuser les rebelles et les Russes.

Pour étayer leurs affirmations, Kerry et d’autres hauts responsables se sont référés aux déclarations du gouvernement ukrainien, ainsi qu’aux nformations issues des « réseaux sociaux ». Ces derniers fragments de « preuve » comportaient des répliques ambiguës attribuées à des rebelles pensant initialement qu’ils avaient réussi à abattre un autre avion ukrainien volant à une altitude plus basse, mais qui ont affirmé plus tard ne pas avoir tiré sur l’avion malaisien, et ne pas disposer des missiles Bouk nécessaires pour atteindre une cible au-dessus de 30 000 pieds (env. 9 000 m).

Si ces analystes américains ont raison — que ni les insurgés ni la Russie ne sont responsables — le principal suspect devient alors le gouvernement ukrainien, qui lui, dispose bien de missiles anti-aériens Bouk et avait apparemment deux avions de chasse à proximité du vol 17 de la Malaysia Airlines à l’heure où celui-ci a été abattu.

Certaines analyses réalisées indépendamment sur des éléments issus du site du crash suggèrent que l’appareil pourrait avoir été détruit par un missile air-air et non par un engin anti-aérien lancé depuis le sol. Dans cette optique, l’hypothèse de travail des analystes américains est qu’une batterie Bouk de l’armée ukrainienne en coordination avec ces chasseurs aurait pris pour cible ce qui semblait être un avion de ligne russe, peut-être même l’avion dans lequel le Président Vladimir Poutine rentrait d’un voyage en Amérique du Sud, selon la même source.

Cette source a ajouté que l’analyse des renseignements américains n’incrimine pas les hauts responsables ukrainiens, comme le Président Petro Porochenko ou le Premier Ministre Arseniy Iatseniouk, ce qui laisse à penser que l’attaque pourrait avoir été l’œuvre de factions extrémistes, peut-être même de l’un des oligarques ukrainiens ayant adopté une approche agressive dans la guerre menée contre les insurgés russes ethniques de l’Est .

Bien évidemment, une attaque réussie contre un avion russe, surtout celui qui transportait Poutine, aurait pu constituer un excellent coup pour le régime de Kiev, qui a destitué et expulsé fin février, au début de la guerre civile, le Président Viktor Ianoukovich, allié des Russes. Certains politiciens ukrainiens, comme l’ex-Premier Ministre Ioulia Timochenko, ont exprimé le souhait de tuer Poutine. « Il est grand temps que nous prenions les armes pour aller tuer ces maudits Russes ainsi que leur dirigeant », a déclaré Timochenko lors d’un appel téléphonique intercepté en mars, selon une fuite publiée dans la presse russe et implicitement confirmée par Timochenko.

La mystérieuse attaque

L’avion de la Malaysia Airlines, volant d’Amsterdam vers Kuala Lumpur, n’était pas sensé survoler la partie est de l’Ukraine l’après-midi du 17 juillet, mais a été dérouté pour éviter le mauvais temps. L’avion se rapprochait de l’espace aérien russe lorsqu’il a été abattu.

Très tôt certains ont spéculé que l’armée ukrainienne aurait pu confondre l’avion de ligne avec un avion espion russe et l’attaquer selon un scénario semblable à celui de la destruction du Boeing 747 de la Korean Airlines, en 1983, identifié par erreur comme un avion espion américain.

Au cours des quelque deux semaines écoulées depuis le désastre aérien survenu en Ukraine, on a constaté des différences notables entre l’approche plutôt mesurée, adoptée par les analystes des services américains d’une part, et l’attitude des personnalités médiatiques et des hommes politiques américains, qui se sont empressés de condamner les insurgés et la Russie d’autre part.

Trois jours seulement après le crash, le Secrétaire d’État Kerry faisait la tournée des émissions-débats dominicales pour y exposer une thèse qu’il jugeait « extraordinairement bien étayée », prouvant selon lui que les insurgés avaient provoqué le crash à l’aide de missiles fournis par la Russie. Il a admis que le gouvernement américain ne tirait pas de conclusion définitive, mais qu’ « il existait un faisceau d’éléments pointant en direction d’une responsabilité de la Russie ».

À ce moment-là, on me disait déjà que la communauté du renseignement américain ne disposait d’aucune image satellite justifiant les allégations de Kerry et que le seul système de missile Bouk localisé dans cette partie de l’Ukraine semblait être sous le contrôle de l’armée ukrainienne. (Voir Consortiumnews.com : « What Did US Spy Satellites See in Ukraine? », « Qu’est-ce que les satellites espions américains ont vu en Ukraine ? »)

Le mardi suivant les déclarations dominicales de Kerry, les journalistes des principaux médias, dont le Los Angeles Times et le Washington Post, furent invités à une conférence de presse organisée au plus haut niveau et portant sur les données fournies par le renseignement américain censées prouver la culpabilité des rebelles et de la Russie. Mais une fois de plus, la plupart de ces « preuves » provenaient de messages postés sur les réseaux sociaux .

L’article du Los Angeles Times concernant ces informations en a bien souligné les incertitudes : « Jusqu’à présent, les services de renseignement américains se sont révélés incapables de déterminer la nationalité ou l’identité de l’équipage qui a lancé le missile. Les responsables américains ont dit qu’il était même possible que le SA-11 (le missile sol-air Bouk) ait pu être lancé par un déserteur de l’armée ukrainienne, formé à l’utilisation de systèmes de missiles analogues ».

Cette référence à un possible « déserteur » était peut-être une tentative de rendre cohérent le récit du gouvernement américain avec des images satellitaires encore inédites, montrant la batterie de missiles sous le contrôle de soldats portant des uniformes apparemment ukrainiens. Mais j’entends dire à présent que les analystes des services américains ont largement rejeté l’hypothèse du « déserteur » et se concentrent sur le scénario d’un tir intentionnel sur l’avion par les militaires Ukrainiens, même s’ils en ignoraient peut-être l’identité réelle .

Vers un consensus officiel

Néanmoins, bien que le mystère entourant l’origine de l’attaque s’épaississait, la position officielle des USA accusant Poutine et les rebelles se renforçait. Pour le New York Times, la culpabilité russe ne faisant aucun doute, et était présentée comme un fait établi.

Le 29 juillet, Obama a précédé son annonce de sanctions encore plus dures envers la Russie en accusant implicitement Poutine de cette tragédie. Lisant une déclaration écrite, Obama a affirmé : « Aux Pays-Bas, en Malaisie, en Australie, et dans d’autres pays de par le monde, des familles sont encore sous le choc de la brutale et tragique perte de près de 300 personnes tuées sans raison, quand leur avion a été abattu au-dessus d’un territoire contrôlé par des séparatistes soutenus par les Russes en Ukraine.»

« Cependant, depuis la destruction de l’avion, la Russie et ses agents ont refusé de coopérer avec les enquêteurs et de saisir cette occasion pour trouver une solution diplomatique au conflit en Ukraine. Ces séparatistes soutenus par les Russes [...] ont continué à abattre des avions ukrainiens dans la région. Et à cause de leurs actions, de nombreux civils ukrainiens continuent de mourir inutilement chaque jour. » (Emphase ajoutée.)

On pourrait prétendre qu’Obama n’allait pas jusqu’à accuser directement les rebelles et la Russie de l’attaque de l’avion de la Malaysia Airlines, mais il était clair qu’il voulait donner cette impression .. En d’autres termes, Obama s’est plié au consensus officiel sur la culpabilité de la Russie et a trompé le peuple américain à propos de ce que suggéraient les derniers renseignements des services américains.

Il est également grotesque et fallacieux d’accuser les Russes et les rebelles des bombardements effectués sans discernement par les forces gouvernementales, qui ont coûté des centaines de vies dans l’est de l’Ukraine. Les rebelles se battent contre ce qu’ils considèrent être un régime putschiste illégitime qui, avec l’aide de milices néo-nazies de l’ouest ukrainien, ont fait tomber en février le Président élu Ianoukovitch pour ensuite marginaliser et réprimer les populations russophones de l’est du pays.

En présentant le conflit de manière unilatérale, Obama a non seulement induit en erreur les Américains sur les origines de la crise ukrainienne, mais il a de fait donné au régime de Kiev le feu vert pour massacrer davantage d’ukrainiens d’origine russe. En pointant d’un doigt accusateur Moscou comme l’origine de tous les problèmes de l’Ukraine, Obama a élargi l’espace géopolitique de Kiev, lui permettant de développer son attaque brutale qui maintenant inclut l’utilisation mal ciblée, selon certains rapports, de missiles balistiques contre les foyers de population.

La protection qu’ Obama accorde au régime de Kiev est même plus scandaleuse encore si les analystes des renseignements américains sont fondés à soupçonner que des forces ukrainiennes étaient derrière l’attaque du Vol 17.

Quant à savoir qui est responsable de la destruction des preuves sur la zone du crash, un assaut de l’armée ukrainienne a non seulement retardé l’accès des enquêteurs internationaux mais semble également avoir occasionné un incendie qui a consumé des débris qui auraient pu aider à identifier les causes du désastre.

Samedi, le dernier paragraphe d’un récit du New York Times rédigé par Andrew E. Kramer indiquait que « les combats ont déclenché un feu dans un champ de blé qui a brûlé des fragments de fuselage, notamment l’un d’entre eux potentiellement utile à l’enquête sur l’accident parce qu’il présentait ce qui semblait être des impacts d’obus ». Ces impacts d’obus ont été mentionnés par des analystes indépendants comme preuve possible d’une attaque par des avions de chasse ukrainiens.

Accepter la réalité

La classe politico-médiatique est allée tellement loin dans son jugement sur le vol MH-17, en s’en prenant aux rebelles et à la Russie avant même le début d’une enquête officielle qu’il est difficile de savoir de quelle façon ces leaders d’opinion réagiraient si l’analyse dénonçant les forces ukrainiennes se révélait juste.

L’embarras dans lequel seraient jetés les hauts responsables américains et les médias officiels les plus en vue serait tellement grand qu’on a du mal à croire qu’ils accepteraient d’admettre la réalité. Bien entendu, on mettra certainement une pression intense sur les enquêteurs et les analystes du renseignement pour promouvoir la version selon laquelle « c’est la faute de Poutine ».

Et si les enquêteurs et les analystes refusent d’aller jusque-là, il se pourrait tout au moins qu’ils évitent de contredire directement le consensus officiel, en suggérant que le mystère du vol 17 ne peut être résolu et qu’il appartiendra aux historiens de le démêler.

C’est ainsi que les choses se sont passées pour d’autres erreurs médiatiques majeures . L’an dernier par exemple, certains des mêmes acteurs, notamment le Secrétaire d’État Kerry et le New York Times, ont tiré des conclusions hâtives en accusant le gouvernement syrien d’être l’auteur d’une attaque au gaz sarin qui avait tué des centaines de personnes dans une banlieue de Damas le 21 août 2013.

Le 30 août, Kerry prononça un discours belliqueux truffé de « nous savons » mais sans fournir aucune preuve vérifiable. Une campagne punitive de bombardements contre le gouvernement syrien fut évitée de justesse lorsque le président Obama décida de rechercher l’aval préalable du Congrès, puis d’accepter l’aide de Poutine afin d’arriver à un accord en vertu duquel le gouvernement syrien rendait toutes ses armes chimiques tout en continuant à nier toute implication dans l’incident du 21 août.

Ce n’est que plus tard qu’une bonne partie de l’argumentaire de Kerry s’effondra, lorsque de nouvelles preuves pointèrent vers une autre explication, à savoir que des rebelles syriens avaient répandu du gaz sarin pour provoquer Obama en franchissant sa « ligne rouge » et impliquer l’armée américaine dans la guerre civile syrienne du côté des rebelles. Mais ni les sources officielles américaines ni la grande presse n’ont reconnu ce dangereux cas de « pensée de groupe » [NdT : « group think »] qui a manqué de faire entrer les États-Unis dans une nouvelle guerre superflue au Moyen-Orient. (Voir « The Collapsing Syria-Sarin Case » sur Consortiumnews.com)

Il peut sembler cynique de suggérer que les hauts responsables de Washington puissent être aveuglés par leur propre propagande au point de préférer voir les véritables assassins rester impunis, que ce soit en Syrie ou en Ukraine, plutôt que de devoir reconnaître leurs erreurs. Mais c’est souvent ainsi que réagissent les puissants. Rien n’est plus important que leur réputation.

Le journaliste d’investigation Robert Parry a révélé un grand nombre d’informations sur l’affaire Iran-Contra pour le compte d’Associated Press et de Newsweek dans les années 80. Vous pouvez acheter son livre « L’histoire volée de l’Amérique » au format papier ou e-book (chez Amazon et barnesandnoble.com).

Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/le-scenario-du-crash-du-vol-17-evolue-par-robert-parry/


Ukraine – En vrac (06-08)

Wednesday 6 August 2014 at 02:54

Plusieurs anciens ministres européens appellent à exercer une pleine retenue militaire et politique

Gestion de la crise en Europe dans le contexte des événements en Ukraine - Jeudi 31 juillet 2014

La Mission de Coopération dans la Grande Europe (Task Force on Cooperation in Greater Europe) estime que la crise actuelle fait peser un risque sur la sécurité européenne et met face à face des adversaires dotés de l’arme nucléaire dans une région hautement instable. Dans sa deuxième prise de position sur la Gestion de la crise en Europe dans le contexte des événements en Ukraine, la Mission appelle les deux parties à :

La Mission appelle également les deux parties à :

Parmis les signataires de l’article :
  • Malcolm Rifkind (ancien Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères et à la Défense du Royaume Uni)
  • Des Browne (ancien Secrétaire d’Etat à la Défense du Royaume Uni)
  • Vyacheslav Troubnikov (ancien Directeur des services Russes)
  • Igor Ivanov (ancien Ministre Russe des Affaires Etrangères)
  • Adam Daniel Rotfeld (ancien Ministre Polonais des Affaires Etrangères)
  • Paul Quiles (ancien Ministre Français de la Défense)
  • Herve Morin (ancien Ministre Français de la Défense)
  • Anatoly Adamichine (ancien ministre Russe délégué aux Affaires Etrangères et Ambassadeur au Royaume Uni)
  • Özdem Sanberk (ancien sous-secrétaire d’Etat Turc aux Affaires Etrangères)
  • Volker Ruhe (ancien ministre Allemand de la Défense)
  • Alexei Gromyko (Directeur de l’Institut de l’Europe de l’Académie des Sciences Russe)
  • Tarja Cronberg (ancienne députée Finnoise en ancienne Directrice de l’Institut de Recherche sur la Paix de Copenhague)
Dans sa première prise de position publiée en janvier 2014, le groupe de travail a affirmé que, si les Européens ne jetaient pas les bases d’un nouveau grand projet de coopération européen, les divisions entre l’UE et la Russie pourraient générer une nouvelle période de confrontations en Europe.
L’exposé est disponible ici.
Le groupe de travail est soutenu par les recherches indépendantes d’un consortium de think-tanks : le European Leadership Network (ELN) à Londres ; le  Russian International Affairs Council (RIAC) à Moscou ; le  Polish Institute of International Affairs (PISM) à Varsovie et le International Strategic Research Organisation (USAK) à Ankara. Vous trouverez plus d’informations sur le site du groupe de travail.
L’exposé complet, toutes signatures incluses, est dorénavant disponible au téléchargement en anglais, russe, polonais, turc et allemand ci-dessous. La traduction en français sera rapidement disponible.
Source 
Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr 

Kiev accuse les séparatistes de tirer sur des soldats désarmés

Encore un bel article (grotesque) de la propagande de Kiev – quelle bassesse pour le Nouvel Obs… En quoi “Kiev accuse” est-il une information ? Ou alors, pourquoi ne jamais reprendre les “Moscou accuse” ?

Évidement, comme les désertions se multiplient, Kiev raconte n’importe quoi… Et des “journalistes” reprennent des accusations de crimes de guerre ceci sans la moindre preuve…

par Richard Balmforth

KIEV (Reuters) – Les séparatistes pro-russes de l’est de l’Ukraine ont tiré mardi sur des militaires ukrainiens désarmés rentrant de Russie où ils s’étaient réfugiés, ont déclaré les autorités de Kiev.

L’Ukraine a reconnu lundi que 311 soldats et gardes-frontières avaient dû se rendre en Russie pour échapper aux combats contre les séparatistes. Les autorités ukrainiennes affirment qu’ils avaient détruit leurs armes avant de franchir la frontière mais les séparatistes disent qu’ils les ont abandonnées et qu’eux-mêmes ont pu s’en emparer.

“Aujourd’hui vers 06h00, des combattants (séparatistes) ont traîtreusement tiré sur une colonne dans laquelle se trouvaient 195 soldats ukrainiens désarmés revenant de la Fédération de Russie”, a déclaré Andriy Lissenko, porte-parole du conseil de défense nationale, cité par l’agence Interfax.

Il n’a pas fourni de bilan.

Les forces ukrainiennes regagnent du terrain depuis juillet face aux séparatistes qui ont pris les armes en avril.

Elles ont effectué des bombardements aériens lundi soir et détruit des concentrations de rebelles et d’équipements militaires, selon le centre ukrainien d’information militaire, qui ne fournit aucune précision.

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a en outre condamné mardi les manoeuvres militaires lancées la veille par la Russie près de la frontière entre les deux pays. Il a accusé Moscou de continuer à armer les séparatistes.

“Nous demandons de manière catégorique à la partie russe de mettre rapidement fin à de tels actes criminels (et) à retirer ses troupes de la frontière avec l’Ukraine”, déclare le ministère dans un communiqué.

Selon des responsables des services de sécurité ukrainiens, les séparatistes pro-russes essaient de contre-attaquer pour desserrer l’étau autour de leurs positions et les forces ukrainiennes continuent de subir des tirs d’artillerie et d’obus de mortier en provenance du territoire russe.

Les rebelles qui tiennent la ville de Horlivka, à une centaine de kilomètres de la frontière, sont en train de masser des hommes et des équipements dans l’espoir de briser les lignes gouvernementales qui menacent de couper leur principale voie d’approvisionnement à l’Est, disent les autorités ukrainiennes.

Moscou dément toute fourniture d’armes aux séparatistes.

(Avec Pavel Polityuk; Bertrand Boucey pour le service français)

Source : Nouvel Obs

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Alors là, c’est incroyable, ils ont simplement fait un copier-coller de la dépêche Reuters originale ici.

MAIS plus fort que tout, ils ont carrément repris les noms des rédacteurs Reuters – ce qui ne se fait habituellement pas…

Ce qui confirme de plus en plus qu’il devient inutile et couteux de financer des journaux, puisqu’il suffit de lire la dépêche Reuters ou AFP directement…

Par chance, les lecteurs du site sont moins abrutis que les journalistes (ce qui va vite poser de gros problèmes à la profession avec Internet…)

 

 

“Modération”

On voit bien que les bombardements se font avec modération :

Chakhtiorsk, attaque de taupe géante ou d’un missile balistique ? Presque 5 m de profondeur, plus de 10m de diamètre d’après la télé russe.

Poutine veut une “riposte” aux sanctions américaines et européennes

Y’a pas bon la croissance, ni nos emplois – mais ils s’en foutent les néoconservateurs subventionnés…

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé mardi 5 août avoir ordonné au gouvernement d’élaborer des mesures de “riposte” aux sanctions européennes et américaines, introduites la semaine dernière contre la Russie que l’Occident accuse d’être impliquée dans le conflit dans l’est de l’Ukraine.

“J’ai donné un tel ordre aujourd’hui”, a déclaré Vladimir Poutine, cité par les agences de presse russes, lors d’un déplacement à Voronej, à 500 km au sud de Moscou.

Des “instruments politiques de pression sur l’économie”

“Bien évidemment, il faut le faire de manière extrêmement prudente pour soutenir les producteurs russes, mais sans faire de mal aux consommateurs”, a-t-il précisé.

Le recours à des “instruments politiques de pression sur l’économie sont inacceptables, ils contredisent toutes les normes et toutes les règles”, a souligné le président.

Il a rappelé que le “gouvernement russe avait déjà proposé un nombre de mesures de riposte face aux soi-disant sanctions de la part de certains pays”.

“Dans les conditions actuelles, nous pourrions bien y réfléchir afin de protéger les intérêts des producteurs russes”, a ajouté le président.

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a également estimé mardi que la Russie devait commencer à réfléchir aux éventuelles mesures à apporter aux sanctions occidentales.

“Nous avons besoin de discuter des réponses possibles” à ces sanctions, a-t-il indiqué, cité par l’agence officielle Itar-Tass, lors d’une réunion avec le ministre des Transports et un haut responsable de la première compagnie aérienne russe Aeroflot.

Source : Nouvel Obs

Conflit en Ukraine: l’Onu admet qu’elle n’a pas de preuves que la Russie soit impliquée

Les déclarations de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme Navi Pillay selon lesquelles l’Onu n’a pas de preuves que la Russie livre des armes aux insurgés ukrainiens infirment les accusations fallacieuses dont Moscou fait l’objet, lit-on dans un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.

La diplomatie russe indique avoir analysé la déclaration réalisée par Mme Pillay le 31 juillet dernier à Genève lors d’une rencontre avec les journalistes. La Haut-Commissaire a alors affirmé que l’Onu n’avait aucune preuve attestant que la Russie livre des armes aux insurgés de l’est de l’Ukraine.

“Nous estimons qu’il s’agit d’une énième confirmation du caractère infondé et fallacieux des déclarations accusant notre pays d’être responsable de l’escalade du conflit en Ukraine. Ceux qui se dédient à rechercher et à disséminer de telles insinuations devraient plutôt faire preuve de volonté politique et user de leur influence pour mettre fin au bain de sang provoqué par l’opération punitive de Kiev dans l’est du pays”, stipule document.

Dans le même temps, le ministère russe des Affaires étrangère s’étonne que la déclaration en question ait été passée sous silence par les médias occidentaux.
“Visiblement, elle ne cadrait pas avec la campagne délibérée de désinformation visant à faire endosser à la Russie la responsabilité des événements en Ukraine”, conclut le communiqué.

Washington accuse régulièrement Moscou de livrer des armes lourdes aux insurgés, telles que des chars et des lance-roquettes. En outre, les Etats-Unis ont accusé Moscou d’être responsable du crash de l’avion Boeing 777 de Malaysia Airlines près de Donetsk en invoquant la livraison de systèmes de missiles Bouk aux combattants d’autodéfense.

Source : RIA

Sanctions antirusses américaines : l’hypocrisie dans toute sa splendeurs

Dans le grand jeu géopolitique se déroulant en ce moment autour de l’Ukraine, l’objectif des Etats-Unis n’est pas tant d’arracher ce pays à l’orbite de la Russie que de semer la zizanie entre leur vassale nommée Europe et le monde russe et par là empêcher l’émergence d’une grande alliance européenne continentale.

A cette aune, on ne peut être étonné de l’insistance avec laquelle les Etats-Unis font pression sur l’Union européenne – tout comme sur le Japon et la Corée du sud – pour que celle-ci adopte toujours plus de sanctions contre la Russie. Le volume annuel des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Russie se chiffrant à 27,8 milliards de dollars, les Américains ont naturellement bien peu à perdre en comparaison avec les Européens qui commercent avec les Russes pour un montant annuel de 440 milliards de dollars.

Mais le comble de l’hypocrisie et du cynisme, c’est que notre « grand frère » américain se garde bien de lui-même décréter des sanctions antirusses qui lui seraient trop douloureuses.

Ainsi donc, la NASA a suspendu sa coopération avec Roskosmos (l’agence spatiale russe)… sauf dans les projets jugés intéressants pour les Etats-Unis, comme la station spatiale internationale (ISS), seuls les lanceurs russes étant capables d’y acheminer les astronautes.

Il en va de même de l’achat par les Américains de propulseurs russes pour leurs fusées Atlas-5. En effet, ces lanceurs lourds sont équipés de moteurs russes K-33 et RD-180 dont le remplacement par du matériel états-unien ne pourra se faire que dans six ans et moyennant 1,5 milliards de dollars de coûts de développement. Il a donc été annoncé par Washington que les sanctions antirusses ne toucheraient pas ces importations, question d’intérêts nationaux.

En mai dernier, Rosneft – entreprise pétrolière appartenant à l’Etat russe – a conclu un accord d’investissement et de coopération avec la société américaine North Atlantic Drilling (NADL). Tandis que Rosneft entrera dans le capital de NADL, la compagnie russe utilisera six plateformes de la firme américaine jusqu’en 2022. Aucune restriction de ce côté-là non plus…

Pendant ce temps-là, sous les injonctions des impérialistes d’outre-Atlantique, notre Europe s’engage davantage dans une insensée et très risquée rhétorique antirusse. Quand va-t-on arrêter de leur cirer les pompes ?

Source : BL

Moscou pourrait interdire le survol de la Russie aux compagnies aériennes européennes

En réponses aux sanctions occidentales, la Russie étudierait la possibilité d’interdire l’utilisation des couloirs transsibériens aux compagnies aériennes européennes. Air France, Lufthansa et British Airways pourraient être les plus pénalisées. [...]

En tout état de cause, une telle interdiction pourrait peser sur l’activité des compagnies aériennes européennes et les plus touchées seraient Air France, Lufthansa ou British Airways écrit encore Vedomosti qui souligne que pour celles-ci, l’utilisation du corridor transsibérien permet d’économiser jusqu’à 30.000 dollars par vol. [OB : soit 100 $ par passager...]

Source : Les Echos

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-en-vrac-06-08/


La véritable raison pour laquelle les États-Unis se préoccupent tant de l’Ukraine tout en se foutant éperdument des Ukrainiens, par le général Jean-Bernard Pinatel

Wednesday 6 August 2014 at 01:52

Les États-Unis, depuis le début des troubles en Ukraine, se sont clairement positionnés contre les pro-russes. Un soutien aux relents de guerre froide, qui n’a rien à voir avec les intérêts des Ukrainiens.

Jean-Bernard Pinatel
Général (2S) et dirigeant d’entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d’intelligence économique.

Il est l’auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014.

Il anime aussi le blog : Géopolitique-Géostratégie

 

Atlantico : Les États-Unis déploient beaucoup d’énergie pour identifier les auteurs de l’attaque contre l’avion de la Malaysian Airlines et ont été très prompts à montrer du doigt les pro-russes. Quel intérêt ont-ils à leur faire porter le chapeau ?

Général (2S) Jean-Bernard Pinatel : Dès la chute du mur de Berlin en novembre 1989, les stratèges et les hommes politiques américains ont perçu une menace principale : c’est qu’un rapprochement puis une alliance entre l’Europe et la Russie ne contesterait la suprématie mondiale des États-Unis qui leur permet, en toute impunité, de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays, voire de lui faire la guerre et d’imposer un droit international conforme à leurs intérêts comme la encore récemment montré l’affaire de la BNP.

Cette réalité incontestable nécessite un rappel historique pour être admise.

Zbigniew Brzezinski

En 1997, l’ancien conseiller national à la sécurité des États-Unis, Zbigniew Brzezinski, publia sous le titre “Le grand échiquier” un livre où adoptant les deux concepts, forgés par Mackinder, d’Eurasie et de “Heartland”. Il reprenait à son compte sa maxime célèbre : “qui gouverne l’Europe de l’Est domine l’Heartland ; qui gouverne l’Heartland, domine l’Ile-Monde ; qui gouverne l’île-Monde domine le Monde“. Il en déduisait : “Pour l’Amérique, l’enjeu géopolitique principal est l’Eurasie”. Dans une autre publication(1), il explicitait sa pensée: “Si l’Ukraine tombait, écrivait-il, cela réduirait fortement les options géopolitiques de la Russie. Même sans les états de la Baltique et la Pologne, une Russie qui garderait le contrôle de l’Ukraine pouvait toujours aspirer avec assurance à la direction d’un empire eurasien. Mais, sans l’Ukraine et ses 52 millions de frères et sœurs slaves, toute tentative de Moscou de reconstruire l’empire eurasien menace d’entraîner la Russie dans de longs conflits avec des non slaves aux motivations nationales et religieuses”.

Entre 2002 et 2004, pour mettre en œuvre cette stratégie, les États-Unis ont dépensé des centaines de millions de dollars afin d’aider l’opposition ukrainienne pro-occidentale à accéder au pouvoir. Des millions de dollars provinrent aussi d’instituts privés, comme la Fondation Soros et de gouvernements européens. Cet argent n’est pas allé directement aux partis politiques. Il a transité notamment par des fondations et à des organisations non gouvernementales qui conseillèrent l’opposition, lui permettant de s’équiper avec les moyens techniques et les outils publicitaires les plus modernes. Un câble américain du 5 janvier 2010, publié sur le site Wikileaks (réf. 10WARSAW7), montre l’implication de la Pologne dans la transition et l’effort démocratique des anciens pays de l’Est. Le rôle des ONG y est notamment exposé (2). Les câbles Wikileaks témoignent de l’effort constant et de la volonté continue des États-Unis d’étendre leur sphère d’influence sur l’Europe de l’Est, comme en Ukraine.

L’Ukraine connaît une véritable guerre civile. Pourtant personne en Occident ne dénonce l’ardeur avec laquelle le gouvernement ukrainien tente de mater les séparatistes. Quel est le réel intérêt des Américains à fermer les yeux sur cette réalité et à soutenir le gouvernement ukrainien ? Qu’ont-ils à y gagner ?

L’État ukrainien est une construction de Staline et n’existe de manière indépendante que depuis 1990, à l’issue de la dislocation du bloc soviétique. Il n’a existé auparavant qu’entre 1917 et 1921, entre la chute du Tsarisme en 1917 et la victoire des bolchevicks qui ont éclaté cet Etat naissant en 4 parties. La partie ex-russe de l’Ukraine, avec Kiev pour capitale, berceau historique de la civilisation et de la culture Russe, est intégrée à l’URSS tandis que la partie ex-autrichienne, avec Lviv pour ville principale, est rattachée à la Pologne.

La petite Ukraine « transcarpatique » vota son rattachement à la Tchécoslovaquie et quant à la Bucovine, sa minorité ukrainienne se résigna à son rattachement à la Roumanie.

Mais l’Ukraine n’est pas pour autant une nation. Les Ukrainiens n’ont aucune histoire commune. Bien au contraire. Durant la seconde guerre mondiale, quand à l’été 1941, l’Ukraine est envahie par les armées du Reich, les Allemands sont reçus en libérateurs par une partie de la population ukrainienne. Au contraire à l’Est du pays, ils rencontrent une forte résistance de la part de la population locale qui se poursuivit jusqu’en 1944. En représailles, les Allemands traquent les partisans, et brûlent des centaines de villages. En avril 1943, une division SS Galicie est constituée à partir de volontaires ukrainiens dont les descendants ont constitué le fer de lance des révolutionnaires de la place de Maïdan (3). Cette division SS a notamment été engagée par les Allemands en Slovaquie pour réprimer le mouvement national slovaque. Mais les pro-occidentaux ukrainiens et les Américains ont tout fait, à la fin de la guerre, pour jeter un voile sur les atrocités commises par cette division et ne retenir que le combat antisoviétique. Néanmoins, les historiens estiment que plus de 220 000 Ukrainiens s’engagèrent aux côtés des forces allemandes durant la Seconde Guerre mondiale pour combattre le régime soviétique.

Ce rappel historique permet de comprendre pourquoi la guerre civile est possible et pourquoi la partie des forces ukrainiennes constituées de soldats de l’Ouest peuvent utiliser chars et avions contre les séparatistes de l’Est.

Le Président Ukrainien avec la complicité du silence de la majorité des hommes politiques et des médias occidentaux mène une véritable guerre contre une partie de sa population avec la même violence que celle que l’on reproche au dictateur syrien. De plus, les forces armées ukrainienne sont conseillées par des forces spéciales et des mercenaires américains.

Les États-Unis et Obama veulent ainsi provoquer une réaction brutale de la Russie qui pourrait faire renaître une guerre froide entre l’Ouest et l’Est. Poutine a bien compris le piège que lui tend Obama, “prix Nobel de la Paix”. Après avoir déconseillé aux séparatistes ukrainiens de faire un référendum, il n’a pas reconnu son résultat (4) et fait preuve d’une modération qui étonne tous les observateurs indépendants alors que des chars et des avions attaquent une population russophone.

En quoi l’Ukraine empêche-t-elle la constitution d’un bloc Europe-Russie ? Pourquoi les Etats-Unis tiennent-ils tant à l’empêcher ?

Les américains n’ont cessé de faire pression sur les européens pour intégrer l’Ukraine et la Géorgie dans l’OTAN, ce qui constituerait une provocation inacceptable pour la Russie.
Heureusement, les leaders européens ne se sont pas pliés à cette volonté de Washington qui ne servirait que les intérêts américains. De même, si Poutine cédait à la pression de ses ultranationalistes et intervenait ouvertement en Ukraine, les Etats-Unis auraient atteint leur objectif stratégique et la guerre froide se réinstallerait en Europe au détriment de nos intérêts fondamentaux.

Pourquoi l’Europe se soumet-elle ? A-t-elle vraiment un intérêt à souscrire à la stratégie américaine ?

Beaucoup de leaders européens ont été formés aux Etats-Unis. Ils sont membres de “Think-Tanks américains ou transatlantiques” ou de fondations comme “l’American Foundation” qui financent largement leurs prestations et leurs voyages. L’Atlantisme est certes fabriqué par la conscience que nous partageons les mêmes valeurs démocratiques avec la nation américaine mais aussi par la multitude d’intérêts personnels de nombreux leaders européens dont le niveau de vie dépend de leur soumission de fait aux intérêts de l’Etat américain.

Néanmoins, de plus en plus d’Européens commencent à faire la différence entre l’Etat américain qui est, de fait, dirigé par des lobbies dont le plus important est le lobby militaro-industriel (5) et la nation américaine dont les valeurs et le dynamisme économique et culturel possèdent un pouvoir attractif incontestable et qui reste pour les jeunes européens une magnifique école de vie professionnelle.

Membres de la French American Foundation

Angela Merkel et les Allemands sont à la pointe de cette prise de conscience car ils n’ont toujours pas accepté l’espionnage industriel permanent auquel la NSA les soumet. De plus, la révélation des écoutes du portable d’Angela Merkel a fortement choqué le pays. Le Spiegel du 3 novembre 2013 réclamait même en couverture l’asile politique pour Edward Snowden : « Asil Für Snowden ». Les plus grands quotidiens européens dont le Monde ont publié de larges extraits de ses révélations.

Le 10 juillet 2014, le gouvernement allemand a annoncé l’expulsion du chef des services secrets américains pour l’Allemagne, dans le cadre d’une affaire d’espionnage de responsables allemands, au profit de Washington, une mesure sans précédent entre alliés au sein de l’Otan. “Il a été demandé au représentant des services secrets américains à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique de quitter l’Allemagne”, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Steffen Seibert, dans un communiqué. L’expulsion intervient “en réaction d’un manque de coopération constaté depuis longtemps dans les efforts pour éclaircir” l’activité d’agents de renseignement américains en Allemagne, a expliqué un député allemand, Clemens Binninger, président de la commission de contrôle parlementaire sur les activités de renseignement, qui s’est réunie jeudi à Berlin.

En France, l’ancien Premier ministre Michel Rocard, le sociologue Edgar Morin, les anciens ministres Luc Ferry et Jack Lang ou encore l’ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit ont lancé une pétition dans laquelle ils demandent au président François Hollande, à son Premier ministre, Manuel Valls, et au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, d’accueillir Edward Snowden “sans tarder, sous le statut de réfugié politique”.

Malheureusement pour la France et l’Europe, François Hollande qui reste comme une partie de l’intelligentsia française fasciné par Obama et Laurent Fabius qui a longtemps bénéficié des avantages des fondations américaines n’ont pas encore pris conscience qu’ils mettaient ainsi en cause les intérêts stratégiques de la France et de l’Europe.

(1) Traduit de : Zbigniew Brzezinski: “Die einzige Weltmacht – Amerikas Strategie der Vorherrschaft”, Fischer Taschenbuch Verlag, pp.15/16.
(2) Le National Endowment for Democracy (NED) (en français, Fondation nationale pour la démocratie) est une fondation privée à but non lucratif des États-Unis dont l’objectif déclaré est le renforcement et le progrès des institutions démocratiques à travers le monde. La plus grande part de ses fonds provient du département d’État des États-Unis, avec approbation du Congrès. L’ancien directeur de la CIA, William Colby, déclarait en 1982, dans le Washington Post, à propos du programme de la NED : « Il n’est pas nécessaire de faire appel à des méthodes clandestines. Nombre des programmes qui [...] étaient menés en sous-main, peuvent désormais l’être au grand jour, et par voie de conséquence, sans controverse ». William I. Robinson, Promoting Polyarchy: Globalization, US Intervention, and Hegemony [archive], Cambridge university Press, 1996, 466 p., pp. 87-88.
(3) Il ne faut pas oublier que les manifestants de la place de Maïdan ont contraint un Président pro-russe démocratiquement élu en 2012 a quitter le pouvoir. Il a été chassé de sa capitale par des manifestants où l’on a vu se côtoyer des groupes paramilitaires ultranationalistes affichant des signes nazis et qui refusent l’Europe mais aussi par des citoyens de la classe moyenne (professeurs, étudiants, dirigeants de PME) qui souhaitent le rattachement à l’Union européenne..
(4) approuvé par 89% des votants
(5) Le budget de Défense américain représentait, en 2013, 640 milliards de dollars. Autant que le Budget réuni des 9 pays suivants : Chine 188, Russie 88, Arabie Saoudite 67, France 61, Grande-Bretagne 58, Allemagne 49, Japon 49, Inde 48, Corée du Sud 33. Source SIPRI

Source : Atlantico.fr

Source: http://www.les-crises.fr/la-veritable-raison-pour-laquelle-les-etats-unis-se-preoccupent-tant-de-lukraine-tout-en-se-foutant-eperdument-des-ukrainiens-par-le-general-jean-bernard-pinatel/


Défier l’orgueil du Président Poutine et tester sa paranoïa est une folie, par Simon Jenkins

Wednesday 6 August 2014 at 01:38

Sir Simon Jenkins est un journaliste anglais du Guardian, fait chevalier en 2004 pour “services rendus au journalisme”… Ce n’est donc pas un critique fanatique du système, ni un admirateur de Poutine… Cela rend son papier du 25 juillet particulièrement intéressant…

Le crash du vol MH17 était clairement un accident. Cette tragédie ne devrait pas être utilisée comme un prétexte pour punir la Russie.

Pourquoi la politique internationale régresse t-elle à un tel niveau de stupidité ? Dès que nous avons appris que l’avion de Malaysian Airlines avait été abattu au-dessus de l’Ukraine, nous savions qu’il s’agissait d’un accident. Quel que soit le commanditaire, il ne pouvait souhaiter une telle tragédie. Ce n’était pas un nouveau 11 septembre. C’était un gros raté, pas un complot.

Pourtant, la politique internationale adore les complots. Vladimir Poutine a rejeté la responsabilité sur le gouvernement ukrainien. L’Ukraine a accusé les rebelles pro-russes. L’ambassadeur américain des Nations Unies, Samantha Power “ne peut exclure” la responsabilité de Moscou. Londres a hurlé à l’assassin. Du sang a été versé. Il fallait qu’il y ait des accusations.

Ce qui s’est passé fut un accident effroyable dans un pays barbare, qui rend nécessaire la restauration de la dignité des victimes au plus vite. Pourtant, avant même que l’on ait rassemblé les corps, les politiciens se sont arrangés pour obtenir un durcissement des sanctions, la fin d’accords commerciaux, l’expulsion des oligarques et le gel de comptes bancaires. Rapidement ils en sont venus à se battre comme dans un panier de crabes. Barack Obama s’est comporté comme un froussard, François Hollande comme un conciliateur. David Cameron tint le rôle de l’hypocrite. Le philosophe Bernard-Henri Lévy lança ses foudres sur tout le monde “Ceci est l’esprit de Munich – la conciliation. Et c’est une honte.”

Ces moments sont dangereux. En 1914, le gouvernement autrichien déclara le meurtre insensé de l’archiduc Franz Ferdinand comme étant un “complot du gouvernement serbe” et partit en guerre. En 1983, les Russes abattirent un avion civil coréen qui s’était égaré au-dessus de la Siberie, tuant les 269 passagers à bord. C’était clairement un accident – le contrôle au sol des pilotes de chasse étant ivres et en état de panique. L’information fut passée sous silence et l’incident exploité pour susciter une des confrontations les plus effrayantes de la guerre froide.

Cinq ans plus tard ce fut au tour des États-Unis, lorsque le croiseur américain abattit un Airbus civil A300 iranien dans l’espace aérien iranien. La marine s’excusa maladroitement, tandis que l’Iran s’en saisit comme d’un crime d’agression injustifiée, aidée en cela par une Amérique qui récompensa ses marins par des médailles. Washington refusa d’admettre toute responsabilité légale, et mit huit ans à régler les 62 millions de dollars de dédommagement aux familles touchées.

Ce qui est terrifiant c’est de voir comment de tels incidents sont déformés dans la perspective d’une vengeance. Poutine s’est clairement montré imprudent sur la frontière ouest de la Russie en fournissant assez d’armements aux rebelles ukrainiens pour augmenter la probabilité d’accidents. Mais l’idée qu’il ait souhaité cette tragédie est aussi absurde que l’idée que Konstantin Tchernenko ait souhaité le massacre en Corée ou Ronald Reagan la descente d’un avion iranien.

Poutine a probablement été aussi horrifié que nous tous par le sort de l’appareil. Cela a perturbé les délicats jeux de pouvoir de la région et l’a contraint à une position défensive. Les renseignements provenant de Moscou suggèrent qu’il est blessé et en colère, s’en remettant au cercle de ses conseillers les plus offensifs et à leur rhétorique nationaliste. C’est le moment où Confucius nous exhorte à offrir à l’ennemi une voie de retraite. Au lieu de cela, les va-t-en-guerre de l’ouest prennent un malin plaisir à railler la paranoïa de Poutine comme pour le pousser à commettre quelque chose de pire encore.

Alors que je visitais la Russie dans les années 90 après sa défaite humiliante de la guerre froide, je trouvai ce territoire triste et dangereux, pas si différent de l’Allemagne en 1918. C’était alors comme si aucun diplomate occidental n’avait lu le Traité de Versailles, ou noté les avertissements de Keynes sur les conséquences de ce dernier. Beaucoup avait été fait afin de construire des liens entre l’ouest et l’est. L’énergie, les investissements et les contacts avaient été l’objet d’échanges dans les deux sens. Les entreprises occidentales avaient fricoté avec les oligarques et les kleptocrates. L’argent volé de la main du peuple russe s’était déversé dans les banques sans vergognes de Chypre et de Londres, ainsi que sur les marchés de l’immobilier suisse et britannique. Londres doit être classé parmi le plus gros receleur de tous les temps.

Jusqu’ici tout allait bien. Mais en même temps, l’OTAN et l’UE s’étendaient en Europe de l’Est vers la frontière russe, comme s’ils pointaient leurs canons aux portes de Moscou pour provoquer la Russie désormais vaincue. Les défenseurs de l’OTAN défendaient l’idée que tout pays, y compris la Lettonie, la Géorgie ou l’Ukraine, devait être libre de rejoindre le club de son choix (tout en refusant aux Criméens ce droit quand ils choisirent le camp opposé). Pourtant, il faut être idiot pour négliger la fierté russe et sa crainte de l’encerclement. Provoquer Poutine façon “post-guerre froide” était bon pour l’image des Occidentaux, mais c’était une politique exécrable.

On nous dit que l’Est de l’Ukraine ne représente que l’un des conflits que Poutine pourrait déclencher le long de la frontière russe, de la mer Baltique au Caucase. Partout, on trouve des minorités russes (voire des majorités) susceptibles de s’opposer aux autochtones non russes. Les responsables européens n’ont pas d’intérêt tangible à attiser de tels conflits – et pourtant c’est précisément ce qu’ils ont cherché à faire en Géorgie et en Ukraine.

Que la Grande-Bretagne — ou l’Amérique — essaie de dicter sa loi tout le long des frontières russes est complètement fou ; se servir d’un tragique accident aérien comme d’un casus belli l’est tout autant. Ce n’est pas autre chose qu’une agressivité primitive, un machisme de pauvre. Cela nous propulse, une fois encore, vers la solution confuse des sanctions économiques. Il est au-delà de toute hypocrisie de la part de l’Occident d’exiger des sanctions contre Moscou alors qu’il lui ne lui pose aucun problème d’acheter à la Russie du gaz et de lui vendre des armes, des navires, des appartements à Knightsbridge ou des places à Eton. Ce deux poids deux mesures est de notre fait. D’après la commission parlementaire sur les ventes d’armes, la Grande-Bretagne vend actuellement des armes pour une valeur de 12 à 27 milliards de Livres à des pays répertoriés par le Ministère des Affaires Etrangères comme « préoccupants au point de vue des droits de l’homme ». On ne renforcera pas la paix mondiale en augmentant les prix de l’énergie européenne, en rendant plus rares les prêts pour les entreprises russes ou Harrods moins accessible aux « copains de Poutine ». Poutine s’en moque éperdument.

Les sanctions économiques sont à la politique moderne ce que les régiments de cavalerie étaient à la guerre de tranchées : splendides mais inutiles. Leur continuel déploiement va à l’encontre des nombreuses études qui établissant qu’elles sont superficielles, cruelles voire contre-productives. Cependant combien de fois Cameron est-il sorti de son bunker Cobra pour menacer de « sanctions économiques plus sévères » quelque État voyou, sans que cela ait le moindre effet ? La rhétorique est toujours la même, il faut « envoyer un message », montrer sa détermination, faire payer un prix, ne pas laisser « le mal être impuni ». Comme si la Grande-Bretagne était une sorte de surveillant général désuet.

L’émergence à Moscou dans les années 90 d’un nationaliste, dur, philistin comme Poutine était presque une fatalité. Poutine est loin d’être un ange mais il dirige ce qui demeure une nation puissante. Il faut être fou pour envisager de blesser sa fierté ou de jouer avec sa paranoïa. Le seul pays qui sache cela et soit capable de garder la tête sur les épaules est dirigé par Angela Merkel. Dieu merci, l’Allemagne existe.

Simon Jenkins, The Guardian, 25 juillet 2014 – Traduction collective pour www.les-crises.fr 

Source: http://www.les-crises.fr/defier-l-orgueil-poutine/


La précipitation inconsidérée de l’Occident vers le déclenchement d’une guerre contre la Russie, par Chris Martenson

Tuesday 5 August 2014 at 02:06

Pour des raisons encore dénuées d’explications rationnelles, les États-Unis et l’Europe se sont lancés dans un plan concerté visant à diaboliser Vladimir Poutine, ostraciser la Russie et à rendre l’éclatement d’un conflit majeur dans le monde plus probable que jamais depuis la Guerre Froide, une époque que beaucoup d’élus de la génération actuelle ont tendance à oublier.
Dans les heures qui ont suivi la catastrophe du vol MH17, les États-Unis ont dirigé leurs accusations contre la Russie et particulièrement contre Vladimir Poutine. La propagande anti-Poutine (et s’il existait un terme plus fort, je l’utiliserais) a été impitoyable, presque comique dans ses excès (voir image ci-dessus et les images ci-dessous).
Le monde a beau avoir détourné son regard vers l’Israël et Gaza, cette semaine les bruits de bottes dans l’est de l’Ukraine se sont mués en événements plus incontrôlables de jour en jour. [...]
Pendant ce temps, l’ours russe, feignant l’innocence malgré le sang qui coule sur ses pattes, a commencé discrètement à redéployer ses forces à la frontière.
Il se pourrait que nous venions juste d’être les témoins du genre d’événement choquant qui survient lorsque des armes lourdes sont mises entre les mains de milices sans formation et désespérées.
Être en mesure de résoudre le pourquoi du comment d’un drame majeur, en l’absence de toute preuve ou enquête, constitue certainement un tour de force journalistique. Certains se demanderont sur quelles sources s’appuyait l’auteur pour développer l’argumentaire acerbe que les États-Unis et l’Europe reprennent maintenant dans le but d’exercer une pression grandissante sur la Russie.
Presque deux semaines plus tard, ni les États-Unis ni l’Europe n’ont fourni de preuve substantielle pour étayer leurs accusations contre les séparatistes ukrainiens et/ou la Russie dans l’origine de la catastrophe du MH-17. Il n’y a absolument rien.
Pendant ce temps, d’importantes questions entourant la destruction de l’avion ont été totalement ignorées par les officiels américains et les médias occidentaux.  Pourquoi ? Peut-être parce qu’elles soulèvent la possibilité qu’il pourrait y avoir une explication différente :
Jusqu’à présent, l’ensemble du dossier fourni par le Département d’Etat américain et l’administration Obama se réduit à quelques vidéos très douteuses provenant des réseaux sociaux rassemblées juste après l’incident, et à de vieilles photos satellitaires en basse résolution prises par une société privée (DigitalGlobe), accompagnées d’une pléthore de ”trust us” (faites-nous confiance).
Néanmoins, malgré le manque de preuves solides, vérifiées et convaincantes, cette version est désormais reprise telle quelle dans les medias, et presque tout le monde aux USA, au Royaume-Uni et dans la plupart des pays européens vous dira que Poutine ou la Russie est responsable.
De la même façon, en 2007, des années après que les faits ont été vérifiés et connus, à la question : ”Pensez-vous que le régime de Saddam Hussein en Irak ait été directement impliqué dans l’élaboration, le financement ou la réalisation des attaques terroristes du 11 septembre 2001 ?“, 41 % des Américains répondaient ‘oui’, alors que la réponse correcte était (et reste) ‘Absolument pas’.
C’est un fait de la vie moderne que la plupart des gens n’accordent pas suffisamment d’importance aux événements mondiaux. En raison de ce manque d’intérêt, même les mensonges les plus évidents peuvent être rapidement ancrés dans l’opinion publique comme vérité, s’ils sont relayés par les principaux médias.
Aujourd’hui, en juillet 2014, il y a une volonté de provoquer une guerre similaire à celles qui ont été conduites en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003. D’importantes questions ne sont pas soulevées par les médias, notre une-fois-de-plus-défaillant quatrième pouvoir, et des arguments politiques sans fondement ni vérification sont simplement repris comme des faits.
Mais, cette fois, la ferveur guerrière est dirigée contre une puissance nucléaire, non vers un pays délabré du Moyen-Orient. Et l’enjeu pourrait difficilement être plus élevé. Pour l’Europe, même si les choses ne vont pas plus loin, les dégâts économiques (nous n’en connaissons pas encore l’ampleur ou jusqu’à quel point ceux-ci pourraient empirer) ont déjà été portés à sa fragile reprise. Les peuples Européens devraient vraiment s’interroger sur ce qu’ils espèrent obtenir en mettant Poutine dos au mur.
Après tout, il se peut que cela ne soit pas même possible. Il jouit d‘un taux d’opinion favorable de 83 % en Russie, un niveau qui va au-delà des rêves les plus fous de la plupart des politiciens Occidentaux; de plus son pays fournit une grande partie du gaz naturel de l’Europe et une fraction considérable du pétrole mondial. La perte, même temporaire, d’une partie de ces ressources serait un coup douloureux pour l’Europe, pendant qu’un déficit soutenu d’exportation pétrolière handicaperait le monde entier.
Parmi les milliers de colonnes de journaux diabolisant Poutine que j’ai lues sur le déroulement des événements en Ukraine et le MH-17, je n’ai pas réussi à trouver une seule réponse convaincante à cette question: Quel intérêt vital américain est en jeu si la Russie garde la Crimée et aide à défendre les russophones le long de sa frontière ? À ma connaissance, personne au département d’Etat [américain] ou à la Maison Blanche n’a émis là-dessus le moindre mot.
À ce stade, la seule chose que nous savons est : l’Occident pense que la Russie est méchante, et que Poutine est pire. Mais, étant donné les enjeux, nous méritons tous d’en savoir plus. Beaucoup plus. Nous méritons d’avoir des réponses claires et complètes.
Il y a beaucoup de non-dits dans cette histoire, par exemple des promesses non tenues, d’alléchantes ressources naturelles, des enjeux de pouvoir, et un dangereux amateurisme diplomatique de la part de l’administration américaine.

Diplomatie et qualités d’Hommes d’État

Ma plus grande crainte lorsque je vois leur précipitation à juger avant que les faits n’aient été établis – ou pire, à se ruer vers la guerre – est que les personnes à la tête de cette mascarade à la Maison-Blanche et au Département d’État ne soient pas taillés de la même étoffe que les diplomates de la vieille école qui les ont précédés.
Après tout, de nombreux désaccords extrêmement dangereux ont émergé par le passé (la Crise des Missiles de Cuba, ça vous dit quelque chose ?). Pourtant, lors de ces incidents, une solution a toujours pu être trouvée par des négociations entre les parties, nous épargnant des conséquences funestes.
Dans ce sens, je trouve le récent article de Pat Buchanan – avec lequel j’ai pourtant eu mes désaccords par le passé – tout à fait pertinent.
A quel moment la question de savoir quel drapeau flottait au-dessus de Donetsk ou de la Crimée est-elle devenue assez importante pour que nous armions les Ukrainiens contre les rebelles soutenus par les Russes, et envisagions de garantir à Kiev une intervention militaire de l’OTAN, nous menant ainsi potentiellement vers un conflit avec une Russie dotée de l’arme nucléaire ?
Depuis Franklin D. Roosevelt, les présidents des États-Unis ont compris que l’Amérique ne pouvait se couper des maîtres de l’une des nations les plus importantes au monde. Ike Eisenhower invita Khrouchtchev à faire le tour des Etats Unis après que celui-ci eut noyé dans un bain de sang la révolution hongroise. Après que Khrouchtchev ait installé des missiles à Cuba, John Fitzgerald Kennedy en appela très rapidement à  une nouvelle Détente à l’Université Américaine.
Dans les semaines qui suivirent l’intervention des armées du pacte de Varsovie écrasant le printemps de Prague en Août 1968, Lyndon B. Johnson chercha à organiser une réunion avec Alexeï Kossyguine.
Après avoir durement condamné Moscou pour la destruction en vol du Kal 007 en 1983, ce vieux vétéran de la guerre froide  Ronald Reagan recherchait une rencontre au sommet.
Le fait est que chaque Président, de Roosevelt à Georges H. Bush, et ce même après un affrontement avec Moscou pour des raisons biens plus graves que le conflit ukrainien actuel, ont toujours cherché à renouer des liens avec les hommes du Kremlin.
Quoi que nous pensions alors des dictateurs soviétiques, entre le blocus de Berlin, l’Europe de l’est placée sous leur joug, la crise des missiles à Cuba, la fourniture d’armes aux Arabes pour attaquer Israël, Ike (NdT: Dwight D. Eisenhower), JFK, Lyndon Baines Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan et Bush père ont toujours recherché l’apaisement avec les dirigeants russes.
Eviter une guerre catastrophique exigeait une volonté de dialogue.
Comment pouvons-nous expliquer les aboiements de la politique étrangère américaine cherchant à confronter, isoler et immobiliser la Russie et à faire de Poutine un pestiféré moral et politique avec qui des politiciens honorables ne pourraient jamais négocier ? (Source) 
Il s’agit d’un véritable chef-d’oeuvre de mise en abyme. Les anciens présidents américains ont réussi à maintenir le dialogue avec Staline, lui qui a tué des millions de personnes, et avec Khrouchtchev qui a directement menacé les États-Unis de ses missiles nucléaires.
Qu’a fait Poutine pour dépasser les excès de ses prédécesseurs russes/soviétiques?
Ce que les États-Unis appellent ”l’annexion illégale de la Crimée” était en fait le résultat d’un plébiscite massif. 97% des Criméens ont voté en faveur d’une intégration à la Russie.
Pour récapituler, la population criméenne a voté à une écrasante majorité la prise en main de son avenir de la manière qu’elle considère la mieux adaptée ; et on n’a déploré aucun mort au cours de l’annexion. Si vous me demandez mon avis, cela semble tout à fait pacifique et démocratique. Mais que préférerait la Maison Blanche ? Invalider ce référendum et unir de force les Criméens au reste de l’Ukraine ? Et dans quel but ? Pour éviter aux cartographes de devoir redessiner les frontières fluctuantes de l’Ukraine ? Il est plus probable (et c’est bien cela qui m’inquiète) que les individus actuellement au pouvoir à Washington ne vaillent pas les anciens. En effectuant une recherche, je suis tombé sur un entretien avec George Kennan, en date de 1998. Je l’ai trouvé à la fois éclairant et inquiétant :
La voix est certes un peu chevrotante, mais à 94 ans, son esprit est toujours aussi aiguisé. Aussi lorsque j’ai contacté George Kennan par téléphone pour recueillir sa réaction à la ratification par le Sénat de l’élargissement de l’OTAN, je ne fus pas surpris de constater que l’homme qui avait été l’instigateur de l’endiguement de l’Union Soviétique, et un des grands hommes d’État américains du XXe siècle avait une réponse toute prête.
Je pense que c’est le début d’une nouvelle guerre froide“, a dit M. Kennan de sa résidence de Princeton.
Je pense que les Russes réagiront graduellement et de façon négative et que cela aura des conséquences sur leur politique. Je pense que c’est une énorme erreur. Il n’y avait aucune espèce de raison à cela. Personne ne menaçait personne.          De telles velléités expansionnistes feraient se retourner dans leurs tombes les Pères fondateurs de notre nation. Nous nous sommes engagés à protéger tout un ensemble de pays bien que nous n’ayons ni la capacité ni l’intention de le faire de façon sérieuse. [L'expansion de l'OTAN] n’a été qu’une initiative prise à la légère par un Sénat peu intéressé par les affaires étrangères”.
Ce qui m‘ennuie c’est de voir à quel point tout le débat au Sénat a été superficiel et mal documenté” a ajouté M. Kennan, qui était présent à la création de l’OTAN et dont l’article anonyme de 1947 dans le journal des Affaires étrangères, signé “X”, a défini pendant quarante ans la politique américaine d”endiguement à l’époque de la guerre froide.
“J’ai  été particulièrement troublé par les références à la Russie comme pays mourant d’envie d’attaquer l’Europe occidentale. Les gens ne comprennent-ils pas ? Nos divergences lors de la guerre froide tenaient au régime communiste soviétique. Et maintenant, nous tournons précisément le dos au peuple qui a organisé la plus grande révolution pacifique de toute l’histoire pour éradiquer ce régime soviétique.
“Et  la démocratie de la Russie est aussi avancée, si ce n’est davantage, que celle de n’importe lequel de ces pays que nous venons de nous engager à défendre contre la Russie,” a dit M. Kennan, qui a rejoint le Département d’État en 1926 et fut l’Ambassadeur américain à Moscou en 1952.
“Cela montre un manque presque total de compréhension de l’histoire russe et de l’histoire soviétique. Bien évidemment, les Russes vont mal réagir, et [les expansionnistes de l'OTAN] pourront déclarer “nous vous avions bien dit que les Russes étaient comme ça” - mais cela sera totalement faux .”
Alors qu’il s’apprêtait à raccrocher, M. Kennan ajouta seulement une chose : “Tout ceci a été ma vie, et c’est une grande peine que de le voir fichu en l’air au final. (Source) (Traduction complète sur ce blog)
Voilà qui semble assez bien vu de la part de ce grand homme d’État. Les tentatives d’attirer la Russie dans notre giron ont été supplantées par un discours querelleur, fait de piques et de menaces à son encontre, qu’on hésite à appeler diplomatie. Et nous n’avons plus désormais droit qu’à d’incessantes répétitions sur le thème : “oh, vous savez, c’est dans les gènes des Russes“. À la place, nous pourrions aussi remarquer que le débat actuel n’a ni profondeur, ni base factuelle solide. Comme je l’ai écrit dans un article pour Ukraine Flashpoint, l’expansion de l’OTAN vers l’Est en direction de la Russie s’est faite alors même que les États-Unis s’étaient explicitement engagés à ne pas étendre l’alliance. “Pas d’un pouce“, voilà ce qu’ils avaient promis. Ce serment a été violé sciemment et de manière répétée. Alors qui est vraiment celui qui a de bonnes raisons de ne pas faire confiance à l’autre ?
Les Occidentaux ont eu l’occasion de nouer des relations de partenariat rapproché avec la Russie, ses capacités étendues et ses ressources. Mais pour une raison quelconque (le complexe militaro-industriel, peut-être, ou les contributions financières de celui-ci à certaines campagnes électorales ?), il a été au contraire décidé, sous Clinton, de violer l’accord concernant l’expansion de l’OTAN, et d’opérer un déplacement vers l’est.
Le dernier empiétement a amené l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, et a placé des millions de personnes de culture russe sous la férule des ultranationalistes ukrainiens. Certains de ces ultranationalistes ont été enregistrés alors qu’ils préconisaient “d’atomiser” les 8 millions de citoyens russophones d’Ukraine.
Peut-être était-ce une menace en l’air. Cependant, une des premières actions du nouveau gouvernement de Kiev, en février dernier, fut de révoquer l’usage officiel de la langue russe.
Peut-être la plus flagrante des erreurs du nouveau gouvernement de Kiev est-elle survenue la semaine dernière, quand des députés du parti nationaliste Svoboda, ou Liberté, ont abrogé une loi qui donnait un statut d’égalité aux langues minoritaires telles que le russe.
La loi précédente avait permis aux régions du pays d’utiliser des langues autres que la langue nationale officielle, l’ukrainien, sur des panneaux commerciaux, dans les écoles et dans les documents gouvernementaux. Quand elle avait été promulguée en 2012, elle avait été vue comme une victoire pour les zones où le russe était la langue majoritaire, particulièrement à l’est et au sud.
Inutile de dire qu’il y a une très longue liste de très bonnes raisons pour lesquelles les russophones à l’est de l’Ukraine pourraient vouloir échapper à la domination de l’Ukraine occidentale.

Propagande

La  propagande est de l’information conçue pour induire en erreur et provoquer une réponse émotionnelle. Les couvertures de journaux occidentaux et les magazines ont été absolument saturés de propagande anti-Poutine. Après un journalisme aussi racoleur et  mensonger, quel genre de dialogue, quel rapprochement peut-on proposer à Poutine ?
Est-ce qu’Obama (ou n’importe quel autre dirigeant) ne serait pas considéré comme ‘pactisant avec l’ennemi ‘ s’il engageait le dialogue avec Poutine après tout cela ?
Cette couverture de Newsweek avec ce visage sombre et ces champignons atomiques qui se reflètent dans ses lunettes est particulièrement sinistre. Quel est exactement le message présenté ? Eh bien, c’est facile. C’est Armageddon.
Avant que vous ne preniez les points de vue de Newsweek trop au sérieux, vous devez savoir que cette respectable publication a traversé quelques périodes difficiles, a cessé de publier  pendant quelque temps, a été rachetée et est maintenant dirigée par ces gens :
Samedi, des nouvelles jaillirent, annonçant qu’IBT Média, une entreprise qui publie le journal d’affaires en ligne (au moins, en théorie) International Business Timesavait racheté  Newsweek  à IAC. Ainsi IBT Média possède maintenant NewsweekMais qui contrôle IBT Média ?
Le site de la direction de l’entreprise IBT liste deux cofondateurs : Etienne Uzac, le PDG, et Jonathan Davis, son Responsable des contenus.
Mais certains disent que la société est en réalité contrôlée par - ou a minima est liée par des liens forts et non révélés à -  quelqu’un dont le nom n’apparaît nulle part sur le site : David Jang, un prédicateur chrétien coréen controversé qui a été accusé de s’appeler lui-même « lChrist Revenu ».
Avant qu’il ne fonde IBT, M. Davis était le directeur du département  Journalisme à l’Université Olivet de M. Jang. (Source)
De sorte que Newsweek peut ou pas avoir des projets plus vastes que de simplement  relayer des faits. C’est un autre de ces cas où la conscience de l’existence d’un biais éditorial aide à maintenir un sain scepticisme.
Mais au-delà de Newsweek, tout l’éventail des publications, du NYTimes au Washington Post en passant par le Financial Times, ainsi que tous les autres grands organes du quatrième pouvoir, reprend le slogan “Poutine responsable”.
Et, il faut le répéter, tout cela sans aucune preuve solide, aucune ! Avec, en plus, tout un catalogue de questions légitimes et sérieuses qui ne suscitent qu’une totale apathie pour leur étude dans les principaux médias, et un silence radio complet des agences gouvernementales alors que celles-ci devraient les examiner et les traiter.
Cette campagne de propagande implacable à l’encontre de la Russie (de manière générale) et de Poutine (en particulier) atteint désormais son paroxysme. Je conseillerais d’être extrêmement suspicieux à l’encontre de tous les médias choisissant de diffuser cette propagande. On peut peut-être faire confiance à leurs pages ”voyage et cuisine”, mais je préconiserais de lire leur première page avec beaucoup de scepticisme.

Énerver l’ours.

Dans ce contexte, nous pouvons maintenant comprendre à quel point la Russie doit être irritée par les sanctions dont elle fait l’objet, adressées contre certaines de ses industries et dans certains cas, contre des citoyens riches et influents.
Depuis l’attentat contre le MH-17 et la supposée implication de la Russie, ce pays a été accusé de tirs d’artillerie et de roquettes sur sa frontière ukrainienne. La seule ”preuve” fournie pour étayer cette accusation sont des photos satellite grossières provenant d’une entreprise privée.
On a ensuite (littéralement) dessiné des traits sur ces photos pour montrer des trajectoires *qu’auraient pu* suivre les missiles.
Puis ces images fantaisistes ont été répandues depuis le compte Twitter de Geoffrey Pyatt comme étant des faits objectifs. Si le nom ne vous est pas familier, il est ambassadeur des États-Unis d’Amérique en Ukraine ; celui-là même dont la conversation enregistrée avec Victoria Nuland (assistante du ministre des Affaires étrangères) évoquait le coup d’État imminent contre le Président ukrainien Viktor Ianoukovitch.
Par la suite, un tribunal occidental de La Haye a subitement décidé que l’État russe devait dédommager les anciens actionnaires du géant pétrolier russe Ioukos à la hauteur de 50 milliards de dollars. Quelle surprise!
Dans une réponse glaçante, un proche de Poutine aurait déclaré: « une guerre se prépare en Europe. Pensez-vous vraiment que tout cela ait une importance ? »  À la suite de quoi les États-Unis ont accusé la Russie de violer le traité de 1987 sur les armements nucléaires en testant des missiles au sol en… attendez voir… 2008. Je suis sûr que ce timing n’est en aucune façon lié au conflit ukrainien, bien sûr…
Plus récemment, les États-Unis et l’UE ont ajouté des sanctions supplémentaires contre la Russie et certains de ses concitoyens.
Obama se joint à l’Europe en étendant les sanctions contre la Russie   29 juillet 2014
WASHINGTON - Le président Obama a annoncé des sanctions étendues contre la Russie mardi, quelques heures seulement après que l’Union Européenne ait imposé des mesures plus radicales encore pour pénaliser Moscou de son soutien aux séparatistes dans l’Ukraine voisine.
Les dernières mesures américaines visent plusieurs banques russes et une grande firme industrielle darmement, mais elles sont aussi allées plus loin que les mesures précédentes en bloquant la vente de technologies petrolières afin d‘inhiber la capacité de la Russie à exploiter de nouvelles ressources.
Ces mesures étaient destinées à rejoindre celles dévoilées plus tôt dans la journée en Europe.
« Aujourd’hui, nous rappelons que les États-Unis pensent ce qu’ils disent et que nous allons rejoindre la communauté internationale pour soutenir les droits et la liberté des personnes à travers le monde » a déclaré M. Obama sur la pelouse sud de la Maison-Blanche. (Source)
On pourrait imaginer que les ”droits et la liberté des personnes” pourraient inclure la liberté de voter pour choisir son avenir, ainsi que le droit de ne pas être gouverné par des gens hostiles à sa langue et à ses coutumes, mais apparemment le Gouvernement Obama a d’autres idées pour les habitants de la Crimée et de l’Ukraine orientale.
Le dernier acte d’hostilité des États-Unis à l’encontre de la Russie que l’on doit souligner ici concerne un projet de loi du Sénat introduit par un membre du Comité des affaires étrangères, le sénateur Bob Corker. Le projet décrit ce qui se passerait si la Russie “n’obtempérait pas” et ne quittait pas la Crimée et l’Ukraine dans les sept jours suivant l’adoption de la loi.
Un ultimatum du GOP (Parti Républicain) à Vlad
Le projet de loi de Corker déclarerait la Moldavie, la Géorgie et l’Ukraine “alliés majeurs non-OTAN” des EU, transporterait des forces de l’OTAN en Pologne, Lituanie, Lettonie et  Estonie, accélérerait la mise en place d’un système ABM (missiles antibalistiques) en Europe de l’Est, et autoriserait l’apport d’une aide US à l’armée ukrainienne, dans les domaines du militaire et du renseignement, pour sa guerre au Donbass contre les séparatistes soutenus par la Russie.
L’aide US comprendrait des armes antichars et antiaériennes
Le projet de loi sénatorial S. 2277 imposerait au secrétariat d’État un surcroît d’efforts pour renforcer les institutions démocratiques à l’intérieur de la Fédération de Russie, par exemple en sapant le gouvernement de Vladimir Poutine, dans la perspective d’un changement de régime.
Si Poutine n’a pas évacué la Crimée ni retiré son soutien aux séparatistes ukrainiens sept jours après la proclamation de l’ultimatum Corker, des sanctions radicales seraient imposées aux officiels russes, ainsi qu’aux banques et aux entreprises du secteur de l’énergie, Gazprom compris.
Les relations économiques seraient littéralement rompues.
En résumé, il s’agit d’un ultimatum à la Russie lui signifiant qu’elle devra affronter une nouvelle guerre froide si elle ne se retire pas d’Ukraine et de Crimée, et les USA déclareront désormais considérer trois ex-républiques soviétiques - la Moldavie, l’Ukraine et la Géorgie -, comme leurs alliées. (Source)
Malheureux George Kennan. Une nouvelle fois, le Sénat américain agit sans souci d’humilité ou de perspective historique.
Le peuple de Russie n’est pas disposé à se laisser harceler par le Sénat américain, tout comme le Sénat américain refuserait les diktats du parlement russe. C’est une simple question de bon sens.
Il est tout à fait évident que n’importe quelle loi de ce genre adoptée par le pouvoir législatif américain aurait pour conséquence d’éroder, si ce n’est de faire s’effondrer, les relations et les liens économiques entre la Russie et les États-Unis.
La principale conclusion à tirer de tout cela est que non seulement les États-Unis provoquent l’ours mais qu’ils le font à une fréquence accrue et en augmentant la mise à chaque fois.
Dans la seconde partie : Comment la confrontation à venir se déroulera, nous étudierons les scénarios les plus plausibles sur l’issue où peuvent mener les tensions actuelles entre l’Occident et la Russie. Quel que soit le chemin emprunté, il y aura au moins quelques expériences douloureuses pour l’Occident dont l’Europe souffrira en premier et au plus haut degré (cependant les États-Unis ne seront pas épargnés). Et, malheureusement, il n’est pas hasardeux de dire que ce conflit Est-Ouest ne fera qu’accélérer la correction imminente des marchés mondiaux soumis à l’instabilité, aux bulles et aux effets de levier abusifs.
Cliquer ici pour lire la seconde partie de ce rapport (le résumé opérationnel est gratuit, mais il est nécessaire de s’enregistrer pour y avoir librement accès)
Source : Chris Martenson  Traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
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Début de la partie 2
Sommaire
  • Les quatre scénarios les plus probables de réaction russe
  • L’Europe est plus vulnérable et ressentira plus rapidement les effets négatifs que les USA (bien qu’il y aient aussi des risques pour les USA)
  • Le risque pour l’économie mondiale et les marchés financiers
L’Europe sera la première à en payer le prix.
L’Europe est déjà au bord d’une contraction économique pure et simple et ne peut se permettre une guerre de sanction avec la Russie, partenaire commercial majeur. Alors que les sanctions imposées par l’Europe ont été très soigneusement façonnées pour causer un minimum de difficultés économiques pour elle-même, tout en imposant une pression maximale sur la Russie, un retour de bâton est inévitable.
30 juillet 2014
Les sanctions visant à imposer des difficultés économiques à la Russie à la suite du crash du vol MH17 vont toucher l’économie du Royaume-Uni, a prévenu le secrétaire aux Affaires étrangères Philip Hammond, ajoutant : ’on ne fait pas une omelette sans casser des oeufs’.
Hammond dit que les mesures ont été conçues pour maximiser l’impact sur la Russie et minimiser les effets sur les économies européennes.
Cela va affecter notre économie… mais on ne peut pas faire d’omelette sans casser des oeufs, si l’on veut imposer des difficultés économiques à la Russie pour essayer de l’encourager à se comporter correctement dans l’est de l’Ukraine et à ouvrir l’accès au site du crash, alors nous devons être prêts à prendre ces mesures,” a-t-il dit à Sky.
 Mercredi, le ministre russe des Affaires étrangères a critiqué le nouvel éventail des sanctions européennes, disant qu’il était décevant que l’Europe soit incapable d’agir indépendamment de Washington sur la scène internationale.
Nous avons honte de l’Union européenne qui, après avoir cherché pendant longtemps à parler d’une voix unie parle maintenant avec la voix de Washington et a pratiquement abandonné les valeurs de base de l’Europe, dont la présomption d’innocence“, a déclaré le ministre dans un communiqué. (Source)
En effet, il est facile d’imaginer à quel point la Russie peut être déçue qu’il traîne tellement de questions non résolues à propos du MH-17, et que malgré tout, l’Europe se précipite pour mettre en place des sanctions, malgré la longue et chaleureuse histoire d’échanges économiques qui lient ces pays.
Source et suite (si quelqu’un y a accès, merci de me l’envoyer…)) : Chris Martenson

Source: http://www.les-crises.fr/la-precipitation-inconsideree-de-loccident-vers-le-declenchement-dune-guerre-contre-la-russie/


Débat Europe 1 sur la crise avec la Russie

Tuesday 5 August 2014 at 00:01

J’étais invité le 31 juillet à un débat sur la Russie sur Europe 1 :

Sanctions contre la Russie : quel prix pour la France ?

- Galia Ackerman, historienne et journaliste (née en Russie) [OB : proche de Caroline Fourest]

- Olivier Berruyer, économiste, actuaire (rédacteur du site les-crises.fr)

- Yves Bourdillon, journaliste au service international des Echos

Source: http://www.les-crises.fr/debat-europe1-russie/


En faisant preuve de retenue, la Russie n’a fait que persuader Washington qu’elle était faible, par Paul Craig Roberts

Monday 4 August 2014 at 18:12

Un billet de Paul Craig Roberts… Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général…

Paul Craig Roberts, 1er août 2014

Je viens juste d’entendre deux choses sur la radio publique nationale [NPR] qui ont complètement anéanti le peu de confiance qu’il me restait encore dans l’Administration américaine. J’en ai conclu que l’expression « un Américain intelligent » est un oxymore.

Les élites américaines ont décidé que les Américains n’étaient pas suffisamment menacés par la guerre et le chaos économique, aussi nous apportent-elles le virus Ebola en Amérique. La radio publique nationale [NPR] a annoncé que deux personnes infectées par le virus Ebola, qui est incurable et généralement mortel, ont été conduites à l’hôpital universitaire d’Emory à Atlanta, en Géorgie. Il suffit d’une toux, d’un éternuement, d’une goutte de salive, et le virus est relâché dans l’un des principaux centres du réseau de transport des États-Unis.

Une pandémie, ça vous tente ? Il y a peu de doutes que toute la planète ou presque pousserait un grand soupir de soulagement d’être débarrassé de Washington.

Les porteurs de l’Ebola seront prétendument mis en quarantaine dans des locaux spéciaux. Mais nous savons déjà que les hôpitaux américains ne sont même pas capables de contenir les infections nosocomiales [http://rt.com/usa/177408-nightmare-bacteria-antibiotic-southeast/]. Qu’advient-il des couverts, assiettes, bols et verres qu’utilisent les personnes infectées pour manger et boire? Et qui s’occupe de nettoyer les lits? Une bourde faite par une personne, une déchirure dans un gant en caoutchouc, et le virus est lâché dans la nature.

Si on ne meurt pas d’Ebola, on devra encore échapper à une guerre nucléaire.

J’ai écouté une partie de la conférence de presse d’Obama. Obama accuse Poutine de faire tout ce qu’Obama est le seul à faire. Si Obama croit ce qu’il a dit à la presse, il se laisse mener en bateau par ses conseillers. S’il ne croit pas en la propagande grossière dont il parle, il nous mène tout à fait consciemment vers une guerre avec la Russie, ce qui signifie probablement aussi la guerre avec la Chine et notre fin à tous.

Gardez à l’esprit qu’en huit ans, l’armée américaine a été incapable d’occuper l’Irak avec succès, et qu’en 13 ans, les États-Unis ont été incapables de venir à bout de quelques milliers de Talibans faiblement armés en Afghanistan.

La Russie et la Chine ne sont pas l’Irak, la Libye ou l’Afghanistan.

La guerre avec la Russie sera nucléaire. Washington s’y est préparé. Washington a abandonné le traité ABM, a créé ce qu’il pense être un « bouclier anti-missiles balistiques », et a changé sa doctrine de guerre pour permettre aux USA de lancer les premiers une attaque nucléaire . Tout ceci évidemment dirigé contre la Russie, ce que son gouvernement sait très bien. Combien de temps la Russie va-t-elle rester les bras croisés à attendre la première frappe de Washington ?

La Russie n’a rien fait d’autre que d’opposer des obstacles tardifs aux mensonges de Washington, ceux que Washington utilise pour déclencher des guerres. La Russie (et la Chine) se sont laissées berner par Washington et les armes de destruction massive irakiennes. La Russie (et la Chine) se sont laissées berner par Washington sur la soi-disant traque de 13 ans de Ben Laden, qui aurait nécessité la conquête et l’occupation de l’Afghanistan. La Russie (et la Chine) sont tombées dans le panneau lorsque Washington a affirmé que la résolution des Nations unies établissant une zone d’exclusion aérienne sur la Libye avait pour but d’empêcher l’armée de l’air de Kadhafi de bombarder son propre peuple. Avant de découvrir que Washington faisait un usage abusif de cette résolution en envoyant la force aérienne de l’OTAN renverser le gouvernement libyen.

Lorsque Washington a tracé une « ligne rouge » concernant l’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement syrien contre les forces extérieures – celles que Washington avait organisées et envoyées en Syrie pour renverser le gouvernement – ne cessant de prétendre que ces mercenaires islamistes étaient les vrais représentants de la démocratie en Syrie, la plus grande partie du monde a su que Washington était sur le point d’organiser une attaque chimique et d’accuser Assad. Quand l’attaque a eu lieu au moment prévu, cette fois la Russie et la Chine ne s’y sont pas laissé prendre. Pas plus que le Parlement britannique. Washington n’a pu produire la moindre preuve des accusations que Washington avait montées de toute pièce, et qui lui auraient au moins valu le concours des Britanniques pour un assaut militaire contre la Syrie. La Russie, en revanche, fut capable d’apporter des preuves, et celles-ci ont déjoué le complot de Washington à l’encontre de la Syrie.

Cette intervention de la Russie a provoqué la colère de Washington, tout comme celle qui avait déjoué les manigances de Washington en vue d’attaquer l’Iran. Washington, sans aucune preuve, et en contradiction avec les rapports des inspecteurs de l’Agence Internationale pour l’Énergie Atomique opérant sur le terrain, selon lesquels il n’y avait jamais eu de détournement d’uranium du programme nucléaire légal vers un programme d’armement, avait quand-même mis en place ce qu’il fallait pour une attaque de l’Iran. Celle-ci s’est retrouvée encerclée par une quarantaine de bases militaires américaines et menacé par deux des flottes de Washington au large de ses côtes.

Mais la Russie s’est interposée et a élaboré un plan que Washington a été obligé d’accepter : maintenir l’enrichissement d’uranium iranien à un niveau suffisant pour produire de l’énergie, mais bien trop bas pour servir à l’armement.

Deux mauvaises notes pour la Russie, dont le gouvernement a empêché des guerres que Washington voulait. La Russie (et la Chine) étaient censées avaliser les mensonges de Washington, à l’instar des États-pantins de l’Europe et autres pays lui ayant abandonné leur souveraineté depuis belle lurette : Canada, Australie, et Japon.

Malheureusement pour elle, en montrant qu’elle avait à présent suffisamment de pouvoir et d’influence pour bloquer les plans de guerre de Washington, la Russie a, de facto, déclenché la doctrine Wolfowitz à son encontre. J’ai déjà cité cette doctrine dans des articles récents, mais vous pouvez chercher sur Google et la découvrir par vous-même. Cette doctrine est la base de la politique étrangère de Washington. Elle affirme que l’objectif principal de Washington est d’empêcher la montée de tout pays qui pourrait faire obstacle à son hégémonie sur le monde. (La doctrine mentionne explicitement la Russie, mais elle s’applique aussi à la Chine.)

Washington est perturbé parce que la Russie a, par deux fois, déjoué ses intentions belliqueuses et parce que le Parlement du Royaume-Uni, État fantoche des US, a voté du côté des Russes.

Washington est aussi préoccupé par la montée des relations économiques et politiques entre ses marionnettes européennes et la Russie. Les pays européens, particulièrement l’Allemagne, ont des liens économiques nombreux et fructueux avec la Russie, et toute l’Europe est dépendante de la fourniture d’énergie russe.

Washington a donc conclu qu’il risquait de voir le contrôle de l’Europe lui échapper. Pendant que le gouvernement russe s’endormait aux commandes lors des Jeux olympiques, Washington a réussi son coup à Kiev.

Le néoconservatrice Victoria Nuland, appointée par Obama comme Sous-secrétaire d’Etat, a annoncé en conférence de presse en décembre dernier que Washington avait dépensé cinq milliards de dollars, achetant des ONG ukrainiennes pour former une “cinquième colonne” pouvant s’introduire dans des manifestations en vue de déstabiliser un gouvernement, manipulant et achetant des politiciens ukrainiens destinés à servir de larbins à Washington. Nuland,bien sûr, a présenté cet achat de l’Ukraine par Washington comme étant “une grande avancée” de la démocratie.

Le coup d’État de Washington contre un gouvernement démocratiquement élu a mis au pouvoir des extrémistes proclamant leur haine des Juifs et des Russes. Ces extrémistes ont détruit les mémoriaux russes commémorant la libération de l’Ukraine du Troisième Reich par la Russie, ont proscrit le russe comme langue officielle régionale, et s’en sont violemment pris physiquement aux russophones.

L’Ukraine a toujours été une zone aux frontières changeantes. Comme l’ont dit certains, « l’Ukraine est un pays à la recherche de frontières ». Quand l’Ukraine était une province soviétique, les dirigeants soviétiques rattachèrent, pour diverses raisons, des provinces traditionnellement russes à la République Socialiste Soviétique d’Ukraine. Après l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991, la pression de Washington sur une Russie affaiblie conduisit à séparer l’Ukraine de la Russie, y compris la Crimée qui faisait partie de la Russie depuis les années 1700 et constituait son accès aux mers chaudes.

Les populations russes des ex-territoires russes rattachés à l’Ukraine, de manière inconsidérée, par les dirigeants soviétiques ont été alarmées par l’extrême russophobie du gouvernement mis en place à Kiev par Washington. Les ex-territoires russes ont voté pour rejoindre leur pays d’origine et quitter l’Etat fantoche russophobe établi à Kiev par les États-Unis.

Le gouvernement russe a accepté la demande de la Crimée, mais a repoussé les demandes émanant d’autres ex-provinces russes afin de démontrer à l’Europe que la Russie ne faisait pas de provocation et n’était pas à l’origine de cette crise. Poutine a même fait annuler par la Douma son pouvoir d’intervenir en Ukraine pour protéger les provinces sécessionnistes. Cette retenue a gêné plus qu’aidé la position du gouvernement russe. Washington a usé de sa machine de propagande pour qualifier l’autodétermination des Criméens d’« invasion et annexion de la Crimée par la Russie ».

La retenue de la Russie à l’égard des demandes des autres anciennes provinces russes pour rejoindre la Russie a eu pour conséquence une attaque militaire déclenchée par le gouvernement fantoche de Kiev, encouragé par Washington, contre les provinces séparatistes, attaque que la Russie a refusé d’accepter. La propagande de Washington a ensuite réussi à accuser la Russie d’être responsable de la guerre que Washington a lancée sur les provinces séparatistes.

Washington n’a aucun intérêt pour la vérité. De ce fait, la Russie ne peut pas gagner la propagande de guerre lorsque Washington en contrôle la langue : l’anglais. Les médias occidentaux, quant à eux, sont des abrutis donnant les mains libres à Washington pour exterminer toute vie sur Terre.

Si le gouvernement russe avait accepté la demande des provinces séparatistes, il n’y aurait eu aucune guerre. Le gouvernement ukrainien est certes cinglé et contrôlé par Washington, mais pas au point d’attaquer les territoires reconnus par la Russie comme étant les siens.

En faisant preuve de retenue, la Russie n’a fait que persuader Washington qu’elle était faible, et Washington a augmenté la pression. La Russie a convaincu l’Europe qu’il ne lui en coûterait rien de se plier aux sanctions de Washington contre la Russie. En comptant sur la bonne volonté, la raison, la vérité et les preuves, la Russie s’est trompée sur Washington et ses serviles marionnettes européennes.

Ce qu’Obama voulait dire lors de sa conférence de presse à la Maison Blanche aujourd’hui (1er août) lorsqu’il a dit que Poutine devrait utiliser la diplomatie – ce que Poutine n’a cessé de faire en vain – c’est que Poutine devrait rendre la Crimée au gouvernement de pantins de Washington à Kiev, malgré l’opposition des habitants de Crimée et du peuple russe. Cela permettrait à Washington d’expulser la Russie de son port de mer chaude et de son accès à la mer Méditerranée et rendrait inutile la base navale de la Russie à Tartous, en Syrie. Obama veut aussi que Poutine envoie des forces militaires russes dans les zones séparatistes de l’Ukraine, régions qui faisaient traditionnellement partie de la Russie, pour soumettre ces territoires séparatistes au gouvernement de pantins de Washington à Kiev.

Telle est la position « diplomatique » de Washington. Seule une personne totalement démente pourrait considérer la position d’Obama comme réaliste.

En tant que personne considérée comme saine d’esprit par les médias mondiaux, et parvenant à des conclusions raisonnables malgré la propagande de Washington, je suis souvent interviewé par des médias étrangers ainsi que des médias américains indépendants. Dernièrement, les médias russes se sont tournés vers moi à de nombreuses occasions. Ce que j’ai appris est que l’hostilité de Washington envers la Russie rend perplexes les médias russes.

La Russie n’agit pas dans le vieux Sud Confédéré pour essayer de monter les États sudistes contre Washington du fait des vols, des meurtres et de la destruction de la culture sudiste commis par Washington. Mais Washington se permet d’agir dans le sud de la Russie en essayant de monter l’Ukraine, longtemps partie intégrante de la Russie, contre la Russie.

Comme les Russes, sauf peut-être au sein du gouvernement, ignorent l’existence de la doctrine Wolfowitz, ils ne savent pas que le but principal de Washington est d’empêcher l’avènement de toute autre puissance qui pourrait limiter son rôle de Moi-le-Pouvoir-Unique, d’Hegemon sur la Terre. Au lieu de comprendre la véritable nature de la menace, les médias russes me demandent si les finances russes peuvent se permettre de répondre aux sanctions de Washington et de l’UE en coupant les approvisionnements en énergie de l’Europe.

Je suis surpris à chaque fois que j’entends cette question. La Russie peut provoquer l’arrêt d’une grande partie de l’industrie européenne et priver les Européens de chauffage pendant l’hiver, et les médias russes me demandent si la Russie peut se le permettre ?!

La Russie peut-elle se permettre d’être diabolisée par des mensonges, ensevelie sous un tas de sanctions propagandistes qui affecteront l’Europe et certaines sociétés américaines, de montrer une image d’elle-même si faible et si démunie face aux sanctions occidentales qu’elle doive les accepter sans même en faire peser le coût sur l’Europe et les États-Unis ?

Les Russes, à leur tour, auraient-ils subi un lavage de cerveau de Washington ?

Je suis préoccupé par la crise que Washington a orchestrée, parce que je pense qu’elle va mener à la guerre, et qu’elle sera nucléaire. Êtes-vous prêts à être détruits suite aux mensonges de Washington concernant un avion de ligne malaisien ? Je suis convaincu que Washington est derrière la destruction du vol MH-17, car leur propagande était déjà prête et est entrée immédiatement en action. Que Washington soit responsable est la raison pour laquelle Washington ne veut pas publier les photos satellites de la zone au moment de la destruction de l’avion de ligne. Que Washington soit responsable est la raison pour laquelle Washington répond aux preuves factuelles de la Russie avec des mensonges et de la propagande. C’est Obama et ses larbins à Kiev qui refusent de négocier, pas la Russie.

La Russie a autant de têtes nucléaires que Washington, et le « bouclier ABM » de Washington n’est qu’une farce. Si ce gouvernement américain insensé engendre une crise menant à la guerre, que seul Washington aura causée, nous allons tous mourir, et pour quoi ? La réponse est : pour un MENSONGE de Washington.

Voulez-vous mourir pour un mensonge ? Un autre mensonge de Washington ?

Si vous ne voulez pas, vous feriez bien d’en faire part à Washington.

La Russie ne peut mettre fin à cette crise sans taper du poing sur la table. J’ai soutenu l’idée que la Russie devrait plaider son cas aux Nations Unies. Ou alors, le gouvernement russe doit poser à l’Europe deux questions. La première : l’Europe veut-elle que la Russie lui coupe ses approvisionnements en énergie, énergie que Washington, malgré ses mensonges, ne pourra remplacer avant 3 ans voire plus, si tant est qu’elle le puisse ? L’autre question est : l’Europe veut-elle la guerre avec la Russie et l’Europe pense-t-elle que ces pays idiots qui hébergent les missiles de Washington ne se retrouveront pas atomisés et exterminés ?

Cette crise en Ukraine continuera aux dépens de la Russie et de toute l’humanité jusqu’à ce que la Russie explique à l’Occident stupide, arrogant et empli d’hubris que les actions criminelles et agressives de l’Occident contre la Russie comportent un coût réel et que la Russie est prête à le faire payer.

Les Occidentaux qui subissent la propagande n’ont aucune idée du destin vers lequel leurs gouvernements déments les conduisent. Il faut que la Russie signifie clairement aux Occidentaux victimes de la propagande et du lavage de cerveau qu’elle ne sera pas le jouet de l’Occident et n’acceptera pas l’agression gratuite du fou de la Maison Blanche.

Si la Chine en faisait autant, cela pourrait contribuer à sauver la vie sur terre. Le plus tôt serait le mieux.

Si le monde ne freine pas les criminels déments de Washington, le monde a signé son propre arrêt de mort.

Source : Paul Craig Roberts, traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr

Source: http://www.les-crises.fr/pcr-russie-faible/


Sauvetage de Banco Espirito Santo : quelques enseignements pour la zone euro, par Jean-Michel Naulot

Monday 4 August 2014 at 12:05

Nous avons déjà présenté M. Naulot ici, ancien banquier et ancien de l’AMF.

J’ai peu parlé de l’affaire BES, mais la 1ère banque portugaise qui fait faillite, c’est éloquent.

La “résolution” du problème est venue hier, extrait de Challenges :

Soucieux de freiner la contagion, l’Etat portugais s’est résolu dimanche 3 août à renflouer à hauteur de 4,4 milliards d’euros la banque en difficulté Espirito Santo (BES), tout en mettant fortement à contribution ses actionnaires.

Après avoir longtemps écarté ce scénario, le gouvernement puisera ainsi dans l’enveloppe de 12 milliards d’euros réservée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal négocié avec la troïka (UE-FMI-BCE), dont il restait 6,4 milliards d’euros. [...]

Après avoir publié une perte semestrielle record de 3,57 milliards d’euros, “Banco Espirito Santo présentait un risque de cessation de paiements qui aurait mis en danger le système financier national” [...]

Face à l’hécatombe du titre en Bourse, qui a été suspendu vendredi 1er août après avoir chuté de près de 75% en une semaine, les espoirs de voir la banque attirer de nouveaux investisseurs sans recourir à l’aide de l’Etat avaient été anéantis.

Pour arrêter l’hémorragie, les autorités portugaises ont décidé de scinder la banque en deux entités, afin de permettre de séparer les actifs toxiques des produits sans risque.

Les actifs toxiques, dont les titres de dette à haut risque de la famille Espirito Santo et les parts dans la filiale de BES en Angola, seront logés au sein d’une structure de défaisance (bad bank), chargée de les liquider.

L’ensemble des actifs sains seront regroupés au sein d’une nouvelle banque, baptisée Novo Banco, qui sera contrôlée par le Fonds de résolution des banques portugaises, créé en 2012 à la demande de la troïka afin de pouvoir faire face à des crises bancaires.

Quant à la “bad bank”, elle restera entre les mains des actuels actionnaires, qui risquent d’être lourdement pénalisés car ils seront amenés à en assumer les pertes, a prévenu le ministère des Finances.

Parmi les actionnaires figure, avec une part de 14,6%, le groupe français Crédit agricole, qui devra dévoiler l’ampleur des dégâts lors de la présentation de ses comptes mardi. [...]

“Cela fait un moment que des clients de BES retirent leur argent. Il n’y a aucune raison à cela, mais la panique n’a rien de raisonnable”, a commenté Joao Cesar das Neves, professeur d’économie à l’Université catholique de Lisbonne.

Le cas du Portugal est le premier test des nouvelles règles transitoires en vigueur en attendant la mise en place en 2016 de l’union bancaire européenne qui vise à éviter aux contribuables de payer pour les banques.

La solution trouvée pour Banco Espirito Santo “contribuera à rétablir la confiance dans la stabilité du système financier” du Portugal, a estimé la Commission européenne, qui a jugé le dispositif conforme aux nouvelles règles en vigueur. 

Sauvetage de Banco Espirito Santo : quelques enseignements pour la zone euro

L’annonce du plan de sauvetage de Banco Espirito Santo (BES) démontre à quel point les discours tenus par les dirigeants de la zone euro sont parfois éloignés des réalités financières. Le projet d’Union bancaire adopté par les gouvernements et les parlementaires européens en mars dernier vient ainsi de confirmer certains de ses dangers, alors même qu’il n’est que très partiellement en place.

En cas de défaillance d’un établissement bancaire systémique, ce projet prévoit de mettre à contribution non seulement les actionnaires et les créanciers subordonnés mais aussi les créanciers ordinaires et les déposants. Comme cela a été souligné lors de son adoption, ce projet qui s’inspire du modèle chypriote fait  craindre qu’en cas de rumeur sur un établissement tout le monde s’en aille dès le premier jour. C’est exactement ce qui vient de se passer avec la défaillance de BES où l’on a assisté à une vraie panique des créanciers ordinaires et des déposants qui ont anticipé sur les nouvelles règles en ne voulant pas prendre le risque de se faire piéger. Ils ont ainsi bien involontairement accéléré la chute de l’établissement et les risques de contagion, même si en définitive les autorités ont décidé de les protéger.

Lors de la présentation du projet d’Union bancaire, on nous avait également expliqué que le lien serait désormais coupé entre les banques systémiques et les Etats. Or, dans le cas de BES, dont les actifs représentent la moitié du PIB du Portugal, la démonstration vient une nouvelle fois d’être faite que lorsque le temps presse l’intervention de l’Etat est la seule manière de dissiper les doutes sur la solvabilité de l’établissement. L’injection de capitaux publics annoncée dimanche soir est la démonstration que les banques dites systémiques sont indissociablement liées à leurs Etats.

Autre enseignement de cette crise, l’empressement manifesté par les dirigeants européens à déclarer que le Portugal sortait du plan de sauvetage, à la veille des élections européennes,  apparaît rétroactivement assez puéril. Pour sauver BES, l’Etat portugais fait appel aux fonds d’aide à disposition de l’Etat portugais. La dette publique portugaise ne sera certes pas affectée puisqu’il reste un solde non utilisé mais les marchés vont prendre à nouveau conscience que la dette publique portugaise est considérable, représentant 133% du PIB au lieu de 93% en 2010. Une fois encore, il est démontré que la politique conduite par la zone euro pour réduire la dette publique a l’effet exactement inverse. Les politiques d’austérité et la menace de déflation font progresser la dette. La dette publique italienne atteint  138% du PIB, venant de 119% en 2010. Quant à la dette française, elle atteint 99% du PIB (Eurostat : 96,6% + 2,4% de prêts aux Etats en difficulté), venant de 81,7% en 2010.

Enfin, on aura une pensée pour les petits actionnaires de la banque qui ont été appelés à souscrire à une augmentation de capital il y a deux mois et qui viennent de perdre l’argent qu’ils avaient apporté. Ils vont en plus hériter de la seule « bad » banque. Ils seront en droit de s’interroger sur les règles de transparence qui s’appliquent à un établissement aussi important, sept ans après le déclenchement de la crise financière.

Jean-Michel Naulot, blog Mediapart, 4 aout 2014

Source: http://www.les-crises.fr/sauvetage-de-banco-espirito-santo-quelques-enseignements-pour-la-zone-euro-par-jean-michel-naulot/