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Editorial : la colère a gagné, par Jérôme Fenoglio (Directeur du “Monde”)

Tuesday 15 November 2016 at 00:45

Du “grand” Le Monde :

Source : Le Monde, Jérôme Fenoglio,  

Editorial. L’élection de Donald Trump ouvre un monde nouveau pour les démocraties occidentales, les élites traditionnelles étant bousculées par une déferlante protestataire.

Editorial du « Monde » La colère a gagné, la rage protestataire l’a emporté. Un milliardaire douteux, qui ne paye pas d’impôts depuis vingt ans, ment comme un arracheur de dents, flirte ouvertement avec le racisme, la xénophobie et le sexisme, et qui n’a jamais exercé le moindre mandat électif ou public, a su la capter. Magistralement. Le républicain Donald Trump deviendra le 45e président des Etats-Unis, et prendra possession de la Maison Blanche en janvier.

Le pays qui a élu Barack Obama en 2008 et en 2012, premier Afro-Américain à la Maison Blanche, diplômé d’Harvard, vient d’adouber un promoteur immobilier aux multiples faillites et qui se félicite de ses « bons » gènes européens. Telle est l’humeur de l’Amérique, tel est le fond de l’air dans l’ensemble de nos pays occidentaux. La démocrate Hillary Clinton n’est pas la seule vaincue de ce scrutin. Une déferlante protestataire bouscule les élites traditionnelles de part et d’autre de l’Atlantique. L’élection de Donald Trump est un bouleversement majeur, une date pour les démocraties occidentales. Comme la chute du Mur de Berlin, comme le 11-Septembre 2001, cet événement ouvre sur un nouveau monde, dont on peine encore à distinguer les contours mais dont une caractéristique est d’ores et déjà avérée : dans ce monde-là, tout ce qui était réputé impossible, ou irréaliste, devient désormais envisageable.

Quelles que soient les singularités d’un pays à l’autre, le mouvement de colère est ancré dans une critique diffuse de la mondialisation qui porte sur deux thèmes : le contrôle des flux migratoires et les inégalités de revenus. Les Britanniques ont voté pour le Brexit sur ces deux sujets. Trump avait prédit que son élection serait un « Brexit à la puissance trois ». Il avait raison. C’est aussi une façon de dire que l’Europe n’est en rien protégée du séisme qui vient de secouer Washington.

Certes, le résultat du scrutin du 8 novembre – les républicains conservent le contrôle du Congrès – est d’abord une affaire américaine. Le démocrate Obama achève ses deux mandats sur un bilan intérieur honnête. Héritier d’un désastre économique laissé par son prédécesseur républicain, George W. Bush, il a redressé la barre : chômage à moins de 5 %, croissance supérieure à la moyenne européenne, finances publiques en voie d’assainissement, assurance-santé considérablement étendue, industrie automobile rescapée et haute technologie plus conquérante que jamais.

Lignes de fractures

Aussi étrange que cela paraisse en ce jour de triomphe pour les républicains, Barack Obama est crédité d’un fort taux d’approbation dans l’opinion américaine. Mais tout s’est passé comme si ces résultats et ces bons sondages ne lui avaient donné aucune prise sur ce qui se passe dans son pays. Il a échoué très exactement là où il était le plus attendu : rassembler un pays divisé. Il n’a pas su ou pas pu combler les lignes de fracture, ni les vieilles – celle de l’origine ethnique, les Noirs ne se sont pas mobilisés pour Mme Clinton – ni les nouvelles, celles nées de ces inégalités croissantes liées à une mondialisation des échanges portée par la révolution technologique. Lucide, il avait lui-même laissé entendre que ce dernier défi était l’affaire d’une génération, pas de deux mandats présidentiels.

Dans ce contexte, M. Trump a fait preuve d’une intelligence politique diabolique. D’abord contre son parti, puis contre son adversaire démocrate, il a su incarner à merveille l’homme nouveau, celui qui n’appartient pas à un sérail politique discrédité par deux des catastrophes qui ont profondément marqué les Américains : la débâcle irakienne et la crise économique et financière de 2008. Peu importe que l’une et l’autre soient largement le produit de la politique menée par des républicains.

Avant Trump et Bernie Sanders, le concurrent malheureux d’Hillary Clinton, personne ne s’était fait le porte-voix des marginalisés de la mondialisation. Personne n’a été condamné pour la dévastation venue de Wall Street. Personne n’a anticipé les conséquences politiques d’un type de croissance qui met à mal la classe moyenne au sens large. Donald Trump, lui, l’a fait en choisissant trois boucs émissaires : les immigrés, le libre-échange et les élites. Il a aussi su exploiter le malaise d’une population américaine blanche qui pourrait vite perdre la majorité face à l’agrégat des minorités ethniques.

Une menace pour les démocraties

Pour son malheur, Mme Clinton incarnait à la perfection la quintessence de l’élite politique américaine traditionnelle. A tort ou à raison, elle portait l’image du statu quo – même si elle avait le seul programme réalisable et solide.

Les leçons de ce scrutin sont multiples. Elles s’adressent aux partis de gouvernement traditionnels. Elles concernent une presse et des sondeurs qui, dans leur immense majorité, n’ont pas vu venir la vague, et ne savent plus prendre le pouls de l’opinion. Ces leçons sont d’autant plus impérieuses que les représentants de la colère protestataire, qu’il s’agisse de Trump ou de ses clones européens, n’ont pas la moindre idée de la complexité des problèmes à résoudre. Ils vendent des illusions, l’Américain le premier. Ils cultivent un simplisme réducteur qui peut devenir une menace pour nos démocraties. Vue de Paris, la victoire de Trump, venant après le Brexit, est un avertissement de plus. Dans le monde qui s’ouvre avec cette élection, tout est possible, même ce que l’on a encore du mal à regarder en face : la prise du pouvoir par un parti extrémiste.

Source : Le Monde, Jérôme Fenoglio,   capture-decran-2016-11-10-a-23-43-20

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Le même commenté

Editorial du « Monde » La colère a gagné, la rage protestataire l’a emporté.

Oui, c’est sûr que ce n’était pas rationnel… On fait quoi aux bêtes enragées au fait ?

Un milliardaire douteux,

Pas comme Dassault ou Bolloré ou Arnault… – c’est quand le prochain dîner du Siècle d’ailleurs ?

qui ne paye pas d’impôts depuis vingt ans,

Ben ils reporte ses énormes déficits, comme al loi le permet, comme toute entreprise…

ment comme un arracheur de dents,

Heureusement, pas de ça chez nous !

flirte ouvertement avec le racisme, la xénophobie et le sexisme,

Le racisme social ou de civilisation, ça on peut en revanche…

et qui n’a jamais exercé le moindre mandat électif ou public,

Beurk !

a su la capter. Magistralement. Le républicain Donald Trump deviendra le 45e président des Etats-Unis, et prendra possession de la Maison Blanche en janvier.

Le pays qui a élu Barack Obama en 2008 et en 2012, premier Afro-Américain à la Maison Blanche, diplômé d’Harvard,

Ahhhhhhhhhhh, c’est même presque aussi bien que l’ENA ! #RacisteSocial

Et sinon, si Obama avait vraiment réussi, il n’aurait pas été élu, CQFD

vient d’adouber un promoteur immobilier aux multiples faillites et qui se félicite de ses « bons » gènes européens. Telle est l’humeur de l’Amérique, tel est le fond de l’air dans l’ensemble de nos pays occidentaux. La démocrate Hillary Clinton n’est pas la seule vaincue de ce scrutin. Une déferlante protestataire bouscule les élites traditionnelles de part et d’autre de l’Atlantique.

Quelle peine pour le journal des élites…

L’élection de Donald Trump est un bouleversement majeur, une date pour les démocraties occidentales. Comme la chute du Mur de Berlin, comme le 11-Septembre 2001,

avec un poil moins de morts, hein…

cet événement ouvre sur un nouveau monde, dont on peine encore à distinguer les contours mais dont une caractéristique est d’ores et déjà avérée : dans ce monde-là, tout ce qui était réputé impossible, ou irréaliste, devient désormais envisageable.

Purée, tu vas voir que les gueux vont nous trouver des alternatives finalement… !

Quelles que soient les singularités d’un pays à l’autre, le mouvement de colère est ancré dans une critique diffuse de la mondialisation qui porte sur deux thèmes : le contrôle des flux migratoires et les inégalités de revenus. Les Britanniques ont voté pour le Brexit sur ces deux sujets.
Le type de “Monde”, il SAIT – grâce à sa connexion haut-débit avec le peuple…
Heu, il y en a bien d’autres… Corruption, Démocratie, Nation, Libertés, Protection, Libre-échange, Paix, Terrorisme…
Trump avait prédit que son élection serait un « Brexit à la puissance trois ». Il avait raison. C’est aussi une façon de dire que l’Europe n’est en rien protégée du séisme qui vient de secouer Washington.

Certes, le résultat du scrutin du 8 novembre – les républicains conservent le contrôle du Congrès – est d’abord une affaire américaine. Le démocrate Obama achève ses deux mandats sur un bilan intérieur honnête.

Tellement que les électeurs ont couru pour maintenir les Démocrates…

Héritier d’un désastre économique laissé par son prédécesseur républicain, George W. Bush, il a redressé la barre : chômage à moins de 5 %, croissance supérieure à la moyenne européenne, finances publiques en voie d’assainissement, assurance-santé considérablement étendue, industrie automobile rescapée et haute technologie plus conquérante que jamais.

C’est ça la propagande dans nos contrées, en fait…

Lignes de fractures

Aussi étrange que cela paraisse en ce jour de triomphe pour les républicains, Barack Obama est crédité d’un fort taux d’approbation dans l’opinion américaine. Mais tout s’est passé comme si ces résultats et ces bons sondages ne lui avaient donné aucune prise sur ce qui se passe dans son pays. Il a échoué très exactement là où il était le plus attendu : rassembler un pays divisé. Il n’a pas su ou pas pu combler les lignes de fracture, ni les vieilles – celle de l’origine ethnique, les Noirs ne se sont pas mobilisés pour Mme Clinton – ni les nouvelles, celles nées de ces inégalités croissantes liées à une mondialisation des échanges portée par la révolution technologique. Lucide, il avait lui-même laissé entendre que ce dernier défi était l’affaire d’une génération, pas de deux mandats présidentiels.

Dans ce contexte, M. Trump a fait preuve d’une intelligence politique diabolique. D’abord contre son parti, puis contre son adversaire démocrate, il a su incarner à merveille l’homme nouveau,
Peut-être parce qu’il est nouveau…

celui qui n’appartient pas à un sérail politique discrédité par deux des catastrophes qui ont profondément marqué les Américains : la débâcle irakienne et la crise économique et financière de 2008. Peu importe que l’une et l’autre soient largement le produit de la politique menée par des républicains.

Bien sûr… Clinton Homme n’a pas détruit le Glass Steagall Act et Clinton femme n’a pas voté la guerre en Irak…

Avant Trump et Bernie Sanders, le concurrent malheureux d’Hillary Clinton, personne ne s’était fait le porte-voix des marginalisés de la mondialisation. Personne n’a été condamné pour la dévastation venue de Wall Street. Personne n’a anticipé les conséquences politiques d’un type de croissance qui met à mal la classe moyenne au sens large. Donald Trump, lui, l’a fait en choisissant trois boucs émissaires : les immigrés, le libre-échange et les élites. Il a aussi su exploiter le malaise d’une population américaine blanche qui pourrait vite perdre la majorité face à l’agrégat des minorités ethniques.

Donc Obama a super réussi, sauf sur les “petits” points précédents, quoi ?

Une menace pour les démocraties

Qu’est-ce qu’ils sont pénibles à agiter sans cesse ces peurs infantiles… Allez, tous Jean Moulin… !

Pour son malheur, Mme Clinton incarnait à la perfection la quintessence de l’élite politique américaine traditionnelle. A tort ou à raison, elle portait l’image du statu quo – même si elle avait le seul programme réalisable et solide.

Le SEUL programme : le statu quo ! (elle est rentrée à la Maison blanche il y a 24 ans, était candidate il y a 8 ans où elle a méchamment été battue, don c’était “à raison”, hein…)

Bref, Clinton, c’est donc très sympa quand on est grassement nourri au Monde, mais si on souffre tous les jours…

Les leçons de ce scrutin sont multiples. Elles s’adressent aux partis de gouvernement traditionnels. Elles concernent une presse et des sondeurs qui, dans leur immense majorité, n’ont pas vu venir la vague, et ne savent plus prendre le pouls de l’opinion.

Pour les sondeurs, il n’y a qu’à arrêter – le vote est secret après tout… Et c’est très manipulatoire. Je vous recommande de boycotter si on vous interroge d’ailleurs.

Pour la presse, elle n’a pas à “prendre le pouls”, elle a à faire son travail avec intégrité, c’est tout

Ces leçons sont d’autant plus impérieuses

La même charabia qu’après le Brexit, vous vous rappelez ? Demain on change ! #PromesseD’Ivrogne

que les représentants de la colère protestataire, qu’il s’agisse de Trump ou de ses clones européens, n’ont pas la moindre idée de la complexité des problèmes à résoudre. Ils vendent des illusions, l’Américain le premier. Ils cultivent un simplisme réducteur qui peut devenir une menace pour nos démocraties. Vue de Paris, la victoire de Trump, venant après le Brexit, est un avertissement de plus. Dans le monde qui s’ouvre avec cette élection, tout est possible, même ce que l’on a encore du mal à regarder en face : la prise du pouvoir par un parti extrémiste.

Parce que le Parti socialiste, ce n’est pas un parti extrémiste, jamais, hein…

Source: http://www.les-crises.fr/editorial-la-colere-a-gagne-par-jerome-fenoglio-directeur-du-monde/


[Complotisme] Pour Caroline Fourest, “Trump est la marionnette de Poutine”

Tuesday 15 November 2016 at 00:10

Notre époque, où tu peux être journaliste et porter de graves accusations sans la moindre preuve – il suffit juste de l’avoir rêvé si fort…

Source : LCI, Caroline Fourest, 07-11-2016

DANGER – Invitée d’Audrey Crespo-Mara, l’essayiste et journaliste française Caroline Fourest est revenue sur un fait d’actualité mondial qui a lieu mardi : l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Et n’a pas manqué d’égratigner Donald Trump, à la solde de Vladimir Poutine.

A l’occasion de la sortie de son livre Génie de la laïcité, Caroline Fourest était invitée par Audrey Crespo-Mara afin de réagir à plusieurs sujets de d’actualité. A la veille du scrutin présidentiel américain, l’essayiste a livré sa vision bien personnelle des deux candidats, en particulier de Donald Trump.

Trump provoquerait la sortie de son pays de l’Histoire […] Le monde serait ridicule s’il était éluCaroline Fourest

La présidentielle aux Etats-Unis, un enjeu mondial pour tout le monde dont “l’importance n’a pas été mesurée”. A la question de savoir quel candidat elle choisirait, Caroline Fourest a éludé la question, regrettant un choix entre une “femme usée” et un homme qui “représente la fin de l’Amérique”. Mais sur ce dernier, l’essayiste s’est montrée bien plus virulente s’effrayant qu’une marionnette de Poutine accède à la tête des Etats-Unis”.

La Russie dans le viseur

Trump un danger, tout comme Vladimir Poutine et la Russie. Une crainte étayée par l’influence que peut avoir le pays sur certaines élections.

“La capacité de déstabilisation et la fin de souveraineté que cela représente de la part de grades puissances autoritaires comme la Russie sur ces élections me tétanise”, redoutant qu’une telle élection n’influence la présidentielle française en 2017.

Certains candidats soumis à l’influence russe donc, ainsi que la peur provoquée par Daech…Caroline Fourest n’en est pas moins inquiète pour le futur :

“L’après Syrie s’écrit entre deux tyrans, Erdogan et Poutine. Le leadership occidental est très fragilisé. Aujourd’hui, il y a des poids lourds – tyrans et autoritaires – qui promettent d’autres problèmes que Daech.”

 Source : LCI, Caroline Fourest, 07-11-2016
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Source: http://www.les-crises.fr/video-pour-caroline-fourest-trump-est-la-marionnette-de-poutine/


[Présidentielle USA] Comment les journaux ont voté

Monday 14 November 2016 at 01:59

Finalement, on va faire quelques intéressantes analyses cette semaine.

Aujourd’hui, les médias.

Comme ils se sentent obligés d’expliquer aux lecteurs comment voter (une certaine idée de “l’information”, donc…), voici la synthèse (j’ai pondéré par le tirage) :

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Voici le détail, en commençant pour Clinton :

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Pour Trump, ça va plus vite…

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Bref, une certaine idée du pluralisme aussi…

Source: http://www.les-crises.fr/usa-le-soutien-des-journaux-pour-la-presidentielle/


[USA] Le duel Talal Saoud / Trump

Monday 14 November 2016 at 01:09

Connaissez-vous Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz Al Saoud ?

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C’est un prince né en 1955, membre de la dynastie Al Saoud, fils du prince Talal ben Abdelaziz Al Saoud et petit-fils du roi Ibn Saoud, fondateur de l’Arabie saoudite ainsi que Riyad es-Solh, l’un des pionniers de l’indépendance du Liban et le premier Premier Ministre du Liban indépendant.

Diplômé en administration des entreprises du Collège de Menlo, Californie, en 1979, il a créé en 1979 sa société Kingdom Holding Company spécialisée dans la construction et l’immobilier, avant d’élargir ses investissements à de nombreux secteurs et d’entamer une carrière d’investisseur international.

En 2013, sa fortune est évaluée par Bloomberg LP à 26 milliards de dollars, au 20e rang mondial, c’est donc un homme d’affaires important qui détient des parts dans de nombreuses multinationales – gros actitionnaire de Citygroup, Apple, AOL; Twitter, il détient notamment l’hôtel George V à Paris et 17,3% d’Eurodisney. Il est également l’un des constructeurs d’une tour qui doit devenir la plus haute du monde, plus de 1 000 mètres au-dessus de la ville de Jeddah. (Sa page Wikipedia)

I. Le clash Talal Saoud / Trump

Eh bien le 11 décembre 2015, après les propos de Trump sur les musulmans et l’Arabie Saoudite, le prince Al-Walid ben Talal s’est senti obligé de donner son avis :

walid-trump-1
“@realDonaldTrump vous êtes une honte, non seulement pour le GOP (parti républicain), mais aussi pour toute l’Amérique. Retirez-vous de la course pour l’élection présidentielle américaine, jamais vous ne l’emporterez”.

Et on voit qu’avec 30 000 retweets, il n’est pas passé inaperçu…

Mais le plus amusant, c’est que Trump ne s’est pas laissé démonter, et lui a répondu avec son art consommé de la Diplomatie

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“Cet abruti prince @Alwaleed_Talal veut contrôler nos politiciens US avec l’argent de papa. Il ne pourra pas le faire quand je serai élu”.

Éloquent, non ? 🙂

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Eh bien sans soutenir Trump, j’aimerais bien pour ma part qu’on ait des dirigeants qui parlent comme ça aux Saoud…

Mais l’histoire n’est pas tout à fait finie…

II. Le compte Twitter de Talal Saoud

En préparant ce billet, j’ai recherché les tweets, et donc parcouru le compte de Alwaleed Talal.

Il tweete très peu, cela a été simple : 220 tweets au total, la plupart en arabe.

Quelques-uns sont en anglais, en voici la majorité. Une léchouille à Obama :

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De nouveau une attaque de Trump, avec une demande à un candidat Républicain de devenir vice-président d’un autre (!!!) :

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Une léchouille à son ami Bill gates (il fait dans la philanthropie) :

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Là un tweet après l’attentat de Nice (mais il serait mieux que les huiles de ce royaume moyenâgeux ne fricotent pas avec les terroristes…) :

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Et là, surtout, sur quoi on tombe le 22 septembre 2016 ?

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Mais ce n’est pas tout, le 30 septembre 2016, rebelote :

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Eh oui, Jack Lang l’a décoré Chevalier des Arts et Lettres (pour l’ensemble de son oeuvre twittesque j’imagine…) – bien occupé not’ Président, entre les journalistes et les coupeurs de têtes… :

(je vous jure, je n’ai pas trié, il n’y a aucune autre photo de lui dans un autre pays que la France…)

Bref, j’arrêté là, je vais m’énerver sinon…

III. Épilogue

En tous cas, je termine, car j’imagine que le Prince a une certaine peur des drones, car il a tweeté une dernière fois le 9 novembre, après l’élection de Trump :

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“Président élu @realDonaldTrump, quels qu’aient été nos différends passés, l’Amérique a parlé, félicitations & meilleurs vœux pour votre présidence”.

Chapeau les artistes !

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Source: http://www.les-crises.fr/usa-le-duel-talal-saoud-trump/


Revue de presse du 14/11/2016

Monday 14 November 2016 at 00:15

La revue de presse étend le week-end au lundi ! Merci à nos contributeurs.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-14112016/


[Vidéo] 1950-1990 Le scandale des armées secrètes de l’OTAN (Gladio)

Sunday 13 November 2016 at 02:02

On raconte un peu tout et n’importe quoi sur les réseaux Gladio – l’Histoire étant comme souvent bien plus moche que ce que sait le Français moyen, mais moins que ne le fantasment les plus craintifs…

Il s’agit en fait plus précisément des cellules stay-behind (littéralement : restés derrière), qui étaient des réseaux clandestins coordonnés par l’OTAN. Implantées dans seize pays d’Europe de l’Ouest, ces cellules visaient à combattre une éventuelle occupation par le bloc de l’Est, se tenant prêtes à être activées en cas d’invasion par les forces du Pacte de Varsovie. La plus célèbre de ces cellules, et la première à avoir fait l’objet de révélations, est le réseau italien, nommé Gladio.

L’existence de ces cellules n’est révélée au grand public par les médias qu’en 1990.

Je vous propose pour commencer une petite série ce reportage d’Emmanuel Amara passé sur France 5 en 2011 “1950-1990 Le scandale des armées secrètes de l’OTAN” :

“Alors que l’Europe est progressivement scindée en deux blocs à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Américains et les Britanniques mettent en place des armées secrètes, des réseaux appelés «Stay Behind», destinés à réagir en cas d’invasion soviétique. Mais alors même qu’une attaque russe devient improbable, ces réseaux ne seront jamais démantelés. Ils sont même à l’origine d’actes de terrorisme et responsables de la mort d’innocents civils. A chaque fois que la gauche menaçait d’accéder au pouvoir, ils ont usé de la force et sont intervenus dans les processus démocratiques nationaux. Parfois, ils ont été protégés par les forces de police et les services de sécurité pour préserver leur capacité de combat.”

Licio Gelli, chef de la loge P2 en Italie

Licio Gelli, chef de la loge P2 en Italie

À suivre…

Source: http://www.les-crises.fr/video-1950-1990-le-scandale-des-armees-secretes-de-lotan-gladio/


L’avenir incertain du CETA après la signature du traité, par Jean-Pierre Stroobants

Sunday 13 November 2016 at 01:33

Source : Le Monde, Jean-Pierre Stroobants, 30.10.2016

Officiellement signé dimanche, le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada devra maintenant être ratifié par les Parlements nationaux et régionaux des pays de l’Union.

Par  Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, bureau européen (avec les correspondants européens)

 

Marquée « pas de chance ». La signature officielle du CETA, le traité global de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, a dû être une fois encore retardée, dimanche 30 octobre, à la suite d’un incident technique survenu après le décollage de l’avion du premier ministre canadien, Justin Trudeau. L’appareil a dû rebrousser chemin pour être réparé. Et à son arrivée au Conseil européen, à Bruxelles, le dirigeant canadien a pu constater que l’euphorie n’était pas de mise : quelques centaines de manifestants avaient badigeonné de rouge la façade et le service d’ordre. Une dizaine de protestataires ont été appréhendés après avoir pénétré dans le sas de sécurité de l’immeuble.

C’est donc finalement sur le coup de 14 heures qu’a été entériné cet accord décrit comme « historique » par tous les participants au cours d’une réunion baptisée « sommet », davantage en raison de sa portée symbolique que de son contenu. Les chefs d’Etat européens étaient absents − ils avaient marqué leur accord par une procédure écrite à la fin de la semaine − et représentés par le président du Conseil, Donald Tusk.

L’opposition farouche de la Wallonie et de son ministre-président, Paul Magnette, avait entraîné un premier report de la réunion euro-canadienne, initialement prévue jeudi. Les institutions européennes voulaient dès lors faire absolument oublier au plus vite cet échec. D’où l’organisation très inhabituelle, un dimanche midi, de cette séance de signature, que rien ne justifiait vraiment. Hormis la volonté d’occuper, de part et d’autre, le terrain médiatique.

« Le libre-échange et la mondialisation protègent »

Lors de la conférence de presse qui a suivi la signature, M. Trudeau, M. Tusk et M. Juncker, le président de la Commission européenne, ont souligné tous les bienfaits présumés du CETA et de l’accord de « partenariat stratégique » qui lui est associé : fin des barrières douanières, relance des investissements, création d’emplois « de meilleure qualité », défense des services publics et de la protection de l’environnement, etc. « Je suis vexé qu’on ait pu penser que nous voulions sacrifier les droits des travailleurs », a ajouté M. Juncker.

Interrogés sur les oppositions à ce traité et à d’autres qui pourraient suivre − toute mention du TTIP, ou Tafta, qui pourrait unir un jour Américains et Européens a été évitée −, les trois dirigeants ont adopté un ton modéré. « Le libre-échange et la mondialisation protègent, mais peu de gens le comprennent et le croient, a déclaré M. Tusk. Il faut les convaincre. » « Je ne critique pas ceux qui ne cessent de nous critiquer. Mais ceux qui sont dans la rue doivent entendre et, si possible, écouter aussi. Nous n’avons rien cédé sur nos principales valeurs », a renchéri M. Juncker.

Concernant les vives réticences exprimées par la Wallonie, M. Trudeau a habilement botté en touche, ne répondant pas à l’affirmation selon laquelle le CETA pourrait être le « cheval de Troie » du TTIP. M. Tusk juge, lui, que le débat engendré par M. Magnette a même été « profitable », forçant à délivrer des « informations crédibles » aux citoyens.

M. Juncker en revanche s’est emporté. S’il s’est dit « reconnaissant » envers M. Magnette pour avoir remercié la Commission pour son rôle positif dans la négociation, il a concentré le tir sur le Centre démocrate humaniste, associé au pouvoir en Wallonie. Le président de celui-ci, Benoît Lutgen, avait dénoncé les menaces exercées sur les francophones belges et le comportement « délinquant » de la Commission. « Nous n’avons jamais menacé », a affirmé M. Juncker, qui a invité la Belgique à « réfléchir à son mode de fonctionnement institutionnel pour ce qui est les relations internationales ».

 Des manifestants devant le siège du Conseil de l’UE à Bruxelles, lors de la signature du CETA, le 30 octobre. JOHN THYS / AFP

Des manifestants devant le siège du Conseil de l’UE à Bruxelles, lors de la signature du CETA, le 30 octobre. JOHN THYS / AFP

38 assemblées doivent se prononcer

 

Source: http://www.les-crises.fr/lavenir-incertain-du-ceta-apres-la-signature-du-traite-par-jean-pierre-stroobants/


Le devoir moral des États-Unis au Yémen, par Le New York Times

Sunday 13 November 2016 at 01:00

Source : The New York Times, le 11/10/2016

Par THE EDITORIAL BOARD | Le 11 octobre 2016

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Rachel Levit

Les frappes aériennes menées par la coalition saoudienne qui ont dévasté une cérémonie funèbre au Yémen ce samedi rendent évidente la nécessité pour les États-Unis de cesser leur complicité dans une guerre civile qui a causé une catastrophe humanitaire dans un des pays les plus pauvres du monde, et a nourri l’extrémisme. Le Président Obama a le pouvoir de le décider. L’Arabie saoudite et ses États alliés dans le Golfe dépendent de Washington pour l’aviation, les munitions, le carburant et le ravitaillement en vol. Les États-Unis aident aussi l’Arabie saoudite à protéger ses frontières.

L’administration insiste sur le fait que son soutien à la coalition n’est pas “un chèque en blanc”. Mais, jusqu’à présent, elle n’a eu que des mots sévères en réponse à la liste toujours grandissante des attaques de la coalition contre des civils et des installations civiles, qui sont des cibles illégales selon les lois internationales. Si les Saoudiens refusent d’arrêter le carnage et de reprendre les négociations pour un règlement politique, M. Obama doit cesser le soutien militaire. Sinon l’Amérique pourrait être impliquée dans les crimes de guerre et être entraînée encore plus loin dans le conflit. Lundi, les rebelles Houthis, qui ont combattu avec le gouvernement yéménite, ont lancé un missile loin à l’intérieur de l’Arabie saoudite, selon un rapport, et dimanche ils ont peut-être tiré sur un destroyer de la marine US, mais l’ont raté.

Les frappes saoudiennes ont tué plus de 140 personnes en deuil et blessé des centaines d’autres à un enterrement à Sanaa, la capitale contrôlée par les rebelles Houthis, un groupe local shiite qui a relâché ses liens avec l’Iran. Les pertes humaines, d’après le rapport, incluent de nombreux membres éminents de tribus du nord du Yémen, et aussi des leaders militaires et politiques qui étaient pour des pourparlers de paix et pour la fin du conflit.

L’Arabie saoudite porte la lourde responsabilité d’avoir enflammé le conflit. Les Saoudiens ont commencé la guerre aérienne en 2015 dans le but de réinstaller le Président Abdu Rabbu Mansour Hadi, que les rebelles Houthis avaient chassé du pouvoir. Les Saoudiens considèrent l’Iran comme leur principal ennemi et craignent qu’il gagne trop d’influence dans la région.

Un responsable américain a dit au Times qu’il n’y avait pas de preuve que la coalition avait délibérément visé des civils, et qu’un manque de renseignement et un mauvais ciblage était l’explication probable. Même si c’était vrai, ce n’est pas une excuse ; en fait, de tels facteurs sont une raison supplémentaire de cesser les frappes immédiatement. Avant la cérémonie funéraire, la coalition a frappé un hôpital associé à Médecins sans Frontières, une école et une usine de frites. Plus tôt cette année, un rapport de l’ONU a blâmé la coalition pour 60% des enfants morts et blessés au Yémen l’année dernière.

Les Saoudiens n’inspirent pas confiance en niant dès le départ que leurs forces étaient impliquées dans l’attaque des funérailles et en annonçant tardivement une enquête sur “le regrettable et douloureux bombardement”.

Après l’attaque, le Secrétaire d’État John Kerry a demandé aux responsables Saoudiens un cessez-le-feu immédiat, et Riyad a répondu qu’il le ferait aussitôt que possible avec l’accord des Houthis. La Maison-Blanche a annoncé la révision de son aide à la coalition, disant qu’il pourrait en résulter des ajustements.

Tout cela arrive à un moment où les liens entre l’Amérique et l’Arabie saoudite sont mis à mal au sujet de la Syrie et à la suite de l’opposition de Riyad au traité nucléaire avec l’Iran. M. Obama a soutenu l’effort de guerre saoudien au Yémen et vendu pour 110 milliards de dollars d’armes, comprenant récemment 1,15 milliards de commandes de chars et autres armes, pour calmer la colère de Riyad sur le traité nucléaire. La vente de chars a continué, même si quelques responsables s’inquiètent que cela puisse impliquer les États-Unis dans des crimes de guerre. Le mois dernier, un effort du Sénat pour arrêter la vente de tanks a échoué.

Le Yémen est proche de l’effondrement, avec 80% du pays qui nécessite une aide humanitaire. Les affiliés d’Al-Qaïda deviennent plus forts et la population se radicalise. Plus la guerre durera, plus il sera difficile d’y mettre fin.

Source : The New York Times, le 11/10/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-devoir-moral-des-etats-unis-au-yemen-par-le-new-york-times/


Frédéric Lordon au Bondy Blog : “Avec Nuit Debout, le feu n’a pas pris

Saturday 12 November 2016 at 02:59

Source : Bondy Blog, par Jonathan Baudoin, 08-09-2016

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Frédéric Lordon est l’une des figures de Nuit Debout. Très peu bavard dans les médias, l’économiste, directeur de recherche au CNRS, a accepté de répondre au Bondy Blog dans un long entretien. Au menu : Nuit debout, mort d’Adama Traoré, héritage de Michel Rocard. Interview.

Bondy Blog : Fin mars 2016, le mouvement Nuit Debout s’est posé place de la République et s’est étendu en France voire dans d’autres pays. Exprime-t-il “la puissance de la multitude”, telle que vous la définissez dans votre livre Imperium ?

Frédéric Lordon : C’en est une figuration très éloquente en effet. Tout mon travail dans Imperium visait à montrer, comme le disaient déjà La Boétie et Spinoza, que l’État n’est pas une entité extérieure, mais que, au contraire, il est toujours en dernière analyse – une clause de grande importance – notre production, mais notre production que nous méconnaissons comme telle. Si bien qu’en réalité, l’État c’est nous. Et ceci, quel que soit le degré de séparation sous lequel il nous apparaît. C’est avec notre concours passionnel, mais inaperçu de nous-mêmes, que l’État se soutient et qu’il nous asservit. Ce concours passionnel, Spinoza lui donne le nom de “puissance de la multitude”. Mais Spinoza n’omet pas de penser les conditions dans lesquelles ce concours passionnel se retire, cesse d’irriguer l’État et du coup le renverse. La sédition commence lorsqu’une fraction de la multitude ne veut plus se reconnaître dans les normes de l’État – celle par exemple qui nous fait voter une fois tous les cinq ans et puis nous taire le reste du temps. Ainsi, la multitude devient une menace pour l’État qui ne s’aperçoit que dans ces circonstances que tout son pouvoir est d’emprunt, que sans la puissance que lui prête la multitude il n’est rien. Dans ces moments-là, la multitude en quelque sorte reprend possession de sa propre puissance, jusque-là aliénée dans les captures étatiques. C’est potentiellement un moment critique pour le pouvoir. Et il y a sans doute quelque chose de ça qui s’est joué, même à très petite échelle, à Nuit Debout. A très petite échelle, mais avec toujours le risque de l’émulation et de la contagion. C’est que tous les mouvements insurrectionnels commencent à très petite échelle. Le problème pour le pouvoir c’est quand “ça gagne”, quand la plaine entière vient à s’embraser. On ne va pas se raconter d’histoire, le feu n’a pas (ou pas encore) pris. Je crois cependant que beaucoup de gens qui étaient loin de l’événement l’ont regardé avec intérêt, et qu’il s’est peut être passé quelque chose dans les têtes dont nous ne pouvons pas encore mesurer tous les effets.

Traitement médiatique de Nuit Debout : « Il faudrait établir une anthologie de ce qui a pu s’écrire »

 

Bondy Blog : Quelle est votre analyse sur le traitement médiatique accordé au mouvement ?

Frédéric Lordon : Il est exactement conforme à ce que j’ai décrit en temps réel lors de mon intervention au meeting “Convergence des luttes” le 20 avril à la Bourse du Travail. La première réception médiatique de Nuit Debout avait été étonnamment bonne. Pas si étonnamment d’ailleurs quand on y pense : tout conspirait en effet à ce qu’elle le fût : la composition sociologique de la place, réunissant essentiellement de la jeunesse urbaine éduquée et précaire, bien faite pour susciter une sympathie aussi spontanée qu’irréfléchie de la part de la classe médiatique, un effet de sympathie par similitude d’ailleurs porté à son comble avec les journalistes de terrain envoyés tendre un micro ou une caméra, et qui sont eux-mêmes des représentants typiques de cette jeunesse qu’ils venaient interroger ; et surtout, une orientation que j’ai qualifiée de “citoyennisme”, et même de “citoyennisme intransitif” en cela qu’elle était surtout préoccupée de débattre pour débattre, et d’écarter toute arête saillante, tout thème clivant, pour mieux “rassembler” et “inclure”. Lors de ce meeting, j’avais annoncé que les choses changeraient instantanément du moment où s’affirmerait dans Nuit Debout une ligne non pas citoyenniste mais combative, assumant pleinement le conflit politique et social, en l’occurrence décidée, dans la conjoncture qui était alors la nôtre, à l’engagement au côté des organisations de salariés dans le mouvement contre la loi El Khomri. Je rappelle incidemment que la naissance même de Nuit Debout, telle qu’elle a été portée par ses initiateurs à partir de février a eu intimement partie liée avec le mouvement social, d’abord au travers du film “Merci patron !”, ensuite parce que le mot d’ordre “On ne rentre pas chez nous !” ne faisait sens que comme prolongement de la manifestation du 31 mars. Je laisserai à d’autres le soin de déterminer, de la ligne citoyenniste et de la ligne politique-sociale, laquelle l’a emporté. On a rarement vu un mouvement de contestation d’un ordre social célébré par les gardiens de cet ordre social. C’est exactement ce qui s’est produit. La réception médiatique s’est renversée du tout au tout. Ça a été une explosion généralisée d’éditoriaux hallucinés – car cette fois-ci, il n’était plus question de laisser cette histoire aux soutiers de l’information, ça devenait une affaire d’éditorialistes. Il faudrait établir une anthologie de ce qui a pu s’écrire à cette époque, c’est réjouissant de bêtise et de délire. La chose qui a fait disjoncter le système, c’est que nous remettions à l’agenda du débat public ce que tous ces gens se sont efforcés d’en chasser depuis des décennies : la question du capitalisme. Ce qui est extraordinaire avec tous ces gardiens de l’ordre, c’est qu’ils sont tellement installés dans leur condition de dominants, tellement déboutonnés, qu’ils ne se rendent même plus compte de la clarté avec laquelle ils disent les choses qui devraient rester tues. Comme toujours, dans cet ordre d’idée, le champion c’est Finkielkraut, dont le cri du cœur, sur BFMTV, a livré la vérité profonde de toute cette histoire considérée depuis le point de vue du pouvoir (lato sensu) : à cause de Nuit Debout, s’indignait Finkielkraut, “on ne parlait plus de l’islam radical“. Et, en effet, c’était terrible cela, pour tous ces gens. Double perte en vérité, puisque leurs obsessions intimes se voyaient déclassées en même temps que leurs stratégies de dérivation se trouvaient mises en échec : on ne parlait plus de la chose dont ils voulaient que toute la société parle obsessionnellement pour ne surtout pas parler d’autre chose. Réparer ce désastre qui venait avant qu’il ne prenne de l’ampleur supposait bien d’y mettre tous les moyens de violence verbale. Il faut toujours en arriver aux points-limites des institutions pour savoir ce dont les institutions sont capables. Et nous commencions à nous en approcher. Lorsqu’il se sent réellement mis en danger, un ordre institutionnel, un système de pouvoir, peut devenir capable de tout, je veux dire de toutes les violences. À un degré certes encore modéré, c’est cela que le mouvement social et la composante de Nuit Debout qui s’y reconnaissait ont expérimenté. Violences policières, violences judiciaires, violences symboliques d’éditorialistes littéralement écumants, c’est tout un : le système en train de se défendre. On ne pouvait pas nous donner plus parlante attestation de ce que nous étions dans le vrai !

« Les vrais destructeurs de l’hôpital public sont en costumes à l’Élysée et à Matignon »

 

Bondy Blog : Craignez-vous que Nuit Debout soit la farce de Mai 68 ?

Frédéric Lordon : Je pourrais répondre dans l’axe même de votre référence implicite : Mai 68 n’a pas été une tragédie ; supposé qu’elle en ait été la répétition, Nuit Debout ne pouvait donc pas être une farce ! Nuit Debouta ses caractères propres qui lui sont venus de sa genèse même : autour de la loi Travail, c’est-à-dire, comme la plupart des grands mouvements en France, autour de la question sociale, de la question salariale, qui est en définitive la question même du capitalisme. Mai 68 avait à liquider des formes anciennes d’autorité. Cette tâche-là, Nuit Debout n’avait pas à l’accomplir. Elle pouvait se concentrer sur d’autres choses, deux en fait : la question générale de la participation et de la représentation politiques, c’est-à-dire la question de la confiscation institutionnelle généralisée dans le cadre de la Vème République ; et la question du capitalisme comme système d’oppression, question pour le coup à l’ordre du jour de Mai 68. Ni tragédie ni farce, donc, mais de l’un à l’autre une même difficulté à passer les barrières sociales pour opérer vraiment la convergence des luttes. Mai 68 voit certes quelques ambassades d’étudiants à la porte des usines. De même, Nuit Deboutconnaîtra quelques mouvements similaires, notamment ces cortèges d’étudiants rejoignant les cheminots de Saint-Lazare. Mais toutes ces tentatives resteront embryonnaires et, en apparence, la convergence inaccomplie. Je dis “en apparence” car il se pourrait qu’elle se soit opérée là où, comme toujours, on ne l’attendait pas : dans cette formation pour le coup inédite, qui restera sans doute la création non pas de Nuit Debout mais de… de qui d’ailleurs ? De personne en particulier, la création d’un procès sans sujet comme on disait il y a quelque temps, et cette formation inédite, c’est celle qu’on nomme désormais le “cortège de tête”. Il faut être un éditorialiste de BFMTV le cul vissé dans son fauteuil pour faire du “cortège de tête” un pur ramassis de “casseurs”. La réalité du cortège de tête, c’est la diversité de sa composition : Totos et Mili bien sûr, mais également manifestants tout à fait ordinaires rendus furieux par la violence policière au fil des manifs, militants syndicaux décidés à ne plus se laisser matraquer-gazer sans réagir, etc. La vraie convergence des “en-lutte”, c’est là qu’elle s’est faite, et, quelle que soit la petitesse de son échelle, c’était nécessairement la plus haute forme de convergence : celle qui s’opère dans le concret d’un affrontement commun. Ceci permet alors de prolonger très directement la comparaison des deux événements. Comme on pouvait s’y attendre, le procédé de disqualification le plus simple, immédiatement à la portée de n’importe quel cerveau médiatique, a résidé dans le traitement maniaque de “la violence” – à laquelle les médias se sont efforcés de réduire intégralement Nuit Debout et le mouvement contre la loi El Khomri. Mais justement, comparons les niveaux de violence respectifs de Mai 68 et du printemps 2016. Quoique Mai 68 soit maintenant devenu un élément de folklore politique, sur lequel les éditorialistes se penchent avec une indulgence et une nostalgie émues, le niveau de violence qui y a été atteint est sans commune mesure avec ce que nous avons connu au printemps 2016. Se souvient-on qu’il y avait des barricades dans Paris. Des barricades ! Que le feu a été mis au Palais Brongniart. Mais BFMTV et France Info sont devenus hystériques parce que cinq vitres de Necker ont été brisées, par un crétin isolé d’ailleurs, quand, incidemment, les vrais destructeurs de l’hôpital sont en costumes à l’Élysée et à l’Hôtel Matignon. Mais, entre une violence institutionnelle sans mesure mais “abstraite” et une violence physique cent fois moindre mais “concrète“, on peut compter sur la bêtise médiatique pour ne voir que la seconde et jamais la première. Si le vrai parallèle à tirer entre Mai 68 et le printemps 2016 est bien celui-là, alors il y a de quoi rester songeur.

« La société française est ravagée par une violence identitaire raciste »

Bondy Blog : Le 20 avril dernier, à la Bourse du travail de Paris, vous aviez parlé de “violence identitaire raciste” en France. Selon vous,  le racisme institutionnel s’applique dans l’Hexagone ?

Frédéric Lordon : C’est une telle évidence que je me demande s’il est bien nécessaire d’en dire long à ce sujet. Jacques Rancière a souvent montré combien les imputations de racisme faites au peuple dissimulent un racisme d’élites et un racisme d’État. Faut-il que je rappelle les “Auvergnats” de Hortefeux ou la sortie de Valls sur les Roms, inintégrables et voués au renvoi ? Mais des comme ça, on n’en finirait pas d’en aligner ! Il faudrait reprendre systématiquement les discours de certains politiques ou de certains éditorialistes et y substituer méthodiquement le mot “juifs” aux mots “musulmans“, “roms”, etc., pour prendre conscience du degré d’horreur de ce qui se dit communément aujourd’hui. Faut-il en faire des tonnes également pour redire ce que tout le monde sait, le racisme d’un nombre alarmant de policiers, mais qui, comme toujours, trouve ses conditions de possibilité dans les autorisations implicites venues du haut, des discours officiels et de leurs formulations à demi-mots, et de toute une ambiance installée par de nuisibles faiseurs d’opinion ? De ce point de vue, on ne peut pas ne pas mentionner les éructations de personnages totalement décompensés comme Finkielkraut ou Zemmour. Lors de ce fameux meeting du 20 avril, j’ai dit que la société française est ravagée par deux violences d’échelle macroscopique : la violence sociale du capitalisme et la violence identitaire-raciste, dont Finkielkraut et Zemmour sont les plus notoires propagateurs. Comme toujours, il faudra le recul du temps pour soupeser les responsabilités historiques. J’ose à peine souhaiter que ce moment vienne car, s’il vient, c’est que nous serons passés par de terribles catastrophes.

« Il y a une forte tendance dans les milieux étatiques, à considérer que le mensonge d’institution à propos des racisés ne porte pas vraiment à conséquence »

 

Bondy Blog : Quel regard portez-vous sur la mort d’Adama Traoré et les déclarations du procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier ?

Frédéric Lordon : La coïncidence la plus extravagante, dont je m’étonne d’ailleurs qu’elle ait été si peu remarquée, tient à ce que, au moment même où le procureur Jannier s’enfonce dans le mensonge d’institution, Valls, comme toujours dans ce registre de l’indignation surjouée qui est le sien, se scandalise de “la remise en cause permanente de la parole de l’État” – le même jour ! Le mensonge est propre aux institutions, spécialement aux institutions d’État, la police en tout premier lieu, hélas trop souvent aidée de la “justice”, et, entre Cahuzac et la mort de Rémi Fraisse, ce quinquennat en aura donné une confirmation de plus, en parfaite continuité, comme beaucoup d’autres choses, avec le précédent. On tient visiblement avec cette mystérieuse surmortalité de fourgon et de cellule, frappant étonnamment une catégorie particulière de population, une formidable énigme offerte à la science sociale des institutions. Ce qui est parfois effarant avec le bobard d’institution, c’est sa grossièreté. Laisser entendre qu’Adama Traoré est mort des suites d’une infection généralisée qui le laissait pourtant en excellente santé quelques heures auparavant, c’est une ignominie, une insulte à l’intelligence des gens et plus encore au respect qu’on doit à sa famille. La suprême perversité consistant d’ailleurs à ne rien dire qui soit “techniquement” faux. Je pense qu’il y a une forte tendance dans les milieux étatiques, à considérer que le mensonge d’institution à propos des racisés ne porte pas vraiment à conséquence.

« Rocard est l’incarnation de la réduction gestionnaire du politique »

 

Bondy Blog : Comment analysez-vous l’action politique et la pensée intellectuelle de l’ancien Premier ministre Michel Rocard, mort le 2 juillet dernier ?

Frédéric Lordon : Le respect qu’on doit aux morts n’empêche pas de dresser les bilans politiques. Or, avec Rocard, il y a quasiment matière à un syllogisme : célébré comme l’”âme” de la gauche et en réalité l’un des agents les plus précoces de sa droitisation, il aura donc été l’incarnation de ce que cette gauche est devenue de droite. En sa personne, la seconde gauche aura été l’opérateur historique de la transformation de la gauche en seconde droite. La consolidation définitive, l’irréversibilisation du tournant libéral de 1983, c’est sous Rocard qu’elles sont effectuées. On se récriera en rappelant l’ISF (restauré de l’IGF aboli par Chirac-Juppé), la CSG, etc. Mais c’est là, la traînée d’un astre déjà mort – on en aura l’équivalent avec les 35 heures et la CMU sous Jospin, mandature “socialiste” qui aura accéléré la dérive historique à droite. Avec Rocard, l’ISF et la CSG parviendront difficilement à effacer les grandes consolidations structurelles du néolibéralisme qu’auront été la fixation de la politique économique de 1983 en doctrine officielle – la “désinflation compétitive” –, l’approfondissement de la financiarisation (entamée avec la loi Bérégovoy de 1986), la négociation du traité de Maastricht qui va verrouiller pour les décennies à venir le néolibéralisme à l’échelle continentale. Mais je me demande en réalité si le pire n’est pas ailleurs. Il est dans une sorte d’élément d’ambiance, beaucoup plus pernicieux. Rocard est l’incarnation de la réduction gestionnaire du politique. Inspecteur des finances, il se targue d’une expertise économique et aussi sociologique pour mieux marquer sa différence avec un Mitterrand, accusé d’être demeuré dans les “humanités” inexpertes. Quand on sait ce qu’est la culture économique d’un énarque, en soi il y a déjà de quoi rire beaucoup. Mais le point essentiel est ailleurs : gouverner, avec Rocard, devient un art d’ingénieur social, et au premier chef économique. Il est l’une des figures les plus caractéristiques de la réduction économiciste de la politique, un mouvement qui trouvera ses équivalents dans presque tous les champs, notamment dans la promotion des chercheurs-experts en sciences sociales comme intellectuels de remplacement. Le rocardisme, très généralement parlant, c’est: d’une part la correction à la marge des tares les plus visibles du capitalisme, mais sans jamais questionner les causes structurelles qui les réengendrent continument, d’autre part un abandon de toute la société à la déréliction économiciste, la soumission de tous les aspects de la vie sociale aux critères de l’économie, la colonisation de toutes les pratiques par sa logique. C’est-à-dire, du côté des salariés, la tyrannie néo-managériale de la productivité et partout ailleurs le naufrage dans le non-sens, la disparition des finalités, la vie évidée et désorientée, donc fatalement le triomphe de l’abrutissement consumériste. Voilà le legs politique et civilisationnel du rocardisme, dont il faut bien reconnaître qu’il aura laissé une empreinte profonde sur la société française.

Propos recueillis par Jonathan BAUDOIN

Crédit photo : Michel SOUDAIS

Source : Bondy Blog, par Jonathan Baudoin, 08-09-2016

Source: http://www.les-crises.fr/frederic-lordon-au-bondy-blog-avec-nuit-debout-le-feu-na-pas-pris/


La faillite du dogme néolibéral, par Sam Ben-Meir

Saturday 12 November 2016 at 02:43

Source : Consortiumnews.com, le 13/10/2016

Le 13 octobre 2016

Dans les années 80, le Premier ministre britannique Thatcher et le Président Reagan ont dépeint le capitalisme néolibéral ou “marché-libre” comme le système idéal, un dogme qui s’est prolongé jusqu’à nos jours malgré son échec cuisant et des alternatives possibles, affirme Sam Ben-Meir.

Par Sam Ben-Meir

Le 13 octobre marquait l’anniversaire du défunt Premier ministre britannique Margaret Thatcher – il serait peut-être judicieux de s’arrêter un instant pour considérer à quel point le thatchérisme continue de dominer le paysage du capitalisme mondial.

A l’apogée de sa carrière politique, durant les années 80, Thatcher affirmait que sa mission était de changer l’esprit, changer l’univers conceptuel dans lequel les gens vivent, et son idée selon laquelle “il n’y a pas d’alternative” (TINA) s’est si profondément ancrée dans nos esprits et notre conscience qu’il semble que nous ne puissions plus imaginer qu’il existe une alternative au capitalisme.

Le Premier ministre britannique Margaret Thatcher

Le Premier ministre britannique Margaret Thatcher

Le néolibéralisme de Thatcher était caractérisé par la dérégulation (en particulier dans le secteur financier), la suppression d’emplois, les attaques contre les syndicats et les privatisations d’entreprises publiques. Aussi bien Thatcher que Ronald Reagan ont supervisé le virage vers une version plus laxiste du capitalisme, qui, dans les faits, inversa le mouvement initié à la suite de la crise de 1929 vers plus d’interventions de l’État et un capitalisme social-démocrate.

Il est grand temps d’enterrer ce concept de TINA. Rappelons-nous que dans les années 30, il ne faisait pas de doute qu’il existait une alternative. Après la Seconde Guerre mondiale, une alternative émergea dans laquelle l’État était fortement impliqué ; et les taux d’imposition étaient très élevés aux États-Unis.

Donald Trump répéta ce mensonge au cours du deuxième débat présidentiel, mais les faits lui donnent tort. En 1945, le taux marginal d’imposition sur les plus hauts revenus était de 92% ; il ne descendit jamais sous les 70% jusqu’à ce que Reagan ne l’abaisse à 30%.

En 1981, Reagan a fortement réduit le taux d’imposition, qui affectait les foyers aux plus hauts revenus, et a abaissé le taux d’imposition marginal de 70 à 50% ; en 1986, il réduit de nouveau ce taux à 28%. De 1945 à Reagan, la croissance économique moyenne aux États-Unis s’établissait entre 4 et 5% par an : l’une des plus grandes périodes de prospérité dans l’histoire américaine, durant laquelle le taux marginal d’imposition ne descendit jamais sous les 70%.

Depuis Ronald Reagan, le taux marginal d’imposition a oscillé entre 35 et 39% et la croissance économique depuis les années 70 a été de 2%. Malgré les affirmations absurdes de Trump prétendant le contraire, les Américains demeurent parmi les citoyens les moins taxés des nations industrialisées, avec 28 points de PIB, contre 36% pour les 38 membres de l’OCDE.

Donc quelle est l’alternative ? En fait, nous faisons face à une faillite des idées. Il y a une avalanche de critiques négatives du capitalisme ; et relativement peu de critiques positives. Nous devons tout d’abord prendre conseil auprès de David Harvey, professeur d’économie à l’Université de New York et regarder à l’intérieur du système économique lui-même pour trouver d’éventuelles solutions.

Observez par exemple comment les entreprises d’aujourd’hui sont gérées : elles ont un système de contrôle à travers leur chaîne d’approvisionnement. Leurs opérations sont centralisées, de manière sophistiquée et efficace. On peut facilement imaginer adopter cette méthodologie et la diriger à destination d’objectifs sociaux autres que la simple augmentation des bénéfices.

Une alternative

Un autre élément commun à toute alternative viable doit être mentionné ; et il contrebalance le besoin de centralisation – on le nomme autogestion. Le principe de salariat autogéré étend et renforce les principes démocratiques au-delà du domaine politique.

Le Président Ronald Reagan avec le Directeur au budget David Stockman. (Crédit photo: Reagan Library)

Le Président Ronald Reagan avec le Directeur au budget David Stockman. (Crédit photo: Reagan Library)

Chaque entreprise est dirigée par ceux qui y travaillent, et ce sont eux qui ont le pouvoir de décision quand il faut déterminer, par exemple, ce qu’il faut produire, quelle quantité et pour qui ; combien de dividendes doivent être distribués ; et comment l’entreprise doit être organisée et administrée. L’autogestion est un processus collectif basé sur des objectifs communs de personnes réunies dans une organisation productive gérée en coopération.

La première condition essentielle pour l’existence de l’autogestion est que la direction de l’entreprise soit confiée à tous ceux qui y travaillent. Le point crucial est que l’entreprise est ici contrôlée par les travailleurs eux-mêmes et non par les détenteurs du capital : en d’autres mots, ceux qui sont le plus impliqués dans la production de biens et de services ont le contrôle sur cette production.

Ceci est une condition sine qua non pour les travailleurs autogérés. Un processus démocratique est nécessaire pour répondre à cette condition ; où les objectifs peuvent être définis en interne, et où il y a l’égalité des droits de vote parmi tous ceux qui travaillent dans l’entreprise et idéalement, l’égalité des chances de participer démocratiquement à la gestion des affaires de l’organisation.

La démocratie économique est un pilier central de la légitimité dans un système pleinement démocratique. Le lieu de travail doit être un espace dans lequel les individus acquièrent les compétences participatives, des valeurs et des expériences qui forment un système démocratique vivant. Ce genre d’« entrainement social » est sévèrement entravé par les formes dominantes de l’aliénation.

L’autogestion est essentielle à la formation d’un travail communautaire non aliénant et facteur de productivité – elle façonne un espace dans lequel les gens se réunissent, non seulement pour répondre à leurs besoins financiers, mais aussi leur besoin de communauté, de dialogue et d’épanouissement au travail. Le thème de l’autogestion est particulièrement opportun : dans l’ère du capitalisme mondialisé, la démocratisation économique est plus pertinente que jamais. Heureusement, il y a beaucoup de preuves empiriques qui montrent que les entreprises autogérées réussissent aussi bien, sinon mieux, que les entreprises gérées classiquement.

Nous savons également que les managers qui sont employés dans les entreprises dans lesquelles les travailleurs ont de l’influence ont tendance à être plus enclins à responsabiliser les travailleurs : cela ne serait guère le cas si ces projets n’étaient pas des succès. La démocratie au travail est capable de satisfaire “l’impératif d’efficacité” – cela ne fait plus aucun doute. Sinon, personne ne voudrait que la démocratisation soit étendue au monde du travail. L’autogestion resterait au mieux une théorie inutile.

D’après la Fédération des coopératives américaines (U.S. Federation of Worker Cooperatives), il existe plus de 300 lieux de travail démocratiques rien qu’aux États-Unis, qui emploient des milliers d’individus et générant plus de 400 millions de dollars de revenus annuels. Le fait est que de plus en plus de gens ordinaires veulent de la démocratie au travail, et une telle attitude envers le changement social est une condition absolument nécessaire.

Donc, en l’honneur de l’anniversaire de Margaret Thatcher, prouvons à nous même, au monde, et ainsi aux générations futures qu’il y a réellement une alternative au système capitaliste mondialisé qui augmente la pauvreté, la misère et la relégation ; qui saccage l’environnement et prive l’Homme d’un environnement vivable, tout cela au nom d’un impératif fou que l’on peut résumer en un seul mot : la croissance.

Le Dr. Sam Ben-Meir enseigne la philosophie à l’Eastern International College.

Source : Consortiumnews.com, le 13/10/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/la-faillite-du-dogme-neoliberal-par-sam-ben-meir/