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Actu’Ukraine par Nicolas, 9 septembre

Tuesday 9 September 2014 at 00:01

Nicolas est citoyen franco-américain, a vécu au Japon, en Allemagne et en Russie, et actuellement traducteur et consultant export freelance en Italie

Je lui ai proposé de développer ses commentaires dans des billets réguliers

Erratum

Un commentateur du billet précédent a justement fait remarqué que le bataillon d’enfants dont je parlais ne s’appelle pas “Jeunes Banderistes” mais “Sokil”, soit Faucon  en français (Sokol en russe).

bataillon d'enfants

Bataillon d’enfants, région d’Ivano-Frankisk. Le drapeau rouge et noir est le drapeau de l’Armée Insurrectionnelle Ukrainienne.

Le nom ne change pas grand chose à l’idéologie de haine (nouvelle valeur européenne ?) que l’on inculque à ces jeunes enfants.

C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non

Arrêtez les rotatives ! Je viens d’apprendre que les journalistes russes présents en Ukraine sont selon Kiev des terroristes. C’est ainsi qu’ils présentent leurs condoléances pour la mort d’Andreï Sténine, tué le 6 août avec 2 autres personnes par un tir de tank sur leur voiture. Au passage ils qualifient de crime contre l’humanité le combat des rebelles contre les soldats qui viennent les tuer. Je ne sais pas comment après ça on peut qualifier la destruction systématique de l’infrastructure civile du Donbass, les tirs à l’aveuglette sur les quartiers résidentiels, la torture de prisonniers, etc.

Situation militaire

Marioupol

Officiellement, un cessez-le-feu est entré en vigueur vendredi 5 à 18 heures heure locale.
Pendant les heures qui ont précédé, les combats ont été très intenses, en particulier autour de Marioupol.

Situation autour de Marioupol le 8 septembre

Situation autour de Marioupol le 8 septembre, militarymaps.info

Des combats ont eu lieu dans la banlieue est de Marioupol, où les rebelles sont arrivés à environ 15 km du centre-ville (quartier de Sartana) et ont également pris les villages de Chirokino, Sakhanka et Talakovka, tous à environ 20 km du centre-ville, continuant progressivement et méthodiquement (travaux de fortifications) l’encerclement des quelques 2000 soldats de Kiev. Les rebelles auraient mobilisé 5000 soldats et 70 blindés pour la prise de Marioupol, dont l’importance stratégique ne saurait être surestimée. Le gouverneur officiel de la région de Donetsk, Tarouta, disait le 3 septembre que si l’Ukraine perd Marioupol, elle perdra la guerre. Il affirmait alors que Marioupol était en mesure de repousser les attaques novorusses… sauf qu’il parle de “terroristes russes”, mélangeant la version initiale parlant de terroristes tchétchènes, et celle plus récente de soldats russes. De fait, si les rebelles prennent le contrôle de Marioupol, cela leur ouvrira la voie vers l’ouest. Il est difficile de savoir quelle est l’ambiance à Marioupol, entre peur d’une “invasion” et espoir d’une “libération”. La propagande est extrêmement agressive et l’heure n’est pas à la liberté d’expression. La plupart des habitants, évidemment, souhaitent avant tout la paix. Un témoignage parmi d’autre parle de l’ambiance à Marioupol. Sur cette vidéo, une femme répète pendant plus d’une minute “Gloire à l’Ukraine!”, “Les Moskals au couteau!”, “Les Moskals à la branche!”, puis termine en disant qu’elle en a marre de cette propagande permanente, et qu’elle veut que l’Ukraine enlève ses tanks de Novorossie.

De l’autre côté de la ville, les rebelles n’ont pas réussi à conserver le contrôle de Mangouch et donc l’accès à la ville par l’ouest. En raison de cet échec, Kiev contrôle désormais la route E-58, et a miné les champs de tournesol autour de Mangouch, ce qui complique la tâche des Novorusses. Les villages de Yourievka, Yalta et Azovskoié pris par les Novorusses seraient donc encerclées, et Marioupol plus totalement encerclée. Selon certains témoignage, des combats auraient lieu aujourd’hui 8 septembre à l’ouest de Mangouch.

Pendant ce temps, Porochenko est à Marioupol, où des travaux de fortification se poursuivent, et il affirme qu’il enverra des renforts à Marioupol.

 

Autres fronts

Des renforts massifs ont permis à Kiev de reprendre le contrôle de la N-20 autour de Valnovakha (à mi-chemin entre Donetsk et Marioupol).

Tous les villages autour de Lougansk ont été libéré dans un rayon de 20 km environ, et Kiev concentre ses forces sur Schastié, où le bataillon Aïdar a miné une importante centrale électrique comme indiqué précédemment.

Sur les autres front, Kiev a bombardé de plusieurs villages après le cessez-le feu notamment Gorlovka, Makeevka, Yassinovataïa et Spartak. Et comme indiqué précédemment, et des combats ont eu lieu sur le territoire de l’aéroport de Donetsk, où se trouvent toujours quelques centaines de soldats de Kiev encerclés. Ces soldats ont bombardé Donetsk pendant la nuit du 5 au 6, tuant 4 civils.
La même nuit, les troupes de Kiev ont repris Telmanovo (moitié sud de la RPD, près de la frontière russe) en attaquant de 3 directions simultanément. Les Novorusses ont à leur tour repris Telmanovo quelques heures plus tard, dans la journée du 6. Le 8, les combats se poursuivent. Ce village contrôle la route qui relie à Donetsk les troupes novorusses qui se trouvent entre la frontière russe à la banlieue est de Marioupol.

Des tirs ont également eu lieu sur plusieurs autres fronts, tuant au moins un rebelle par un sniper (à Okhlovka) et faisant plusieurs blessés, mais sans modifier la ligne de front.
Comme Porochenko et Poutine en ont convenu le 6, le cessez-le-feu est “globalement respecté”. Les rebelles parlent déjà de “violentes trêves” dans leurs compte-rendus.
Les milliers de soldats de Kiev toujours encerclés dans les divers kotyols (poches) un peu partout dans le territoire novorusse demeurent sans approvisionnement de nourriture, carburant ou munitions. Ceux qui ont attaqué Telmanovo se trouvent dans l’un des kotyols.

 

Hors Donbass

Des maquisards de la région de Kharkov ont tiré au lance-roquette sur bureau de recrutement de Kharkov sans faire de victime, et selon des témoignages d’autres maquisards ont piégé un convoi de nouveaux conscrits se rendant au front, en l’arrêtant à un faux point de contrôle, en portant des uniformes ukrainiens. Une fois les officiers désarmés en douceur, 9 conscrits sur 84 auraient rejoint les rebelles, les autres rentrant à la maison ou partant en Russie. D’autres soldats de Kiev ont changés de camp récemment (exemple d’un garde-frontière). Une manifestation contre la guerre a aussi eu lieu à Kharkov.
Dans la région de Zaporojié, des maquisards affirment avoir détruit 18 pièces d’artillerie mobile destinées à Marioupol et capturé les missiles que transportait le convoi.

Ce n’est pas la première fois que des attaques ont lieu dans ces régions.

Escalade de Kiev et soutien militaire de l’OTAN

L’accalmie permet à Kiev d’apporter des renforts vers le front. Colonel Cassad parle de 500 véhicules (y compris blindés) vers Slavyansk. Les Novorusses affirment que Kiev prépare l’assaut de Donetsk et de Gorlovka.

Alors que Debaltsevo était sur le point de tomber aux mains des rebelles comme je l’indiquais précédemment, 32 tanks de Kiev (importés?) y seraient arrivés, ce qui complique lourdement la tâche des Novorusses et repousse la possibilité de reprendre la ville.

Entre Donetsk et Marioupol les troupes de Kiev ont été ravitaillées et coupent encore la route N-20, vers Valnovakha. Le 6, de l’aide médicale d’un genre spécial était signalée par @oysteinbogen en direction de Valnovakha. Il s’agit évidemment d’une violation flagrante de la convention de Genève.

Convoi militaire déguisé en convoi médical.

L’aide médicale de Kiev ne va pas forcément faire du bien à ceux qui la recevront.

Selon Yuri Lutsenko:

“Sécurité. Au sommet de l’OTAN, des accords ont été conclus concernant des conseillers militaires occidentaux et la livraison d’armes modernes par les États-Unis, la France; l’Italie, la Pologne et la Norvège”

La Norvège a cependant démenti toute intention de livrer des armes à l’Ukraine.

Dernière minute : Tout le monde dément, y compris la Pologne. Or la Pologne aurait livré 12 howitzers, débarqués à Odessa le 16 juillet. Il est donc probable que ces promesses de livraisons soient vraies… mais qu’il ne fallait pas le dire.

Lors du même sommet, Rasmussen a affirmé que l’OTAN soutiendra les réformes militaires de l’Ukraine et aidera le pays à renforcer son armée. Pour favoriser cette aide militaire, le parlement de Kiev a annulé les taxes sur l’importation des armes le 2 septembre.

La politique visée est donc toujours l’élimination de la rébellion par la force, ce qui était couru d’avance, c’est pour cela que je parlait d’accord de cessez-le-feu bidon. Il n’y a aucune volonté de la part des États-Unis d’aboutir à une résolution pacifique du conflit qu’ils ont créé.

 

Côté novorusse

Aujourd’hui 8 septembre a été décrété jour férié en Novorossie, en mémoire de la libération du Donbass par l’Armée Rouge, en 1943. Le 8 correspond à la libération de Donetsk, alors Stalino. Marioupol a été libéré le 10 septembre. Un vétéran de Kharkov parle de la crise, et rappelle la fraternité du peuple russe, qui a versé son sang de Stalingrad à Berlin.

L’accalmie permet aux ingénieurs novorusses d’effectuer des travaux de réparation sur l’infrastructure endommagée ou détruite. À Lougansk, les travaux préparatoires pour les réparations du réseau électrique et des canalisations d’eau ont commencé dès samedi 6. Lougansk n’a plus depuis des semaines ni eau, ni téléphone, ni livraison de médicaments ou de carburants, ni de paiement des retraites ou d’aides sociales. Les troupes de Kiev ayant été chassées à 20 km de Lougansk, les travaux de réparations devraient pouvoir se poursuivre.

À Donetsk, 50 transformateurs électriques ont été réparés le 6, laissant 44 transformateurs endommagés le 6 au soir. Les travaux se poursuivent sur toute l’infrastructure du Donbass.

Le recrutement et la formation des nouveaux soldats continue. Il est difficile d’estimer les effectifs novorusses. Je pense qu’ils ont dépassés, en tout, les 30000 hommes. Une parade de Cosaques à Perevalsk (entre Lougansk et Debaltsevo), ville reprise récemment à Kiev, donne une idée de l’effectif des Cosaques, présents sur l’un des nombreux fronts. On y voit des centaines de volontaires défiler sur une place, puis leurs blindés. Notez qu’une grande partie des tankistes de Novorossie avaient pour seule expérience comparable la conduite de tracteurs.

Les Novorusses ont également libérés plus de 15 soldats de Kiev. Porochenko affirme même que 1200 soldats de Kiev ont été libéré en 4 jours. On attend encore les premières libérations de soldats novorusses.

 

Accord de cessez-le-feu

Un accord de cessez-le-feu a donc été conclu le 5 septembre à Minsk. Les 5 signataires représentaient l’Ukraine, la Russie, la RPD, la RPL et l’OSCE. C’est à dire que l’instigateur du conflit, les États-Unis, n’était pas officiellement représenté, ce qui immédiatement pose la question de la portée d’un tel accord.

L’accord  comporte officiellement 12 points (d’autres points peuvent avoir été gardés confidentiels) qui sont :

  1. Garantir l’arrêt réciproque immédiat de l’utilisation des armes.
  2. Garantir le monitoring et la vérification par l’OSCE de la cessation d’utilisation des armes.
  3. Décentraliser le pouvoir, notamment par l’adoption de la Loi sur le régime temporaire de l’auto-administration locale dans les différents arrondissements des régions de Donetsk et Lugansk (Loi sur le statut particulier).
  4. Garantir un monitoring effectif permanent sur la frontière russo-ukrainienne et vérification par l’OSCE de la création d’une zone de sécurité dans les régions frontalières.
  5. Libération immédiate de tous les prisonniers et des personnes illégalement détenues.
  6. Adopter la loi ne permettant pas la poursuite et la condamnation de toute personne liée aux évènements ayant eu lieu dans les régions ukrainiennes de Lugansk et Donetsk.
  7. Continuer un dialogue national entre toutes les parties.
  8. Prendre les mesures nécessaires à l’amélioration de la situation humanitaire dans le Donbass.
  9. Garantir la tenue d’élections anticipées locales conformément à la Loi sur le régime temporaire de l’auto-administration locale dans les différents arrondissements des régions de Donetsk et Lugansk (Loi sur le statut particulier).
  10. Faire sortir les formations militaires illégales, les armes, les combattants et mercenaires du territoire ukrainien.
  11. Adopter le programme de rétablissement économique du Donbass et de la vie de la région.
  12. Donner des garanties personnelles concernant la sécurité des participants aux consultations.

 

Le point 3 n’accorde même pas la fédéralisation, juste une décentralisation, c’est à dire rien. Et ce rien ne sera que temporaire, suivi du retrait de ce néant généreusement accordé au Donbass. Dans ce cadre, l’Ukraine, Donbass inclus, pourra intégrer l’Union Européenne (on ne va quand même pas demander aux Européens s’ils sont d’accord) et l’OTAN.

Le point 10, selon l’interprétation qu’en font Kiev et les occidentaux, affirme que les troupes novorusses doivent désarmer et quitter le territoire de “l’Ukraine”.

Le point 6 assure l‘immunité pour tous les crimes de guerre.

Il faut souligner que le rôle des présidents de la RPD et de la RPL n’est pas indiqué au bas du documents. C’est à dire que selon cet accord, ils ne représentent rien ni personne, et la RPD et la RPL n’existent pas. En toute logique, si la Novorossie accède à l’indépendance de jure, elle ne sera donc aucunement contrainte par ce document qui n’a été signé que par MM. Zakhartchenko et Plotnitskiy en leurs noms personnels.

On voit donc que l’accord accorde tout à Kiev, rien à la Novorossie, comme si la Novorossie avait été vaincue militairement, ce qui est très loin d’être le cas. Il est donc impossible que cet accord puisse avancer en quoi que ce soit la résolution du conflit. Cet accord est donc encore plus bidon que je le croyais initialement.

Il ne faut donc peut-être pas surinterpréter cet accord qui ne correspond en rien à un début de résolution du conflit. Pour de longues analyses, on pourra lire celle du Colonel Cassad ou en français celle de russiepolitics. Simplifions :

Le fait que la Russie a signé cet accord pose pour certains la question de savoir si la Russie aurait “trahi” la cause novorusse, et donc le peuple russe. C’est une interprétation simpliste, qui relève du monde en noir et blanc à la sauce GWB, (qui se résume à “ceux qui ne sont pas les vassaux des États-Unis en sont les ennemis”). Or Vladimir Poutine nous a habitué à analyser finement les situations complexes afin de leur apporter des réponses subtiles. Ce que veut avant tout la Russie, c’est avoir de bonnes relations avec ses voisins, ne pas avoir de guerre à ses frontières et développer son pays, notamment économiquement, en partenariat avec autant de pays possibles, y compris les pays européens, et laisser la porte ouverte à un retour à de bonnes relations avec Kiev, le berceau de la Russie. Cet accord a été signé par la Russie dans ce cadre. Ce sont des évidences, mais qui méritent d’être rappelées en raison de la propagande russophobe omniprésente dans les médias. Le grand projet géostratégique anglo-américain, c’est la division de l’Ukraine et de la Russie en 2 camps ennemis, afin d’affaiblir la Russie autant que possible, jusqu’à, but maximum, l’éclatement de la Russie. La Russie doit donc agir avec une extrême prudence afin que les habitants de l’Ukraine, après l’effondrement de la junte actuelle qui vit probablement ses derniers mois, ne puissent lui reprocher ni une invasion, ni d’avoir laissé la junte massacrer la population du Donbass. Dans ce cadre, un accord de cessez-le-feu même totalement symbolique est bon à prendre : chaque jour de cessez-le-feu même très relatif, ce sont des dizaines de vies épargnées. Rappelons que la Russie continue de soutenir le Donbass par son aide humanitaire, avec l’envoi d’un second convoi.

En outre, l’action de la Russie reste parfaitement cohérente avec le respect du droit international, le droit à l’autodétermination, une forte volonté de conciliation démontré depuis le début de la crise, avec notamment :
-La livraison (sans compensation) d’énormes quantités de matériel militaire trouvé dans les bases de Crimée, de l’ordre du milliard de dollars de matériel livré, y compris après le début de la guerre.
-La requête de Poutine aux rebelles de repousser les référendums d’autodétermination du 11 Mai afin d’apaiser la situation
-La livraison (toujours impayée) de gaz pour un montant de plusieurs milliards de dollars à l’Ukraine, longtemps après les premiers retards de paiement

Le temps joue plutôt en faveur de la Novorossie, qui continue à s’organiser, recruter, former des soldats et remet en état son infrastructure ; et contre la junte de Kiev qui avance d’énormes quantités d’armes pour préparer de nouveaux assaut, et réalise la rotation des troupes qu’elle n’aurait pas pu réaliser sans trêve, mais doit de gérer un mécontentement de plus en plus fort de la population (contre les hausses d’impôts, la baisse du niveau de vie, les coupures de chauffage, la guerre) et des nationalistes (qui veulent plus de moyens pour la guerre), et l’avancée de l’hiver qui sera un problème colossal en raison de l’arrêt des livraisons de gaz russe et de charbon du Donbass. L’objectif principal de la Novorossie, commun à la Russie, n’est pas la conquête militaire de l’Ukraine mais la chute de la junte qui fera place à un gouvernement qui ne pourra qu’être moins agressif envers la Russie et plus indépendant par rapport aux États-Unis. Une fois la junte partie, la réalité des crimes de guerres ne pourra que nuire aux nationalistes qui les ont commis et encouragés.

 

L’isolement de la Russie se poursuit

Le bloc Américano-Atlantique continue de punir la Russie pour la guerre voulue par les États-Unis. Toutes ces “sanctions” (parfaitement illégales, rappelons-le) ont pour but d’isoler la Russie et de la contraindre à se soumettre.

En Mongolie (dernier pays à avoir réussi à conquérir la Russie), Vladimir Poutine a conclut plusieurs accords concernant les relations ferroviaires entre les pays, l’annulation du régime de visas pour les visites jusqu’à 30 jours, l’annulation de limites d’importations de produits agricoles mongols, une aide militaire et technique à la Mongolie. Il était ému (ou alors il y avait du sable dans l’air ?).

La visite de Vladimir Poutine en Mongolie correspondait au 75ème anniversaire d’une victoire des forces soviéto-mongoles contre le Japon, le 3 septembre 1939.
Les liens avec le Vietnam se renforcent également, avec l’achat de Superjet Sukhoï  100 (SSJ-100)  par la compagnie Viet-Jet qui se précise. Cela fait suite à l’achat de ce même avion par le Laos et l’Indonésie. La production de SSJ-100 passera de 25 à 50 en 2015.

Auparavant, c’est avec la Corée du nord que la Russie concluait des accord pour l’exploitation des ressources minières du pays
La semaine dernière, l’entreprise chinoise Shenhua a conclu avec Rostex un accord dans le domaine de l’énergie, pour un montant de 10 milliards de dollars.

Tout cela fait suite au méga-contrat de Gazprom avec la Chine, et des très nombreux accords entre la Russie et différents pays d’Amérique Latine plus tôt cette année. Bref, pendant que l’OTAN aboie des insanités et pousse au massacre, la Russie appelle au calme et au dialogue. Pendant que l’Europe se ferme, accuse sans preuve et nuit grandement à ses propres intérêts économiques et géostratégiques, la Russie continue pragmatiquement son développement économique et s’ouvre à de nouveaux partenariats. Le Bloc-Américano-Occidental, c’est grosso-modo un milliard de personnes en comptant le Japon qui freine des quatre fers quand l’Oncle Sam exige d’imposer des sanctions contre la Russie. La Russie est donc contrainte de limiter son développement économique au reste du monde, soit 6 milliards de personnes, malgré les protestation des entreprises industrielles et agricoles européennes. Dans le même temps, le développement de l’Arctique se poursuit avec de nouveaux projets pétroliers, et la création d’une base militaire permanente dans les Îles de Nouvelle-Sibérie (~ 1600 km du Pôle Nord).

Le monde continue progressivement de se débarrasser du dollar faiseur de guerres. C’est maintenant la Chine et l’Argentine qui feront des échanges en monnaies nationales au lieu d’utiliser le dollar (19 contrats et 7,5 milliards en équivalent dollars). Ça prendra du temps, mais les États-Unis pourraient réussir à s’isoler.

Demande d’information

Merci d’indiquer en commentaire une ou des destructions d’infrastructures civiles (hôpitaux, écoles, centrales électriques, stations de pompage etc) commises pendant cette guerre, avec un lien sur un site d’information qui indique le lieu, la date etc. Merci. Questions subsidiaire: quelqu’un pourrait-il se dévouer pour en faire un tableau partagé ?

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-9-septembre/


[Tout va bien] Marine Le Pen battrait Hollande au 2e tour en 2017…

Sunday 7 September 2014 at 20:57

Bon, ce n’est qu’un sondage, mais il est intéressant au niveau des tendances.

Marine Le Pen serait en tête du 1er tour en 2017 dans tous les cas de figure :

Et au second tour, elle perdrait face à la droite mais battrait Hollande :

Ce qui confirme bien qu’il est important d’euthanasier Hollandréou rapidement :

Voici le détail de l’hypothèse Le Pen / Hollande, qui est très intéressant :

Donc 62 % des jeunes et 70 % des ouvriers préfèrent Le Pen…

Hollande reste le candidat des diplômés – et donc des plus riches…

Vu la remarque précédente, la Région Parisienne ne choisit donc pas Le Pen, mais les autres oui.

Pas de grande différence entre les communes rurales et les communes urbaines de province.

Donc 80 % des électeurs UMP et 27 % de ceux de Mélenchon en 2012 préfèrent Le Pen…

Hollande a ainsi largement perdu les gens de droite, par son incompétence, son manque d’éthique et ses combats à la noix sur les “pseudo-valeurs”.

Qui sème la haine et la division dans le pays, récolte hélas la tempête…

Donc ce qui reste à faire pour limiter les dégâts semble simple : priorité au social, lutte contre la finance, etc. Il faut améliorer sensiblement la vie des plus pauvres.

Je dirais même “Oser la République”, je vous renvoie sur l’excellent texte de Régis Debray : Etes-vous démocrate ou républicain ?

Mais pas de bol, on a ça pour gérer le pays :

P.S. Le détail du sondage :

Sondage publié par LeFigaro

Source: http://www.les-crises.fr/tout-va-bien-marine-le-pen-battrait-hollande-au-2e-tour-en-2017/


Les anciens du renseignement US à Merkel : “Nous ne voyons aucune preuve crédible d’une invasion russe” (+ Câble confidentiel de 2008 “Niet, c’est Niet”)

Sunday 7 September 2014 at 04:00

Le groupe VIPS d’anciens du renseignement américain, que nous avons déjà accueillis pour leurs propos sur l’Irak, la Syrie, l’Ukraine et le MH-17,  mettent cette fois en garde directement Merkel (RIP François Hollande)

Alarmés par l’hystérie anti-russe qui s’est emparée de Washington – et par le spectre d’une nouvelle guerre froide – d’anciens membres des services de renseignement américains ont pris l’initiative inhabituelle d’envoyer ce 30 août à la chancelière allemande Merkel une note qui remet en cause la fiabilité des médias ukrainiens et américains concernant une « invasion » russe.

MEMORANDUM POUR :  Angela Merkel, chancelière d’Allemagne

DE: Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS – Les vétérans du renseignement pour un comportement sensé)
OBJET : Ukraine et OTAN

Nous soussignés sommes des vétérans chevronnés du renseignement américain. Nous faisons la démarche inhabituelle de vous écrire cette lettre ouverte pour nous assurer que vous êtes bien au fait de notre point de vue avant le sommet de l’OTAN les 4 et 5 septembre.

Vous devez savoir notamment que les accusations d’une « invasion » russe majeure de l’Ukraine ne reposent pas sur des renseignements fiables. En fait, ces « renseignements » semblent être aussi douteux et « arrangés » à des fins politiques que ceux utilisés il y a douze ans pour « justifier » l’attaque menée par les États-Unis contre l’Irak.

Nous n’avons pas vu de preuve crédible d’armes de destruction massive en Irak à l’époque ; nous ne voyons aucune preuve crédible d’une invasion russe aujourd’hui.

Il y a douze ans, l’ancien chancelier Gerhard Schröder, conscient de la fragilité des preuves de l’existence d’Armes de Destruction Massive en Irak, a refusé de se joindre à l’attaque contre l’Irak. À notre avis, vous devriez considérer avec un grand scepticisme les accusations lancées par le Département d’État américain et par des officiels de l’OTAN, selon lesquels la Russie a entrepris d’envahir l’Ukraine.

Le président Barack Obama a tenté le 29 août de calmer la rhétorique de ses propres diplomates et des médias grand public, lorsqu’il a publiquement décrit l’activité récente en Ukraine comme « une continuation de ce qui a lieu depuis des mois maintenant…ce n’est pas vraiment un changement ».

Obama, cependant, n’a qu’un contrôle limité sur les décideurs politiques de son administration – qui, malheureusement, manquent beaucoup de sens de l’histoire, connaissent peu de choses de la guerre, et font des invectives anti-russes une politique. Il y a un an, des officiels va-t-en-guerre du Département d’Etat et leurs amis dans les médias ont failli obtenir d’Obama qu’il déclenche une attaque majeure contre la Syrie, fondée une fois de plus sur des « renseignements » pour le moins douteux.

Principalement à cause de la place de plus en plus grande faite à des renseignements que nous croyons erronés, et de la confiance qui leur est apparemment accordée, nous pensons que la possibilité que les hostilités dépassent les frontières de l’Ukraine a augmenté ces derniers jours de façon considérable. Plus important encore, nous pensons que cette éventualité peut être évitée, mais cela dépendra du degré de scepticisme judicieux dont vous et les autres dirigeants européens ferez preuve au sommet de l’OTAN la semaine prochaine.

L’expérience du mensonge

Nous espérons que vos conseillers vous ont rappelé le bilan pour le moins suspect du Secrétaire Général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, en matière de crédibilité. Il nous apparaît que c’est Washington qui continue à préparer les plans des discours de Rasmussen. C’était tout à fait clair à la veille de l’invasion de l’Irak menée par les Etats-Unis, quand, en tant que Premier ministre danois, il a dit à son Parlement : « L’Irak a des armes de destruction massive. Ce n’est pas quelque chose que nous croyons seulement. Nous le savons. »

Des photos peuvent valoir mille mots ; elles peuvent tromper aussi. Nous possédons une expérience considérable dans la collecte, l’analyse et le signalement de toutes sortes d’imageries (satellitaire ou autre), ainsi que dans d’autres types de renseignements. Il suffit de dire que les images publiées par l’OTAN le 28 août ne constituent qu’une base très faible pour accuser la Russie d’envahir l’Ukraine. Il est triste de constater qu’ elles ressemblent beaucoup aux images montrées par Colin Powell à l’ONU le 5 février 2003, qui, de la même façon, ne prouvaient rien du tout.

Le jour même, nous avions averti le président Bush que nos anciens collègues analystes étaient « de plus en plus affligés par la politisation du renseignement » et nous lui avions dit catégoriquement que « la présentation de Powell était très loin » de justifier la guerre. Nous avions recommandé avec insistance que M. Bush « élargisse la discussion [...] au-delà du cercle de ces conseillers ouvertement favorables à une guerre qu’aucune raison n’imposait à nos yeux, et dont nous pensions que les conséquences imprévues auraient toutes les chances d’être catastrophiques ».

Regardez l’Irak aujourd’hui. Pire que catastrophique.

Bien que le président Vladimir Poutine ait jusqu’à maintenant fait montre d’une réserve considérable sur le conflit en Ukraine, il nous incombe de nous souvenir que la Russie, elle aussi, peut « choquer et stupéfier » [“shock and awe.”] . À notre avis, s’il y a la moindre chance pour que ce genre de choses puisse se produire en Europe à cause de l’Ukraine, des dirigeants sensés doivent y réfléchir avec la plus grande prudence. Si les photos que l’OTAN et les États-Unis ont publiées représentent les meilleures « preuves » disponibles d’une invasion de la Russie, nous pensons de plus en plus qu’un effort majeur est en cours pour conforter des arguments destinés à faire approuver par le Sommet de l’OTAN des actions dont il est sûr qu’elles seront considérées comme provocatrices par la Russie. Caveat emptor [« Que l'acheteur soit vigilant »] est une expression qui vous est sans doute familière. Ajoutons simplement qu’on devrait être très prudent sur ce que M. Rasmussen ou même le Secrétaire d’Etat John Kerry colportent. 

Nous sommes sûrs que vos conseillers vous tiennent régulièrement informée sur la crise ukrainienne depuis début 2014, et sur le fait que l’éventualité d’une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN serait inacceptable pour le Kremlin. Selon un câble du 1er février 2008 de l’ambassade des États-Unis à Moscou (publié par WikiLeaks), adressé à la Secrétaire d’État Condoleeza Rice, l’ambassadeur des États-Unis William Burns a été appelé par Sergey Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui lui a signifié l’opposition ferme de la Russie à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN.

Lavrov a mis ostensiblement en avant ses « craintes que cette question puisse potentiellement diviser le pays en deux, menant à la violence ou même, selon certains, à une guerre civile, ce qui forcerait la Russie à décider si elle doit intervenir ». Burns a donné un titre surprenant à son câble, « NIET C’EST NIET : LES LIGNES ROUGES RUSSES SUR L’EXPANSION DE L’OTAN », et l’a envoyé à Washington en priorité IMMÉDIATE. Deux mois plus tard, lors de leur sommet à Bucarest, les dirigeants de l’OTAN ont publié une déclaration officielle selon laquelle « la Géorgie et l’Ukraine feront partie de l’OTAN ».
Le 29 août, le Premier ministre ukrainien Arseny Iatseniouk a prétendu sur sa page Facebook qu’avec l’approbation du Parlement qu’il avait requise, le chemin vers une entrée dans l’OTAN est ouvert.

Iatsenyuk était, bien sûr le premier choix de Washington pour devenir Premier ministre après le coup d’Etat du 22 février à Kiev.

« Yats est le bon », a dit la secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland quelques semaines avant le coup d’Etat, dans une conversation téléphonique interceptée avec l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt. Pour mémoire, il s’agit de la même conversation au cours de laquelle Nuland a dit: « Fuck the EU » [que l'Union Européenne aille se faire foutre].

Timing de « l’invasion » russe

Selon la version conventionnelle promue par Kiev il y a encore quelques semaines, les forces ukrainiennes avaient le dessus dans le combat contre les fédéralistes anti-putschistes dans le Sud-Est de l’Ukraine, dans ce qui était en grande partie présenté comme une opération de nettoyage. Mais cette image de l’offensive provenait presque exclusivement de sources officielles gouvernementales de Kiev. Il y avait très peu de rapports en provenance du terrain, dans le Sud-Est de l’Ukraine. Il y en a tout de même eu un qui citait le président ukrainien Petro Poroshenko, et qui soulevait des doutes sur la fiabilité de la représentation faite par le gouvernement.

D’après le « service de presse du président d’Ukraine », le 18 août, Poroshenko a appelé à un « regroupement d’unités militaires impliquées dans le coup de force dans l’Est du pays. [...] Aujourd’hui nous devons réorganiser les forces qui défendront notre territoire et la poursuite de nos offensives armées a dit Poroshenko, ajoutant : « Nous devons envisager une nouvelle opération militaire au vu des nouvelles circonstances. »

Si les « nouvelles circonstances » signifiaient le succès des progressions des forces du gouvernement ukrainien, pourquoi serait-il nécessaire de se « regrouper », de « réorganiser » les forces ? Presque au même moment, des sources sur le terrain ont commencé à rapporter une série d’attaques menées avec succès par les fédéralistes anti-putschistes contre les forces du gouvernement. D’après ces sources, c’était l’armée gouvernementale qui commençait à subir de lourdes pertes et à perdre du terrain, en grande partie à cause de son incompétence et d’un commandement défaillant.

Dix jours plus tard, alors qu’ils se faisaient encercler et/ou qu’ils avaient battu en retraite, une excuse toute faite pour l’expliquer était trouvée dans « l’invasion russe ». C’est à ce moment précis que des photos floues ont été publiées par l’OTAN, et que des reporters comme Michael Gordon du New York Times ont eu le champ libre pour répandre la nouvelle suivante : « les Russes arrivent ». (Michael Gordon a été l’un des propagandistes les plus extrêmes de la guerre en Irak.)

Pas d’invasion – Mais beaucoup d’autres soutiens russes

Les fédéralistes anti-putschistes dans le Sud-Est de l’Ukraine bénéficient d’un soutien local considérable, en partie à cause des frappes d’artillerie du gouvernement sur des centres urbains importants. Et nous pensons que le soutien russe passe probablement la frontière et inclut, de façon significative, un excellent service de renseignements de terrain. Mais à ce point de la situation, il est loin d’être évident que ce soutien inclut des chars et de l’artillerie, principalement parce que les fédéralistes, mieux dirigés, ont été victorieux, de façon étonnante, quand il s’est agi d’acculer les forces du gouvernement.

En même temps, il y a peu de doutes sur le fait que, quand et si les fédéralistes en auront besoin, les chars russes arriveront.

C’est précisément pour cette raison que la situation exige un effort concerté pour un cessez-le-feu que, comme vous le savez, Kiev n’a jusqu’à présent fait que retarder. Que peut-on faire à ce point ? À notre avis, il faut dire franchement à Porochenko et Iatseniouk que l’adhésion à l’OTAN est hors de question – et que l’OTAN n’a pas l’intention de mener une guerre par procuration contre la Russie – et sûrement pas en soutien de l’armée ukrainienne en lambeaux. Il faut dire la même chose aux autres membres de l’OTAN.

Pour le groupe de pilotage, Veteran Intelligence Professionals for Sanity
William Binney, ancien directeur technique, analyste pour la géopolitique mondiale et les questions miliaires, NSA ; co-fondateur du SIGINT centre de recherche sur l’automatisation (ret.)
Larry Johnson, CIA & Département d’Etat (ret.)
David MacMichael, National Intelligence Council (ret.)
Ray McGovern, ancien officier de l’US Army d’infanterie/renseignement & analyste à la CIA (ret.)
Elizabeth Murray, officier adjoint pour le renseignement national pour le Moyen-Orient (ret.)
Todd E. Pierce, major, juge-avocat, US Army (ret.)
Coleen Rowley, Division Counsel & agent spécial, FBI (ret.)
Ann Wright, colonel, US Army (ret.); officier affaires étrangères (a démissionné)

Source : consortiumnews.com, 01/09/2014 ; traduction par les lecteurs du site www.les-crises.fr (à diffuser dans modération…).

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 Je vous propose aussi la traduction du saisissant câble confidentiel Wikileaks du 1er février 2008 de l’ambassadeur américain en Ukraine, évoqué par les VIPS :

CONFIDENTIEL MOSCOU 000265, 01/02/2008

SIPDIS

E.O. 12958: DECL: 01/30/2018

TAGS: PREL NATO UP RS
SUJET : NIET C’EST NIET: LES LIGNES ROUGES DE LA RUSSIE SUR L’EXPANSION DE L’OTAN
REF: A. MOSCOU 147
¶B. MOSCOU 182

Confidentiel par : ambassadeur William J. Burns. Reasons 1.4 (b) and (d).

1. (C) Sommaire. Après une première réaction tempérée vis-à-vis de la volonté ukrainienne d’entrer dans le Plan d’action pour l’Adhésion à l’OTAN (MAP) au sommet de Bucarest (ref A), le ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov et d’autres officiels de haut rang ont réitéré leur forte opposition, insistant sur le fait que la Russie verrait une expansion plus à l’est comme une menace militaire potentielle. L’expansion de l’OTAN, en particulier à l’Ukraine, reste un problème “émotionnel et névralgique” pour la Russie, mais des considérations de politique stratégique sous-tendent aussi une forte opposition à l’adhésion à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie. En Ukraine, ces considérations comprennent des craintes que cette question puisse potentiellement diviser le pays en deux, menant à la violence ou même, selon certains, à une guerre civile, ce qui forcerait la Russie à décider si elle doit intervenir. De plus, le gouvernement russe et certains experts continuent à soutenir que l’adhésion ukrainienne à l’OTAN aurait un impact majeur sur l’industrie de défense russe, sur les liens familiaux russo-ukrainiens et sur les relations bilatérales générales. En Géorgie, le gouvernement russe craint une instabilité prolongée et des “actes de provocation” dans les régions séparatistes. Fin du sommaire

Ministère des affaires étrangères : élargissement de l’OTAN “menace militaire potentielle pour la Russie”
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2. (U) Lors de son compte-rendu annuel sur la politique étrangère russe, les 22 et 23 Janvier (ref B), le ministre des Affaires étrangères russe Lavrov a souligné que la Russie devait considérer l‘expansion de l’OTAN vers l’est, particulièrement vers l’Ukraine et la Géorgie, comme une menace militaire potentielle. Bien que la Russie puisse croire les déclarations de l’Occident selon lesquelles l’OTAN ne serait pas dirigé contre la Russie, si l’on observe les récentes manoeuvres militaires dans des pays membres de l’OTAN (mise en place de bases d’opérations américaines avancées, etc), on constate que celles-ci doivent être évaluées non à travers les intentions officielles proclamées, mais bien à travers leur potentiel. Lavrov a souligné que le maintien de la “sphère d’influence” de la Russie dans son voisinage était anachronique, et a reconnu que les Etats-Unis et l’Europe avaient des “intérêts légitimes” dans la région. Cependant, il a fait remarquer que malgré la liberté des pays à prendre leurs propres décisions en matière de sécurité et à rejoindre les organisations politico-militaires qu’ils souhaitent, ceux-ci devaient garder à l’esprit l’impact sur les pays voisins.

3. (U) Lavrov a insisté sur le fait que la Russie était convaincue que l’expansion n’était pas fondée sur des raisons de sécurité, mais sur un héritage de la Guerre Froide. Il a contesté l’argument selon lequel l’OTAN est un mécanisme approprié pour aider à renforcer des gouvernements démocratiques. Selon ses propos, la Russie a compris que l’OTAN se cherche une nouvelle mission, mais qu’il y a une tendance croissante chez les nouveaux membres de faire et dire n’importe quoi, du fait même de la protection que leur accorde l’OTAN (par exemple : les tentatives des nouveaux pays membres de “réécrire l’histoire et de glorifier les fascistes“).

4. (U) Durant une conférence de presse du 22 janvier en réponse à une question portant sur la demande de l’Ukraine à faire partie du Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN (MAP), le ministre des Affaires étrangères a répondu : “une nouvelle expansion radicale de l’OTAN pourrait apporter une modification politico-militaire sérieuse, qui affectera inévitablement les intérêts de la sécurité de la Russie”. Le porte-parole a continué en soulignant que la Russie était liée à l’Ukraine par des obligations bilatérales établies par le Traité d’Amitié Coopération et Partenariat, signé en 1997, où les deux parties s’engagent à “se retenir de participer ou de soutenir des actions capables de nuire à la sécurité de l’autre partie”. Le porte-parole a noté que “l’intégration probable de L’Ukraine dans l’OTAN compliquerait sérieusement les multiples aspects des relations russo-ukrainiennes”, et que la Russie “devrait prendre des mesures appropriées”. Il a ajouté : “on a l’impression que les dirigeants ukrainiens actuels voient généralement le rapprochement avec l’OTAN comme une alternative à de bons liens de voisinage avec la fédération de Russie”.

Opposition Russe névralgique et concrète
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5. (C) Les aspirations à l’OTAN de l’Ukraine et de la Géorgie non seulement heurtent la sensibilité de la Russie, mais engendrent également de sérieuses inquiétudes sur les conséquences pour la stabilité dans la région. Non seulement la Russie perçoit son encerclement et les efforts menés pour saper son influence dans la région, mais elle craint aussi des conséquences imprévisibles et incontrôlables qui affecteraient sérieusement ses intérêts en matière de sécurité.

Les experts nous disent que la Russie est particulièrement inquiète sur les fortes divisions en Ukraine quant à l’adhésion à l’OTAN. Une majorité de la communauté russe ethnique étant opposée à cette adhésion, elles pourraient provoquer une scission entraînant des violences, voire au pire, une guerre civile .

Dans cette éventualité, la Russie devrait décider si elle doit intervenir ; une décision à laquelle elle ne souhaite pas être confrontée.

6. (C) Dmitri Trenine, Directeur Adjoint du Carnegie Moscow Center, a exprimé sa préoccupation sur le fait que l’Ukraine soit, à long terme, le facteur potentiellement le plus déstabilisant dans les relations américano-russes, étant donné le degré d’émotion et de malaise provoqué par son souhait d’adhésion à l’OTAN. La lettre demandant de prendre en considération sa candidature pour le Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN a été une “mauvaise surprise” pour les officiels russes, qui pensaient que les aspirations à l’OTAN de l’Ukraine étaient en veilleuse. Avec cette lettre ouverte, le sujet s’est “ravivé”. Parce que l’adhésion à l’OTAN demeurait une source de discorde dans la politique intérieure ukrainienne, elle a créé une ouverture pour une intervention russe. Trenine s’est dit inquiet, parce que certains éléments de l’élite russe seraient ainsi encouragés à intervenir dans cette affaire et à stimuler le soutien des États-Unis à des forces politiques antagonistes, laissant ainsi les États-Unis et la Russie dans une posture de confrontation classique. L’ironie de cette situation, a déclaré Trenine, c’est que l’adhésion de l’Ukraine affaiblirait l’OTAN, mais ni l’opinion publique, ni l’élite russe ne sont prêts à accepter cet argument. Le virage progressif de l’Ukraine vers l’Ouest était une chose, son statut préventif d’allié militaire en droit des États-Unis en était une autre. Trenine a fermement mis en garde : il ne faudrait pas laisser une lutte interne pour le pouvoir en Ukraine, où le MAP n’est qu’un outil de politiques internes, compliquer encore plus les relations actuelles entre les États-Unis et la Russie.

7. (C) Une autre question qui entraîne l’opposition russe à l’adhésion ukrainienne est l’importante coopération des deux pays dans le domaine de l’industrie de la défense, y compris nombre d’usines dans lesquelles des armes russes sont fabriquées. Alors que des efforts sont en cours pour fermer ou déménager la plupart de ces usines en Russie, et de relocaliser la flotte de la mer Noire de Sébastopol à Novorossiysk avant la date butoir de 2017, le gouvernement a clairement établi que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN exigerait que la Russie apporte d’importantes (et coûteuses) modifications à sa coopération dans l’industrie de la défense.

8. (C) De même, le gouvernement russe et les experts notent qu’il y aurait aussi un impact significatif sur les relations russo-ukrainiennes dans l’économie et l’emploi, et notamment un effet sur des milliers d’Ukrainiens vivant et travaillant en Russie et vice versa, du fait de la nécessité d’imposer un nouveau régime de visas. Selon Aleksandr Konovalov, directeur de l’institut d’évaluation stratégique, cela deviendrait un bouillon de culture de colère et de rancune parmi les populations locales.

9. (C) En ce qui concerne la Géorgie, la plupart des experts ont dit que, bien que son statut ne soit pas aussi névralgique pour la Russie que l’Ukraine, le gouvernement russe jugeait la situation là-bas trop instable pour résister aux divisions qu’une adhésion à l’OTAN pourrait entraîner. Selon Aleksey Arbatov, directeur adjoint du Carnegie Moscow Center, les aspirations à l”OTAN de la Géorgie ne seraient qu’une façon de résoudre ses problèmes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Il a averti que la Russie serait mise dans une situation difficile si cela en résultait.

Réponse de la Russie
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10. (C) Le gouvernement russe a clairement indiqué qu’il devrait “sérieusement réévaluer” l’intégralité de ses relations avec l’Ukraine et la Géorgie dans le cas où l’OTAN les inviterait à adhérer. Cela pourrait avoir des impacts majeurs sur l’engagement en matière énergétique, économique et politico-militaire, avec des répercussions possibles partout dans la région, jusqu’à l’Europe Centrale et Occidentale. La Russie réviserait aussi probablement ses propres relations avec l’Alliance et ses activités dans le Conseil OTAN-Russie, et envisagerait des mesures supplémentaires dans le contrôle de l’armement, comme la possibilité d’un retrait complet des traités CFE [Traité sur les forces conventionnelles en Europe] et INF [Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire], ainsi que des menaces plus directes contre les systèmes américains de défense antimissile.

11. (C) Isabelle François, directrice du bureau d’information de l’OTAN à Moscou, a dit qu’elle croyait que la Russie avait accepté que l’Ukraine et la Géorgie finissent par adhérer à l’OTAN et qu’elle était s’engagée dans un plan à long terme pour reconfigurer ses relations avec les deux pays et avec l’Alliance. Cependant, la Russie n’était pas encore prête à faire face aux conséquences d’une expansion de l’OTAN vers son côté sud. Elle a ajouté que même si la Russie appréciait la coopération avec l’OTAN au sein du conseil OTAN-Russie, la Russie éprouverait la nécessité d’insister sur une refonte de la relation OTAN-Russie, voire d’un retrait complet du conseil OTAN-Russie dans le cas où l’Ukraine et la Géorgie adhèreraient à l’OTAN.

Commentaire
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12. (C)
L’opposition de la Russie à une adhésion de l’Ukraine à l’Otan est à la fois d’ordre affectif et fondée sur leur perception des intérêts stratégiques de la Russie dans la région. Le fait de dépeindre les USA et l’OTAN comme des adversaires de la Russie est également un atout politique, la main tendue de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie servant à rallier les nationalistes russes. L’opposition russe à l’expansion de l’OTAN, au milieu des années 90, était déjà forte. Aujourd’hui, la Russie se sent capable de répondre plus fermement à ce qu’elle perçoit comme des actions contraires à ses intérêts nationaux.

Source : Wikileaks

Source: http://www.les-crises.fr/vips-merkel-invasion-russe/


“Il faut sanctionner la Russie” (épisode 38)

Sunday 7 September 2014 at 03:00

Lu dans le Figaro - hallucinant alors que la Russie vient de faire pression pour un cesser le feu…

(Sympa le symbole néonazi sur le bataillon Azov…)

Les ambassadeurs des 28 pays de l’Union européenne ont approuvé vendredi soir de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, malgré un accord de cessez-le-feu entre forces ukrainiennes et rebelles prorusses.

La mèche est allumée, elle peut encore s’éteindre. Les Vingt-Huit sont tombés d’accord vendredi pour intensifier leurs sanctions contre Moscou. Mais ils sont prêts à y renoncer, si le cessez-le-feu signé à Minsk entre Ukrainiens et séparatistes prorusses devait réussir.

Ah parce que si Secteur droit rompt la trêve, on sanctionne donc la Russie ?

Comme en juillet après la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines, l’arsenal repose sur des sacrifices mutuellement consentis. Le Royaume-Uni accepte de rogner les ailes de la City dans le financement des entreprises d’État russes. L’Allemagne et l’Italie limiteront leurs contrats d’ingénierie dans le secteur de l’énergie. La France les rejoint, après avoir repoussé une échéance devenue intenable: la livraison, programmée en octobre, d’un des deux navires d’assaut amphibie Mistral vendus en 2011.

Le sommet européen du 30 août avait décidé ce nouveau tour de vis, dans les jours qui ont suivi la mise en évidence d’incursions de l’armée russe dans l’est de l’Ukraine. Une semaine plus tard,Vladimir Poutine ne donne aucun signe d’en rabattre. Dès jeudi soir au sommet de l’Otan, Américains, Français, Allemands, Britanniques et Italiens sont convenus que la Russie «doit payer pour ce qu’elle a fait en Ukraine», pour reprendre les mots de Ben Rhodes, conseiller du président Obama pour la sécurité.

Une fenêtre diplomatique

La double signature arrachée vendredi à Minsk entrouvre pourtant une fenêtre diplomatique. L’UE veut donner une chance au cessez-le-feu, en croisant les doigts pour un vrai plan de paix. Les sanctions de l’UE devaient obtenir un feu vert des capitales pour s’appliquer effectivement. C’est une formalité, mais elle permet de gagner du temps. «Tout va dépendre des prochaines heures», disait François Hollande. Angela Merkel ajoutait un préalable: le retrait des troupes russes hors d’Ukraine.

«Ce nouveau paquet de mesures restrictives donnera à l’Union européenne un outil efficace, qui devrait nous permettre d’apporter une réponse dans un court laps de temps », ont indiqué, tard vendredi soir, dans une lettre aux chefs d’État et de gouvernement José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy, présidents de la Commission et du Conseil européen. «Cela accroîtra l’efficacité des mesures déjà en place et renforcera le principe que les sanctions de l’UE ont pour objectif de promouvoir un changement d’attitude de la Russie en Ukraine », ont-ils estimé.

Ben oui, comme ça a bien marché fin juillet, ça marchera encore mieux début septembre ! Des Génies ces gens là !!!!

Mesures renforcées

Le paquet comprend des mesures renforcées concernant l’accès aux marchés des capitaux, la défense, les biens à double usage civil et militaire et les technologies sensibles. En outre, des noms ont été ajoutés à la liste de personnes visées par des sanctions ciblées – gel des avoirs et interdictions de visa -, ont-ils indiqué. Cette liste inclut à présent «le nouveau pouvoir dans (la région) du Donbass, le gouvernement de la Crimée, ainsi que des décideurs et des oligarques russes », ont-ils ajouté, sans donner plus de détails.

Le texte de l’accord sera finalisé pendant le week-end, afin qu’une procédure écrite d’adoption par les États membres puisse être lancée lundi, selon la lettre. Lorsqu’elle aura été formellement adoptée, cette série de mesures sera publiée au Journal officiel de l’UE.

Plusieurs pays comme la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie avaient continué de dire leur scepticisme sur l’utilité de sanctions. Elles ont sûrement frappé l’économie russe, disaient-ils, mais elles coûtent cher à l’UE et ne pèsent pas sur les décisions du Kremlin. L’Europe centrale se démarque ainsi d’autres alliés de l’Otan comme la Pologne et surtout les États baltes, qui s’inquiètent d’être en première ligne face à l’expansionnisme russe.

Source :  le Figaro, 05/09/2014

 

Source :  le Figaro, 04/09/2014

La Russie a peur pour sa sécurité : on va faire des exercices de l’OTAN dans un pays non membre, l’Ukraine, et pile dans le bastion des néonazis. Des Génies !!!

Source: http://www.les-crises.fr/il-faut-sanctionner-la-russie-episode-38/


Revue de presse internationale du 07/09/2014

Sunday 7 September 2014 at 01:18

Un grand merci aux contributeurs de cette revue de presse.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-07-09-2014/


Actu’Ukraine par Nicolas, 6 septembre

Saturday 6 September 2014 at 05:00

Avant de passer à la situation militaire, une information dans la catégorie “C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non”:

Le premier ministre de Kiev Iatseniouk a annnoncéle lancement du projet “Mur” : la construction d’un mur métallique tout le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie. Difficile d’exprimer en quelques lignes à quel point c’est n’importe quoi, mais résumons:

Bref, c’est grotesque.

Mais le symbole de “c’est nous qui construisons le mur de Berlin maintenant” est éloquent…

Dernière minute. Les détails de ce “mur” ont été publiés. Il y a une version sans fossé pour les régions où la situation est plus simple, et la version ci-dessous, avec un fossé de 3 mètres de profondeur. La frontière pourrait être fermée sur 500 km (dont les régions de Lougansk et Kharkov) dès aujourd’hui. Encore une bonne nouvelles pour les citoyens russes d’origine ukrainienne, et inversement, ainsi que pour tous les habitants des zones frontalières.

 

Dans la même catégorie (“C’est-tellement-n’importe-quoi-que-c’est -probablement-de-la-propagande-novorusse-mais-en-fait-non”), signalons sans commentaire la formation d’un bataillon d’enfants de 2 à 10 ans en Prikarpatie : “Jeunes Bandéristes”.

Bref bref, passons à la situation militaire (et humanitaire), front par front, en nous appuyant comme d’habitude sur la carte de kot-ivanov

Lougansk

Comme la carte le montre partiellement, la deuxième offensive a déjà commencé. En effet la Novorossie avance désormais vers le nord de Lougansk. Le 3 septembre, 29 blindés de Kiev auraient été détruits à Bakhmoutovka (~45 km au nord de Lougansk, point 7 de la carte) par l’artillerie de RPL, et d’autre part comme je le signalait le 3 septembre, le village de Starobelsk (à 90 km au nord de Lougansk) a été pris dès le 1er septembre, d’après un témoin sur place, qui précise que les habitants, dans l’ensemble, sont calmes et continuent une vie normale. Pendant la seule journée du 3 septembre, 14 villages ont pris ou repris par l’armée de la RPL. Les troupes de Kiev occupent encore des positions dans la banlieue nord de Lougansk, mais reculent : la petite ville de Metallist (banlieue proche de Lougansk) est déjà aux mains de la RPL, et doit maintenant avancer vers Schastié (point 6 de la carte, à 20 km du centre-ville de Lougansk) où l’artillerie de RPL a déjà détruit 2 blindés de transport et un entrepôt de carburant. La situation humanitaire reste très difficile à Lougansk (eau / gaz / électricité) mais la prise (le 4 septembre) de la colline de Vergounka, depuis laquelle Kiev bombardait Lougansk depuis des mois pourrait améliorer la situation. Cette prise a permis à l’armée de RPL de récupérer des armes, des munitions et même plusieurs blindés.

Le bataillon Aïdar menace de détruire la centrale électrique de Schastié s’ils sont contraints au retrait, ce qui aurait d’énormes conséquences humanitaires et économiques. Cette information est passée à la télé ukrainienne Hromadskoe, qui s’est déjà illustré en diffusant un appel au génocide des habitants du Donbass.

Debaltsevo

Cette ville de RPD, à la limite de la RPL est aux mains de Kiev depuis fin juillet, et a une importance stratégique en raison de sa situation de carrefour des routes européennes E40 (Calais… Kharkov-Lougansk-Volgograd…Kazkhstan) et E50 (Brest…Dnipopetrovsk-Donetsk-Rostov…Daghestan) et de nœud ferroviaire (notez la densité ferroviaire du Donbass nettement supérieure à celle de l’Ukraine, ce qui traduit la différence de densité du tissu industriel et minier). La Novorossie a besoin de Debaltsevo pour fonctionner normalement militairement mais aussi économiquement. Les Novorusses tentent depuis le 24 août de reprendre cette ville, et des combats ont été signalés ces derniers jours. La ville n’est pas complètement encerclée, et les troupes de Kiev peuvent donc recevoir des renforts par le nord, mais les convois sont attaqués par les saboteurs novorusses. Le 4 septembre, les médias de Kiev ont annoncé que le 11ème bataillon y est encerclé par les troupes novorusses. Le même jour, le bataillon Kiev-2 et le 25ème bataillon ont quitté la ville. Le 5, les troupes de RPD ont commencé le “nettoyage” de la ville.

Donetsk

L’aéroport de Donetsk est toujours encerclé et est le théâtre de combats. Sa prise a été annoncée un peu trop tôt le 3 septembre, il n’était qu’entièrement encerclé (et même doublement encerclé). Une première tentative de prendre cet aéroport s’était soldé au tout début de la guerre par le premier échec cuisant de la rébellion qui y avait perdu environ 40 hommes. Il semble que le commandant responsable de cet échec est en réalité fidèle à Kiev et a volontairement mené les rebelles au carnage. Par la suite, les propos de ce même commandant (qui évidemment ne fait plus partie de la rébellion) ont permis aux médias occidentaux d’affirmer qu’un commandant rebelles avait abattu le MH17. C’est tellement simple de manipuler l’opinion, parfois.

En ville, les bombardements ont été intensifs hier (le premier témoin dit “…c’est pour ça que je pars pour la rébellion” – regarder après 2:00, on comprends sans comprendre les paroles) et dans la nuit, avec un tir nourri d’artillerie BM-27 “Ouragan”. Une partie des bombardements aveugles semblent réalisée par les troupes assiégées dans l’aéroport. Un lance missile “Totchka-U” a été détruit. Les saboteurs de Kiev continuent leurs actions en ville, et la RPD continue de les pourchasser et d’en arrêter. L’approvisionnement en eau pourra être rétabli aujourd’hui après des réparations.

Il reste plusieurs  chaudrons / poches (autant apprendre le mot russe “kotyol“, après tout en France on connaît bien glasnost, perestroïka, izba et douma… kotyol est donc une poche, en jargon militaire, mais aussi une marmite – dans tous les cas, celui qui est dedans est cuit) près de Donetsk, qui continuent de mobiliser de nombreuses troupes novorusses, ce qui les empêchent de progresser plus au sud. Notamment, le contrôle de la route Donetsk-Marioupol reste disputé autour de Volnovakha. Kiev fournit des efforts relativement important pour rester dans cette ville et couper ainsi la principale ligne d’approvisionnement des troupes novorusse (la N-20 Slavyansk-Donetsk-Marioupol). Les saboteurs s’efforcent d’anéantir les convois de renforts (un blindé de transport et 2 camions de munitions détruits cette nuit). La RPD a progressé, en libérant notamment Elenovka, au sud de Donetsk.

Marioupol et le sud de la RPD

Les troupes novorusses gagnent du terrain et ont notamment pris Telmanovo, un gros village à 10 km de la frontière russe. Comme indiqué plus haut, le contrôle de la route Donetsk-Marioupol reste disputé, mais il semble que le 5, les rebelles contrôlent l’ensemble de la route N-20, y compris Volnovakha (ce n’est pas encore confirmé). Le 4 septembre, les novorusses sont arrivés en banlieue est de Marioupol. Un premier combat a d’abord eu lieu avec un petit groupe de 4 blindés novorusses venus en éclaireurs. Le fait que ces éclaireurs n’aient pas conquis Marioupol a permis aux médias de Kiev d’affirmer que leur “armée” avait repoussé et endommagé (voire détruit) une colonne de blindés novorusses. Le soir venu l’attaque est arrivée, au nord-est de la ville. Un commandant du bataillon “Azov” se plaint de ne pas avoir reçu le soutien promis en artillerie (incompétence ou manque de moyen ?) et affirme que toutes ses “misérables” armes lourdes ont été anéanties. Clairement les moyens militaires de Kiev à Marioupol sont insuffisants pour faire face à la progression novorusse. Des combats pendant la matinée ont permis aux troupes novorusses d’avancer, face à un ennemi affaibli (plus que 60 hommes dans le bataillon Azov, sans armes lourdes). Les Novorusses affirment être déjà entrées dans la partie est de Marioupol, et précisent disposer de 5000 hommes pour cette opération prioritaire, soit au moins le double de Kiev. Les Novorusses ont perdu environ 15 hommes et de tanks, contre 30 hommes et plusieurs blindés pour Kiev, et parlent (avant le cessez-le-feu annoncé depuis) de la campagne pour Zaporojié et Dnipropetrovsk, dans le cadre de la réalisation de la Grande Novorossie.

Les troupes novorusses ont également avancé par l’ouest, où elles auraient encerclé le village de Mangouch.

En ville, le recrutement forcé pour creuser les tranchées et défendre la ville s’accélère. Une manifestation contre “l’agression russe” a rassemblé… plusieurs centaines de personnes, selon l’AFP. Dans une ville de 500000 habitants, ça donne une indication de ce que pense la population. Selon des témoins, des snipers prennent placent, et les forces de Kiev auraient miné les environs de la ville.

Situation générale

En ce qui concerne la vie quotidienne des habitants de Novorossie, elle reste très difficile dans les villes du front, en raison des fréquentes coupures d’eau, de gaz et d’électricité, mais aussi des bombardements. Cependant la vie a déjà repris son cours normal dans les villes qui se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres des combats., comme Chakhtyorsk qui avait été au cœur de violents combats il y a quelques semaines : Des habitants commencent à y revenir, et l’usine de pain a repris son travail. Les autres infrastructures de la ville sont en cours de réparation.

À Donetsk, qui reste la cible de bombardements, les transports en commun fonctionnent, et une station de filtrage de l’eau est en cours de réparation selon 112.ua. Lire les médias ukrainiens, c’est comme lire l’Immonde, l’Aberration, L’Iliade ou l’Odyssée. On sait bien que les événements relatés relèvent de la mythologie (grecque ou otanienne), que Zeus n’a pas participé à la guerre de Troie, ou qu’Hollande ne représente pas la France, mais entre les lignes on trouve souvent des infos intéressantes.

La situation militaire continue d’évoluer favorablement pour la Novorossie, qui gagne une douzaine de villages chaque jours, et continue de faire environ 200 prisonniers par jour en moyenne (96 près de Svetloe -RPD- le 3 septembre par exemple). Cependant le rythme de la progression est limité par ses manques d’effectifs et de moyens lourds, dont une grande partie reste consacrée à l’encerclement de nombreux bataillons de Kiev. Ainsi, la résistance de soldats de Kiev, assiégés, affamés et sans espoirs de quelconques victoires, ralentit les progrès novorusses. Le manque d’effectif novorusse devrait rapidement être compensé par le flux massif de volontaires. L’état-major novorusse a affirmé hier l’envoi aujourd’hui de 1500 recrues nouvellement formée vers le front. Des recrues jeunes et ayant suivi une formation assez courte, mais très motivées et encadrées par des officiers ayant fait leur preuve, ce qui est bien plus que ce que l’on peut dire des soldats du camp d’en face, recrutés de force, souvent mal nourris et menées par des officiers faisant régulièrement preuve de leur incompétence, alcoolisme, lâcheté et désorganisation, régulièrement dénoncés par leur troupe.. Il y a peu d’information sur la durée de la formation des volontaires, mais on peut estimer que de 5000 à 10000 volontaires se sont inscrits en août, ce qui permettrait d’avoir prochainement l’effectif dont la Novorossie a besoin.
Du côté de Kiev, la morgue de Zaporojié reçoit chaque jour des cadavres de soldats. On parle de 50 cadavres par jour pour cette seule morgue. Au moins une vidéo (choquante, disponible sur le site de Liveleak) en témoigne. Toujours en dans la région de Zaporojié, les civils sont mis à contribution pour creuser des tranchées.

Dans l’ensemble, l’issue ne fait donc aucun doute, sauf apport militaire massif venant de l’étranger. Les armes lourdes soviétiques déjà fournies par certains pays de l’ancien bloc soviétique sont loin de pouvoir compenser l’absence de formation, de motivation et de discipline de “l’armée ukrainienne”.

Escalade Otanienne et aide des pays russophobes…

Au niveau international, la situation est assez étrange. Le 3 septembre, Porochenko et Poutine ont discuté de la situation, le Kremlin a diplomatiquement  constaté une certaine convergence de point de vue concernant la résolution du conflit. Les médias ont alors affirmé que les deux chefs d’État avaient conclus un cessez-le-feu. Peu importe que ni l’un ni l’autre ne contrôle les armées qui se font face (Poutine n’est pas président de Novorossie, et Porochenko ne contrôle pas les bataillons de volontaires), les journalistes ne s’embarrassent pas de ce genre de détails. Nous avons maintenant l’annonce bidon d’un cessez-le-feu, pour aujourd’hui à 15 heures, qui ne sera pas respecté. Pour ce qui est de la réalité, les États-Unis préparent l’escalade du conflit. Le 2 septembre un avion de transport militaire américain s’est posé à Kiev, avec à son bord Carl Levin, chef de la commission des armées du sénat américain. Il n’est probablement pas venu les mains vides. Peu après ont été annoncés des exercices de l’OTAN près de Lvov, du 13 au 26 septembre. L’objectif est donc clairement l’escalade du conflit et l’anéantissement de la rebellion novorusse.

Les pays russophobes continuent d’apporter une aide matérielle à l’armée de Kiev. Les Allemands fournissent des gilets pare-balles, d’autres pays (dont la Croatie) apportent des hélicoptères, etc. Il n’y a aucune intention de cesser les hostilités. Les États-Unis veulent le contrôle des ressources énergétiques du Donbass, la Novorossie veut l’indépendance, et Marioupol.

… contre le plan de paix de Poutine…

Comme on le sait bien, la Russie est un pays extrêmement agressif. Elle a repoussé une invasion polonaise en 1612, elle a résisté à l’invasion napoléonienne de 1812, elle a résisté à l’invasion allemande de 1941, et elle s’acharne à placer son territoire tout près des bases militaires américaines. Pour satisfaire les dirigeants américains, il suffirait pourtant qu’elle cesse d’exister. Prouvant une fois de plus l’agressivité de la Russie, Poutine a proposé un plan de paix en 7 points qui permettrait de mettre un terme au bain de sang.

1-Arrêt des opérations offensives des forces armées rebelles
2-Retrait des forces ukrainienne à une distance excluant la possibilité de bombarder les villes avec l’artillerie
3-Contrôle international du cessez-le-feu
4-Exclusion de l’utilisation de l’aviation contre les civils de la zone du conflit
5-Échange sans condition des prisonniers : tous contre tous
6-Ouverture d’un couloir humanitaire pour les réfugiés et les convois humanitaires
7-Réparation des infrastructures civiles endommagées.

Goubaryov a immédiatement rétorqué qu’il était d’accord avec le plan de paix de Poutine… à l’exception du premier point

Il demande un référendum dans chaque région de “l’ex-Ukraine” pour que chaque région puisse décider de rester ukrainienne, devenir indépendante ou rejoindre la Novorossie (l’autodétermination des peuple, pas vraiment la tasse de thé de l’OTAN). Il termine en affirmant que les rebelles se battent pour la Novorossie, de Lougansk à Odessa.

On voit donc qu’entre la surenchère otanienne qui veut plus s’impliquer dans le conflit et la Novorossie qui gagne du terrain et veut au minimum minimorum l’ensemble du Donbass, le cessez-le-feu est aussi illusoire que les précédents. Si les combats baissent d’intensité cela permettra aux Ukrainiens de réorganiser leurs forces, mais le répit sera probablement de courte durée.

 

Mise à jour “cessez-le-feu” : Dans les 2 heures suivant le cessez-le-feu, Kiev continuait de bombarder Makeevka, Gorlovka, Yasinovka… Cette trêve est aussi factice que la précédente.

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-6-septembre/


[Reprise] Afghanistan : Amnesty dénonce les crimes des Américains

Saturday 6 September 2014 at 03:30

Vous n’en avez pas trop entendu parler dans nos médias ? C’est normal…

Selon l’ONG, les soldats américains auraient tués des milliers de civils. Sans être poursuivis et sans accorder de compensations aux familles.

Les forces américaines ont tué des milliers de civils afghans sans être poursuivies ni avoir donné des compensations à leurs familles, dénonce lundi 11 août Amnesty international dans un rapport cinglant, à quelques mois du départ de l’Otan du pays.

L’organisation de défense des droits de l’Homme dit y avoir rassemblé des preuves « de l’échec profond du système de justice américain » qui « cimente une culture de l’impunité » pour ses troupes qui ont tué des civils en Afghanistan, où elles sont déployées depuis la chute du régime des talibans à la fin 2001.

Le président afghan Hamid Karzaï a souvent dénoncé les victimes civiles des bombardements de la force de l’Otan (Isaf), à majorité américaine. Cette dernière répond invariablement qu’elle prend ces accusations au sérieux et enquête sur chacune.

Plusieurs milliers de civils ont ainsi péri depuis 2001, note Amnesty à partir de plusieurs sources, dont les rapports de l’ONU. L’organisation souligne toutefois, comme l’ONU, que « la vaste majorité » des victimes civiles du conflit afghan sont victimes des groupes armés locaux, rebelles talibans et autres.

« Laissés dans l’ignorance »

Pour ce rapport, Amnesty dit avoir interrogé 125 Afghans détenteurs d’informations de première main sur 16 bombardements qui ont fait des victimes civiles, et rassemblé des informations sur une centaine d’autres depuis 2007.

« Après chaque événement où des civils ont été tués par des forces américaines » et où il y a « des preuves crédibles » en ce sens, les Américains devraient « s’assurer que les suspects sont poursuivis en justice », souligne Amnesty dans de rapport intitulé Laissés dans l’ignorance (Left in the dark).

Le rapport donne notamment en exemple un bombardement américain de 2012 qui a selon lui visé des femmes qui ramassaient du bois dans la province de Laghman (est), tuant sept femmes et filles et blessant sept autres.

Il cite Ghulam Noor, un habitant qui a perdu dans cette attaque sa fille de 16 ans, Bibi Halimi, et a amené les dépouilles des victimes au siège de l’administration locale après que l’Isaf eut affirmé n’y avoir tué que des combattants rebelles.

« Nous devions leur montrer que c’étaient des femmes qui avaient été tuées », a-t-il déclaré à Amnesty, en ajoutant, amer : « Je n’ai aucun pouvoir pour demander aux forces étrangères pourquoi elles ont fait cela. Je ne peux pas les poursuivre en justice. »

« La principale pomme de discorde »

Selon Amnesty, les villageois ont porté plainte auprès du gouverneur local, mais l’affaire n’a aucun aucune suite car les forces étrangères en Afghanistan ne peuvent être poursuivies par la justice locale.

Ces cinq dernières années, Amnesty ne dénombre que six affaires où des soldats américains ont été traduits en justice pour avoir tué des civils afghans, dont la plus grave, celle du sergent américain Robert Bales, condamné à la prison à vie pour en avoir tué 16 en 2012.

Le président Karzaï, sur le départ, a salué ce rapport.

« Je suis très heureux que vous vous soyez concentrés sur ce qui constitue la principale pomme de discorde entre l’Afghanistan et les États-unis », a-t-il déclaré dimanche aux représentants d’Amnesty, invités au palais présidentiel, ajoutant : « Ensemble, nous pouvons y mettre fin. »

Interrogée par l’AFP, l’Isaf a renvoyé sur le gouvernement américain, qui n’était pas immédiatement joignable.

Près de 45.000 soldats étrangers, dont 30.000 Américains, sont actuellement déployés en Afghanistan, après un pic de 150.000 en 2012, pour soutenir Kaboul face à la rébellion menée par les talibans.

Les États-Unis ne prévoient de laisser dans le pays que 10 000 hommes, si un accord en ce sens est signé avec le gouvernement afghan, après le retrait du reste de l’Isaf prévu à la fin de cette année.


Source : Le Nouvel Observateur, 11/08/2014

Des soldats américains et un policier afghan, le 3 juin 2014, à proximité de Kandahar. Photo d'illustration. (AFP PHOTO/Brendan SMIALOWSKI)

Source: http://www.les-crises.fr/afghanistan-amnesty-americains/


Revue de presse du 06/09/2014

Saturday 6 September 2014 at 02:06

Notamment cette semaine, une série sur le financement des banques par les Etats, tandis que Espirito Santo coûte cher à certaines, puis la suite et fin de la série d’articles sur la Banque Mondiale dont les 3 précédents figurent dans la revue du 16 août, en attendant la semaine prochaine une série sur le dollar. Pendant ce temps, l’Allemagne (où tout ne va pas si bien) et Israël cadenassent, la Chine (s’)ouvre l’Amérique Centrale, alors qu’en France il faut mieux être de la famille plutôt que forte tête et dans la politique que dans le lait. Bonne lecture.

P.S. Nous avons besoin de volontaires pour participer aux revues de presse, chargés de suivre certains sites. Vous pouvez nous contacter ici (en précisant si vous préférez des sites en français ou en anglais). Merci d’avance.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-06-09-2014/


La montée en puissance du système allemand suggère que les États-Unis et l’Allemagne vont au conflit, par Emmanuel Todd (5)

Friday 5 September 2014 at 00:01

Suite et fin de l’interview d’Emmanuel Todd…

L’intégration de la population ukrainienne par le système allemand représenterait un saut qualitatif dans ce déséquilibre dynamique.

Pourtant, c’est une population nombreuse, mais pauvre et qui produit peu…

Oui, mais annexer des pauvres géographiquement contigus et politiquement contrôlables, dans un monde mondialisé, assoiffé de main-d’œuvre à bas prix, cela peut être un avantage. Notre monde est désormais post-démocratique et inégalitaire ; il recèle donc des virtualités d’expansion dans des zones à très bas taux de salaire.

Et l’avantage de l’Ukraine pour le nouvel empire allemand, c’est justement qu’elle n’existe pas. Elle est double, voire triple. C’est un système en désintégration. En réalité, l’Ukraine n’a jamais existé en tant qu’entité nationale fonctionnant correctement. C’est un faux État, qui est en faillite. La preuve fondamentale de l’incapacité étatique ukrainienne, et cela n’a pas été souligné, c’est le rôle qu’ont joué les leaders des Ukrainiens de l’Ouest, à la périphérie. On s’en indigne parfois et on compte le nombre de leurs députés, de leurs ministres, mais les Ukrainiens de l’Ouest, dans leur ensemble, ne représentent que peu de chose. Ainsi, ce qui frappe, c’est l’inaction des Ukrainiens centraux, c’est-à-dire de ceux qui parlent ukrainien, qui n’aiment pas tellement les Russes, qui sont, à l’origine, de religion orthodoxe mais qui ne sont pas tentés par l’extrême droite. La montée en puissance de l’Ouest de l’Ukraine montre à quel point l’Ukraine centrale, majoritaire, est atomisée et incapable de s’organiser, pré-étatique.

L’affrontement qui se déroule entre l’extrême droite ukrainienne et les pro-russes d’Ukraine orientale met en évidence l’inexistence historique du pays. Les Ukrainiens occidentaux veulent adhérer à l’Europe. C’est complètement normal pour eux : pourquoi des mouvements d’extrême droite qui ont une tradition de collaboration avec l’Allemagne nazie refuseraient-ils d’adhérer à une Europe sous contrôle allemand ?

Cela dit, ce gain ukrainien exceptionnel n’est pas encore réalisé par l’Allemagne. La partie, ou plutôt la guerre, ne fait que commencer.

Pour les Ukrainiens centraux, je pense que la question n’est pas réglée. Le système va continuer à se désintégrer : le PIB va se contracter, la situation va s’aggraver, et je pense que c’est la vraie raison pour laquelle les Russes sont si prudents, veulent si peu faire la guerre et, contrairement à ce que l’on dit, ne veulent pas annexer des bouts de l’Ukraine. La Russie n’a pas peur des sanctions occidentales. Mais elle ne veut pas être haïe en Ukraine centrale. L’Ukraine est méfiante vis-à-vis de la Russie dans sa masse centrale au stade actuel, mais on doit reconnaître aux Russes une grande capacité historique à jouer avec l’espace et le temps. Après deux ans de traitement par l’Europe allemande, que penseront les gens de Kiev ? Peut-être voudront-ils retourner vers Moscou. Un système qui se désintègre n’adhère pas, il continue de se désintégrer.

Revenons à la puissance globale du système américain, qui est si loin de l’Ukraine, et donc très peu capable de bénéficier de son intégration-désintégration par le « système occidental ».

Le système américain, selon Zbigniew Brzezinski, c’est le contrôle par les États-Unis des deux grandes nations industrielles de l’Eurasie, c’est-à-dire le Japon et l’Allemagne. Mais cela fonctionne à condition d’être dans l’hypothèse où l’Amérique est elle-même nettement supérieure en termes de poids industriel.

Dès 1928, la production industrielle américaine représentait 45 % du total du produit industriel mondial. Après la guerre, en 1945, l’Amérique représentait toujours 45 %. L’Amérique est tombée à 17,5 % : le système Brzezinski de contrôle de l’Eurasie ne peut tenir au vu des chiffres actuels. Ainsi que je l’avais noté dans Après l’empire, ses échanges économiques avec l’Ukraine sont insignifiants. En Europe orientale, l’OTAN sécurise de fait un espace allemand. Il faudrait actualiser, pour l’usage de Washington, la vieille expression « Faire la guerre pour le roi de Prusse ».

Dans ce contexte, quel avenir peut-il y avoir pour les relations germano-américaines ?

Si vous vivez dans le monde enchanté de l’idéologie actuellement dominante, celui du journal Le Monde, de François Hollande, qui est aussi celui des anti-impérialistes naïfs, le bloc occidental, union de l’Amérique et de l’Europe, le Japon restant sous tutelle, doit et peut contenir la Russie. Si on fait l’hypothèse d’une bonne entente stratégique et d’une forte collaboration, l’Ouest pourrait vaincre l’économie russe. Peut-être… Mais il y a aussi la Chine, l’Inde, le Brésil, le monde est vaste…

Mais si on passe dans le monde du réalisme stratégique, qui voit la réalité des rapports de force sans référence aux valeurs, réelles ou mythiques, on constate qu’il existe aujourd’hui deux grands mondes industriels développés, l’Amérique d’une part et ce nouvel empire allemand d’autre part. La Russie est une question secondaire. On doit donc envisager tout autre chose dans les vingt ans qui viennent que le conflit Est-Ouest : la montée en puissance du système allemand suggère que les États-Unis et l’Allemagne vont au conflit. C’est une logique intrinsèque fondée sur des rapports de force et de domination. Il est à mon sens irréaliste d’imaginer une entente pacifique dans le futur.

A ce stade, cependant, nous pouvons réintroduire la notion de valeur. Mais justement pour souligner que, pour un anthropologue, réaliste à sa manière, ou pour un historien de la longue durée, les États-Unis et l’Allemagne n’ont pas les mêmes valeurs. Confrontée au stress économique de la grande dépression, l’Amérique, pays de démocratie libérale, a produit Roosevelt, alors que l’Allemagne, pays de culture autoritaire et inégalitaire, a produit Hitler.

La croyance des Américains en l’égalité est certes une croyance très relative. Les États-Unis sont le pays leader dans la montée des inégalités économiques – sans même parler de la ségrégation envers les Noirs, problème qui est loin d’être réglé comme en témoignent les émeutes de Ferguson. Mais c’est aussi, au stade actuel, un pays leader dans sa tentative de fabriquer un monde unifié, avec des populations d’origines très diverses. En ce sens, l’élection d’Obama reste fortement symbolique, malgré la fatigue évidente du président durant son second mandat.

Si l’on considère seulement le corps de citoyens de l’Allemagne, on peut dire que la montée des inégalités économiques y reste raisonnable, très inférieure à ce que l’on observe dans le monde anglo-américain. Mais, si l’on observe le système allemand dans sa globalité européenne, en intégrant les bas salaires de l’Europe de l’Est et la compression des salaires du Sud, on peut identifier un système de domination inégalitaire beaucoup plus fort en gestation. L’égalité qui reste ne concerne que le corps des citoyens dominants, allemands.

Je vais reprendre à ce stade ce concept de science politique de l’anthropologue belge Pierre van den Berghe : la Herrenvolk democracy, c’est-à-dire la Démocratie du peuple des seigneurs. Ne sautez pas au plafond ! Ces mots ne vont pas faire s’effondrer la Terre – je me suis récemment exprimé dans les mêmes termes dans une interview au journal allemand Die Zeit.

Au départ, Pierre van den Berghe appliquait ce concept de démocratie ethnique à l’Afrique du Sud de l’apartheid, où il existait un corps de citoyens égaux, qui fonctionnait parfaitement bien selon les règles libérales et démocratiques, mais dont la liberté et la démocratie ne tiennent que parce qu’il y a des dominés. De même pour l’Amérique à l’époque de la ségrégation : l’égalité interne du groupe blanc était assurée par la domination sur les Indiens, les Noirs… De même, on pourrait catégoriser Israël comme Herrenvolk democracy. Ce qui existe de cohésion et de liberté dans la démocratie israélienne est assuré par l’existence d’une masse ennemie d’Arabes.

Si je devais décrire l’Europe actuelle, si je devais commenter au niveau politique la carte économique, je dirais que l’Europe, ou l’Empire allemand, commence à prendre la forme générale d’une Herrenvolk democracy avec, en son cœur, une démocratie allemande réservée à ce peuple dominant et, autour, toute une hiérarchie de populations plus ou moins dominées, dont les votes n’ont plus aucune importance. On comprend mieux, pourquoi, dans ce modèle, quand on élit un président en France, il ne se passe rien. Parce qu’il n’a plus de pouvoir ; notamment sur le système monétaire.

On se retrouve donc avec une démocratie dans laquelle la liberté de la presse, d’opinion, et autres, sont parfaitement respectées ; où il n’y a aucun problème mais où, fondamentalement, la stabilité du système repose sur la solidarité subconsciente à l’intérieur du groupe des dominants. Dans l’Europe qui se dessine, on pourrait voir les Allemands comme les Blancs dans l’Amérique de la ségrégation.

Aujourd’hui, l’inégalité politique est évidemment plus forte dans le système allemand que dans le système américain. Les Grecs et les autres ne peuvent voter pour les élections au Bundestag, alors que les Noirs et les Latinos américains le peuvent pour les élections à la présidence et au Congrès américain. Le Parlement européen est bidon, le Congrès non.

Après un tel réquisitoire, pensez-vous que nous devrions être plus vigilants envers l’Allemagne ?

C’est vrai que je suis pessimiste. La probabilité que l’Allemagne tourne bien baisse chaque jour. Elle est déjà très faible. La culture autoritaire allemande génère une instabilité psychique systémique des dirigeants quand ils sont en situation de domination – ce qui n’était plus arrivé depuis la guerre. Leur fréquente incapacité historique – dans une situation de domination – à imaginer un futur paisible et raisonnable pour tous réémerge ainsi aujourd’hui sous forme de manie exportatrice. Et puis s’ajoute désormais pour ces dirigeants une interaction avec l’absurdité polonaise et avec la violence ukrainienne. Tristement, le destin de l’Allemagne n’est pas pour moi un complet inconnu.

Comment les Allemands vont-ils mal tourner ? L’âge médian ou l’absence d’appareil militaire peut donner un coup de frein au processus, mais on constate chaque semaine une radicalisation de la posture allemande. Mépris des Anglais, des Américains, visite sans pudeur de Merkel à Kiev. Le rapport aux Français, dont la servitude volontaire est essentielle pour le contrôle de l’Europe, va être révélateur.

Mais déjà nous savons. Avec l’affaire des ventes de Mistral à la Russie : les dirigeants allemands demandent désormais aux Français de liquider ce qu’il leur reste d’industrie militaire. La culture allemande est inégalitaire : elle rend difficile l’acceptation d’un monde d’égaux. Lorsqu’ils se sentent les plus forts, les Allemands vivent très mal le refus d’obéissance des plus faibles, refus perçu comme non naturel, déraisonnable.

En France, ce serait plutôt le contraire. La désobéissance est une valeur positive. On vit avec, c’est une partie du charme français parce qu’il existe aussi en France un mystérieux potentiel d’ordre et d’efficacité.

Le rapport de l’Amérique à la discipline et à l’inégalité est complexe d’une autre manière et mériterait des pages d’analyse. Soyons brefs, sautons au constat : le rapport discipliné inférieur-supérieur de type allemand aura du mal à passer. La culture anglo-saxonne n’est pas égalitaire mais elle est vraiment libérale. Égaux, inégaux, c’est selon. La différence raisonnable faite dans les familles entre les frères conduit à la notion de différence raisonnable entre les individus, entre les peuples. C’est d’ailleurs la raison du succès du modèle américain : la culture anglo-américaine peut gérer raisonnablement les différences internationales.

Au final, force est de constater que les deux blocs – américain et allemand – sont antagonistes par nature. Ils combinent tous les éléments générateurs de conflits : rupture d’équilibre économique brut, différence de valeurs. Plus vite la Russie sera hors du jeu, brisée ou marginalisée, plus vite ces différences s’exprimeront.

Pour moi, la vraie question historique actuelle, et que personne ne pose, est la suivante : les Américains vont-ils accepter de voir cette nouvelle réalité d’une Allemagne qui les menace, et si oui quand ?

Quand vous prophétisez un conflit entre la nation américaine et le nouvel empire allemand, vous êtes sûr de vous ?

Évidemment non. J’élargis le champ de la prospective. Je décris un futur possible parmi d’autres futurs possibles. Un autre serait une solidification du groupe Russie-Chine-Inde en un bloc continental s’opposant au bloc occidental euro-américain. Mais ce bloc eurasiatique ne pourrait fonctionner qu’avec l’addition du Japon, seul capable de le mettre au niveau technologique occidental. Mais que va faire le Japon ? Pour le moment, il est plus loyal envers les États-Unis que l’Allemagne. Mais il pourrait se lasser des vieux conflits occidentaux. Le choc actuel paralyse son rapprochement avec la Russie, complètement logique pour lui du point de vue énergétique et militaire, élément important du nouveau cours politique imprimé par le Premier ministre japonais Abe. C’est un autre risque pour les États-Unis, dérivant du nouveau cours agressif allemand.

Plusieurs futurs sont ainsi possibles mais pas une infinité ; 4 ou 5 peut-être…

Je me suis remis à lire de la science-fiction pour me décrasser le cerveau et m’ouvrir l’esprit. Je recommande vivement un exercice du même type aux gens qui nous dirigent, qui, sans savoir où ils vont, marchent d’un pas décidé.

Interview réalisée pour le site www.les-crises.fr, librement reproductible dans un cadre non commercial (comme le reste des articles du site, cf. Licence Creative Commons).

Source: http://www.les-crises.fr/todd-5-la-montee-en-puissance-du-systeme-allemand-suggere-que-les-etats-unis-et-l-allemagne-vont-au-conflit/


[Reprise] Démission de Thévenoud : On ne tiendra pas jusqu’en 2017 comme ça ! par Authueil

Thursday 4 September 2014 at 23:31

Reprise d’un papier de Rue89, je n’ai pas l’estomac de rédiger un truc moi-même…

MAKING OF
Blogueur, ancien attaché parlementaire, Autheuil est un observateur avisé de la scène politique. Son cri du coeur, ce jeudi soir sur son blog, après la démission de l’éphémère Secrétaire d’Etat au commerce extérieur qui ne payait pas ses impôts, résume un sentiment de stupéfaction et d’écoeurement bien partagé… P.H.

Ce soir, je suis un peu désespéré. Après neuf jours au gouvernement, Thomas Thévenoud, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, au Tourisme et aux Français de l’étranger vient d’être contraint de démissionner. Celui qui a été membre de la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac avait tout simplement oublié, pendant plusieurs années, de déclarer ses impôts, et donc au passage, de les payer.

Ce monsieur est vice-président du Conseil général de Saône-et-Loire depuis 2008 et député depuis 2012. Son épouse est la chef de cabinet du président du Sénat. Ce sont donc des gens à priori intelligents et au courant des procédures.

Thomas Thévenoud m’est toujours apparu comme une personne sympathique et sensée. Certes carriériste, mais comme les autres. Comment justifier l’absence, pendant plusieurs années, de déclarations fiscales ? Je reste sans voix.

Mais, en plus, se faire avoir pour ça un an après l’affaire Cahuzac, je ne sais plus quoi dire. Soit c’est de la négligence, et ça relève du pathologique tellement c’est de l’inconscience, voire du suicide politique. Soit c’est parfaitement conscient, et là, c’est gravissime…


Thomas Thevenoud en 2012 (Chamussy/Sipa)

Une deuxième affaire Cahuzac ?

Les dégâts pour le PS, et la classe politique dans son ensemble risquent d’être absolument dramatiques. C’est peut-être une deuxième affaire Cahuzac, qui peut provoquer un effet de souffle. Je vois mal, après les lois de 2013, ce que l’on va pouvoir proposer comme « réforme expiatoire » pour calmer la colère, légitime, des électeurs. Est-ce qu’une nouvelle loi, d’ailleurs, aurait un quelconque effet ? J’en doute…

Cette affaire tombe le même jour que la sortie du livre de Valérie Trierweiler, une bombe lancée par une femme éconduite, en quête de vengeance. De cela, il ne peut rien sortir de bon pour le débat public, sinon faire chuter encore plus bas un François Hollande qui est tombé à 13% de bonnes opinions, dans le dernier sondage.

On est le 4 septembre, la rentrée « sociale et politique » n’a même pas encore eu lieu. On serait dans un pays moins démocratique, ça sentirait le putsch, tant le président en place est affaibli.

La question se pose de plus en plus de la capacité de François Hollande à résister à la moindre contestation sociale. Un peu comme en grand vieillard, déjà bien affaibli par l’âge, qui attrape la grippe. Il est à la merci du moindre rhume…

On ne tiendra pas jusqu’en 2017 comme ça !

Source : Rue89

P.S. Un commentaire sur le blog d’Authueil : “Hollande sera à 3% avant le déficit public.”  :)

Source: http://www.les-crises.fr/authueil/