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Ukraine / Néonazis : clash Guetta-Philippot (France Inter)

Saturday 7 March 2015 at 01:17

Vous notez le raisonnement : 1/ il n’y a jamais eu de néonazis au Parlement ni au gouvernement, c’est de la propagande russe 2/ et en plus, ils en sont sortis en décembre 2014 (bon, ils ont largement contribué au déclenchement de la guerre dans le Dombass, mais bon…”

Et notre extrême-droite dénonce donc les néonazis en Ukraine, logique…

Enfin, comme on a décidé de laisser au FN un quasi monopole sur une vision équilibré sur ce sujet, il ne faut pas venir se plaindre…

Ambiance houleuse dans la tranche matinale de France Inter. Lorsque le vice-président du Front national Florian Philippot, invité par la radio publique, a évoqué l’extrême droite nazie au pouvoir en Ukraine, le chroniqueur géopolitique Bernard Guetta s’est emporté en assurant que l’extrême droite ukrainienne s’était écroulée lors des dernières élections. Qui a raison ? Un peu les deux.

On appelle ça un clash. Ce matin, à l’occasion des questions des auditeurs, l’animateur de France Inter Patrick Cohen a interrogé son invité, le vice-président du Front national Florian Philippot, sur la question ukrainienne. Ce dernier a alors assuré à l’animateur qu’”il y a deux Ukraine. L’extrême droite nazie, c’est elle qui est au pouvoir, vous confondez”. Fureur de Bernard Guetta, chroniqueur en charge de la géopolitique et présent sur le plateau : “vous ne pouvez pas dire çaAux dernières élections, l’extrême droite ukrainienne représentait moins que l’extrême droite en France ! Arrêtez de dire que l’Ukraine serait gouvernée par des nazis, c’est n’importe quoi” s’agace le chroniqueur avant d’assurer que, selon les résultats électoraux, l’extrême droite s’est écroulée à moins de 5%. S’ensuit alors une passe d’armes  retranscrite notamment par le site Ozap. Guetta finit par demander à Cohen de faire taire Philippot, lequel réplique que ce n’est pas vraiment dans l’esprit du 11 janvier.

Au-delà du clash, qui a raison ? L’extrême droite est-elle effectivement au pouvoir en Ukraine ou les dernières élections ont-elles sorti du gouvernement les membres néonazis issus notamment du Parti Svoboda ? “La vérité est entre les deux” répond Olivier Berruyer qui suit l’actualité de la crise mais aussi l’actualité ukrainienne sur son blog les-crises.fr et qui fut l’un des nos invités à notre émission sur l’Ukraine. Si on s’en tient aux résultats des dernières élections, les législatives du mois d’octobre, Svoboda est en effet passé sous la barre des 6% – et non 5% comme l’affirme Guetta – un score trop faible pour avoir des députés au parlement. En 2012, ils étaient près d’une quarantaine. De même, tandis que le gouvernement a compté jusqu’à six ministres issus du même parti, il n’en reste aujourd’hui plus un seul.

Pour autant, précise Berruyer, “il sera faux d’affirmer qu’il n’y a plus d’extrême droite au pouvoir en Ukraine. D’abord, tout dépend de ce qu’on appelle extrême droite. De nombreux néonazis sont restés au pouvoir ou ont changé de parti, sans compter tous ceux qui sont clairement fascisants“. Berruyer cite alors Andrew Parubiy, cofondateur de Svoboda et aujourd’hui vice-président du Parlement ou encore Oleg Lyashko, président du parti radical et député, par ailleurs chef du bataillon “Ukraine” et accusé par Amnesty International de kidnapping et de traitements dégradants…

Source : Anne-Sophie Jacques, pour @rrêt sur images, le 26 février 2015

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Ambiance électrique, ce matin, dans le studio France Inter. Patrick Cohen recevait le vice-président du FN, Florian Philippot. Répondant à une question à propos d’un financement du parti par une banque russe, il a été invité à réagir sur la crise en Ukraine et le soutien par Vladimir Poutine des mouvements nationalistes. “Il y a deux Ukraine. L’extrême droite nazie, c’est elle qui est au pouvoir, vous confondez“, explique-t-il.

Philippot est rapidement interrompu par le chroniqueur Bernard Guetta, spécialiste géopolitique de la station. “Vous ne pouvez pas dire ça, lâche-t-il. Aux dernières élections, l’extrême droite ukrainienne représentait moins que l’extrême droite en France ! Arrêtez de dire que l’Ukraine serait gouvernée par des nazis, c’est n’importe quoi“.

Donc les types 1/ comparent des néo nazis purs et durs avec le FN 2/ et ne rajoutent pas aux néonazis les fascistes + l’extrême droite + la droite dure ukrainienne, normal quoi…

Vous ne connaissez pas la situation M. Guetta, s’emporte Philippot. Cet empressemment systématique à reprendre la propagande américaine et à défendre la position de Washington sur tous les sujets, à chaque fois que vous parlez… Vous êtes le porte-parole de la diplomatie américaine, vous reprenez leurs arguments systématiquement ! Moi je suis beaucoup plus critique et raisonnable que vous“. Patrick Cohen s’immisce dans le débat : “Vous n’êtes pas très critique à l’égard de la propagande russe, les néonazis au pouvoir, c’est de la propagande russe !“. Bernard Guetta persiste et signe : “Moi je reprends des résultats électoraux !“. Philippot prend l’exemple de l’intervention américaine en Irak, Guetta rappelle qu’il l’a dénoncée “nuit et jour“.

Si M. Philippot peut se taire plutôt Patrick“, s’énerve le journaliste. “C’est bien ça, c’est très ‘Charlie’, réagit le vice-président du parti frontiste. Un journaliste qui dit à un homme politique taisez-vous ! C’est très esprit du 11 janvier, vous montrez votre vrai visage ! Mais moi j’incarne des millions de Français qui votent pour le Front National alors je vais continuer à parler“, insiste-t-il.

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Pour ceux que ça intéresse, voici le lien pour écrire au médiateur de France Inter – ce que je vous encourage à faire.

P.S. pour être complet sur ce sujet, rappelons que Le Pen père allait soutenir les néonazis en Ukraine il y a 10 ans… Le parti a rompu depuis tout lien avec eux.

Le Pen et Tyagnibok

 

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-neonazis-clash-guetta-philippot-france-inter/


Néonazies ukrainiennes, la suite…

Friday 6 March 2015 at 04:15

On se rappelle de la glorieuse aventure de ELLE avec son reportage sur les glorieuses combattantes dans les milices ukrainiennes – pas de bol, Internet a rapidement montré que c’étaient une néo-nazie et une fasciste…

franc

Eh bien là, le Guardian anglais vient de mettre la 2e couche dans ce billet. :)

Il essaie d’évacuer le petit problème dans le 1er paragraphe :

Les bataillons de volontaires combattant aux côtés de l’armée ukrainienne [OB : donc aucun souci à voir des milices combattre aux cotés de l'armée ???] sont réputés pour leur bravoure sur le champs de bataille [OB : hein ???]. Ils ont également une réputation de nationalisme violent et d’opinions d’extrêmes-droite. Une de ces unités est le bataillon d’assaut Aidar, basé dans la ville de Shchastya, dont les membres ont été accusés de violation des droits de l’homme par Amnesty International. [OB Vous notez que, tout à leur narrative, les médias anglo-saxons ne taisent pas certains faits] Ce qui est moins connu c’est que ces volontaires incluent plusieurs femmes dans leurs rangs – certaines travaillant comme médecins et personnels de soutien, mais d’autres ont des rôles dans les combats actifs.”

Et suivent des portraits – Internet ne les a pas encore identifiées.

Mais là, et c’est trop beau, on voit ceci directement dans l’article, à propos d’une certaine Anaconda :

Et on voit quoi sur la camionnette ?

Le fameux 14-88 des néo-nazis (voir ici par exemple, le 88 signifiant ainsi Heil Hitler ou SS)

Et le blason à gauche du van avec les doubles grandes hmmmm ?

Petit rappel : la 36e division SS Dirlewanger était composée en majorité de repris de justice. Utilisée uniquement dans la lutte anti-partisans car ayant une valeur militaire réduite, elle s’est fait remarquer par les atrocités commises, jusqu’à susciter des plaintes d’autorités militaires allemandes, y compris les autres formations SS, ce qui est peu dire !

Rooooooooo, paaaaaaaaaaaas de booooooooooool quand même…

Pour mémoire, la dernière guerre, dans cette région même, a vu les SS attaquer l’URSS en 1941, avec 25 millions de morts à la clé.

Alors quand un Russe voit ça, c’est comme si, dans des combats au Liban, un Israélien voyait une camionnette avec des croix gammées…

Bien joué donc à nos dirigeants pour laisser ceci exister ! (les Ukrainiens le justifiant même, comme on l’a vu dans ce billet avec l’ambassadeur en Allemagne)

P.S. tiens, les photos ont en fait été publiées originalement par Vanity Fair vers le 23 février…

P.P.S. : devant les réactions outrées, ils ont discrètement changé la légende la photo, comparez :

AVANT :

APRÈS :

Pour les grenades croisées SS, on repassera…

Source: http://www.les-crises.fr/neonazies-ukrainiennes-la-suite/


[Jusqu'où iront-ils ?] “Cette ex-star du X veut que les rebelles prorusses la laissent tranquille”

Friday 6 March 2015 at 01:19

Du lourd sur le Huffington Post !

Sur la page d’accueil on pouvait lire ceci :

Ce qui a propulsé cet article parmi les plus lus.

Vous notez que le titre change quand on clique pour lire l’article, que voici :

UKRAINE – Jusqu’à ce qu’elle décide d’emprunter une voie plus traditionnelle, Marina Ann Hantzis alias Sasha Grey était l’une des actrices porno les plus connues aux Etats-Unis, avec des dizaines de films à son actif. Depuis 2009, elle joue dans des long-métrages “mainstream” et s’est illustrée en tant qu’écrivain, musicienne ainsi que mannequin.

Bien malgré elle, la jeune femme de 26 ans se retrouve aujourd’hui mêlée à une affaire plutôt rocambolesque. Comme le rapportait mercredi 18 février The Moscow Times, son image est actuellement utilisée, sur les réseaux sociaux russes comme VKontakte, l’équivalent de Facebook, à des fins de propagande contre l’Ukraine. Et ça ne lui plaît pas du tout.

Comme l’explique le quotidien anglophone russe sur son site, cette campagne de propagande montre une photo de Sasha Grey, accompagnée d’un texte affirmant que l’actrice a décidé de changer de vie et s’engager en tant qu’infirmière aux côtés des rebelles pro-russes qui combattent l’armée ukrainienne dans l’est du pays.

Une aventure qui se serait très mal terminée puisque Sasha Grey, présentée sous le nom de “Sasha Serova”, aurait alors été capturé, torturée puis tuée par les forces armées ukrainiennes. Une histoire évidemment invraisemblable puisque l’actrice est toujours aux Etats-Unis où elle se porte très bien. Sur Twitter, elle n’a pas manqué d’exprimer son agacement face à cette propagande:

Comme le note NBC News, il semble que dans cette histoire, ce sont surtout les soutiens des rebelles pro-russes sur les réseaux sociaux qui se sont fait avoir: la fausse rumeur de la mort de Sasha Grey en Ukraine serait ainsi partie d’une plaisanterie sur le site Dvach (équivalent est-européen de 4chan) destinée à tester la crédulité des Russes sur les réseaux sociaux.

Source : www.huffingtonpost.fr, 19/02/2015

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Voici la traduction de “l’information” sur la page Facebook que vous voyez dans le texte :

L’infirmière Sasha Serova [NdT : Serova a la même racine que seryi qui veut dire gris en russe, donc grey en anglais] n’est plus.

Elle qui semblait être une femme fragile, mais forte sortait du champ de bataille des rebelles blessés.

On disait d’elle qu’elle pouvait remettre sur pieds même les cas les plus désespérés, mais elle n’est pas revenue du combat.
Elle a été capturée par les bourreaux de la junte.
Ils l’ont d’abord humiliée en filmant leurs actes, puis l’ont achevée à l’aide d’une hache.
Paix à son âme.
On notera donc qu’il n’est nullement fait mention de l’actrice, et que seule la photo permet de l’identifier.
Mais le plus incroyable est ce qu’il y a écrit dans l’article même : “la fausse rumeur de la mort de Sasha Grey en Ukraine serait ainsi partie d’une plaisanterie sur le site Dvach destinée à tester la crédulité des Russes sur les réseaux sociaux.”
On a donc un papier qui nous est vendu comme “Cette ex-star du X veut que les rebelles prorusses la laissent tranquille”, et en fait on apprend que tout ceci est un montage bidon visant en fait à tromper les pro-russes !!! (montage peu détectable si on n’est pas un grand fan des films pornos américains !).
Bref, encore un grand moment de “journalisme” – merci pour ce moment.
P.S. normalement, les sites de Novorossia donnent rarement les noms de famille en cette période de guerre. L’information est par ailleurs introuvable sur leur site. Rien ne dit donc qu’il ne s’agit pas EN PLUS d’un montage bidon à 100 % n’ayant été repris nulle part…

Source: http://www.les-crises.fr/jusquou-iront-ils-cette-ex-star-du-x-veut-que-les-rebelles-prorusses-la-laissent-tranquille/


[Nos assassinats politiques] Retour sur l’assassinat de Robert Boulin, le 30 octobre 1979

Friday 6 March 2015 at 00:02

Affaire Boulin : trois nouveaux témoignages qui annihilent la thèse du suicide

L’affaire est désormais connue de longue date : le 30 octobre 1979, à 8h40 le corps de Robert Boulin,  ministre du travail et de la participation du gouvernement de Raymond Barre, est retrouvé dans un étang, profond de cinquante centimètres d’eau, de la forêt de Rambouillet. Son visage semblable à celui d’un boxeur est couvert d’hématomes sur les yeux et les pommettes, il a une blessure importante au poignet droit et un gros hématome sur la nuque. Sa mort remonte vraisemblablement à la veille, entre 18h et 20h. Les différents échelons de la hiérarchie de l’Etat ont été informés entre minuit et 2h du matin, le 30 octobre. Mais curieusement l’avis de recherche officiel n’est lancé qu’à 6h25 le 30 octobre. Tous ces détails sont à retrouver dans la remarquable et minutieuse enquête de Benoît Collombat, grand reporter à France Inter, publiée aux éditions Fayard, en 2007, sous le titre Un homme à abattreContre-enquête sur la mort de Robert Boulin.

A 9h45, une dépêche AFP annonce la mort de Robert Boulin par suicide (dans cinquante centimètres d’eau !) et par absorption de barbituriques, alors qu’aucune trace de barbiturique ne sera jamais retrouvée sur les lieux, ni dans le corps du ministre. Le même jour à midi le procureur de Versailles évoque un suicide et, une heure plus tard, la très obligée Danièle Breem, dans le journal de 13h d’Antenne2, raconte le suicide en détail, alors même qu’aucun médecin n’a encore examiné le corps ! Quelques jours plus tard, la très dévouée Michelle Cotta prolongera, toujours sans l’ombre d’une preuve, la thèse du suicide agrémentée de scandaleuses calomnies sur la vie privée de madame Boulin et sur celle de son fils. A ce stade, on ne peut s’empêcher de penser à cette phrase de Carson, le majordome dans l’excellente série de laBBC Dowton Abbey : « Nous pensons comme nos maîtres. » Les nombreux doutes légitimes sur un éventuel suicide seront résumés par le médecin qui a signé le certificat de décès et que Benoît Collombat a rencontré en 2003 : « Pour se noyer, il y a d’autres moyens que de se jeter dans un endroit où il n’y a pas d’eau. »

Il n’est pas inutile de rappeler que Robert Boulin, grande figure de la résistance, ami de Chaban-Delmas, est, en 1979, est la figure montante du RPR, pour la plus grande rage de Chirac. Giscard voit en lui un remplaçant potentiel de Raymond Barre, ce qui constitue un casus belli supplémentaire pour l’agité de Cochin. Or, par un curieux hasard, Robert Boulin, décrit par tous ses amis comme un homme intègre et droit, tombe dans le piège d’un achat immobilier, que ses adversaires politiques tenteront de faire passer pour frauduleux, à Ramatuelle organisé par un aigrefin nommé Henri Tournet, proche du SAC et de Jacques Foccart. L’honneur de Boulin est ainsi commodément mis en cause, alors qu’il n’en est rien et que sa nomination à Matignon est proche. Mais un résistant de la trempe de Robert Boulin, accrocheur et opiniâtre, ne saurait se suicider, et plus personne ne croit en cette thèse invraisemblable.

Or, Benoît Collombat, dans une chronique du journal de 7h30 sur France Inter le 29 mai, a apporté trois nouveaux témoignages importants, à écouter ici et à lire . Le conseiller général socialiste Daniel Jault participe, en novembre 1983 en sa qualité de médecin légiste,  à la deuxième autopsie : « A l’évidence il y avait des chocs sur la face de R. Boulin. Personnellement je ne me suis jamais dit que c’était un suicide. On était en présence d’un meurtre ou d’un assassinat. On a conclu entre nous qu’il ne s’était pas suicidé. C’était une convergence de pensées et de réflexions, ça ne faisait plus guère de doutes que ce n’était pas un suicide. »

Eric Carlsberg, expert foncier et ex-collaborateur de Jacques Chaban-Delmas à la mairie de Bordeaux, président de l’Assemblée Nationale, seul avec Chaban, ce dernier ne croit pas aux lettres posthumes ni au suicide : « il (Chaban) est nerveux, triste, très, très ému, blanc, il dit : on l’a assassiné, voilà, il répète ça plusieurs fois. Je comprends que c’est dangereux parce qu’il me dit de faire attention à moi et de ne pas en parler. » A la question de Benoît Collombat : pourquoi ne pas avoir témoigné avant ? Il répond : « La trouille ! Aujourd’hui j’ai encore la trouille en vous parlant. »

Un nouveau témoin, prêt à témoigner devant un juge d’instruction, mais qui ne veut pas révéler son identité. Le 29 octobre 1979 à 17h, il s’est retrouvé nez-à-nez avec la voiture de Robert Boulin, dans la commune de Montfort-l’Amaury, dans les Yvelines, dernier endroit où Boulin a été vu vivant, mais stupeur, selon ce témoin, ce n’est pas Robert Boulin qui conduit sa voiture, il est assis côté passager à l’avant. C’est une autre personne qui est au volant et, à l’arrière, un autre individu, deux personnes inconnues de ce témoin.

Puisque la ré-ouverture de l’enquête semble traîner, les enquêtes journalistiques sérieuses et approfondies sont en mesure de bousculer l’agenda. L’ex-gaulliste de gauche Jean Charbonnel déclarait récemment à Antoine Perraud que son défunt ami du RPR, Sanguinetti, lui avait dit connaître le nom des deux commanditaires, que ne parle-t-il à la presse ? Puisque, de toute évidence, ce n’est pas sur la chancellerie qu’il faut compter pour accélérer le processus.

La fille de feu Robert Boulin, Fabienne Boulin Burgeat, a créé un site pour recueillir les pétitions et demander la ré-ouverture de l’enquête : http://www.robertboulin.net

Source : Jean-Louis Legalery, pour Mediapart, le 30 mai 2013.


Affaire Boulin : suicide ou assassinat, l’ombre de Jacques Chirac dans les deux cas ?

France 3 consacre deux soirées à l’affaire Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979.


Affaire Boulin : suicide ou assassinat, l’ombre de Jacques Chirac dans les deux cas ?François Berléand dans le rôle de Robert Boulin. Crédit Téléfilm, “Crime d’Etat”, produit par Jean-Pierre Guérin

Atlantico : La chaîne France 3 consacre deux soirées à l’affaire Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing retrouvé mort dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979. Le documentaire d’hier et le téléfilm de ce soir présentent des thèses opposées. La fiction opte pour la thèse de l’assassinat, le documentaire penche pour le suicide. Le nom de Jacques Chirac revient régulièrement dans les arguments des partisans des deux thèses.

Suicide ou assassinat, quel est selon vous le degré d’implication de l’ex président de la République dans cette disparition ?

Benoît Collombat : Au moment de sa disparition, Robert Boulin est un « gaulliste historique », indispensable à l’équilibre politique du gouvernement de Raymond Barre, qui subit alors la guérilla politique du RPR de Jacques Chirac. Pour Boulin, Chirac n’est pas un vrai gaulliste. Son OPA sur l’UDR en décembre 74, l’a révolté. Il rend sa carte avant de réintégrer le mouvement en janvier 76. Quelques mois plus tard, Chirac lance le RPR : une machine de guerre pour conquérir le pouvoir, depuis la mairie de Paris. La perspective de la présidentielle de mai 81 aiguise les appétits. Tous les coups sont permis pour apparaître comme le leader incontesté à droite.

En tant que gaulliste social et ancien résistant rallié à Giscard dont le nom est cité comme futur Premier ministre, Boulin devient une cible politique. C’est le RPR qui fait sortir dans la presse une affaire bidon de terrain à Ramatuelle pour tenter de ternir son image d’homme intègre. Un escroc, Henri Tournet, qui a grugé Boulin essaye de l’entraîner dans sa chute. Boulin sait d’où viennent les coups, et il n’entend pas se laisser faire. Il reçoit alors des menaces. A cette époque, Foccart met ses réseaux africains au service de Chirac. Par l’intermédiaire de Pierre Debizet (chargé de la sécurité du président Bongo), Foccart contrôle également les hommes du SAC (Service d’action civique), le service d’ordre du parti gaulliste, dont Jacques Chirac connaît l’importance au sein du mouvement. La violence physique est omniprésente dans ces années 70. Le SAC est engagé dans une dérive sanglante qui aboutira à la tuerie d’Auriol, en juillet 1981. Outre des militants sincères, on y croise alors des truands, des barbouzes, des mercenaires… Des « gros bras » actionnés en cas de problème. La contre-attaque de Boulin commence à inquiéter. C’est le SAC qui va détruire toutes les archives du ministre après sa disparition.

Qui avait, selon vous, le plus d’intérêt à voir disparaître Robert Boulin ?

Parmi les nombreux ministères qu’il a occupés, Robert Boulin a notamment été secrétaire d’Etat du Budget de 1962 à 1968, et ministre délégué de l’Economie et des Finances de 1977 à 1978. Ce sont des postes où on a une vision transversale de l’Etat. Ce sont des « tours de contrôles » budgétaires où l’on voit passer tous les flux financiers. Boulin était aux premières loges lors de la création d’Elf dans les années 60. Plus tard, il valide les commissions passées lors des gros contrats d’armement ou pétrolier. Il a également connaissance des flux opaques, et des valises de billets échangées notamment entre Paris et Libreville. Lors de sa contre-attaque, Robert Boulin menaçait notamment de révéler des éléments sur le financement du RPR et Elf-Gabon, comme le confirme aujourd’hui l’ancien assistant parlementaire du suppléant de Boulin, qui a supervisé l’opération de destruction des archives du ministre par le SAC. Un proche de Boulin, son conseiller presse, Patrice Blank, qui a joué un rôle trouble dans la nuit du 29 au 30 octobre 1979, en se rendant à plusieurs reprises dans le bureau de Boulin était également lié à ses intérêts « françafricains. » Il était membre du conseil d’administration de la FIBA, la banque d’Elf et d’Omar Bongo.

Robert Boulin était au moment de sa mort au milieu d’une affaire immobilière concernant des terrains à Ramatuelle. Ce qui s’est avéré plus tard comme une tentative de déstabilisation aurait-elle pu conduire le ministre au suicide ?

L’affaire de Ramatuelle n’est que la face émergée de l’iceberg. Les tenants de la thèse du suicide décrivent un Boulin désespéré par cette affaire, qui aurait inexorablement entraîné son geste fatal. Cette affaire le préoccupait, c’est incontestable, mais Boulin n’était pas suicidaire. Il se retrouvait pris dans une machination complexe à cause de cet escroc ami de Jacques Foccart, Henri Tournet. Un personnage redoutable qui met en avant ses prétendus états de services dans la Résistance pour faire des affaires. Il va se servir de son lien avec Foccart et du fait que son épouse est une amie d’enfance de la femme de Boulin pour vendre ce fameux terrain de Ramatuelle, en réalité déjà vendu.

A partir du moment où il comprend qu’Henri Tournet l’a piégé, Robert Boulin est bien décidé à se défendre. Il y consacre beaucoup d’énergie parce qu’il a sa conscience pour lui. De nombreux courriers à ses conseillers ou ses avocats et des échanges de lettres très vives avec Tournet montrent bien que Boulin ne prend pas cette histoire à la légère. Tournet lui demande d’intervenir pour obtenir des permis de construire. Mais Boulin refuse. Tournet enrage, mais il a tout prévu. L’escroc a monté un piège en faisant croire par un jeu d’écriture qu’il aurait cédé gratuitement son terrain à Boulin, ce qui est faux. Quand l’affaire va sortir dans la presse, Boulin cherche le meilleur moyen de se défendre. Il veut donner sa version au jeune juge Van Ruymbeke, que le garde des Sceaux de l’époque, Alain Peyrefitte, se fait un plaisir de présenter, à tort, comme « un juge rouge qui veut faire un carton sur un ministre. » Avant sa disparition, Boulin réfléchissait au meilleur moyen de se défendre et travaillait sur un projet de lettre au journal Le Monde concernant cette affaire de Ramatuelle. Une longue lettre transmise à deux collaborateurs qui ne sera jamais retrouvée par les enquêteurs. En résumé, cette « affaire » de terrain cache la véritable affaire : les conditions troubles de la disparition de Boulin.

Que dire des lenteurs et dysfonctionnements judiciaires depuis la découverte du corps de Robert Boulin ?

En 1979, l’autopsie est sabotée sur ordre du procureur : interdiction d’examiner le crâne, en invoquant une volonté familiale qui n’a jamais existé. Tous les prélèvements du sang de Robert Boulin et les organes du ministre sont ensuite détruits dans des conditions troubles. Rien n’a été fait pour prouver scientifiquement la soi-disant noyade de Robert Boulin, dont le visage ressemblait plus à un boxeur qu’à un noyé. Et ça continue aujourd’hui puisqu’en 2010 on a appris que des scellés judiciaires ont mystérieusement disparu, avant de réapparaître un mois plus tard, après la non-réouverture du dossier.

Le non-lieu de 1992 dans l’affaire Boulin constitue une défaite magistrale du point de vue du fonctionnement des institutions judiciaires. La juge d’instruction Laurence Vichniewski (qui n’était pas encore rompue aux arcanes de l’affaire Elf) clôt un dossier gargantuesque en quelques jours, en se conformant aux réquisitions de non lieu du parquet. En fait, l’arrière plan politique de cette affaire a toujours pollué le dossier judiciaire. Avant même que le Procureur général de la Cour d’appel de Paris, François Faletti, ne refuse la réouverture du dossier (en juin 2010), la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, explique que le dossier est clôt, huit jours avant, en marge d’un déplacement à Libourne, la ville de Boulin  ! Tout un symbole. 
Alexandre Sanguinetti, un des fondateurs du SAC, a déclaré avant sa mort connaître le nom des deux assassins de Robert Boulin. L’homme est-il crédible ? Pourquoi ne pas entendre sa fille à qui il aurait confié ces noms ?
Alexandre Sanguinetti (mort en octobre 1980) était au cœur des réseaux gaullistes et du SAC. Il s’agit donc d’un témoignage important, d’autant plus qu’il est confirmé par d’autres ténors du gaullisme comme Jean Charbonnel ou Olivier Guichard (mort en janvier 2004.) Sa fille, Laetitia Sanguinetti, pourrait effectivement être entendue. Elle a des choses à dire. Mais il faudrait pour cela qu’un juge d’instruction reprenne le dossier en main. C’est possible. Car à tout moment l’affaire Boulin pourrait être relancée. Elle n’est pas éteinte judiciairement, puisque l’affaire ne sera prescrite qu’en 2017. Cela veut dire que le Procureur général peut, s’il le souhaite, confier à nouveau cette affaire à un juge d’instruction. C’est ce que réclame aujourd’hui encore la fille du ministre, Fabienne Boulin. Seul un juge d’instruction indépendant du pouvoir politique pourrait, par exemple, organiser une reconstitution sur place, des confrontations entre plusieurs témoins qui se contredisent, ou ordonner des expertises sur des scellés judiciaires. Le pouvoir actuel le souhaite-t-il ? Cela reste à prouver.

Source : Benoît Colombat, pour Atlantico, le 30 janvier 2013.


“Boulin n’est pas mort noyé”, selon celui qui a trouvé le corps

"Boulin n'est pas mort noyé", selon celui qui a trouvé le corps
“Boulin n’est pas mort noyé”, selon celui qui a trouvé le corps© Jean Louis Duzert / Maxppp

Pour Francis Deswarte, ancien gendarme qui affirme avoir découvert le corps du ministre de Giscard d’Estaing, mort en 1979, Robert Boulin n’est pas mort noyé. Un nouvel argument pour la réouverture d’un des dossiers les plus sensibles de la Ve République.

«Boulin n’est pas mort noyé». La confession a dû donner un nouvel espoir à la famille du ministre. Alors que celle-ci se bat depuis des années pour rouvrir le dossier sur la mort du ministre en 1979, un ancien gendarme est venu apporter un nouvel élément accréditant la thèse de l’assassinat. La justice a jusqu’ici toujours retenu le scénario du suicide, appuyé sur les lettres envoyées par le ministre du Travail de Valéry Giscard d’Estaing à plusieurs proches et sur de nombreux témoignages. Ancien résistant et figure de la majorité d’alors, Robert Boulin avait été retrouvé, selon la version officielle, noyé dans 50 centimètres d’eau dans un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979, après avoir absorbé une forte quantité de barbituriques. Le nouveau témoin, Francis Deswarte, ancien chef d’une brigade motorisée missionné pour rechercher «une haute personnalité susceptible de mettre fin à ses jours», dit dans «20 minutes» avoir vu Robert Boulin la tête hors de l’eau, ce qui selon lui exclut la noyade.

Prenant une pause, le militaire affirme avoir été le premier à avoir découvert le corps de Robert Boulin. «On s’est arrêté près d’un tas de bois pour fumer. Et derrière, j’ai vu une bagnole. Une 305. En levant les yeux, je l’ai vu dans l’étang. Il était à genoux. La tête hors de l’eau. Et il regardait vers sa voiture», explique l’ancien gendarme. Selon lui, il est impossible que Robert Boulin soit mort noyé. «Il était quasiment à quatre pattes. La tête hors de l’eau. Ma conviction, c’est qu’il tentait de ramper jusqu’à la berge». Francis Deswart assure aussi avoir remarqué des traces sur le visage de Robert Boulin, «comme des griffures rouges». Si cet élément était déjà connu, il a toutefois été imputé à des manipulations du corps par les secouristes… C’est ainsi d’ailleurs, que les policiers ont présenté la chose à Francis Deswart, lors de son audition. «Ils m’ont expliqué que les pompiers avaient fait tomber le corps en le sortant de l’étang. Mais ce n’est pas vrai. J’étais là. Les pompiers l’ont sorti sans aucune difficulté», assure-t-il dans son entretien avec le quotidien gratuit.

A quand la réouverture du dossier ?

Ce témoignage devrait venir s’ajouter aux innombrables nouveaux éléments, apportés par la famille de Robert Boulin pour rouvrir son dossier. Me Olivier Morice, l’avocat de la famille a déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), en déclarant qu’en France aucun recours n’est possible contre la décision du parquet général – qui dépend du ministère. Une information judiciaire, menée entre 1983 et 1992, avait abouti à la conclusion que le ministre avait cédé à un accès de désespoir, en raison de sa possible mise en cause dans un scandale immobilier à Ramatuelle (Var) – ce scandale aurait été en réalité une arnaque dont avait été victime Boulin, et utilisé comme prétexte au suicide par les commanditaires du crime, selon la famille. Le jugement, confirmé en appel, n’a jamais pu être revu. «J’apporte chaque fois des faits nouveaux, des témoins nouveaux, que le procureur rejette systématiquement», expliquait Fabienne Boulin dans un entretien à Match, fin janvier. La fille du ministre vient de publier «Le dormeur du Val» (Don quichotte éditions), dans lequel elle relate son combat pour la vérité.

Huit lettres postées le 29 octobre 1979 expliquant son geste furent adressées à la police, à des avocats, à des médias et à différentes personnalités. Des témoins disent avoir vu le ministre les poster lui-même peu avant sa mort. Fabienne Boulin les voit comme des faux et voudrait notamment que la justice examine, puisque la technique le permet à présent, l’ADN qui pourrait se trouver sur les enveloppes. «Yves Corneloup, conseiller à la Cour de cassation, qui a instruit le dossier Boulin de 1984 à 1988, affirme qu’il est indispensable de lever toute ambiguïté sur cette affaire qui a connu nombre de dysfonctionnements. Ce haut magistrat énonce une évidence», expliquait dans nos colonnes, Me Olivier Morice. «Soit on retrouve l’ADN de Robert Boulin sur les timbres, soit on ne la retrouve pas, et on a alors la preuve d’un complot dénoncé par la famille Boulin».

Boulin, un crime d’État ?

Nombre d’éléments viennent en effet soutenir la thèse d’un assassinat, aux motifs politiques. Dans une longue enquête, publiée en 2009 dans un ouvrage intitulé «Un homme à abattre», le journaliste de France Inter Benoît Collombat a détaillé un ensemble de faits particulièrement troublants, mais qui n’ont jamais pu être exposés à la justice. Il y a ce «coup», visible à l’arrière du crâne de Robert Boulin, et la trace d’un «lien» au poignet, décrit par un ancien assistant des médecins légistes ayant participé à la deuxième autopsie en 1983. Ces écoutes téléphoniques qui révèlent que le Procureur général en charge de l’affaire était lié à des réseaux du Service d’action civique (Sac), que la famille de Robert Boulin soupçonne d’être à l’origine du crime. Les nombreux témoignages évoquant les allusions étonnantes sur le sort de Robert Boulin. Et surtout, les confidences d’Alexandre Sanguinetti, un des cofondateurs du Sac qui a donné à l’ex-ministre gaulliste Jean Charbonnel, les noms de deux assassins.

«J’attends que l’instruction soit rouverte pour pouvoir ­donner les noms à un juge d’instruction. J’ai bien entendu déposé une lettre dans un coffre avec le nom des deux assassins», avait expliqué Jean Charbonnel, dans le dossier que nous avions publié le mois dernier sur l’affaire. Les confidences d’Alexandre Sanguinetti ont d’ailleurs été confirmées, toujours dans nos colonnes, par sa fille Laetitia. «Je donnerai le nom des ­commanditaires du meurtre de Robert Boulin et de l’organisation responsable au juge d’instruction qui m’interrogera. Peu de temps avant sa mort, c’est mon père qui me les a donnés», a assuré Laetitia Sanguinetti, avant d’expliquer : «Robert est mort à cause de son intégrité. Il fallait l’empêcher de parler à cause de tout ce qu’il savait, notamment les dossiers de financement occulte des partis politiques de tous bords. Et puis parce que Giscard s’apprêtait à le nommer ­Premier ministre en remplacement de Raymond Barre. Son intégrité et ­ce pouvoir-là, ça leur a fait peur».

Source : Clément Mathieu, pour Paris Match, le 3 février 2011.


Boulin, 35 ans de forfaiture(s)

Voici 35 ans ce jeudi 30 octobre, à 8 h 40, des gendarmes sortent le corps du ministre Robet Boulin d’une mare de la forêt de Rambouillet.

A ce jour, le lieu, la date, (est-il mort le 29 ou le 30 octobre 1979 ?) l’heure et les circonstances de la mort du ministre du travail du gouvernement de Raymond Barre, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, demeurent inconnues.

Cet épais mystère est délibérément entretenu par les plus hautes instances de notre république. Alors que l’affaire Boulin n’est toujours pas prescrite, deux procureurs généraux, MM. Laurent Le Mesle et François Falletti ont, en 2007 et 2010, rejeté les demandes de réouverture de l’instruction pour homicide, malgré la pertinence des faits nouveaux présentés par la partie civile, la fille du ministre, Fabienne Boulin-Burgeat.

Cas sans précédent, la version officielle de la mort du ministre -un suicide par noyade après absorption de barbituriques, toujours en vigueur – est le résultat d’une fabrication mediatique réalisée en moins de 4 heures par la journaliste Danièle Breem . Ce scénario a été rendu public le 30 Octobre à 12 h 45 au journal de la mi-journée d ‘Antenne 2 (l’ancêtre de France 2) , alors que la dépouille du ministre n’était pas encore parvenue à l’Institut médico-légal de Paris, le cadavre n’ayant pas encore fait l’objet du moindre examen…

La “vérité officielle” avant les faits

La légende du suicide est gravée moins de quatre heures après la découverte officielle du corps, avant même le moindre examen médico-légal. Cette version tient intégralement dans le récit de la journaliste Danièle Breem, diffusé à partir de 12 h 45 sur Antenne 2, le mardi 30 octobre 1979. En neuf minutes, cette version médiatique est habilement distillée, pour devenir la version officielle de la mort du ministre et finalement s’imposer depuis 35 ans comme la vérité judiciaire…

Danièle Breem, décédée à 93 ans le 29 septembre 2014 nous avait précisé par écrit en 2011 qu’elle était à l’époque rédacteur en chef adjoint au service politique de la deuxième chaîne (Antenne 2). Sur sa méthode d’enquête express Mme Breem s’est bornée à indiquer « J’ai utilisé les documents émis par les assemblées et vécu sur place (NDLR : à l’Assemblée nationale) ce qui se passait, plus mes relations personnelles avec le monde politique » , ce qui n’explique en rien comment elle a pu faire état auprès de Jacques Chaban Delmas (alors président de l’Assemblée Nationale) du contenu d’une lettre posthume attribuée à Boulin qui sera reçue par son destinataire le lendemain, ni connaître les causes de la mort de Boulin, puisqu’aucun examen post mortem n’avait eu lieu lorsqu’elle passe à l’antenne…

UNE IMPRESSIONNANTE SERIE DE FAITS INCOMPATIBLES AVEC LE SCENARIO OFFICIEL

En contradiction avec les assertions de Daniéle Breem, il est avéré que le cadavre du ministre a été découvert une première fois entre une et deux heures dans la nuit du 30 octobre. Le permanencier au ministère de l’Intérieur, qui fit réveiller son ministre Christian Bonnet (ce que M. Bonnet a confirmé en 2011), était un jeune énarque, Claude Guéant, conseiller technique en charge des questions de sécurité.

Par ailleurs, les constatations des médecins légistes, outre l’absence de barbituriques, ont noté la présence de lividités cadaveriques sur le dos, incompatible avec la position, penché vers l’avant, dans laquelle a été retrouvé le corps .

Voilà qui suffit à établir que Boulin n’est pas mort là où il a été officiellement découvert à 8 h 40, ce dont il n’a jamais été tenu compte.

Sans renter dans les détails (pas moins de 75 incompatibilités, accessibles sur de nombreux sites, dont ce blog,) et notamment les articles sur Mediapart d’Antoine Perraud (Boulin, une bassesse française), le livre de Benoit Collombat (Un homme à abattre, Fayard 2007) ainsi que ses reportages sur France–inter, ainsi que le livre de Fabienne Boulin, (Le dormeur du val, Don Quichotte, 2011), http://www.robertboulin.net/, la fiche wikipedia, l’ebook d’OWNI « Boulin, le fantôme de la Vème republique », http://rue89.nouvelobs.com/2013/12/21/laffaire-boulin-secret-jeunesse-claude-gueant-248508, etc…

Michèle Aliot-Marie, alors Garde des Sceaux, mérite une mention spéciale: En 2010, elle se rendit tout exprès à Libourne (dont Robert Boulin fut maire pendant 25 ans) une semaine avant l’audience accordée par le procureur général Falletti à Fabienne Boulin–Burgeat. Elle y déclara que l’instruction sur la mort de Boulin « ne devait pas être réouverte » car il n’y avait, selon elle, aucune charge nouvelle, comme si elle voulait être certaine d’être bien comprise par M. Falletti.

C’est la même MAM qui, en 2013, s’érigea en défenseur de la sacro-sainte indépendance de la justice lorsque l’actuelle ministre de la justice, Christiane Taubira, envisagea de déplacer le même procureur général de Paris, Falletti, toujours en fonction …

LE MOBILE DU CRIME

En septembre 1979 le président Giscard était venu à Libourne rendre hommage aux qualités d’homme d’état de son ministre Boulin. Pour la plupart des observateurs, il s’agissait du prélude à sa désignation comme premier ministre, dans la perspective des élections de 1981, la chute de la popularité de Raymond Barre étant considérée comme un obstacle à la réelection de Giscard.

Quelques jours après, inspirés par des proches du clan Chirac, des articles mettant en cause la probité du ministre parurent dans Minute et le Canard enchainé.

Le dimanche 21 octobre 1979, Robert Boulin était l’invité du club de la presse d’ Europe 1. Il s’explique longuement sur les attaques qu’il avait subies dans la presse sur son acquisition, en 1973, d’un terrain à Ramatuelle (Var) et avait clairement laissé entendre qu’il avait les moyens de confondre ses détracteurs, une menace qui n’a manifestement pas été prise à la légère.

Voici, compte tenu des éléments accumulées, la reconstitution la plus vraisemblable, qui intègre les pièces du puzzle. Alors que les enquêteurs n’ont jamais pris en compte deux faits déterminants (lividités cadavériques et heure réelle de la découverte du corps) qui auraient dû les conduire à ne pas uniquement considérer l’hypothèse du suicide.

En 1979 comme aujourd’hui, les environs de Montfort-l’Amaury, abritent nombre de vastes propriétés. Certaines appartiennent à des personnalités liées au parti gaulliste et à de puissants hommes d’affaires qui leur sont proches. Ceintes de hauts murs, entourées de parcs arborés, ces belles demeures ne sont pour la plupart habitées que le week-end. L’une d’elles hébergea, selon toute vraisemblance, l’après-midi du lundi 29 octobre un traquenard dont Boulin ne sortit pas vivant. Au programme : passage à tabac, et sans doute plus, car il fallait faire parler l’ancien résistant Boulin, lui faire cracher où étaient les dossiers – et leurs doubles – qu’il avait imprudemment menacé de rendre publics une semaine avant .

Est-il mort sous les coups ? A-t-il été achevé par ses bourreaux ? En tout état de cause, il était impensable de relâcher vivant un ministre en exercice violemment battu. Au milieu de la nuit, les hommes de main rendent compte de leur mission. Le procureur général Chalret, important membre du SAC (Service d’Action Civique, milice gaulliste), est prévenu, ainsi que les plus hautes autorités de l’État. Il reste environ sept heures pour scénariser un accident ou un suicide. Pour expliquer l’apparence de boxeur groggy du visage de Boulin, un vrai-faux accident de voiture est tout indiqué. Faute de main d’œuvre qualifiée pour une telle mise en scène, il faut se contenter du scénario du suicide, inspiré par la proximité des Etangs de Hollande, où des noyés sont parfois repêchés. Mais la forêt de Rambouillet n’est pas déserte la nuit, des braconniers et des promeneurs venus entendre le brâme du cerf se baladent dans le coin, il faut donc se replier sur l’Étang Rompu, où jamais personne ne se noya dans cinquante centimètres d’eau et de vase. Le poids de certaines hiérarchies fit le reste.

Source : Casanier, pour Mediapart, le 29 octobre 2014.


Affaire Boulin : « J’ai mis les deux noms dans un coffre »

Sanguinetti lui a livré deux noms comme étant ceux des assassins. L’ancien ministre les tient à la disposition de la justice.

Affaire Boulin : « J'ai mis les deux noms dans un coffre »Jean Charbonnel. PHOTO AFP

Les noms du commanditaire et de l’exécutant de l’assassinat de Robert Boulin, tels qu’Alexandre Sanguinetti me les avait glissés en décembre 1979, sont déposés dans un coffre. S’il m’arrive quelque chose, on les retrouvera toujours. » Jean Charbonnel, 83 ans, grande figure du gaullisme social, a mis longtemps avant d’« ouvrir les yeux » sur la mort de Robert Boulin. Malgré cette confidence. Il était pourtant proche du député-maire de Libourne.

« La dernière fois que je l’ai croisé, c’était deux mois avant sa mort, sur un trottoir de la rue de Varenne. “Comment vas-tu, Jean ? J’aurais à te parler”, m’avait-il dit. Après, j’ai compris qu’il voulait probablement évoquer l’éventualité de sa nomination au poste de Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing. Non seulement il était brillant, mais c’était le meilleur débatteur du groupe gaulliste. On cherchait à le déstabiliser. Il a été tué soit parce qu’il était sur le point d’entrer à Matignon, soit parce qu’il avait les moyens de confondre ceux qui cherchaient à le déstabiliser. Ou peut-être à cause de ces deux raisons à la fois. »

Jean Charbonnel reconnaît avoir mis très longtemps à accepter la version d’Alexandre Sanguinetti, baron du gaullisme et fondateur du Service d’action civique (SAC), l’officine créée vingt ans plus tôt par les gaullistes pour lutter contre les attentats commis en France par l’OAS et les tenants de l’Algérie française. « Vous comprenez, j’avais vu la lettre signée de Boulin parvenue chez Chaban lui annonçant son suicide », explique-t-il. C’est la lecture du livre de Benoît Collombat (« Un homme à abattre ») qui a été déterminante. « Depuis, j’attends que les magistrats, si scrupuleux de leur indépendance et de leur dignité, fassent enfin leur travail. Je ne peux livrer les deux noms que m’avaient glissés Sanguinetti en pâture, comme cela. Je ne peux les révéler qu’à un juge. »

« Un séisme politique »

Alexandre Sanguinetti lui avait fait cette confidence deux mois après la mort de Boulin, au cours d’un repas à Brive, dont Jean Charbonnel était maire. « Nous devions nous revoir pour en parler. Il est mort avant. » Haut en couleur, Alexandre Sanguinetti avait parfois le verbe fort. Jean Charbonnel convient que la chose lui était apparue tellement énorme qu’il l’avait prise pour de l’outrance. « Le nom du commanditaire, si c’est bien lui, est très connu. Celui de l’exécutant ne me disait rien en 1979. Depuis, je me suis renseigné. L’un comme l’autre sont encore en vie. Si la justice veut les interroger, il faut néanmoins qu’elle se presse. »

Selon lui, si la confidence de Sanguinetti s’avérait exacte, cela provoquerait aujourd’hui encore un séisme politique. « Si personne n’a rien voulu voir et entendre, c’est que les répercussions auraient été trop fortes, sans doute. » Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? « Nous vivions une période de transition. C’était la fin du gaullisme gaullien. Mais les mœurs étaient encore violentes, à droite comme à gauche. Les réseaux issus de la guerre, de l’OAS, ceux du SAC étaient encore actifs, sans véritable chef à la tête. Les barons du gaullisme, dont certains avaient lâché Chaban en 1974, avaient créé du vide. Les meurtres de Brooglie, Boulin et Fontanet ont eu ce vide pour toile de fond. »

Source : Dominique de Laage, pour Sud Ouest, le 12 février 2011.

P.S.  Jean Charbonnel est mort l’année dernière…


La CIA peut-elle relancer l’enquête sur l’affaire Robert Boulin ?


Le logo de la CIA à Langley (Jason Reed/Reuters)

Contactée en 2009 par le journaliste Benoît Collombat, la CIA avait révélé qu’elle possédait un dossier sur la mort mystérieuse de l’ancien ministre en 1979, mais qu’il était classifié. A un an de la prescription du dossier, la fille de Robert Boulin a adressé une requête à l’agence américaine pour lever le secret, et espère avoir l’appui de François Hollande.

2015 sera une année décisive pour Fabienne Boulin, la fille du ministre du Travail gaulliste Robert Boulin, retrouvé mort en 1979 dans un étang de la forêt de Rambouillet. L’affaire sera prescrite en janvier 2016 : il lui reste donc moins d’un an pour convaincre les autorités françaises de rouvrir le dossier avant qu’il ne soit définitivement clos. Car la seule héritière de Robert Boulin est convaincue que la thèse officielle – celle du suicide – est irrecevable, et que son père a été victime d’un homicide soigneusement caché pendant toutes ces années par l’Etat.

“La thèse du suicide n’est aujourd’hui plus crédible”

A l’époque où le ministre est retrouvé mort, les enquêteurs concluent en effet au suicide par noyade après absorption de Valium. Il avait été mis en cause dans une affaire immobilière à Ramatuelle (Var) qui l’aurait rendu dépressif. Mais de nombreuses contre-enquêtes et témoignages étayent depuis 35 ans la piste d’un assassinat impliquant potentiellement le Service d’action civique (SAC). Un livre paru en 2007, Un homme à abattre. Contre enquête sur la mort de Robert Boulin (éd. Fayard), apporte une contribution importante et solide à cette thèse. Son auteur, le journaliste Benoît Collombat, a passé cinq ans à recueillir des témoignages et à consulter les archives du dossier pour en arriver à la conclusion que “la thèse du suicide n’est aujourd’hui plus crédible. Elle l’est d’autant moins qu’un faisceau d’éléments permet d’accréditer la piste de l’homicide : crime ou assassinat”. Il pointe notamment des éléments médico-légaux trahissant des “signes évidents de violences volontaires contre le ministre” et une chronologie incohérente des événements.

La CIA dispose d’un dossier secret sur la mort de Robert Boulin

Plus tard, le journaliste réalise plusieurs droits de suite où il fait intervenir de nouveaux éléments concordants. C’est sur un de ces éléments que Fabienne Boulin fonde aujourd’hui ses espoirs de faire éclater la vérité. En 2009 Benoît Collombat a la confirmation par la CIA que le renseignement américain dispose d’un dossier sur la mort de Robert Boulin, qui ne peut pas être communiqué “pour des raisons de défense nationale ou de politique étrangère”. Il avait été mis sur cette piste par une anecdote racontée par Fabienne Boulin elle-même à l’époque de sa contre-enquête :

“Une semaine avant la mort de mon père, ma mère reçoit la visite de Gilles Bitbol, une connaissance de la famille qui vit aux Etats-Unis et fait des affaires dans l’immobilier. Brutalement, je vois ce grand gaillard d’un mètre quatre-vingt-dix s’effondrer dans les bras de ma mère en lui disant : ‘La CIA m’a prévenu. Robert va être assassiné!’ Avec ma mère, on a pensé que ce garçon devait être profondément dépressif”.

Le fait que la CIA dispose d’un dossier sur la mort de Robert Boulin et qu’elle n’ait pas souhaité le communiquer en 2009 est en soi “une information intéressante, sans préjuger de ce qu’il contient”, estime aujourd’hui Benoît Collombat : “On peut légitimement s’interroger sur ce point : s’il s’agit d’un suicide, pourquoi ce dossier pourrait nuire aux relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis ?”

Fabienne Boulin compte sur le soutien de François Hollande

Fabienne Boulin a donc sollicité le concours de l’agence de renseignement américaine fin janvier par l’intermédiaire de son avocat pour tenter de déclassifier ce dossier : “On sait que la DCRI doit avoir le même dossier, mais comme les Français ne montrent pas depuis le début une volonté farouche de connaître la vérité, on se tourne vers la CIA, explique-t-elle. On espère qu’après trente-cinq ans de combat pour la vérité, le fait que je sois la seule héritière va peser en notre faveur”.

Pour éviter que la CIA n’oppose une fin de non-retour à sa requête, comme en 2009, la fille du ministre compte sur l’appui de François Hollande. A cette fin, elle a rédigé une lettre à l’intention du président et compte sur Philippe Buisson, maire socialiste de Libourne – ville dont Robert Boulin a été maire de 1959 jusqu’à sa mort – pour lui servir d’intermédiaire :

“Libourne est toujours surnommée ‘Boulin City’ 36 ans après la mort de mon père, et Philippe Buisson a toujours appuyé notre demande pour la recherche de la vérité. Comme il a l’oreille du président, j’espère qu’il va pouvoir appuyer notre demande légitime. Je pense que les autorités américaines vont demander aux autorités françaises la permission de lever le secret, et ce serait bien qu’elles ne l’empêche pas”.

Le 30 janvier, le maire de Libourne avait encore fait part de son soutien sur son compte Twitter :

“C’est une affaire politique”

La réponse de la CIA devrait être connue d’ici trois semaines. Il reste donc peu de temps pour que la France s’engage sur ce sujet. Fin janvier 2013 le président du groupe socialiste à l’Assemblée Bruno Le Roux et le député de la Gironde Florent Boudié avait envoyé une lettre à Jean-Marc Ayrault réclamant la réouverture de l’enquête.

Ces soutiens politiques ne sont pas anodins. “C’est une affaire qui depuis le début n’est pas traitée judiciairement mais politiquement, car c’est une affaire politique”, remarque Benoît Collombat. En 2010 Michèle Alliot-Marie, alors Garde des Sceaux, avait d’ailleurs estimé lors d’un déplacement à Libourne que le dossier était “clos” avant même que le procureur général de Paris, François Falletti, ne se soit prononcé sur sa potentielle réouverture. On avait alors découvert que des scellés judiciaires avaient disparus de manière rocambolesque. “Cet exemple est emblématique : on ne traite pas cette affaire comme elle devrait l’être alors qu’un serviteur de l’Etat est mort dans des conditions extrêmement troubles et qu’elle mériterait une enquête digne de ce nom”, conclut Benoît Collombat.

Source : Les Inrocks


Le 21 mars 2010, sur France 2, le reportage de Marie-Pierre Farkas présente des témoins qui ne s’étaient jamais exprimés face caméra. En particulier Laeticia Sanguinetti, fille d’Alexandre, un des leaders historiques du mouvement gaulliste et du Service d’action(s) civique(s) (SAC).

Plus d’information dans ces émissions de France Inter, ici et .


Et pour aller plus loin : http://www.robertboulin.net/

Source: http://www.les-crises.fr/nos-assassinats-politiques-retour-sur-lassassinat-de-robert-boulin-le-30-octobre-1979/


Les journalistes tués en Russie + comparaison mondiale des Homicides

Thursday 5 March 2015 at 04:56

Propagande classique à l’occasion de l’assassinat sordide de Boris Nemtsov :

Les meurtres de journalistes en Russie

On a donc eu 315 journalistes tués en Russie – ce qui est exact.

Ce chiffre de 1,3 journaliste tué par mois interpelle évidemment fortement.

Mais analysons le plus en détail :

On constate qu’une bonne partie concerne des accidents ou des morts où le journaliste n’était pas spécifiquement visé. Analysons la tendance :

On voit donc que la situation – pour très difficile qu’elle reste – est en nette amélioration depuis 10 ans (le gros pic correspond à la guerre en Tchétchénie).

“Étrange”, je n’ai jamais entendu dire que Eltsine faisait assassiner les journalistes qui le dérangeaient…

Poursuivons sur les seuls homicides :

On constate que dans une grande partie des homicides, le journaliste n’a pas été tué en tant que journaliste, mais en tant que passant, ou victime de personnes alcoolisées, etc.

Voici donc la donnée sur les meurtres où le journaliste a été victime de son métier (ou dans les cas où on ne sait pas) :

On observe que la situation (totalement non satisfaisante) est tout de même sensiblement différente de la narrative.

Rappelons également que la plupart de ces meurtres ont eu lieu dans le Caucase ou dans des régions périphériques, où les mafias restent puissantes, et n’apprécient nullement des articles de ces journalistes courageux.

Voici donc le bilan final :

On est donc à une quarantaine de meurtres de journalistes en 20 ans.

Espérons qu’on finira à arriver à 0 (sans que les journalistes ne deviennent des clones de Pujadas…).

Point sur les homicides

Voici quelques données sur les homicides :

Le taux d’homicide par grande zones :

L’utilisation des armes pour tuer :

Taux d’homicide régional :

Taux d’homicide régional en Europe :

Voici l’évolution en synthèse pour la Russie, comparée à d’autres (dont la population noire aux États-Unis) :

J’ai du coup fait un petit calcul :

En conclusion, cela signifie donc que, globalement, la mortalité générale des journalistes en Russie ne semble finalement pas très différente de la moyenne – en première approche…

Ce qui n’enlève rien au fait que la quarantaine de journalistes ciblés en raison de leur métier est inacceptable – mais personne ne se demande combien de comptables, de gérants de PME, de contrôleurs des impôts russes, etc. ont été tués durant la période en raison de leur métier…

Ce phénomène est surtout un symptôme du drame traversé par la société russe dans les années 1990-début des années 2000 – et que les Russes ne veulent évidement pas revivre…

Mais évidemment, cela ce nacre pas avec la narrative officielle, peu de chance que vous lisiez ceci dans votre journal… (quant au JT…)

P.S. : on note la très forte baisse des homicides en Europe (attribuée en bonne partie aux progrès des soins aux victimes et des enquêtes) et donc en France, qui a un des taux les plus bas au monde.



Source: http://www.les-crises.fr/les-journalistes-tues-en-russie-les-homicides/


Du Jospin “allégé”, par Anna Politkovskaya [2001]

Thursday 5 March 2015 at 01:11

Tiens, dans la série hommage aux victimes d’assassinats barbares, je sors cette traduction que j’avais sous le coude depuis l’été dernier, rédigé par la journaliste Anna Politkovskaya pour faire connaitre la France aux Russes…

Elle a été assassinée en 2006, meurtre probablement commandité par des officiels tchétchènes.

Lire l’article sur Anna Politkovskaya dans Wikipedia en français et en anglais

Articles publié dans le journal russe ”Novaya Gazeta” le 15 avril 2001

Anna Politkovskaya, correspondant spécial de ”Novaya Gazeta”, a passé une journée en compagnie du Premier Ministre français, Lionel Jospin. La démagogie politique française s’est avérée être pire que chez nous.

D’abord, quelques mots d’explication à l’intention de nos lecteurs: pourquoi “Novaya Gazeta” a-t-elle envoyé un journaliste en France, alors qu’il y a plus que de quoi faire chez nous?

       L’idée était simple: nous ignorons toujours comment le président Poutine imagine la fin de la guerre en Tchétchénie, aussi avons-nous décidé de le savoir en passant par des intermédiaires. Autrement dit, en posant les questions qui préoccupent nombre d’entre-nous aux leaders européens avec lesquels, du fait de sa fonction, Poutine entretient d’étroites relations de travail. En outre, il y avait une chose qui militait en faveur de la France: les intellectuels et hommes politiques de là-bas, y compris le Premier Ministre, Lionel Jospin, occupent traditionnellement une position plus radicale sur la question tchétchène que les élites des autres pays, affichent des positions clairement antimilitaristes et ont aidé beaucoup Tchétchènes à s’établir en France.

       Une fois tous les arrangements convenus avec le service de presse de Mr. Jospin, celui-ci communiqua à “Novaya Gazeta” la date, à laquelle le premier ministre français, pendant un déplacement à Lorient, une petite ville provinciale sur la côte atlantique, répondrait aux questions qui lui avaient été adressées d’avance. Pas gratuitement, cela dit, mais en contrepartie de la publication d’un reportage sur ses rencontres préélectorales à Lorient. Nous avons répondu: “Pourquoi pas?”

       Tous les déplacements préélectoraux se ressemblent comme des écrous fabriqués à la chaîne. Chez nous comme chez eux. Le voilà, le candidat: regard errant au-dessus des têtes populaires. Fatigué, mais plein de la gravité propre à l’homme d’Etat. Il fait semblant de comprendre tout ce qu’on lui dit. Et voilà le peuple qui, à l’occasion de la visite des chefs venus de la capitale, a revêtu des habits de travail neufs et des casques propres. Plus, la presse “flashante et mitraillante” et la mairie au grand complet.

       Sur le plan de la méthode, c’est exactement ainsi que les choses se sont déroulées dans le port de Lorient, où Mr. Jospin commença sa visite. On lui montra une nouvelle barcasse de pêche dans un doc à sec, il hocha de la tête en silence au rythme des explications, puis il serra la main au “jeune ingénieur” posté au premier rang du “peuple”, prit la pose pour une photo souvenir avec le maire, et…

       Ce fut notre tour. Dans notre dos, le service de presse nous rappela: “Tenez-vous en strictement aux questions…”.

       - Monsieur le Premier Ministre, que pensez-vous de “l’opération anti-terroriste” en Russie, de la guerre en Tchétchénie? Des atteintes massives aux droits de l’homme? Avez-vous parlé avec Poutine de la fin de cette guerre? Des délais?

       Le Premier Ministre français est visiblement frappé de stupeur. Une pause emplie de perplexité et d’incompréhension s’installe. Derrière ses lunettes, son regard indifférent se fait peu à peu mauvais et acéré. Que se passe-t-il?

       Horreur sur le visage de Jospin. Celui de son attaché de presse se couvre de tâches.

       Journalistes du pool du premier ministre, ingénieurs portuaires et ouvriers, chacun y va de son explication. La peur de Poutine n’y est pour rien. Il s’avère que l’une des traditions des hommes politiques contemporains en France est de ne pas être concrets. De s’exprimer de façon à ce que leurs pensées soient délayées et floues, pour ne pas avoir à en répondre plus tard. Des hommes politiques “allégés”, avec derrière eux une politique européenne ni lourde, ni contraignante, à usage général (non spécifique).

       C’est particulièrement inhérent aux socialistes, dont le parti est, aujourd’hui, dirigé par Jospin. Et s’agissant justement des socialistes français, ceux-ci sont carrément un cas spécial.

C’est que ”la gauche modérée”, les socialistes français, comptent beaucoup de personnes à ”orientation non traditionnelle”. Mais ne pensez pas que pour les socialistes, ce soit là une ”moins-value” politique. En aucun cas. En France, c’est une ”plus-value”, donnant de bonnes chances pour la victoire, y compris au Jospin ”allégé”.

Je vais illustrer cela par un exemple politique éloquent de la série ”dis moi qui sont tes amis…”. L’un des personnages de premier plan du camp de la ”gauche”, par ailleurs camarade d’idées du camarade Jospin, est Bertrand Delanoé, l’actuel maire de Paris. Il est connu pour être un gay déclaré grâce à quoi il a remporté les élections (résultat: tout un quartier résidentiel pour gays a vu le jour à Paris). Pendant les élections, Delanoé a fait de belles promesses, mais à présent sa politique est assez agressive et radicale, conforme à ses propres représentations protestataires de la vie. Par exemple, Delanoé se sentant l’âme écologiste, toute la circulation à Paris est en train d’être réorganisée de façon à pénaliser au maximum les automobilistes, alors ils ”se mettront au vélo” (citation de Delanoé).

Ne pensez pas qu’il s’agisse d’une plaisanterie. Parler sans rien dire de concret, puis réformer et réguler tout ce qui vous tombe sous la main, c’est la substance de la ”gauche” française actuelle.

C’est pourquoi, me prévenait-on, il ne faut pas trop croire à tous ces ”non-non… Seigneur, tout sauf cela”. Dans le jargon politique français actuel, cela signifie: aujourd’hui, Jospin est pour le radicalisme pur et dur de Poutine en Tchétchénie. Sauf qu’il ne veut pas le dire, parce que ce n’est pas conforme aux usages d’ici…

L’alma mater politique de Jospin est ”l’extrême trotskisme”. Il a passé près de vingt ans de sa vie d’homme mûr (de 30 à 50 ans) dans une secte politique trotskiste, clandestine et illégale, dont la principale idée est la révolution permanente: niveler tout le monde, tout confisquer aux riches et le répartir entre les pauvres, au compte-goutte. Aujourd’hui, pendant la campagne préélectorale, Jospin tente par tous les moyens de se démarquer de ce sectarisme et quand on le questionne sur son passé trotskiste, il… dit des contre vérités, comme, par exemple, qu’il n’a jamais fait partie de la secte, que c’est son frère qui figure sur le liste, qu’ils portent le même nom, c’est tout…

Une ruse ? Ou, peut-être, n’était-ce vraiment pas lui? Nous parlons avec André Glucksman, l’un des plus grands philosophes français actuels. Pendant des années, il a été l’un des plus brillants représentants de la gauche française et on ne peut trouver aujourd’hui un meilleur connaisseur de ce bord de la vie politique en France. Voici sa réponse :

Il est temps de revenir à Lorient. Dans le port que le premier ministre français, Jospin, est en train de quitter en se dirigeant vers sa limousine salvatrice pour se retrouver bientôt dans le centre-ville, au Palais des Nations, où le candidat doit faire part de ses fameuses ”réflexions sur la mer”.

Le chemin de Jospin jusqu’à la tribune est entravé par une foule de ses anciens compagnons d’idées, communistes et représentants du syndicat communiste, le plus puissant en France (СGT). Drapeaux rouges; uniformes, discours par haut-parleurs, slogans : ”Ne touchez pas à Alcatel”. De nouveau Jospin a l’air mauvais et irrité. Sortant de la limousine, il jette un regard pourfendeur sur cette foule de ”gauche” et, sans mot dire, fonce à l’intérieur du Palais des Nations, dont les fenêtres…. ne sont pas insonorisées. On entend dans la salle ce qui se passe dans la rue: rugissement de la foule, cris, chants communistes. Jospin fait comme si de rien n’était. Arrive l’heure des ”réflexions sur la mer”. Les voici:
«…La mer unit et rassemble. Elle porte en elle les valeurs de la solidarité…»
«…La mer s’inscrit profondément dans la liberté que les socialistes portent au monde au nom de l’épanouissement de l’homme…»
«…La mer est sans frontières, elle est ouverte à tous les vents du libéralisme le plus dur, à commencer par les dépotoirs sur les côtes et en terminant par les marins livrés à eux-mêmes…»
«…Conduire une politique de la mer, cela signifie rejeter les dérives libérales …»
«…Nous voulons éviter les écueils sous-marins d’une libéralisation excessive».

Et enfin: «Sauvons la mer des flux et des reflux du libéralisme ».

Cette phrase, Jospin la prononce comme sa ”réflexion” de choc ”sur la mer”. La substance et le noyau de sa politique. S’il existait un livre des records Guiness sur les spécialistes en matière de démagogie politique, cette dernière phrase arriverait en tête.

Un éclaircissement s’impose: de quoi donc parle Jospin, si l’on traduit le français politique dans l’autre français, plus simple? Qu’entend-il par ”sauver du libéralisme dur”, ”rejeter les dérives libérales”? Il s’agit d’une pierre – cette fois encore originale et très française – lancée dans le jardin de Jacques Chirac, le président-libéral, le principal compétiteur de Jospin aux élections. En le critiquant de cette façon métaphorique, Jospin n’a pas une seule fois cité son nom directement, cependant, il s’avère que selon les règles locales, il s’agit d’une critique « gonflée » ! Et nous qui voulions parler de la Tchétchénie…

Le final fut simple, joué sur les notes de tout final préélectoral. Les derniers ”flux et reflux” de la tribune se muèrent en ovation. « Jos-pin – pré-si-dent! Jos-pin – pré-si-dent ! » — scandaient les premiers rangs sur le rythme de ”Spar-tak! cham-pion!” Une minute plus tard, afin d’éviter tout échange désagréable avec le ”peuple”, on fit sortir l’orateur par la porte de derrière.

Sur le chemin de retour à Paris, très tard le soir, dans l’avion de Jospin, mis à sa disposition par la compagnie d’aviation privée ”DarTa”, il régnait une atmosphère très remontée, comme il peut arriver après une journée de travail réussie. On servit du vin d’assez bonne qualité et l’équipe des communicants jospiniens entonna joyeusement ses chansons préférées. D’abord, plusieurs fois une chanson sur ”le commandante Che Guevara”. Puis, le chant des partisans italiens. Enfin, ”Motivé”, une chansonnette des communistes français. […] Le secrétaire de presse de Jospin, un jeune homme aux manières de jeune fille, donnait personnellement le ”la” avec entrain. ¨Pendant toute l’heure de vol jusqu’au Bourget, l’aéroport de l’aviation privée en banlieue parisienne, il ramenait l’équipe sur son orbite: ”Che Guevara”, ”Bela Chao”, ”Motivé”, ”Che Guevara”, ”Bela Chao”….

Source : Anna Politkovskaya, pour Novaya Gazeta

Notes : “Novaya Gazeta” est le journal anti-poutinien par excellence des “intellectuels” russes qui se respectent.
L’accompagnatrice et interprète de Politkovskaya était Galia Ackerman (dans la lignée BHL-Mendras…)

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/du-jospin-allege-par-anna-politkovskaya-2001/


Cash Investigation : “Quand les actionnaires s’en prennent à nos emplois”

Thursday 5 March 2015 at 01:00

EXCELLENT, un vrai moment de journaliste en prime time, c’est assez rare pour le saluer…

Mais n’ayez crainte, c’est bien parce que c’est très rare que ça peut exister – généralement pas pour très longtemps.

Vous pouvez visionner le reportage complet ICI

C’est la crise pour tout le monde, sauf pour les actionnaires ! Les 56 milliards d’euros de dividendes distribués en 2104 par les entreprises du CAC 40 font de la France l’un des pays les plus généreux en la matière. C’est une partie non négligeable des plus de mille milliards de dollars de rémunérations des actionnaires dans le monde… Pour réaliser de telles performances, les grandes entreprises françaises ont notamment recourt à des stratégies et des méthodes difficilement avouables.

Certains des fleurons économiques français sont prêts à tout pour dégager toujours plus de cash au profit de leurs actionnaires. De Hénin-Beaumont à Toronto, en passant par Londres et Boston, l’argent du capitalisme financier passe d’un continent à l’autre d’un simple clic. Derrière les cours de Bourse sur les écrans d’ordinateur et la froideur des bilans de fin d’année, se cache souvent un drame fait de licenciements, de pressions sur les salariés et parfois même de la mort d’un employé poussé au suicide par des objectifs impossibles à atteindre.

La course aux dividendes

Pendant un an, Édouard Perrin et les équipes de Cash Investigation ont suivi les circuits très opaques empruntés par les investisseurs mondiaux, toujours à l’affût de la bonne affaire, de la rentabilisation maximale. Et l’on voit comment une décision d’un fonds de pension à l’autre bout de la planète détruit de l’emploi en France. Comme à son habitude, Élise Lucet surgit là où ceux qui ne veulent pas répondre au téléphone ou recevoir les journalistes ne l’attendent pas…

Pourquoi Sanofi, 2e entreprise du CAC 40 enchaîne les fermetures d’usines et de laboratoires, alors qu’elle engrange les bénéfices… et paie son dirigeant 508 fois le smic par an ? Comment le patron des patrons, Pierre Gattaz, justifie-t-il la course aux dividendes ? À questions gênantes, réponses embarrassées ou péremptoires… Cash Investigation révèle notamment les indemnités de départ de Chris Viehbacher, l’ex-patron du groupe pharmaceutique. Elles se sont élevées à 5 millions d’euros, alors que l’entreprise a supprimé 4 000 postes en France sous sa direction.

Juste pour “siphonner” le cash

Plaire au marché, séduire les actionnaires. C’est le travail de Goldman Sachs, KKR ou Bain Capital, de très puissants fonds d’investissement américains. L’enquête montre très clairement comment certains de ces fonds s’abattent sur des entreprises, juste pour “siphonner” leur cash ou les “rationaliser”, soit fermer des sites, pour les revendre ensuite à prix d’or.

Cash Investigation a également suivi jusqu’aux États-Unis les ex-salariés de Samsonite de Hénin-Beaumont (Nord-Pas-de-Calais), laissés sur le carreau après justement une opération de… “rationalisation”. Ils se battent aujourd’hui avec leur avocat pour faire reconnaître leurs droits. Et quand des enseignantes de l’Ontario à la retraite découvrent ce que leur fonds de pension a fait avec leur argent, leur émotion est sincère. Elles incarnent alors l’actionnaire anonyme au nom de qui ces dégâts humains ont été commis…

Source : France 2, le 3 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/cash-investigation-quand-les-actionnaires-sen-prennent-a-nos-emplois/


Le Parlement Européen refuse l’ouverture d’une commission d’enquête sur les Luxleaks

Thursday 5 March 2015 at 00:17

Sans commentaire…


Conference de presse sur l’enquête du Parlement européen sur les LuxLeaks ©European Parliament

Les trois grandes groupes de la coalition favorable à Jean-Claude Juncker se sont mis d’accord pour proposer la création d’une commission spéciale. Un dispositif qui donne moins de pouvoirs pour enquêter sur l’évasion fiscale des entreprises en Europe.

La toute puissante conférence des présidents du Parlement européen a décidé jeudi 5 février qu’il n’y aurait pas de commission d’enquête sur le dossier des Luxleaks. Une décision surprenante alors que la demande d’ouverture de cette commission d’enquête sur les pratiques fiscales du Luxembourg avait été signée par suffisamment d’eurodéputés, soit 188 d’entre eux.

L’indépendance des services du Parlement européen en question

Les services juridiques du Parlement européen avaient recommandé, il y a 48 h, aux présidents de groupe, de refuser la création d’une telle commission en estimant que la proposition était mal ficelée.

Les experts jugeaient que la proposition de création de commission d’enquête omettait de préciser l’objet de l’enquête, et ne fournissait pas suffisamment d’éléments pour identifier clairement les infractions et les cas de mauvaise administration allégués. Un argument qualifié d’argutie juridique par les Verts, qui estiment qu’un autre expert aurait pu dire l’inverse. « Avec de tels arguments, le service juridique pourrait interdire l’ouverture de toute commission d’enquête » regrette l’eurodéputé Vert belge Philippe Lamberts.

L’argument juridique a permis au président du Parlement européen, Martin Schulz, d’éviter de présenter la proposition en session plénière. A la place, la conférence des présidents a proposé que la plénière se prononce sur la création d’une commission spéciale, une question qui devrait être soumise au vote la semaine prochaine.

Quand les signataires se retirent

La demande de création d’une commission d’enquête avait été lancée par le groupe des Verts, avant d’être soutenue par la gauche radicale et d’un certain nombre de députés européens de l’ensemble de tous bords politiques.

Au total, 194 députés avaient initialement signé la demande d’ouverture de cette enquête. Mais certains élus ont ensuite retiré leur signature : de 192 début janvier, il ne restait plus que 188 signatures le 5 février.

« Les membres du PPE ont été la proie de fortes pressions de la part de leur parti pour qu’ils retirent leur signature, et la plupart l’ont fait » constate une source au Parlement européen.

Parmi eux, le député européen Jérôme Lavrilleux, qui reste membre du PPE mais n’est plus membre de l’UMP, ce qui le place dans une position délicate. D’autant que le Parlement européen doit se prononcer prochainement sur la demande de levée de son immunité parlementaire

« La conférence des présidents a décidé à la majorité qu’une commission spéciale aurait plus de pouvoirs et serait plus adaptées à traiter le sujet » a de son côté expliqué Martin Schulz, le président du Parlement européen, lors d’un point presse, tout en rappelant que le Parlement avait l’expérience des deux types de commission et qu’aucune des deux ne posait problème.

Des commissions d’enquête rarissimes

Les commissions d’enquête sont en fait très rares, puisqu’il n’y en a eu que 3 depuis que le Parlement européen existe, dont celle sur la vache folle, alors que les commissions spéciales sont légion.

En 1996, le Parlement européen avait déjà refusé la création d’une commission d’enquête à propos du scandale d’Echelon, un système d’interception des communications mis en place par les États-Unis et d’autres pays anglo-saxons.

Compétences réduites mais un champ d’enquête élargi pour la commission spéciale

Par rapport à une commission d’enquête, une commission spéciale a moins de pouvoir, mais peut se pencher sur des sujets plus larges ; notamment, elle se penchera sur les rescrits fiscaux conclus par les pays ciblés comme le Luxembourg, les Pays-Bas ou l’Irlande dans le passé et dans le présent.

Mais les deux types de commission n’ont pas les mêmes droits d’accès aux documents nationaux : le commission d’enquête aurait eu accès à tous les documents nationaux, la commission spéciale n’aura accès qu’aux documents européens.

« Je suis très optimiste sur le fait qu’une commission spéciale puisse apporter de vraies améliorations » a estimé le président du Parlement européen.

Les Verts furieux

Les Verts et la gauche radicale se sont montrés très frustrés de cette décision, notamment le Vert belge Philippe Lamberts.

« Nous nous sommes battus, ça a été une longue bataille, parce que la commission d’enquête est l’outil le plus fort contre les problèmes administratifs en UE » a expliqué Philippe Lamberts, estimant que les trois principaux groupes du Parlement européen se sont mis d’accord contre la minorité.

« Les trois grands groupes ne voulaient pas donner aux forces minoritaires ce qu’ils voulaient » a assuré Philippe Lamberts.

« Je suis très déçu de ce résultat. Je suis furieux que le droit des minorités au sein d’un Parlement européen soit bafoué à ce point. C’est une agression envers la démocratie européenne ! » s’est exclamé Sven Giegold, élu dans le groupe des Verts en Allemagne.

RÉACTIONS

Source : EurActive

Source: http://www.les-crises.fr/le-parlement-europeen-refuse-louverture-dune-commission-denquete-sur-les-luxleaks/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Poutine)

Wednesday 4 March 2015 at 04:27

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: Quantitative easing: “On fait du QE quand on n’a pas de QI !”-02/03

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (1/2): La croissance est-elle en train de revenir en Europe ? – 02/03

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier (2/2): Le Cac 40 sort de quatre semaines de hausse d’affilée – 02/03

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Un marché sans l’ombre d’un raisonnement – 26/02

Philippe Béchade VS Marc Riez (1/2): CAC 40: “On est dans un marché complètement mécaniste” – 25/02

Philippe Béchade VS Marc Riez (2/2): Dette publique: Quid de l’accord entre Athènes et l’Eurogroupe ? – 25/02

Philippe Béchade: L’indice Euro Stoxx 50 enregistre un triple sommet historique – 26/02

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : “La productivité du travail en Europe ne cesse de se dégrader” – 03/03

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): Zone euro: la politique monétaire de la BCE commence-t-elle à produire ses fruits ? – 03/03

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): Quels secteurs privilégier après les publications d’entreprises ? – 03/03

IV. Vladimir Poutine en 2012 : nos ennemis cherchent à fabriquer des martyrs pour nous nuire

Transcription :

En ce qui concerne les provocations (sous faux drapeau) durant les manifestations et autres, j’espère que personne ne franchira cette ligne et que tout restera dans les limites légales. Et j’espère que les tentatives de provoquer les agences de sécurité pour susciter une réaction violente resteront vaines.
Car les forces que vous avez évoqué souhaitent réellement de violents affrontements. Et ils ne cessent d’essayer de les fomenter.

Ils sont même prêts à sacrifier quelqu’un afin d’en accuser le gouvernement. Je connais ces méthodes et tactiques, cela fait dix ans qu’ils essaient de les utiliser. Cette méthode est surtout utilisée par ceux qui travaillent depuis l’étranger. Je vous l’affirme car je le sais de manière factuelle. Ils recherchent même quelqu’un pour le transformer en martyr. Une quelconque personnalité connue. Ils vont le buter eux-mêmes, excusez-moi la vulgarité, puis en accuser le gouvernement. Il y a des gens qui en sont capables, je n’exagère pas du tout.

J’espère que les personnes qui organisent des manifestations pour améliorer la vie dans notre pays
et, dans cet objectif, utilisent leur droit d’assemblée, leur liberté d’expression, ne cèderont pas à ces machinations.


La propagande, ça passe aussi par les dessins…

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-04-03-2015/


[Ca se passe comme ça en Amérique...] Un sans-abri tué par la police à Los Angeles

Wednesday 4 March 2015 at 03:27

Nul doute qu’une enquête rapide et indépendante sera menée…

Un sans-abri a été abattu par la police de Los Angeles à la suite d’une altercation, dans des circonstances troubles. Une vidéo de l’incident, postée sur Facebook, a été vue plus de deux millions de fois.

Capture d’écran la vidéo montrant l’altercation entre plusieurs policiers et un sans-abri, qui s’est finie par la mort de ce dernier, touché par plusieurs balles.

“La police de Los Angeles a abattu un sans-abri à Skid Row”, annonce leLos Angeles Times ce 2 février dans un article en une de son site. L’incident a eu lieu le 1er mars “lors d’une vive altercation filmée dans une vidéo où l’on entend un policier crier à deux reprises : ‘Lâchez l’arme !’” explique le quotidien.

Cette vidéo spectaculaire réalisée par un passant a été vue plus de deux millions de fois en sept heures après avoir été diffusée sur Facebook, rapporte le quotidien. Elle montre les dernières secondes de l’altercation : cinq policiers luttent avec l’homme qui est à terre et on entend cinq tirs d’arme à feu. Au même moment, au premier plan, deux autres policiers menottent une deuxième protagoniste.

Deux policiers et un sergent auraient tiré, d’après le commandant Andrew Smith, chargé des relations avec les médias. La police est encore en train d’analyser le son de la vidéo mais “il est clair qu’il y a eu une lutte autour de l’arme du policier”, a-t-il déclaré.

Le sergent de police Barry Montgomery a indiqué que la police intervenait à la suite d’un appel au sujet d’un vol, un peu avant midi. Un Taser (arme non létale) aurait été utilisé lors de l’altercation mais, d’après Andrew Smith, se serait avéré “inefficace”.

Foule en colère

L’homme abattu, connu dans la rue sous le nom d’”Africa”, vivait dans une tente depuis quelques mois, après un séjour dans une institution psychiatrique, dans ce quartier du centre-ville où vivent de nombreux sans-abri, ont indiqué plusieurs témoins. Une foule en colère a immédiatement afflué après l’incident, tandis que la police bouclait les lieux.

Sur les réseaux sociaux, des personnes se sont dites choquées par le fait qu’un incident sur une voie fréquentée en plein jour a pu se terminer par l’usage de la force létale, indique le quotidien britannique The Guardian. Certains ont fait le lien avec la mort de plusieurs Africains-Américains lors d’incidents avec la police à l’automne dernier à Ferguson (Missouri), New York et Cleveland.

Source : Courrier International

Capture d'écran la vidéo montrant l'altercation entre plusieurs policiers et un sans-abri, qui s'est finie par la mort de ce dernier, touché par plusieurs balles.

Source: http://www.les-crises.fr/usa-un-sans-abri-tue-par-la-police-a-los-angeles/