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Actu’Ukraine 11/02

Wednesday 11 February 2015 at 04:15

Le retour des Actu’Ukraine :)

Nous avons plein d’infos, mais il nous manque des bras pour les synthétiser – volontaires compétents et motivés bienvenus – merci de nous écrire

Les semaines passées ont été riches en événements en Ukraine et ceux-ci se précipitent à l’heure actuelle.

Mi janvier, la guerre a brusquement repris faisant suite à une longue période où le cessez-le-feu décrété en septembre n’a jamais vraiment été respecté. Toutefois, là où les forces de l’armée régulière étaient à l’offensive cet été, ce sont les forces armées de Novorussie qui se lancent dans une contre-offensive majeure (Donestk, Marioupol, Debatselvo, Lougansk,…). Parallèlement,  les tensions internationales montent.

Suite à ses derniers revers militaires à Donetsk et Debastlevo (qui menacent de se transformer à nouveau en défaite majeure), le régime de Kiev fait face à des dissensions internes et une désobéissance civile massive consécutive à la dernière vague de mobilisation décrétée mi-janvier.
Il est tentant de voir dans le chaos ambiant une aggravation de la situation menaçant d’échapper à tous contrôles. Cependant, si on prend un peu de hauteur, au-delà des vociférations, des angoisses et des pleurs, il se dessine une possibilité de sortie de crise.
Les angoisses de Mikhaïl Gorbatchev sur une éventuelle guerre mondiale est le reflet d’un homme qui, en tant que dirigeant de l’URSS, a été confronté plusieurs fois à la possibilité d’un apocalypse nucléaire. La lettre des survivants de Stalingrad (FortRuss) est celle d’hommes qui ont combattu le nazisme au faîte de sa puissance et qui le voit à présent ressurgir. Quant aux déclarations va-t-en-guerre et les positions extrêmes de ces derniers jours, d’où qu’elles viennent (Independent, New York Times, Pravda, FortRuss, Brookings), prenons les pour ce qu’elles sont en définitive : des tentatives désespérées de ceux qui les prononcent pour ne pas être les seuls perdants de cette guerre civile. et ce aussi bien dans les domaines politiques et économiques.
De manière générale, il semble que l’UE et, dans une  moindre part, les USA se montrent plus modérés sans vouloir pour autant se désavouer. C’est avec ce filtre en tête qu’il convient de faire le tri, dans ce qui se dit ici et là, ce qui est vraiment du domaine de la décision étatique et ce qui est du jeu politique interne, de la posture géopolitique voire du pur brassage d’air. Deux exemples les marquants sont l’argument de l’”invasion russe” et l’armement de l’armée ukrainienne par les USA.

Commençons par l’”invasion russe”

Cela fait des mois que l’Ukraine affirme sans preuves que l’armée russe a envahi l’Ukraine à la fois pour justifier les moyens employés (bombardements massifs des villes, destruction des infrastructures et de l’industrie,…) et pour tenter d’entrainer l’OTAN dans la guerre civile qui déchire le pays. Cela fait des mois que les USA se servent de ces allégations (sans les prouver malgré tous les moyens d’observation dont ils disposent a priori) pour justifier des sanctions individuelles puis économiques et politiques (Sputnik News)  contre des citoyens russes ciblés et contre la Russie, jusqu’à déclencher une vraie guerre économique contre elle (spéculation contre le rouble, dégradation de la note de la Russie, menace de déconnection de SWIFT).

L’argument, à l’évidence, ne fait plus vraiment recette

Le président ukrainien, Porochenko, affirmait encore le 21 janvier, au forum économique mondial de Davos, qu’il y avait 9000 soldats russes et 500 chars en Ukraine (Dailymotion, Romandie). Le 27 janvier, le parlement Ukrainien (la Rada) déclarait  la Russie  “état agresseur” et  les républiques de Donetsk et Lougansk “organisations terroristes” (UNIAN, Pravda). Le même jour le chef du Allied Land Command (LANDCOM) de l’OTAN, le général américain Hodges (Stripes) déclarait “on ne vous donnera rien (pas de preuves), si vous croyez pas qu’il y a une invasion russe c’est que vous voulez pas y croire …” (Youtube).

A peine deux jours plus tard, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) prenait ses distances avec les propos de Porochenko et de Hodges (VZ) et le 28 janvier, l’APCE refusait de reconnaître les deux républiques comme organisations terroristes (Sputnik News), même s’il supprimait le droit de vote de la Russie jusqu’à avril 2015, ce à quoi la Russie a répondu en suspendant sa présence à l’APCE pour toute l’année 2015. La victoire de Syriza en Grèce a aussi évité la prise de décision de nouvelles sanctions intra UE prônées par Donald Tusk, le président de l’UE. Seules des sanctions déjà votées ont été prolongées, sans doute pour ne pas faire perdre la face aux uns et ne pas déclencher une crise qui rendrait toute discussion sur la dette de la Grèce beaucoup plus compliquée…

Le 31 janvier, c’est le chef d’état-major ukrainien lui-même qui, lors d’une déclaration à la télé ukrainienne (Youtube), tout en parlant de volontaires russes dans les rangs des milices des républiques de l’est, semblait sous-entendre qu’il n’y avait pas de troupes régulières russes en Ukraine. Ces propos, même s’ils sont sujets à controverse, ont été largement repris par les médias russes internationaux (Sputnik News ) sans déclencher une avalanche de démentis en rapport avec l’importance et la diffusion faite de ces propos.

 

L’autre exemple est celui de la fourniture d’armes “létales” à l’Ukraine

Les USA récemment ont voté une loi leur permettant d’armer tous les pays d’europe de l’est, y compris l’Ukraine. Cette intention a été réaffirmée dernièrement pour l’Ukraine (New York Times). Londres, Paris et Berlin se sont tout à tour désolidarisées des USA et déclarées qu’elles ne fourniraient pas d’armes. Les USA et le Canada apparaissent donc isolés dans leur démarche. Le fait est que ce n’est pas les armes qui gagnent les guerres, mais les hommes. Et dans ce domaine, même si l’Ukraine à sur le papier l’avantage numérique, elle n’a pas en revanche l’avantage en termes de qualité et de détermination. En effet, l’armée ukrainienne a subi deux défaites importantes l’été dernier et est en passe d’en subir une autre majeure à Debastlevo. Ses pertes militaires, humaines et matérielles, sont énormes. Pour ce qui est du matériel, l’Ukraine puise encore dans le vaste arsenal soviétique positionné dans le pays du temps de la guerre froide dans la prévision d’une guerre en Europe. En ce qui concerne les hommes, les pertes sont compensées par des recrues peu entrainées et peu motivées qui se retrouvent face à des troupes  novorusses aguerries et déterminées à défendre leur sol. Le résultat est tristement sans surprises. Les offensives ukrainiennes se terminent par des carnages comme lors de la tentative de reconquête de l’aéroport de  Donetsk et les défenses ukrainiennes sont démoralisées et paniquées par les pilonnages précis de l’artillerie novorusse. Ce qui sauve encore l’armée ukrainienne de la rupture totale du front est  que les novorusses économisent leurs troupes. Quand l’Ukraine perd un soldat de l’armée régulière, elle perd généralement un homme mobilisé de force, résigné, peu formé et peu motivé. Quand les républiques de Donetsk et Lougansk perdent un soldat, elle perdent un volontaire aguerri et déterminé. Dans leurs déclarations publiques, les leaders des républiques de Donetsk et Lougansk réitèrent leurs désirs de trouver une issue au conflit qu’ils qualifient de “fratricide” (Youtube). A noter que c’est aussi le moment que choisi RT de publié une étude des renseignements allemands indiquant que les pertes en vies humaines dans cette guerre ne sont pas de 5000 environ, mais plutôt de 50 000 (http://rt.com/news/230363-ukraine-real-losses-german-intelligence)…

Le fait que ce soit les républiques qui aient le dessus sur l’armée ukrainienne est en soi un facteur d’espérance. Le massacre s’arrêtera lorsque l’Ukraine en aura assez…

Ce qui semble être de plus en plus le cas…

La mobilisation décrétée en Ukraine en janvier 2015 est un échec total. Près de 80% des appelés se dérobent. Des milliers, voire des dizaines de milliers d ‘entre eux fuient le pays et se réfugient en masse en Russie. En effet, si la Russie a récemment facilité les conditions de séjour en Russie pour les Ukrainiens, en Pologne en revanche, le gouvernement refuse d’accorder le statut de réfugiés à ceux qui fuient la mobilisation et les combats (VZ). Ceci est une preuve que l’hystérie anti-russe du gouvernement est le fait d’une minorité.

Le gouvernement de Kiev a répliqué à cette désobéissance civile par la fermeture des frontières pour les hommes en age de se battre. Ce à quoi, la Hongrie et la Tchéquie ont indiqué de leur côté que les ukrainiens des minorités hongroises ou tchèques n’étaient pas “concernés” par la guerre civile en cours sur un fond d’accusations de “sur-mobilisation” de ces minorités par Kiev.

Face au durcissement du gouvernement, la résistance à la mobilisation se durcit également. Là, où l’été dernier, les mères/femmes/sœurs se contentaient de brûler les papiers de mobilisation en public, à présent des villages entiers chassent de force les recruteurs (FortRuss) où les conspuent dans les réunions publiques (FortRuss). La population en a clairement assez de la guerre civile.

Certains oligarques aussi, et c’est nouveau, se désolidarisent du “parti de la guerre” jusqu’à proposer un référendum (FortRuss) dont l’issue, au vu du résultat de la mobilisation, ne fait aucun doute. Ils ont sans doute mal pris que l’un d’entre eux ait été arrêté, même temporairement, pour activité anti-ukrainienne (la fourniture d’aide humanitaire pour les régions de l’est). Ils voient sans doute dans l’agitation anti-gouvernementales de certains bataillons de la garde nationale (Aidar en particulier) une menace pour leur position même et surtout leur pouvoir régional. Même si ces bataillons ont été au départ financés par les oligarques pour leur servir de garde prétorienne ou d’armée privée, ils risquent de devenir incontrôlables et se retourner contre eux. A cela s’ajoute le spectre de l’écroulement économique total du pays qui pourrait voir la population se retourner contre ces mêmes oligarques. Il faut noter à ce sujet que la devise ukrainienne a, le 5 février, perdu plus de 45% de sa valeur en une journée face au dollar.

La conjonction des ballets diplomatiques et de la conférence de Munich

C’est dans ce contexte que se déroule depuis quelques jours des entretiens diplomatiques à géométrie variable entre américains et ukrainiens (sans les européens), européens et ukrainiens (sans les américains) et enfin européens et russes (sans les américains à nouveau). L’heure est sans doute à la recherche d’une solution négociée où il faudra trouver une sortie honorable pour les USA, faire accepter une défaite définitive pour Kiev et assurer une véritable paix dans la région. L’échec du cesser-le-feu de septembre 2014 est là pour rappeler que, sans acceptation d’un règlement politique clair accepté par tous, Kiev ne tiendra pas ses promesses et cherchera à nouveau à se réarmer et repartir à l’assaut de Donetsk et Lougansk.

Parallèlement, Munich accueille du 6 à 8 février la conférence annuel sur la sécurité (MSC) dont le pitch du rapport préliminaire (Rapport MSC) est très parlant d’une crise bien plus large que celle de l’Ukraine : “Collapsing Order, Reluctant Guardians?” (Effondrement de l’Ordre, Gardiens Réticents?). Les participants sont très majoritairement occidentaux et atlantistes (Allemagne:  179, USA et Canada : 103, Royaume Uni : 30, France : 13, Ukraine : 7,…) Avec quelques Russes (17) et Asie/Afrique (7). Le ton est donc plutôt anti-russe avec des éffets de manche dont Porochenko a seul le secret (après le morceau de bus criblé d’éclats montré à Davos, voici les passeports de soldats russes) (RT) , ce qui n’a pas empêché le ministre des affaires étrangères russe de faire un discours (RT, transcript en anglais par FortRuss) qui fera date…

A l”heure où s’écrivent ces lignes, dimanche 8 février 2015, il n’y a plus de place pour le bluff et les cartes sont sur la table. Nous sauront bientôt si elles seront jouées pour la paix ou la guerre.

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-1102/


[Reprise] L’esprit du temps ou l’islamophobie radicale, par G. de Rouville

Wednesday 11 February 2015 at 03:19

La grande question du XXIème siècle est et sera celle de l’islamophobie. L’islamophobie est en effet le mal du siècle présent, à l’image de ce que fut l’antisémitisme au cours du siècle précédent. Si la haine a changé de cible, elle n’a pas changé de méthode. La ‘bête infâme’ est toujours là et rôde autour de sa proie avec le même appétit prédateur. Les loups sont entrés dans Paris, Washington, Londres ou Jérusalem. Aujourd’hui, ce sont les Musulmans qui sont les principaux bouc-émissaires de la haine ordinaire des peuples occidentaux et de leurs élites et qui risquent de payer très cher le peu de cas que nous autres, citoyens des Lumières et enfants gâtés de la démocratie, faisons de leur sort peu enviable.

L’Occident, une fois le cadavre du communisme jeté dans les bas-fonds de l’histoire, a su faire de l’Islam le mal absolu, l’ennemi à combattre, le nouveau totalitarisme qui menacerait nos libertés, nos terres, nos identités. Moyen astucieux pour détourner les colères légitimes des peuples occidentaux contre les prédations répétées de leurs élites qui, pour s’enrichir à outrance, n’ont pas trouvé de meilleure solution que d’expédier les emplois de leurs concitoyens dans des contrées lointaines après avoir ouvert les vannes de l’immigration économique pour faire pression sur les salaires de leurs travailleurs nationaux. Face à la faillite d’un système libéral dominé par la finance et l’esprit de lucre, il fallait brandir une menace qui puisse canaliser toutes les vieilles rancoeurs des peuples, fruits des échecs successifs de nos sociétés capitalistes.

L’islamophobie a ses théoriciens respectés et reconnus dans le cercle étroit de nos élites atlantistes : tel un Samuel Huntington avec son “choc des civilisations” qui est, en quelques sortes, une invitation à la guerre éternelle, un bréviaire de la haine de l’autre au nom des intérêts géostratégiques d’une poignée d’Occidentaux ; ou une Bat Ye’or avec son concept “d’Eurabia” (“Eurabia : l’axe euro-arabe”), qui voudrait étendre à l’Europe le modèle d’apartheid et de discrimination à l’œuvre en Israël afin de résister à l’invasion des nouveaux ‘barbares’.

Nos élites islamophobes n’ont pas seulement leurs théoriciens, elles ont aussi leurs guerriers qui sont allés porter la guerre en terres musulmanes pour prouver leurs théories nauséeuses. Il leur fallait donner de la substance à leur paranoïa, du prestige à leur volonté de nuisance et pratiquer la physique des crimes après avoir épuisé toutes les ressources de la métaphysique des peurs. Leurs chefs de guerre sont revenus de leur croisade afghane, irakienne, libyenne, bouffis d’héroïsme sanglant, après avoir massacré des innocents, torturé des enfants qui défendaient leur village avec une pierre ou un bout de bois, après avoir ravagé les campagnes et les villes avec des armes interdites par les conventions internationales, après s’être accaparé les richesses des pays agressés, ils sont revenus donc, pour proclamer sans nuance : “ils nous détestent”, “ils nous haïssent”, “ils nous maudissent”. Ils ont osé justifier leurs guerres par cette haine prétendue que les peuples lointains nourriraient à notre égard, en feignant d’ignorer que cette haine, lorsqu’elle existe, n’est que la conséquence directe des guerres que nous menons au nom de la démocratie contre ces peuples sans défense [i].

L’ensemble des intellectuels atlantistes [ii], autrement dit, ceux que nous entendons dans les médias occidentaux, partagent, avec plus ou moins de virulence, plus ou moins de nuance, les présupposés islamophobes et guerriers de ces ‘théories du complot islamiste’. Celui qui ne suit pas à la lettre la doctrine atlantiste et ne participe pas au lynchage intellectuel et médiatique des Musulmans tombe vite dans la catégorie des suspects d’antisémitisme.

Par une sorte de tragique ironie de l’histoire, l’antisémitisme supposé des uns est devenu l’alibi de l’islamophobie avérée des autres : c’est ainsi que pour cacher son islamophobie radicale, tel ou tel intellectuel atlantiste ira de sa dénonciation de l’antisémitisme ambiant, soulignera avec effroi la dangereuse progression de l’antisémitisme dans nos sociétés toujours habitées par les démons du passé. Qu’importe que les faits et les chiffres invalident ces propos et que, si l’antisémitisme n’a pas disparu, pas plus que le racisme ou le sexisme, il est aujourd’hui marginal à l’échelle de nos sociétés (évidemment pas à l’échelle des personnes qui peuvent le subir). Qu’importe que l’antisémitisme soit l’allié naturel du sionisme qui a besoin de son contraire pour exister et se justifier, ce qui compte c’est de noyer l’islamophobie sous les paroles généreuses de celui qui combattrait l’antisémitisme. On peut s’acheter ainsi une vertu médiatique à bon compte et espérer monter dans la hiérarchie atlantiste.

Les islamophobes radicaux vont encore plus loin : ils cherchent des têtes à couper en permanence, et comme le Père Duchène ou l’Ami du Peuple qui, sous la Terreur, réclamaient toujours plus de sang pour épurer le corps politique de ses excroissances incongrues, ils dénoncent comme antisémites (avec le courage inouï de ceux qui ne risquent que l’approbation de leur maîtres) tous ceux qui prendraient la défense des Musulmans ou ne seraient pas assez agressifs à leur égard, ou encore, quiconque oserait émettre une critique envers l’Occident sans y aller de son couplet sur les mœurs dénaturés de l’Islam [iii]. Toute critique de l’Occident passe, en effet, pour un manque d’islamophobie, et, par conséquent, pour un acte antisémite. D’une manière générale, toute personne qui se pose des questions sur le monde qui l’entoure devient suspect et est immédiatement mis à l’index de la pensée dominante. On l’aura compris, les atlantistes accusent leurs adversaires d’antisémitisme pour ne pas se voir accusés eux-mêmes d’être des islamophobes radicaux.

Pour parvenir à leurs fins, ils utilisent toute une panoplie de procédés dignes des procès de Moscou : amalgame, confusionnisme, rhétorique de disqualification, accusations en miroir, etc. Rien ne les arrête pour dénicher l’anti-atlantiste, le faire sortir de l’ombre et l’abattre en place publique pour édifier les peuples. Et le plus surprenant, c’est qu’ils réussissent, malgré l’indigence de leur raisonnement et la haine radicale qui les anime. Les victimes de leur vindictes sont en retrait, elles demeurent sur la défensive et passent leur temps à essayer de se justifier d’un brin d’humanité. Elles ne savent ni n’osent répliquer.

Or, il impérieux de réagir, pour être fidèle aux principes des Lumières, pour être les bons élèves du devoir de mémoire ou, enfin, pour garder le respect de soi-même. Il ne faut plus baisser la tête devant les islamophobes radicaux qui vous accusent d’être antisémites parce qu’ils sont à court d’arguments rationnels. Il faut combattre avec vigueur leurs méthodes inquisitoriales au nom des valeurs des Lumières qu’ils mettent en danger. Il convient de démonter méthodiquement leur paranoïa maladive qui voit des complots et des haines antisémites partout pour se dispenser d’affronter leur propre islamophobie.

Ainsi, au nom de l’islamophobie tout leur semble aujourd’hui permis à l’encontre des Musulmans dans les médias atlantistes : les dérapages verbaux, les insultes directes ou indirectes, les stigmatisations en tous genres, le mépris, les caricatures outrancières, les moqueries condescendantes. « Tous des terroristes », « tous des délinquants », « tous antisémites » ; « des délinquants qui deviendront des terroristes ; « des profiteurs du système » ; « des parasites » : ce sont là quelques uns des messages que les islamophobes distillent quotidiennement dans nos médias. Jusqu’à la fameuse affirmation que « le peuple Palestinien n’existe pas », condensé de tout le reste qui peut se comprendre comme une manière de nier le droit à l’existence d’un peuple pour s’autoriser à l’anéantir à petit feu comme un Slow Motion Holocaust. Apres cela il ne faudra pas s’étonner que la mort d’un Musulman sous les bombes occidentales ne soit jamais considéré autrement que comme un dommage collatéral, un détail sans importance dans la glorieuse histoire de l’Occident, rempart de la civilisation face au néant de ‘l’autre’.

“L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire – pardonnez-moi – que d’enculer leurs chameaux.” Plateforme, Michel Houellebecq, éd. Flammarion, 2001, p. 261

Qu’importe que les principaux crimes de masse dans le monde, depuis la chute du mur de Berlin, soient l’œuvre des Occidentaux. Qu’importe que le terrorisme islamiste soit le résultat d’une instrumentalisation sordide réalisée par les Occidentaux et leurs alliés wahhabites (comme on l’a vu le 11-Seprembre aux États-Unis, ensuite en Libye et en Syrie). Ce qui importe est d’affirmer avec conviction son islamophobie tout en la déguisant sous les habits de la laïcité, de l’humanisme, du féminisme, de la lutte contre les extrémismes, des Lumières mêmes, puisqu’on n’est plus à une contradiction ou à un reniement près.

Nous sommes descendus si loin dans le trou noir de l’irrationalité que, par une étrange logique, il n’est pas besoin de prouver un complot ou un attentat qui impliquerait des Musulmans ; quelques soupçons suffisent pour établir la liste des coupables et faire de la conviction des accusateurs des vérités officielles qu’on ne peut contredire sans risquer de se voir soumis à l’opprobre de ses contemporains. Si des Musulmans ont pu participer à un attentat, c’est qu’ils en sont les responsables et que les faits sont incontestables. À l’opposé, il devient impossible de prouver un complot qui serait l’œuvre des Occidentaux ; toute preuve, tout faisceau d’indices, tout soupçon étayé ne sont jamais suffisants pour les tenants de l’innocence fondamentale des hommes blancs ; il leur faut toujours plus. [...]

“On est dans un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente. Il existe une forme de crispation identitaire, une angoisse à la désoccidentalisation du monde, une rupture entre le clan des dominants et le monde multipolaire. Cette doctrine occidentaliste, qui veut que l’Occident soit riche et dominateur éternellement, m’inquiète”. Emmanuel Todd – El Watan. 3 novembre 2008.

Cette logique du ‘Musulman coupable par nature’, parce que Musulman, est à la base de l’institutionnalisation de la torture par les États-Unis qui peuvent ainsi soumettre à des traitements inhumains des milliers de personnes à travers le monde (Guantanamo n’étant que l’un de ces camps de torture dirigés par l’administration américaine) sur la base d’un simple soupçon de ‘terrorisme’, soupçon qui ne fait l’objet d’aucun contrôle judiciaire. La culpabilité d’un Musulman n’a pas besoin d’être prouvée, elle se déduit de son être même. Il s’agit là d’une forme d’essentialisme, qui est lui-même une forme radicale de racisme.

Les démocraties occidentales, et tout particulièrement les États-Unis, qui se définissent comme des États de droit, ont peu à peu créé, au nom de la lutte contre le terrorisme islamique, des zones de non-droit, des no man’s land juridiques destinés à rejeter hors de leur espace légal les ‘terroristes’, les ‘nouveaux barbares’, les ‘autres’, essentiellement les Musulmans, pour les soumettre à des régimes d’exception où les condamnations sans preuve, la torture, les humiliations en tous genres sont admis et encouragés[iv]. Le rejet de groupes humains dans un espace para-légal, au sein même des sociétés démocratiques ou dans des lieux soumis à leur souveraineté, est la traduction politique et administrative d’un essentialisme dont le ressort principal est la peur frénétique de l’autre.

« Les individus incarcérés à Guantanamo – n’étant ni des prisonniers ni des accusés, mais de simples détenus – se trouvent dès lors sous le joug d’une autorité sans réalité légale. Comme leur détention échappe entièrement à la loi et à toute autorité juridique, elle est illimitée dans le temps et de nature indéterminée. La seule chose à laquelle on peut comparer ce phénomène est la situation des Juifs dans les camps nazis qui, en plus de leur citoyenneté, avaient perdu tout statut légal, sinon qu’ils conservaient encore leur identité de juifs »[v]. Giorgio Agamben, Sovereign Power and Bare Life, Stanford University Press, 1998.

Cet essentialisme, on le retrouve, pour prendre un exemple médiatique, dans les caricatures de Mahomet, publiées en France dans le journal Charlie Hebdo en février 2006. Dans le contexte actuel de stigmatisation des Musulmans, ces caricatures correspondent à celles des Juifs des années 30 dans la presse antisémite. Et c’est au nom de la liberté d’expression qu’on nous fait tolérer cette presse de caniveau dont les dirigeants sont des partisans déclarés de l’atlantisme et du choc des civilisations[vi]. Bel exemple également de transmutation des valeurs.

(a) : « Il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût » ; «Les Musulmans se multiplient comme des rats » ; « Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d’Allah] passent leur temps avec le derrière en l’air à prier cinq fois par jour », Oriana Fallaci, La Rage et l’Orgueil, Plon, 2002. (b) : « Fallaci vise juste, même si elle peut choquer par certaines formules », Pierre-André Taguieff, Actualité juive, 20 juin 2002. (c) : « Oriana Fallaci a l’insigne mérite de ne pas se laisser intimider par le mensonge vertueux. Elle met les pieds dans le plat, elle s’efforce de regarder la réalité en face », Alain Finkielkraute, Le Point, 24 mai 2003.

L’islamophobie radicale prend peu à peu le dessus sur toutes les autres haines. C’est la nouvelle peste du siècle, la nouvelle passion grégaire d’une humanité occidentale à la recherche du mépris des autres pour tenter de comprendre le sien. On observe ainsi que l’ensemble des extrêmes droites européennes se rallient peu à peu à l’islamophobie radicale tout en abandonnant leur antisémitisme traditionnel (ce que l’on peut saluer) et prennent pour modèle le sionisme. Car les extrêmes droites voient dans le sionisme tous les éléments de leur philosophie : rejet de l’autre, discriminations raciales, nationalisme, apartheid. C’est ainsi que l’on peut comprendre le geste fou de Breivik en Norvège : c’est, en partie, au nom du sionisme qu’il a commis son acte atroce, si l’on se réfère au manifeste qu’il a lui-même écrit. Ses victimes étaient des jeunes militants préparant des actes de boycott d’Israël afin de dénoncer le sort réservés aux Palestiniens. Le meurtrier était un islamophobe radical, lecteur et admirateur de Samuel Huntington et de Bat Ye’or. Dire cela, c’est s’exposer à être traité d’antisémite, même si l’on est Juif soi-même.

Cette islamophobie ambiante est radicale en ce sens qu’elle permet de légitimer l’usage, à une échelle globale, par les Occidentaux, de la violence la plus extrême (guerres, tortures, dommages collatéraux, terrorisme d’État) contre des populations musulmanes qui sont présentées comme coupables des crimes qu’elles subissent. Torturer un Musulman est considéré comme un acte de recherche de la vérité et non pas comme un acte barbare, cruel et inhumain. D’une certaine manière, l’islamophobie radicale implique la mise à mort de ‘l’autre’ Musulman au nom de la bonne conscience à toute épreuve de l’homme blanc occidental.

L’islamophobie radicale est également une idéologie totalitaire parce qu’elle prétend offrir une compréhension du monde totalisante et unique, un prisme universel à travers lequel tout devrait recevoir une explication simple, logique, définitive et qui donne systématiquement raison aux Occidentaux et à leurs crimes. Elle vise tout Musulman, d’ici ou d’ailleurs et est diffusée à travers l’ensemble des moyens médiatiques de masse qui reflètent et façonnent la représentation du monde des Occidentaux (dans les écrits des intellectuels de tous bords, les films ou séries télévisées).

Cette idéologie totalitaire est, enfin, un instrument de la géopolitique de la peur développée par les élites occidentales afin de continuer leurs prédations (coloniales) antérieures. Elle construit un ennemi imaginaire (le méchant musulman qui veut tuer le gentil blanc) à qui elle donne corps et substance à force de le désirer et, avec cet épouvantail, obtient, par la peur et l’effroi, le consentement (volontaire ou tacite) de ses populations à ses aventures capitalistes guerrières.

Le paradoxe apparent de l’islamophobie radicale, c’est que ses promoteurs s’allient volontiers avec l’Islam, lui aussi radical, d’inspiration wahhabito-salafiste, pour mettre en œuvre le choc des civilisations. Cela relève d’un faux paradoxe et d’une ambiguïté propre à servir les intérêts géopolitiques des Occidentaux et des Wahhabites.

Du côté de l’Occident, on développe le mal que l’on prétend combattre pour lui donner une réalité qu’il n’aurait pas autrement. En effet, sans l’appui apporté par l’Occident au terrorisme islamique wahhabite de l’Arabie saoudite et du Qatar (en Afghanistan, Serbie, Tchétchénie, Libye, Syrie ou lors du 11-Septembre, etc), ce terrorisme serait resté localisé et n’aurait jamais pu avoir l’envergure internationale qu’il a aujourd’hui. Sans ce terrorisme islamique globalisé, les guerres de conquête de l’Occident, sous couvert de lutte contre le terrorisme, n’auraient pas pu aussi facilement trouver les pretexes nécessaires à leur lancement tous azimuts. Du côté des salafistes, l’islamophobie occidentale justifie la mobilisation de l’islam radical face à l’Occident meutrier des Musulmans et donne le change aux populations musulmanes (principalement sunnites) opprimées par leurs dirigeants décadents qui font leurs emplettes à Paris, Londres ou New-York.

Il faudra beaucoup de courage aux citoyens de tous horizons religieux ou politiques pour oser défendre les Musulmans après tout les monceaux de haines et de calomnies qui auront été déversés sur eux. Il leur en faudra beaucoup aussi pour rester fidèles aux valeurs des Lumières qui font de tous les êtres des semblables, des égaux, des frères humains.

Aucun peuple ne mérite de critiques excessives, ni aucun peuple de louages exagérées. Ni haine ni angélisme, juste prendre ‘l’autre’ pour ce qu’il est : une part de nous-mêmes, ni meilleure, ni pire, juste le miroir de notre humanité.

Aujourd’hui l’inhumanité qui habite l’Occident s’en prend aux Musulmans comme hier elle s’en prenait aux Juifs. C’est cela qu’il faut avoir le courage de dire et de dénoncer. Parce que dénoncer les puissants, ce n’est pas de la délation, mais du civisme. Pour que cesse cette infamie des temps présents et que l’esprit des Lumières reprenne le dessus sur le soleil noir de l’Occident ; pour qu’un jour il ne soit pas interdit et considéré comme criminel de tendre la main à un Musulman.

Guillaume de Rouville, auteur de La Démocratie ambiguë, Éditions Cheap, juillet 2012.

Source : L’idiot du village

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Plus que jamais, il faut combattre l’islamophobie

Dans la communauté musulmane, l’attaque dont a été la cible, deux jours plus tôt, la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo a provoqué une vive émotion, mais aussi la crainte d’une résurgence de l’islamophobie.

L’attaque contre Charlie Hebdo a suscité une émotion légitime dans tout le pays. Rien ne justifie un tel crime ; rien ne justifie que l’on s’en prenne à une rédaction ; rien ne justifie que l’on assassine des journalistes, des policiers, de simples citoyens, certains parce qu’ils sont juifs. Nous ne savons pas s’il y aura un « avant » et un « après » ce 7 janvier, mais il est vital que s’ouvre un débat sur l’avenir commun que nous voulons.

Celui-ci a commencé, mais il s’engage dans une voie dangereuse, celle d’accuser les critiques de Charlie Hebdo d’être, plus ou moins directement, responsables des morts du 7 janvier. Ecoutons Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat sous la présidence de Nicolas Sarkozy : « A force de les pointer du doigt, de dire qu’à Charlie Hebdo ils sont des islamophobes, qu’ils détestent l’islam (…). Je pense aux Y’a bon awards et aux Indigènes de la République, bien sûr qu’ils sont coupables. Je le dis et j’assume mes propos. »

Ce type d’argument est régulièrement développé par l’essayiste Caroline Fourest. Il a été repris dans une tribune du Monde (9 janvier) par Christophe Ramaux, qui insiste sur la responsabilité des organisateurs et des participants – du Parti des indigènes de la République à Politis, en passant par Edwy Plenel et Attac – à un colloque, le 13 décembre 2014, contre l’islamophobie (auquel Ramaux n’a visiblement pas assisté).

Ces attaques cherchent à nous enfermer tous dans des choix binaires (pour Charlie Hebdo ou pour les terroristes), à criminaliser ceux qui se mobilisent contre l’islamophobie, ceux qui ont critiqué l’hebdomadaire satirique, en le traitant de complice des assassins. Elles reviennent à refuser le droit à la critique, ce qui est pour le moins paradoxal venant de ceux qui s’érigent en défenseurs de la liberté d’expression, sans limites ni frontières. Ainsi nous serions responsables des morts de ce mois de janvier ? Que faut-il dire alors des intellectuels et des journaux qui ont soutenu l’intervention américaine de 2003 en Irak, qui a provoqué des dizaines de milliers de morts ?

Au-delà de ces polémiques s’ouvrent deux types de questions qui méritent une discussion approfondie. D’abord, existe-t-il un rapport entre la politique que mènent les pays occidentaux et la montée de groupes extrémistes et fanatiques ? Ensuite, quelle est la réalité de l’islamophobie en France et pourquoi faut-il la combattre ?

Aucun programme politique uni

Rappelons un fait simple. En 2003, quand les Etats-Unis envahissaient l’Irak, Al-Qaida n’existait pas dans ce pays et était en recul partout ; elle ne disposait d’aucune base territoriale. Vingt ans après le déclenchement de « la guerre contre le terrorisme », l’organisation de l’Etat islamique (EI) contrôle désormais un large territoire en Irak et en Syrie.

La coalition mise en place contre l’EI à l’été 2014 ne présente aucun programme politique uni, mais multiplie les bombardements. Plusieurs recherches ont confirmé que l’utilisation sur large échelle de drones au Pakistan, au Yémen et en Somalie créait de nouvelles générations de combattants extrémistes. Enfin, il y a la Palestine ; point besoin d’être un extrémiste pour penser, comme le secrétaire d’Etat américain John Kerry ou le général David Petraeus, que la poursuite du drame palestinien nourrit l’idéologie des groupes les plus extrémistes. Et, pourtant, on laisse faire l’occupant israélien et Benyamin Nétanyahou défile à Paris pour… Charlie Hebdo.

L’autre débat porte sur l’existence et l’ampleur de l’islamophobie en France (et plus largement en Europe). Avant même l’attaque contre Charlie Hebdo, on assistait à la multiplication d’actes islamophobes ; ceux-ci se sont accrus depuis. C’était le sens de la réunion internationale du 13 décembre 2014 à Paris (et simultanément à Londres, Amsterdam et Bruxelles).

Elle se tenait à un moment où le concept d’islamophobie a fini par s’imposer, comme le soulignait le dernier rapport du Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH). Que signifie-t-il ? L’accusation d’islamophobie ne vise par ceux qui critiquent la religion, mais ceux qui attribuent aux musulmans une « identité » qui découlerait du Coran, qui en font un groupe homogène et porteur d’un projet cohérent visant nos institutions, nos valeurs.

Héritage de la laïcité

Au rebours de cette analyse, nous nous inscrivons dans l’héritage de la laïcité telle qu’elle a été définie par les députés qui ont voté la loi de 1905, une séparation des Eglises et de l’Etat, une neutralité de l’Etat (et non pas des citoyens), le droit de chacun d’affirmer sa religion dans l’espace privé ou public. Ce dont nous avons discuté en décembre, c’est du droit des mères a accompagner leurs enfants lors des sorties scolaires, des réponses féministes à l’islamophobie, du droit de jeunes filles pratiquantes et voilées à fréquenter l’école publique, des droits des musulmans a exister comme sujets politiques et à manifester, y compris pour la Palestine, de leur « droit au travail et leurs droits au travail », des contrôles au faciès et du rôle de la police.

Pourquoi combattre l’islamophobie ? Parce que cet engagement offre une analyse rationnelle à une jeunesse qui ne comprend pas pourquoi on la déteste et qui finit par raisonner en termes de « choc des civilisations ». Cette lutte ne met pas le peuple français aux prises avec les musulmans, mais des forces politiques progressistes avec des forces réactionnaires.

Plus nombreux seront les antiracistes qui se joignent à ces mobilisations, plus il sera clair que nous ne sommes pas engagés dans un conflit identitaire, religieux ou culturel mais politique. Nous produisons un espoir face à tous les fabricants de désespoir. Nous mettons en garde, avec l’Union juive française pour la paix, contre l’essentialisation des juifs et insistons sur le caractère politique, colonial et non confessionnel du conflit israélo-palestinien.
Nous ne défendons pas les musulmans, mais l’avenir de la société française dans sa diversité. Nous représentons un espoir que nos détracteurs risquent de détruire. L’essentiel est d’assurer l’égalité entre tous. « L’égalité ou rien », proclamait l’intellectuel américano-palestinien Edward Said.

Cette tribune est l’oeuvre d’un collectif: Saïd Bouamama, porte-parole du Front uni des immigrations et des quartiers populaires ; Houria Bouteldja, membre du Parti des indigènes de la République ; Ismahane Chouder, coprésidente du collectif féministe pour l’égalité ; Alain Gresh, journaliste ; Michèle Sibony, porte-parole de l’Union juive française pour la paix, Denis Sieffert, directeur de Politis.

Source : Le Monde , 15/01/2015

Source: http://www.les-crises.fr/l-esprit-du-temps-ou-l-islamophobie-radicale/


[Médias] J’accuse… et je prends date, par Tariq Ramadan

Wednesday 11 February 2015 at 02:15

Les médias français, les politiques et les intellectuels

Ces derniers jours ont été bien révélateurs. Au gré de mes interventions médiatiques en France, les téléspectateurs autant que les auditeurs ont pu se rendre compte du jeu malsain de certains journalistes. La plupart ont inlassablement répété le refrain de mon «double discours» et d’autres, sans arguments, ont insisté sur la non-clarté de mon propos pour entretenir l’impression de ce qu’ils ne pouvaient prouver. Oui, vraiment, «nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre », et la double audition est devenue un mal médiatique (intellectuel et politique) français.

Au-delà de ma personne, cette attitude met en évidence un problème en France, réel, profond, ancien. Pour discréditer ma personne, il faut commencer par dire que je suis «controversé», «ambigu», et que mon discours est «habile» et «double». Ces deux dernières semaines étaient symptomatiques : à quelques rares exceptions près, la même stratégie fut établie, pour refuser d’entendre, ou pour troubler l’écoute du public. Il s’agit donc soit de ne pas m’inviter, soit de m’inviter avec «le filtre» d’usage. «Prévenir», «avertir» les spectateurs et les auditeurs que «l’homme» est dangereux et malin…des fois qu’il (cet Africain, cet Arabe, ce musulman) dirait quelque chose d’intéressant (il serait alors deux fois plus dangereux). Ils sont rares ceux qui en France ont osé m’inviter sans y ajouter le perpétuel coup bas d’une présentation malhonnête, agrémentée de sinueux sous-entendus : Moati, Giesbert, Taddéi, Simonin, Marschall et Truchot, Naulleau et Zemmour, à ce jour. Tant d’autres, grands défenseurs de la liberté d’expression, ne m’invitent pas, ou plus (les pressions et les critiques furent si fortes).

Il est intéressant de noter le parallèle avec les institutions d’Etat et les universités. Je suis professeur d’études islamiques contemporaines à Oxford et j’ai été invité à m’exprimer dans les plus grandes universités et institutions à travers le monde. Sauf en France, avec son étrange « exception », où l’académique semble prendre pour argent comptant (et se plier devant) les approximations médiatiques (ce qui est en soi très inquiétant). Pas d’interventions universitaires, des conférences annulées et des services de l’Etat faisant pression pour m’empêcher de m’exprimer, presque chaque mois, depuis vingt-cinq ans. Quelle insulte faite aux étudiants français ! Ils ne seraient donc pas intellectuellement armés pour entendre, analyser, critiquer ? Seraient-ils plus bêtes et vulnérables que les autres ? Ou alors a-t-on peur d’autre chose, que mon propos réveille des consciences libres par exemple ?

Il faut mettre en évidence trois points qui sont cruciaux au-delà de ma personne :

Je l’ai répété souvent. Je ne suis que l’arbre qui cache la forêt et mon traitement médiatique et académique est révélateur des contradictions françaises… pays de la liberté aux libertés à géométrie variable. Néanmoins, je suis optimiste car les choses changeront assurément. Je prends date. Je me répète depuis 30 ans, en France, sans être entendu : déjà des femmes et des hommes, Français de confession musulmane, se font entendre et défendent autant leurs droits qu’ils connaissent leurs responsabilités. Ils construiront une France réconciliée avec ses valeurs de liberté et d’égalité. Il faudra les écouter car votre surdité continuée serait alors le pire qui puisse advenir. Vous les entendrez, assurément, et vous vous souviendrez qu’un jour, avec humilité et sérénité, je vous avais invités à prendre date.

J’accuse aujourd’hui la grande majorité d’entre vous de manquer de déontologie, de professionnalisme, de liberté et de courage. Et je prends date car l’Histoire sera plus forte que vos présentes trahisons à ces belles valeurs que vous affirmez défendre.

Source : Tariq Ramadan, 3/2/2015

Source: http://www.les-crises.fr/j-accuse-et-je-prends-date-par-tariq-ramadan/


[Reprise] Un message des dépossédés, par Chris Hedges

Wednesday 11 February 2015 at 01:37

Istanbul: crayons cassés dans une flaque simulant du sang

A Istanbul, ce vendredi, devant le Consulat français, des crayons cassés ont été placés dans une flaque simulant du sang, en mémoire des victimes de la fusillade du journal satirique français Charlie Hebdo. AP/Emrah Gurel

L’attaque terroriste survenue au journal satirique Charlie Hebdo en France n’était pas à propos de la liberté d’expression. Elle ne concernait pas l’Islam radical. Elle n’illustrait pas le fictif choc de civilisations. C’était le signe avant-coureur d’une émergente contre-utopie où les damnés de la terre, privés de ressources pour survivre, désespérés, sauvagement tenus sous contrôle, rabaissés et raillés par des privilégiés vivant dans la splendeur et l’indolence de l’Occident industriel, se déchaînent en une défiante furie criminelle.

Nous avons organisé la rage des dépossédés. Le fléau du capitalisme prédateur global et de l’empire mondial a engendré le fléau du terrorisme. Et plutôt que de comprendre les racines de cette colère et de tenter d’y remédier, nous avons construit des mécanismes sophistiqués de sécurité et de surveillance, voté des lois qui permettent les assassinats ciblés et la torture des faibles, et amassé des armées modernes et les machines de guerre industrielle pour dominer le monde par la force. Cela n’a rien à voir avec la justice. Rien à voir avec la guerre contre le terrorisme. Rien à voir avec la liberté ou la démocratie. Rien à voir avec la liberté d’expression. Cela a à voir avec la course folle des privilégiés pour survivre aux dépens des pauvres. Et les pauvres le savent.

Si comme moi vous passez du temps à Gaza, en Irak, au Yémen, en Algérie, en Egypte et au Soudan, aussi bien que dans les logements sociaux déprimants des ghettos connus sous le nom de “banlieues” qui entourent les grandes villes françaises comme Paris et Lyon, où sont entassés des immigrants nord-africains paupérisés, vous commencez à comprendre les frères Chérif Kouachi et Saïd Kouachi, tués vendredi dans un échange de tirs avec la police française. Il y a peu d’emplois dans ces poches de misère. Le racisme ne se cache pas. Le désespoir est rampant, notamment pour les hommes, qui se sentent dénués de rôle. Le harcèlement des immigrants, couramment pratiqué par la police lors des contrôles d’identité, est pratiquement constant. La police a un jour fait sortir un immigré maghrébin, sans raison apparente, d’une rame du métro de Paris où je me trouvais pour le battre impitoyablement sur le quai. Les musulmans français constituent 60 à 70 pourcent de la population carcérale en France. Les sirènes de la drogue et de l’alcool attirent les communautés musulmanes pauvres pour atténuer leur douleur.

Les 5 millions de maghrébins en France ne sont pas considérés comme français par les français. Et quand ils retournent à Alger, Tanger ou Tunis, où ils sont peut-être nés et ont vécu brièvement, ils sont traités comme des parias étrangers. Coincés entre deux mondes, ils s’enfoncent, comme les deux frères, dans le désœuvrement, la petite délinquance et la drogue.

Devenir un guerrier saint, un djihadiste, le champion d’un idéal absolu et pur, est une enivrante conversion, une sorte de renaissance, qui amène un sentiment de pouvoir et d’importance, aussi familier pour un djihadiste islamique qu’il l’était pour un membre des Brigades Rouges ou des anciens partis communistes et fascistes. Les convertis à n’importe quel idéal absolu qui promet la venue d’une utopie adoptent une vue manichéenne de l’histoire pleine d’étranges théories du complot. Les forces, même bienveillantes, qui s’opposent à eux sont dotées d’une malveillance dissimulée. Les convertis croient vivre dans un monde binaire divisé entre bien et mal, pur et impur. En tant que champions du bien et de la pureté ils sanctifient leur statut de victime et diabolisent tous les incroyants. Ils croient avoir reçu une onction pour changer l’histoire. Et ils embrassent une violence hyper masculine vue comme un moyen de nettoyer les pollutions du monde, ce qui inclut les gens appartenant à d’autres systèmes, races ou cultures. C’est pourquoi l’extrême droite française, organisée autour de Marine Le Pen, dirigeante du Front National anti-immigration, a tant en commun avec les djihadistes que Le Pen dit vouloir annihiler.

Quand vous sombrez dans le désespoir, quand vous vivez piégé dans Gaza, l’immense prison à ciel ouvert d’Israël, dormant à 10 sur le sol d’un taudis de béton, marchant tous les matins à travers les rues boueuses de votre camp de réfugiés pour chercher une bouteille d’eau car celle de votre robinet est toxique, faisant la queue devant les bureaux de l’ONU pour obtenir un peu de nourriture parce qu’il n’y a pas de travail et que votre famille a faim, quand vous subissez périodiquement les bombardements aériens d’Israël qui font des centaines de morts, votre religion est tout ce qu’il vous reste. La prière musulmane, qui a lieu 5 fois par jour, vous donne votre seul sens de structure et de signification, et encore plus important, de dignité. Et quand les privilégiés du monde ridiculisent la seule chose qui vous offre cette dignité, vous réagissez avec une incontrôlable fureur. De même, il n’est pas paradoxal qu’il soit possible de concevoir que cette fureur soit exacerbée lorsque vous et tous ceux autour de vous se sentent impuissants à réagir.

Les dessins du prophète dans l’hebdomadaire satirique parisien Charlie Hebdo sont offensants et puérils. Aucun d’entre eux n’est drôle. Et ils dévoilent un grotesque double standard dès qu’il s’agit des musulmans. En France, un négationniste de la Shoah, ou quelqu’un qui nie le génocide arménien, peut être emprisonné pendant un an et forcé de payer une amende de 60 000$. C’est un acte criminel en France de se moquer de la Shoah comme Charlie Hebdo s’est moqué de l’Islam. On doit enseigner aux lycéens français la persécution des juifs par les nazis, mais ces mêmes étudiants ne trouvent presque rien dans leurs manuels à propos des atrocités françaises généralisées, qui incluent un nombre de morts algériennes que certains portent à plus d’un million, lors de la guerre d’indépendance algérienne contre la France coloniale. La loi française interdit le port public de la burqa, un vêtement couvrant pour les femmes qui comporte une grille sur le visage, aussi bien que le niqab, un voile intégral avec une fine fente pour les yeux. Les femmes portant ces vêtements en public peuvent être arrêtées, condamnées à payer une amende équivalant à 200$ et être forcées d’accomplir un travail d’intérêt général. La France a interdit des rassemblements de soutien aux palestiniens l’été dernier lorsque Israël conduisait des raids aériens journaliers qui aboutissaient à la mort de centaines de civils. Le message aux musulmans est clair : vos traditions, votre histoire et votre souffrance ne comptent pas. Votre histoire ne sera pas entendue. Joe Sacco a eu le courage d’en parler dans une bande dessinée pour le journal The Guardian. Et comme Sacco l’a fait remarquer, si nous n’écoutons pas ces histoires, nous ne ferons jamais qu’échanger sans fin le terrorisme d’état contre le terrorisme.

“C’est une triste situation lorsque la liberté signifie la liberté d’insulter, de dégrader et de se moquer des concepts les plus sacrés des gens”, m’a écrit par email le savant islamiste Hamza Yusuf, un américain vivant en Californie. “Dans certains pays latins, des gens sont acquittés pour meurtre quand la mère de l’accusé a été calomniée par la victime. J’ai vu cela en Espagne il y a de nombreuses années. Ce n’est pas une excuse pour le meurtre, mais cela explique la situation en termes d’honneur, ce qui ne veut plus rien dire en Occident. L’Irlande est un pays occidental qui garde encore un peu de cette mentalité, et c’était les règles de duel irlandaises qui étaient utilisées au Kentucky, le dernier état américain à interdire le duel. La pratique du duel était autrefois très importante en Occident, quand l’honneur avait une profonde signification pour l’âme des hommes. Aujourd’hui on n’a plus le droit de se sentir insulté que par une injure raciale ce qui, en fait, a moins d’impact sur une personne profondément religieuse qu’une attaque contre sa religion. Les pays musulmans sont encore gouvernés, comme vous le savez bien, par des codes d’honneur et de honte. La religion est le plus important. J’ai été attristé par les tweets et images “Je suis Charlie” car bien que je n’aie certainement aucune sympathie pour ces idiots égarés [les hommes armés qui ont fait irruption dans le journal], je ne me sens pas en solidarité avec les moqueurs.”

Charlie Hebdo, qui se fait pourtant fort de taper sur tout le monde de la même façon, a viré un artiste et journaliste en 2008 pour un article qu’il jugeait antisémite.

Peu après les attaques du 11 septembre, alors que je vivais à Paris en tant que reporter pour le New York Times, je suis allé à la cité des 4 000, une cité HLM grise où les immigrés maghrébins vivaient dans des appartements aux fenêtres murées. Des ordures parsemaient les cages d’escalier. Des slogans tagués sur les murs dénonçaient le gouvernement français comme fasciste. Des membres des trois principaux gangs vendaient de la cocaïne et du haschich dans les parkings au milieu des carcasses de plusieurs voitures brûlées. Quelques jeunes hommes m’ont jeté des pierres. Ils scandaient “Fuck the United States ! Fuck the United States ! Fuck the United States !” et “Oussama Ben Laden ! Oussama Ben Laden ! Oussama Ben Laden !” Sur la porte de l’appartement d’une vieille femme juive, quelqu’un avait tagué un “Mort aux juifs” qu’elle avait lessivé.

Dans les banlieues Oussama Ben Laden était un héros. Lorsque les nouvelles des attaques du 11 septembre ont atteint la Cité des 4 000 – ainsi nommée car elle avait 4 000 HLM lors de sa construction – des jeunes hommes sont sortis de leurs appartements pour se réjouir et scander en arabe “Dieu est grand !”. Quelques semaines plus tôt, en France, a eu lieu le premier match de football entre les équipes françaises et algériennes depuis la guerre d’indépendance ayant pris fin en 1962. Les maghrébins dans le stade ont hué et sifflé l’hymne national français. Ils ont scandé “Ben Laden ! Ben Laden ! Ben Laden !” et ont jeté des bouteilles sur deux ministres français, deux femmes. Alors que l’équipe française approchait de la victoire, les supporters algériens, pour arrêter le match, ont envahi le terrain.

“Vous voulez qu’on pleure pour les américains quand ils bombardent et tuent des palestiniens et des irakiens tous les jours ?” m’a dit Mohaam Abak, un immigré marocain assis avec deux amis sur une banc lors de ma visite de 2001 à la Cité des 4 000. “On veut que plus d’américains meurent pour qu’ils commencent à sentir ce que ça fait.”

“L’Amérique a déclaré la guerre aux musulmans il y a bien longtemps”, disait Laala Teula, un immigré algérien qui a travaillé de nombreuses années comme mécanicien dans les chemins de fer. “Ce n’est que la réponse.”

Il est dangereux d’ignorer cette rage. Mais il est encore plus dangereux de refuser d’examiner et de comprendre ses origines. Elle n’a pas émergé du Coran ou de l’Islam. Elle a émergé d’un désespoir de masse, de conditions palpables de pauvreté, allant de pair avec la violence impérialiste occidentale, l’orgueil et l’exploitation capitaliste. Alors que les ressources du monde diminuent, tout spécialement sous l’effet du changement climatique, le message que l’on fait passer aux damnés de la terre est sévère et sans équivoque : nous avons tout ; si vous essayez de nous prendre quoi que ce soit, nous vous tuerons. La réponse des dépossédés est également sévère et sans équivoque. Elle a été donnée à Paris.

Source : Chris Hedges (journaliste et auteur américain. Ancien correspondant de guerre, il est reconnu pour son analyse de la politique américaine ainsi que de celle du Moyen-Orient), Truth Dig, le 11/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/un-message-des-depossedes/


[Merci pour ce moment] Poutine, autiste et gay ? (+ ACTION)

Tuesday 10 February 2015 at 05:27

Si je mélange Libération + AFP + “experts américains”, ça donne…

Poutine serait atteint d’une forme d’autisme, selon un rapport du Pentagone [05/02/2015]

L’«hypersensible» Poutine pourrait être atteint du syndrome d’Asperger, d’après un rapport de 2008 dévoilé aujourd’hui.

Le président russe Vladimir Poutine serait atteint d’une forme d’autisme, le syndrome d’Asperger, qui l’oblige à exercer un «contrôle maximum» de lui-même lorsqu’il traverse une crise, selon un rapport du Pentagone rédigé en 2008 et publié jeudi. En étudiant les expressions et les mouvements de son visage dans des vidéos, des experts militaires ont conclu que le développement neurologique de Poutine avait été perturbé dans son enfance, donnant l’impression d’un déséquilibre physique et d’être mal à l’aise dans les relations avec les autres.

«Ce sérieux problème de comportement a été identifié par les neurologues comme le syndrome d’Asperger, une forme d’autisme qui affecte toutes ses décisions», affirme l’auteur du rapport, Brenda Connors, de l’Ecole de guerre de la Marine, issu du centre de réflexion interne au Pentagone nommé Office of Net Assessment.

Mais le Pentagone a minimisé l’importance du rapport, révélé mercredi par le quotidien USA Today, qui n’est jamais parvenu jusque sur le bureau du secrétaire à la Défense ou d’autres responsables militaires. «L’Office of Net Assessment n’a jamais transmis ce rapport au secrétaire (à la Défense), et il n’y a pas eu de demandes de responsables au département de la Défense pour l’examiner», a affirmé une porte-parole du Pentagone, Valerie Henderson. En outre, cette hypothèse ne peut être confirmée que par un scanner du cerveau de Poutine, selon le rapport.

«Pendant les crises, pour se stabiliser et équilibrer ses perceptions (…) il doit s’imposer un contrôle maximum», explique Mme Connors, qui a étudié le langage corporel d’autres dirigeants mondiaux. Selon le rapport du Pentagone, le regard toujours fixe de Poutine est la marque d’un défaut neurologique et d’une incapacité à faire face aux signaux extérieurs. Poutine affiche une «hypersensibilité» et «une forte dépendance au combat, aux réactions froides ou donnant l’impression de fuir»au lieu d’un comportement social plus nuancé.

Interrogé sur ce rapport par le site d’information russe Gazeta.ru, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitry Peskov, a livré cette lapidaire réaction : «cette ineptie ne mérite même pas de commentaire».

Les relations entre la Russie et les Etats-Unis n’ont jamais été aussi tendues depuis la Guerre Froide en raison de la crise ukrainienne qui a débuté il y a un an.

Source : Libération Monde, via l’AFP

P.S. vu sur le web : “le commentaire d’un psychiatre français, chef de service dans un service hospitalier de Lyon et spécialiste d’autisme, donc d’Asperger, “Quand les experts du pentagone font de la psychiatrie de comptoir. L’habileté diplomatique de Poutine, qui suppose une excellente anticipation des intentions de ses adversaires, est tout à fait incompatible avec quelque forme d’autisme que ce soit.”

Pas grave, France Culture SAIT ! (lu en commentaire – merci !)

Ce matin sur France Culture : “Dans la tête de Vladimir Poutine”

Brice Couturier :”Il faut comprendre pourquoi Vlad nous considère comme des ennemis !”

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4997885

Il y avait aussi, l’inévitable Caroline Fourest…

Ils sont allés jusqu’à évoquer des difficultés de grossesse de sa mère, qui pourrait avoir eu une incidence sur le caractère de Vlad.

Tout ce beau monde a fini par conclure , en plaisantant à peine, qu’il faudrait scanner le cerveau de l’impitoyable Vlad, pour comprendre ce qu’il a dans la tête.

Vers 19mn20s de l’enregistrement, C. Fourest à propos des rapports sur l’autisme de Vlad. :

http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4997887

À un moment donné Brice COUTOURIER dit: L’envasion de l’Ukraine par la ROUSSIE en se référant au conflit en Ukraine

Sans oublier qu’il est fait mention dans l’émission d’une 5ième colonne de russes éparpillés dans les pays occidentaux, que Vlad pourrait utiliser comme agents d’influence.

 

N’oubliez pas que ceci se finance avec vos impôts, je vous incite vivement donc à agir, en alertant le CSA : signaler un programme


Et pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

Vladimir Poutine est gay, affirme une biographie non autorisée [15/12/2013]

Vous connaissiez Vladimir Poutine l’homme fort, viril et impassible, préparez-vous à découvrir l’être fragile, solitaire et tourmenté. Stanislav Belkovsky, spécialiste des sciences politiques russe et éditorialiste dans un tabloïd de Moscou, décrit dans une nouvelle biographie le président Vladimir Poutine comme un orphelin traumatisé aux tendances homosexuelles et à la fortune colossale, rapporte le site en anglais du magazine allemand Der Spiegel.

Belkovsky, qui promet dans le sous-titre de son livre de dire «toute  la vérité sur Poutine», affirme que la clé pour comprendre le président russe est son enfance malheureuse. Selon lui, Poutine est né d’un père alcoolique deux ans avant sa date de naissance officielle avant d’être expédié à Leningrad (l’ancien nom de Saint-Pétersbourg) chez ceux qui allaient devenir ses parents officiels, mais le livre n’apporte aucune preuve de cette affirmation.

Autre trait de caractère qui surprendra ceux plus habitués à Poutine l’aventurier sans peur:
«Poutine était un homme politique profondément seul qui a presque dû être forcé à accepter la présidence, a été poussé à prendre des décisions et qui préférait passer son temps libre avec des animaux par peur des hommes.»
Les analyses de Belkovsky ressemblent beaucoup à de la psychologie de comptoir, écrit Der Spiegel, mais une de ses théories intéresse particulièrement les agences de renseignement et autres experts de la Russie, celle selon laquelle le président Russe serait«clairement homosexuel» et les rumeurs lui prêtant une aventure avec l’ancienne gymnaste olympique Alina Kabaeva ne seraient qu’une opération de communication pour dissimuler sa vraie sexualité.

Seule preuve apportée par Belkovsky de l’homosexualité du président russe, la photo ci-dessus prise en 2007 lors d’une «session photo réellement érotique» qui en aurait fait une«icône gay». Le courageux éditorialiste prend bien soin de préciser, pour ses «lecteurs avocats», qu’«être un personnage culte chez les homosexuels ne fait pas forcément de vous un homosexuel». Un porte-parole de Poutine a rejeté les affirmations du livre, les qualifiant de «foutaises».

Le président russe mène depuis plusieurs mois une véritable «guerre contre les homosexuels» dans son pays. Il a récemment fait voter une loi punissant toute forme de «propagande» homosexuelle «auprès des mineurs», qui a entraîné un mouvement de contestation international et des appels au boycott des prochains Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, ou encore affirmé qu’«on juge» son ami «Berlusconi parce qu’il vit avec des femmes» et que «s‘il était homosexuel, personne ne s’en prendrait à lui».

Der Spiegel conclut à propos du livre:
«Le livre de Belkovsky ne révèle pas la vérité sur Poutine, mais plutôt le système Poutine: l’information et la désinformation fusionnent de manière naturelle. Les assurances de ceux au pouvoir ne convainquent plus le peuple méfiant depuis longtemps. C’est pourquoi les théories du complot fleurissent, et c’est pourquoi les Russes considèrent que tout ou presque est possible, même ce qui paraît complètement fou.»

Source : Grégoire Fleurot, pour Slate

Source: http://www.les-crises.fr/poutine-autiste-et-gay/


“Censure”, “droit au blasphème” et islamophobie, par Laurent Lévy [2006]

Tuesday 10 February 2015 at 02:48

Retour sur un intéressant texte de 2006, au moment de la publication des premières caricatures…

À l’heure où la grande presse unanime et une bonne partie de la classe politique (de François Hollande à Nicolas Sarkozy en passant par Dominique Voynet et François Bayrou) apporte publiquement son soutien à Charlie Hebdo dans le procès qui lui est intenté pour avoir publié des dessins racistes (comment appeler autrement un dessin qui, représentant le prophète Mahomet lui même coiffé d’une bombe, véhicule l’équation Islam = terrorisme et doncmusulman = terroriste potentiel ?), il nous a paru nécessaire de re-publier le texte que Laurent Lévy avait écrit il y a un an en pleine « affaire des caricatures », et qui dit l’essentiel.

On se serait bien passé de cette tempête ; cela n’empêche pas de chercher à y comprendre quelque chose, et à interroger ce qui s’y joue. Une série de dessins « satiriques » a fait scandale en Scandinavie, et déclenché la fureur, dans un certain nombre de pays musulmans, de secteurs entiers de l’opinion publique, et bien souvent des Etats eux-mêmes. Rassemblements et manifestations, menaces, imprécations se succèdent à rythme accéléré. Le directeur de publication d’un quotidien français qui les a reproduits est démis de ses fonctions par le propriétaire du journal. D’autres organes de presse s’empressent alors d’exprimer leur solidarité en republiant les dessins litigieux, au nom de la « liberté d’expression », du « droit au blasphème » et de la résistance contre « l’obscurantisme » religieux. Le président de la république dénonce alors une « provocation », suivi par des commentateurs qui appellent à ménager la susceptibilité des musulmans. Le texte qui suit revient sur cette controverse, sur ses termes, trop rarement définis (« caricature », « liberté d’expression », « censure », « droit au blasphème ») et sur son point aveugle : le caractère raciste d’au moins deux des dessins.

En elle même, cet enchaînement de faits aurait pu n’appeler aucun commentaire. Il est devenu terriblement banal que se publient des dessins de mauvais goût ; que ce qui semble sacré aux un-es soit traité irrévérencieusement par les autres ; que des personnes protestent lorsqu’elles se sentent blessées ; que des violents exercent ou menacent d’exercer des violences ; qu’un patron remercie son subordonné. Ce sont pourtant ces banalités qui ont provoqué la tempête.

Caricature ou délire raciste ?

Il n’est pas certain qu’on aide à la compréhension des choses en évoquant simplement dans cette affaire des « caricatures » ou des dessins « satiriques ». La satire est un exercice dans lequel défauts et vices des personnes qui en font l’objet sont moqués ou mis en évidence d’une manière plaisante. Sur l’un des dessins en cause, celui qui a le plus fait scandale, le prophète de l’islam est présenté coiffé d’un engin explosif. Il ne s’agissait donc pas là de dénoncer ou de critiquer un trait caractéristique du personnage ainsi représenté, mais d’affirmer son caractère intrinsèquement criminel, et même terroriste – et à travers lui celui de l’ensemble du monde musulman. Une caricature doit ressembler à son sujet. On ne peut reprocher à un caricaturiste de forcer certains traits, et de dessiner par exemple des oreilles d’éléphant à qui aurait simplement de grandes oreilles : il ne fait là que son métier de caricaturiste. Le dessin en cause n’est pas de ce registre ; il n’est ni satirique ni caricatural : il est simplement l’exposé d’une thèse dénonçant l’Islam comme terroriste par définition (sous le turban même de son prophète) – ou le terrorisme comme musulman par essence. Il est donc, de ce fait même, une incitation raciste à la haine islamophobe – dans un contexte où, bien souvent, toute incitation est hélas en la matière superfétatoire. « Vous voyez celui-là, votre voisin, l’Arabe, avec sa femme voilée et son fils à casquette, dit-on en substance, méfiez vous de lui, c’est un terroriste en puissance. »

On a ici l’illustration du fait que ce que l’on dénonce comme racisme islamophobe n’est en aucune manière une simple « critique de la religion musulmane », ni même sa simple détestation en tant que religion : dire que l’islam est par nature « terroriste », ce n’est pas critiquer l’islam, c’est en donner une représentation qui, pour être fantasmatique, n’en produit pas moins tous les effets du racisme ordinaire. De la même manière que dire que les Noirs sont paresseux, les Juifs avares ou les Jaunes cruels, ce n’est pas critiquer l’Afrique, la religion juive ou l’Asie, mais alimenter des stéréotypes et tenir des propos racistes.

Quoi qu’il en soit, ce autour de quoi le débat a tourné, curieusement, n’est pas la portée de ces dessins ou la signification politique de leur publication. Dans le contexte actuel, où la mondialisation capitaliste prend bien souvent les formes d’une guerre de l’occident contre le reste du monde ; où l’index est pointé vers l’Islam pour mieux faire admettre, sous le nom de guerre au terrorisme, les menées impérialistes des États Unis et de leurs alliés au moyen Orient et au delà ; où des dictatures féroces se présentent comme « musulmanes », et font de l’identité religieuse un dérivatif aux populations qu’elles oppriment ; où l’islam est instrumentalisé par de troubles mouvements politiques ; où les minorités musulmanes d’Europe font l’objet d’un racisme structurel, qui sert d’instrument à leur surexploitation, et à la division des victimes du système économique et social ; ou l’islamophobie sert de ciment idéologique à tout cela ; dans ce contexte, donc, il y aurait pourtant eu beaucoup à dire sur la publication de ces dessins.

Pourtant, même ceux qui l’ont condamnée ou regrettée se sont bien souvent bornés à évoquer l’injure ainsi faite aux musulmans, mais sans en proposer l’analyse – laissant ainsi entendre que l’essentiel résidait, non pas dans le contenu des dessins, mais dans leur simple existence. Au demeurant, même ce débat est demeuré accessoire ; l’essentiel a porté sur la question de la « censure », de la liberté de la presse, de la liberté d’expression. Or, de tous côté, même cette question a été abordée par le plus petit bout possible de la lorgnette.

« Censure » et « liberté d’expression »

La publication de ces dessins se justifie, explique-t-on, parce que la liberté d’expression est un principe supérieur à tout autre. En quoi consiste ce principe, en quoi il serait menacé, en quoi la publication de ces dessins en serait la simple mise en œuvre, ou la défense, voilà ce que l’on ne nous explique pas.

Notons d’abord qu’il n’existe pas, en tous cas en France, de principe général de la liberté d’expression. Présenter un tel principe comme l’un des apports de l’universalisme occidental est une filouterie. La loi sur la liberté de la presse, qui régit cette question, lui donne des limites : il est interdit – et pénalement sanctionné – de diffamer autrui ou de l’injurier ; il est interdit d’inciter à la haine raciale. Injures, diffamations, incitations à la haine, sont d’autant plus interdites qu’elles visent des groupes particuliers à raison de leur appartenance réelle ou supposée à une race, à une religion, à un peuple, ou à raison de leur origine, de leur orientation sexuelle, de leur état de santé, etc.

De ce seul point de vue, on peut dire que, par exemple – et puisque c’est bien de cela qu’il s’agit en l’espèce – la provocation à la haine à l’encontre des musulmans est pénalement sanctionnée par la loi française. Dans quelle mesure cette loi est-elle effectivement mise en œuvre, cela est une autre question. Dans quelle mesure la pénalisation de certaines expressions se justifie en est encore une autre.

Il n’est pas inutile de remarquer sur ce point que la voie pénale n’est pas la seule qui soit offerte, même en demeurant dans le domaine du contrôle judiciaire des comportements, pour combattre les propos qui portent atteinte aux personnes, à leur dignité, à leur sécurité, etc. On se rappelle par exemple la condamnation de Jean-Marie Le Pen pour avoir dit que les chambres à gaz nazies étaient un simple « détail » de l’histoire du vingtième siècle. Aucun texte, alors, ne réprimait ce genre de négationnisme ; il n’y avait pas encore de « loi Gayssot ». C’est au nom du principe juridique général qui veut que « tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer » (article 1382 du Code civil) que des associations d’anciens déportés, des associations antiracistes et de défense des droits de l’homme, etc., avaient poursuivi en justice l’auteur de ces propos et l’avaient fait condamner à leur verser des dommages et intérêts : la portée symbolique d’une telle condamnation vaut bien celle d’une condamnation pénale.

Outre ce recours aux règles de la responsabilité civile, qui veut que l’on est tenu des fautes que l’on commet, des mesures peuvent toujours être prises en cas de troubles à l’ordre public, commis ou risquant de l’être, à travers une publication par ailleurs en elle-même licite ; ou lorsque est en cause le respect dû à la vie privée, que la loi protège également. Dans de tels cas, il appartient aux tribunaux d’arbitrer entre les principes de liberté d’expression et de protection de la vie privée ou de l’ordre public, principes tenus par la loi comme également respectables – même si la notion « d’ordre public » est en elle-même extrêmement confuse, et sujette aux pires dérives. La requête de certaines associations musulmanes tendant à faire interdire la sortie du numéro de Charlie-Hebdo reproduisant les fameux dessins a semble-t-il été écartée pour des raisons de forme ; rien ne permet donc de dire si, quant au fond, elle n’aurait pas pu être accueillie.

Par ailleurs, lorsqu’il s’agit de lutter contre des propos ou des comportements, on n’est pas tenu de recourir aux tribunaux : les combats idéologiques sont avant tout politiques, et la condamnation morale de l’opinion est sans doute la meilleure qui soit ; des décisions de justice peuvent y contribuer, mais ne sauraient la remplacer ; par ailleurs, les juges eux mêmes sont des hommes et des femmes qui n’échappent pas comme par miracle aux idées dominantes. Leurs décisions, lorsque doit être appréciée d’une manière somme toute subjective la valeur des principes et des intérêts en cause dans un cas déterminé, sont aussi fonction de l’état de l’opinion ; les juges partagent les évidences communes, et la voie judiciaire suppose souvent, pour avoir quelque efficacité, qu’existe au moins un courant significatif de l’opinion allant dans le sens de la décision recherchée.

Donc, la liberté d’expression n’est pas, en France, un absolu intangible ; mais à supposer qu’elle le soit, rien ne permettrait de dire pour autant que la publication de nos caricatures se justifiait : ce n’est pas parce qu’on a « le droit » de faire une chose qu’il faut absolument la faire ; si ce « droit » peut, pour un tempérament légaliste, être une condition nécessaire à la publication, il n’en est certainement pas une condition suffisante. On peut donc parfaitement considérer que même s’il était loisible de le faire, il ne l’aurait pas fallu. Nulle « censure » à cela.

Le « droit au blasphème » et ses usages

Certains ont dans le débat brandi ce qui apparaît aujourd’hui comme un lieu commun dans certains milieux islamophobes : le « droit au blasphème ». L’expression est à tout le moins curieuse. Pour qui n’est pas croyant, le blasphème est sans portée. On ne peut pas vouloir déplaire à un « Dieu » dont on nie l’existence. Le blasphème ne peut concerner que les personnes pour qui il a un sens, c’est à dire celles qui sont croyantes ; et pour elles, dans une société où coexistent toutes sortes de croyances et toutes sortes d’incroyances, l’interdit n’a pas à résulter de la loi générale applicable à tous les membres de celle-ci : il résulte déjà des règles de leur religion, auxquelles elles adhèrent librement. Ceux qui prônent le « droit au blasphème » ne le réclament à l’évidence pas pour ceux qui, par leur adhésion à une religion, se refusent de toutes façons à l’exercer. Non : ils le réclament pour eux mêmes. Or, pour qui n’est pas croyant, le blasphème n’a en tant que tel aucun sens, et si l’on s’interroge sur les raisons qui peuvent les pousser à en réclamer le droit – qu’au demeurant personne ne leur conteste – on voit que la raison est simple : puisque injurier « Dieu » n’a pour eux aucun sens, ce sont simplement les croyants qu’ils veulent injurier.

Il est paradoxal, soit dit entre parenthèses, de constater que ceux-là même qui disent que la religion doit demeurer de l’ordre des choses privées, strictement domestiques, voire clandestines, ne se proposent pas de blasphémer dans le secret de leur boudoir. S’ils exigent que chacun garde sa foi bien au chaud dans son for intérieur, ils souhaitent quant à eux exhiber à tous vents leur irréligion.

Au demeurant, républicanistes de tous poils devraient y réfléchir à deux fois à propos de blasphème : leur religion a également ses idoles sacrée, à tel point qu’ils ont institué en délits les outrages faits au drapeau tricolore où à l’hymne guerrier qu’est La Marseillaise. Les adorateurs de ces idoles, le fait est significatif, n’ont eu l’idée de cette pénalisation qu’après le 11 septembre 2001, et plus précisément après qu’au mois d’octobre de cette même année, des jeunes gens eurent commis l’irréparable sacrilège de « siffler » le célèbre refrain affirmant que les « ennemis de la France » ont un « sang impur ».

Quant aux quelques momies qui défilaient en ordre dispersé en décembre dernier pour célébrer le centenaire de la loi de 1905, elles arboraient un badge indiquant : « Laïcité sacrée ! »…

La question, cela dit, n’est donc pas simplement celle de la liberté d’expression, mais celle de l’expression elle-même, de ses raisons d’être, de sa signification idéologique et politique dans un contexte donné.

« L’anticléricalisme » au service du racisme

On admirera à cet égard la perversité de l’argument – également entendu dans ce débat – selon lequel la publication des dessins en question permettait de manifester un soutien au directeur de publication licencié deFrance-Soir. Considérer que cet ancien directeur doit être soutenu, c’est considérer qu’il aurait été licencié « à tort ». Mais cela pourrait avoir plusieurs fondements ; or, il ne semble pas que qui que ce soit ait contesté, par exemple, le droit d’un patron de presse à décider de la ligne éditoriale de son journal, et à disposer, comme d’autant de mouchoirs jetables, de ses subordonnés : les questions ainsi posées n’auraient dans une telle hypothèse, plus grand chose à voir avec le contenu du dessin publié par France-Soir, et tout à voir avec l’organisation des entreprises en général, et des entreprises de presse en particulier, dans un système capitaliste. Or, si ce dont il s’agit n’est pas le droit régalien du propriétaire du journal de se défaire de son directeur de publication s’il ne partage pas ses choix, c’est qu’il s’agit des motifs précis du renvoi de ce directeur : il lui a été reproché d’avoir publié le dessin en cause, et c’est cela qui est contesté ; en somme, le soutien à ce directeur consiste à dire qu’il a eu raison de publier ledit dessin. Mais alors il est hypocrite de dire que c’est pour le soutenir qu’on le publie également : c’est en réalité simplement parce que l’on pense qu’il fallait en effet le publier. Ni la solidarité journalistique, ni la liberté d’expression n’expliquent donc cette nouvelle publication. Il faut l’expliquer par elle-même.

On a vu que ces dessins se caractérisaient d’abord et avant tout par leur islamophobie, par leur dénonciation des musulmans en général comme agents du terrorisme ; il n’est pas pour autant certain que toute reproduction ait ou ait eu une visée raciste. Quand le débat fait rage, quand dans le monde entier, manifestations, violences et menaces se succèdent, il peut être légitime de donner à chacun les moyens de savoir de quoi il retourne. Si le dessin litigieux a été commandité, dessiné, initialement publié, puis reproduit, dans une intention islamophobe, il pouvait parfaitement être reproduit une fois le débat lancé pour les seuls besoins de l’information du public. Donner à voir le dessin dans de telles conditions ne signifie pas forcément : « Regardez comment je vois Mahomet », mais peut signifier : « Regardez quel est le dessin que beaucoup jugent scandaleux ». Rappeler que l’on a reproché à Le Pen de dire : « détail », cela n’est pas la même chose que dire soi-même : « détail ». On peut dès lors s’interroger sur le sens de la publication dans France-Soir, mais aussi dans Le Nouvel Observateur, de ce dessin ; et on peut, pourquoi pas, accorder à ces journaux le bénéfice du doute, dès lors qu’ils n’ont pas simplement dit publier un portrait du prophète de l’islam, mais simplement voulu mettre à la portée du public l’un des éléments d’un débat en cours. Et la vérité est en effet que l’on comprend mieux l’émotion soulevée par un dessin tel que celui-là une fois qu’on l’a vu.

Pourtant, tout le contexte de ce débat rend assez transparente l’intention raciste de Charlie Hebdo dans cette publication. D’abord parce que ce journal n’est pas à proprement parler un journal d’information (( C’est une hebdomadaire satirique, qui prétend plutôt faire rire sur l’ « actualité » – telle que la mettent en scène les autres médias – que de produire lui-même une information de première main )) ; ensuite parce que l’islamophobie est désormais l’un de ses fonds de commerce favoris (( Et enfin parce que son directeur, Philippe Val, a lui même assumé une position « engagée » et s’est refusé à reconnaître le moindre racisme dans les dessins qu’il reproduisait )) . La mise en avant complaisante de son caractère décidément irrévérencieux ou anticlérical ne suffit en aucune manière à excuser une telle ligne éditoriale. Au demeurant, il y a quelque chose de lamentablement indécent de voir un journal qui s’est naguère illustré par son irrévérence à l’égard des puissants de son propre monde, et qui choisit aujourd’hui, la fatigue de ses collaborateurs aidant peut-être, de faire porter dans un confortable retournement d’alliances et de valeurs, son irrévérence sur les déshérités, victimes de ces mêmes puissants. Que des Français, blancs, de tradition chrétienne, se moquent de l’Église catholique, cela peut avoir du sens. Que des Arabes, des Iraniens, des Afghans, ou des Pakistanais entendent combattre l’islam, cela les regarde. Que ceux qui ont tout s’en prennent aux convictions intimes de ceux qui n’ont rien, cela devient une autre histoire.

Quoi qu’il en soit, le débat autour des « caricatures » donne l’occasion d’approfondir la spécificité, à l’intérieur des idéologies antireligieuses, des attaques permanentes dont « l’islam » fait l’objet : à cet égard, Charlie Hebdo n’est jamais qu’un symptôme parmi d’autres, simplement un peu plus minable que d’autres.

Un contexte islamophobe

Les agents de l’islamophobie contemporaine, qui s’obstinent à prétendre n’y voir qu’une manifestation légitime du droit – incontestable dans une démocratie – à « critiquer » les religions seraient bien inspirés, au lieu de se borner à les déplorer avec condescendance, de s’interroger sur les réactions que suscitent les attaques contre « l’islam » chez de nombreuses personnes, hommes et femmes, qui ne se considèrent pas à titre personnel comme religieuses, qui ne se soumettent à aucun des préceptes de la religion musulmane, et qui se sentent néanmoins visées par ces attaques.

On disait jadis, pour désigner – quelle que soit leur origine effective – les personnes issues de l’immigration maghrébine, « les Algériens ». Plus tard, on a dit « les immigrés ». On a inventé les « les beurs ». Désormais, les voilà étiquetés « musulmans ». Quand une personne se voit en permanence assignée à une identité, il faut bien qu’elle finisse par s’y reconnaître. Tel jeune homme dont le nom trahit une origine maghrébine, qu’il ne cherche d’ailleurs pas à cacher, se voyait demander dans le courant du dernier mois de Ramadan, alors qu’il était en plein déjeuner accompagné d’un verre de vin, s’il pratiquait le jeûne. Puisqu’il sait qu’on le considère, quoi qu’il fasse ou dise, comme « musulman », il est assez naturel qu’il considère de son côté que les attaques lancées contre l’islam le concernent de près. De toutes façons, quelles que soient leur attitude personnelle à l’égard de la religion, les personnes issues de l’immigration maghrébine ou sahélienne ont généralement certaines attaches avec l’islam, en tant par exemple qu’il est la religion de leurs parents, de certains de leurs frères ou de certaines de leurs sœurs, d’amis, de cousins, de voisins, etc. Il savent d’emblée, lorsqu’on s’en prend en termes généraux aux « musulmans », que ces proches, dont ils mesurent à quel point ils n’ont rien à voir avec les caricatures que l’on dresse d’eux, sont victimes de ces attaques. Il n’est pas rare que se définissent aujourd’hui comme « musulmans » des gens dépourvu de toutes pratiques religieuses, et qui n’auraient pas eu idée de se définir ainsi jusqu’à ce que, un matin de septembre 2001, ils ne s’aperçoivent qu’on les regardait tout à coup d’un œil différent.

On peut regretter la violence des réactions suscitées par l’affaire des caricatures dans le monde musulman ; on ne saurait s’en étonner. Le monde musulman a toutes raisons de considérer qu’il ne reçoit de l’occident que mépris et humiliations. Les dictatures au pouvoir ont beau jeu de s’appuyer sur les manifestations de ce mépris pour canaliser contre d’autres qu’elles mêmes les rancœurs populaires : l’occident fournit pour cela surabondance de prétextes ; il n’est pas surprenant qu’à l’occasion, les intéressés s’en saisissent.

Les provocations de Nicolas Sarkozy avaient naguère déclenché quelques incendies de voitures ; celle d’un journal danois aura déclenché celui de quelques ambassades. Ceux qui prêchent la « guerre des civilisations » ne peuvent s’étonner de voir riposter leur ennemi désigné.

Source : Laurent Lévy, pour LMSI (Les Mots Sont Importants) – 8/2/2007

 

Source: http://www.les-crises.fr/censure-droit-au-blaspheme-et-islamophobie/


[Reprises] Ils ont eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de « Charlie » (!)

Tuesday 10 February 2015 at 01:55

OK, c’est clair :

  • des personnes, y compris anciens salariés de Charlie ,critiquaient fortement Charlie pour Islamophobie, en disant que cela allait faire monter les tensions
  • on a eu l’attentat barbare
  • “conclusion” : les gens avaient donc tort de dire ça, CQFD.

!!!

Pour Christophe Ramaux, la gauche radicale a eu tort d’attaquer la prétendue islamophobie de « Charlie »

Source : Le Monde, 09/01/2015

Une femme près d'une voiture de police, aux abords d'une mosquée à La Rochelle, le 9 janvier

Une femme près d’une voiture de police, aux abords d’une mosquée à La Rochelle, le 9 janvier

Christophe Ramaux, membre du collectif d’animation des Economistes atterrés, Université Paris-I

C’était finalement un testament. Dans un article de l’ensemble de sa rédaction publié le 20 novembre 2013 (dans Le Monde), Charlie s’élevait contre le procès en islamophobie intenté depuis longtemps par certains, en particulier à la gauche de la gauche. Un islamophobe, et il y en a, est un raciste. Un bouffeur de religions, et Charlie en était, n’est pas raciste. Il maudit toutes les religions et c’est bien son droit. Cibler uniquement l’islam, c’est cibler derrière lui certaines populations, les Arabes au premier chef. La rédaction de Charlie avait raison : en les accusant d’islamophobie, c’est un procès en racisme que d’aucuns s’autorisaient à son encontre. Une salissure ignoble pour ces dessinateurs et écrivains qui ont toujours eu l’antiracisme chevillé à la plume.

Comment en est-on arrivé là ? Comment expliquer que des dirigeants d’Attac, du NPA, des journalistes de Politis et d’autres – les uns et autres ont organisé avec les Indigènes de la République et Mediapart une Journée contre l’islamophobie le 13 décembre 2014 – aient pu alimenter cette infamie ? Comment expliquer que certains animateurs des Economistes atterrés aient rejeté la collaboration de Charb au prétexte qu’il était islamophobe ? Les Economistes atterrés – dont le spectre va bien au-delà de la gauche radicale – ont heureusement remis les pendules à l’heure et rendu ainsi hommage à Bernard Maris, leur oncle à tous. Leur collectif d’animation a décidé, après débats et contre l’avis de certains irréductibles, de publier un communiqué où il est fait explicitement mention de la laïcité.

Attac a décidé l’inverse. Son communiqué se refuse sciemment à mentionner la laïcité. On en est là : certains ont commis un précédent en accusant Charlie d’islamophobie. Après le massacre de la rédaction, ce précédent de trop appelait un sursaut. Nombreux dans la gauche de la gauche en sont conscients. D’autres s’acharnent dans l’aveuglement, en refusant de nommer la laïcité, ce pourquoi ceux de Charlie sont tombés. Ils proclament qu’ils sont « tous Charlie ». Au ciel, les principaux intéressés, fidèles à eux-mêmes, doivent en rire, mais en jaune amer. Comment expliquer cette dérive ?

Les musulmans peuvent-ils être réactionnaires ?

La réponse est dans le testament de Charlie. Sa rédaction s’interrogeait : au nom de quoi « la religion musulmane […] devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ? » C’est bien là le cœur du problème. Sans craindre le racisme pervers qui se niche ici, certains ne conçoivent pas que des musulmans, des immigrés ou enfants d’immigrés puissent être totalement réactionnaires, et même fascistes, au même titre que certains catholiques, protestants, juifs ou agnostiques. Plus de mille départs en Syrie, cela devrait alerter ceux qui n’ont pu envoyer que quelques dizaines de guérilleros en Amérique latine ou ailleurs.

Ceux-là continuent néanmoins à nier qu’une frange extrêmement minoritaire, mais signifiante, de la jeunesse trouve sa cause dans le fascisme djihadiste. Nommer la chose serait favoriser « l’islamophobie ». Comme si la masse des musulmans n’avait pas besoin d’être soutenue dans la lutte sans merci de « tous ensemble » contre le fascisme vert. Selon Edwy Plenel, grand contempteur de l’islamophobie, la question qu’il convient de poser est « pourquoi notre société produit-elle ces enfants-là » ? Juste question de prime abord. Oui le capitalisme néolibéral, l’austérité, engendre comme toujours, chômage, précarité et désespérance sociale. Mais cela ne suffit pas. La politique ne peut être rabattue sur l’économie et la sociologie. Elle a son autonomie, sa consistance propre. Les mêmes conditions sociales ne produisent pas les mêmes trajectoires. Les êtres humains ont d’abord une tête, vivent de représentation. Ils ont leur autonomie, leur responsabilité.

Dénier la responsabilité de ceux qui adhèrent à l’intégrisme radical, n’est-ce pas les nier un peu plus ? Et n’est-ce pas un narcissisme lui aussi pervers que de laisser entendre que « nous » sommes « aussi » responsables de cela ? La dite « société » n’est-elle qu’à accabler ? Aussi perfectible soit-elle, et elle l’est grandement, ne doit-elle pas aussi être défendue dans ses fondements mêmes – les valeurs républicaines dont la laïcité justement – face à ceux qui la violentent ? Au rassemblement de mercredi soir à Paris seuls « Charlie, Charlie » et « liberté d’expression » ont percé le silence de l’effroi. Quels seront les mots d’ordre des prochaines manifestations ? « Non à tous les fascismes dont celui des djihadistes » : c’est la seule trame susceptible de rendre véritablement hommage à la profondeur du combat de Charlie.

Contre le fascisme brun donc, mais aussi – et explicitement – contre le fascisme vert, car le déni de ce dernier nourri le premier. La gauche radicale reprendra-t-elle cette trame ? Espérons-le. Il y aura bien d’autres chantiers à défricher pour elle ensuite : celui du rapport à l’Etat, à la nation, à la démocratie y compris représentative, au pouvoir justement, à l’intérêt général, à la société même.

Il est minuit moins le quart pour la « génération » de mai 68. Charlie a été l’étendard le plus échevelé de cette génération. Qui l’eut cru ? Qui eut cru que ce soit par Charlie que cette « génération » fasse enfin le deuil de ses impasses ? Qui eut cru que Charlie soit élevé au rang de cause nationale, de deuil national, que résonnent par lui la rose et le réséda ? L’histoire prochaine de notre pays sera-t-elle aussi facétieuse que Charlie l’était ? Nous sommes peut-être « minoritaires » indiquait tragiquement le testament de Charlie. Pas sûr…


#JeSuisCharlie : que peut faire internet ? Beaucoup. Créons un million de “Charlie Hebdo”

Source : Le Nouvel Observateur, 09/01/2015

Qu’est-ce qu’un tweet va changer ? De nombreux internautes se posent cette question après l’attaque terroriste contre les locaux de “Charlie Hebdo”. Et beaucoup ne savent pas quoi faire de plus pour montrer leur soutien. Mais ce n’est pas vain, et il y a d’autres moyens de s’engager, comme l’explique notre Benoît Raphaël, fondateur de Trensboard.

Mobilisations de soutien à New York le 7 janvier

Des mobilisations de soutien se sont déroulées dans le monde entier, ici à New York le 7 janvier (RICHARD B. LEVINE/SIPA)

Je vais essayer de faire court. Il y a déjà eu tellement de messages Twitter, Facebook, de photos Instagram, de chroniques, de communiqués, de billets de blogs, d’interviews, de dessins, d’affiches brandies dans la rue, en silence d’abord, puis avec des chants, qu’il pourrait paraître inutile d’en rajouter, surtout moi. Qu’ai-je à dire de plus ?

Mais je pense que c’est bien. Autant l’infobésité peut parfois rendre l’information plus opaque, autant cette fois, il faut faire du bruit. Le contenu des messages a ici autant d’importance que leur capacité à créer une immense vague. Contre l’obscurité. Contre cet autre vent qui veut annuler la liberté, l’esprit frondeur, l’esprit de la France, et ces élans formidables d’empathie, de richesse d’expression, de partage et d’empowerment que je vois se libérer grâce à Internet depuis quelques années.

Mon premier sourire après une journée d’effroi

Le massacre opéré à Charlie Hebdo attaquait plusieurs symboles. Sans bien les comprendre. Sans les comprendre, au fond. Sans comprendre aussi que ces symboles, la liberté, la liberté de la presse, le courage, le besoin de sens, la nécessité de rire, la générosité, et la profonde humanité derrière la caricature féroce, font aussi partie de ce nouveau monde, autant que la haine, le désespoir et le repli sur soi.

Dans la nuit de mercredi à jeudi 8 janvier, à minuit, voici les mots les plus tweetés dans le monde, cartographiés par Trendsmap. C’était mon premier sourire, après une journée d’effroi :

Capture Trendsmap

(Capture Trendsmap)

Je parle en tant que journaliste, blogueur et entrepreneur, mais aussi en tant que citoyen. Un citoyen du monde, mais aujourd’hui profondément Français, Français comme un symbole, et qui ne s’est jamais senti aussi libre et optimiste depuis qu’il a rencontré Internet. Cette incroyable invention qui relie les gens, étend les libertés, augmente le savoir et l’empathie.

Investissons dans les médias

Alors que pouvons nous faire, nous, citoyens, nous internautes, forts de ce nouveau pouvoir, face à ce que certains Français ont appelé “notre 11 septembre” ?

 

Nous pouvons faire tellement. Tellement depuis que nous sommes connectés.

C’est la liberté d’expression qui a été attaquée. La liberté de la presse. Les médias. Et nous avons ressenti hier l’urgence d’être plus forts que jamais. La force, la diversité, l’indépendance des médias, c’est notre meilleure arme contre l’obscurantisme et le fanatisme.

Il faut investir dans les médias. Il faut les moderniser pour les rendre plus forts. Pour les rendre plus rentables. Et plus indépendants.

La force d’internet, c’est de multiplier

Il faut surtout que les citoyens que nous sommes participions à cette aventure : en les soutenant, en les challengeant mais avec affection. En finançant, via le crowdfuning, un maximum de projets médias, en nous abonnant aux médias, aux médias locaux, aux médias nationaux. En nous abonnant, bien sûr, à “Charlie Hebdo”. Et ils faut que les médias comprennent que leur meilleur soutien, ce sont les citoyens, qui sont tous internautes.

Et qu’il faut les rendre plus que lecteurs, il faut les rendre acteurs. Il y a plein de façons de le faire. Et encore plus à inventer.

Il faut aussi, chacun de notre côté, ensemble, créer des millions de “Charlie Hebdo”. C’est la force d’Internet. Celle de multiplier. Et celle de maintenir des voix, en les répétant ailleurs, à l’infini, quand on tente de les briser.

Des journaux à genoux

Et il ne faut jamais plier les genoux, comme disait Charb. Pas comme le “Daily News”, comme le “Telegraph”, qui ont surfé sur le buzz mais en floutant ou en cachant les couvertures controversées de “Charlie Hebdo”. Ultime insulte d’une profession qui se met à genoux. Tandis que les autres, médias, mais aussi la foule internaute, et celle dans la rue, brandissait ces mêmes unes dans un magnifique : “Même pas peur !”

OB : Ca crève les yeux que du coup la France a peur…

(Et si vous vous demandez qui est à l’origine de ce logo repris dans le monde entier, “Je suis Charlie”, il vient d’un internaute)


Plantu au secours de Charlie Hebdo après avoir “armé” ses assassins

Source : Caricatures&caricature, 11/01/2015

Caricature: Encore une provocation !!

Petit rappel : le 21 septembre 2012, Plantu faisait passer ce dessin en “une” du journal Le Monde. Il s’agit d’une caricature visant très clairement Charb, alors directeur de Charlie Hebdo, figuré en débile mental. Le contexte ? Quelques jours auparavant, Charlie Hebdo avait publié des caricatures mettant en scène Mahomet, réagissant à la polémique autour d’un film récemment posté sur Internet, L’Innocence des Musulmans. De nouvelles menaces de mort avaient été proférées de par le monde, contre l’hebdomadaire satirique dont certains dessinateurs (Charb notamment), étaient déjà sous protection policière.

Plantu s’était donc désolidarisé de ce journal qui défendait alors au péril de sa vie son droit à caricaturer les intégristes en général et Mahomet en particulier. Plantu, comme tant d’autres éditorialistes, responsables politiques ou “intellectuels”, avait à ce moment-là participé à la campagne de dénigrement contre Charlie, en parlant d’irresponsabilité. Il en appelait alors à l’autocensure, expliquant que Charb serait responsable des morts que “provoquerait” au Pakistan dans les jours qui suivraient, la publication dans son journal de caricatures visant Mahomet. Plantu renforçait alors le camp des intégristes et participait à l’isolement du journal, en en faisant une cible évidente et facile pour les terroristes.

Je ne connais pas d’équivalent dans l’histoire de la presse, d’un grand journal quotidien “démocratique” qui aurait publié en “une” une caricature contre un dessinateur inscrit sur la black-list des djihadistes du monde entier, constituant donc un objectif principal et public de leurs prochains attentats…

Quand comme Plantu on considère le dessinateur “responsable” de la possible instrumentalisation de ses propres dessins à des fins meurtrières, on ne publie pas en “une” d’un grand journal une caricature visant un dessinateur menacé de mort… Le site de Cartooning for peace présente d’ailleurs l’association comme ayant l’objectif de “soutenir les dessinateurs empêchés d’exercer librement leur métier ou dont la liberté est menacée”. Ca ne valait pas le coup de défendre Charb et Charlie contre les menaces d’attentats ?

Par son attitude et alors qu’il se présente comme “le” défenseur de la liberté d’expression et des dessinateurs victimes de menaces au travers le monde, Plantu a “armé” indirectement les assassins de Charb et de ses amis, comme les dessinateurs antisémites pendant la collaboration en France “armaient” ceux qui déportaient des juifs.

Comme l’indique François Forcadell sur son blog, Plantu se serait aujourd’hui engagé à trouver un financeur pour assurer la pérennité de Charlie Hebdo. La belle affaire ! Maintenant qu’ils sont presque tous morts, il serait devenu urgent de les soutenir ? N’est-ce pas, cher Plantu ? As tu au moins quelques remords ?

Guillaume Doizy

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-ils-ont-eu-tort-dattaquer-la-pretendue-islamophobie-de-charlie/


[Reprise] Violences contre Charlie Hebdo: la mondialisation des imbéciles

Tuesday 10 February 2015 at 01:22

Caroline Fourest a trouvé la cause du terrorisme : la testostérone !  :)

Elle pointe, mal, un vrai problème : la mondialisation. Une loi ici, une loi la-bas, mais de plus en plus un seul monde…

Et pour tous les afficionados du gouvernement mondial, un petit souci : il faudra aussi une loi mondiale unique alors… Et donc, on interdit quoi ?

P.S. admirez le style Fourest dans les fins de phrase

Publication: 19/01/2015

Ainsi donc, après avoir tué à Paris, d’autres fanatiques tuent et brûlent des Églises au Niger pour un dessin de pardon qui n’a rien d’une « provocation gratuite » et tout d’un acte de courage en réaction à ce massacre.

La mondialisation de la folie n’est pas nouvelle. Elle nous tend un piège bien connu. Blâmer des dessinateurs français d’avoir répondu pacifiquement à un crime quand il faut évidemment blâmer ceux capables de tuer pour un dessin… Qu’ils n’ont probablement pas vus.

Le droit au blasphème milite pour la laïcité.

[OB Pour les néoconservteurs, laïcité = athéisme, en général, vous aurez compris.]

Or c’est justement ce manque de laïcité qui explique ces pogroms religieux pouvant s’enflammer au moindre prétexte comme au Niger. Le pape y a-t-il seulement pensé avant de comparer le fait de moquer la foi à une insulte justifiant de répondre par « un poing dans la gueule » ? Au Pakistan, c’est au nom de cette « philosophie » obscurantiste que des chrétiens sont mis en prison, comme Asia Bibi. Le seul fait d’énoncer sa foi est vécu comme une insulte à la religion des autres, majoritaires, et peut valoir d’être jugé pour « blasphème ». Charlie défend le droit au blasphème et donc Asia Bibi, contrairement au Pape dont la déclaration encourage les violents de façon irresponsable.

Mais les vrais responsables sont bien ceux qui commettent ces violences. Ces réactions sont restées pour l’heure ultra-minoritaires au sein de ceux que certains commentateurs appellent très rapidement LE monde musulman, alors qu’il est divers et a réagi à 99% plutôt pacifiquement. Quelques centaines de manifestants fanatisés au Niger, en Algérie, au Sénégal ou au Pakistan. C’est trop mais cent fois moins qu’à la fin des années 80 contre le livre de Salman Rushdie… Et bien moins qu’en 2006, lorsque la publication des dessins danois avait servi de prétexte pour brûler des ambassades et tuer plus de 150 personnes.

Le fait de tenir bon a un prix, mais ce prix a un sens. Combien de vies et de libertés perdrons-nous si nous cédions ? C’est la question qu’il faut se poser. Au lieu de renverser les procès en « irresponsabilité ».

Des terroristes mal intégrés ?

En parlant d’irresponsabilité, on reste sans voix devant les clichés déversés outre-Atlantique sur la France à l’occasion de ce drame.

Ne parlons pas de Fox news qui a confondu les zones d’urbanisation prioritaires avec des zones de non droit entièrement musulmanes rappelant Bagdad ou Kaboul, ni de carte de zones « no go zones » tracées en rouge, ni de son pseudo-expert qui aura eu au moins le mérite de nous faire rire dans un moment pareil.

Mais Fox news n’est pas la seule chaîne à faire des raccourcis terriblement indécents. Obama, qui n’a pas trouvé le temps de venir en France, a frôlé l’indécence en nous expliquant que le terrorisme est lié au manque d’intégration des musulmans… Si réussie aux Etats-Unis. Comme si aucun terroriste américain n’avait jamais existé. Peut-on se permettre de lui rappeler que la discrimination sociale explique rarement, et n’excuse jamais, le terrorisme ?

Était-ce vraiment parce qu’il était « mal intégré » que le milliardaire Oussama Ben Laden a commandité les attentats du 11-Septembre et souhaité ceux de Charlie Hebdo ? Parce qu’ils étaient mal intégrés que les islamistes algériens des GIA ont ensanglanté l’Algérie pendant toutes les années 90 ? Ou que des jihadistes irakiens et syriens ont créé l’État islamique ?

Comment peut-on dire dans la même phrase que les musulmans sont les premières victimes du terrorisme, ce qui est vrai, tout en expliquant le terrorisme par le manque d’intégration des musulmans ? C’est donc parce qu’ils ne sont pas assez intégrés dans les pays musulmans que les musulmans se tuent eux-mêmes ? Les musulmans seraient donc racistes envers les musulmans et ce racisme expliquerait la naissance de l’islam politique radical en Égypte et au Pakistan ?

Est-ce parce qu’ils sont nés en France que les frères Kouachi ont voulu faire le jihad contre les Américains après Abou Ghraib et une guerre américaine contre le terrorisme plus dévastatrice qu’efficace ? Est-ce vraiment à cause d’un dessin – que la presse américaine ne montre pour ne pas « offenser » – que la propagande jihadiste marche si bien ou à cause de ses images d’Abou Ghraib… Qu’il n’aurait pas fallu montrer pour ne pas « offenser » ?

La vérité, c’est que le terrorisme islamiste comme la guerre fournit un sens et de l’adrénaline à tous les frustrés qui rêvent de tirer à la kalachnikov et d’avoir des esclaves sexuelles. L’explication hormonale, patriarcale, est bien plus valable que l’explication sociale. Ce qui ne veut absolument pas dire qu’une meilleure politique sociale n’est pas souhaitable pour faire baisser la tentation hormonale.

La réponse au terrorisme ne se trouve pas dans l’excuse mais bien dans le fait de tenir bon en matière d’idéal. Et c’est là où la censure de Charlie Hebdo par certains journaux américains et anglais est si grave.

Censure anglo-saxonne

On débat dans les rédactions, on soutient Charlie, mais les directions ont tranché… La plupart ont censuré la couverture de Charlie hebdo, comme ils avaient censuré les caricatures danoises en 2006, en expliquant qu’elles pouvaient être offensantes pour les musulmans.

[OB : C'est DINGUE cette volonté de ne pas offenser ses lecteurs quand même...]

Certains disent aujourd’hui pour des raisons de sécurité. C’est un progrès. Mais serions-nous en danger si tous les médias du monde avaient simplement montré ces dessins danois ou cette « une » au lieu d’en faire un tabou ? Au lieu de laisser croire qu’ils pouvaient justifier des réactions outrées ?

Ce refus d’informer révèle un fossé culturel gigantesque concernant la laïcité et la liberté d’expression.

L’Amérique a fondé sa démocratie sur la liberté de religion. Les sensibilités religieuses y sont plus sacrées que le devoir d’informer. Quant à l’Angleterre, elle n’est ni une république ni laïque, mais une monarchie parlementaire liée à une religion d’État. Cette religion privilégiée l’incite visiblement à manier avec précaution les sensibilités d’autres religions, minoritaires, au nom d’un interdit religieux qui n’existe même pas.

Le Coran n’interdit même pas la représentation de Mahomet. Il interdit l’idôlatrie. C’est-à-dire exactement ce que font les fanatiques en le révérant et en tuant en son nom pour empêcher qu’on désacralise son image… dans Charlie Hebdo.

Quand bien même le Coran interdirait de représenter Mahomet, cet interdit n’est évidemment pas valable pour les non musulmans et les démocraties laïques. Ou alors, il faut aller jusqu’au bout de la logique et interdire à tous, partout, toutes les représentations des prophètes de l’islam… Comme Jésus en fait partie, il faut interdire les Christs en croix dans les Église et les films sur Jésus dans les cinémas. Et puis pourquoi se limiter aux religions ? En toute logique, pour éviter d’offenser, il faut aussi interdire les films hollywoodiens qui froissent Kim Jong Un, le dictateur Nord-Coréen. Et plus globalement importer les lois des dictateurs et des fanatiques en démocratie. C’est-à-dire l’abattre.

L’Amérique a compris cet enjeu au moment des menaces pesant sur le film « The Interview ». Elle a tenu tête à la Corée du Nord. Elle perd le nord quand il s’agit de religion.

Ce ne serait pas si grave si ces critères anglo-saxons n’étaient pas devenus les nôtres malgré nous. Puisqu’ils régissent les nouveaux médias mondiaux que sont l’iPad d’Apple ou Facebook. Sur ces nouveaux médias mondiaux, le fait de moquer la religion ou de montrer des seins peut vous valoir d’être bloqué et censuré. Tandis que l’incitation à la haine, elle, ne fait que prospérer.

Dieudonné n’est pas Charlie

Pendant ce temps, au lieu de défendre la liberté d’expresison tout en combattant l’incitation à la haine, comme le fait Charlie, de grandes voix sèment la confusion. Comme Jon Stewart, le célèbre animateur humoriste du Daily Show, qui n’a rien trouvé de mieux que d’accuser les médias français d’« hypocrisie » et de prendre la défense de l’antisémite Dieudonné. Ce qui a régalé les sites d’extrême droite et/ou pro-islamistes français (et oui, les deux ne sont pas incompatibles, surtout chez les soutiens de Dieudonné).

Cette conception confuse de la liberté d’expression n’est pas seulement irresponsable et navrante. Elle sert les ennemis de la liberté.

Quand Dieudonné était un humoriste et se riait de toutes les religions, dont le judaïsme, personne ne songeait à le faire condamner à des amendes… Qu’ils ne règlent d’ailleurs pas. A l’époque, il était drôle et soutenu. Mais ce Dieudonné n’existe plus. Aujourd’hui, il est à la tête d’un parti politique, fondé avec un homme qui se définit comme « national socialiste », dont le fond de commerce est le racisme anti-Juifs. Il ne rit plus contre les religions. Il minimise voire nie la Shoah, se moque de la décapitation et s’identifie à l’assassin d’une policière noire et des clients de l’Hyper Casher.

La différence entre Charlie Hebdo et Dieudonné, c’est que Charlie rit des terroristes tandis que Dieudonné rit avec les terroristes. C’est la différence entre l’humour et la haine, entre faire respirer la démocratie et vouloir la tuer.

Que des journalistes anglo-saxons, des internautes ou de jeunes enfants ne fassent pas cette distinction est inquiétant. Cette confusion est un poison mortel pour la démocratie. On ne pourra pas arrêter toutes les balles. Mais l’on doit chercher un antidote et s’éclaircir les idées au plus vite, avant de céder de nous-mêmes à ceux qui nous menacent, sans même qu’ils aient besoin de tirer.

C. Fourest

Source : Huffingtonpost.fr

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Caroline Fourest en action à la télé anglaise…

Enfin, voilà le genre de dessinateur non haineux dont Caroline Fourest faisait la promotion dans Charlie Hebdo en 2008, comme le dénonçait un ancien membre de l’équipe… :

Source: http://www.les-crises.fr/la-mondialisation-des-imbeciles/


[IMPORTANT Entraide] Synthèses, Recherches, Rédaction, Modération, WordPress, Vidéos

Monday 9 February 2015 at 07:50

Ce qui se passe est assez effrayant, et on n’arrive plus à suivre…

Je renouvelle l’appel d’hier, vu que nous n’avons pas eu un seul volontaire pour nous aider :(

On aurait donc besoin de personnes pour nous aider pour :

Merci de m’écrire ici (2e rubrique Contact, pas la 1ère pour les Liens svp).

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/important-entraide-02-2015/


Malgré la pression, Tsipras ne recule pas, par Okeanos

Monday 9 February 2015 at 05:23

Nous retrouvons en ces temps troublés notre correspondant en Grèce, Okeanos, qui anime l’excellent site Okeanews, et nous donne les dernières nouvelles…

Malgré la pression, Tsipras ne recule pas

Avec une semaine très difficile qui se profile pour la Grèce et au milieu de la pression croissante des créanciers, le Premier ministre Alexis Tsipras a présenté dimanche le programme de son gouvernement au Parlement, s’engageant à mettre en œuvre ses promesses pré-électorale.

Nous n’avons qu’un seul engagement – servir les intérêts du peuple, le bien de la société”, a-t-il dit, ajoutant que c’était la “décision irrévocable” de son gouvernement de mettre en œuvre les promesses de campagne “dans leur intégralité“.

Le premier ministre a dit que le gouvernement ne chercherait pas une extension du plan de sauvetage de la Grèce, notant que cela serait équivalent à une “extension d’erreurs et de catastrophes“, et a réitéré les demandes grecques pour une phase de transition (bridge) jusqu’à ce qu’un “accord mutuellement acceptable” soit atteint avec les créanciers. “Nous n’avons pas l’intention de menacer la stabilité en Europe“, a-t-il précisé, ajoutant toutefois qu’il ne négociera pas la souveraineté du pays. “Notre pays ne reçoit plus d’ordres par e-mail“, a-t-il lancé.

Tsipras a déclaré que son gouvernement a besoin d’espace pour une discussion sur la restructuration de la dette de la Grèce et un nouvel accord, ajoutant que l’augmentation de l’austérité ne ferait qu’exacerber le problème.

Il s’est engagé à remplacer l’impôt foncier unifié (ENFIA) par une nouvelle taxe sur les grandes propriétés et à remettre en place le seuil d’exonération des revenus à son niveau d’avant crise, soit 12000€ (contre 5000€ aujourd’hui, soit un revenu imposable dès 416,66€/mois).

Il a également promis d’introduire un système fiscal équitable et de sévir contre l’évasion fiscale et la corruption. Les conventions collectives seront également restaurées. Tsipras a également confirmé que salaire minimum retrouvera son niveau d’avant crise -751 euros- progressivement jusqu’en 2016.

Un 13ème mois de retraite sera également versé pour les retraités qui gagnent moins de 700 euros par mois.

Sa priorité reste la lutte contre la “crise humanitaire”, disant que “La Grèce ne peut pas être un pays civilisé si des milliers ont faim“. Il promet l’électricité et la nourriture gratuite pour les ménages qui ont été victimes des “mesures barbares” de ces dernières années.

Dans la fonction publique, Tsipras demande la ré-embauche immédiate des femmes de ménage du ministère des Finances, des gardes scolaires et du personnel administratif des universités, notant que cela n’alourdira pas le budget puisque ces ré-embauches remplaceront des embauches prévues pour 2015.

Le premier ministre a également promis de rouvrir ERT, le radiodiffuseur public brusquement arrêté en Juin 2013 par l’ancien gouvernement de Samaras, et va lancer une enquête parlementaire pour déterminer comment la Grèce est entrée dans le mémorandum. Concernant les privatisations, il dit que le gouvernement n’est pas contre l’investissement privé, mais rejette les “ventes massives”, ajoutant que les services publics ne seraient pas en vente.

Gros dossier également et source probable de désaccords avec l’Allemagne, Tsipras a dit que c’était un “devoir historique” pour la Grèce de demander des réparations de guerre à l’Allemagne. Manolis Glezos devrait prendre en charge la commission dédiée à ce sujet.

Tsipras a également évoqué la création d’un portefeuille spécial pour superviser la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, avec comme priorité la vérification des listes à disposition (liste Lagarde, etc).

Le premier ministre a annoncé des coupes dans les budgets des ministères : rationalisation de l’administration publique, annulation des privilèges des ministres et des députés, vente d’un des trois avions du gouvernement, vente d’une partie des véhicules de fonctions des députés et révision des droits aux voitures de fonctions pour les députés.

Tsipras a également directement visé les élites grecques en déclarant que le triangle des puissants (banques / médias / politique) sera brisé. Il annonce de profonds changements dans les médias et proposera de nouvelles procédures pour les permis de radiodiffusion et souhaite “vérifier comment les médias obtiennent des prêts“, annonçant que les médias privés devront obtenir des licences appropriées et payer leurs fréquences, ce qui n’est toujours pas le cas en Grèce.

Le discours de Tsipras marque le lancement de trois jours de débats qui doivent aboutir à un vote de confiance pour son gouvernement. La coalition est certaine de remporter le vote, avec 162 sièges sur les 300 que comptent la Vouli.

Mais la partie qui s’annonce avec les créanciers du pays sera beaucoup plus difficile. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis devra faire face à ses homologues de la zone euro à Bruxelles pour un sommet d’urgence ce mercredi. Tsipras rencontrera ses homologues européens le lendemain lors d’un sommet des dirigeants à Bruxelles.

Okeanos, Okeanews, le 08/02/2015

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Extraits du discours offensif de la nouvelle Présidente du Parlement grec

Les quelques extraits du discours prononcé par Zoé Konstantopoulou, lors de son élection en tant que Présidente du Parlement hellénique.

Mesdames et Messieurs les députés,

Je vous parlerai du fond du cœur, avec la sincérité et la droiture qui conviennent à l’honneur et à la responsabilité qui accompagnent la mission dont vous m’avez chargée mais aussi à l’honneur et à la responsabilité qui accompagnent la confiance dont nos concitoyens ont fait preuve envers chacun et chacune d’entre nous.

Nous sommes ici, non pas parce que le destin l’a voulu, ni par le caprice de quelque hasard, mais parce que nous l’avons choisi et nous avons été choisis et élus par les citoyens de ce pays, le peuple de notre patrie qui est préoccupé et qui lutte pour la dignité, la justice, l’égalité, la démocratie, la liberté. Pour des valeurs et des biens qui furent conquis en versant du sang, par des sacrifices, des luttes dont la marque indélébile se trouve dans l’Histoire de ce pays. Des valeurs et des biens qui, de nos jours, sont contestés ou restreints de la manière la plus cynique qui soit.

(…)

Avec les parlementaires actifs et participants au processus parlementaire. Non pas de simples « applaudisseurs » de prises de position gouvernementales ou de l’opposition.

(…)

En cette période parlementaire, il ne faudra pas répéter des phénomènes de dégénérescence de la fonction législative, tel que l’abus de la procédure d’urgence et des amendements.

Je m’engage, en tant que Présidente du Parlement, que les amendements présentés hors-délai ou sans rapport avec l’objet des dispositions des projets de loi ne seront pas reçus. Pas même, bien entendu, des projets de lois comptant des centaines de pages, sans structure, ou des actes législatifs qui ne remplissent pas les critères constitutionnels[référence directe à tous les textes des mémorandas].

(…)

J’en arrive aux questions de transparence et d’égalité devant la loi. Le Parlement ne peut pas opérer comme un dispositif de blanchiment de scandales ni comme un cimetière de dossiers relevant du droit pénal. Récupérer et examiner des dossiers qui, tout en ayant été transmis au Parlement par la Justice, croupissent des mois, voire, des années durant dans quelques tiroirs sans même être examinés, est un devoir démocratique élémentaire et fondamental tout autant qu’un préalable à la cohésion sociale. Je m’adresse au sens du droit de TOUS les députés, en tant que représentants des citoyens. Et je vous invite à ce que, tous ensemble, nous mettions fin à cette honteuse situation du traitement privilégié qui a LOURDEMENT touché le prestige du Parlement. Par le biais des commissions existantes mais aussi par celui de la constitution des nouveaux organes nécessaires, il est impérieux que le Parlement garantisse la légalité, la transparence et l’examen de tous les dossiers en suspens, quelles que soient les personnes impliquées. Qu’il s’agisse de personnes politiques, parlementaires et gouvernementales, qu’il s’agisse de représentants d’intérêts économiques et de sociétés qui corrompent, comme dans les affaires Siemens et celles concernant les armements. N’oublions pas que pareilles affaires mobilisent également des obligations internationales à l’égard d’autres pays, conformément au cadre juridique international contre la corruption et que notre pays n’a pas épuisé son arsenal juridique afin de rendre justice et de faire ressortir la vérité et révéler le produit du crime. Les représentants d’autres gouvernements connaissent également ces obligations. Ainsi, la déclaration faite hier par le Ministre des finances Allemand, selon lequel « chaque pays veille simplement et uniquement à ses propres affaires », est non pertinente et non fondée.

Notre pays et notre peuple furent les victimes de corruption à grande échelle qui ne se limite pas aux frontières nationales et ne concernent pas uniquement notre « chez nous ». Il est de l’obligation des États européens également de collaborer et de nettoyer notre « chez nous » collectif européen.

(…)

J’en viens à l’initiative la plus importante de la période parlementaire précédente, dont tous ceux qui ont participé sont fiers. La constitution de la commission interpartis du Parlement pour la revendication des réparations de guerre allemandes. À l’initiative de Manolis Glezos et du groupe parlementaire de Syriza et avec la collaboration unanime de tous les groupes parlementaires, cette commission fut constituée et opéra de manière exemplaire, présidée par M. Tzavaras, mais n’a pas pu achever sa mission à cause des élections qui sont intervenues. Durant cette nouvelle période parlementaire, la commission sera très rapidement constituée pour remplir le devoir national qu’est la revendication effective de cette dette morale, historique et financière à l’égard de notre patrie, à l’égard des victimes de la sauvagerie nazie, pour la réparation des catastrophes, le remboursement et l’acquittement du prêt de l’Occupation, pour le dédommagement des victimes et pour la restitution des trésors archéologiques volés.

En tant que Présidente du Parlement, j’entreprendrai aussi, personnellement, toutes les initiatives de sorte que cette dette, qui survit depuis 70 ans, soit remboursée. Des initiatives analogues seront entreprises afin que le Parlement contribue de manière essentielle à promouvoir les revendications d’annulation de la majeure partie de la dette et de l’intégration de clauses de croissance et de garanties d’endiguement de la crise humanitaire et de secours à notre peuple. La diplomatie parlementaire n’est pas un cérémonial ni l’équivalent de relations publiques. Elle est un précieux outil qu’il est nécessaire de mettre en branle, pour ce qui est tant du Président que des commissions de relations internationales ou de commissions d’amitié, de sorte que l’affaire grecque, la demande d’une solution équitable et bénéfique pour notre peuple, par annulation de la dette et moratoire des remboursements soit l’objet d’une campagne interparlementaire de revendication vive, qui s’appuie sur l’information de vive voix des autres parlements et assemblées parlementaires mais aussi des peuples européens qui se mobilisent déjà en solidarité de notre peuple.

(…)

L’Histoire est écrite par les peuples qui espèrent, sont optimistes, contestent, luttent et revendiquent. L’Histoire est également écrite par les dirigeants politiques et les représentants du peuple, les Parlements, quand ils se dressent à la hauteur de leur responsabilité et forment un mur de protection de la société. Les réflexes démocratiques de notre peuple sont actifs et s’expriment de plus en plus clairement. En se référant précisément aux luttes historiques de notre peuple, à la résistance nationale, à la gauche, au mouvement des étudiants, à la lutte contre la dictature, aux mouvements sociaux.

De plus en plus nombreux sont ceux qui prennent conscience du fait qu’ils ne veulent pas vivre à genoux. Ni laisser comme héritage à leurs enfants un nouvel esclavage économique. Les gens retrouvent le sourire, ces derniers jours. Ils retrouvent la ténacité, la confiance en eux, leur dignité. Ils revendiquent d’être partie de l’Histoire et non pas ses spectateurs. Et ils se réunissent sur les places en manifestant pour des principes et des valeurs universels, comme l’ont fait, hier soir, des milliers de citoyens à Athènes mais aussi dans d’autres capitales européennes.

Toute l’Europe, le monde entier, a le regard tourné vers la Grèce avec espoir. Par ce qu’ils savent que la reconnaissance des droits et le soulagement du peuple grec sera une victoire des hommes face aux autocrates financiers et aux nouvelles tyrannies des banques, des marchés, des nouvelles oligarchies qui ont pour objectif de se substituer à la démocratie.

(…)

Respecter la Constitution relève du patriotisme des Grecs qui ont le droit et le devoir de résister par tout moyen à tout qui tente de la violer. C’est à ce patriotisme démocratique constitutionnel par lequel la société grecque est portée, tout au long de son histoire, et dont le Parlement hellénique est imprégné en tant qu’institution, que butera tout qui s’efforcerait de faire du chantage à notre peuple et de contourner la démocratie de notre pays.

Okeanews, 8/2/2015

La vidéo du discours complet :

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La vision de Greenspan

La Grèce devra tôt ou tard sortir de la zone euro, a estimé dimanche l’ancien président de la banque centrale américaine Alan Greenspan. “Il s’agit d’une crise et je ne pense pas qu’elle puisse être résolue facilement, en fait je ne pense pas qu’elle puisse être résolue sans une sortie de la Grèce de la zone euro”, a déclaré l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed) à la radio BBC. “Je ne pense pas que cela les aide d’être dans l’euro et je ne vois certainement pas comment cela peut aider le reste de la zone euro. Et je pense qu’il s’agit juste d’une question de temps avant que chacun ne réalise que se séparer est la meilleure stratégie”, a-t-il ajouté. Le président de la Fed de 1987 à 2006 a également estimé que la zone euro ne pouvait poursuivre sous sa forme actuelle sans intégration politique.

Ces commentaires interviennent après un marathon européen peu concluant du Premier ministre grec Alexis Tsipras et du ministre des Finances Yanis Varoufakis, à l’issue duquel Athènes a réitéré sa demande d’un plan-relais d’aide au pays. Cette tournée s’est achevée sur un constat de désaccord persistant entre Athènes et Berlin, qui a enjoint au gouvernement grec de reprendre les négociations avec la troïka de ses créanciers (UE, BCE, FMI).

Source : Le Point

Source: http://www.les-crises.fr/malgre-la-pression-tsipras-ne-recule-pas/