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L’histoire secrète d’une victoire des lobbies à Bruxelles, contre la santé publique

Monday 27 July 2015 at 02:06

Excellent article du Canard

Des échanges de mails révèlent comment l’industrie chimique a torpillé l’interdiction des perturbateurs endocriniens. Un récit perturbant…

Ce n’est plus du lobbying, c’est de l’art… A Bruxelles, l’industrie chi­mique a réussi à saboter l’interdic­tion des perturbateurs endocriniens. Ces composés chimiques que l’on retrouve par­tout, dans les plastiques, les tapis, les den­tifrices, les cosmétiques, les pesticides, et qui sont soupçonnés d’être responsables, même à très faible dose, de cancers, de troubles de la croissance et autres menus dégâts sur la santé.

Avec une maestria qui laisse baba, les lobbies ont reporté l’échéance d’au moins quatre ans. Dans un rapport rédigé en an­glais et publié le 20 mai, une organisation indépendante, Corporate Europe Observatory, dévoile les coulisses de ce feuille­ton. Des coulisses pas faciles à visiter : il a fallu deux ans à la journaliste française Stéphane Horel, coauteure du rapport, pour obtenir des milliers de pages de documents et plusieurs courriels croquignolets…

Experts gavés

Février 2013. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa, en anglais) s’apprête à publier un rapport étonnam­ment sympa pour l’industrie. A vous don­ner envie de déguster du perturbateur endocrinien au petit dej ! Pas si surprenant, en réalité : près de la moitié des 18 experts qui tiennent le stylo ont des liens d’intérêt étroits avec l’industrie, via des animations de colloques, des travaux de recherche ou des boulots de consultant, et les chèques qui vont avec. Manque de bol, au même moment, le 19 février exactement, le Programme des Nations unies pour l’en­vironnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publient leur propre rapport. Et leur conclusion dépote :

Les perturbateurs endocriniens constituent « une menace globale » sur la santé, « qui impose de trouver une solution ». C’est clair et tranché.

Avec leur avis tiédasse, les experts de l’Efsa ont l’air malin ! Et ils s’en rendent vite compte. Le 20 février, dans un courriel à ses confrères, l’un d’eux gémit : « Chers collègues, la vie est compliquée… Il est presque embarrassant de comparer notre version actuelle avec le rapport de l’OMS / PNUE. » Et de se lamenter, en dé­voilant toute leur cuisine, au passage : « Quand le rapport de l’OMS / PNUE sou­ligne certaines caractéristiques des pertur­bateurs endocriniens et les signale comme spécifiques, notre rapport, au contraire, les minimise (sic) ou évite de les mentionner (re-sic). »

L’humiliation ne s’arrête pas là :

Quand le rapport de l’OMS / PNUE par­vient à la conclusion que la méthode traditionnelle d’évaluation des risques des pro­duits chimiques est inadéquate [pour les perturbateurs endocriniens], nous arrivons à la conclusion exactement opposée. » Notre expert n’a plus qu’à se planquer sous la table : « Je suis heureux de ne pas avoir à être présent à la conférence de presse (…) pour défendre le rapport actuel (…), sachant que l’auditoire aura lu le rapport de l’OMS. Un vrai cauchemar !» Seule solution, sou­pire ce grand déprimé : « refaire notre rap­port ou, au moins, le modifier de manière significative… » Scientifiquement, bien sûr. Pif, paf, pouf, à quoi ça tient, la santé de 500 millions d’Européens…

Du rapport ou du cochon ?

A peine moins effondré, son collègue Ber­nard Bottex, qui supervise le travail du groupe, répond, en opinant du chef : « Les (…) conclusions actuelles où nous expliquons que les perturbateurs endocriniens peuvent être traités comme la plupart des autres substances chimiques (…) nous isolent du reste du monde et pourraient être difficiles à défendre, étant donné les incertitudes [et] le manque de données et de méthodes que nous avons identifiées. » Bref, on a fait un travail de cochon, et ça va se remarquer ! Il n’y a plus qu’à relancer la foire aux idées : « Toute suggestion de reformulation (…) sera bienvenue. » Ce détricotage de der­nière minute était sans doute trop com­pliqué : la conclusion du rapport n’a fina­lement pas bougé d’un iota…

Le ridicule ne tue pas. Avec l’aide de ses « experts », l’industrie repart au combat. Pour elle, il est vital de gagner du temps : le règlement européen sur les pesticides prévoit d’établir une nomenclature des perturbateurs endocriniens avant dé­cembre 2013. Une étape en forme de cou­peret : sitôt inscrits sur la liste, plusieurs pesticides, suivis d’un tas d’autres pro­duits, seront interdits. Pour les lobbies, il y a le feu au lac : un premier rapport de travail, peu favorable à leurs intérêts, a déjà été remis à la Commission euro­péenne. Commander un second rapport, inutile, à l’Efsa, était une première façon de jouer la montre. Mais il y a plus effi­cace pour gagner du temps : réclamer une étude d’impact sur le coût économique d’une éventuelle interdiction. Si c’est trop cher, tant pis pour les cancers ?

Dans les couloirs de Bruxelles, les croche-pattes de dernière minute s’en­chaînent. Le 7 juin 2013 à 9 h 30, la Di­rection générale de l’environnement tient une réunion cruciale pour approuver un projet de définition. A 14 h 04, le géant de la chimie Bayer la court-circuite et envoie un courriel au plus haut niveau de la Com­mission : au secrétariat général de Barroso. Une définition « inappropriée » des perturbateurs aurait des conséquences dé­sastreuses sur la « production agricole », plaide Bayer. Et de sortir une étude, en­core une, de son chapeau. Après le déjeu­ner — et l’ultime message de Bayer —, la réunion capote : aucune définition n’est, validée…

Vite ! Le fer est chaud, il n’y a plus qu’à le battre et à faire monter une « contro­verse scientifique » là où l’OMS et les Na­tions unies n’en voyaient aucune… Dix jours plus tard, le 17 juin 2013, un groupe de 56 experts envoie un courrier à Anne Glover, la conseillère scientifique de Barroso. Sor­tis de nulle part, sans aucune lettre de mis­sion, ces visionnaires descendent en flèche un projet qui n’est même pas encore ficelé : « Le projet actuel est basé sur une ignorance complète des principes de pharmacologie et de toxicologie. » Pas le cas de ces experts, qui connaissent leur sujet…

La victoire en chantage

Entre 2007 et 2012, le toxicologue Wolfgang Dekant, qui emmène les signataires, a cumulé à lui seul 18 contrats de re­cherche avec l’industrie. Un deuxième est consultant pour BASF. Un troisième, Gio Batta Gori, a empoché «plusieurs millions de dollars » avec l’industrie du tabac, selon des factures consultées par Stéphane Horel. Mais cela ne perturbe personne.

Le 2 juillet 2013, la secrétaire générale de Barroso, Catherine Day, se fend d’une très officielle note interne : étant donné les « vues divergentes » de la communauté scientifique « et les impacts potentiels sur l’industrie chimique et le commerce inter­national », il convient de mener « une étude d’impact », laquelle renvoie l’interdiction aux calendes grecques… Le soir même, elle gèle le processus.

Victoire sur toute la ligne, et même au-delà : l’étude d’impact vient seulement d’être lancée, deux ans plus tard. Aucune interdiction ne sera possible avant 2017. Bingo ! C’était tout le plan de l’industrie : entre-temps, les négociations sur l’accord transatlantique de libre-échange (Tafta) ont bien avancé et ont rendu l’interdiction encore plus compliquée, sous la pression américaine. Le lobbying, c’est une subtile chimie…

Source : Isabelle Barré, pour le Canard Enchaîné, juin 2015

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Une molécule qui imite, change ou bloque l’action d’une hormone et perturbe le fonctionnement de l’organisme

L’exposition à certaines substances toxiques peut par exemple perturber la fonction reproductrice, avec la création d’anomalies au niveau des organes reproducteurs, baisse de qualité du sperme, etc…

Ces substances se comportent comme des hormones et peuvent interagir avec notre système hormonal, d’où le terme de « perturbateurs endocriniens ».

Une liste des perturbateurs endocriniens

C’est bien joli tout ça, mais on entend parler de perturbateurs endocriniens à tout va, encore faudrait-il savoir identifier toutes les substances qui correspondent à ces fameux perturbateurs. Si les effets nocifs des perturbateurs endocriniens sont difficiles à prouver, la recherche actuelle se focalise sur 5 familles de substances douteuses:

Nous sommes tous exposés à ces substances toxiques via notre alimentation, notre respiration et notre peau. Par mesure de précaution, les autorités sanitaires ont défini pour certains perturbateurs endocriniens une dose maximale d’exposition. Or nos expositions sont tellement diverses et variables, qu’il est bien difficile de savoir exactement à quelle dose nous sommes réellement exposés quotidiennement, sans parler des effets combinés (exposition simultanée à plusieurs substances).

Dans quoi se cachent les perturbateurs endocriniens ?

1.Le bisphénol A

Le bisphénol A fait beaucoup parler de lui en ce moment, ce composé chimique rend les plastiques incassables et résistants à la chaleur. Autrement dit, il y en a partout et plus principalement dans les plastique dur et transparent, et même à l’intérieur des boîtes de conserve: bouteilles plastiques, gobelets, assiettes et couverts en plastique, lunettes de soleil, téléphones portables, jouets, cannettes…
S’il est aujourd’hui difficile d’y échapper, on peut au moins limiter l’usage des plastiques alimentaires : bouteilles et récipients en verre, plats en inox, etc… Et surtout, évitez de faire chauffer au four micro-ondes un plat ou une barquette en plastique, car ce fameux bisphénol A passe dans les aliments sous l’effet de la chaleur !

Evitez donc d’acheter des produits qui affichent les signes BPA ou PC (polycarbonate).

Nota : la Commission européenne a voté l’interdiction du bisphénol A dans les biberons au printemps 2011 ?!? Mais pas pour le reste, donc ce qui est dangereux pour bébé ne l’est pas pour maman ou papa ?…C’est à mourir de rire !

2. Les parabènes

Les parabènes sont des conservateurs très abondamment utilisés dans les cosmétiques, aliments, boissons et médicaments. Butylparaben ou propylparabens, également mentionné parahydroxybenzoate de propyl. Les parabènes se cachent aussi sous divers codes: E214, E215, E218, E219…

Pour ne pas se tromper au niveau de votre alimentation, privilégiez le bio pour limiter les conservateurs en général. Pour le reste lisez les étiquettes pour éviter les produits qui en contiennent. Encore plus simple, il suffit de privilégier les produits qui affichent clairement sur leur emballage : « sans parabènes ».

3. Les phtalates

Les phtalates contrairement au bisphénol A, sont incorporés aux plastiques pour leur donner de la souplesse, ils sont présents dans les emballages alimentaires, rideaux de douches, certains dispositifs médicaux, etc… Les phtalates sont également utilisés pour dénaturer l’alcool dans les produits cosmétiques et particulièrement les parfums.

Certains de ces phtalates sont interdits dans les jouets et les articles de puériculture. Une forte odeur de plastique dégagée par les produits neufs peuvent nous aider à repérer leur présence, les emballages alimentaires portant le code de recyclage n°3, le nom diéthylphtalates ou DET dans la liste des ingrédients des cosmétiques, les termes « alco(h)ol dénat » et « ethanol » indiquent également les présences de phtalates.

Nota : Pas de micro-ondes ni de lave-vaisselle pour ces plastiques, bien aérer longuement et souvent en cas d’achat de produit ou matériel plastique neuf, pour évacuer les fortes émanations de phtalates !

4. Les composés perfluorés

Les composés perfluorés sont présents dans les ustensiles de cuisson antiadhésifs, dans les produits imperméabilisés et traités antitaches (moquettes, vêtements, cartons alimentaires…).

Lorsque vous faites la cuisine, évitez de rayer les revêtements antiadhésifs et remplacez-les dès les premiers signes d’usure. Pour les vêtements et les tissus d’ameublement, favorisez les produits affichant « sans composés perfluorés » ou « sans PFOA ».

Au niveau de l’alimentation, les composés perfluorés se concentrent dans les poissons gras (saumon, maquereau…) en raison du rejet industriel.

5. Les composés polybromés

Moins connus, les composés polybromés sont des retardateurs de flamme, les (CPB & PBDE) ils sont incorporés dans les produits inflammables : sièges, télé, ordinateurs, vêtements, capitonnage, tissus d’ameublement…

Ils sont libérés petit à petit dans l’air ambiant, ils se concentrent dans l’habitacle de notre voiture, notre bureau et notre logement : il est donc impératif d’aérer tous les jours, et encore plus après l’achat de matériels et produits neufs.

Dans l’alimentation les composés polybromés s’accumulent dans les produits riches en graisses, grâce encore une fois aux rejets industriels. On en retrouve dans les poissons, le lait, la viande… Pour s’en protéger il suffit de privilégier les produits le plus naturels possibles.

Conclusion

En attendant que d’autres études évaluent et confirment les risques sanitaires réels dus à ces substances, nous devons éliminer au maximum ces molécules par quelques petits gestes quotidiens, dans le choix de notre alimentation, de nos cosmétiques, de nos ustensiles de cuisine, et en aérant quotidiennement notre logement, voiture et lieu de travail.

Source : bon-coin-santé

Voir aussi ici

Source: http://www.les-crises.fr/lhistoire-secrete-dune-victoire-des-lobbies-a-bruxelles-contre-la-sante-publique/


Notre bataille pour sauver la Grèce, par Yanis Varoufakis

Monday 27 July 2015 at 00:15

On aura cette semaine une petite série sur la traduction des interventions de Varoufakis, afin d’en apprendre un peu plus sur le dessous des tables, puisqu’on a bien vu que pour nos journalistes, les explications du contentieux UE-Grèce venait à 95 % des déclarations des ministres de l’UE… Une certaine idée de la déontologie j’imagine…

P.S. quelqu’un pourrait-il faire une traduction depuis le grec ? Me contacter merci…

Le texte intégral de la première interview de l’ancien ministre des finances grec depuis sa démission.

Par Harry Lambert – paru le 13 juillet 2015 à 17h37

Yanis Varoufakis se sent « aux anges » depuis que son rôle dans les pourparlers sur la crise s’est achevé. Photo : Getty

Cet entretien a eu lieu avant l’accord.

Harry Lambert : Alors, comment vous sentez-vous ?

Yanis Varoufakis : Je me sens aux anges – je n’ai plus à me soumettre à cet emploi du temps surchargé, absolument inhumain, tout simplement inconcevable. J’ai dormi deux heures par jour pendant cinq mois… Je suis également soulagé de ne plus avoir à supporter cette pression incroyable, d’avoir à négocier une position que je considère difficile à défendre, quand bien même j’arriverais à obtenir l’approbation de l’autre bord, si vous voyez ce que je veux dire.

HL : Comment était-ce ? Y a-t-il des aspects que vous avez appréciés ?

YV : Oh, beaucoup. Mais ce que cela vous permet de voir de l’intérieur… de voir vos pires craintes confirmées… Que les « puissances établies » s’adressent directement à vous, et qu’il en soit comme vous le craigniez – la situation était encore pire qu’on l’imaginait ! C’était donc amusant, d’être en première ligne.

HL : À quoi faites-vous allusion ?

YV : À l’absence totale de scrupules démocratiques, de la part des soi-disant défenseurs de la démocratie européenne. Et d’autre part le sentiment très clair que nous sommes sur la même longueur d’onde en ce qui concerne l’analyse – bien sûr, cela ne sortira plus maintenant. Et néanmoins d’avoir des personnages très puissants qui vous regardent dans le blanc des yeux et vous disent : « Vous avez raison dans ce que vous dites, mais ça ne nous empêchera pas de vous écraser de toute façon. »

HL : Vous avez déclaré que les créanciers s’opposaient à vous parce que « j’essaie de parler économie dans l’Euro-groupe, ce que personne ne fait ». Qu’est-ce qui s’est passé lorsque vous l’avez fait ?

YV : Ce n’est pas tant que cela ne se soit pas bien passé – c’est qu’il y avait un refus catégorique d’entrer dans des arguments économiques. Catégorique… Vous avancez un argument que vous avez vraiment travaillé – pour vous assurer qu’il est logiquement cohérent – et vous avez tout simplement des regards vides en réponse. C’est comme si vous n’aviez rien dit du tout. Ce que vous dites n’a aucun rapport avec ce qu’ils disent. Vous auriez tout aussi bien pu chanter l’hymne national suédois – vous obtiendriez la même réponse. Et c’est assez effrayant, pour qui est habitué aux débats universitaires… Le camp d’en face participe toujours. Là, il n’y avait aucune participation, d’aucune sorte. Ce n’était même pas de l’ennui, c’était comme si vous n’aviez tout simplement pas parlé.

HL : Lorsque vous êtes arrivé, début février, cela ne peut avoir été une position commune ?

YV : Oh, il y avait des gens très sympathiques personnellement parlant – vous savez, en privé, de façon informelle, particulièrement au FMI. [HL : « Au plus haut niveau ? » YV : « Au plus haut niveau, au plus haut niveau. »] Mais une fois dans le cadre de l’Euro-groupe, quelques politesses, et c’est fini, retour derrière les parapets de la version officielle.

[Mais] Schäuble a été cohérent tout du long. Son point de vue était le suivant : « Je ne vais pas discuter le programme – cela a été accepté par le gouvernement précédent, et nous ne pouvons tout simplement pas permettre à une élection de remettre tout en question. Pour la raison que nous avons des élections en permanence, nous sommes 19, si chaque élection devait changer quelque chose, les traités entre nous n’auraient aucune valeur. »

A ce point, il m’a fallu me dresser et dire : « Eh bien, peut-être dans ce cas devrions-nous suspendre toute élection dans les pays endettés », et il n’y a pas eu de réponse. La seule interprétation que je puisse donner [de leur point de vue], c’est : « Oui, ce serait une bonne idée, mais difficile à mettre en œuvre. Donc, soit vous signez sur la ligne en bas, soit vous disparaissez. »

HL : Et Merkel ?

YV : Il faut que vous compreniez que je n’ai jamais eu affaire à Merkel ; les ministres des finances parlent aux ministres des finances, les premiers ministres parlent aux chanceliers. D’après ce que j’ai compris, elle était différente. Elle a essayé d’apaiser le premier ministre [Tsipras] – elle lui a dit : « On trouvera une solution, ne vous inquiétez pas, je ne laisserai rien d’horrible se produire, faites simplement vos devoirs et travaillez avec les institutions, travaillez avec la Troïka, il ne peut y avoir d’impasse. »

Ce ne n’est pas ce que j’ai entendu de mon côté – le président de l’Euro-groupe et le Dr Schaüble ont été tous deux très clairs. Au bout d’un moment il m’a été signifié sans ambiguïté : « Ceci est un cheval, ou vous montez dessus, ou bien c’est mort. »

HL : D’accord, et quand était-ce ?

YV : Dès le début, dès le tout début. [La première rencontre a eu lieu début février.]

HL : Alors pourquoi faire traîner les choses jusqu’à l’été ?

YV : Eh bien, il n’y avait pas le choix. Notre gouvernement avait reçu un mandat pour négocier. Donc notre premier mandat était d’élaborer l’espace et le temps nécessaires pour négocier et obtenir un autre accord. C’était cela, notre mandat – négocier, pas en venir aux mains avec nos créanciers.

Les négociations ont duré une éternité, parce que de l’autre côté on refusait de négocier. Ils insistaient pour obtenir un « accord exhaustif », autrement dit ils voulaient parler de tout. Mon interprétation est que lorsque vous voulez tout aborder, vous ne voulez rien aborder. Mais nous avons continué comme ça.

Et voyez, il n’y avait aucune position proposée sur quoi que ce soit par eux, aucune. Ainsi ils ont … laissez-moi vous donner un exemple. Ils disaient : on a besoin de toutes vos données sur le chemin fiscal que la Grèce parcourt, on a besoin de toutes les données sur les entreprises publiques. Alors nous passons beaucoup de temps pour leur livrer toutes les données, répondre à des questionnaires, avoir des rencontres à n’en plus finir pour transférer les données.

C’était la phase numéro un. Dans la seconde, ils nous demandent ce que nous voulons faire au sujet de la TVA. Alors ils refusent notre proposition sans pour autant en faire une de leur côté. Et puis, avant que nous n’ayons une chance de conclure sur la TVA avec eux, ils changent de sujet, par exemple les privatisations. Ils nous demandent ce que nous voulons faire concernant les privatisations, nous faisons une proposition, ils la refusent. Alors ils changent de sujet à nouveau, les pensions par exemple, puis les marchés de produits, puis les relations employeurs-employés, puis toutes sortes d’autres choses, vous voyez ? C’était comme un chat qui chasse sa propre queue.

Nous avions l’impression, le gouvernement avait l’impression qu’on ne pouvait pas interrompre le processus. Voyez, ma suggestion dès le début était : Voilà un pays qui a fait naufrage, qui a fait naufrage il y a longtemps. … Sûrement, il faut réformer ce pays – on est d’accord là-dessus. Parce que le temps pressait et parce que pendant les négociations, la banque centrale extrayait la liquidité [des banques grecques] pour nous mettre sous pression, pour que nous pliions, ma proposition immuable à la Troïka était assez simple : mettons-nous en accord sur trois ou quatre réformes importantes au sujet desquelles il y a consensus, comme le système d’imposition, la TVA, et allons les mettre en œuvre sur-le-champ. Et vous allez réduire les restrictions de liquidité de la BCE. Vous voulez un accord total – continuons de négocier – et entre-temps, introduisons ces réformes au parlement, en accord entre nous et vous.

Et ils disaient : « Non, non, il faut que ce soit une révision totale. On ne mettra rien en œuvre si vous osez introduire une proposition de loi. On verra cela comme une action unilatérale et inamicale au processus de négociation. » Et alors, quelques mois plus tard, ils glisseront aux medias que nous n’avons pas réformé le pays et que nous perdions du temps ! Et ainsi … [gloussements] on était mené en bateau, dans les grandes largeurs.

Ainsi, le temps passant, la liquidité s’est tarie presque complètement, et nous étions en défaut ou en quasi-défaut de paiement envers le FMI, alors ils ont présenté leurs propositions qui étaient absolument impossibles… complètement non viables et toxiques.

HL : Avez-vous tenté de collaborer avec les gouvernements d’autres pays endettés ?

YV : La réponse est non, et la raison en est très simple : dès le tout début, ces pays en question nous déclaraient on ne peut plus ouvertement qu’ils étaient les ennemis les plus énergiques de notre gouvernement, dès le tout début. Et la raison, évidemment, c’était que notre succès aurait été leur pire cauchemar : si nous parvenions à négocier un meilleur accord pour la Grèce, cela les détruirait politiquement, ils auraient à se justifier devant leur propre peuple, expliquer pourquoi ils n’avaient pas négocié comme nous.

HL : Et quant à s’allier avec des partis qui avaient de la sympathie pour vous, comme Podemos ?

YV : Pas vraiment. Je veux dire, nous avions de bonnes relations avec eux mais ils ne pouvaient rien faire de toute façon – leur voix ne pouvait parvenir à l’intérieur de l’Euro-groupe. Et concrètement, plus ils s’exprimaient en notre faveur, plus le ministre des finances espagnol s’opposait à nous.

HL : Et George Osborne ? Quelle était la nature de vos relations avec lui ?

YV : Oh très bonnes, très agréables, excellentes. Mais il n’est pas dans le circuit, il ne fait pas partie de l’Euro-groupe. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de discuter avec lui et vous pouviez voir une vraie empathie. Et effectivement, si vous lisez le Telegraph, les plus grands supporters de notre cause ont été les Tories ! A cause de leur Euroscepticisme, heu… ce n’est pas seulement de l’Euroscepticisme ; c’est une vision burkéenne de la souveraineté du Parlement – dans notre cas, il était très clair que notre Parlement était considéré comme quantité négligeable.

HL : Quel a été le principal problème s’agissant de la façon dont l’Euro-groupe fonctionne ?

YV : Pour prendre un exemple, il y a eu un moment où le président de l’Euro-groupe [Jeroen Dijsselbloem, le ministre des finances des Pays-Bas et président du MES, NdT] a décidé d’entrer en opposition avec nous et nous a effectivement réduits au silence et a fait comprendre que la Grèce était sur la voie de sortie de l’Euro-zone… Il existe une règle qui veut que tout communiqué de l’Euro-groupe doit recueillir l’unanimité et que le président ne peut décider de convoquer une réunion de l’Euro-zone et en exclure un état-membre. Et lui a dit : « Oh je suis sûr que je peux faire ça. » Alors j’ai demandé un avis juridique. Cela a créé une petite confusion. Pendant 5 à 10 minutes la réunion a été suspendue, des juristes, des officiels se sont mis à se parler les uns les autres, au téléphone, et finalement un expert quelconque s’est adressé à moi pour me dire ceci : « Eh bien, l’Euro-groupe n’a pas d’existence juridique, il n’existe aucun traité qui régit l’Euro-groupe. »

Nous sommes donc en présence d’un groupe sans existence juridique qui a rien moins que le pouvoir de décider de la vie des Européens. Personne ne peut y opposer quoi que ce soit étant donné qu’il n’existe pas légalement. Aucun compte rendu des débats n’est donc rédigé, tout est totalement confidentiel. Et donc aucun citoyen ne peut savoir ce qui s’y dit. … On y aborde des questions quasi de vie ou de mort et aucun membre n’a à répondre de quoi que ce soit à personne.

HL : Et le groupe est-il guidé par les attitudes allemandes ?

YV : Oh totalement. Pas les attitudes – par le ministre des finances allemand. Cela ressemble à un orchestre parfaitement accordé dont il serait le chef d’orchestre. La partition est parfaitement exécutée. Il peut arriver que l’orchestre fasse une fausse note, alors il intervient et tout rentre dans l’ordre.

HL : N’y a-t-il aucun contre-pouvoir à l’intérieur de l’Euro-groupe, est-ce que les Français peuvent s’y opposer ?

YV : Le ministre français des finances a été le seul à faire entendre quelques sons différents de la ligne allemande, des sons très subtils. Vous sentiez qu’il devait choisir ses mots avec précaution pour ne pas apparaitre comme un opposant. Et en dernière analyse, quand « Doc » Schäuble répondait et déterminait la ligne officielle, le ministre français finissait par se coucher et accepter.

HL : Parlons de votre bagage théorique, et de votre ouvrage sur Marx en 2013, lorsque vous disiez :

« Une sortie de la Grèce, du Portugal ou de l’Italie de la zone Euro entraînerait rapidement une dislocation du capitalisme européen, générant une région à surplus récessionnaire marquée à l’est du Rhin et au nord des Alpes, tandis que le reste de l’Europe serait en proie à une stagflation brutale. D’après vous, qui bénéficierait de cette évolution ? La gauche progressiste, se relevant telle un phénix des cendres des institutions européennes ? Ou les nazis d’Aube Dorée, les néofascistes de toutes sortes, les xénophobes et les voyous ? Je n’ai pas le moindre doute sur lequel des deux se débrouillerait le mieux d’une désintégration européenne. »

HL : … donc un Grexit ajouterait inévitablement de l’eau au moulin d’Aube Dorée, vous le pensez toujours ?

YV : Eh bien, écoutez, je ne crois pas à une version déterministe de l’Histoire. Syriza est maintenant une force dominante. Si nous arrivons à nous sortir de ce pétrin unis, et à organiser un Grexit de façon ordonnée… nous pourrions trouver une solution. Mais je ne suis pas sûr que nous puissions y arriver, parce que mettre en œuvre la dislocation d’une union monétaire requiert un grand niveau d’expertise, et je ne suis pas sûr que nous y arriverions en Grèce sans renforts extérieurs.

HL : Vous avez dû réfléchir à un Grexit dès le premier jour…

YV : Oui, tout à fait.

HL : … avait-on fait des préparatifs ?

YV : La réponse sera oui et non. Nous avions un petit groupe, un « cabinet de guerre » au sein du ministère, d’à peu près cinq personnes qui s’en occupaient : et donc nous avons travaillé en théorie, sur le papier, sur tout ce qui devait être fait [pour se préparer à un Grexit]. Mais c’est une chose de le faire à 4 ou 5 personnes, c’en est une toute autre de préparer le pays pour ça. Pour y préparer le pays, l’exécutif devait prendre une décision, et il ne l’a jamais prise.

HL : Et au cours de la semaine écoulée, était-ce une décision vers laquelle vous pensiez vous diriger [se préparer pour un Grexit] ?

YV : De mon point de vue, il nous fallait faire extrêmement attention à ne pas la mettre en branle. Je ne voulais pas en faire une prédiction auto-réalisatrice. Je ne voulais pas en faire une illustration de cette fameuse phrase de Nietzsche parlant de celui qui, s’il contemple trop l’abîme, sera à son tour contemplé par l’abîme. Mais j’ai également pensé que, du moment ou l’Euro-groupe avait fermé les banques, il nous fallait accélérer le processus.

HL : D’accord. Il restait donc deux options si je comprends bien – un Grexit immédiat ou imprimer des IOU et prendre le contrôle de la Banque Centrale [entraînant potentiellement mais pas nécessairement un Grexit] ?

YV : Bien sûr, bien sûr. Je n’ai jamais cru que nous devions aller directement vers une nouvelle devise. Mon opinion était – et c’était celle du gouvernement – que s’ils osaient fermer nos banques, ce que je considérais comme une manœuvre agressive d’une puissance incroyable, nous devions répondre de manière agressive mais sans franchir le point de non-retour.

Nous devions imprimer nos propres IOU ou tout au moins annoncer que nous allions le faire, nous devions faire un haircut sur les obligations du Trésor de 2012 que détient la BCE, ou annoncer que nous allions le faire ; et nous devions prendre le contrôle de la Banque Centrale. C’était le tryptique, les trois choses que nous devions faire si la BCE fermait nos banques.

… J’avais prévenu le gouvernement que c’est ce qui allait arriver [la fermeture des banques par la BCE] pendant un mois, dans le but de nous amener à signer un accord humiliant. Ce qui est arrivé – et de nombreux collègues n’en croyaient pas leurs yeux – c’est que ma recommandation de répondre « énergiquement » a été rejetée.

HL : Et il s’en est fallu de beaucoup ?

YV : Eh bien laissez-moi vous dire que sur six personnes nous étions deux… Comme ma recommandation a été rejetée, j’ai reçu pour ordre de fermer les banques en coordination avec la BCE et la Banque Centrale grecque, ce à quoi j’étais opposé, mais je l’ai quand même fait, parce que j’ai l’esprit d’équipe, je crois en la responsabilité collective.

Et puis le référendum est arrivé, et il nous a donné un coup de boost, un de ceux qui aurait justifié ce type de réponse énergique [son plan] à la BCE, mais cette nuit-là le gouvernement a décidé que la volonté populaire, ce « Non » très clair, ne devait pas servir à alimenter cette approche énergique.

Au contraire, il devait mener à de larges concessions au camp adverse : la réunion du conseil des leaders politiques, avec notre premier ministre acceptant d’emblée que quoi qu’il arrive, quoi que la partie adverse fasse, nous ne répondrions jamais d’une quelconque manière défiante. Et ça signifie essentiellement plier. … Vous cessez de négocier.

HL : Donc vous ne gardez plus beaucoup d’espoir que cet accord soit meilleur que celui de la semaine passée – il sera pire dans tous les cas ?

YV : Il sera pire dans tous les cas. Je garde espoir que notre gouvernement insistera sur la restructuration de la dette mais je ne vois pas comment le ministre des finances allemand pourrait s’engager là-dessus lors de la réunion à venir de l’Euro-groupe. S’il le fait, ce sera un miracle.

HL : Exactement – parce que, comme vous l’avez expliqué, votre marge de manœuvre a disparu à cet instant ?

YV : Je le crois, je le crois. A moins qu’il [Schaüble] prenne ses ordres de la chancelière. Il reste hautement improbable qu’elle s’engage là-dessus.

HL : Reprenons un peu de recul. Pourriez-vous expliquer, en termes profanes pour nos lecteurs, vos remarques à propos du Capital de Piketty ?

YV : Eh bien, laissez-moi exprimer en premier lieu mon embarras, parce que Piketty nous a grandement soutenus, moi et le gouvernement, et j’ai été affreux envers lui dans ma critique de son livre ! J’apprécie réellement ses positions au cours des derniers mois, et je compte le lui dire lorsque je le rencontrerai en septembre.

Mais je maintiens mes critiques envers son ouvrage. Son intuition est correcte. Son horreur des inégalités… [inaudible]. Toutefois, son analyse va à l’encontre de cet argument, pour autant que je sache. Pour la raison que, dans son livre, le modèle néoclassique du capitalisme ne laisse que très peu d’espace pour monter le dossier qu’il veut établir, sauf à construire un modèle doté d’un jeu de paramètres très détaillés, ce qui sape l’objet de son propos. En d’autres termes, si je m’opposais à sa thèse selon laquelle l’inégalité est inhérente au capitalisme, je serais capable de démonter son dossier en m’attaquant à son analyse.

HL : Je ne voudrais pas que nous entrions trop dans les détails, parce que cela sera coupé au montage…

YV : Oui…

HL : … mais il s’agit de sa façon de mesurer la richesse ?

YV : Oui, il utilise une définition du capital qui rend le capital impossible à appréhender – il y a donc contradiction dans les termes. [Cliquez ici http://yanisvaroufakis.eu/2014/10/08/6006/ pour accéder à la critique du Capital de Piketty par Y. Varoufakis.]

HL : Revenons à la crise. Je ne comprends que très peu de choses à propos de vos relations avec Tsipras…

YV : Je le connais depuis fin 2010, parce que j’étais un critique ardent du gouvernement à cette époque, même si fut un temps j’en avais été proche. J’étais proche de la famille Papandréou – je le suis toujours, d’une certaine façon – mais je suis devenu connu … A l’époque, c’était franchement nouveau qu’un ancien conseiller déclare : « Nous nous comportons comme si la faillite n’avait pas eu lieu, nous essayons de la couvrir avec des nouveaux prêts qui ne sont pas viables », ce genre de choses.

Cela a provoqué des remous à l’époque, et Tsipras était un jeune leader, essayant de comprendre ce qui se passait, ce qu’était la crise, et quelle position adopter.

HL : Y a-t-il eu une première rencontre dont vous vous rappeliez ?

YV : Oh, oui. C’était fin 2010, nous étions allés dans une cafétéria, nous étions trois, et dans mon souvenir il n’était pas clair dans sa position, à propos du drachme contre l’euro, sur les causes de la crise, et je l’ai vraiment, je dirais, « recadré » sur ce qui se passait. Et ça a été le début d’un dialogue qui s’est prolongé sur des années et qui a… Je crois que je l’ai aidé à mettre au point sa vision de ce qui devait être fait.

HL : Alors qu’est-ce que cela fait, après quatre ans et demi, de ne plus travailler à ses côtés ?

YV : Oh, je ne le vois pas comme ça, j’ai le sentiment que nous sommes très proches. Notre séparation s’est faite de façon très amicale. Il n’y a jamais eu de problème sérieux entre nous, pas jusqu’à aujourd’hui. Et je suis très proche d’Euclide Tsakalotos [le nouveau ministre des finances].

HL : Et je suppose que vous vous entretenez de nouveau avec eux cette semaine ?

YV : Je n’ai pas parlé au premier ministre cette semaine, ces deux derniers jours, mais je parle avec Euclide, oui, et je considère Euclide comme un proche, et vice-versa, et je ne l’envie pas du tout. [Rires]

HL : Seriez-vous choqué si Tsipras démissionnait ?

YV : Rien ne me choque ces derniers temps – notre zone Euro est un endroit très inhospitalier pour les honnêtes gens. Cela ne me choquerait pas davantage qu’il reste et accepte un très mauvais accord. Parce que je comprends qu’il se sente une obligation envers les gens qui le soutiennent, qui nous soutiennent, pour ne pas laisser ce pays devenir un état en faillite.

Mais je ne vais pas renier ma propre opinion, que j’ai formulée en 2010, selon laquelle ce pays devrait cesser de jouer les prolongations et de faire semblant, que nous devrions cesser de contracter de nouveaux emprunts et faire comme si le problème avait été résolu, alors que ce n’est pas le cas, alors que nous avons rendu notre dette encore moins viable en instaurant davantage d’austérité, laquelle contracte toujours plus notre économie et alourdit encore le fardeau des dépossédés, créant une crise humanitaire. C’est quelque chose que je ne peux pas accepter. Je n’en serai pas l’artisan.

HL : Dernière question : garderez-vous des liens avec certaines personnes avec lesquelles vous avez dû négocier ?

YV : Hum, je ne suis pas sûr. Je ne donnerai pas de noms, je n’ai pas envie de ruiner leur carrière ! [Rires]

Source : New Statesman, le 13/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/transcription-integrale-de-linterview-de-yanis-varoufakis-notre-bataille-pour-sauver-la-grece/


François Hollande: contradictions et démagogie

Sunday 26 July 2015 at 01:11

Le dimanche 19 juillet, le Président de la République, M. François Hollande, a fait deux déclarations dans des registres très différents. La première fut faite dans le cadre d’une lettre envoyée au Journal du Dimanche à l’occasion du 90ème anniversaire de Jacques Delors[1]. Elle porte sur l’Europe, l’Union européenne et l’organisation de la zone Euro. La seconde déclaration a été faite en Lozère le samedi 19 juillet, où se rendait le Président de la République pour assister au passage du Tour de France[2]. Face à la grave crise que subissent les éleveurs français, il a appelé les français à manger de la viande française. En apparence ces deux déclarations ne portent pas sur la même chose. La première est l’annonce, honnête ou non, d’un projet de transformation de certaines des institutions européennes dans un sens plus « fédéral ». La seconde se voulait une réaction à la crise grave que subit l’élevage en France, qu’il s’agisse de la filière dite de la viande bovine, de la filière du lait ou de celle de la viande de porc. En apparence, il s’agit donc d’un problème de politique intérieure. Mais en apparence seulement. Car, demander aux français de consommer avant tout de la viande élevée et abattue en France revient en réalité à faire du protectionnisme et même plus, à se prononcer pour une forme d’autarcie. A l’inverse, l’avancée vers des institutions fédérales aboutit exactement à l’inverse. De fait, l’un des arguments avancés en faveur de l’Euro était qu’il devait permettre une unification des marchés des pays considérés, rendant impossible toute forme de protectionnisme. Jamais la contradiction dans le discours du Président François Hollande n’aura été aussi visible, aussi patente, aussi constitutive de sa vision de la politique.

François Hollande et le gouvernement de la zone Euro

L’annonce d’un changement des institutions européennes vient donc à la fin de cette lettre ; ce sont les dernières phrases : « J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique. Partager une monnaie, c’est bien plus que vouloir une convergence. C’est un choix que 19 pays ont fait parce que c’était leur intérêt. Nul gouvernement d’ailleurs depuis quinze ans n’a pris la responsabilité d’en sortir. Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête parce que, comme Jacques Delors nous l’a montré, elle se grandit toujours quand elle est à l’initiative de l’Europe ». Quand François Hollande propose un « parlement de la zone Euro » afin d’en assurer le « contrôle démocratique » il ne répond pas au problème réel de la zone Euro, qui s’est révélé dans la crise grecque. En fait, ce contrôle démocratique pourrait très bien se faire de manière bien plus simple. Si l’on pensait sérieusement que tel était le problème, on pourrait le résoudre en institutionnalisant l’Eurogroupe, qui rappelons le n’a pas d’existence légale dans les traités, et en le soumettant au contrôle du Parlement européen. Nul besoin de créer de nouvelles institutions ni un nouveau Parlement dont on avoue ne pas saisir très bien la relation avec celui déjà existant. Cette prolifération des institutions n’est pas sans évoquer certains souvenirs. On se souvient du mot de Georges Clémenceau, lors de débats sous la troisième république : « quand je veux enterrer un problème, je créé une commission ». Il s’applique à merveille à l’idée de François Hollande. Donc, si on voulait soumettre l’Eurogroupe à un contrôle démocratique, les représentants des 19 pays de la zone Euro pourraient se réunir en comité restreint et superviser les décisions de l’Eurogroupe, mais aussi de la Banque Centrale Européenne. Il n’est nullement nécessaire d’élire un nouveau Parlement. Reste la question du budget. Et cette question soulève un problème, celui-ci bien réel, mais fort différent de ce que prétend le Président de la République.

Mais quel est ce problème réel ? C’est bien le refus de la part de l’Allemagne de faire fonctionner une « union de transfert » dans le cadre de la zone Euro. Ce refus, on peut le regretter au nom de la « solidarité » qui est évoquée dans cette même lettre, mais on peut aussi le comprendre. Car il convient maintenant de dire qu’une union de transfert impliquerait une ponction budgétaire énorme sur l’Allemagne, calculée entre 8% et 12% du PIB par an. On voit que cela n’a rien à voir avec une « organisation renforcée » et une « avant garde ». C’est un problème très simple, que tout étudiant en licence en économie comprend. Si les régions d’un même pays, en dépit de leurs différences en richesse et en dotation de capital (matériel et humain) peuvent vivre avec la même monnaie, c’est grâce au budget qui transfert massivement des ressources. C’est la situation dans tous les pays, comme on l’a vu aux Etats-Unis, quand certains Etats ont connu des difficultés importantes, mais aussi en Allemagne ou en Inde, pour ne parler ici que des pays fédéraux. Sauf que la zone Euro n’est pas un pays, on le voit dans les différences de cultures politiques, et qu’elle refuse, en particulier dans le traité de l’UEM, la notion d’union de transfert. Dès lors, la seule forme d’ajustement possible passe par ce que l’on appelle des « dévaluations internes », autrement dit des politiques extrêmement récessives. Evoquer un « gouvernement de la zone Euro » sans aborder la question des transferts n’est donc pas honnête.

La raison d’un hors-sujet

Alors, pourquoi parler de « démocratie » quand il est évident que le problème primordial est celui des transferts ? Si le président de la République était un étudiant, on dirait qu’il est hors-sujet. Mais, François Hollande n’est pas stupide, contrairement à ce que d’aucuns croient. Il a parfaitement compris les conséquences désastreuses de l’accord, ou plus exactement du diktat, même Strauss-Kahn utilise ce terme, imposé à la Grèce. Il en voit surtout les conséquences politiques. Et, en politicien qu’il est il pense qu’il faut répondre à un problème politique par une « solution » politique. Sauf, que cette solution est d’une part superfétatoire – si l’on voulait réellement démocratiser la zone Euro cela peut se faire plus simplement autrement par l’institutionnalisation de l’Eurogroupe – et d’autre part ne répond nullement au problème fondamental de la zone Euro. Alors pourquoi a-t-il fait cette proposition ? Très probablement pour faire ce que l’on appelle de « l’enfumage ».

En fait, il prend position pour l’élection présidentielle de 2017 sous couvert de parler d’Europe. Et ceci se voit un peu plus haut dans sa lettre : « Les populistes se sont emparés de ce désenchantement et s’en prennent à l’Europe parce qu’ils ont peur du monde, parce qu’ils veulent revenir aux divisions, aux murs, aux grillages ». Dans cette phrase, il pratique la confusion à grande échelle. Tout d’abord en prétendant que la peur du monde explique le dégout de l’Union européenne. Puis en confondant délibérément Europe et Union européenne. Il est clair que ce sont les abus des institutions de l’UE qui engendrent un rejet aujourd’hui grandissant de l’UE. Et, la manière dont la Grèce a été traitée n’est que l’un de ces abus, mais assurément le plus grave et le plus spectaculaire. Il n’y a nulle « peur du monde ». Mais, il y a un rejet de ce que représentent Mme Merkel, M. Juncker et M. Dijsselbloem. Il entend enfermer les opposant à l’Euro, et les opposants à l’UE dans la cage des rétrogrades. Pourtant, quand on voit comment l’UE fonctionne, et comment la zone Euro est gérée, on peut se demander si les véritables rétrogrades ne sont pas justement Mme Merkel, M. Juncker et M. Dijsselbloem, mais aussi M. François Hollande. Si, le véritable obstacle au mouvement et au progrès n’est pas cette conception particulière des institutions européennes, que nous avons héritée de Jacques Delors, mais aussi de Jean Monnet. Cette vision technocratique et anti-démocratique de l’Europe, fondée sur la négation de la souveraineté, c’est une vision du XIXème siècle, c’est la vision du Congrès de Vienne, alors que nous en sommes au XXIème. En pratiquant toutes ces confusions, en s’abritant derrière ces rideaux de fumées, en s’inventant des ennemis imaginaires, François Hollande est bien entré en campagne électorale. Qu’il l’ait fait alors que ce déroulait ce drame symbolique du viol de la souveraineté grecque montre que s’il n’est pas dénué d’intelligence, son intelligence est étriquée, formatée, sèche, stérile, et dépourvue de ce qui devrait en être la principale qualité : la puissance d’imagination.

Manger français?

Et cela, on le constate dans la seconde déclaration. En effet, si on la prend au pied de la lettre ce n’est même pas une incitation au protectionnisme, mais directement à l’autarcie. Nous ne mangerions que ce que nous produirions. Si l’on veut alors parler de « peur du monde », de « grillages », nous sommes amplement servis. François Hollande aurait pu plaider pour une certaine qualité de nourriture, dire que la viande élevée en France présentait, dans certains cas, plus de garanties, tant sanitaires qu’alimentaires, sur des produits importés. Il aurait pu, au passage, condamner l’importation dans notre pays de ce modèle des usines à viande, comme les « fermes des mille vaches ». Notons, au passage, que cette position, qui est respectable et qui serait digne d’être soutenue, est parfaitement contradictoire avec le Traité Transatlantique, ou TAFTA, qui est actuellement négocié dans la plus parfaite obscurité, par la Commission européenne. François Hollande va-t-il donc appeler à rejeter ce traité, remettre en cause tout le processus européen ? Bien sur que non ; et pour justifier sa position il nous ressortira la grande tirade sur ceux qui «…s’en prennent à l’Europe parce qu’ils ont peur du monde, parce qu’ils veulent revenir aux divisions, aux murs, aux grillages ».

Il y a donc une incohérence profonde dans ce qu’a dit notre Président. Cette incohérence tient à ce qu’une partie du discours est juste : oui, la viande produite en France offre plutôt plus de garanties tant d’un point de vue sanitaire que d’un point de vue gustatif sur la viande produite dans de véritables « usines à viande » aux Etats-Unis ou en Allemagne. La meilleure réponse serait alors d’établir des critères quant aux conditions de production et de taxer, voire d’interdire, toute viande d’importation ne répondant pas à ces critères. Ce n’est plus de l’autarcie mais du protectionnisme, car cela autorise toujours l’importation de viandes moyennant qu’elles soient produites dans des conditions que nous trouvons acceptables. Notons aussi que l’on pourrait se coordonner avec des pays dont les exploitations agricoles sont du même type que le notre pour l’élaboration en commun de labels de qualités (les AOP et AOC) et une organisation du marché (avec des quotas pour le lait) qui permettraient à la fois de garantir un niveau de vie décent aux éleveurs sans les mettre sous perfusion avec des aides, ce que l’on va encore faire, et de maintenir un niveau de qualité adéquat. Cette politique impliquerait une restructuration de la commercialisation et impliquerait la constitution de filières intégrées allant de l’élevage à la commercialisation, sans doute de structures coopératives. Seulement, il faut savoir que tout ceci a été pratiqué et a été démantelé au nom de l’Union européenne et dans une logique dite « de grand marché ».

Entre le libre-échange intégral, qui provoque des désertifications de territoires, des crises alimentaires, qui conduit à accepter une alimentation au goût standardisé, et l’autarcie, il y a une solution, celle d’une maîtrise du marché par un protectionnisme intelligent qui associe dans des circuits courts les producteurs et les consommateurs. Mais, il faut savoir qu’une telle politique est aujourd’hui contradictoire avec les intérêts de certains pays, et certainement contradictoires avec les règles de l’Union européenne.

On mesure alors toute la contradiction révélée par ces deux déclarations quasi-simultanées de François Hollande. Mais, il y a une raison à cette contradiction.

François Hollande en campagne

Il est désormais évident que François Hollande est en campagne pour l’élection présidentielle de 2017. Mais, il n’a ni projet ni programme. Le parti qui est le sien, le parti dit « socialiste », est depuis plusieurs années en état de coma dépassé. Il n’y a plus de réflexion globale en son sein. Tous les courants où une certaine recherche intellectuelle, et quel que soit le jugement que l’on porte sur cette recherche, se faisait jour ont été marginalisés. Confronté à la montée du ressentiment contre les institutions européennes, ressentiment qui aujourd’hui touche des couches très différentes de la population française et qui est amplement justifié par leur mode de fonctionnement, il cherche des échappatoires, qui à enfourcher un fois le cheval de l’européisme le plus absolu, mais aussi le plus incohérent, et l’autre celui d’une revendication autarcique que pourraient reprendre à leur compte les identitaires. En vérité, l’absence de réponse aux problèmes de fond le contraint à ces exercices de styles. Et cela porte un nom en politique. On appelle cette tactique qui consiste à flatter chaque segment de son électorat, quitte à faire des promesses parfaitement contradictoires, et sans s’adresser au peuple tout entier, de la démagogie.

Ainsi, sous le couvert d’un homme politique qui se veut sérieux et responsable, c’est bien le masque du démagogue que l’on trouve. Mais, le démagogue est obligé pour ne pas être démasqué, d’accuser de démagogie ses adversaires. Ainsi, on verra, sans nul doute, fleurir dans le discours de François Hollande d’ici 2017 les accusations de démagogie et de populisme portées contre ses adversaires. Nous savons désormais que ces accusations ne font que refléter la démagogie profonde du projet de François Hollande.

[1] Journal du Dimance, François Hollande, « François Hollande : “Ce qui nous menace, ce n’est pas l’excès d’Europe, mais son insuffisance” », 19 juillet 2015,http://www.lejdd.fr/Politique/Francois-Hollande-Ce-qui-nous-menace-ce-n-est-pas-l-exces-d-Europe-mais-son-insuffisance-742998

[2] http://www.francetvinfo.fr/economie/crise/prix-de-la-viande-francois-hollande-en-appelle-au-patriotisme-des-consommateurs_1004661.html

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 21 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/francois-hollande-contradictions-et-demagogie/


Revue de presse du 26/07/2014

Sunday 26 July 2015 at 00:22

La sélection d’articles pour cette semaine. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-26072014/


“Nous sommes passés dans l’allégeance au suzerain américain”, par Jean-Pierre Chevènement

Saturday 25 July 2015 at 01:41

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à Marianne, vendredi 10 juillet 2015. Propos recueillis par Anne Rosencher et Alexis Lacroix.

"Nous sommes passés dans l'allégeance au suzerain américain"

MARIANNE : Les événements récents ont donné matière à s’interroger sur la place de la France, sur sa capacité à tenir son rang et à se faire entendre. On a notamment appris il y a deux semaines que la NSA avait mis sur écoutes trois présidents français. Ces révélations ont donné lieu à quelques froncements de sourcils mollement mis en scène. Notre réaction a-t-elle été suffisante ?

Jean-Pierre Chevènement : Le général de Gaulle eût été beaucoup plus sourcilleux. Depuis cette époque, et surtout depuis les événements du 11 septembre 2001, il s’est développé un système d’écoutes généralisées, facilité par les progrès fulgurants des technologies de l’espace et des télécommunications, contre lequel il est difficile de lutter. Mais dans cette affaire, ce qui m’a le plus frappé, ce fut la révélation que le Bundesnachrichtendienst – le service de renseignements allemand – avait effectué des écoutes pour le compte de la NSA. J’y ai vu là un partage du travail assez révélateur de la situation de l’Europe actuelle : l’Allemagne est la puissance décisionnaire en matière économique, financière, monétaire, mais pour tout ce qui relève de la grande politique, comme les relations avec la Russie, il faut qu’il soit clair que les Etats-Unis tiennent le manche. Dans l’affaire qui nous intéresse, on aurait été en droit d’attendre au moins que le gouvernement des Etats-Unis présente ses excuses à la France.

Barack Obama s’est excusé, non ?

Pas exactement. Le président des Etats-Unis s’est borné à promettre que son pays ne recommencerait plus. Pour comprendre dans quel monde nous vivons, il importe de replacer la pratique américaine des écoutes dans un cadre plus vaste. Au prétexte de lutte contre la corruption ou d’application des embargos qu’ils décrètent, les Etats-Unis, depuis une bonne dizaine d’années, se sont arrogé le droit de sanctionner financièrement les entreprises qui manquent à des obligations du droit américain. BNP Paribas ou Alstom, mais aussi la Société générale et le Crédit agricole, en ont fait les frais. Le droit extraterritorial qu’appliquent les Etats-Unis de punir les entreprises jugées « contrevenantes » exerce un effet de tétanisation sur une large part de nos banques. Beaucoup craignent de perdre leur accès au marché financier américain. Il en résulte un système d’allégeance et d’inféodation à l’échelle planétaire. Les Américains ont mis en place ce système très sophistiqué de punition extraterritoriale pour obliger les entreprises étrangères à relayer l’ordre international qu’ils décident souverainement. Les Européens y ont résisté, un peu : au milieu des années 2000, Dominique de Villepin, Jack Straw et Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères de leurs pays respectifs, ont tenté d’infléchir la politique de sanctions vis-à-vis de l’Iran. Leurs efforts n’ont toutefois pas résisté à la politique d’alignement mise en œuvre en France par Nicolas Sarkozy.

Qu’est-ce qui explique, selon vous, que nous ayons plié le genou face aux Etats-Unis ? L’arme économique est-elle devenue un moyen pour Washington d’asseoir son hégémonie politique ?

La tétanisation exercée sur nos entreprises commence à l’échelle des banques. Dès lors qu’un financement paraît un tant soit peu risqué vis-à-vis de potentielles sanctions américaines, les banques le refusent. L’effet dissuasif, par exemple, est manifeste en ce qui concerne les sanctions visant la Russie. Qui sait que les exportations de la France vers ce pays sont passées de 9 milliards en 2012 à 6,7 milliards en 2014 ? Et qu’au premier trimestre 2015, elles ont encore fléchi de 33% par rapport au premier trimestre 2014 ? Au travers de leur économie – qui représente environ 1/5è de l’économie mondiale –, mais surtout grâce au fait que le dollar reste la monnaie mondiale, les Etats-Unis se sont arrogé la possibilité de contrôler, à travers leur Département de la Justice, les activités de toutes les entreprises de la planète.

Vous dressez un constat d’intériorisation de la contrainte par nos entreprises et par nos dirigeants. Comment remédier à cet état de fait ?

Il importe d’abord de savoir si l’Europe n’est plus qu’une machine à relayer les sanctions décrétées par les Etats-Unis en fonction de leurs propres critères qui ne sont pas forcément les nôtres. Dans la crise ukrainienne qu’on aurait pu éviter si on n’avait pas placé l’Ukraine devant le dilemme absurde d’avoir à choisir entre l’Europe et la Russie, la France a essayé de réagir en mettant sur pied le format dit « de Normandie ». Cela a abouti aux deux accords de cessez-le-feu de Minsk. Or, les accords de Minsk II ne sont pas appliqués du fait de l’Ukraine, refusant le volet politique qui prévoit des élections dans les régions russophones de l’Est et une réforme constitutionnelle permettant une large décentralisation. Et voilà qu’on sanctionne la Russie ! C’est du Guignol ! Les sanctions ont été reconduites sans vrai débat le 29 juin par le Conseil européen. Ce système d’inféodation doit être contesté. L’ordre international n’est plus l’ordre formellement égalitaire de 1945. Au sein de l’ONU, toutes les nations sont en principe à égalité sauf, naturellement, au conseil de Sécurité où il y a cinq membres permanents sur quinze. Ce schéma légal s’est décomposé. L’« occidentalisme » qui prévaut désormais est un système d’allégeance au Suzerain américain.

D’ailleurs, l’OTAN n’a-t-il pas aussi pris la place de l’ONU ?

En effet, l’OTAN aimerait bien remplacer l’ONU, car, au sein des Nations unies, il y a le P2 (Etats-Unis/Grande-Bretagne), le P3 (avec la France) et le P5 (avec la Russie et la Chine). Le bon sens voudrait qu’on continue à travailler dans ce cadre, car nous ne sommes plus à l’époque de la guerre froide et nous pouvons discuter raisonnablement avec les Chinois et avec les Russes, comme cela a été fait avec succès pour le désarmement chimique de la Syrie. Mais les Américains, avec l’affaire ukrainienne, ont allumé un brandon de discorde entre l’Europe et la Russie ; ils cherchent à empêcher l’Europe d’exister politiquement et accessoirement de trouver une alternative à sa dépendance énergétique envers les pays du Golfe, qu’ils protègent. Pourtant, face à Daesh, une menace dirigée conjointement contre l’Europe, l’Amérique et la Russie, sans parler des populations musulmanes prises au piège, nous aurions bien besoin d’une coopération !

Justement, quelle analyse géopolitique faites-vous de l’émergence de Daesh ? Rejoignez-vous celle du premier ministre, Manuel Valls, qui a récemment parlé d’une «guerre de civilisation » ?

Manuel Valls utilise la terminologie du politologue américain Samuel Huntington – dont on oublie trop souvent qu’il ne préconisait pas le clash des civilisations, et qu’il voulait plutôt le prévenir… Manuel Valls n’a sûrement pas voulu alimenter cette Confrontation que cherche à provoquer le terrorisme djihadiste : l’Islam contre l’Occident. Nous ne sommes pas affrontés à une civilisation, mais au terrorisme. Les premières victimes du terrorisme, ce sont les musulmans. Les fractures et les divisions au sein des sociétés du monde arabo-musulman viennent de loin. Historiquement, deux réponses à l’Occident se sont faites jour au lendemain de l’effondrement de l’Empire ottoman : d’une part, la réponse moderniste, libérale ou socialiste, avec Nasser et le parti Baas ; d’autre part, la réponse identitaire, dont la création des Frères musulmans en 1928, par Hassan el-Banna, a été la première formulation, avant l’émergence du salafisme révolutionnaire avec El Quaïda puis Daesh. Si les Etats-Unis ont largement soutenu le wahhabisme, qui est le terreau du salafisme, la France, elle, jusqu’à la guerre du Golfe, en 1990, a toujours cherché à privilégier la voie moderniste au sein du monde arabe. Les deux Guerres du Golfe ont abouti à la destruction de l’Etat irakien et installé au pouvoir à Bagdad une majorité chiite. Le gouvernement El Maliki a mené une politique sectaire vis-à-vis des sunnites de l’ouest du pays. Abandonnés, ceux-ci, qui avaient joué un rôle dirigeant depuis l’installation de la dynastie hachémite en Irak en 1921, ont été jetés, par aveuglement, dans les bras d’Al-Qaida et de Daesh.

Que faire face à ce que l’islamologue Mohammed Arkoun appellait «l’extension de la pandémie djihadiste», et qui arrive aux portes de l’Europe, dans le Maghreb francophone et en Libye ?

L’action de la France avait, jusqu’ici, largement contribué à soustraire le Maghreb à ce que le général de Gaulle avait appelé «les malheurs grandissants» qui se sont faits jour au Proche et Moyen Orient après 1967. Il faut reconnaître, ensuite, que la guerre de Nicolas Sarkozy contre la Libye de Kadhafi, a été une imbécillité – mais j’ai été bien seul à le dire alors. J’ai été le seul sénateur de gauche, avec les communistes, à ne pas voter la prolongation de l’opération française en 2011… Aujourd’hui, les troubles s’étendent au Maghreb. La malheureuse Tunisie a été frappée par deux fois en trois mois par le terrorisme djihadiste. Et je songe avec inquiétude à l’Algérie, où, en dépit des efforts des autorités, l’on observe dans le M’zab des tensions intercommunautaires entre les Mozabites et les Arabes chaambi. Pour toutes ces raisons, il y a urgence à réinventer vis-à-vis du monde arabo-musulman une politique qui soit la nôtre au Moyen-Orient, faite de prudence et de raison. Nous en sommes loin. La France a un rôle de médiation à jouer.

La deuxième actualité qui donne à réfléchir aux questions de souveraineté est la crise européenne liée à la dette grecque. Que traduisent, selon vous, les rebondissements de ces derniers jours ? 

Pour que les choses soient claires, j’ai toujours considéré que la monnaie unique comportait un vice originel dont elle ne peut pas plus se défaire que l’homme du pêché originel, selon les écritures…

C’est-à-dire ?

Le vice tient à ce que l’euro juxtapose des pays très hétérogènes, du point de vue économique, mais aussi au regard de leur culture et de leurs repères historiques. L’Europe est faite de nations. Nous ne sommes aux Etats-Unis d’Amérique, où il y avait treize colonies britanniques, mais dans un continent où il existe une bonne trentaine de peuples. L’erreur initiale, il faut donc chercher très en amont… Bien avant la création de l’euro…

C’est ce que vous avez nommé, dans un de vos livres, « la faute de Monsieur Monnet» ?

En effet, la méthode choisie par Jean Monnet a consisté à créer une suite de petits faits accomplis censés conduire à ce que Robert Schuman nommait une « solidarité croissante des peuples européens ». Qui peut être contre une « solidarité croissante des peuples européens » ? Moi même je suis pour ! Mais, dans l’optique de Jean Monnet, il fallait créer progressivement l’irréversible en agissant par-dessus la tête des Etats nationaux en confiant à la Commission le monopole de la proposition législative ou réglementaire : on a ainsi fait une Europe technocratique se substituant aux nations. Avec la monnaie unique, les économies étaient censées converger, de facto. Or c’est le contraire qui est arrivé : les économies ont divergé. Pas seulement entre l’Allemagne et la Grèce, mais aussi avec la France.

Qu’aurait-on dû faire, selon vous ?

Plutôt qu’une monnaie unique, c’est une monnaie commune que nous aurions dû mettre en place. Les peuples auraient ainsi pu garder leurs monnaies sur les territoires nationaux et faire devise commune à l’extérieur. Vous savez comment une option a été choisie, et l’autre, écartée ? Tout s’est passé lors d’une conversation entre François Mitterrand et Pierre Bérégovoy au début de 1989. Le second a expliqué au premier qu’il y avait le choix entre deux solutions (monnaie commune ou monnaie unique). «  – Qui est pour la monnaie commune ?, demande le président.
- Les Anglais, répond son ministre de l’Economie.
- Et qui est pour la monnaie unique ?
- Les Allemands et tous les autres
- Eh bien, prenez la formule qui a le soutien d’une majorité. »
Le résultat ? Depuis 2007, le PNB de la France est stagnant. Celui de l’Italie a baissé de 9%, celui du Portugal et de l’Espagne de 15%, celui de la Grèce de 25%… Le propre de la monnaie unique, en l’absence de mécanismes correctifs que les Allemands rejettent, est d’aggraver les divergences entre les régions productives et riches qui prospèrent, et les régions sous-productives et pauvres qui s’appauvrissent encore. Donc de promouvoir la mezzogiornisation de l’Europe.

Est-ce à dire que la perspective de rester dans l’euro nuirait à la Grèce et à son économie ? 

Je pense qu’il y a deux solutions. Si l’on veut absolument garder la Grèce dans la monnaie unique, il serait raisonnable d’abattre sa dette d’environ un tiers. Car il est impossible pour ce pays de rembourser une dette qui représente aujourd’hui 177% de son PIB. Mais les créanciers l’accepteront-ils ? Je précise que ces créanciers sont aujourd’hui des créanciers publics, car ils se sont substitués aux créanciers privés, les banques, principalement françaises et allemandes, qui ont pu retirer leurs billes en mai 2010 ! Mais les institutions européennes ont refusé toute discussion sur la dette.

Pourquoi, d’après vous ? Par idéologie ?

Il est sans doute très difficile de se mettre d’accord à dix-huit ou à dix-neuf. Mais il y avait surtout des attitudes fermées, caractéristiques de certains pays du Nord qui veulent par avance donner une leçon aux pays dits du « club Med ». Par conséquent, aucun assouplissement n’a été introduit, bien que la France ait plaidé pour que l’on discute du sujet « plus tard ».

La deuxième solution serait la « sortie amicale » de la Grèce hors de la monnaie unique, assortie du maintien d’un lien avec l’euro, soit une dévaluation de 30% qui restaurerait la compétitivité perdue du pays, sans impliquer une politique d’austérité insupportable et sans perspective. Parallèlement, la part de leur dette que les Grecs ne sont pas en mesure de rembourser, serait écrêtée à due proportion, et le pays se verrait doté d’une euro-drachme qui pourrait lui rendre sa compétitivité, surtout si l’Europe l’aidait via des fonds structurels à passer le premier choc du renchérissement des importations et notamment de la facture énergétique.

Vous avez appelé récemment à une recomposition politique. Existe-t-il une fraternité des non alignés ?

La tâche que je me donne est très ambitieuse. Elle consiste à faire émerger un nouveau logiciel à la place du logiciel néo-libéral maquillé aux couleurs européistes qui a failli, ainsi que chaque citoyen peut le constater. Dans de nombreux domaines, il est possible de faire évoluer certains leaders politiques. Alors, dans quel espace ? J’ai cité deux points de repères, mais ce sont des marqueurs : j’ai dit, de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan. Contrairement à ce qu’ont voulu faire croire certaines âmes peu délicates, le barycentre n’est pas forcément du côté de Dupont-Aignan, bien que ce soit un homme politique à mes yeux très respectable et courageux.

Vous êtes aussi d’accord quand il va soutenir Robert Ménard à Béziers, ou quand il semble faire des petits appels des pieds au FN, notamment en disant que Marine Le Pen aurait sa place dans un gouvernement qu’il dirigerait ? 

Evidemment non. Ce sont, selon mes recherches, des erreurs commises en 2012, au plus fort de la campagne des législatives, mais qui sont montées en épingle pour déformer et discréditer son projet. Moi je juge Dupont-Aignan sur le fond de ses orientations qui tendent à créer une véritable alternative républicaine, la seule qui puisse faire reculer le FN. Il faudrait que ceux qui, par leur politique, ont fait le lit du FN depuis 1983, cessent leurs manipulations pour éteindre toute contestation de la même politique désastreuse qu’ils poursuivent depuis si longtemps.

Florian Philippot, le numéro 2 de ce parti, se réclame souvent de vous…

Il se réclame de moi… Pour ma part, je ne me réclame pas de lui. L’accès du FN au pouvoir serait désastreux pour la France et pour son image dans le monde. J’ajoute que leur passé est si chargé que je vois pas comment un honnête homme peut s’y fourvoyer. Pour ma part je suis pour un dialogue sans exclusive. Les limites que j’ai tracées laissent beaucoup d’espace. Un homme comme Manuel Valls, par exemple, me semble avoir une bonne compréhension de ce que peut apporter, à la gauche et surtout au pays, l’idée républicaine …

Vous dites cela car, comme en témoigne le portrait de Clemenceau qui orne votre bureau, vous partagez avec le premier ministre une commune admiration pour le Tigre ?

Certes, mais pas seulement ! Valls, dont je n’épouse évidemment pas toutes les orientations, notamment en matière économique, est quelqu’un qui s’exprime souvent avec autorité et bon sens. En tant qu’ancien ministre de l’Intérieur, j’observe qu’il est dans le juste sur les questions qui ont trait au régalien. Et sur le reste, j’ai le sentiment qu’il possède une certaine aptitude à progresser. Je pense qu’il peut évoluer sur des sujets comme l’euro par exemple. Dans les deux années qui viennent, il va falloir rassembler les talents et les énergies pour bâtir un nouveau logiciel. Le mot de Mendes France m’a toujours paru pertinent : « il n’y a pas de politique sans risque, mais il y a des politiques sans chance. » Et je ne crois pas que la conjonction des astres – bas taux d’intérêt, faiblesse de l’euro et bas prix du pétrole – soit faite pour durer.

Source : Jean-Pierre Chevénement, pour son blog www.chevenement.fr, le 10 juillet 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/nous-sommes-passes-dans-lallegeance-au-suzerain-americain-par-jean-pierre-chevenement/


500 000 voitures piratables et contrôlables à distance, dès aujourd’hui !

Saturday 25 July 2015 at 01:03

Bah allez, en passant, j’ai trouvé éloquent cette nouvelle marche en avant du progrès… ;)

Publié par Guillaume Champeau, le Mercredi 22 Juillet 2015

Des chercheurs en sécurité informatique spécialisés dans l’automobile ont démontré qu’il était possible, dès aujourd’hui et sans effort, de prendre le contrôle de centaines de milliers de véhicules connectés à internet. Une situation aux conséquences potentielles gravissimes.

Avoir un bug ou une faille de sécurité en informatique est quelque chose de courant. C’est souvent gênant, énervant, frustrant, et parfois même dangereux pour la vie privée. Mais c’est rarement dangereux pour la vie tout court. Le développement des voitures connectées à internet et dont des éléments mécaniques sont contrôlés par des des composants électronique change toutefois la donne, comme l’avaient montré des soupçons de meurtre par piratage de voiture en 2013.

Imaginez en effet que vous rouliez tranquillement à 130 km/h sur l’autoroute et que d’un seul coup, les freins lâchent, parce que quelque part dans le monde, quelqu’un cliqué sur un bouton pour désactiver la pédale de frein. Ou que votre moteur s’arrête en pleine route, sans bas côté pour se mettre à l’abri d’un camion qui comprendrait trop tard que vous ne roulez plus. Ce n’est déjà plus de la science-fiction ou un problème de sécurité théorique.

C’est d’ores et déjà, au moment même où vous lisez ces lignes, le risque qu’encourent concrètement les propriétaires de véhicules Chrysler qui utilisent la plateforme UConnect, également utilisée par Fiat, Dodge, ou Jeep. Et c’est certainement un risque qui existe aussi avec de nombreux autres véhicules utilisant d’autres services qui permettent de connecter la voiture à internet pour recevoir des informations, des mises à jour, donner accès à des services en ligne, à un GPS, etc.

Les chercheurs en sécurité informatique Charlie Miller et Chris Valasek ont ainsi démontré auprès de Wired qu’ils avaient réussi à gagner l’accès à distance, par internet, à tous les véhicules Chrysler vendus depuis fin 2013 avec le système UConnect. Tout ce qu’il leur faut connaître est l’adresse IP du véhicule, qu’ils arrivent à obtenir au hasard de scans réalisés sur le réseau. Ils estiment que 471 000 véhicules seraient ainsi vulnérables. Une fois cet accès obtenu, les hackers envoient un firmware modifié au chipset du système de divertissement à bord, qui peut alors envoyer des commandes à travers le bus CAN de la voiture, reconnues par les divers composants de la voiture.

A distance, les hackers peuvent ainsi réaliser des actions anodines comme allumer la radio, augmenter le son, mettre en route la ventilation, klaxonner ou activer les essuis-glaces, mais aussi, ce qui est gravissime, couper le moteur, accélérer, freiner brutalement, ou même tourner le volant (pour l’instant uniquement lorsque la vitesse enclenchée est la marche arrière, qui permet d’activer le système de parking automatique) ou désactiver entièrement la pédale de frein. Ils peuvent aussi obtenir la géolocalisation précise d’un véhicule et suivre tout son parcours.

Les deux chercheurs ont prévu de révéler une partie du code source lors de la prochaine conférence Black Hat de Las Vegas, au mois d’août. Ils ne publieront pas les commandes vitales obtenues après plusieurs mois de reverse-engineering, mais donneront tout de même des clés et un logiciel permettant de s’amuser avec le tableau de bord. Le groupe Fiat Chrysler, pour sa part, a publié un patch à appliquer par clé USB.

Longtemps négligée, la sécurité informatique au coeur des véhicules est désormais prise au sérieux par les constructeurs, et même par des éditeurs anti-virus qui ouvrent des unités dédiées. Tesla, dont les voitures sont extrêmement dépendantes de l’électronique et qui sont connectées en permanence à internet, a également recruté une armée de hackers pour mettre à l’épreuve la sécurité de ses voitures.

Un seul bug critique exploitable à distance, et ce sont potentiellement des dizaines ou des centaines de milliers d’accidents mortels qu’un pirate pourrait déclencher en un clic depuis son fauteuil.
Source : http://www.numerama.com/magazine

Source: http://www.les-crises.fr/500-000-voitures-piratables-et-controlables-a-distance-des-aujourdhui/


Ce que pensent les pays pauvres d’Europe du cas grec…

Friday 24 July 2015 at 03:01

Reprise de quelques articles intéressants

La crise grecque: ce qu’en pensent les pays les plus pauvres d’Europe

Manifestation de pro-européens devant le Parlement à Athènes après que les citoyens ont rejeté les mesures d’austérité proposées par les créditeurs, le 9 juillet 2015.© Ayhan Mehmet / ANADOLU AGENCY

La Lettonie, l’Estonie ou encore la Bulgarie prônent la fermeté face à la Grèce. Ces pays d’Europe de l’Est, les plus pauvres de l’Union européenne, en ont assez de toute l’attention portée sur la crise grecque depuis plusieurs années.

«J’ai entendu dire que certains retraités grecs touchaient plus de 1000 euros par mois. C’est outrageant. Je refuse de payer leurs dettes s’ils gagnent des fortunes comparé à mon salaire», a déclaré à l’AFP Martina Lelovicova, une serveuse à Bratislava, la capitale slovaque. Dans une Europe plurielle, où les écarts économiques sont importants entre les pays de l’Est et les pays de l’Ouest, la crise grecque n’est pas vécue de la même façon. Dans ceux où les salaires sont beaucoup moins importants, elle agace même.

Des efforts nécessaires

La Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie font partie des pays partisans d’une ligne dure face à la Grèce. Ils clament depuis longtemps qu’ils sont trop pauvres pour payer les erreurs d’une Grèce plus riche. Ces pays ne transigent pas; ils l’exhortent à se soumettre aux mesures d’austérité et aux réformes prévues par le programme de sauvetage de 240 milliards d’euros proposé par ses créanciers. Cela s’explique par les difficultés qu’ils ont eues, eux, pour entrer dans la zone euro et y rester. La Lettonie, par exemple, avait subi la plus grave récession dans le monde lors de la crise en 2008-2009, voyant une baisse de 25% de son PIB.

La Bulgarie, qui négocie encore son entrée dans l’euro, s’insurge, écrit l’Obs. Ce pays de près de 7 millions d’habitants est le plus pauvre de l’Union européenne. Depuis 1990 et la chute du communisme, les Bulgares ont le sentiment de vivre dans une crise permanente, contrairement aux Grecs qui souffrent économiquement depuis cinq ans.

Le gouvernement bulgare reproche aux partenaires européens d’être trop souples avec la Grèce. Alors qu’eux, pour rejoindre l’euro, s’attachent à faire des efforts pour réduire le déficit public et la dette selon les critères de Maastricht. Toujours selon l’Obs, le Premier ministre bulgare, Boïko Borissov, s’indignait le 25 juin 2015 à Bruxelles: «Arrêtons de perdre du temps sur la Grèce, cela fait des années que cela dure. Et tout ce que j’entends est qu’ils veulent plus d’argent mais qu’ils rechignent à faire des réformes. Qu’ils fassent leurs réformes ou qu’ils en assument les conséquences !»

Un gouffre entre les différents salaires

Cette intransigeance trouve sa source dans la différence de salaires entre leurs pays et la Grèce; une donnée objective qui parle aux citoyens. Si la retraite en Grèce atteint 900 euros par mois; en Slovaquie, elle est environ de 380 euros. Ce pays d’Europe de l’Est a rejoint l’Union européenne en 2004 et est entré dans la zone euro en 2009. Cette année, avec près de 3% de croissance, il est le meilleur élève de l’Europe.

La Bulgarie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie appliquent un salaire minimum inférieur à 500 euros. Celui de la Grèce, de 684 euros, fait partie de la moyenne des pays européens. Alors que les salaires minimums en France et en Allemagne se situent autour de 1400 euros. Les pays baltes ressentent alors une forme d’injustice et d’incompréhension. «Les Estoniens ne comprennent pas l’attitude des Grecs. Nous avons l’habitude  de faire des économies et de vivre sobrement», explique à l’AFP Merit Kopli, l’éditeur en chef du plus grand journal estonien.

Depuis cinq ans, l’Europe a le regard tourné vers la Grèce et ses problèmes de dettes, alors que les derniers arrivants dans la zone euro ont dû faire beaucoup de concessions pour y entrer. Mais, contrairement aux idées reçues, cela ne veut pas dire que la Grèce n’a pas fait d’efforts explique LeMonde.fr.

Les Grecs ont vécu la crise de plein fouet depuis 2010, le nombre de pauvres a crû de 30% entre 2008 et 2013. En cause, les mesures d’austérité qui ont suivi. Le gouvernement d’Aléxis Tsipras s’est récemment engagé à réformer le système de retraite et la fiscalité. Les efforts sont notables: la Grèce a soumis une nouvelle proposition à ses créanciers, vendredi 10 juillet. Les ultimes négociations pour maintenir la Grèce dans l’euro viennent de s’achever, un accord à l’unanimité a été voté. Mais si le risque de Grexit est derrière eux, le pays va devoir redoubler d’efforts pour se maintenir dans la zone euro et plonger un peu plus dans l’austérité.

Source : Amira Bouziri, pour Geopolitis/France TV Info, le 13 juillet 2015.


Grèce : l’exaspération des voisins bulgares

Le pays le plus pauvre de l’UE s’est érigé en porte-parole des Etats qui ne veulent pas faire de concessions à Athènes.

La Bulgarie pourfend une Grèce qui, selon elle, profite de l'argent de l'Europe sans accepter de faire les réformes attendues. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

La Bulgarie pourfend une Grèce qui, selon elle, profite de l’argent de l’Europe sans accepter de faire les réformes attendues. (LOUISA GOULIAMAKI / AFP)

Déjà, tout au début de la crise grecque, en 2010, l’éditorialiste d’un grand quotidien bulgare se déchaînait : “Je ne m’inquiète pas pour les Grecs : ils continueront à recevoir de l’argent de l’Union européenne, à jouer au backgammon et à boire de l’ouzo à longueur de journée alors que nous [les Bulgares], on ira cueillir leurs olives et leurs oranges pour une bouchée de pain”.

Cinq ans plus tard, ce 25 juin 2015 à Bruxelles, le premier ministre bulgare, Boïko Borissov, du parti GERB (centre-droit), est à peine plus diplomate :

Arrêtons de perdre du temps sur la Grèce, cela fait des années que cela dure. Et tout ce que j’entends est qu’ils veulent plus d’argent mais qu’ils rechignent à faire des réformes. Qu’ils fassent leurs réformes ou qu’ils en assument les conséquences !”

Porte-parole des anti-concessions

Et le chef du gouvernement bulgare d’enfoncer le clou, citant les efforts de son pays pour réduire le déficit public et la dette selon les critères de Maastricht :

Nous aussi, nous voulons donner plus pour les salaires et les retraites. Qui ne le voudrait pas? Mais nous respectons la discipline financière”.

Le premier ministre bulgare s’est érigé en porte-parole des pays de l’UE qui ne veulent pas faire de concessions à Athènes parce que, dit-il, “les plus pauvres [comme les Bulgares] sont obligés de payer pour les plus riches [les Grecs]“.

Sofia applique, depuis une grave crise financière en 1996-97, un régime d’austérité draconien sous l’égide du Fonds monétaire international. Ce régime lui vaut d’arborer une des plus faibles dettes publiques de l’UE.

Certes il faut relativiser le coup de gueule de Boïko Borissov, qui règle aussi des comptes politiques. Le très conservateur premier ministre, qui affronte dans son pays les ex-communistes devenus “socialistes”, déteste les “gauchistes” de Syriza, la “coalition de la gauche radicale” au pouvoir à Athènes.

En Bulgarie, la situation politique et économique est le miroir inverse de la Grèce. Alors qu”à Athènes l’oligarchie est à droite, en Bulgarie, les communistes, devenus “socialistes”, se sont transformés en une “oligarchie rouge”, des capitalistes “de gauche” très puissants.

Le pays le plus pauvre de l’UE

Mais, toute considération politique mise à part, les opinions de Borissov reflètent assez bien l’état d’esprit de la population de Bulgarie (près de 7 millions d’habitants), le membre le plus pauvre de l’UE. En Bulgarie, le salaire minimum et la retraite moyenne sont de 180 euros.

En Grèce voisine, malgré l’austérité, la retraite moyenne est près de 600 euros et le salaire minimum (même réduit) à 580 euros. Beaucoup de Bulgares ont le sentiment de vivre en crise permanente depuis 25 ans, depuis la chute du communisme en 1990, et non pas depuis cinq ans comme les Grecs. Ils sont exaspérés par la “saga athénienne”.

Lili Gouneva, 47 ans, qui travaille à l’insertion des Roms à Sofia, en veut à Syriza mais aussi aux Européens :

Pour moi Syriza, ce sont des populistes d’extrême gauche hors pair qui promettent tout et n’importe quoi. En même temps, c’est un peu de la faute de l’Union européenne si Syriza est au pouvoir aujourd’hui : ce laisser-aller grec pendant ces quinze dernières années, sans aucune réaction sérieuse de la part d’aucune institution européenne, c’est quand même grandiose ! Alors que les nouveaux membres comme la Bulgarie et la Roumanie sont scrutés au microscope et que pour le plus léger faux mouvement ils se font taper sur les doigts. Les institutions européennes doivent être également sanctionnées pour avoir observer sans réagir le déroulement de la tragédie grecque.”

Lili avait prévu d’aller en vacances cet été en Grèce. Elle y a renoncé, comme beaucoup de ses amis : “Pas question d’y foutre les pieds tant que Syriza n’aura pas débarrassé le plancher !”, s’exclame-t-elle, en reconnaissant qu’elle est un peu “extrême”.

“Un syndrome balkanique”

Ancien dissident franco-bulgare, Alfred Foscolo, qui a passé de longues années en prison pour s’être opposé au totalitarisme communiste, garde toujours une froide capacité d’analyse et d’observation : “Les réactions des Bulgares vont de l’incompréhension de l’attitude, qualifiée de suicidaire, du gouvernement grec actuel à la satisfaction mauvaise de voir la déconfiture de l’arrogance hellène. Les Bulgares disent : ”Les Grecs récoltent ce qu’ils ont semé. Ils en ont bien profité pendant que nous ici, qui payons les dettes de la faillite communiste en silence, on a tendance à nous oublier.” Quant à Syriza, ce parti est souvent ouvertement qualifié de cryptocommuniste, de poutinophile, de cheval de Troie de Moscou destiné à ébranler l’Union Européenne. Tsipras et Vanoufakis sont indifféremment traités de “rouges”, de “démagogues” et de “bouffons”, qui n’ont accédé au pouvoir que parce que la Grèce n’a pas connu le communisme”.

Mais Alfred Foscolo nuance :

Cette quasi unanimité à accuser et moquer les Grecs est tempérée par une autocritique plus lucide qui croit reconnaitre dans la crise grecque un syndrome balkanique de corruption, de népotisme, de démagogie et d’irresponsabilité qui serait commun à tous les habitants de cette région. Et dont la Bulgarie post-communiste n’est pas immunisée”.

Moscou en embuscade

L’ancien prisonnier politique, qui s’est battu avec un petit groupe d’amis pendant des décennies contre le Parti communiste bulgare, devenu “socialiste” mais toujours très lié à Moscou, et la Dajarna Sigournost, la police politique bulgare (une quasi succursale du KGB) craint avant tout un coup tordu du Kremlin.

“Le syndrome bolchevique est très implanté dans la société grecque, qui, outre Syriza, a encore un parti communiste relativement influent. Sans tomber dans la théorie du complot, je ne serai pas surpris que les tentatives du Kremlin pour maintenir son influence dans les Balkans aient trouvé un écho en Grèce et un instrument en Syriza“.

Le parti de la gauche radicale grecque et son leader, Alexis Tsipras, entretiennent d’excellentes relations avec le régime russe. Alfred Foscolo s’inquiète: “une victoire du “Non” au referendum de dimanche porterait un sérieux coup à l’intégration européenne, un objectif recherché par Moscou”.

Source : Jean-Baptiste Naudet, pour L’Obs, le 4 juillet 2015.

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Au delà de l’intérêt politique des billets précédents, ce graphique m’a vraiment interpellé :

Quand même, on voit le délire concernant  une même zone monétaire ? Vous imaginez ça en France – les conséquences d’un SMIC à 400 € en Auvergne ?

Projet de cinglés ! (mais tout le monde n’y perd pas, si vous voyez ce que je veux dire…)

Source: http://www.les-crises.fr/ce-que-pensent-les-pays-pauvres-deurope-du-cas-grec/


Miscellanées du vendredi (Delamarche, Sapir)

Friday 24 July 2015 at 01:34

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Tsipras, un politique “sans testicules et sans cerveau” – 20/07

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (1/2): La situation économique en Grèce va-t-elle finir par s’améliorer ? – 20/07

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (2/2): “En macroéconomie, rien ne va ni en Europe ni en Asie” – 20/07

II. Jacques Sapir

Nicolas Doze: Les Experts – invité : Jacques Sapir (1/2) – 16/07

Nicolas Doze: Les Experts – invité : Jacques Sapir (2/2) – 16/07


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-vendredi-delamarche-sapir/


Actu’Ukraine 21/07/2015

Thursday 23 July 2015 at 00:19

 ACTU’UKRAINE DU 13 AU 19 JUILLET 2015

 

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

 

PREMIER FOCUS DE LA SEMAINE : LES SUITES DE MUKACHEVO

• Retour sur la semaine dernière : Deux trois mots sur Mukachevo.  Cette ville a été hongroise durant quasi un millénaire, et s’appelait alors Munkács. Toute la région est le lieu d’une bataille féroce entre  Svobodas/Pravy Sektor, qui la considèrent comme pleinement ukrainienne, et les hongrois. Cette opposition a été la cause de tensions entre les mouvements d’extrême droite occidentaux et Svoboda parce que Svoboda se montre trop raciste envers les Hongrois qui sont pour ce parti des “sous-hommes”. Les incidents sont fréquents. Il sera intéressant de suivre la réaction hongroise à ces événements au-delà du renforcement de sa frontière avec la Transcarpathie, le 12 juillet (transkarpatia.net). En tout cas, la minorité hongroise ne se laisse pas intimider.  Le président de l’association ethnique hongroise de Transcarpathie déclare “Nous n’avons pas peur … Nous ne nous laisserons pas intimider, nous continuerons a demander plus de droits (langue hongroise, etc.) ” (alfahir.hu).

De plus, comme indiqué dans les commentaires de la semaine dernière, Mukachevo est aussi un centre important pour le gaz naturel, avec l’un des plus grands centres de transbordement de gaz liquéfié du pays, (merci à Louis Joseph pour le lien : voronkov-kirill.livejournal.com).

 

• Retour sur la semaine dernière : Samedi et dimanche 11-12 juillet. Praviy Sektor publie, le 11 juillet, une lettre au peuple ukrainien appelant a la mort des bandits et à l’arrestation des forces de sécurité qui ont ouvert le feu ainsi que de tous ceux qui ont donné l’ordre (banderivets.org.ua).

 

ЗВЕРНЕННЯ ДО УКРАЇНСЬКОГО НАРОДУ!
 
Сьогодні в Україні сталась надзвичайна подія, що може змінити хід історії. В місті Мукачево на Закарпатті сотні ошалілих від безкарності бандити ґвалтівника та наркоторговця регіонала Міхаіла Ланьо – на даний час депутата ВР України – спробували фізично знищити бійців “Правого сектора”. В цій силовій акції взяли активну участь і бандити в міліцейських погонах, що перебувають на утриманні одіозного кума головного ворога українців – Віктора Медведчука.
Після запеклого бою вбито двох бійців “Правого сектора”, поранено четверо (з них двоє – важко). Забравши вбитих та поранених, підрозділ з боєм вирвався з оточення бандитів та відійшов у гори.
На даний час по бойовій тривозі піднімають спецназ для знищення наших побратимів. Якщо це відбудеться – почнеться незворотній процес. Ми не дозволимо нікому відстрілювати наших побратимів.
Наші вимоги: негайний публічний арешт депутата Ланьо, що брав безпосередню участь у події, всіх бандитів і силовиків, що відкривали вогонь, та тих, хто віддавав наказ.
Увесь Військово-політичний рух “Правий сектор” піднято по бойовій тривозі.
Звертаємось до українців підтримати справедливість у цей не легкий час.
Звертаємось до побратимів по зброї стати для нас надійною опорою у боротьбі з бандитами.
Звертаємось до Збройних Сил України не брати участь у знищені тих, хто вчора з вами був у окопах.
Смерть бандитам!

 

 

Leviy Bereg publie, le 11 également, une déclaration du député Mikhaïl Lanio, mis en cause par Praviy Sektor, sur les événements de Mukachevo (lb.ua). Un site internet local, Mukachevo.net, pulbie des photos des voitures de police détruites lors des affrontements (mukachevo.net).

Enfin, Praviy Sektor accuse ceux qu’il a attaqués de “séparatisme”, crime suprême et sans appel en Ukraine. Peut-être une tentative de désamorcer la crise en mettant tout sur le dos de la minorité hongroise (korrespondent.net).

Le 12 juillet, le ministre de l’intérieur de la région d’Odessa, le Géorgien Giorgi Lortkipanidze, va au devant des militants de Praviy Sektor qui manifestent devant ses bureaux. Les militants exigent l’ouverture d’une enquête publique sur les événements de Mukachvo. Giorgi Lortkipanidze a assuré Prayiy Sektor qu’il appuie la demande de création de la commission d’enquête et ajoute qu’un événement similaire n’est pas possible dans la région d’Odessa (odessa-life.od.ua, youtube).

 

12 juillet 2015 : Керівник міліції Одеської області зустрівся з представниками громадських організацій     (youtube)

 

Enfin, TASS annonce que Praviy Sektor a mobilisé 10 000 hommes dans toute l’Ukraine (tass.ru via fortruss) !

 

 

• Les événements jour par jour : lundi 13 juillet. Le ton est donné dans la partie la plus ultra-nationaliste de l’Ukraine, la Galicie. A Lvov (wikipedia), des activistes remplacent les drapeaux de l’UE par ceux de Praviy Sektor (gordonua, fortruss, fortruss, fortruss).

 

Praviy Sektor organise des barrages sur l’axe routier Kiev Jitomir (gazeta.ua via coruption.net, youtube, youtube).

 

12 juillet 2015 : На Житомирській трасі з’явився блок-пост “Правого сектору”   (youtube)

 

12 juillet 2015 :  Ukraine: Right Sector set up checkpoints outside Kiev    (youtube)

 

La presse et les politiques s’échauffent. Vesti fait une synthèse des événements à Mukachevo pour ceux qui ont eu du mal à suivre ce weekend (vesti-ukr.com). A son tour, le média officiel Unian fait de même et analyse le sujet comme “un problème local à la dimension de toute l’Ukraine” (unian.net). Yatseniouk annonce qu’il va virer tous les douaniers de la région de Transcarpatie où se trouve Mukachevo (kmu.gov.ua, colonelcassad). Porochenko déclare qu’ “Aucune force politique ne doit et ne pourra avoir des forces armées. Aucune organisation politique n’a le droit de posséder des gangs de criminels” (korrespondent.net, rt.com). Et pour appuyer le propos, le même média publie la nouvelle qu’un enfant de 6 ans avait été utilisé comme bouclier humain par des Praviy Sektor pour couvrir leur fuite (korrespondent.net) ! Mieux encore, une interview vidéo de l’enfant est diffusée (mukachevo.net, youtube)…

 

13 juillet 2015 : “Він узяв мене за кофтинку і вийняв гранату”, – розповідь хлопчика про викрадення бійцями “ПС”   (youtube)

 

Cela sent le fabriqué pour faire vibrer la fibre émotionnelle. Difficile de croire que des militaires pros comme ceux qu’on a vu dans la fusillade ont eu besoin de ce genre de tactique, d’autant qu’ils n’ont toujours pas été arrêtés depuis. D’un autre côté, pour les Praviy Sektor, l’enfant est un “sous-enfant”…

Praviy Sektor ne tarde pas à répondre à Porochenko. Rien en revanche sur l’enfant. En résumé, Praviy Sektor “ne se sent pas concerné par la déclaration de Porochenko” (dialog.ua).

Deuxième campagne de presse contre Praviy Sektor : après l’enfant otage, les voitures volées. La police tchèque aurait reconnu, parmi les véhicules abandonnés par le commando de Praviy Sektor, des voitures volées dans leur pays (dw.com). Equation médiatique : voitures volées = criminels. Praviy Sektor répond en partie en déclarant que la voiture immatriculée en Pologne a été donnée par des sympathisants en Pologne (fortruss). Equation médiatique : voiture donnée par des sympathisants = mouvement politique légitime.

Côté Praviy Sektor, le 13 juillet est le deuxième jour des manifestations, notamment à Kiev (joinfo.ua). Yarosh réfute l’information comme quoi il aurait demandé a ses troupes de se retirer du Donbass. Il déclare de plus que les actions menées dans toutes les villes ukrainiennes sont “pacifiques” (tass.ru). Cependant, il est contredit par un adjoint au ministère de la défense de la république de Donetsk qui déclare que les Praviy Sektor ont quitté la zone ATO (dan-news.info). L’organisation OUN apporte son soutien à Praviy Sektor (banderivets.org.ua). Le même jour un bataillon de Praviy Sektor de 40 soldats quitte l’organisation pour rejoindre Azov. Raison invoquée ? Praviy Sektor est corrompu et n’a pas respecté la loi  (korrespondent.net, fortruss)…

 

 

Pour finir, deux articles de VzGliad sur le sujet.  Pour le journal, de criminel, le conflit à Moukachevo devient politique (vz.ru) et des changements dans le marché de la contrebande auraient provoqué le conflit à Moukachevo (vz.ru, unian.info).

 

• Les événements jour par jour : mardi 14 juillet. Après la Hongrie, la Slovaquie renforce sa frontière avec l’Ukraine (sputniknews). Quatre Praviy Sektor suspectés d’avoir participé aux événements de Mukachevo sont arrêtés. A Lvov, deux explosions ont lieu près de postes de police, à une heure d’intervalle. Les portes d’entrée de deux commissariats de police ont été piégées. Le bilan est de deux policiers blessés, dont une femme de 31 ans qui a perdu une jambe et un homme dans un état critique (fortruss, vesti-ukr.com, boursorama). Le ministère de l’intérieur pense que ces explosions sont liées au conflit à Mukachevo. Mais il ne faut pas oublier qu’il existe une tradition en Ukraine. Dès que quelque chose ne vas pas, on accuse la Russie ! Pour le maire de Lvov, Andriy Sadovyi la main de Moscou ne fait aucun doute (032.ua).

Une rumeur fait état de la levée de l’immunité diplomatique de Yarosh, le chef de Praviy Sektor (il est député), puis est démentie (dnr-news.com, pravda.com.ua).

The  explosions took place next two police precincts in Lvov on Tuesday. The  first took place around 9am local time, when the duty officer of the  Shevchenkovsk police precinct was opening its office located on  Plugovaya 8. Preliminary information indicate detonation was triggered  by a tripwire.
A 24-year-old police lieutenant was hospitalized  with multiple fragmentation wounds to the torso and head, his condition  is critical. Local MVD leadership went to the scene. The crime is being  thoroughly investigated. Subsequently a safety pin from a RGD-5 grenade  was found on the scene.
The second explosion occurred next to a  police office on Yuriya Lipy 45. The explosion injured a 31-year-old  precinct inspector of the Shevchenkovsk police section. She was  hospitalized. The site is under investigation.
Preliminary  information indicates that the criminals booby-trapped entrances to the  precincts. MVD has linked these incidents with the events in  Transcarpathia, “which were organized in order to destabilize the  country,” the announcement states.

 

Les deux côtés du conflit comptent leurs troupes. Côté gouvernement, plus de vingt bataillons de volontaires du ministère de l’intérieur se sont déclarés pour le soutien à leur ministre, Avakov. (e-news.su). Rappel  Ces derniers temps, les extrêmistes de l’organisation nationaliste Praviy Sektor ont appelé à plusieurs reprises au limogeage d’Avakov. La rupture définitive entre Praviy Sektor et Avakov a été consommée lors des événements sanglants qui se sont produits le 11 juillet à Moukatchevo. La fusillade avait fait au moins trois morts et 13 blessés. Voir aussi “Opposition entre Praviy Sektor et le gouvernement.” dans le premier focus de l’Actu’Ukraine de la semaine du 6 au 12 juillet (les-crises.fr).

La décision de prendre le parti de leur ministre a été annoncée par une déclaration commune qui a été rendue publique mardi à Kiev. Au bas du document, on trouve les signatures de réprésentants des bataillons  “Kievshina”, “Sainte Marie”, “Kiev-1″, “Kiev-2″, “Gorpoun”, “Kirovograd”, “les portes d’or”, “Nikolaïev”, “Kharkov”, “Kharkov-2″, “Vinnitsa”, “Skif”, “Tchernogov”, “Sitcheslav”, “Bolgrad”, “Slobozhanshina”, “Tyman” (= brouillard), “Artemovsk”, “Lvov” et “Storm”.

Les membres de ces unités ont affirmé qu’ils étaient prêts à exécuter les ordres uniquement du ministre de l’intérieur d’Ukraine, Arsen Avakov. Selon l’un de ceux qui étaient présents lors de l’action de signature des commandants, tous les 35 bataillons appartenant au ministère de l’intérieur étaient d’accord avec la déclaration, mais seuls 23 commandants d’unités ont été d’accord pour signer la déclaration.

Ils ont même déclaré qu’ils protestaient contre les tentatives de plusieurs politiciens d’envoyer Avakov à la retraite. Cette mesure n’est intéressante que pour les adversaires de l’Ukraine, ont déclaré les représentants des bataillons. Selon eux, ceux qui ont l’intention de limoger le ministre actuel de l’intérieur sont justement les réactionnaires qui ont eux-mêmes les mains sales et ne veulent pas que perdure la politique rude que mène le ministre.

Côté Praviy Sektor, le mouvement organise une manifestation conjointe de 5 bataillons à Kiev dont les deux poids lourds (Praviy Sektor et Azov), l’organisation “historique” des ultra-nationalistes ukrainiens (OUN) et deux bataillons en disgrâce : Aidar dont le chef a été arrêté pour activités mafieuses et Tornado dont le chef a été arrêté pour tortures, viols et exécutions sommaires (fortruss, sputniknews). Balle au centre avec un fait notable. Azov, historiquement proche d’Avakov et KolomoIski, choisit plutôt la proximité idéologique que l’allégeance financo-politique…

Le même jour, Praviy Sektor est accusé d’avoir piraté les comptes tweeter de l’administration présidentielle (sputniknews) après avoir été accusé d’avoir fait de même la veille avec celui du conseil de sécurité d’Ukraine (sputniknews).

A la Rada, des députés en viennent quasiment aux mains (ce qui n’est pas rare) lors d’un discours à charge contre Praviy Sektor (fortruss, youtube). Lors de la même journée, la Rada examine la proposition de Porochenko sur la suppression de l’immunité des députés et des juges ainsi que, en deuxième lecture, la loi sur les élections locales (unian.net). Praviy Sektor est toujours installé dans la rue devant l’administration présidentielle (unian.net, e-news.su).

 

14 juillet 2015 : РАЗБОРКИ… Депутаты Верховной рады ЕДВА НЕ ПОДРАЛИСЬ из-за Правого сектора   (youtube)

 

Avakov lâche du lest et parle à présent de “renégats” pour parler des Praviy Sekor ayant attaqué le complexe Antarès à Mukachevo (korrespondent.net). Il faut souligner que l’inquiètude gagne le gouvernement et la presse USA/UE/OTAN. Vesti se demande : “les radicaux vont-ils marcher sur Kiev ?” (vesti-ukr.com). Le général Vladimir Rouban (celui qui s’occupe de l’échange des prisonniers) craint que les désordres en Transcarpathie ne soient suivis de l’établissement d’une république populaire, comme dans l’Est (vz.ru). Et le Times qualifie Praviy Sektor d’ “organisation fasciste” : “Kiev forced to fight its own fascist militias”  (thetimes.co.uk via vesti-ukr.com).

Yarosh, lui,  explique pourquoi Praviy Sektor a besoin d’armes en dehors de la zone ATO (unian.net).

Alors que Victoria Nuland est attendue à Kiev, les poids lourds politiques choisissent leur camp. Depuis Washington où il se trouve actuellement pour un forum USA Ukraine, le premier ministre Yatseniouk défend Praviy Sektor :It wasn’t about the Right Sector.  This is about corruption and smuggling and arms on the street,”  Yatsenyuk said. “They supported smugglers and contraband, and everyone  will be brought to justice for the crimes that have been committed.” (fortruss). En Ukraine, Yulia Timochenko accuse à la TV ukrainienne “tous les organes de sécurité d’Ukraine sont partie prenante de la contrebande” (fortruss, youtube). Traduction : Avakov, le chef des “organes de sécurité d’Ukraine” est un corrompu et comme il soutient Porochenko, le président est de facto un corrompu : “That this incident is still ongoing after three days means that there  is no strong power in Ukraine. It is no secret to anyone in Ukrainian  politics (it’s only a secret for the Ukrainian people) that security structures are involved in all smuggling processes across all the borders of Ukraine. We can not rely on security  forces because they are participants of all smuggling processes.  Without authorities none of it can take place. To trust them this  investigation is impossible.”

 

14 juillet 2015 : Юлия Тимошенко обвинила милицию Мукачево в контрабанде Новости Украины Сегодня  (youtube)

• Les événements jour par jour : mercredi 15 juillet. Nuland est à Kiev. Porochenko essaye de contre-attaquer médiatiquement en déclarant qu’il va joindre ses efforts à ceux de l’UE pour combattre la contrebande (unian.info) et qu’il va donner des pouvoirs exceptionnels à la police (unian.info). Ceci dit, le pouvoir a réellement peur parce qu’il va chercher l’ultra dur gouverneur de l’oblast de Lougansk sous contrôle de Kiev, Hennadiy Moskal, l’homme qui coupe l’eau potable aux populations civiles et qui bloque toutes les routes menant à la LNR, pour lui donner le poste de gouverneur de la région de Transcarpathie (unian.info, kyivpost, unian.net, vz.ru)… Le ministre de l’intérieur, Avakov, nomme lui le colonel Sergei Knyazev, l’actuel chef de la police criminelle de Marioupol, à la tête du ministère de l’Intérieur de la région de Transcarpathie (rbc.ua, mvs.gov.ua).  Knyazev, comme Moskal, n’est pas n’importe qui. Dixit Avakov :“This is a man with combat experience, he now heads the criminal police in the front-line Donetsk region, in Mariupol.  Before – he worked in the Kiev region, all his life in the criminal investigation units”Et il y a urgence ! Dans la nuit du 14 au 15, les voitures du procureur régional de Transcarpathie sont incendiées (fortruss, youtube).

 

 

14 juillet 2015 : 15.07. В Ужгороді, на пр. Свободи згорів автомобіль прокурора.   (youtube)

 

De même, la LNR annonce qu’une partie des unités de l’armée ukrainienne et du commandement a quitté la région ATO pour Kiev afin de protéger le gouvernement (novorossia.today)… Un média polonais se demande si l’Ukraine ne va pas se “somaliser” ou éclater en morceaux (wiadomosci.wp.pl via fortruss).

 

De son côté, Praviy Sektor hausse le ton. Sputnik News rappelle à cette occasion des propos d’Artem Skoropadsky, l’attaché de presse de Praviy Sektor, qui déclarait, bien avant les événements de Mukachevo : “Dans le cas d’une nouvelle révolution, le président ukrainien  Porochenko et ses partisans ne pourront pas fuir le pays comme l’avait  fait le président précédent. Ils ne pourront attendre rien de plus  qu’une exécution une cave sombre qui serait menée par un groupe de  jeunes militaires ukrainiens ou par des membres de la Garde nationale” (sputniknews, sputniknews citant Voice of America). Petit exemple d’illustration que l’on peut trouver sur la page facebook de Praviy Sektor (facebook).

 

 Légende : “La bonne ‘lustration’, c’est ça !”

 

Pendant ce temps là, la chasse à l’homme lancée en Transcarpathie ne donne rien. Les Praviy Sekor se sont évanouis dans les montagnes et se dirigeraient vers la Pologne (fortruss, vz.ru).

La Hongrie se dit solidaire de la minorité hongroise de Transcarpathie (sputniknews). Le parti hongrois d’extrême-droite, Jobbik, exige des autorités hongroises qu’elles protègent les hongrois d’Ukraine (s-narodom.ru via fortruss). Pour Sputnik News, la situation en Transcarpathie peut contaminer les pays voisins (sputniknews). Dans ce contexte, des infos sortent sur les activités des services secrets hongrois en Transcarpathie et en Roumanie (fortruss). Le ministre de l’intelligence militaire hongrois déclare que la Hongrie réorganise ses services secrets depuis quelques années (budapestbeacon.com).

En Ukraine : “He cited the Russian-Ukrainian conflict as a primary example of radical changes to security in the region over the past year.  Hungary shares borders with a country engaged in an armed conflict.  According to Lázár, Hungarian spies have been active in Kiev, just like the spies of other regional neighbors, to ensure that political leaders are able to promote Hungary’s interests. He also stated that the government and the Information Office are convinced that the future of Hungarians living in the Transcarpathia (southwestern Ukraine) will be a serious issue in the coming decade, and that the Information Office is carrying out operations to protect Hungarian citizens in the Carpathian Basin. These operations are the first in twenty-five years in which the Hungarian government is openly undertaking activities in Ukraine in total opposition to the wishes of the Ukrainian government. Ukraine’s foreign ministry is doing what it can to stop Hungary’s spies and Hungarian diplomats from undertaking operations in Ukraine, Lázár said.”

Et en Roumanie : “He said Romania’s justice ministry has a clearly anti-Hungarian agenda in prosecuting ethnic Hungarians living in the country. This anti-Hungarian agenda, Lázár said, is even affecting the religious freedom of Hungarians.  He claims the Romanian government’s campaign against historically Hungarian churches in Romania is being carried out “behind a veil of transparency and justice”. “We know that the United States is actively taking part in Romania’s domestic politics. Currently, we can’t figure out whether [Romani’s anti-Hungarian] activities are the result of Romania’s collaboration with the United States, but we’re trying to understand what, if I’m allowed to put it this way, is even happening over there,” he said.”

 Synthèse de VzGliad sur les suites des événements de Moukachevo (vz.ru/).

 

• Les événements jour par jour : jeudi 16 juillet. Nuland est à Kiev. En Transcarpathie, les deux bords sont convaincus que Poutine est responsable (fortruss.) ! Valentyn Nalivaichenko, l’ex chef du SBU viré par Porochenko, balance ses dossiers sur la corruption générale du gouvernement et indique que les principaux partis politiques gèrent des flux de fonds secrets à partir de paradis fiscaux (russia-insider.com).

 

• Les événements jour par jour : vendredi 17 juillet. Nuland est encore à Kiev. Praviy Sektor semble plier vis à vis du gouvernement. Andrey Sharaskin, parlant pour Praviy Sektor, déclare sur la chaîne télé “112 Ukraine” : “The most important thing is that we need to first prove to the society that we are not seeking to start a civil war,  and God forbid, to continue armed resistance. We attract attention and  fight against evil, and are not trying to destabilize the situation in  the country. Therefore, the escalation of the conflict – and it is the official position – is not acceptable. We want to alleviate the tension,” (ria.ru via fortruss). Un ancien de Praviy Sektor, Borislav Bereza, pense que Yarosh a perdu le contrôle des branches régionales de Praviy Sektor, et spécialement de celle de Mukachevo (fortruss). Yarosh propose l’amnistie pour ses hommes de Mukachevo en échange de l’intégration de Praviy Sektor dans l’armée régulière (unian.info, unian.net). Pour VzGliad, cependant, Yarosh a commencé un conflit ouvert avec le pouvoir ukrainien (vz.ru).

Guennadi Moskal, le nouveau gouverneur de Transcarpathie, veut lutter contre la contrebande avec la coopération des pays voisins (Slovaquie, Hongrie, Pologne et Roumanie) (vz.ru). La Transcarpathie est présentée comme la “capitale de la contrebande en Ukraine” (fortruss) et comme de facto autonome par rapport à Kiev depuis 20 ans (fortruss).

Les opérations militaires en Transcarpathie se rapprochent de la frontière polonaise (fortruss) alors qu’apparemment, les fugitifs de Praviy Sektor n’auraient pas de moyen de communication (fortruss). Preuve que la situation est plus compliquée qu’une simple traque, des miliciens de Praviy Sektor et des policiers sont observés en train de collecter ensemble des droits de passage à un chekpoint (fortruss) !

Le député de Transcarpathie, Mikhaïl Lanio, mis en cause par Praviy Sektor,  essaye de quitter l’Ukraine pour partir en vacances en Italie avec sa famille mais a été retenu à la frontière (unian.net, gordonua).

 

 

• Les événements jour par jour : samedi 18 juillet.  Nuland n’est plus à Kiev.  Les opérations militaires en Transcarpathie continuent pour arrêter les Praviy Sektor impliqués dans l’attaque de Mukachevo. En réponse aux ouvertures de Yarosh, l’armée ukrainienne effectue un bombardement aérien sur les positions supposées des Praviy Sektor de Mukachevo puis lance un assaut héliporté (zak.depo.ua via fortruss) !

 

 

Porochenko fait licencier tous les responsables administratifs locaux de Transcarpathie (vesti-ukr.com). De son côté, Praviy Sektor annonce qu’il organisera un “vetche”, une assemblée populaire traditionnelle, mardi 21 juillet à Kiev sur la place de l’indépendance, le Maidan (lb.ua).

 

• Les événements jour par jour : dimanche 19 juillet.  Praviy Sektor se place en conflit ouvert avec le gouvernement et appelle l’armée régulière et la garde nationale à ne plus obéir aux ordres de Kiev (rt.com). Il demande de plus la démission de Porochenko (sputniknews). La ville de Lvov demande l’autonomie de la Galicie (slavyangrad.org). De nouveau, Budapest se préoccupe du sort de la communauté hongroise de Transcarpathie (150.000 personnes) (vesti-ukr.com). Les préparatifs de la Veche se déroulent, mais n’attirent pour l’instant que très peu de monde, ce qui fait dire à certains que la menace de Praviy Sektor s’éloigne (fortruss). Avakov, Moskal et Mustapha Nayyem seront responsables de la réforme des forces de l’intérieur en Transcarpathie (unian.net). En Transcarpathie, des maisons de leaders de la minorité hongroise sont mitraillées (fortruss).

 

 

• Tentative de synthèse des événements vu au travers du prisme ukrainien. En fait, tout peut se résumer en un rapport entre le Hetman et ses cosaques comme expliquer dans le commentaire de la traductrice de cet article ; “Mukachevo: Maidan Hawks, Maidan Doves, and the Prophets of a New Revolution” (rian.com.ua via fortruss) :

J.Hawk’s Comment: Vadzhra  is one of the most astute observers of Ukraine’s politics, and I think  that article just about hits the nail on the head. The “hetmans vs.  cossacks” aspect of Ukraine’s politics is likewise a problem of feudal  governance. In order to maintain the loyalty of the cossacks, the  hetmans must provide sources of spoils to the cossacks. If the hetman  can’t deliver, the cossacks will elect themselves a new hetman. The  cossacks, not the peasants.  The Right Sector and the volunteer  battalions are clearly aspiring to that role. Therefore, in a way,  Ukraine is the micro example of the problem the US is suffering from on a macro scale.  The loss of Crimea and the Donbass made that problem worse by depriving  Kiev hetmans of two very lucrative sources of cossacks’ spoils. There  are substitutes in the form of smuggling and other similar activities,  but the collapse of Ukraine’s legal economy can’t help but affect the  underground economy as well which means that what we might be observing  in Ukraine right now is an organized crime version of “musical chairs.” 
The  Right Sector made the bid for Transcarpathia smuggling for a reason,  and that reason was likely the drying up of revenue from other sources.  And as the sources of loot are shrinking, so does the number of loyal  cossacks that can be maintained. But the last thing a cossack would  accept was the relegation to the status of a peasant (in other words, a  member of the UAF…).

Cette analyse est renforcée par un autre article dans lequel Praviy Sektor justifie le pillage au nom de la la “lutte de libération” (fortruss).

 

 

DEUXIEME FOCUS DE LA SEMAINE : LA SEMAINE AMERICAINE

 

• Forum USA Ukraine à Washington DC. La rencontre est centrée avant tout sur les affaires et le commerce et non la politique, ce qui  n’empêche pas de marier les deux. Par exemple sur le sujet de la corruption. Le vice président Biden  affirme que la Russie est responsable de la corruption en Ukraine (vz.ru). D’un autre côté, Kyiv Post écrit que “les USA donnent sa dernier chance à l’Ukraine de s’attaquer à la corruption” (kyivpost). D’un troisième côté, Obama salue les réformes engagées en Ukraine et déclare que les sanctions anti-russes sont là pour durer (sputniknews).

 

 

Ceci dit, place aux affaires ! Le premier ministre Yatseniouk s’addresse à l’US Chamber of Commerce (kyivpost) et appelle les entreprises américaines à prendre une “large part dans le processus de privatisation des entreprises publiques ukrainiennes” (regnum.ru). La ministre des finances, Jaresko, plaide pour une réduction des royalties payées par l’Ukraine dans le domaine énergétique (kyivpost)

 

13 juillet 2015 :  U.S.-Ukraine Business Forum: Choices for Growth  (uschamber.com)

Cliquer sur l’image pour voir la video :


Yatseniouk donne une interview, à Associated Press (ap.org) et en profite entre deux “l’Ukraine défend la paix du monde” de prendre la défense de Praviy Sektor et remettre une couche sur la corruption en Ukraine. De plus, il se plaint que “la Grèce tire toute la couverture à elle aux dépens de l’Ukraine” (sputniknews)

 

14 juillet 2015 : Biden: Russia Wants Ukraine Economic Collapse (AP) (ap.org)

 

Résultats tangibles et affichés de ce forum, l’Ukraine signe un accord de libre-échange avec le Canada, le pays le plus pro-Kiev au monde (pm.gc.ca, lefigaro.fr/, 45enord.ca, ici.radio-canada.ca, russie.net, vigile.quebec, canoe.ca, kmu.gov.ua, kyivpost, radio-canada.ca) et un accord “ciel ouvert” avec les USA (kyivpost).

Plus f(l)ou, les USA envisagent d’entraîner des soldats ukrainiens (et non plus uniquement des membres de la garde nationale) dès l’automne 2015 (kyivpost, nouvelobs.com).

Autre retombée pratique. l’Ukraine attendrait pour l’automne des prêts pour un total de 1 milliard USD pour l’aider à payer la facture de gaz naturel pour la période froide (tass.ru via russia-insider.com). Le ministre de l’énergie et de l’industrie charbonnière, Volodymyr Demchyshyn, déclare ainsi le 16 juillet : “When we visited the United States, we held a series of meetings in  this regard with representatives of the US government, the International  Finance Corporation [IFC] and the World Bank. The decision to provide  financing to purchase natural gas for the heating season will be reached  in the nearest future… Ukraine expects to  receive $1 bln in total, the minister said. “$300 mln from the World  Bank, $300 mln from IFC, and the remaining amount from other donors… IFC is considering an option of extending a loan to a  trader, which will include everything into its asset list, will store  and sell [gas], for example to [Ukraine’s gas operator] Naftogaz.

 De passage à Londres, sur le chemin du retour, Yatseniouk accuse la Russie de mener une propagande à la Goebbels et appelle les pays occidentaux à lutter contre elle (vz.ru). Le même jour, le propriétaire du Kyiv Post, Mohammad Zahoor, demande à ce que le Royaume-Uni s’engage plus au côté de l’Ukraine : “British prime minister should show more commitment to Ukraine” (kyivpost)

 

• Le Nuland tour et  la constitution ukrainienne. Entre le 9 et le 16 juillet, Victoria Nuland, la chef du “Bureau of European and Eurasian Affairs” (state.gov) est en Europe pour visiter successivement la Suisse (le 9), la Croatie (le 10), la Bosnie herzégovine (le 11), le Monténégro, le Kosovo, la Macédoine, l’Albanie, la Serbie (entre le 11 et le 14) et enfin l’Ukraine (les 15 et 16) (state.gov.

Voici la liste des communiqués officiels du Bureau of European and Eurasian Affairs à ce sujet (http://www.state.gov/p/eur/244744.htm) :

 

9 juillet 2015 : Travel to Switzerland, Croatia, Bosnia and Herzegovina, Montenegro, Kosovo, Macedonia, Albania, Serbia, and Ukraine (state.gov)

On July 9, Assistant Secretary for European and Eurasian Affairs  Victoria Nuland met with Russian Deputy Foreign Minister Karasin in  Zurich, Switzerland to discuss the implementation by all parties of the  Minsk Agreements.
She then traveled to Dubrovnik, Croatia, to attend the 10th annual  Croatia Forum, where she delivered remarks on the western Balkans and  Transatlantic relations. Assistant Secretary Nuland also met with senior  Croatian government officials, as well as European leaders attending  the conference, on a range of regional and energy security issues.
Assistant Secretary Nuland traveled on July 11 to Srebrenica, Bosnia  and Herzegovina, where she joined the Presidential delegation to mark  the 20th anniversary of the Srebrenica genocide. While in Bosnia and  Herzegovina, she and the delegation also met with senior government  officials and political leaders to discuss bilateral and regional  issues.
During July 11–14, the Assistant Secretary traveled with an  interagency team to Podgorica, Montenegro; Pristina, Kosovo; Skopje,  Macedonia; Tirana, Albania; and Belgrade, Serbia, where they met with  the respective senior government officials, political leaders, and  members of civil society to discuss bilateral and regional issues,  including Euro-Atlantic and regional integration. In Kosovo and Serbia,  in particular, she discussed the Kosovo-Serbia Dialogue and progress on  implementation of the April 19, 2013 Brussels Agreement on normalization  of relations.
On July 15-16, in Kyiv, Ukraine, Assistant Secretary Nuland met with  senior Ukrainian government officials, political and business leaders  and civil society representatives to discuss a range of bilateral and  regional issues.

 

Durant cette semaine, dans la sphère de compétence de Victoria Nuland, plusieurs choses se passent.  Le 10 juillet, Nuland parle en Croatie de la Démocratie et la Liberté dans les Balkans. Pour me media Redpill Times cela n’augure rien de bon : “Victoria Nuland is in Croatia talking about democracy and freedom in the Balkans…expect some bad things to go down” (redpilltimes.com). 13 juillet, le premier ministre de Roumanie est mis en examen pour corruption (rt.com). Le même jour en Roumanie, un soldat américain ivre provoque un accident de la route, deux personnes sont blessées. Le soldat invoque son immunité en tant que soldat américain (les USA négocient systématiquement l’immunité pour leurs soldats lorsqu’ils sont stationnés en dehors des USA (pravda.ru). Le 13 toujours, les aspirants au poste de premier ministre moldave essayent d’obtenir le soutien de Nuland (regnum.ru). Nuland passe par l’Albanie (facebook). Consortium News publie un article de Robert Parry : “The Mess that Nuland Made” (consortiumnews.com). Le 14 juillet , la Bulgarie  envoit plus de 50 militaires pour participer aux manoeuvres de l’Ukraine et de l’OTAN près de Lvov (regnum.ru). The Nation publie à son tour un article critique sur le “parti de la guerre” dont Nuland fait partie :

“Is Russia Really ‘the Greatest Threat’ to US National Security ?   Ashton Carter, Victoria Nuland, and Gen. Joseph Dunford want us to think so “  (thenation.com). Les USA, via Nuland, soutiennent l’entrée de la Serbie dans l’UE (balkaninsight.com). Une info peut-être à relier au Nuland Tour,  Maros Sefcovic, le responsable de l’UE pour l’énergie est “inflexible” sur le fait que le gaz russe pour l’Europe doit continuer à passer par l’Ukraine arguant du fait que le réseau actuel de gazoducs est construit autour du transit ukrainien. Helas pour Sefcovic, la Russie a déjà indiqué qu’elle arrétait le transit par l’Ukraine en 2019 et l’Allemagne s’esst “arrangée” avec la Russie pour perreniser son approvisionnement par le doublement du gazoduc North Stream (russia-insider.com).

 

Le 15 juillet, les partis de Macédoine se mettent d’accord pour organiser de nouvelles élections avec le Maidan raté à Skopje (socialistsanddemocrats.eu). Le même jour, après l’octroi par le département d’état US du “prix des Droits de l’Homme” à l’activiste Azimjane Askarov, le Ministre des affaires étrangères du Kirghizstan accuse les Etats Unis de tenter de compromettre la paix inter-ethnique dans la république. Askarov est ouzbek. Il avait été impliqué dans les troubles de 2010 dans le sud du pays au cours desquels quelques 500 personnes avaient été tuées et 2000 blessées (vz.ru/). Le Kirghizstan est tellement mécontent qu’il envisage de dénoucer ses accords de coopération avec les USA datant de 1993 (sputniknews), ce qui est fait le 17 juillet (vz.ru). VzGliad s’étend sur les projets de département d’état US au Kirghizstan suite à l’octroi d’un prix des droits de l’homme américain à l’activiste du kirghizstan d’ethnie ouzbèque Azimjan Askarov (vz.ru). Incidemment, on apprend que des combattants de l’état islamique préparaient un attentat contre la base russe de Bishkek, au Kirghizstan (regnum.ru)…

Entre le 15 et le 17 juillet, Nuland est à Kiev.  L’idée est de faire avancer les accords de Minsk 2 dans leur volet politique, le volet militair lui étant globalement non appliqué (cessez-le-feu, retraits des armes lourdes, échange des prisonniers, sortie de toutes les troupes et armement étrangers d’Ukraine). La situation a plutôt empiré depuis le dernier point fait sur l’application des accords de Minsk 2 dans Actu’Ukraine (voir actu’Ukraine du 25 mars 2015 : les-crises.fr), par exemple sur les points 7 et 8.

 

Point 7 – Garantir  l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la  distribution  d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme  international. Provide safe access, delivery, storage and distribution of humanitarian aid to the needy, based on an international mechanism.

L’Ukraine ne respecte pas ce point, seulement 15%  de l’aide humanitaire arrive aux populations du Donbass. Pour plus de  détails, voir l’analyse du rapport du UNOCHA, plus bas dans cette  Actu’Ukraine (lundi 16 mars – L’Ukraine prive les civils des zones contrôlées par les Novorusses de soins médicaux).

 

Point 8 – Détermination  des modalités du rétablissement total des liens  socio-économiques,  notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les  autres versements (encaissements et recettes,  paiement en temps  voulu  de toutes les factures communales,  rétablissement de l’imposition   dans le cadre du champ juridique de  l’Ukraine). À cette fin, l’Ukraine  rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions  touchées par le conflit, et il sera peut-être   crée un mécanisme  international pour faciliter ces versements. Define  the modalities of a full restoration of social and economic   connections, including social transfers, such as payments of pensions   and other payments (income and revenue, timely payment of communal   bills, restoration of tax payments within the framework of Ukrainian   legal field).  With this aim, Ukraine will restore management over the  segment of its  banking system in the districts affected by the  conflict, and possibly,  an international mechanism will be established  to ease such  transactions.

 

Pas de chance pour Nuland, cela commence mal. Juste avant son arrivée, la Rada avait vôté le 14 au sujet des élections (point 12 des accords de Minsk 2). Il n’y a pas eu de concertation entre kiev, Donetsk et Lougansk. Donetsk a fixé ses élections au 18 octobre 2015 (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr), Lougansk au 1er novembre 2015 (unian.info) et Kiev fixe ses élections au 25 octobre 2015 et indique qu’elles n’auront pas lieu en Crimée et dans les Oblast de Donetsk et Lougansk (dnr-news.com)…

Ces élections, comme les précédentes, seront en partie financées par des aides du Canada (ctvnews.ca via russia-insider.com).

 

Point 12 – Sur  la base de la  loi ukrainienne « Sur le régime temporaire   d’autogestion locale dans  les zones actuellement contrôlées par les   républiques de Donetsk et de  Lougansk », les questions concernant les   élections locales seront  débattues avec les représentants des régions   particulières de Donetsk  et de Lougansk dans le cadre du Groupe de   contact tripartite. Les  élections seront conduites dans le respect des   standards de l’OSCE  correspondants et sous la surveillance du BIDDH  de  l’OSCE. Based on the Law of Ukraine “On temporary  Order of Local  Self-Governance in Particular Districts of Donetsk and  Luhansk Oblasts”,  questions related to local elections will be  discussed and agreed upon  with representatives of particular districts  of Donetsk and Luhansk  oblasts in the framework of the Trilateral  Contact Group. Elections will  be held in accordance with relevant OSCE  standards and monitored by  OSCE/ODIHR.

 

Nuland arrive tout de même à temps pour le vote de la modification de la constitution dans le sens du point 11 des accords de Minsk 2 (sputniknews) et pour “conseiller” Porochenko. Du coup le projet de loi 2217а “Projet de loi sur les amendements à la Constitution de l’Ukraine (concernant la décentralisation du pouvoir)” du 1er juillet 2015  (rada.gov.ua, texte loi 1/7/2015 : rada.gov.ua, notice explicative 1/7/2015 : rada.gov.ua) est modifié le 15 juillet 2015 (rada.gov.ua, texte loi révision 15/7/2015 : rada.gov.ua, notice explicative 15/7/2015 : rada.gov.ua), juste avant le vote…

Par rapport au projet de loi initial du 1er juillet, une ligne est ajoutée le 15 juillet destinée à être intégré dans le chapitre XV de la constitution appelé “dispositions transitoires” :

 

18. Особливості здійснення місцевого самоврядування в окремих районах Донецької і Луганської областей визначаються окремим законом.

18. Caractéristiques de l’administration locale dans certains domaines  de régions de Donetsk et de Lougansk définies par une loi distincte.

 

Le statut spécial des régions contrôlées par la DNR et la LNR fait l’objet d’une loi séparée votée en mars 2015  (rada.gov.ua). la grande différence est que par cette ligne, cette loi est intégrée dans la constitution dans le cadre plus large d’une loi de décentralisation du pouvoir (armenpress.am). Cela n’est qu’une ligne mais elle implique qu’une région d’Ukraine peut avoir un statut différent du reste du pays, même de manière “transitoire”. Cet ajout flirte avec la fédéralisation qui était la demande première des républiques de l’Est au printemps 2014, avant le début des opérations militaires. “Décentralisation et non fédéralisation” : Porochenko insiste sur le fait que l’Ukraine restera un état unitaire, même si il acte la “spécificité” des républiques de l’est dans la constitution (pravda.com.ua) : “In the project there is no hint on federalization.  Ukraine was if is the unitary state. And the draft constitution doesn’t  provide, and can’t provide any special status of Donbass, there it  simply isn’t present… Our  European partners and the USA are interested in a successful completion  of the constitutional process, however it is more our interest and our  right… Decentralization  isn’t present a place in such questions as defense, national security,  foreign policy, control of observance of constitutional rights and  freedoms of citizens” (news.pn). Quoi qu’il dise, le mot tabou de Fédéralisation est maintenant sur la table…

 

Ajout au chapitre 15 dans la loi de 2015 (rada.gov.ua, texte loi révision 15/7/2015 : rada.gov.ua, notice explicative 15/7/2015 : rada.gov.ua)

8) l’article XV “Dispositions transitoires” compléter les paragraphes 17 et 18 comme suit:
“17. Après l’entrée en vigueur de la loi de l’Ukraine« Sur les  amendements à la Constitution de l’Ukraine (concernant la  décentralisation du pouvoir) “:
1) à la suite des prochaines élections locales – les élections des  chefs de communautés, les membres des conseils communautaires, les  conseils de district et régionales organisées le dernier dimanche en  Octobre 2017.
L’autorité  de village, ville et les maires et les conseillers locaux élus lors des  prochaines élections en Octobre 2015 et les élections locales dans la  période d’Octobre 2015 to Octobre 2017, fin de la date de pouvoirs  d’entrée sous les chefs de communautés, des conseils communautaires, de  district et conseils régionaux élu lors des prochaines élections locales régulières en Octobre 2017.
2) Le Président de l’Ukraine sur la présentation au Cabinet des  Ministres de l’Ukraine nommer et de révoquer les chefs des  administrations locales aux préfets de destination appropriés;
3) temporairement jusqu’à la nomination du préfet pouvoirs visés au  paragraphe 1 de l’article 119 et le deuxième alinéa de l’article 144 de  la Constitution de l’Ukraine, porte le chef de l’administration locale  de l’Etat;
4)  Le Président de l’Ukraine jusqu’à l’élection lors des prochaines  élections locales régulières en Octobre 2017, le chefs des communautés,  les membres des conseils communautaires, les conseils de district et  régionaux exercent les pouvoirs en vertu de l’article 144 de la  Constitution de l’Ukraine concernant les actes adoptés dans le village  de conformité, les maires, village , ville, district et les conseils régionaux. Conçu avec le gouvernement intérimaire a autorisé directe et organiser  les activités des organes exécutifs du village, une ville ou conseil  municipal, le personnel de la direction de l’arrondissement respectif et  les conseils régionaux.
La Cour constitutionnelle de l’Ukraine à examiner d’urgence adresse  appropriée par le Président de l’Ukraine concernant les actes village,  ville et maires de ville, village, ville, district et les conseils  régionaux.
Si  la Cour constitutionnelle de la loi Ukraine village, le maire, village,  ville, district et les conseils régionaux de telle sorte que ne répond  pas à la Constitution de l’Ukraine, la Verkhovna Rada d’Ukraine par le  Président de l’Ukraine fin prématurément à l’autorité du village, le  règlement, maire de la ville, village, ville, quartier, conseil régional et de nommer des élections anticipées.
18. Caractéristiques de l’administration locale dans certains domaines  de régions de Donetsk et de Lougansk définies par une loi distincte “.

 

Chapitre XV de 1996 (mjp.univ-perp.fr, wikipedia.org)

Titre XV. Dispositions transitoires.   
1. Les lois et les règlements adoptés avant l’entrée en vigueur de la présente Constitution restent en vigueur dans la mesure où ils ne sont pas incompatibles avec la Constitution de l’Ukraine.
2. Après l’adoption de la présente Constitution, la Rada suprême exerce les pouvoirs définis par la présente Constitution. 
Les élections régulières à la Rada suprême auront lieu en mars 1998.
3. L’élection du président de l’Ukraine aura lieu le dernier dimanche d’octobre 1999.
4. Le président de l’Ukraine, pendant trois ans après l’entrée en vigueur de la présente Constitution a le droit de promulguer des décrets approuvés par le Conseil des ministres et signés par le premier ministre sur les questions économiques qui ne sont pas réglées par des lois, en présentant en même temps les projets de loi correspondants à la Rada suprême conformément à l’article 93 de la présente Constitution.
Un tel décret du président de l’Ukraine prend effet si dans les trente jours suivant la présentation du projet de loi (les jours de vacances parlementaires non compris), la Rada suprême n’a pas adopté la loi ou n’a pas rejeté le projet de loi à la majorité de sa composition constitutionnelle, et il reste en vigueur jusqu’à ce qu’une loi adoptée par la Rada suprême sur la question entre en vigueur.
5. Le Conseil des ministres est formé conformément à la présente Constitution dans un délai de trois mois après son entrée en vigueur.
6. La Cour constitutionnelle de l’Ukraine est formée conformément à la présente Constitution, dans un délai de trois mois après son entrée en vigueur. Avant la création de la Cour constitutionnelle, la Rada suprême interprète les lois.
7. Les chefs des services locaux de l’État ne peuvent acquérir le statut de chefs des services locaux de l’État conformément à l’article 118 de la présente Constitution et, après l’élection des présidents des différents conseils, ils résignent leurs fonctions devant les présidents de ces différents conseils.
8. Les conseils de villages, de quartiers, de villes, et les présidents de ces conseils, lors de l’entrée en vigueur de la présente Constitution, exercent les pouvoirs déterminés par la présente Constitution, jusqu’à l’élection des nouveaux membres de ces conseils en mars 1998. 
Les conseils de districts et de régions, élus avant l’entrée en vigueur de la présente Constitution, exercent les pouvoirs déterminés par la présente Constitution, jusqu’à la formation des nouveaux conseils conformément à la Constitution.
Les conseils de villes-districts et leurs présidents, lors de l’entrée en vigueur de la présente Constitution, exercent leurs pouvoirs conformément à la loi.
9. Le Parquet de l’État, conformément aux lois en vigueur, continue à veiller au respect et à l’application des lois et à procéder aux enquête préliminaires, jusqu’à l’entrée en vigueur des lois régissant le fonctionnement des organes publics chargés de veiller au respect des lois et jusqu’à la formation du système d’enquête pénale et à l’entrée en vigueur des lois régissant son fonctionnement.
10. Avant l’adoption des lois qui déterminent les caractéristiques du pouvoir exécutif dans les villes de Kiev et de Sébastopol, en conformité avec l’article 118 de la présente Constitution, le pouvoir exécutif dans ces villes est exercé par les administrations concernées.
11. L’alinéa premier de l’article 99 de la présente Constitution entrera en vigueur après l’introduction de la monnaie nationale, la hryvnia.
12. La cour suprême de l’Ukraine et la Cour supérieure d’arbitrage exercent leurs pouvoirs en vertu de la législation actuelle de l’Ukraine, jusqu’à la formation du système des tribunaux à compétence générale conformément à l’article 125 de la présente Constitution, mais ce délai ne doit pas dépasser cinq ans.
Les juges de tous les tribunaux en Ukraine, élus ou nommés avant la date d’entrée en vigueur de la présente Constitution, continuent à exercer leurs pouvoirs, en vertu de la législation en vigueur, jusqu’à la fin de la période pour laquelle ils ont été élus ou nommés. 
Les juges dont les fonctions ont pris fin à la date d’entrée en vigueur de la présente Constitution, continuent à exercer leurs pouvoirs pendant un an.
13. Pour une période de cinq ans après l’entrée en vigueur de la présente Constitution, la procédure actuelle est maintenue pour l’arrestation, l’emprisonnement et la détention des personnes soupçonnées d’avoir commis un crime, ainsi que pour la recherche et la perquisition du domicile ou d’autre biens d’un individu.
14. L’utilisation des bases militaires existant sur le territoire de l’Ukraine pour le stationnement temporaire de forces militaires étrangères est possible en vertu d’un bail, conformément à la procédure déterminée par les traités internationaux ratifiés par la Rada suprême de l’Ukraine.
Adoptée à la cinquième session de la Verkhovna Rada d’Ukraine, le 28 juin 1996.

 

Ce vote déchire le parlement ukrainien et la coalition au pouvoir. Cela implique une forme d’acceptation de la partition de facto du pays et est perçu par certains groupes en Ukraine comme une trahison du nationalisme ukrainien par le gouvernement et par d’autres comme un lâchage” des USA. Porochenko essaye de désamorcer la polémique en disant qu’“il n’y a pas une seule virgule sur Minsk 2 dans le projet” (rbth.co.uk). Le sujet est très sensible, au point que Nuland et l’ambassadeur des USA en Ukraine assistent physiquement aux débats et au vote au sein du parlement (rt.com)… Une pression internationale, venant des USA et également de l’UE que l’Ukraine vit mal (unian.info, pravda.com.ua, kyivpost.com, vz.ru). Certains pensent même que l’Ukraine a été géopolitiquement “sacrifiée” par les occidentaux pour obtenir un accord sur le nucléaire en Iran, ce que dément Nuland (lb.ua).

Nuland déclarait le 15, la veille du vote : My country is a country that is very decentralized, as you know. And  we believe that people at the community level know best what is right  for their people. That when government is close to citizens it is  strongest. This is the step that you will take with this package of  legislation tomorrow in a first reading. It will also bring Ukraine into compliance with its Minsk obligations  with regard to decentralization and special status. And that is very,  very important. At every stage since Minsk was negotiated in February,  Ukraine has worked hard to meet its obligations. And that has allowed  the United States — it has allowed countries in Europe — to continue  standing with Ukraine in insisting that all the parties to Minsk  implement their obligations.” (state.gov)

 

 

Point 11 – Conduite  d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en  vigueur  d’ici fin  2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé  de la décentralisation (avec prise en compte des  particularités des  zones  actuellement contrôlées par les républiques de  Donetsk et de  Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions),  et également  adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions  particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de  l’année 2015. Constitutional  reform in Ukraine, with a new constitution to come  into effect by the  end of 2015, the key element of which is  decentralisation (taking into  account peculiarities of particular  districts of Donetsk and Luhansk  oblasts, agreed with representatives of  these districts), and also  approval of permanent legislation on the  special status of particular  districts of Donetsk and Luhansk oblasts in  accordance with the  measures spelt out in the attached footnote,[note 1] by the end of 2015.

 

Plus de 288 députés ont voté pour et 58 députés contre le projet de loi de décentralisation/modification de la constitution (bluewin.ch, vesti-ukr.com). Suite au vote, des réglements de compte politiques se produisent. Le groupe parlementaire “Samopomochtch’” décide ainsi de retirer à Anna Gopko son poste de Présidente de la commission des Affaires étrangères parce qu’elle a été la seule député du groupe à voter en faveur des modifications constitutionnelles proposées par Porochenko. Elle a indiqué qu’un conseiller d’Angela Merkel l’avait convaincue de voter en faveur du projet (lb.ua, 112.ua, youtube).

Porochenko met les points sur les i officiellement à propos de l’attitude de certains partenaires de la coalition lors du vote sur  la réforme constitutionnelle à la Rada (unian.net) et a même vu “la main du Kremlin” lors des débats à la Rada (vesti-ukr.com). Porochenko espère que la Rada adoptera définitivement à l’automne les modifications de la constitution. Un échec pourrait conduire à l’éclatement de la coalition internationale soutenant l’Ukraine. Le projet est maintenant soumis à la Cour Constitutionnelle Ukrainienne (gordonua.com).

Qu’importe. Pour Nuland, ce vote montre que l’Ukraine respecte les accords de Minsk 2 et clôt le débat à ce sujet. Pour elle c’est “an answer to any questions on Ukraine’s compliance with the Minsk  agreements, whether these questions come from Donetsk and Lugansk, or  from Moscow.” (sputniknews, kyivpost.com). Les républiques ne sont pas d’accord (dnr-news.com, gordonua.com), la Russie n’est pas d’accord (sputniknews)… et une partie des ukrainiens également. Par exemple, le statut spécial accordé indirectement par ce vote à la DNR et LNR crée un mouvement de demande d’autonomie pour la région de Galicie (Ouest de l’Ukraine) avec une manifestation de plusieurs centaines de personnes à Lvov (fortruss, vzgliad.ru, novorossia.today).

 

 

15 juillet 2015 : Victoria Nuland – Kiev – Remarks to the Press (state.gov)

Good evening, everybody. It’s terrific to be  back in Ukraine. We’ll have a fuller opportunity to speak tomorrow after  I finish my consultations. I haven’t yet had a chance to sit with the  President and the Prime Minister. But I did want to make a brief  statement today, because I had the chance over the course of the day to  sit with Rada Speaker Groysman, to visit with all of the faction heads  of the governing coalition. And tomorrow morning I’ll have breakfast  with Yuriy Boyko of the opposition bloc faction. And I wanted to just  give you a sense of our message to them.
First, just to say — I am constantly impressed when I sit down with  members of the Rada about what a different Ukraine this is in terms of  the quality of democracy. You now have a parliament that truly  represents the people, debate is lively, the democratic process is  exciting, and the kinds of conversations we have with the  representatives of the Ukrainian people are really rich and really  impressive. Every single one of them is a patriot, and I am proud to  know them and grateful for the opportunity to see them.
I don’t have to tell you that tomorrow is yet another historic day in  the Rada. There have been a lot of historic days over the last eight  months as you work to pass the important legislation that is going to  change this country — that brings you true reform, true Europe, true  democratic standards. But tomorrow, the Rada will consider a full  package of reform legislation, which completes the prior actions  requested by the International Monetary Fund, and will — if approved —  unlock the next tranche of international support for Ukraine.
This is not simply about what the IMF has asked you to do. It’s not  even primarily about that. It’s about taking the kinds of steps that  will break the old oligarchic system that operated here and put you on  the path to true, democratic, open market governance; clean economy;  market standards; European standards. In passing this legislation  tomorrow, the Rada will also be protecting — continuing to protect —  Ukraine’s reputation as a strong, rules-based stakeholder in the  international community. And as we’ve seen recently in Europe, it’s  absolutely essential to maintain that trust — that you are prepared to  live by international standards. And Ukraine has done that consistently  since Maidan.
Tomorrow will also be the first reading — the first review — of a  broad package of constitutional amendments primarily focused on  decentralizing power to the local regions. This is a package of  amendments that has passed through the Venice Commission — the gold  standard of European review. It has met — it’s gotten the Venice  Commission’s seal of approval. And it will bring to your constitution  European standards of decentralized power. It will bring more  opportunity for all the regions of Ukraine to control their own future,  to have more power in budgeting, to take the kind of responsibility for  improving quality of life at the local level — the quality of democracy  at the local level — and to bring growth to the local economy.
My country is a country that is very decentralized, as you know. And  we believe that people at the community level know best what is right  for their people. That when government is close to citizens it is  strongest. This is the step that you will take with this package of  legislation tomorrow in a first reading.
It will also bring Ukraine into compliance with its Minsk obligations  with regard to decentralization and special status. And that is very,  very important. At every stage since Minsk was negotiated in February,  Ukraine has worked hard to meet its obligations. And that has allowed  the United States — it has allowed countries in Europe — to continue  standing with Ukraine in insisting that all the parties to Minsk  implement their obligations.
So I take this opportunity to now — as Ukraine takes its steps — to  again call on Russia and those that it supports in the Donbas to meet  their obligations.
And just before closing tonight — and again, we’ll have a chance to  visit tomorrow — I want to underscore what my President said when Prime  Minister Yatsenyuk was in the White House on Monday. The United States  stands with the people of Ukraine — stands with you in defense of your  sovereignty, your territorial integrity, your chosen path towards a  cleaner, more democratic, stronger, European future.
Thank you very much.

 

 16 juillet 2015 : Victoria Nuland – Kiev – Press Availability in Ukraine (state.gov)

Mr. Lalley: Good evening, everyone. Welcome to  the Ukraine Crisis Media Center. My name is Jonathan Lalley. I’m the  Embassy Spokesperson here at the U.S. Embassy in Kyiv, and I’m delighted  that you’re all here for a special on-the-record briefing this evening  with Assistant Secretary of State for European and Eurasian Affairs  Victoria Nuland. Assistant Secretary Nuland is making what is at least  her eleventh trip to Ukraine as Assistant Secretary. She’s someone who  needs no introduction, as a close friend of Ukraine, so I’ll turn it  over to her for opening remarks, and we’ll take three or four questions.  Over to you.
Assistant Secretary Nuland: Thanks, everybody. I am very sorry to  keep you waiting. I am delighted to be back in Kyiv to once again  reaffirm the United States’ unwavering support for Ukraine’s democratic  journey. I am struck once again on this trip by the resolve of the  Ukrainian people to change the future of this country into a modern,  democratic, European state.
I was honored to be here today when Ukraine and the Verkhovna Rada  took very important steps along this path, including passing on the  first reading the package of constitutional reform measures bringing  broad decentralization to the country, and bringing government closer to  citizens, and Ukraine closer to European norms, as approved by the  Venice Commission.
I’m also pleased to have seen the passage of a major package of  economic reforms, which were necessary to keep Ukraine in compliance  with IMF standards. This package also puts Ukraine that much closer to  unlocking the next tranche of economic support from the international  community.
I am grateful and I thank all of the leaders I was able to meet over  the last two days. We had the chance to see the leaders of all the major  parliamentary factions. We also saw Speaker Groysman and his team,  Prime Minister Yatsenyuk, Minister of Interior Avakov, NSDC Turchynov,  Mayor Klitschko of Kyiv, Foreign Minister Klimkin, Chief of Staff  Lozhkin, Ambassador Chaliy, NSA Yeliseyev, and business representatives.  Special OSCE Representative Sajdik and I met for the first time here in  Kyiv. And of course I had a very long and generous meeting with  President Poroshenko.
In every one of those conversations, we talked about the vital  importance of unity among the democratic forces — the reformist forces  — here in Ukraine, about the importance of sustaining economic reform  and rooting out corruption wherever it lives, and about implementing the  obligations that Ukraine undertook under the Minsk Agreements, so that  on the Ukrainian side there are no excuses. And on the other side, there  is a question of whether they will meet their obligations.
The decisions that were taken today at the Rada reinforce the  trajectory along all of these paths, and I am very pleased to be able to  go home and report so much progress here in Ukraine.
One last word — tomorrow, all of us will honor the memory of the 298  innocents from around the world who perished here when Malaysian  Airlines flight 17 was brutally shot down in eastern Ukraine. We stand  with Ukraine and those who lost citizens around the world in insisting  that there be justice for this heinous crime. And we are reminded by  that memory of the vital importance of the international community  standing with Ukraine to see peace here, to see security, and to  guarantee your territorial integrity.
I’m prepared to take some questions.
Mr. Lalley: We have time for three or four. The first question is from the Associated Press.
Question: (Inaudible.) Do you have any new details on the  investigation of this tragedy, and does the U.S. support an  international tribunal under the United Nations?
Assistant Secretary Nuland: Well, as you know, just a few days after  the tragic shoot down, my boss, Secretary Kerry, came out publicly  making clear that we believe that Malaysian Airlines 17 was shot down by  a missile from eastern Ukraine. I don’t have anything else to share  here. We are cooperating intensively with the Dutch who have the lead in  the investigation. We understand that they are making progress in that  investigation. But I won’t get ahead of them. There are discussions,  obviously, in New York and elsewhere, about the right venue for finding  international justice and ensuring those who are responsible are brought  to justice, but I don’t have anything new to announce today.
Mr. Lalley: Our next question is from Interfax.
Question: (In Ukrainian.)
Assistant Secretary Nuland: I have to say that I find the question  offensive. The United States is not in the business of trading one thing  for another in its international relations. The United States was  pleased that we were able — with our Allies, and with China, and with  the European Union — to cooperate with Russia in reaching this historic  agreement with Iran. But we don’t judge that Russia did this as a favor  to the United States or anybody else. It did it because its own  interests were served by ensuring that Iran does not get a nuclear  weapon.
At the same time, as you know, we continue to have very tough,  difficult conversations with Russia about Ukraine. My President had a  conversation with President Putin that included Ukraine not too long  ago. And we have made absolutely clear that we expect not only Ukraine,  but obviously Russia, to live up to its obligations under the Minsk  Agreement, including its obligations to ensure that there is a full  ceasefire, that there is a full exchange of hostages, that there is a  full withdrawal of all weapons and foreign forces, and that the border  is returned to Ukraine as agreed in Minsk. So among the things that we  now — I am now working on myself — is not just supporting Ukraine in its  preparations for Minsk Group meetings, but also trying to work with  Deputy Minister Karasin to ensure that the Russian side, too, meets its  obligations.
Mr. Lalley: Our next question comes from Novoye Vremya.
Question: (In Ukrainian.)
Assistant Secretary Nuland: First of all, for somebody who’s been  coming in and out of Ukraine for 25 years, it really was very exciting  to stand in the Verkhovna Rada today and see vibrant democracy in  action, and lots of different opinions, and a real debate — not like the  fake debates of old. I thought President Poroshenko spoke quite clearly  in the Rada — and persuasively — that in contrast to the accusation,  this actually protects Ukraine from federalization. This is  decentralization that provides the same rights of budgeting, of local  authority, of responsibility for your own affairs to every region of  Ukraine.
With regard to the single sentence about the need for the law that’s  already been passed by the Rada on special status — as you know, that’s a  direct quote from the Minsk Agreement, which was signed by Ukraine in  the hope of having peace and having the restoration of its territory in  eastern Ukraine. So the hope is, having fulfilled Ukraine’s obligation  under the Minsk Agreement to include this, this will now be answered by  responding steps by those responsible in Donetsk and Luhansk, and those  who support them in Moscow. So it puts you in the strongest possible  position to say your obligations are being met, what about the other  side.
Mr. Lalley: We have time for one more. Last question, Buzzfeed’s Max Seddon.
Assistant Secretary Nuland: Max! You’re far from home. (Laughter.)
Question: Following up on the question here. The Deputy Speaker of  the Rada, Oksana Syroyid, wrote on Facebook yesterday that the  constitutional changes that were passed were being forced on Ukraine  through unprecedented pressure from the West. And going by what a lot of  people in the Ukrainian political sphere have said recently, there  seems a lot more enthusiasm on the Western side — the U.S. and the EU —  to (inaudible) these things done from the Ukrainian political  establishment. What kind of pressure have you been putting — in your  conversations — on the Ukrainians to get this done, and what kind of  resistance have you been running up against?
Assistant Secretary Nuland: Well, first of all, 288 out of 300 plus  deputies voted for this, so it was a very strong mandate for — first and  foremost — decentralization of the country, which public opinion polls  show is second only to countering corruption in terms of what the people  of Ukraine are asking for — whether they live in Lviv or Donetsk. So  this was an important step to de-Sovietize, de-oligarchize the country —  to liberate Ukraine from the structures of the past and bring it closer  to Europe. Did we want to see Ukraine meet its obligations that it took  in Minsk by including this sentence as it agreed to do? Of course. But  the reason that we wanted to see that happen was so there would be no  excuses on the other side for renewed violence. No excuses to break the  agreement. That Ukraine is doing its job. Now it is up to the other side  to do its job. Thank you all very much.

 

Le 17 juillet, Nuland est interviewée durant l’émission vedette et fleuve (4h41 !) de la télé ukrainienne : Schuster Live (112.ua, state.gov, youtube). UNIAN retient de cette interview de Nuland qu’en le cas d’agravation de la situation dans le Donbass, les Etats Unis accroîtront la pression sur la Russie et sur les DNR/LNR (unian.net).

 

17 juillet 2015 : Victoria Nuland – Kiev – Interview With Savik Shuster (state.gov)

Question: Ambassador Nuland, the main topic in  Ukraine this week is not decentralization. You’ll be surprised: it’s the  U.S. – Ukrainian Business Forum, the Vice President’s speech. And most  Ukrainians – and I’m absolutely certain about it – would like to tell  the Prime Minister of Ukraine what the Vice President of the United  States has said – basically, “Shape up, Arseniy. Ukraine is running out  of chances.” What are the reasons you think that the fight against  corruption is really not giving any results?
Assistant Secretary Nuland: Well first, Savik, let me just say how  proud we were to host the U.S. – Ukraine Business Forum. It was an  opportunity for the United States to say to its own business community,  “We believe in Ukraine. It’s time to go invest in Ukraine. We’re  supporting Ukraine. It’s time for you to do that as well.” And we had  interest from more than 150 businesses. We’re talking about coming and  doing another one here in Ukraine later in the year. So this is part and  parcel of America’s support for your democratic reform future.
Look, fighting corruption is one of the hardest things that countries  have to do – particularly countries emerging from the kleptocratic  Soviet system. And frankly, this part of Ukraine’s journey was never  really done before. I don’t have to tell you this — that pretty much  every set of leaders since independence has, in one way or another,  either directly ripped off the people of Ukraine or allowed it to  happen. So there’s Soviet overhang here. There’s also a recent tradition  of this. And there are some outside your country who use corruption to  manipulate the system to make money themselves here. So it’s a hard  problem. It’s what we call a “wicked” problem. So it’s going to take a  lot of effort. You can’t expect it to happen overnight. But by the same  token, it has to be pursued to the end. So what Ukraine has done now is  set in place the legislative base to fight corruption. You’ve started to  change some of the personnel. You’ve started to create – with our help  and others – a cleaner military, a cleaner police system. But changing  the culture and really rooting out all those snakes and cutting off  their heads is going to take time. So we will stand with you as you do  it. But, like a bicycle, you’ve got to ride it and keep going so it  doesn’t fall over.
Question: But when you mention outside forces, people, whatever, you don’t only mean Russia, I suppose?
Assistant Secretary Nuland: We’re talking about this phenomenon all  over the area that I work on. I work on 50 countries of the  Euro-Atlantic region. We’re worried about it in the Balkans. We’re  worried about it in Central Europe. We’re worried about it in Eastern  Europe. Dirty money buys politicians, buys businesses, takes over the  sovereignty of the country, and manipulates politics. It can come from  outside forces. It can come from within. It has to be rooted out  regardless of where it comes from. But when a country is vulnerable to  this kind of thing, those who don’t wish you well from the outside, or  those who want to rip you off, can take advantage of this vulnerability  and make trouble and have influence that they shouldn’t have.
Question: But the United States Vice President pronounces, “Now you  have to put people in jail,” looking into the eyes of the Prime Minister  of Ukraine. So I wonder, what is it? Is it disappointment? Is it a  warning? Is it an incitement?
Assistant Secretary Nuland: No, as I said – fighting corruption has  to be pursued in stages. So you have put in place the legislative base.  You’ve started to clean the cadre. But now the justice system has to  work. So it’s not just a matter of presenting cases to the prosecutor.  The prosecutor has to complete some cases – whether it’s at the federal  level, whether it’s at the city level, whether it’s the local level – so  that the people of Ukraine have confidence that if they report a crime,  if they report that they’ve been ripped off, that those people are  going to pay, that there will be justice. And justice also creates a  deterrent. If you know you’re going to get away with it, you’re going to  keep doing it – but if you know you might go to jail, you’re going to  think twice.
Question: I think you, Ambassador Nuland, you yourself once said that  it would be good if a current President of the United States already  saw a Ukraine which is stabilized, which has started fighting  corruption, really, so that the next president who comes doesn’t have  the problem that he had.
Assistant Secretary Nuland: I’m not sure what part of something I said you may or may not be quoting.
Question: What I’m — I’m interested about the time framework. “You  have no time left,” said the Vice President of the United States. How  much time are we talking? Two months? Two years – as he said? When do  you want to see results of the fight against corruption?
Assistant Secretary Nuland: Again, this should be less about what we  want and far more about what the people of Ukraine are demanding.
Question: They are demanding. They’re strongly demanding.
Assistant Secretary Nuland: Exactly. The public opinion polls show  that the number one thing that the people of Ukraine want all across the  country – if there’s anything that unites this country from Lviv to  Donetsk – it’s the need to fight corruption. So this is also what Maidan  was about, in addition to wanting the path to Europe. So people elected  leaders, elected Rada deputies, elected President Poroshenko because  they want the system cleaned up. So the faster you deliver, the faster  Ukraine will change, the faster you’ll be able to attract investment,  and the stronger country you will have. So we want it to happen,  obviously, as fast as possible, but we are less impatient, I think, than  even the people of Ukraine.
Question: The people of Ukraine, I can tell you, are losing their patience. And you can feel it at every corner.
Assistant Secretary Nuland: Yes.
Question: And many people are demanding early elections, for  instance, already now. Because we see that the President and the Prime  Minister cannot –- sort of – find a common language and start pulling  the country out of a crisis. Do you see that as a possibility or do you  think it’s really dangerous in this period to have drastic political  changes?
Assistant Secretary Nuland: Well, Savik, we – as you know – strongly  believe that the reformist forces here have got to work together.  They’ve got to hang together. That’s what the people want to see. But  they also, together – because they have different responsibilities to  the people – have to make the system produce. They have to ensure that  justice is served, that only clean people work in the government, that  the government is for the people — not the people serving the  government, as was the way so often in the past. So we want to see unity  across the reformist coalition. We want to see that united front work  as quickly as possible on these very difficult economic and rule of law  reforms. But I would also say that there are no miracles. There’s no  overnight answer to the decades and decades of difficulty that you’re  now trying to clean up. So some patience, unfortunately, is going to be  required as you work through this. But one of the things that we’re  pleased to see here, including with this package of measures — economic  measures — passed today in the Rada is that Ukraine is taking the  necessary steps as quickly as it can. Because this stuff is painful. And  when you have a painful place, and you have a Band-Aid over it, for  example, and you have to change the bandage, it’s always worse if you  pull that bandage off slowly. It’s much better to pull it off as quickly  as you can, live through that pain, and then start to heal. And that’s  what we want for Ukraine.
Question: Ambassador, Ukraine is fulfilling its part of the Minsk  agreements – today’s vote in the parliament on the constitutional  changes concerning decentralization. And you’ve said that now the other  side has to show at least good will. And if they don’t – if they  continue what they’re doing up to now – shooting, killing?
Assistant Secretary Nuland: Well we’ve made absolutely clear that we  expect Minsk to be implemented. As you know, the sanctions that the  international community has put in place – that the U.S. and the EU have  in place – are there to change the policy of Russia, to encourage it to  fulfill its obligations. We’ve made clear that they will stay in place  until Minsk is fully implemented, including an end to the violence,  including a return of hostages, a return of the border. But we’ve also  made clear that if the violence increases, we’re prepared to put more  pressure on Russia. We are also, as you know, supporting Ukraine’s  security. The United States has contributed about $150 million dollars  so far to security assistance – to training. We’re training out in  Yavoriv. Our hope is that we can use this pressure – the increased  capability – to see Russia and those that they manage in Donetsk and  Luhansk, implement the obligations that they’ve made. It not, the costs  will go up.
Question: Economically and militarily?
Assistant Secretary Nuland: All of those are options, of course.
Question: The United States is quite concerned about what is  happening in Greece, and the European crisis surrounding it. At the same  time, the Prime Minister of Ukraine gave an interview to Financial  Times, where he said that basically, the European Union is behaving  irresponsibly giving all of that money to Greece. And basically it kills  all the incentives to do reforms in Ukraine. How do you – do you see  any parallel between Greece and Ukraine?
Assistant Secretary Nuland: Well I didn’t see that particular  interview, so I can’t speak to the precise quote. I think what you  should be very pleased about is that Ukraine has worked very hard over  the last year to work with the International Monetary Fund, to work with  the World Bank, to work with all of us in the international community  to agree on a roadmap of reforms that we can support, and to do it  quickly. And then to implement those reforms quickly so that we don’t  have the kind of grinding, difficult negotiations that the European  Union had to have with Greece. And by the same token, as you know,  Greece has been trying to recover for a long time now. You talk about  the pain that the Ukrainian people are feeling. The Greek people have  been under very difficult conditions for a long time. So here again, I  think that there are positive lessons for Ukraine, which are to keep the  pace of reform, stay in good, strong dialogue with us on what you are  doing – what is important to do legislatively, judicially – so that you  work through this period of painful reform as quickly as possible, you  stabilize, and then you get to growth – the kind of growth we hope our  business folks will be able to bring as they start to invest in Ukraine.
Question: Thank you very much, Ambassador Nuland.
Assistant Secretary Nuland: Thank you, Savik, for the opportunity.

 

 

17 juillet 2015 : Шустер LIVE. Выпуск от 17.07.2015 (Мукачево. Коррупция в прокуратуре. Тарифы)   (youtube)

 

Emission complète de Schuster Live de 4h41min47s…  Les sujets abordés : droits de force ou le droit de la force: Moukatchevo ? Le Bureau du Procureur général. Corrompus contre réformateurs : Qui va gagner ? Tarifs : Ils croient. Ou juste le prix de la justice ?

Le Début de l’interview de Nuland est à 3h31min50s

Invités de l’émission :

Ioulia Timochenko – député du peuple de l’Ukraine; leader du VO “Patrie”
Yegor Firsov – MP, «unité Petro Porochenko”; Membre du Comité de la Verkhovna Rada sur l’intégration européenne
Viktor Chumak – MP, le parti “Bloquer Porochenko”; Vice-président de la Verkhovna Rada Comité sur la prévention et la lutte contre la corruption
Oleg Berezyuk – MP, le président de la fraction de l’association «self-help»; Membre de la commission parlementaire sur l’État pour la construction, la politique régionale et de l’autonomie locale
Anton Gerashchenko – MP, “Front populaire”; Conseiller auprès du ministre des Affaires intérieures de l’Ukraine
Dmitry Dobrodomov – Le député du peuple de l’Ukraine; leader du parti “Mouvement public” contrôle populaire “; Verkhovna Rada Comité Secrétaire pour prévenir et combattre la corruption
Semen Semenchenko – MP, Association «Soi»; Premier vice-président de la Verkhovna Rada Comité de la sécurité nationale et de la défense
Vitaliy Kasko – Procureur général adjoint de l’Ukraine
Sergei Evtushok – MP, VO “Patrie”; Membre de la commission parlementaire sur les transports
Egor Sobolev – député, vice-président de “l’Association” Self-help », le président de la Verkhovna Rada Comité sur la prévention et la lutte contre la corruption
Vitaly Shabunin – Président du Centre pour la neutralisation de la corruption
Andrew Sharaskin – Représentant AQL “Secteur Right”
Valentin Nalyvaychenko – Président du Service de sécurité ukrainien (2006-2010, 2014-2015) (https://www.youtube.com/watch?v=ivg9c7grajE)
Svyatoslav Piskun – Procureur général de l’Ukraine (2002-2003, 2004-2005, 2007)
Yuri Tandem – un membre du Conseil public de l’UDF
Yuri Butusov – rédacteur en chef de la publication en ligne “Tsenzor.NET”; président du comité du personnel de MIA de l’Ukraine
Carl Voloh – comité de lustration de militant social
Andrew Evchenko – rédacteur en chef de “Krementchoug Telegraf”
Yuri Woodward – Directeur de l’Institut d’analyse et de prévision
Sviatoslav Oliynyk – vice-président de l’Administration Dnipropetrovsk Etat régional
Pavel Pavlov – bénévole

 

 

 TROISIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : 14 JUILLET 2015 : ATTENTATS A DONETSK

Le 14 juillet 2015, un attentat a été commis à Donetsk contre une Range Rover que conduisait Elena Ivanovna Filippova, la secrétaire d’Alexandre Zakharchenko, le leader de la DNR. La jeune femme était au volant, l’explosif aurait été placé sous le siège du passager. Miraculeusement, la jeune femme est en vie, en état de choc mais non grièvement blessée. La DNR estime que c’est Zakharchenko lui-même qui était visé (62.ua, colonelcassad).

Des arrestations ont eu lieu suite à cet attentat dans les rangs du renseignement de la DNR. La Garde de la République a encerclé le bâtiment des services de renseignements et aurait arrêté 4 personnes dont 2 officiers. Un certain nombre de mandats d’arrêt auraient été émis contre des personnes de la direction militaire et sécuritaire de la DNR. Selon les premières informations rassemblées par Colonel Cassad, il ne s’agirait pas d’une opération ukrainienne mais de luttes de pouvoir à l’intérieur de la DNR, comme cela se passe en LNR (voir les assassinats du maire de Pervomaysk, Evgeny Ishchenko, et des commandants Batman et Mozgovoi) (colonelcassad, colonelcassad).

 

 

 

La proximité des élections dans la république de Donetsk, prévues pour le 18 octobre 2015, pourrait être la cause de cette violence (lapresse.ca, gaideclin.blogspot.fr). D’autant qu’un autre attentat a eu lieu le même jour, cette fois sur Yuri Sivokonenko, l’un des idéologues de la DNR et un des candidats à sa présidence. Il est actuellement à la tête de “Berkut”, le syndicat des vétérans de Donetsk. l’attaque a eu lieu à l’arme automatique en pleine rue, Sivokonenko a été blessé au bras et son assistant au cou (colonelcassad).

 

La situation reste très floue les jours suivants. Peu d’informations circulent pour ne pas déstabiliser la DNR qui est en guerre ne l’oublions pas (colonelcassad), ce qui laisse la place aux rumeurs (novorossia.today ou encore tass.ru).

 

 

QUATRIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : LE DRAME DU VOL MH17 DE LA MALAYSIA AIRLINES, UN AN APRÈS

• Rapide synthèse sur les faits et l’année écoulée. Le sujet du MH 17 mérite un plus ample développement. L’actualité de la semaine étant très dense, nous n’avons pas pu faire un focus plus détaillé sur ce sujet. Voici l’essentiel en attendant mieux (youtube, youtube, rt.com). 

 

17 juillet 2015 : MH17: ‘No one deserves to die that way’ (RT Documentary)   (youtube)

 

18 juillet 2015 : Ukraine MH17 – “révélations” le retour ?   (youtube)

 

RT publie de son côté une chronologie des événements de l’année écoulée avec un bon nombre de photos et vidéos (rt.com).

 

 

Commémoration du crash. A Kiev, très petite manifestation de soutien et de recueillement de 20 députés de la Rada devant l’ambassade des Pays-Bas  (112.ua, unian.info).

 

 

La presse officielle ukrainienne, UNIAN et  Oukraïnskaya Pravda, commémore à sa façon le drame en (re)sortant une vidéo censée montrer des novorusses pillant les bagages et les cadavres des passagers (pravda.com.ua, unian.info). La source de cette vidéo est un média australien, news.com.au (news.com.au).

De son côté, le représentant de la DNR/RPD, Andreï Pourguine, rappelle qu’au moment du crash, les rebelles de la DNR/RPD ne contrôlaient pas le territoire où le Boeing est tombé : “Nous ne contrôlions pas ce secteur. C’était une enclave. Dire qu’un camp ou l’autre contrôlait une localité ou l’autre, ce n’est devenu possible que trois mois après le crash, et encore…” (interfax.ru).

Pendant ce temps, sur le lieu du drame a lieu une cérémonie (huffingtonpost.com, youtube).

 

17 juil. 2015 : Ukraine: Drone captures MH17 crash site memorial one year on   (youtube)

 

 

Un peu partout dans le monde, les gens se recueillent et se souviennent (rt.com, youtube, youtube).

 

17 juillet 2015 : Victims of MH17 crash remembered throughout the world a year on (youtube)

 

17 juillet 2015 : Netherlands: Memorial service held for MH17 victims  (youtube)

 

• Etat des trois enquêtes en cours. Trois enquêtes séparées sont menées : une sur les passagers, une sur le crash, et une sur le choix de la route suivie (government.nll question 82 des parlementaires néerlandais).

La liste définitive des victimes a été établie (malaysiaairlines.com). Il y avait 283 passagers (193 Néerlandais, 28 Malaisiens, 27 Australiens, 12 Indonésiens, 10 du Royaume Uni, 4 Allemands, 4 Belges, 3 Philippins, 1 Néo-Zélandais, 1 Canadien) et 15 membres d’équipage (tous Malaisiens). 269 passagers avaient un ticket de la Malaysian Airline, 11 de KLM-AirFrance, 2 de Quantas, et 1 de Garuda (government.nl question 29).

L’enquête sur le crash est confiée au bureau néerlandais, Onderzoeksraad, sous l’égide de l’ICAO (International Civil Aviation Organisation. Organisation de l’Aviation Civile Internationale) selon les procédures définies par l’annexe 13 de la convention dite de Chicago. Un rapport préliminaire sur le crash a été publié le 9 septembre 2014 en néerlandais (nu.nl) et en anglais (onderzoeksraad.nl). Le président d’Onderzoeksraad, Tjibbe Jousta, avait annoncé que le rapport final serait publié un an après le crash (youtube). Actuellement, en juillet 2015, l’enquête est effectivement terminée (onderzoeksraad.nl). Un brouillon (draft) du rapport final a été envoyé le 2 juin aux pays membres de la commission, Pays-Bas, Malaysie, Australie, Royaume Uni, Russie, et Ukraine (rferl.org), qui ont jusqu’au 1er août pour envoyer leurs commentaires. Le rapport final sera publié dans la première quinzaine du mois d’octobre 2015 (onderzoeksraad.nl).

Les conversations entre le poste de pilotage et la tour de contrôle de Dniepropetrovsk, ainsi que les données des radars ne seront pas publiées. Les autorités invoquent la confidentialité permise par le paragraphe 5.12 de l’annexe 13 (government.nl question 80) (ce paragraphe n’est pas consultable en ligne). D’autres informations importantes ne seront probablement pas publiées, suite à l’accord de non-divulgation révélé le 26 novembre 2014 (rtlnieuws.nl) et (government.nl question 78).

 

Preliminary report Crash involving Malaysia Airlines Boeing 777-200 flight MH17 (onderzoeksraad.nl)

Cliquer sur l’image pour voir le rapport :

 

• De prétendues fuites commencent avoir lieu. CNN (cnn.com) annonce avoir été en contact avec deux sources ayant lu le brouillon du rapport. Ces sources ne sont pas nommées explicitement, mais comme deux personnes sont interviewées, on peut supposer qu’il s’agit d’elles. Peter Goelz, ancien directeur du NTSB (National Transportation Safety Board, agence américaine chargée des enquêtes sur les accidents d’avions) exprime sa confiance dans le travail de l’équipe enquêtrice des Pays-Bas. L’avion, qui aurait volé à environ 30.000 pieds, aurait été abattu par un missile venant d’une zone occupée par les séparatistes. Il affirme aussi que la compagnie malaisienne n’aurait pas dû choisir cet itinéraire. Heather Conley, du Center for Strategic & Interational Studies (qui voulait relooker l’Europe), accuse Poutine de mentir en refusant la responsabilité du crash. Ces deux interviews sont étranges. Par exemple, le rapport n’est pas sensé discuter du choix de la route, pusique c’est une autre enquête qui étudie cette question. De plus, la décision fut prise lors d’une conversation avec les aiguilleurs du ciel de Dniepropetrosvk qui ont recommandé et autorisé cette route, comme l’a montré le rapport préliminaire. Ensuite, si l’avion a été abbatu d’un missile venant d’un territoire séparatiste, cela signifie que le missile ne vient pas du territoire russe, et qu’il faudrait démontrer que la Russie aurait envahi le territoire séparatiste, ce qui n’entre pas dans le domaine de compétences des enquêteurs des Pays-Bas.

L’agence de l’aviation russe a réagi au documentaire de CNN par la voix de son représentant Oleg Storchevoi (belfasttelegraph.co.uk). Lui aussi aurait vu le rapport, et aurait trouvé qu’il n’est pas fiable car il comporte plusieurs contradictions. Il pense que les intervenants de CNN veulent faire pression pour orienter la rédaction du rapport final.

 

 

CINQUIÈME FOCUS DE LA SEMAINE : LE MONDE MERVEILLEUX DE SAAKASHVILI

Les purges se poursuivent à Odessa. Saakachvili a supprimé six directions supplémentaires dans l’administration de l’oblast’ d’Odessa (soit 370 personnes) (lb.ua). Le consul général russe faisant fonction à Odessa est déclaré Persona Non Grata (vz.ru) sans que l’on sache vraiment si Saakashvili en est responsable (vz.ru). Enfin, la Vice-Procureur d’Odessa (et fille adoptive du Procureur général Chokine), Tatiana Gornostaieva, après les critiques de Saakachvili à son égard, est partie en congé maternité (vlasti.net). Sans oublier, en passant, un nouvel article sur l’hypothèse d’une base OTAN USA à Odessa (vz.ru).

Parallèlement, Saakashvili cherche à améliorer son image de marque.  A Odessa, il vient de faire ouvrir au public les plages qui étaient réservées aux membre du SBU et leurs familles, ainsi qu’aux garde-frontières. Quand on lit cela, on se croirait encore à l’ère soviétique, avec les hôtels, stations balnéaires de Crimée et des bords de la Mer Noire, du lac d’Issik-Kyl au Kirghizstan avec les “pansionat” (centres de vacances) réservés aux dignitaires du PC et aux membres de la “nomenklatura”. Un petit coup de démagogie de la part de Saakachvili, dont le bon peuple va pouvoir profiter (segodnya.ua).

Durant ce temps, la campagne de presse occidentale pro Saakashvili continue. Le 15 juillet, un article parait dans Foreign Policy : Misha’s Mission Impossible – The former Georgian president takes on Ukraine’s most corrupt region. He’s got his work cut out for him.” (foreignpolicy.com) et Saakashvili donne une interview à la BBC (youtube.com).

 

15 juillet 2015 :  HARDtalk   Mikheil Saakashvili Governor of Odessa Region, Ukraine Русские субтитры   (youtube)

 

Côté nomination, Saakashvili, en plus de recycler les anciens ministres géorgiens à Odessa, recueille à présent les anciens ministres ukrainiens. Ainsi l’ex ministre de l’écologie, Igor Chevtchenko, va rejoindre l’équipe de Saakachvil pour s’occuper notamment des projets d’investissements. UNIAN rappelle sobrement à la fin de l’article que le gouvernement avait demandé le 24 juin dernier le départ de Chevtchenko pour des actes qui auraient pu comporter des éléments de corruption et que la Rada avait approuvé son limogeage le 2 juillet (unian.net).

Cependant il fait encore plus fort ! Le 17 juillet, Saakashvili nomme une nouvelle adjointe jeune, brune et jolie. Cette fois c’est une russe qui sera chargée des affaires sociales (lecourrierderussie.com, rferl.org). Il s’agit de l’opposante russe de premier plan Maria Gaidar, fille d’un ancien premier ministre russe de Boris Eltsine, Egor Gaïdar, et co créatrice du mouvement de jeunesse politique Da ! avec Navalny. Saakachvili veut lui faire donner la nationalité ukrainienne (vz.ru). Sur sa page facebook, Saakashvili précise : “Maria a fait une demande au Président de l’Ukraine pour l’obtention de la nationalité ukrainienne… Maria,  avec notre équipe ukrainienne locale, Julia et Vladimir Marushevsky  Zhmak, dynamisera la région d’Odessa, et ensemble nous contrecarrerons les plans pour fomenter le séparatisme hostile dans la  région d’Odessa. Le but (de cette nomination) est un symbole fort du fait que les Russes qui s’opposent  activement à l’agression de M. Poutine ne sont pas les ennemis de la  réussite de l’Ukraine et l’Ukraine va conduire à des changements importants en Russie qui mettrons fin au régime de Poutine… ” (vzgliad.ru)

 

 

Le symbole ne vaut que pour flatter le nationalisme ukrainien. Dans une optique purement russe, c’est plutôt une catastrophe pour Maria Gaidar et l’opposition pro-occidentale. Dans son cas personnel, elle risque de perdre sa nationalité russe, ce qu’elle vivrait comme une tragédie (vzgliad.ru) et les subventions russes dont elle bénéficie. La responsable des droits de l’homme en Russie, Ella Pamfilova, a ainsi déclaré qu’elle allait proposer de supprimer l’allocation présidentielle au fonds de Maria Gaïdar “Sotsialny Zapros” (vzgliad.ru). Du point de vue de l’opposition russe, un lien existe à présent entre ce mouvement  et le régime de Kiev, ce qui plus que toxique en Russie.

De plus, Maria Gaidar est vraiment mal à l’aise dans cette galère. Elle doit donner des gages à l’Ukraine sans s’aliéner la Russie, ce qui est quasiment impossible. Le 18 juillet, elle fait un pas vers l’Ukraine en déclarant qu’elle est contre l’annexion de la Crimée (En octobre 2014 elle avait déclaré le contraire dans une interview au journal russe “Iod”) (lb.ua). Mais en même temps, elle refuse de répondre à la question d’une journaliste ukrainienne “avec qui l’Ukraine est-elle en guerre ?” (unian.info, gordonua.com, youtube.). Ceci n’empêche pas Saakashvil de déclarer que Maria Gaïdar sera “une bonne patriote ukrainienne” et que “cette nomination portera un coup à Poutine. Qu’une personne appartenant à une telle dynastie soit dans le camp de l’ennemi” (gordonua.com).

 

 

18 juillet 2015 : Заступник Саакашвілі Марія Гайдар не змогла відповісти на питання, з ким воює Україна  (youtube)

 

Des rumeurs circulent sur une possible entrée de Saakashvili au gouvernement, même si l’intéressé assure qu’il ne quittera pas le poste de gouverneur d’Odessa pour un poste plus élevé (gordonua.com). Le média Insider.ua repris par Gordon cite dans un article intitulé “L’invasion georgienne. Le front des procureurs” des sources dans les organes de sécurité annonçant que Saakachvili pourrait être nommé Premier MInistre à l’automne et que David Sakvaleridze pourrait être nommé procureur général à la place de Viktor Chokine (theinsider.ua repris par gordonua.com).

De fait, Saakashvili prend une stature de plus en plus nationale. Il se prononce par exemple en faveur de la légalisation des jeux en Ukraine, en partant du fait qu’il existe des casinos à Kiev et à Odessa, bien qu’ils soient interdits (lb.ua). Il s’oppose en direct à un lieutenant de Kolomoiski, Boris Filatov à Tchernigov. Saakachvilii était venu soutenir un candidat Tchernovietski pour ces élections partielles prévues le 26 juillet, suite à la nomination de l’actuel député au poste de gouverneur (gordonua.com, vzgliad.ru). Avakov annonce d’ailleurs qu’il va envoyer des renforts pour surveiller le bon déroulement de ces élections (gordonua.com).

Enfin, Saakashvili multiplie les annonces de menaces à son égard, mais sans preuves. Il assure ainsi sur sa page Facebook que Poutine l’a publiquement menacé de mort (vzgliad.ru). Il s’oppose en frontal à KolomoIski en affirmant lors d’un programme de la TV “1plus 1″  qu’il détient des preuves du fait que Kolomoïski est impliqué dans la contrebande du port d’Odessa.Saakachvili dit aussi que Kolomoïski avait proposé des pots de vin aux membres de son équipe quand il était président de la Georgie… et que Kolomoïski l’a menacé recemment (gordonua.com.

 

 

RETOUR SUR LA SEMAINE DERNIÈRE

• Nouvelles de la nouvelle police hollywood-like ukrainienne à l’oeuvre. Tout d’abord une vidéo tirée du channel Youtube “Патрульна поліція України” (Police de Patrouille Ukraine) (youtube), créée le 7 juillet,  et le site officiel de la nouvelle police (patrol.police.gov.ua). 618 285 vues, 5898 like et 325 don’t like pour la vidéo en question (youtube).

 

11 juillet 2015 : Поліцейські затримали водія Porsche Cayenne, який був у нетверезому стані  (La police a arrêté le conducteur Porsche Cayenne, qui était ivre) (youtube)

 

 

L’ inspiratrice de cette police, la géorgienne Eka Zguladze, se rend à Odessa en compagnie d’Anton Gerashchenko pour y rencontrer la future police de patrouille de la ville qui comptera 800 agent(e)s à terme (twitter.com, twitter.com, youtube).

 

 

13 juillet 2015 : Ека Згуладзе приїхала з робочим візитом до Одеси, де презентувала нову патрульну поліцію. (youtube)

 

Pour VzGliad, il est douteux que la nouvelle police, réformée sur le modèle georgien par Eka Zguladze et bénéficiant d’une aide financière US, réussisse. Pour le moment il s’agit surtout d’une opération de Public Relation.

La situation en Ukraine est différente de celle de la Géorgie. En Ukraine, les armes abondent en raison de l’ATO et beaucoup sont prêts à les utiliser. De surcroît, le gouvernement était à l’époque uni autour de Saakachvili.

Avakov pour sa part cherche surtout à s’assurer le contrôle sur cette nouvelle police. A Kiev, Odessa et Nikolaiev, d’anciens combattants de l’ATO ont été nommés à la tête de la police de patrouille (vz.ru).

Zguladze fait tout son possible pour ne pas occuper le poste de chef de la police que Porochenko voit pour elle (voir son interview vendredi à 112, reprise dans interfax.com.ua et mise en lien dans l’article de Vzgliad).

 

• Le 11 juillet 2015, la DNR commémore l’anniversaire des massacres de Vohlynie en 1943 (youtube transcript anglais : fortruss).

 

14 juillet 2015 : DPR commemorating the Volyn massacre of Poles at the hands of Ukrainian nationalists [ENG voice]  (youtube, source : youtube)

 

• Purges dans la Justice. Porochenko va s’occuper lui-même d’organiser les relations entre Chokine et Sakvaleridze (unian.net). Le Procureur général Viktor Chokine limoge les deux procureurs accusés d’avoir reçu des pots de vin (Chapakine et Korniets) (unian.net).  Porochenko déclare que plus de 20 procureurs sont concernés par des “faits brûlants” et que 3000 procureurs ont déjà été limogés (nb : le chiffre me semble énorme mais c’est ce qui est mentionné dans l’article) (unian.net).

 

• La mort d’un soldat un peu particulier. Le 12 juillet, le centre de presse du commandement opérationel ukrainien annonce la mort du  Colonel Yuri Tsisaruk, le chef du renseignement pour l’artillerie et les missiles (information relayée par dnr-news.com). Ce genre de soldat ne meurt généralement pas “par hasard” et son décès est peut-être à relier aux bombardements incessants des forces ukrainiennes sur Donetsk.

 

“July  12, 2015 during a combat mission in the area of so-called” ATO “lost  control intelligence chief of missile troops and artillery of the  Operative Command of the” West “Tsisaruk Colonel Yuri. He died for the  sake of the world, protecting the freedom and independence of  Motherland. Command and the entire staff of the Operational Command  “West” expresses its deepest condolences to the family on the death of  the hero of this patriot of Ukraine, fighting each other. It is up to  the end with honor and dignity has fulfilled his military duty. The  bright memory of him will always remain in our hearts . Glory to the  heroes. Heroes do not die! “

 

LUNDI 13 JUILLET 2015

• Procès à Odessa. On l’oublie mais la justice continue son cours dans l’affaire du massacre de la maison des syndicats en mai 2014 à Odessa. Lors du procès à Odessa de Serguei Khodiak, les activistes d’Euromaîdan ont exigé que les parents des victimes de la Maison des syndicats partent en Russie après les avoir insultés et humiliés (timer-odessa.net/ via vz.ru)…

 

• Nouvelle défection au Donbass sous contrôle de Kiev.  Le premier adjoint du département régional de la Justice de l’Oblast de Donetsk sous contrôle ukrainien démissionne et passe en DNR (sputniknews).

 

• Interview du commandant novoruse Givi. L’interview tourne autour des accrochages du 10 juillet et des tactiques de l’armée ukrainienne (fortruss, youtube).

 

12 juil. 2015 : Givi talks about skirmishes on July 10th and “skills” of Ukr. forces | Eng Subs  (youtube)

 

• Chronique de Brian Mefford.  “Ukraine Update 7/13: “Diamond Arm”, Dill & Cabinet Cracks” (brianmefford.net)

 

• Renforcement des monopoles en Ukraine.  Youri Tretentiev, chef du Service ukrainien de lutte contre les monopoles, révèle qu’en Ukraine 42% du marché est sous monopole ou aux mains d’oligarques, 11% se trouve en situation de monopole de facto, et le reste, soit 47 %, fonctionne selon les règles de la concurrence. Mais le pourcentage qui fonctionne selon ce dernier mode a baissé de 12 % en 10 ans, bien que le service anti-monopole examine chaque année plusieurs milliers de cas, 4000 cette année (epravda.com.ua).

 

• Signes de la faillite de l’Ukraine. 55 banques d’Ukraine sont en défaut de paiement (e-news.su). Le 14 juillet, les bons au trésor émis par l’Ukraine n’ont pas trouvé preneur (unian.info, dnr-news.com). De plus,  TASS relie des propos de Poutine insistant sur le fait que l’Ukraine devra rembourser les 3 milliards USD de dette internationale détenus par la Russie avec les fonds du FMI  (http://tass.ru/en/economy/808906), ceci s’inscrit dans le cadre d’une rencontre devant avoir lieu le 16 juillet au sujet de la dette globale du pays (wsj.com).

 

 

 

MARDI 14 JUILLET 2015

• Timochenko veut se caser.  Timochenko veut être nommée à la tête de la Cour des Comptes unian.net).

 

• Ruses et contre-ruses de la mobilisation ukrainienne. Les Ukrainiens déménagent pour échapper à la mobilisation (vesti-ukr.com). Lvov, afin d’améliorer la “chasse aux conscrits” a décidé d’utiliser la presse en publiant la liste des noms des fuyards (kp.ua).

 

• Un consul ukrainien viré pour un tee shirt poutinien. Le ministre des affaires étrangères ukrainien Klimkine a mis fin aux pouvoirs du consul honoraire d’Ukraine à Antalia après que celui ci soit apparu à un match de foot avec un T-shirt à l’effigie de Poutine (vz.ru).

 

• Corruption militaire. Selon le  conseiller militaire de Porochenko, Iouri Birioukov : “les officiers et les soldats volent l’aide fournie par les volontaires” (vzgliad.ru).

 

• Millénaire de la mort du grand prince de Kiev Vladimir. Vladimir de Kiev, dit Soleil Rouge, dit Vladimir 1er, dit Vladimir le Grand dit Valdamarr Sveinaldsson dit Saint Vladimir est un prince emblématique de la Rus de Kiev. Il a régné entre 980 et 1015 (wikipedia). Il fait partie de la dynastie d’origine viking des Riourikides (wikipedia). Il est le premier prince de la Rus de Kiev a se convertir au Christinanisme. Le centre de la mémoire d’Ukraine lui consacre une journée et une exposition (memory.gov.ua, memory.gov.ua)

MERCREDI 15 JUILLET

Possible extension de la guerre civile en Ukraine. Un média indépendant de langue allemande publie ce mercredi un article sur l’instabilité politique en Ukraine sous le Titre : “En Ukraine, ils vont bientôt tous se battre entre eux.” (contra-magazin.com) :

Pendant longtemps, les voix qui, dans les médias allemands, avertissaient de l’augmentation de l’instabilité politique en Ukraine étaient cataloguées comme “propagande russe”. Pendant que les troupes gouvernementales associeées à des troupes de mercenaires – composées pour une partie importante d’extrêmistes de droite – continuent à réduire les oblasts de Donetsk et de Lougansk à l’état de décombres et de cendres, cela commence à bouger aussi en Ukraine centrale et de l’ouest. Même la Süddeutsche Zeitung, d’ordinaire très pro-Kiev, ne peut plus ne pas en parler. Ce sont surtout des groupes nationalistes fortement représentés depuis des années en Ukkraine occidentale qui essaient de plus en plus d’y prendre le pouvoir politique et de couper l’herbe sous les pieds au pouvoir central de Kiev. Car la poursuite des actions militaires entre les troupes gouvernementales et les rebelles de l’est malgré toute la rhétorique de Porochenko, Yatseniouk & Co. et malgré les accords de Minsk, pour les extrêmistes, ce n’est pas suffisant. Ils veulent la guerre totale avec les “Moscovites”. …
Si les affrontements entre les paramilitaires et les forces fidèles au gouvernement devaient connaître une escalade à Kiev, il pourrait naître au Donbass aussi une situation confuse, dans laquelle tout le monde se battrait contre tout le monde. Mais c’est justement ce qui semble devenir une réalité à Kiev. Le gouvernement pro-européen de droite ne se trouve pas seulement confronté à une opposition de gauche, mais aussi à la droite extrêmiste qui, les mois derniers, pouvait encore compter sur un soutien de la part du gouvernement et des divers oligarques.
En tout cas, ce sont eux (Ndlr : les extrêmistes) qui, pour des raisons idéologiques, perpètrent le “meurtre fratricide” d’une façon bien plus motivée que les soldats des troupes gouvernementales, recrutées de force. Mais cette “motivation” pourrait maintenant fort bien se retourner contre le pouvoir central. La question qui se pose : que se passera-t-il alors? Au vu de la radicalisation croissante des gens en Ukraine, radicalisation imputable avant tout à la rhétorique politique et à la propagande haineuse déployée par les médias, une extension de la guerre civile à la partie du pays encore pacifique  serait tout-à-fait possible. Est-ce cela que les Etats-Unis et l’Union européenne voulaient en exerçant leur influence sur les événements d’Ukraine?”

 

• Synthèse officielle sur les dépenses d’armement de l’OTAN (nato.int)

 

22 juin 2015 : NATO PUBLISHES DEFENCE EXPENDITURES DATA FOR 2014 AND ESTIMATES FOR 2015 (nato.int)

Cliquer sur l’image pour voir le rapport :

 

DÉPENSES 2014 ET VARIATIONS PAR RAPPORT A 2013


DÉPENSES 2015 ET VARIATIONS PAR RAPPORT A 2014

 

• Petite aparté économique. Carte de la dédollarisation du monde montrant les accords actuels d’échanges bilatéraux internationaux libellés dans d’autres monnaies que le dollar (zerohedge)

 

 

• Vincent Parlier : “Union Européenne projet d’autodestruction de l’Europe” (youtube).

15 juillet 2015 : Union Européenne projet d’autodestruction de l’Europe (youtube)

 

• L’OTAN invite la Russie. L’OTAN invite la Russie à assiter comme observateur à ses plus importants exercices militaires depuis 10 ans (sputniknews).

 

• Petit différend russo géorgien. La Géorgie accuse les russes d’avoir déplacé la frontière entre la république d’Ossétie du Sud et la Géorgie de 2 km en territoire géorgien, ce qui placerait environ 1,5 km d’un pipeline stratégique en dehors du contrôle de la Géorgie (bignewsnetwork.com, agenda.ge).

 

 

• La Pologne a refusé de donner l’asile à une cinquantaine d’Ukrainiens de Marioupol d’origine polonaise (unian.net).

 

• Austérité et boycott dans la santé en Ukraine. L’Ukraine arrête de payer pour les traitements anti-cancer à l’étranger des enfants ukrainiens et boycott les vaccins russes (fortruss).

 

 

JEUDI 16 JUILLET 2015

• Kolomoisky engage une procédure judicaire contre l’Ukraine à Londres. Il s’agit encore de la bataille pour le contrôle de l’entreprise énergétique Ukrnafta qui avait déclenché le bras de fer entre Kolomoïski et Prorchenko en mars 2015 (dnr-news) : “All  the actions of the state, from the adoption of the law (to reduce the  quorum for AO – ON) to initiate a change of management at the meeting,  aimed at blatant violation of the shareholders’ agreement” Naftogaz “.   “Naftogaz” their actions began to implement its strategy to establish  control over “Ukrnafta” method contrary to the shareholders’ agreement. “

 

• Mobilisation-surprise ratée. A Zaporojié, des hommes en uniforme ont occupé le complexe sportif “Zaporojstal”, une salle fréquentée par plein de jeunes hommes costauds et en bonne santé, vraisemblablement dans le but de distribuer de force des convocations pour la mobilisation, mais le complexe étant pratiquement vide, personne n’en a reçu (e-news.su) !

 

 

Tournée d’inspection américaine en Ukraine. Au mois d’août, une délégation du Congrès américain va venir en Ukraine (pravda.com.ua).

 

• Le 32e convoi humanitaire russe arrive aujourd’hui en Ukraine avec plus de 100 véhicules (e-news.su)

 

• Les douanes US en Ukraine. Des responsables des douanes US sont invités à Kiev et à Odessa pour faire part de leur expérience (vesti-ukr.com) alors que l’Ukraine envisage de confier ses services douaniers à une firme britannique (regnum.ru).

 

• Annulation du concert de Emir Kusturica.  Le concert du 28 juillet à Kiev auquel devait participer Emir Kusturica est annulé en raison des demandes du SBU et du Ministère de l’Intérieur. En cause, les positions pro-russe de Kusturica (vesti-ukr.com, lb.ua). Kusturica donne le 18 juillet une interview à Regnum (regnum.ru).

 

• Sondage Ukraino Américain sur la perception de l’Ukraine en Europe. Sondage réalisé par le Institute of World Policy en collaboration avec USAID, UNITER et PACT  sur un total de 5594 personnes agées de 16 à 54 ans réparties sur les pays suivants : France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne et Pologne (iwp.org.ua). Le sondage est très orienté pro Kiev. Par exemple : “Despite Russia’s aggressive propaganda, association of Ukraine with fascism is virtually absent: only 0.41%”  ou14 % of respondents believe that Russia’s interests should be considered when addressing the issue of providing Ukraine with EU membership prospects”. Avec parfois des curiosités comme : “15% of the eucitizens believe that Ukraine defends the european values”.

 

What do the europeans think about Ukraine?   (iwp.org.ua)

Cliquer sur l’image pour voir le rapport :

 

 

• Interview de Vitaly Ignatiev, adjoint de la ministre des affaires étrangères de Transnistrie (russia-direct.org). Avec en prime le lien vers le site officiel du MAE de Transnistrie (http://mfa-pmr.org/en/).

 

 

VENDREDI 17 JUILLET 2015

• Petite parenthèse géopolitique : l’opposition militaire USA -Chine (visualcapitalist via zerohedge).

 


• Risque tangible d’aggravation des tensions en Ukraine. Le département d’état américain demande aux citoyens américains de ne pas se rendre en Crimée ni dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk, et surtout pour ceux qui s’y trouvent de les quitter… (travel.state.gov) :The situation in Ukraine is unpredictable and could change quickly. U.S. citizens throughout Ukraine should avoid large crowds and be prepared to remain indoors should protests or demonstrations escalate. U.S. citizens should especially exercise extreme vigilance in public places in the regions of Odesa and Kharkiv due to a continuing increase in small scale terrorism incidents.” “La situation en Ukraine est imprévisible et pourrait changer rapidement. Il est conseillé aux citoyens américains se trouvant en Ukraine d’éviter les rassemblements de foule et d’être préparés à rester à l’intérieur si les manifestations  de protestation augmentent. Il faut que les citoyens américains fassent preuve d’une extrême vigilance dans les lieux publics d’Odessa et de Kharkov à cause de l’accroissement du nombre des actes de terrorisme à petite échelle.”

 

 

Au delà des USA,  le Canada (voyage.gc.ca), la France (diplomatie.gouv.fr), la Suisse (eda.admin.ch) ou encore la Belgique (diplomatie.belgium.be) déconseillent tous les mêmes régions, mais ne vont pas jusqu’à demander à leur ressortissants de les quitter…

 

 

• Le comique de répétition de Porochenko. Lors d’une interview à CNN, Porochenko a déclaré qu’il disposait (à nouveau) d’informations laissant prévoir une offensive russe contre l’Ukraine (cnn.com, regnum.ru/)…

 

17 juillet 2015 : Ukrainian Pres. on the war in the East, year after MH17   (iwp.org.ua)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

 

SAMEDI 18 JUILLET 2015

• Petit exemple de propagande OTAN. Dans l’est de l’Ukraine et le long de la frontière, il y a plus de 50.000 combattants russes” titre Oukraïnskaia Pravda pravda.com.ua). En lisant l’article, on comprend vite qu’il s’agit d’un amalgame verbal, sachant que pour la propagande, le passage de “combattant pro-russe” (déjà un abus de langage en soi) à “combattant russe” est systématique et fréquent. D’autant plus qu’on s’aperçoit que le média ukrainien répète scrupuleusement des affirmations en direct de l’OTAN :  “По данным “Атлантического совета” , на территории Украины и вдоль ее границы количество российских военных растет. Сейчас она превысила 50 тыс. человек”, – проинформировал Галушко. (“Selon les données que possède le Conseil atlantique, sur le territoire de l’Ukraine et le long de sa frontière, le nombres des soldats russes augmente. Il a maintenant atteint le nombre de 50.000 hommes”, a déclaré Galouchko). Et aussi : “По его словам, Атлантический совет также сообщает о фактах увеличения количества российских военных на границах с государствами – членами ЕС и НАТО на востоке Европы”. (Selon ses propres mots, le Conseil atlantique communique des faits d’accroissement de la quantité des soldats russes aux frontières des pays membres de l’UE et de l’Otan dans l’est de l’Europe.).

 

• Article de Paul Craig Roberts : Greece’s Lesson For Russia. En résumé, la Russie ne peut pas avoir confiance en les pays occidentaux (zerohedge).

 

• Exemples d’Humour russe (fortruss).

 

“I’m really something!”
“I returned Crimea”
“Raised patriotism in Russia”
“Now I’m restoring manufacturing”
Putin: “You’ve served Russia well. You may go back to your family in Tashkent”
Obama: “I can do much more”
Putin: “I’ll miss this guy”

 

 A Nazi officer: 
“How does one greet an officer, Hans?”
“If he’s German, you raise one arm, if Russian, you raise two…”

 

• Le Vatican a initié le processus de béatification du métropolite controversé de l’église gréco-catholique ukrainienne Andreï Sheptitsky (1865-1944) (lb.ua).

 

 

DIMANCHE 19 JUILLET 2015

• Corruption (suite). La division principale d’enquêtes du ministère de l’intérieur a ouvert une procédure pénale pour détournement d’argent portant sur une somme de 60 millions de dollars lors de l’achat en mars 2011 par “Tchernomoreneftegaz” de remorqueurs pour le transport de tours de forage destinés à la production de pétrole et de gaz sur le plateau continental de la Mer Noire (pravda.com.ua).

 

• Bombardements à Donetsk.  Les bombardements au mortier au soir du 18 ont causé la mort d’une personne civile et ont touché un hôpital (pravda.com.ua, rt.com, fortruss). Le matin du même jour, les républiques de l’Est s’étaient dites prêtes à reculer les armes de calibre inférieur à 100 mm, dont les mortiers, des lignes de front (rt.com)…

 

 

• Délégation du Parlement Européen à Kiev. Une délégation du PE conduite par Elmar Brok, Président de la commission des Affaires étrangères et Andreï Plenkovic, Président de la Délégation du PE pour les relations avec l’Ukraine, se rendra à Kiev du 23 au 25 juillet pour une visite au cours de laquelle elle rencontrera Porochenko, Yatseniouk et Groitsman. Des rencontres sont aussi prévues avec la mission spéciale d’observation de l’OSCE et avec des organisations de la société civile (lb.ua).

Le quotidien Leviy Bereg rappelle que le Président du Parlement européen Martin Schulz  a conclu le 3 juillet dernier à Kiev avec le Président de la Rada Groisman un accord pour renforcer la coopération des deux institutions (lb.ua). Martin Schulz avait annoncé devant la Rada que le PE pourrait envoyer des observateurs pour les élections locales et régionales (lb.ua). Il avait été aussi annoncé le 3 juillet dernier que le PE enverrait à Kiev une mission présidée par son ancien Président du PE Pat Cox, lequel avait participé aux négociations concernant la libération de TImochenko, pour examiner les moyens d’améliorer le fonctionnement de la Rada (lb.ua).

 

• Les USA livre un nouveau lot de 100 Humvees à l’Ukraine (fortruss).

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-21072015/


FMI : Même avec les mesures d’austérité, la Grèce aurait toujours une dette insoutenable

Thursday 23 July 2015 at 00:10

Des documents confidentiels montrent que les estimations de référence des créditeurs placent la dette à 118% du PIB en 2030, quand bien même toutes les réformes fiscales et budgétaires exigées par la troïka seraient ratifiées.

Le mot OXI (NON) est inscrit sur un mur face à l’Académie Grecque d’Athènes, Grèce. Photo : Simela Pantzartzi/EPA

La Grèce affronterait un niveau de dette insoutenable en 2030, même si elle accepte l’entière combinaison de réformes d’imposition et de dépenses qu’on lui soumet, selon des documents non publiés dressés par ses trois principaux créanciers.

Les documents, établis par ce qu’on appelle la troïka des prêteurs, valident l’argument grec de la nécessité d’un allègement substantiel de la dette pour parvenir à un rétablissement économique durable. Ils montrent que, même après quinze ans de forte croissance soutenue, le pays aurait toujours un niveau de dette que le Fonds Monétaire International juge insoutenable.

Les documents montrent que l’estimation de référence du FMI – l’issue la plus probable – est que la dette grecque représenterait toujours 118% de son PIB en 2030, même si elle acceptait l’ensemble des réformes fiscales et de dépenses exigées. C’est bien au-dessus des 110% que le FMI jugeait soutenables compte tenu du profil de la dette grecque, un niveau qui avait été fixé en 2012. Le niveau actuel de la dette grecque est de 175% et va probablement augmenter du fait de son récent retour en récession.

Les documents admettent que, selon le scénario de base, “des concessions significatives” sont nécessaires afin d’augmenter les chances de la Grèce de se débarrasser définitivement de ses tourments liés à la dette.

Même dans le meilleur des cas, qui implique une croissance de 4% par an pour les cinq prochaines années, le niveau de la dette redescendrait à à peine 124% en 2022. Le meilleur des cas inclut quinze milliards d’euros de produits de privatisations, soit cinq fois ce que prévoit le scénario le plus probable.

Mais dans tous les scénarios envisagés par la troïka (la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI), qui supposent tous un troisième programme de renflouement, la Grèce n’a aucune chance d’atteindre l’objectif de faire passer sa dette “bien en dessous de 110% du PIB à l’horizon 2022″ fixé par les ministres des finances de l’Euro-groupe en novembre 2012.

Selon les propres mots des créanciers : “Il est clair que les retards dans la mise en place des politiques ainsi que les incertitudes des derniers mois ont rendu les objectifs de 2012 impossibles à atteindre quel que soit le scénario.”

Ces projections proviennent du rapport “Analyse préliminaire de la soutenabilité de la dette grecque”, l’un des six documents constituant l’ensemble incluant la proposition “définitive” envoyée à la Grèce par ses créanciers vendredi dernier.

Ceux-ci, que le Guardian a vus, ont été obtenus par le Süddeutsche Zeitung après qu’ils aient été envoyés à tous les députés  allemands, dans la perspective que le rapport aurait besoin d’être approuvé par le parlement du pays.

A Athènes, une femme passe devant un graffiti indiquant “NON” en allemand.

Le vote au Bundestag n’a jamais eu lieu alors que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, refusait les plans et appelait à un référendum pour savoir s’il fallait accepter les exigences des créanciers.

Alors que l’analyse souligne que la Grèce a déjà bénéficié d’un certain nombre de mesures de réduction de la dette – les échéances ont été prolongées, les intérêts sont semblables à ceux de nations moins endettées et l’accord en 2012 a diminué la dette de 100 milliards d’euros – le document admet aussi que, sous le scénario de base, “des concessions importantes” en amélioreraient la soutenabilité.

Mais bien que les créanciers admettent que la Grèce ne peut pas se développer sans allègement de la dette, les documents ne fournissent aucun éclaircissement concernant ce à quoi un tel contrat pourrait ressembler, pas plus qu’ils ne fournissent de détails sur un troisième programme d’aide, faute d’assumer que celui-ci existe. Ils promettent seulement une analyse plus détaillée de la soutenabilité de la dette grecque en temps voulu.

Les documents mettent également en lumière le plan d’investissement de 35 milliards qui a été proposé à la Grèce la semaine dernière, comme il l’a été rappelé par plusieurs gouvernements, dont le gouvernement allemand.

Le deuxième des six documents, intitulé “Réformes pour mener à terme le programme actuel et au-delà”, montre que cette proposition était moins significative que ne le suggéraient le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker et le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel. L’argent proposé n’est pas un investissement ad hoc mais est en réalité une subvention de l’Union Européenne régulièrement disponible pour tous les états membres. De plus, comme le Süddeutsche Zeitung le souligne, accéder à cette subvention nécessite dans le cas de la Grèce un cofinancement de 15%, ce qu’elle ne peut se permettre. Pour cette raison, la Grèce n’a pas dépensé la totalité des 38 milliards de subventions disponibles entre 2007 et 2013.

Un troisième document souligne les “besoins de financements et projet d’agenda de décaissement relié à l’accomplissement du cinquième rapport”, détaillant comment la Grèce aurait reçu quinze milliards d’euros pour faire face à ses obligations jusqu’à la fin novembre. L’argent aurait été versé en cinq tranches à compter de juin (dès que le parlement grec aurait entériné la proposition) pour couvrir les besoins financiers grecs. Cependant, 93% des fonds auraient directement servi à couvrir les coûts de la dette arrivant à maturité pour la durée de l’extension.

Les documents restants couvrent les détails des actions qui devaient être prises par la Grèce, en accord avec la Troïka. L’un de ces documents avait été publié par la Commission européenne au cours du week-end.

Le plan se fonde sur un objectif de surplus primaire de respectivement 1%, 2%, 3%, et 3,5% du PIB en 2015, 2016, 2017 et 2018 (les deux parties sont en accord sur les objectifs). Il s’appuie sur des modifications de TVA produisant un revenu supplémentaire de 1% du PIB et une réforme du système de retraites menant à une économie de 1% du PIB en 2016.

Concernant la TVA, la proposition suggère d’élargir le taux de base à 23%, et y inclurait la restauration. Il y aura un taux réduit de 13% s’appliquant à certains biens, notamment l’énergie, la nourriture de base, l’hôtellerie et l’eau (à l’exclusion des égouts).

Un taux super-réduit de 6% sur les produits pharmaceutiques, les livres et cinémas était prévu, de même qu’une hausse des taxes sur l’assurance, et l’élimination des exemptions fiscales de certaines îles. Les créditeurs voulaient initialement un système de TVA à deux taux.

Pour ce qui est des retraites, qui ont été le point le plus délicat des négociations, le plan exige des réformes afin de :

  • Créer de fortes mesures dissuasives contre les retraites anticipées, incluant des modifications aux pénalités de retraites anticipées
  • Adopter une législation telle que les retraits du fonds d’assurance sociale provoqueront une pénalité annuelle, concernant les personnes affectées par l’allongement de l’âge de départ à la retraite, équivalente à une majoration de 10% en plus des 6% actuels
  • S’assurer que tous les fonds de pensions supplémentaires sont seulement financés par des contributions propres
  • Éliminer progressivement la subvention de solidarité (EKAS) pour tous les retraités à fin décembre 2019. La suppression progressive, dont l’application devra recevoir l’accord des institutions, débutera immédiatement pour les 20% qui touchent le plus
  • Geler la pension contributive garantie en termes nominaux jusqu’à 2021
  • Ne verser qu’à l’âge statutaire en vigueur à partir du 30 juin 2015, soit 67 ans, les retraites contributives garanties sous conditions de ressources de base
  • Augmenter les contributions de santé les plus basses pour les pensionnés de 4% à 6% en moyenne et les étendre aux pensions de retraites complémentaires

Ce lundi, Juncker a souligné – à tort – que ces mesures ne constituaient pas une coupe des pensions. Cependant, les créanciers avaient raison de dire qu’ils avaient un compromis, et que les plans étaient encore souples. Ils ont également suggéré que la Grèce pourrait fournir des propositions alternatives du moment qu’elles seraient “suffisamment solides et quantifiables”.

Les propositions des créanciers suggèrent également que l’impôt sur les sociétés n’augmente que de 26% à 28%. La Grèce voulait que ce taux soit de 29%.

Source : The Guardian, le 30/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/fmi-meme-avec-les-mesures-dausterite-la-grece-aurait-toujours-une-dette-insoutenable/