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Les leçons d’un massacre, par Jacques Sapir

Friday 9 January 2015 at 16:05

Intéressant texte de Jacques Sapir

Le massacre commis par les assassins au siège de Charlie Hebdo a choqué, bouleversé, indigné. Mais il nous interpelle aussi. Il est de la tache de la police de complètement éclaircir les complicités dont les auteurs de ce crime atroce ont pu bénéficier. Ce sera l’objet de l’enquête et, il faut l’espérer, du procès à venir pour ces assassins. Mais, d’ores et déjà, deux problèmes émergent : celui de la Nation, et donc de la souveraineté, et celui de la laïcité.

L’échec de l’intégration est d’abord le refus de la Nation

Ce que révèle les dérives sectaires, certes très minoritaires, mais qui existent néanmoins dans une partie de la jeunesse française, c’est le sentiment d’anomie quant à l’identité. Une partie des jeunes, issus de l’immigration, ne peuvent pas s’intégrer car ils ne savent pas  à quoi s’intégrer. Une expression importante, et oh combien juste, de Mai 1968 était que l’on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance. De même, on ne s’intègre pas à un PIB. Ces jeunes qui parfois manifestent de manière bruyante leur attachement au pays d’origine de leurs parents savent qu’en réalité ils sont rejetés par les sociétés d’Afrique du Nord. Ils ne se sentent pas Français, car on n’ose plus parler de la France. Pourtant, que les choses aillent mal, et l’on y revient immédiatement. Dans son allocution du 7 janvier, le Président de la République n’a fait nulle part mention de l’Europe. C’est un oubli des plus révélateurs.

Mais, ces jeunes savent bien qu’ils sont nés quelque part et que leur histoire personnelle est irréversible. Ce sentiment peut conduire à des réactions très diverses. Certains peuvent trouver en eux-mêmes les ressources pour chercher malgré tout à s’intégrer. On s’incline ici devant Ahmed Merabet, 42 ans, enfant de l’immigration, policier de la brigade VTT du commissariat du XIème, lâchement assassiné de sang froid par les tueurs qui ont frappé Charlie Hebdo ; de même on s’incline devant Franck Brinsolaro, policier du service de la protection, qui avait en charge la protection de Charb. Il en va aussi, mais on en a moins parlé et il faut le regretter, de nombreux soldats français morts dans les opérations extérieures. Par exemple au Mali, comme le sergent-chef Thomas Dupuy, ou encore en Afghanistan ; ces hommes témoignaient de cet attachement à la France terre d’adoption devenue patrie et pour laquelle ils sont morts. Oui, l’intégration fonctionne, mais elle ne touche désormais qu’une partie de ceux qu’elles devraient toucher. Il est à craindre, si l’on n’y prend garde que ce processus ne s’amplifie

L’illusion du religieux, la prégnance du narcissisme.

D’autres se tournent vers la religion et peuvent finir dans le fanatisme. Mais, derrière l’apparence d’une montée de la religiosité, c’est en réalité à une montée des affirmations identitaires et narcissiques que l’on assiste. Les crispations autour des tabous alimentaires et vestimentaires, sur les signes extérieurs (comme la question du voile chez les musulmans) ont avant tout pour but d’identifier brutalement une communauté, de la séparer du reste de la population et de l’enfermer sur des références mythifiées pour le plus grand profit de quelques uns. Ces pratiques, en produisant des mouvements de réactions, font en réalité progresser la division des individus entre eux au lieu d’y mettre fin. Dans la quête de la pureté, et toute religion distingue le « pur » de « l’impur », il ne peut y avoir de mouvement collectif, si ce n’est de petites communautés en proie aux réactions violentes d’autres communautés. C’est d’ailleurs la le piège qui nous est tendu par les meurtriers, comme l’a bien souligné Robert Badinter au journal de FR2 le mercredi 7 janvier. Il est frappant que Marine le Pen, dans sa courte déclaration (toujours sur Fr2) ait dit en substance la même chose.

Par ce retour au religieux, on croit ainsi se protéger de l’anomie. En réalité, on s’y précipite tête baissée. Il faut ici faire le constat de l’échec d’une intégration pour une partie des populations immigrantes car ces dernières n’ont pas eu de références qu’elles pouvaient assimiler. L’intégration est un processus d’assimilation des règles et des coutumes, qui est en partie conscient (on fait l’effort d’apprendre la langue et l’histoire de la société dans laquelle on veut s’intégrer) mais qui est aussi en partie inconscient. Pour que ce mécanisme inconscient puisse se mettre en place, encore faut-il qu’il y ait un référent. La disparition ou l’effacement de ce dernier au nom d’un « multiculturalisme » qui ne désigne en fait que la tolérance à des pratiques très différentes, est un obstacle rédhibitoire à l’intégration. De fait, de même que pour échanger il faut instituer des objets que l’on n’échange pas, pour intégrer et aboutir à un principe de tolérance des individus il faut définir des limites très claires, des points sur lesquels il n’est pas question de transiger. Ici encore, on découvre les dégâts produits par un relativisme outrancier qui se pare des atours des sciences sociales pour mieux en subvertir les enseignements.

La trahison des élites et la perte de souveraineté.

Il faut en suite souligner l’immense responsabilités des élites politiques, de l’UMP comme du PS, qui abandonnent la France à petit pas, soit parce qu’ils ne croient plus en notre pays (mais comment fait alors la Corée du Sud ?), soit par intérêt bête et méchant, la volonté de vivre la vie des élites mondialisées. Ce qu’oublient tous ces politiques qui ont cédé aux sirènes de la pipolisation c’est que pour plus de 95% de la population française, la vie réelle se passe dans le cadre des frontières de ce pays que l’on nomme France. Pour ceux qui ne croient plus en la France, on aurait pu s’attendre à la tentative au moins de construire une Europe véritablement fédérale, sur le modèle de l’Allemagne ou des Etats-Unis. C’est un projet que l’on peut comprendre. Mais ce projet a échoué. Il aurait fallu le proposer quand le mur de Berlin est tombé. A la place, on a voulu perpétuer le méthode traditionnelle de la construction européenne, celle des « petits pas ». Nous en payons aujourd’hui le prix, avec une France qui n’est plus tout à fait un pays puisque l’on a abandonné nombre de prérogatives régaliennes, de la monnaie au budget, aux institutions européennes, et une Europe qui ne sera jamais un pays comme on le constate tous les jours, et en particulier dans la réduction du budget européen, qui se trouve aujourd’hui être inférieur à 1,3% du PIB. Le système confédéral qui en résulte, et qui en résulte par défaut, produit la crise tant économique que politique que l’Europe traverse. Cette crise qui a dévasté la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie et qui demain, si nous n’y prenons garde, dévastera la France.

La Cour Constitutionnelle allemande à bien vu le problème, elle qui a rappelé dans un de ses arrêts de 2009 qu’il n’y avait pas de peuple européen, et que seuls les différents pays étaient le cadre de la démocratie. De cette entre-deux où nous végétons nait l’anomie. De l’anomie naissent des monstres. Tous les responsables politiques français qui n’ont pas voulu entendre ce qu’avait dit clairement notre peuple il y a dix ans de cela, lors du rejet du projet de Constitution européenne par référendum, en sont responsables. Ils sont donc profondément disqualifiés pour appeler aujourd’hui à l’unité nationale.

L’Europe fédérale étant impossible, et avec elle le mythe d’une « Europe sociale », antienne du PS et d’une partie de la gauche et aujourd’hui désormais pleinement déconsidérée il faut donc rapidement revenir en arrière et redonner à la France les instruments de sa souveraineté. Cela passe par la monnaie, bien entendu avec la dissolution de la zone Euro, mais aussi par les différentes règles contraignantes quant au budget. Il est souhaitable que ceci se fasse à l’échelle européenne. Mais ce qui est souhaitable n’est pourtant pas toujours possible. Il est nécessaire que cela soit fait de toute manière, que nos partenaires le veuillent ou non.

Sociétés hétérogènes, sociétés denses.

Mais, construire une Nation, ou la reconstruire, impose de réfléchir à ce qui peut faire lien entre des individus différents ayant des croyances différentes. Quelle peut être la nature de ce ciment ? On pense qu’aujourd’hui, en ces temps que l’on veut « mondialisés », que l’économique est supposée l’emporter sur le politique. Les relations « de marché », se substitueraient donc aux relations faisant la trame de la société. Cette dernière ne serait donc que la résultante d’une somme de « contrats », entre deux ou plusieurs personnes, et pourrait donc s’appréhender à travers chaque contrat particulier. Ceci implique une dépersonnalisation de l’action et le rôle des normes qui en découle, dépersonnalisation qui repose sur des principes voisins de ceux de l’économie monétaire parfaite décrite par G. Simmel[1]. Mais Simmel lui-même était conscient qu’une société dont le ciment ne serait pas un ensemble d’institutions combinées et inter-agissantes, qui ne sauraient alors être séparées les unes des autres dans l’analyse, ne pourrait aboutir qu’à l’anomie[2]. Nous vivons en réalité dans des sociétés à forte densité économique, mais aussi sociale. Disons tout de suite que cette définition de la densité n’est pas celle du géographe ou du démographe, même si elle leur emprunte naturellement certains aspects. Les sociétés modernes ont en effet pour caractéristiques d’être dense, non seulement humainement (sens géographique et démographique) mais aussi en raison des interactions de plus en plus développés et de plus en plus puissantes entre les acteurs. Ces interactions découlent de ce que l’on peut appeler le « progrès des forces productives » pour reprendre une formule de Marx. Ce sont les effets d’externalité toujours plus importants qu’induisent les moyens matériels mis en œuvre depuis le XIXème siècle. Nous devons à Durkheim la paternité de la notion de densité sociale. Dans son ouvrage Les règles de la méthode sociologique il établit la notion de densité dynamique et de densité matérielle de la société[3]. cette densité dynamique correspond aux nombres de relations qui existent entre les unités d’une société donnée:

La densité dynamique peut se définir, à volume égal, en fonction du nombre des individus qui sont effectivement en relations non pas seulement commerciales mais morales; c’est-à-dire, qui non seulement échangent des services ou se font concurrence, mais vivent d’une vie commune[4]. La densité matérielle correspond quant à elle à la densité démographique, mais aussi au développement des voies de communication et de transmission. Pour Durkheim, ces deux densités sont nécessairement liées: “Quant à la densité matérielle (…) elle marche d’ordinaire du même pas que la densité dynamique et en général peut servir à la mesurer[5].

L’hétérogénéité des agents dans une société qui est matériellement dense induit alors une hétérogénéité et une multiplicité des formes d’interactions. La complexité qui en résulte ne peut être traitée que par des ensembles d’institutions et de formes organisationnelles. Ces ensembles institutionnels et ces formes organisationnelles doivent être complémentaires, soit dans les règles qu’elles produisent soit dans les effets que ces règles engendrent. Cette double complémentarité fait obstacle à toute tentative de reproduire la logique de l’atomisme à l’échelle des institutions. Il faut dès lors prendre en compte la nécessité de l’action collective[6]. On retrouve ici l’apport de la philosophie pragmatique de Dewey[7]. Le rapport à l’institutionnalisme ouvre donc la question de son rapport au holisme méthodologique[8].

La laïcité, compagne obligée de la souveraineté.

Mais, reconnaître l’importance d’un point de vue analytiquement holiste, pose alors la question de savoir sur quelle base va-t-o construire les règles et les institutions, bref les formes collectives, dont on a besoin. Il y a la nostalgie d’un âge mythique où était affirmée la trilogie « Un Roi, une Loi, une Foi ». Cette nostalgie s’exprime tant chez les fondamentalistes musulmans que chez les identitaires. Mais, cet idéal mythique a été fracassé un fois pour toute par l’hétérogénéité des croyances qui s’est imposée comme un fait majeur avec la Réforme. Les guerres qui ont résulté ont été parmi les plus atroces et les plus inexpiables que l’Europe a connues. La seule solution résidait dans le découplage entre la vie publique et la vie privée, et le cantonnement de la religion à cette dernière. Ceci a été reconnu et théorisé à la fin des Guerres de Religion par Jean Bodin dans une œuvre posthume, l’Heptaplomeres[9], compagnon secret des Six livres de la République. Son contenu ne fait que prolonger celui des Six livres. De quoi s’agit-il donc ? Bodin imagine que sept personnages, qui tous pratiquent la médecine[10] et qui professent tous une foi différente, sont réunis dans un château. Chacun son tour, ils vont chercher à convaincre les six autres. Naturellement, c’est à chaque fois un échec, et pour une raison simple : la foi n’est pas affaire de raison. Quand le septième de ces personnages a parlé se pose alors une question redoutable : que vont-ils faire ?

La réponse est éclairante à deux titres. La première est qu’ils décident de ne plus parler entre eux de religion, autrement dit celle-ci est exclue du débat public et devient une « affaire privée », même si, par courtoisie, ils s’engagent tous à aller aux célébrations des uns et des autres. La seconde est qu’ils décident d’œuvrer en commun « pour les bien des hommes ». Une autre fin aurait été possible. Ils auraient pu décider de se séparer et de travailler séparément chacun dans leur communauté. Il y a là la seconde « invention » de Bodin. On insiste, à juste titre, sur la première qui est la distinction entre une sphère publique et une sphère privée. Elle est essentielle. Mais, elle ne doit pas masquer la seconde, qui n’est pas moins importante. L’invention de la sphère privée, et du cantonnement de la foi à cette dernière, ne prend sens que parce que des personnes de fois différentes se doivent de cohabiter ensemble. Que Jean Bodin insiste sur l’action en commun de personnes aux convictions religieuses différentes est très important. Cela veut dire qu’il y a des choses communes, des Res Publica, qui sont plus importantes que les religions. Cela signifie aussi que ce que nous appellerions dans notre langage la « laïcité » est une des conditions de l’existence des sociétés à composition hétérogènes[11]. En retranchant de l’espace public les questions de foi on permet au contraire au débat de se constituer et de s’approfondir sur d’autres sujets. En ce sens, Bodin pose le problème de l’articulation de l’individualisme avec la vie sociale, problème qui est au cœur du monde moderne.

Souveraineté et laïcité

Il nous faut aujourd’hui réagir. Non pas en exigeant un durcissement des peines et de l’arsenal répressif. Cela peut être nécessaire, mais il faut savoir que l’on reste, là, dans le domaine essentiellement symbolique. On fait de la gesticulation politique. La réaction doit être plus profonde et, en un sens, plus radicale. Face à la montée de l’anomie et de ses monstres il faut reconstruire d’urgence les conditions d’exercice de la souveraineté du peuple dans le cadre de la Nation. Mais, pour cela, il est impératif d’avoir une attitude ferme en ce qui concerne la laïcité, qui est la garantie fondamentale de nos libertés. Oui, nous devons nous rassembler et retrouver les fondements de la Res Publica. Mais nos dirigeants élus ou anciens élus sont les derniers à pouvoir le faire

Les assassins ne paraissent forts que parce que nous sommes faibles, et oublieux des principes dont nous sommes porteurs. Nous les avons laissé monter sur nos épaules. Redressons nous et ils joncheront la terre !


[1] Simmel G., Philosophy of Money, Routledge, Londres, 1978; publié originellement sous le titrePhilosophie des Geldes, 1900

[2] Deutschmann C., “Money as a Social Construction: on the Actuality of Marx and Simmel”, Thesis Eleven, n°47, novembre 1996, pp. 1-20

[3] E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, Paris, 1999 (première édition, P.U.F., Paris, 1937).

[4] Id., pp. 112-113.

[5] Id. pp. 113.

[6] D. Truman, The Governmental Process , A. Knopf, New York, 1958.

[7] J. Dewey, John Dewey: Philosophy, Psychology and Social Practice , édité par J. Ratner, Putnam’s Sons, New York, 1963.

[8] M-C. Villeval,, “Une théorie économique des institutions?”, in Boyer et Saillard, edits, Théorie de la régulation. État des savoirs, La Découverte, Paris, 1995, pp.479-489.

[9] Bodin J., Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, traduction anonyme du Colloquium Heptaplomeres de Jean Bodin, texte présenté et établi par François Berriot, avec la collaboration de K. Davies, J. Larmat et J. Roger, Genève, Droz, 1984, LXVIII-591.

[10] Ce qui n’est pas sans importance car la médecine, sous l’impulsion de personnes comme Ambroise Paré, et par la pratique de la dissection des cadavres, est devenue la science du corps humain, et a commencé la démarche qui en fera un savoir scientifique.

[11] On trouvera un commentaire éclairant de sa contribution aux idées de tolérance et de laïcité dans: J. Lecler, Histoire de la Tolérance au siècle de la réforme, Aubier Montaigne, Paris, 1955, 2 vol; vol. 2; pp. 153-159

 

Source: http://www.les-crises.fr/les-lecons-dun-massacre-par-jacques-sapir/


(Et si on luttait vraiment contre le terrorisme ?) Une tentative israélo-palestinienne de mettre fin au conflit : l’Initiative de Genève (2003)

Friday 9 January 2015 at 01:45

Un peu d’histoire, pour essayer de traiter le problème à la racine, en résolvant un des foyers alimentant le terrorisme…

P.S. si quelqu’un a 1 ou 2 ans d’archives de Charlie Hebdo, cela m’intéresserait… Merci !

L’Initiative de Genève est un projet de paix alternatif pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Il s’agit d’une alternative à la ‘‘Feuille de route’’ (Road Map) adoptée le 30 avril 2003 par un Quatuor diplomatique composé de l’ONU, de l’Union Européenne, des États-Unis et de la Russie.

[Source : http://www.medea.be/fr/themes/conflit-israelo-arabe/accord-de-geneve-2003/]

Les principaux artisans de l’Initiative de Genève furent l’ancien ministre travailliste israélien Yossi Beilin et l’ancien ministre palestinien Yasser Abd Rabbo, sous l’impulsion du docteur en sciences politiques suisse Alexis Keller. L’accord fut signé le 1er décembre 2003 à Genève. Il est le résultat de plus de deux années de négociations israélo-palestiniennes, soutenues par le gouvernement suisse. Ce document se fonde sur les résolutions des Nations unies, la conférence de Madrid (1991), les accords d’Oslo (1993) ainsi que les avancées diplomatiques qui suivirent. Mais il s’inspire tout particulièrement des négociations de Camp David (juillet 2000) et de Taba (janvier 2001) pour définir les bases sur lesquelles un Etat palestinien indépendant sera créé aux côtés de l’Etat d’Israël. Cependant, cet accord ne mentionne en aucun cas la défense des droits minorités chrétiennes, arméniennes ou bédouines de la région.

[Texte intégral en anglais : http://www.geneva-accord.org/mainmenu/english] [Traduction : http://www.lapaixmaintenant.org/Les-Accords-de-Geneve]

Une lettre de soutien à cet accord fut signée par 58 personnalités dont Mikhail Gorbatchev, ancien président du Soviet suprême ; Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l’ONU ; Martti Ahtisaari, ancien président finlandais et Prix Nobel de la Paix ; Jacques Delors, ancien président de la Commission européenne ; Mary Robinson, ancien président d’Irlande et Sadako Ogata, ancien Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés. Ils ont été rejoints par bien des personnalités locales attachées à la paix :

Israéliens : l’ex-président travailliste Amram Mitzna, l’ex-président de la Knesset Avraham Burg, le général Amnon Lipkin-Shahak et les écrivains Amos Oz et David Grossman.

Palestiniens : les anciens ministres Nabil Kassis et Hisham Abdel Razek.

Lors de la cérémonie de signature ouverte par l’acteur américain Richard Dreyfus, de nombreuses personnalités furent présentes, dont Jimmy Carter, Felipe González, Mário Soares, Lech Wałęsa, Nelson Mandela, Bernard Kouchner et Simone Veil.

[Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_de_Gen%C3%A8ve]

L’Accord de Genève n’a cependant aucune valeur juridique dans la mesure où le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne n’ont pas participé à sa rédaction et ne l’ont jamais soutenu officiellement. 

Voici les grandes lignes de l’accord : (reprise de l’article du Monde Diplo)
[Source : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2003-10-23-geneve]

Objectif : l’accord final engage les deux parties à renoncer à toute nouvelle revendication. Il remplacera toutes les précédentes résolutions de l’Organisation des Nations unies (ONU).

L’Etat palestinien : il sera constitué aux côtés d’Israël, conformément aux frontières de 1967, avec certaines modifications.

Colonies : selon des négociateurs, Israël restituera 100 % de la bande de Gaza et 97,5 % de la Cisjordanie : il annexera les 2,5 % restant pour regrouper les blocs de colonies à Gush Etzion (sud de la Cisjordanie) et dans le périmètre de Jérusalem. En revanche, les colonies d’Ariel (nord), Efrat et Har Homa (sud) feront partie de l’Etat palestinien. En échange des secteurs de la Cisjordanie qui resteront sous son contrôle, Israël transfèrera à l’Etat palestinien des zones du Néguev adjacentes à la bande de Gaza.

Jérusalem : la ville sera la capitale de l’Etat d’Israël et de l’Etat palestinien. La souveraineté y sera partagée sur la base du principe proposé par le président américain William Clinton : est israélien tout ce qui est juif, est palestinien tout ce qui est arabe, musulman ou chrétien. L’Etat palestinien contrôlera donc la Vieille Ville, sauf le Quartier juif et le Mur des Lamentations. L’Esplanade des mosquées sera sous souveraineté palestinienne avec un libre accès, supervisé par une force internationale, pour toutes les autres confessions – mais les juifs ne seront pas autorisés à y prier. Les fouilles archéologiques ne seront pas non plus autorisées sur le site.

Réfugiés : sauf quelques dizaines de milliers autorisés à revenir en Israël, ils ne pourront exercer leur « droit au retour » – formule absente du texte de l’accord – que dans l’Etat de Palestine ou vivre dans d’autres Etats de la région.

Sécurité : les Palestiniens s’engageront à démanteler les infrastructures terroristes et à combattre le terrorisme comme l’incitation à la violence. L’État palestinien sera démilitarisé et les points de passage seront supervisés par une force internationale.

Plan de L’Initiative pour la Cisjordanie

Plan de l’Initiative pour Jérusalem

En attendant, rappel de la situation actuelle :

Extrait :

Article 1 – Objet de l’Accord définitif

  1. L’Accord définitif (ci-après « l’Accord ») met un terme à l’ère de conflit et inaugure une nouvelle ère basée sur la paix, la coopération, et les relations de bon voisinage entre les Parties.
  2. L’application de cet Accord règle toutes les revendications des Parties résultant des événements antérieurs à sa signature. Aucune revendication liée à des événements antérieurs à cet Accord ne pourra être soulevée par l’une ou l’autre Partie.

Réactions après l’annonce de la signature de l’accord :

Le 5 décembre 2003

, le secrétaire d’État américain Colin Powell rencontra les auteurs de l’Initiative de Genève.

Le chef du gouvernement israélien de l’époque, Ariel Sharon, qualifia cet accord d’ « espoir illusoire » : « De quel droit ces gens de gauche se permettent-ils de proposer des compromis qu’Israël n’a pas l’intention d’accepter et n’acceptera jamais ? »

L’ancien ministre israélien Ehoud Barak dénonça un document « illusoire » qu’il accuse de « mettre en danger l’Etat d’Israël ».

[Source : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2003-10-23-geneve]

Le Hamas et les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa considèrent cet accord comme une trahison. Cet accord place le renoncement au droit au retour des réfugiés comme contreparties de la cession de l’Esplanade des Mosquées de Jérusalem. Or, le droit au retour des réfugiés considéré par ces organisations comme un élément non négociable.

Mercredi 3 décembre 2003 : LIBAN : Plusieurs centaines de réfugiés palestiniens ont manifesté dans leurs camps pour protester contre l’Initiative de Genève qui privent les réfugiés de leur droit au retour. “Le Commandement de la révolution palestinienne” s’est dit, dans un communiqué, hostile à ce plan de paix non officiel qui « annule la résolution 194 de l’ONU garantissant le droit de 5 millions de réfugiés palestiniens au retour dans leurs foyers et blanchit Israël de sa responsabilité historique, juridique et morale de son crime d’usurpation de la terre de Palestine ».

Samedi 6 décembre 2003 : CISJORDANIE : Environ 4 000 Palestiniens hostiles à l’Initiative de Genève, qui prive les réfugiés palestiniens du droit au retour, ont brûlé vendredi à Naplouse des drapeaux suisses. Un chef local du Hamas, Adnane Asfour, a dénoncé « L’Initiative de Genève comme étant la chose la plus grave qui arrive à la cause palestinienne depuis la déclaration Balfour ».

[Source : http://www.fil-info-france.com/monde/initiative_de_geneve.htm]

L’Initiative de Genève a connu une nouvelle étape en 2009, avec la publication de 13 annexes, qui règlent dans les détails une solution à deux Etats, dont voici le résumé (en anglais) :

https://www.eda.admin.ch/content/dam/eda/fr/documents/topics/Summary.pdf

Le compromis déplaisant aux 2 parties, il doit donc être assez juste.

Alors si nos gouvernants ont VRAIMENT le souci de NOTRE sécurité, eh bien ils n’ont qu’à faire pression pour qu’il soit accepté par les 2 parties.

Mais avec de vraies pressions, efficaces.

Du genre, “revoyez quelques détails, mais si dans 3 mois il n’est pas signé, on rompt toute relation diplomatique, commerciale et informatique avec ceux qui ne signeront pas”.

Sans importations ni exportations, sans pétrole, sans Swift, ils vont vite accepter…

Sévère, mais juste…

Source: http://www.les-crises.fr/initiative-de-geneve/


[Je suis irakien] Et pendant ce temps là, en Irak…

Thursday 8 January 2015 at 12:05

12 morts injustifiables par balle hier à Paris – honorons la mémoire des victimes.

Je profite de ce point sur la violence aveugle pour mettre à jour notre suivi régulier des bilans en Irak “libéré”, depuis le 1/12/2014, via le site Iraq Body Count

Wednesday 7 January: 53 killed

Mosul: 12 executed.

Falluja: 17 Sahwa members executed; 2 killed by mortars.

Baghdad: 7 killed by IEDs; 1 body.

Shirqat: 5 family members executed.

Mahmudiya: 2 by IED.

Amiriyat Falluja: 4 by mortars.

Dhuluiya: 2 by IED.

Amara: 1 by gunfire.

Jan 1-7: 364 civilians killed.

Tuesday 6 January: 83 killed

Hamam al-Alil: 20 executed.

Karma: 23 executed.

Mosul: 4 executed.

Tikrit: 2 executed.

Al-Jubba: 10 by suicide bomber.

Baghdad: 5 by IEDs; 4 bodies.

Falluja: 4 by mortars.

Ameria: 3 by mortars.

Arab Jabour: 6 family members by gunfire.

Basra: 1 clergyman wounded on Jan 1 dies.

Tuz Khurmato: 1 policeman by AED.

Monday 5 January: 40 killed

Baghdad: 8 killed by IED, gunfire; 1 body.

Salahuddin: 8 executed.

Alam: 8 executed.

Falluja: 4 by shelling.

Baquba: 4 in clashes.

Taji: 2 bodies.

Mosul: 3 executed.

Muqdadiya: 2 by gunfire.

Sunday 4 January: 28 killed

Baghdad: 6 killed by IEDs; 2 bodies.

Amiriyat Falluja: 4 by shelling.

Sabaa al-Bour: 4 by shelling.

Mosul: 3 executed.

Muqdadiya: 3 by gunfire, shelling.

Taji: 1 by AED.

Madaen: 2 by gunfire.

Latifiya: 2 by IED.

Tuz: 1 by IED.

Saturday 3 January: 52 killed.

Baghdad: 7 killed by IEDs.

Karma: 15 executed.

Ishaqi: 12 killed in air strikes.

Tikrit: 7 by IED.

Nahrawan: 2 by IED.

Abu Ghraib: 1 body.

Qalat Sukar: 1 body.

Baquba: 1 policeman by gunfire; 1 killed in air strikes.

Mosul: 3 executed.

Anbar: 1 journalist executed.

Nasiriya: 1 body.

Friday 2 January: 42 killed

Falluja: 20 killed by shelling; 4 executed.

Baghdad: 4 by IEDs.

Tikrit: 7 by IED; 3 bodies.

Abu Ghraib: 1 by IED.

Tarmiya: 1 by IED.

Suleiman Bek: 1 by gunfire.

Mahmudiya: 1 by AED.

Thursday 1 January: 66 killed

Falluja: 15 executed; 4 killed by shelling.

Dijla river: 23 bodies.

Tikrit: 7 killed in clashes.

Baghdad: 6 by IEDs.

Muqdadiya: 2 by gunfire.

Tuz: 1 by gunfire; 3 bodies.

Mahmudiya: 2 by IED.

Basra: 3 clergymen by gunfire.

=================================================

Wednesday 31 December: 24 killed

Baghdad: 2 by IEDs; 3 bodies.

Diyala: 6 killed by gunfire.

Falluja: 3 by shelling.

Dhuluiya: 2 by IEDs.

Basra: 1 by gunfire; 1 body.

Mosul: 2 by gunfire.

Tarmiya: 1 by gunfire.

Kirkuk: 1 by gunfire.

Saidiya: 2 by IED.

DECEMBER TOTAL: 1 190 CIVILIANS KILLED

Tuesday 30 December: 37 killed

Baghdad: 4 by IEDs; 7 bodies.

Falluja: 9 by shelling.

Tuz Khurmato: 2 by IED.

Yathrib: 13 in clashes.

Dhuluiya: 2 by IED.

Monday 29 December: 36 killed

Taji: 21 by suicide bomber.

Baghdad: 5 by IED; 1 body.

Qayyara: 4 executed.

Yusufiya: 1 policeman by gunfire.

Ramadi: 1 by mortars.

Kirkuk: 2 by gunfire.

Hliwa: 1 by gunfire.

Over 1,100 killed in December.

Over 17 000 killed in 2014.

Sunday 28 December: 17 killed

Baghdad: 2 by IEDs; 2 bodies.

Mosul: 5 by IED; 2 doctors executed.

Muqdadiya: 3 by gunfire; 2 by mortars.

Baquba: 1 policeman by gunfire.

Saturday 27 December: 8 killed

Baghdad: 2 by IED.

Mahmudiya: 1 by IED.

Baquba: 2 by IED.

Tuz Khurmato: 1 by gunfire.

Balad: 1 by mortars.

Dhuluiya: 1 by mortars.

Friday 26 December: 20 killed

Baghdad: 7 by IEDs; 3 bodies.

Faw: 2 bodies.

Dhuluiya: 1 by gunfire.

Kirkuk: 2 bodies.

Mutassim: 2 children by shelling.

Babil: 1 body.

Baquba: 1 policeman by gunfire.

Muqdadiya: 1 policeman by shelling.

Thursday 25 December: 19 killed

Baghdad: 3 by IEDs, gunfire; 1 body.

Arab Jabour: 5 by mortars.

Yathrib: 3 in clashes.

Dhuluiya: 1 by gunfire.

Abu Ghraib: 3 by IED.

Latifiya: 3 Sahwa members by gunfire.

1,048 civilians killed so far in December

16,931 so far in 2014

Wednesday 24 December: 48 killed

Madaen: 35 by suicide bomber.

Baghdad: 1 by IED; 1 body.

Yusufiya: 4 by IED.

Falluja: 3 in clashes.

Mosul: 1 judge executed.

Balad: 1 child by mortars.

Tirkit: 1 woman by gunfire.

Kirkuk: 1 by gunfire.

Tuesday 23 December: 58 killed

Baghdad: 4 by IEDs; 4 bodies.

Yusufiya: 2 by car bomb.

Dhuluiya: 8 executed; 6 killed in clashes.

Falluja: 13 in clashes.

Tuz Khurmato: 1 by IED.

Babil: 20 found in mass graves.

 

Monday 22 December: 13 killed

Baghdad: 2 bodies.

Falluja: 4 in clashes.

Tarmiya: 2 by gunfire.

Yusufiya: 3 by IED.

Balad: 1 by mortars.

Tuz Khurmato: 1 woman by IED.

Sunday 21 December: 19 killed

Baghdad: 10 killed by IEDs; 1 body found.

Falluja: 5 family members by mortars.

Muqdadiya: 1 by mortars.

Baquba: 1 child tortured to death.

Hatmiya: 1 policeman by IED.

910 civilians killed so far in December

16,793 civilians killed so far this year.

 

Saturday 20 December: 137 killed

Baghdad: 6 by IEDs, mortars, stabbing.

Madaen: 4 by IED.

Taji: 3 by IED.

Babil: 20 bodies found in mass grave.

Hardan: 70 bodies found in mass grave.

Albu Ayfan: 21 by IEDs; 2 in clashes.

Mosul: 5 Yazidi women executed.

Baquba: 1 tribal leader by gunfire.

Falluja: 1 in clashes.

Muqdadiya: 2 by mortars.

Tikrit: 2 by IED.

891 civilians killed so far in December

16,774 civilians killed so far this year

 

Friday 19 December: 13 killed

Baghdad: 13 killed by IEDs and AEDs.

Thursday 18 December: 14 killed

Baghdad: 3 by IED, gunfire; 1 body.

Yusufiya: 3 by IED.

Falluja: 4 in clashes.

Taji: 1 by IED.

Mahmudiya: 2 by car bomb.

Wednesday 17 December: 21 killed

Baghdad: 4 by IEDs; 1 body.

Abu Ghraib: 4 by IED.

Mosul: 2 executed.

Hamrin Mountains: 1 by gunfire.

Dujail: 2 by gunfire.

Mahmudiya: 4 family members by gunfire.

Tuz: 1 by gunfire.

Nahrawan: 2 by gunfire.

Tuesday 16 December: 182 killed

Falluja: 150 women executed; 4 killed by mortars.

Baghdad: 7 by IEDs, gunfire; 3 bodies.

Ishaqi: 4 in clashes.

Mussayab: 1 body.

Qaim: 9 executed.

Yathrib: 3 executed.

Muqdadiya: 1 by mortars.

Monday 15 December: 38 killed

Baghdad: 5 by IEDs, gunfire; 2 bodies.

Alam: 17 executed.

Yusufiya: 7 family members, IEDs.

Muqdadiya: 4 executed.

Bani Saad: 2 bodies.

Hawija: 1 executed.

Sunday 14 December: 59 killed

Baghdadi: 21 executed.

Al Wafaa: 19 executed.

Baghdad: 7 by IEDs, gunfire; 2 bodies.

Mosul: 5 by IED.

Diyala: 1 Sahwa member executed.

Kirkuk: 1 executed.

Tarmiya: 3 by IED.

Saturday 13 December: 30 killed

Haditha: 12 by suicide bomber.

Falluja: 3 by mortars.

Shirqat: 5 executed.

Tikrit: 2 executed.

Baghdad: 6 by IEDs.

Khansa: 2 by IED.

Friday 12 December: 41 killed

Ramadi: 15 family members in heavy clashes, 3 policemen.

Baiji: 8 executed.

Muqdadiya: 5 by suicide bomber, mortars.

Mkeshifah: 5 in booby-trapped house.

Karbala: 1 by mortars.

Mosul: 2 policemen executed.

Baquba: 1 policeman by gunfire.

Dhuluiyah: 1 by mortars.

Thursday 11 December: 18 killed

Tikrit: 5 bodies.

Falluja: 3 by heavy artillery fire.

Riyadh: 3 by IEDs.

Madaen: 2 by IED.

Baghdad: 1 by IED; 1 body.

Baquba: 1 by gunfire.

Diyala: 1 policeman by gunfire.

Ramadi: 1 child by shelling.

Wednesday 10 December: 34 killed

Baghdad: 9 killed by IEDs, stabbing.

Madaen: 3 by IED.

Garma: 3 in clashes.

Kirkuk: 1 body.

Baquba: 2 bodies.

Al-Maqalaa: 16 bodies of tribe members, executed.

Tuesday 9 December: 21 killed

Baghdad: 4 by mortars; 1 body.

Falluja: 8 in air strikes.

Dhuluiya: 5 in air strikes.

Tikrit: 2 by mortars.

Al-Wehda: 1 by gunfire.

Monday 8 December: 40 killed

Hawija: 19 executed.

Baghdad: 5 by IEDs.

Al-Mutasim: 4 in clashes.

Falluja: 4 by mortars.

Khalis: 2 by gunfire.

Diyala: 2 by gunfire.

Muqdadiya: 1 child by mortars.

Samarra: 1 by gunfire.

Yusufiya: 2 by IED.

Sunday 7 December: 27 killed

Baghdad: 7 by IEDs, gunfire; 1 body.

Balad: 12 executed.

Tarmiya: 4 by suicide car bomber.

Babil: 1 policeman by IED.

Tuz: 1 by IED.

Khanokh: 1 by gunfire.

Saturday 6 December: 30 killed

Baghdad: 10 by IEDs.

Hit: 16 bodies found.

Mosul: 4 bodies.

Friday 5 December:20 killed

Baghdad: 3 by IEDs; 4 bodies.

Djisat Albualla: 6 executed.

Madaen: 1 by IED.

Hit: 3 executed.

Baiji: 3 executed.

Thursday 4 December: 63 killed

Baghdad: 26 by car bombs, IEDs, gunfire.

Kirkuk: 18 by suicide bomber.

Falluja: 15 in air strikes.

Tikrit-Baiji road: 3 by IED.

Hawija: 1 flogged to death.

Wednesday 3 December: 47 killed

Baghdad: 8 by IEDs; 2 bodies.

Saqlawiya: 10 in air strikes.

Falluja: 7 by mortars.

Mosul: 3 musicians executed.

Tikrit: 6 killed.

Samarra-Dujail: 4 killed.

Akbai: 5 bodies found in mass grave.

Taji: 1 by IED.

Latifiya: 1 policeman by hand grenade.

Tuesday 2 December: 25 killed

Baghdad: 13 killed by IEDs, gunfire, mortars; 2 bodies.

Falluja: 5 by air strikes.

Tuz Khurmato: 5 by IED.

Monday 1 December: 31 killed

Baghdad: 5 by IEDs; 1 body.

Balad: 9 in clashes; 3 by mortars.

Falluja: 4 in clashes.

Tuz Khurmato: 4 by IED.

Mosul: 5 by IED.

P.S :  fascinant où ça mène la connerie – on la sent bien renforcée la liberté… :

Source: http://www.les-crises.fr/et-pendant-ce-temps-la-en-irak-01-2015/


Irak : Villepin dénonce une guerre “absurde et dangereuse”

Thursday 8 January 2015 at 03:39

Comme au niveau de la “liberté d’expression”, nos chers médias sont croyants mais hélas non pratiquants, il me semble que c’est la bon jour pour ressortir ce billet du 23/09/2014.

Parce que – à moins d’inventer le “vigipirate noir” où toute la population reste confinée chez elle – on n’empêchera jamais 3 hommes armés de tuer quelqu’un, le mieux est de les empêcher d’avoir envie de le faire…

Et donc de traiter les problèmes à la racine…

Le vendredi 12 septembre, Dominique de Villepin a remis son costume de diplomate pour alerter sur les dangers d’une intervention militaire d’ampleur au Moyen-Orient. Invité de BFMTV, l’homme du discours à l’ONU pour dire «non» à une intervention en Irak en 2003, estime que la décision de Barack Obama d’engager une grande coalition sur le terrain est «absurde et dangereuse». Il y voit une «troisième guerre d’Irak» qui aura pour conséquence de «multiplier» les foyers de terrorisme.

«Il serait temps que les pays occidentaux tirent les leçons de l’expérience. Depuis l’Afghanistan, nous avons multiplié les interventions militaires, pour quel résultat ? Il y avait en 2001 un foyer de terrorisme central? Un. Aujourd’hui? Une quinzaine», assure l’ancien premier ministre. «L’État islamique, c’est l’enfant monstrueux de l’inconstance et de l’arrogance de la politique occidentale», assène Dominique de Villepin.

François Hollande est arrivé en Irak ce vendredi, quelques heures après que Barack Obama a obtenu le soutien de dix pays arabes à la campagne lancée pour «éradiquer» les djihadistes de l’État islamique en Irak et jusqu’en Syrie. «Nous souhaitons, en plein accord avec les États-Unis, élargir cette démarche pour montrer que ce n’est pas qu’une opération militaire en Irak, mais c’est une opération plus large qui comprend toutes les dimensions nécessaires à une lutte qui prendra du temps», a indiqué l’entourage du chef de l’État.

Pour Dominique de Villepin, «on se précipite sous le coup de l’émotion et sous la pression de la politique intérieure». En France comme aux États-Unis. Et le diplomate met en garde sur ce que peut faire «un État faible avec la chose militaire». «On voit la situation politique de la France et on peut s’inquiéter de voir un président s’engager dans cette affaire avec la crise intérieure», poursuit-il. «Il est manifeste qu’il y a une compensation par l’intervention militaire à la situation de crise nationale.»

Source : Le Figaro,12/09/2014

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“L’annonce par le président Obama d’une grande coalition pour engager une troisième guerre d’Irak est une décision absurde et dangereuse, a fustigé Dominique de Villepin, alors que François Hollande est justement à Bagdad ce vendredi. Il serait temps que les pays occidentaux tirent les leçons de l’Afghanistan. Il y avait en 2001 un foyer central de terrorisme. Aujourd’hui, il y en a une quinzaine. Nous les avons multiplié”.

Aujourd’hui, aller faire la guerre dans cette région, c’est prendre le risque de fédérer contre nous“, a asséné Dominique de Villepin, déplorant une guerre précipitée par l’émotion, et qui s’interrogeant: “combien de terroristes allons-nous créer?

“La guerre dans le terrorisme et les crises identitaires, c’est mettre de l’huile sur le feu. A chaque fois qu’on fait une guerre, on doit en faire une autre pour réparer notre incompétence” à répondre à la menace terroriste, a-t-il encore déploré.

Dès lors, comment lutter contre le terrorisme? “La première chose à faire est de toujours respecter le droit international. Deuxièmement, cette région, il ne convient pas de la précipiter dans une nouvelle guerre mais de lui faire prendre ses responsabilités”, a estimé Dominique de Villepin.

Source : BFMTV.com

Alors, ce 22 septembre, merci M. Hollande !

Et en plus, ça marche, personne ne se dit que les gouvernements du Paraguay, d’Inde, d’Afrique du Sud, de Corée, du Vietnam, d’Indonésie ne voient pas l’urgence d’aller bombarder l’Irak… :

Le Français sont des veaux inconscients ?

Source: http://www.les-crises.fr/irak-villepin-denonce-une-guerre-absurde-et-dangereuse/


[Hommage] A Bernard Maris, par Jacques Sapir

Wednesday 7 January 2015 at 17:45

Je sors ce papier en hommage à Bernard Maris avec une pensée à tous les morts de ce jour.

Quel gâchis pour une stupide histoire de caricatures dont je vois mal ce qu’elles ont apporté à la “liberté d’expression” (voir ici, ici ou ici), alors que je vois bien ce qu’elles ont coûté – en merveilleux talents sacrifiés et en futures régressions sur nos libertés publiques -, à cause de crétins meurtriers évidement indéfendables… Je précise que j’étais déjà contre à l’époque, pour les raisons évoquées par Chappatte (ou résumées ici):

Fanatisme d’une époque de plus en plus trouble…

Déception aussi à propos des commentaires sur les sites web (merci de modérer les vôtres : pas d’insultes, pas de xénophobie, pas de complotisme délirant svp, on les supprimera sinon…) - comme s’il y avait des moyens d’empêcher 3 fous déterminer de tuer des gens avec une arme à feu, si ce n’est d’attaquer les problèmes à la racine, avec plus d’humanisme, de solidarité et de fraternité…

Et je ne parle même pas des recup’ du style :

(ah, les rois de la paix au Moyen-Orient… Quelques bombardements en plus peut-être ?)

ou des 30 minutes de publicité pour le terrorisme ce soir au 20 h, car de quoi rêvent les barbares sinon d’avoir 30 minutes dans les JT français pour y instiller la peur ?

Si nous ne gardons pas les pieds sur terre en ces moments, si on se laisse terroriser, si on sacrifie nos libertés fondamentales, on donnera raison à ces fous, qui continueront de plus belle…

“Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ” [Bossuet]

Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter.” [Sören Kierkegaard]

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.” [Benjamin Franklin]

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” [Martin Luther-King]

P.S. merci d’indiquer en commentaire les billets d’autres sites que vous jugerez intéressants (si possible avec une phrase de présentation/résumé)

Le dernier dessin de Charb

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L’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo, et provoqué la mort de deux policiers, nous remplit d’horreur et de dégoût. Certains de ces journalistes étaient connus de tous. La mort de Cabu laisse le Grand Duduche (et la fille du proviseur…) orphelin ; celle de Wolinski signe la fin des années de « l’après-1968 ». L’invention de Cactus-Man (l’homme aux épine rétractiles…), mais aussi  de Paulette et de bien d’autres personnages me reste en mémoire. Tout ceci est désormais comme carbonisé devant la sauvagerie de sang froid du fanatisme militant. En vérité je ne puis écrire que pour un, l’économiste Bernard Maris, que je connaissais bien et qui écrivait sous le pseudonyme d’« Oncle Bernard » des billets hilarants et décapants.

Bernard Maris avait 68 ans. Il était le fils de Républicains espagnols émigrés en France et un produit typique de cet “élitisme républicain” que certaines bonnes âmes tournent aujourd’hui en dérision. Après de brillantes études d’économie, et une thèse en 1975, il avait suivi le cursus honorum qui devait le mener au poste de professeur. Il avait alors enchaîné les postes, récolté le prix de « meilleur économiste » pour 1995 décerné par Le Nouvel Économiste, et publié des livres importants comme Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie ! (en 1998), ou Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles (en 1999). Il fut l’auteur du remarquable Antimanuel d’économie (publié chez Bréal en 2 volumes) et d’un ouvrage collectif important témoignant de son intérêt pour les sciences sociales, Gouverner par la peur, en 2007. On pouvait le suivre à la télévision ou sur France-Inter. Mais, Bernard Maris était aussi bien d’autres choses.

Il a été un grand directeur de collection chez Albin Michel. Je peux témoigner de l’effort qu’il a fourni pour que mon ouvrage Les trous noirs de la science économique se révèle comestible pour un lecteur français. Le livre correspondait au cours que je donnais à l’époque à la Vyshaya Shkola Ekonomiki (Haut Collège d’Économie), et il y fut d’ailleurs publié. Bernard me poussa à le réécrire totalement pour en faire mieux ressortir ce qu’il en présentait d’essentiel alors que d’autres éditeurs me soutenaient qu’un ouvrage de théorie et de méthodologie économique n’aurait pas de lecteurs en France. Son analyse fut la bonne et je considère qu’il est en bonne partie responsable de ce succès. Les relations que nous avions nouées à cette occasion ne se sont jamais distendues. Je peux témoigner de son attitude, à la fois ouverte, chaleureuse, mais aussi exigeante envers ses auteurs, et j’avoue être fier d’avoir été publié par un homme tel que lui. Nous avons discuté ensemble des journées entières et, de ces discussions, a surgi un autre livre Les économistes contre la démocratie qui fut publié en 2002. J’ai pu alors mesurer tout son écœurement devant le comportement de certains économistes à gages, dont la seule fonction est de fournir des justifications à qui les payent. Le projet d’un troisième livre, rédigé avec un de mes anciens étudiants russes sur la « transition » en Russie ne se fit pas. Mais il nous donna le plaisir de nous rencontrer à de multiples reprises dans les locaux de Charlie Hebdo, ces mêmes locaux où s’est déroulé l’attaque criminelle qui lui a coûté la vie ainsi qu’à neuf de ses confrères.

Bernard Maris, et ceci est moins connu, était aussi un romancier. Il publia Pertinentes questions morales et sexuelles dans le Dakota du Nord en 1995, où il laissait libre cours à sa passion pour l’anthropologie et surtout L’Enfant qui voulait être muet en 2003. Il fut aussi essayiste avec L’Homme dans la guerre. Maurice Genevoix face à Ernst Jünger, publié chez Grasset en 2013 et surtout Houellebecq économiste, publié chez Flammarion en 2014. Il fit aussi des excursions dans le cinéma, collaborant avec Jean-Luc Godard en particulier. L’étendue de ses connaissances, non seulement en économie mais aussi en histoire et, on l’a déjà dit, dans les diverses sciences sociales frappait tous ceux qui le lisaient. Bernard avait fait sienne la démarche d’Adam Smith qui considérait que l’économie était une science morale et impliquait des liens étroits avec les autres disciplines des sciences sociales. Rien ne lui était plus étranger que le fumeux concept d’« économie pure » mis à la mode par Léon Walras et dont s’inspire tout une tradition d’économistes qui brillent autant par la formalisation de leurs raisonnement que par l’irréalisme de leurs déductions. Il attendait avec impatience la constitution d’une section d’économie politique, séparée de l’économie qui était en passe de devenir la chasse gardée de prétendus mathématiciens.

Son engagement politique l’avait conduit des socialistes vers EELV, et à chacune de nos récentes rencontres, il ne cessait de fulminer contre le gouvernement et le président. Nommé en 2011 au Conseil Général de la Banque de France, alors qu’il avait déjà largement exprimé ses doutes quant à la survie de la zone Euro, il devait franchir le pas au début de 2014 et expliquer pour quelles raisons il était désormais favorable à unedissolution de la zone Euro et à un retour aux monnaies nationales. On s’en doute, nous avions parlé à maintes reprises de ce sujet et j’avais vu ses positions s’infléchir avec le temps parce qu’il comprenait dans quelle impasse l’Euro était en train d’enfermer tant la France que l’Europe. Je suis persuadé que ses positions quant à la crise grecque à venir auraient été importantes.

Bernard Maris était un homme délicieux, très digne dans le deuil intime qui l’avait frappé il y a deux ans, et un de ces collègues qui vous laissent à penser que vous avez eu raison de choisir l’économie. Son influence sur les jeunes générations d’étudiants aura été considérable. Il fut et reste un modèle d’économiste citoyen, comme Keynes qui était sa boussole et sa grande référence.

Il est mort à son bureau, tué par le fanatisme imbécile qu’il avait en horreur.

Il est mort, tué pas ce fanatisme qu’il méprisait et qu’il dénonçait régulièrement.

Il est mort à son poste de combat.

Respect, oncle Bernard !

Source: http://www.les-crises.fr/bernard-maris/


8201 Le Virus Ebola, et l’épidémie 2014

Wednesday 7 January 2015 at 03:10

Allez, pour changer de l’Ukraine, une autre crise… Cela semble s’arranger…

L’épidémie 2014 d’Ebola en Afrique de l’Ouest

L’épidémie actuelle d’Ebola (nous en apprendrons plus sur le virus dans la seconde partie du billet) semble actuellement se stabiliser :

La situation au Sierra Leone reste inquiétante :

Pour enrayer l’épidémie, la Sierra Leone a pris une mesure controversée : confiner toute la population du pays du 19 au 21 septembre (lire ici et ).

Voici donc la situation de l’épidémie qui a connuc un effrayant rythme exponentiel de doublement des cas tous les mois :

[Rappel 08/2014 : Selon l'OMS, il faudra au minimum six à neuf mois pour arrêter l'épidémie en Afrique de l'Ouest. D'ici là, toujours selon l'OMS, 20.000 personnes seront probablement touchées ! Sachant que le taux de décès avoisine les 60%, cela fait 12 000 morts, quasiment trois fois plus qu'aujourd'hui. Vous trouverez la situation en temps réel ici ou ici.]

À suivre…

(P.S. : merci à Fabrice pour la collecte des données)

(Généralités) Le virus Ebola

En synthèse

Le virus

Le virus Ebola est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola , c’est de là qu’est venu le nom de la maladie.

Vous pouvez lire ici l’étude scientifique sur cette épidémie et pour le grand public, cet article sur l’épidémie de 1976 et cet article récent sur le découvreur.

Le genre Ebolavirus est l’un des trois appartenant à la famille des filoviridés (filovirus), aux côtés des genres Marburgvirus et Cuevavirus.

Il compte cinq espèces distinctes, dont les 3 premières ont été à l’origine d’épidémies humaines :

Il mesure environ 1 micromètre de long (0,001 millimètres ; un cheveu mesure 400 micromètres) et environ 0,1 micromètre de diamètre.

Il possède un grand génome à ARN (non directement codant) d’environ 19 000 nucléotides, qui code pour 9 protéines sur 7 gènes. Un de ceux-ci, le VP24, interfère avec la réponse immunitaire innée des cellules, ce qui permet ensuite au virus de faire des ravages.

 

(Lire ici pour les passionnés : Tackling Ebola: new insights into prophylactic and therapeutic intervention strategies)

Image microscopique colorisée du virus Ebola se développant dans une cellule infectée

Hôte naturel du virus Ebola

En Afrique, on pense que des chauves-souris frugivores, appartenant notamment aux espèces Hypsignathus monstrosus, Epomops franqueti et Myonycteris torquata, sont des hôtes naturels possibles du virus Ebola. Par conséquent, la répartition géographique de celui-ci pourrait se superposer à celle des chauves-souris.

Hypsignathus monstrosus

Bien que des primates aient été à l’origine de l’infection chez l’homme, on ne pense pas qu’ils soient le réservoir, mais plutôt des hôtes accidentels du virus, tout comme l’être humain.

Transmission

Le virus Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris frugivores, de singes, d’antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale.

Il se propage ensuite dans les communautés par transmission interhumaine, à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des organes, des sécrétions ou des liquides biologiques (selles, urines, salive ou sperme) de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire d’environnements contaminés par ce type de liquides (par exemple si la peau lésée ou les muqueuses d’un sujet sain entrent en contact avec des objets contaminés par les liquides infectieux d’un malade, comme des vêtements et du linge de lit souillés, ou des aiguilles usagées). Les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola . Le sperme peut continuer de transmettre le virus jusqu’à 3 mois après la guérison clinique. La contamination se fait ainsi le plus souvent parmi les proches ou le personnel soignant.

Des agents de santé se sont souvent infectés en traitant des cas suspects ou confirmés de maladie à virus Ebola. Cela s’est produit lors de contacts étroits avec les patients, lorsque les précautions anti-infectieuses n’ont pas été strictement appliquées. Il n’est pas toujours possible d’identifier rapidement les patients présentant une maladie à virus Ebola car les symptômes initiaux peuvent manquer de spécificité.

Pour le Dr Jean-Claude Manuguerra, responsable de la cellule d’intervention biologique d’urgence de l’Institut Pasteur, le risque épidémique dans les pays développés est faible. Il estime que l’hypothèse d’une extension de l’épidémie 2014 à l’Europe ou en Amérique du Nord est peu probable, car Ebola « profite pour se développer d’un système de santé mal organisé par manque de moyens ».

De plus, les personnes infectées sont très peu contagieuses avant la fin de la période d’incubation, à partir de laquelle il leur devient difficile de sortir de leur lit.

Signes et symptômes

L’apparition brutale de fièvre, une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et l’irritation de la gorge sont des signes et symptômes typiques de la maladie à virus Ebola. Ces premiers symptômes ne sont cependant pas spécifiques et rappellent ceux de la grippe, du paludisme ou de la gastro-entérite.

On observe ensuite des vomissements, une diarrhée, une éruption cutanée, puis la progression de la maladie atteint généralement le fonctionnement des organes vitaux, en particulier des reins et du foie. Ceci provoque des hémorragies internes et externes importantes (de la bouche et des lèvres, des gencives, des yeux, par le nez, l’urine…). La mort survient, peu de temps après, par défaillance polyviscérale et choc cardio-respiratoire.

Le virus Ebola sature tous les organes et les tissus à l’exception des os et des muscles moteurs. Il se forme d’abord de petits caillots de sang diffus dans l’ensemble des vaisseaux par coagulation. Les caillots se collent ensuite aux parois des vaisseaux sanguins pour former un « pavage ». Plus l’infection progresse, plus les caillots sont nombreux, ce qui bloque les capillaires. Finalement, ils deviennent si nombreux qu’ils bloquent l’arrivée sanguine dans les divers organes du corps. Quelques parties du cerveau, du foie, des reins, des poumons, des testicules, de la peau et des intestins se nécrosent alors car elles souffrent d’un manque de sang oxygéné.

Une des particularités du virus Ebola est la brutalité avec laquelle il s’attaque aux tissus conjonctifs. Il provoque aussi des taches rouges résultant d’hémorragies sous-cutanées. Il affecte le collagène de la structure de la peau. Les sous-couches de la peau meurent et se liquéfient ce qui provoque des bulles blanches et rouges dites maculopapulaires. À ce stade, le simple fait de toucher la peau la déchire tant elle est amollie.

Les sujets atteints restent contagieux tant que le virus est présent dans leur sang et leurs sécrétions. Il ne suffit que de 5 à 10 particules virales d’Ebola pour déclencher une amplification extrême du virus dans un nouvel hôte.

La durée d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des premiers symptômes, varie de 2 à 21 jours – le plus souvent de 4 à 9 jours.

Les cas non mortels peuvent entraîner des séquelles neurologiques, hépatiques ou oculaires.

Le mode d’exposition au virus semble influer sur la sévérité et la rapidité d’évolution de la maladie. Ainsi, lors de l’épidémie de 1976 au Zaïre, déclenchée au Yambuku Mission Hospital (YMH) par la réutilisation d’aiguilles de seringues contaminées par un patient à qui l’on avait injecté de la chloroquine pour traiter ce qu’on pensait être une crise de paludisme, la durée moyenne d’incubation était de 6,3 jours en cas de contamination par injection contre 9,5 jours en cas de contamination par contact, lorsque le mode de contamination avait pu être déterminé. De plus, le taux de létalité s’établissait respectivement à 100 % (85 morts sur 85 patients) et 80 % (119 morts sur 149 patients).

L’épidémie actuelle en Afrique de l’Ouest induit néanmoins des symptômes légèrement différents. « Les vomissements et les diarrhées sont prédominants dans cette épidémie », explique Hervé Raoul, directeur du laboratoire P4-Inserm de Lyon. « On observe moins d’hémorragies abondantes, et il serait plus juste de parler cette fois-ci d’infections par le virus Ebola, et non de fièvre hémorragique. »

 

Prévention et traitement

Il n’existe pas de vaccin homologué contre la maladie à virus Ebola. Plusieurs vaccins en sont au stade des essais, mais aucun n’est disponible pour un usage clinique.

Les cas graves doivent être placés en unité de soins intensifs. Les patients sont souvent déshydratés et ont besoin d’une réhydratation par voie orale au moyen de solutions d’électrolytes ou par voie intraveineuse.

Il n’existe pas de traitement spécifique. De nouveaux traitements médicamenteux sont en cours d’évaluation.

« On ne peut malheureusement pas faire grand-chose pour traiter la maladie et les symptômes », explique Géraldine Bégué, infirmière de Médecins sans frontières dans un centre de traitement en Sierra Leone. « On se contente souvent d’hydrater les patients par intraveineuses et de les isoler du reste de la population pour éviter la contagion. »

Cette absence de traitement efficace, de vaccin et de connaissances sur l’origine du virus montre que les recherches sur le sujet sont très limitées, “même si plusieurs pays s’y intéressent pour parer des menaces de guerre bactériologique ou de bioterrorisme”, indique MSF. Le nombre jusqu’alors (heureusement) peu élevé d’épidémies et de malades ne facilitait cependant pas les investigations.

La recherche se heurte à un manque d’implication de l’industrie pharmaceutique, qui rechigne à engager des sommes importantes dans le développement d’un traitement voué à générer peu de recettes commerciales, voire un déficit (ce qui n’est finalement pas tellement choquant ; ce qui l’est, c’est que nos pays ne soient pas capables de se grouper pour passer commande de tels médicaments à l’industrie pharmaceutique…). Il serait en effet destiné à une maladie qui ressurgit de manière épisodique, qui atteint peu de personnes (moins de 1 500 morts au total jusqu’en 2013) – en comparaison des quelque 600 000 décès liés au paludisme, et des 200 millions de personnes touchées chaque année – résidentes de pays à très faibles revenus. Pourtant, « la particularité du virus Ebola tient à sa dangerosité et à l’aspect spectaculaire des symptômes associés, non aux spécificités de sa structure », explique Vincent Lotteau, directeur de recherche au laboratoire de biologie cellulaire des infections virales de l’Inserm. « Les principaux obstacles sont les conditions particulières de travail imposées par le virus, qui requiert un niveau de sécurité maximal sur les phases de test et sur le choix du protocole de vaccination contre une maladie qui apparaît de manière sporadique. »

En Afrique, lors des flambées de maladie à virus Ebola, les messages éducatifs de santé publique visant la réduction du risque seront axés sur les points suivants:

Historique des épidémies

L’épidémie actuelle est sans commune mesure avec celles survenues depuis 1976 :

Si on enlève l’actuelle :

La source de l’épidémie 2014

Une étude d’avril 2014 est remontée à la source de l’épidémie ; elle est consultable ici : Emergence of Zaire Ebola Virus Disease in Guinea

Elle révèle que la première victime de ce virus a été identifiée : il s’agit d’un petit garçon de 2 ans qui a probablement mangé des fruits contaminés par des déjections de chauve-souris. Il est mort le 6 décembre 2013 à Meliandou, dans la préfecture de Guéckédou en Guinée.

Sa sœur, âgée de 3 ans, qui a présenté les mêmes symptômes, est morte de 29 décembre 2013. Leur mère, qui souffrait de saignements, est décédée le 13 décembre 2013. Le quatrième cas concerne la grand-mère de ses deux enfants qui succomba le 1er janvier 2014. La cinquième victime fut une infirmière qui fut emportée par la maladie le 2 février 2014. Puis ce fut au tour d’une sage-femme du village de mourir le même jour à l’hôpital tout proche de la ville de Guéckédou. Cette patiente est à l’origine de la propagation du virus et du décès, entre le 11 février et le 31 mars 2013, de 6 autres personnes dans le village voisin de Dandou Pombo.

La sage-femme a également contribué à la diffusion de l’épidémie au village de Dawa (2 autres cas mortels), et de là le virus a atteint deux districts de Guéckédou. Cette même sage-femme est également à l’origine de la contamination d’un infirmier de l’hôpital de Guéckédou, qui s’est rendu à l’hôpital de Macenta où il est décédé le 10 février 2014. L’épidémie devait ensuite toucher 15 personnes dans cette ville (qui en sont mortes), puis 5 autres dans la ville voisine de Kissidougou. On connaît la suite.

Le 10 mars 2014, les deux hôpitaux de Gueckedou et Macenta alertent les autorités de santé qui informent l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais il s’est déjà écoulé plus de trois mois pendant lesquels le virus a eu le temps de se répandre. 59 personnes sont décédées, et plus de 500 personnes ont été au contact de personnes infectées. Il est très difficile de les retrouver pour les mettre en quarantaine.

En mars, quand les autorités sont alertées, cette fois les équipes médicales se protègent, et l’épidémie recule à tel point qu’on pense que c’est gagné. Le 15 avril, plusieurs journaux annoncent que “L’épidémie est sous contrôle en Guinée”. On assiste à un relâchement sur le terrain. Et le pire ennemi dans la lutte contre le virus, c’est la population elle-même. Les croyances sont très fortes, les gens pensent que le virus n’existe pas, ils parlent d’un complot occidental pour leur faire peur… Malgré les messages de prévention, les corps des morts sont toujours lavés par les proches et exposés, alors que c’est à ce moment qu’ils sont les plus contagieux. Sur les vivants, le virus se transmet par contact direct avec la salive, le sang, les selles, ou le sperme. Au moment du décès, le corps tout entier se retrouve couvert du virus.

Il y a aussi une grande méfiance à l’égard des médecins. On préfère faire appel aux guérisseurs… Et cela va d’ailleurs coûter très cher aux habitants de la Sierra Leone. Le point de départ de l’épidémie en Guinée se trouvait tout proche de la frontière, à quelques kilomètres seulement de deux pays. Fin mars, le Liberia était déjà touché, mais jusqu’en mai, la Sierra Leone n’avait aucun cas d’Ebola. Jusqu’à ce qu’une guérisseuse ait la bonne idée d’affirmer qu’elle pouvait guérir la maladie. Des dizaines de patients ont traversé la frontière pour la voir. La guérisseuse en est morte, et a fait entrer le virus dans son pays.

Les soignants payent le prix fort. 10% des personnes tuées par le virus sont des soignants. Et de grandes figures de la lutte anti-Ebola y laissent leur vie, comme le responsable du centre anti-Ebola de Sierra Leone, Omar Khan et un ponte de l’hôpital de Freetown (Kle SL). Des médecins étrangers sont aussi touchés.

Lire ce très bon papier sur le blog Biomedicales.blogs.sciencesetavenir.fr pour en savoir plus sur les raisons de la migration du virus en Afrique de l’Ouest.

La zone en rouge est la zone d’émergence de l’épidémie, en orange la route principale de Guinée

Les mutations

Une étude de plusieurs espèces de virus Ebola a été réalisée par des chercheurs chinois : Evolutionary history of Ebola virus.

Les chercheurs ont ainsi pu déterminer que les espèces Zaïre, Soudan et Reston (celle-ci n’est pas pathogène pour l’homme) remontent aux années 1970, à un moment où la diversité génétique des virus Ebola a commencé à décliner à son plus bas niveau au cours de son histoire évolutive. Sa diversité génétique était demeurée constante jusqu’aux années 1900.

Selon eux, l’analyse phylogénétique moléculaire, basée sur l’étude des génomes de quatre espèces (EBOV-Zaïre, EBOV-Soudan, EBOV-Taï Forest, EBOV-Reston), indique que « l’âge estimé du virus Ebola [que nous connaissons aujourd'hui] est compris entre 1000 et 2100 ans ».

A la question de savoir pourquoi le virus Ebola qui circule depuis des siècles n’a émergé que récemment, Shuiping Cheng et son collègue Yuhang Li font, comme d’autres avant eux, l’hypothèse que le genre Ebola (toutes espèces virales confondues) a connu un récent goulot d’étranglement génétique. En d’autres termes, la diversité génétique des virus du genre Ebola a rapidement diminué vers les années 1900, étant entendu, me précise Shuiping Cheng, “que le virus Ebola et ses ancêtres sont présents sur Terre depuis des centaines et des centaines d’années”. Selon les chercheurs, au cours d’un processus intervenu au début du 20e siècle, la plupart des lignées de chaque espèce du virus Ebola se seraient éteintes sous l’influence notamment de changements climatiques, des activités humaines et d’une diminution drastique du nombre d’animaux réservoirs naturels du virus. Seules subsisteraient quelques espèces (les cinq sont aujourd’hui recensées). (Source : Biomédicales)

 

Une autre très intéressante étude parue dans Science, d’une équipe internationale, est remontée aux sources de l’épidémie actuelle.[Synthèse grand public ici ; version complète de l'article ici : Genomic surveillance elucidates Ebola virus origin and transmission during the 2014 outbreak (version Science ici) ; annexes ici]. Les chercheurs ont payé un lourd tribut à l’avancée de la science puisque 5 des presque 60 scientifiques ayant participé à cette étude ont été infectés et sont morts d’Ebola (RIP Mohamed Fullah, Mbalu Fonnie, Alex Moigboi, Alice Kovoma et Humarr Khan).

En comparant les données génétiques des virus actuels d’Ebola provenant de 78 patients dans un hôpital de Sierra Leone à 20 génomes de souches virales de flambées précédentes de cette fièvre hémorragique, ils ont déterminé qu’il y avait probablement un ancêtre commun remontant aux premiers cas d’infection en 1976 en Afrique centrale :

Suite à ces travaux, contrairement aux épidémies antérieures de virus Ebola, il semble que la flambée épidémique actuelle tire sa source d’une seule transmission de l’animal à l’homme, et non de multiples rencontres indépendantes entre le réservoir du virus et plusieurs individus. Autrement dit, l’épidémie 2014 de virus Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest pourrait avoir pour origine une unique introduction du virus chez un être humain, qui a ensuite infecté d’autres personnes, devenues à leur tour contaminantes.

Plus intéressant encore, elle a analysé les mutations du virus ; au total, les chercheurs ont inventorié pas moins de 395 mutations dans le génome des virus Ebola séquencés en Sierra Leone. Parmi elles, 50 pourraient aboutir à remplacer un acide aminé par un autre dans la protéine virale codée par le gène muté.

Les auteurs de l’étude ont également calculé que le taux de mutations que subissent les virus actuellement en circulation est près de deux fois plus élevé que celui ayant eu cours entre les épidémies précédentes.

« Par les mutations, le virus tente de s’adapter à son hôte, l’humain. Pour le moment, Ebola ne se transmet pas par voie aérienne, mais peut-être y parviendra-t-il ? S’il mute deux fois plus vite, il y a plus de chances qu’apparaisse un tel changement. Aussi, plus le nombre de personnes infectées augmente, plus il y a de risque que surviennent des mutations qui modifieront la transmission ou la pathogénicité du virus, car les mutations apparaissent lors de la multiplication du virus chez un individu », rappelle M. Frost, professeur au Département de microbiologie et d’infectiologie de l’Université de Sherbrooke.

Les chercheurs ont par ailleurs remarqué que les mutations qui se produisent dans les virus sont plus fréquemment « non synonymes ». « Quand une mutation dans un gène induit un changement qui ne modifie pas la structure de l’acide aminé que synthétise ce gène, on la qualifie de “ synonyme [ou silencieuse], explique le chercheur. Par contre, si la mutation transforme l’acide aminé, elle est dite non synonyme ou non silencieuse. Cette mutation est donc plus grave, car elle altère la protéine dans laquelle se trouve cet acide aminé. Le taux élevé de mutations non silencieuses que les chercheurs ont remarqué chez les virus en circulation confirme donc que le pathogène cherche à s’adapter à son hôte », explique M. Frost.

« La situation est devenue très préoccupante depuis que l’épidémie a gagné les capitales des trois pays les plus touchés. L’épidémie croît maintenant de façon exponentielle, le nombre de cas double tous les 34,8 jours », conclut Éric Frost.

La France est hélas aux abonnés absents

P.S. merci de signaler les coquilles en commentaire svp…

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Source: http://www.les-crises.fr/virus-ebola/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 7 January 2015 at 01:00

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Les menaces de Merkel pour sauver l’Euro – 05/01

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): La Grèce représente-t-elle un risque systémique pour l’euro ? – 05/01

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Marchés: quels scénarios pour 2015 ? – 05/01

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : “Les banques centrales ont initié une orgie d’hystérie spéculative”

Philippe Béchade VS Frédéric Rollin (1/2): Les événements boursiers qui ont marqué l’année 2014

Philippe Béchade VS Frédéric Rollin (2/2): La BCE va-t-elle mettre en place son QE en janvier ?

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: Chute du pétrole, vers un violent rebond en septembre ? – 06/01

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (1/2): Sortie de la Grèce de la zone euro: l’Europe est-elle vraiment prête à un tel changement ? – 06/01

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (2/2): Quid de l’entrée en déflation de la zone euro ? – 06/01


 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-07-01-2015/


[Invité] La Syrie va rester pour de nombreuses années un réservoir de djihadistes, par Frédéric Pichon

Tuesday 6 January 2015 at 05:01

Si comme moi, vous avez avez d’en apprendre un peu plus sur la Syrie, avec un regard équilibré, je vous recommande vivement cet excellent petit livre : Syrie, Pourquoi l’Occident s’est trompé

Je vous recommande vivement l’achat de ce livre, très éclairant !

Frédéric PICHON est diplômé d’arabe et docteur en Histoire contemporaine. Ancien élève de l’IEP de Paris, il a vécu à Beyrouth et séjourne régulièrement au Proche-Orient depuis 2002, en particulier en Syrie. Il enseigne la Géopolitique en classes préparatoires. Auteur d’une thèse sur la Syrie, il est chercheur associé à l’Equipe Monde Arabe Méditerranée de l’Université François Rabelais (Tours). Consultant médias pour la crise syrienne et le Moyen-Orient, il donne régulièrement des conférences sur les sujets en lien avec la géopolitique de la région.

Il a accepté de rédiger ce petit article pour le blog – ce dont je le remercie chaleureusement…

À la mi-mars 2011 la brutale répression des services de sécurité syriens met dans la rue une partie de la population de Deraa, ville sunnite du sud de la Syrie, à quelques encablures de la frontière avec la Jordanie. Plusieurs adolescents, accusés d’avoir réalisé des graffitis anti-régime sont arrêtés et torturés. Certains décéderont. À ce jour, les versions diffèrent encore sur le nombre des victimes et sur le jour même de l’événement[1]. C’est à partir de cette date que la contestation envers le pouvoir syrien s’amplifie, non seulement à Deraa mais aussi bientôt dans d’autres villes de Syrie, comme Lattaquié ou Banyas. Dès le 27 mars 2011, Bachar al Assad se dit prêt à des concessions : il abroge l’état d’urgence en vigueur depuis 1963 ; il relâche près de 250 prisonniers politiques, pour la plupart islamistes. Mais le mouvement s’étend à travers la Syrie sans toutefois que les grandes villes comme Alep ou Damas ne soient touchées.

Dès avant le déclenchement de la révolte, les armes circulent, via les organisations islamistes des pays voisins. Au printemps 2011, elles font des victimes à Banyas parmi les forces de l’ordre et les soldats. L’opposition – et les médias occidentaux – expliqueront qu’il s’agit en fait de soldats fusillés pour avoir refusé de monter au combat. Joshua Landis, l’un des plus sérieux spécialistes américains de la Syrie fera un sort à ce qui n’était qu’une hypothèse. À Hama, des policiers sont dépecés et jetés dans le fleuve. À Jisr el Choughour, ce seront près d’une centaine de soldats qui perdront la vie, attaqués par des groupes très bien armés. La réplique est sans pitié. L’aviation reste au sol – à la demande de Moscou – dans les premiers temps, mais le régime fait donner les chars. Le contexte du « printemps arabe » est alors favorable. Il a déjà emporté le régime de Ben Ali en Tunisie en 2010. Le pharaon Hosni Moubarak est renversé en février 2011. Et les armées de l’OTAN s’apprêtent à frapper le Guide libyen Mouammar Kadhafi, lui aussi contesté. Il semble alors inéluctable que le pouvoir syrien tombe à son tour durant l’année 2011.

Près de quatre ans après, non seulement Bachar el Assad est toujours en place mais il semble même que les Occidentaux et en particulier les États-Unis se soient résignés à son maintien au pouvoir en Syrie. Le temps passant, une certitude apparaît au grand jour : malgré tous ses défauts, l’Etat syrien constitue un havre de stabilité, de respect des minorités, de laïcité et contribue de fait efficacement à la lutte contre le terrorisme incarné par l’Etat Islamique. Il reste un interlocuteur à l’ONU et la grande majorité des pays du monde entretiennent encore des relations diplomatiques avec Damas.

Trois erreurs ont été commises en Syrie :

  1. Sous-estimer la résilience de l’armée et du régime,
  2. Croire qu’une intervention internationale pourrait avoir lieu malgré les Russes,
  3. Penser que l’émotion suffirait à mettre les opinions publiques de la partie tout en se montrant peu regardants sur les « rebelles » que nous soutenions.

La France les a toutes faites, malgré une longue tradition orientaliste de qualité et des générations de diplomates, excellents connaisseurs de la région.

Il semblerait que la diplomatie française ait été depuis 2007 davantage préoccupée de nommer des humanitaires ou des businessmen en puissance, appartenant à cette génération décomplexée de nouveaux serviteurs de l’État. Les ambassadeurs chevronnés, arabisants, rompus aux usages très old school que le Proche-Orient et en particulier la Syrie affectionnent, ont été mis de côté. Qu’un ambassadeur en Syrie soit contraint de se faire expliquer avant sa prise de fonction la différence entre les Alaouites de Syrie et la dynastie alaouite du Maroc laisse pantois[2]. Certains fins connaisseurs de la Syrie, qui tendaient leurs grandes oreilles depuis des années entre Beyrouth et le Mont Qassioun, n’ont pas voulu voir ce qui se tramait. Jusqu’au bout, jetant un œil apparemment borgne sur la Syrie, ils n’ont voulu voir que des slogans correspondant à nos catégories occidentales et raconter un roman acceptable pour nos consciences soucieuses d’universalisme démocratique plutôt que de réalisme. Personne n’a réussi à persuader le Quai d’Orsay de soutenir plutôt les opposants tolérés par le régime, garants d’une légitimité irréprochable et passés par les épreuves des geôles syriennes et de la répression. Nous les connaissions pourtant fort bien. La France comme l’Union européenne, était en contact avec ces opposants qui allaient plus tard former le Comité de Coordination Nationale pour le Changement Démocratique. Fallait-il faire oublier qu’ils étaient catégoriquement hostiles à une intervention occidentale et que cela contrariait les calculs des dirigeants français à la culture atlantiste plus prononcée que par le passé ?

Or la contestation a été prise en main par les pires extrémistes, obéissant à un agenda largement dicté par les puissances du Golfe. On a beau jeu d’expliquer la radicalisation du conflit comme étant le fait du seul régime syrien. Bien sûr que ce dernier, plus à l’aise dans le combat que dans la négociation, a instinctivement pris le virage de la militarisation du conflit. Le calcul de l’Occident a été celui d’une chute rapide de Bachar al Assad et pour cet unique objectif, nous n’avons pas hésité à confier la sous-traitance du conflit à certains pays du Golfe, Qatar et Arabie Saoudite en tête. Les calculs de la diplomatie française en particulier, qui a choisi dès le début de monter aux extrêmes, se sont avérés catastrophiques pour les Syriens comme pour les groupes d’opposition que la France soutenait.

Avec de telles dispositions, l’affaire se présentait assurément très mal. C’est pourtant dans cette configuration que la diplomatie française aborde au printemps 2011, la crise syrienne.

Force est de constater que rien de ce qui avait été annoncé ne s’est produit. Et bien isolés furent ceux qui ramèrent à contre-courant. Ils ne récoltèrent souvent que l’étiquette infamante de « pro-Assad ». En Syrie, la France disposait d’atouts diplomatiques non négligeables, d’une bonne connaissance du dossier régional et d’une tradition ancienne de résolution des conflits. À cela, il faut rajouter une réputation de mesure et de capacité à dialoguer avec tous. Tout cela a volé en éclats. À l’occasion de la crise syrienne, la France a donné le spectacle de l’improvisation, de la démesure, d’une diplomatie de cow-boys, à tel point que l’on peut se demander si le néoconservatisme de l’Hudson Institute n’a pas fait des émules sur les rives de la Seine.

Il faudra du temps pour se remettre de cette séquence. La France peinera à retrouver une voix audible dans le monde arabe et même plus largement dans un monde où l’« Occident » n’a plus la même signification ni les mêmes atouts. Dans ce nouvel ordre international, les relations entre les nations auront massivement besoin d’équilibre, de mesure, de concessions et de souveraineté. À vouloir contenter ses alliés du Golfe sur toute la ligne, la France s’est attirée la méfiance des pays émergents comme la Russie ou la Chine, mais aussi le Brésil ou l’Afrique du Sud. Pays qui sont avides de reconnaissance et arc-boutés sur leurs souverainetés. En excluant la Russie et l’Iran de toute négociation régionale, la France  a donné des gages à ceux qui voient du néocolonialisme dans les initiatives de l’Occident. Paradoxalement, alors que les États-Unis ont compris la nécessité de « réduire leur empreinte », les gesticulations françaises n’ont fait qu’aggraver le fossé entre un discours universaliste de moins en moins performant et les réalités très prosaïques qui président aux rapports de forces mondiaux. Tout se passe comme si Paris avait voulu rivaliser avec Londres dans le rôle du plus fidèle valet de Washington.

De telles incohérences ne sont pas à rechercher dans nos forces militaires ou dans les services de renseignement. Elles sont imputables à la grande majorité des hommes qui composent notre personnel politique, pour qui les questions stratégiques sont subalternes, ou pensées selon le temps court de l’électoralisme. Le maniement de l’émotion, la manipulation des postures régaliennes et les envolées martiales, sont devenus le cache-sexe d’une politique indigente, menée par des hommes que fondamentalement ces questions n’intéressent pas. Tactiquement, les responsables politiques occidentaux ont été contraints de nier le caractère fondamentaliste de la « révolution » en Syrie. Il fallait laisser au seul régime l’usage infâmant du terme « terroriste ». La France soutenait les « opposants » et les laissait financer par les pays du Golfe, Arabie saoudite et Qatar en tête, pays qui ont soigneusement acheté une partie des élites françaises, empêchant ainsi tout débat sur la question. Cette alliance contre nature, court-termiste, est à l’origine d’une des plus grandes erreurs stratégiques de ces dernières années.

La Syrie va rester pour de nombreuses années un réservoir de djihadistes, à quelques heures du cœur de l’Europe. Nous avons laissé s’installer à nos portes une zone grise d’où viendra la violence de demain : une violence aveugle qui balaiera nos sociétés fragiles. Et qui a déjà détruit en partie un pays et ses habitants.

Frédéric Pichon, 12/2014


[1]. Voir à ce propos l’analyse qu’en fait Barbara Loyer, directrice de l’Institut Français de Géopolitique dans Hérodote, n° 146-147, 3e-4e trimestre 2012, pp. 97-99.

[2]. Il faut cependant reconnaître que l’ambassadeur de France à Damas Éric Chevallier, a alerté sa hiérarchie sur la résilience certaine du régime dès les premières semaines et qu’il n’a pas été suivi par un ministre qui a proclamé partout que sa chute était une question de jours…

Source: http://www.les-crises.fr/la-syrie-va-rester-un-reservoir-de-djihadistes/


[Reprise] Grexit : le piège tendu par Angela Merkel aux électeurs grecs

Tuesday 6 January 2015 at 01:20

Reprise d’un article de l’excellent Romaric Godin pour La tribune

Ah que j’aime l’euro, cette magnifique construction qui fait trembler l’Europe dès qu’il y a un soupçon de problèmes à Chypre ou en Grèce… “Construit pour durer” ça, à l’évidence…

En agitant le chiffon rouge de la sortie de la Grèce de la zone euro, l’Allemagne cherche surtout à l’éviter en pesant sur le choix des électeurs helléniques.

La menace allemande de ne rien faire pour empêcher le « Grexit », la sortie de la Grèce de la zone euro, publiée ce lundi par une indiscrétion de l’hebdomadaire Der Spiegel, a déjà fait couler beaucoup d’encre. Le démenti peu convaincant du gouvernement fédéral qui a suivi laisse les Européens dans le flou quant aux réelles motivations de Berlin. Une chose est sûre : les indiscrétions du Spiegel ne sortent jamais au hasard.

Feindre de laisser choisir l’électeur grec
Pour comprendre les motivations de Berlin, il faut réfléchir en termes tactiques. Angela Merkel feint la retraite, mais en réalité, elle entre désormais de plain-pied dans la campagne électorale grecque tout en ayant l’air d’en sortir. En affirmant qu’elle est prête à laisser sortir la Grèce de l’euro en cas de victoire de la Coalition de la gauche radicale (Syriza) d’Alexis Tsipras, Berlin feint de laisser le choix au peuple grec. L’Allemagne prendra acte du résultat des élections et en tirera les conséquences. Mais c’est bien là que le bât blesse. Syriza ne veut pas sortir de la zone euro, mais renégocier les conditions imposées par le mémorandum et la troïka.

Dramatisation à outrance de l’élection grecque
Berlin refuse donc d’emblée toute discussion avec Syriza : si Alexis Tsipras l’emporte, alors la Grèce sera exclue de la zone euro, il n’y aura aucune négociation avec le nouveau pouvoir grec. Bref, l’Allemagne pose les termes du choix de l’électeur grec en ces termes : ou l’actuel premier ministre Antonis Samaras et l’euro ou Alexis Tsipras et le chaos. C’est évidemment biaiser la campagne électorale hellénique et chercher à peser considérablement sur le choix des Grecs. Comme lors du scrutin de juin 2012, l’Allemagne dramatise volontairement à outrance l’issue de l’élection pour imposer son choix.

Eviter le Grexit en l’agitant
Au final, la manœuvre allemande a pour but d’éviter à tout prix le « Grexit. » Dans son « Morning Briefing » de ce lundi 5 janvier, le directeur de la rédaction du quotidien allemand des affaires Handelsblatt, très proche de la chancellerie, affirme ainsi que la « fonction de ces menaces est précisément d’éviter leur réalisation concrète. » L’Allemagne espère que les Grecs, craignant que l’Allemagne ne les rejette de la zone euro et ne les entraîne dans le chaos, feront le choix du camp du premier ministre sortant. Antonis Samaras peut donc remercier une nouvelle fois son « amie » Angela Merkel pour le coup de pouce.

Une menace sérieuse ?
En fait, la menace allemande ne semble pas réellement sérieuse. L’argument développé par Der Spiegel sur l’absence de contagion de la Grèce vers les autres pays de la zone euro est en effet discutable. Certes, la nouvelle crise grecque à la fin décembre n’a pas eu pour effet de peser sur les taux des autres pays de la zone euro. Certes, il existe désormais des « pare-feu » disposant d’une certaine force de frappe, notamment le MES et ses 500 milliards d’euros. Certes, la BCE pourrait contraindre le pays à quitter la zone en coupant l’aide d’urgence au secteur bancaire. Mais il convient de ne pas oublier l’essentiel : l’existence d’un précédent pèsera en effet fort lourd dans l’avenir.

L’existence d’un précédent
Quelles que soient les conséquences de cette sortie pour la Grèce, preuve aura été faite que l’adhésion à l’euro n’est pas le « processus irréversible » que l’on présente aujourd’hui. C’est donc ouvrir la boîte de Pandore. Si le Grexit est catastrophique, il sera toujours possible de présenter la catastrophe comme une conséquence du cas hellénique, très particulier. Les partis défavorables à l’euro pourront, un peu partout, promettre de faire mieux et s’appuyer sur ce précédent pour affirmer qu’un retour aux monnaies nationales n’est pas un rêve irréalisable. Et si le Grexit se passe mieux que prévu, alors ce sera encore mieux pour les Eurosceptiques. Berlin sortirait très affaibli de cette aventure : ses partenaires pourront mettre dans la balance une sortie de la zone euro pour faire céder son intransigeance. En réalité, ce précédent changerait toute la donne dans la zone euro. Or, rappelons-le, l’Allemagne peut certes supporter la sortie de la Grèce de la zone euro, mais pas celle de la France et encore moins de l’Italie, car aussitôt, la monnaie allemande s’apprécierait considérablement, ce qui pèserait sur les exportations qui restent – le coup de « mou » conjoncturel du pays au troisième trimestre l’a prouvé – le vrai moteur de l’économie allemande.

La facture pour le contribuable allemand
Un Grexit serait aussi une défaite politique pour Angela Merkel qui, depuis 2010, a fait de la survie de l’euro le point d’orgue de sa politique européenne. Si la Grèce est exclue de l’union monétaire, Athènes n’aura d’autres choix que de proclamer un défaut unilatéral sur sa dette extérieure. Après tout, rien de plus logique : l’exclusion de la zone euro n’étant pas la volonté du gouvernement grec et n’étant pas prévu dans les traités, la réponse ne peut être qu’une telle mesure. Du reste, ce serait l’occasion de profiter réellement de l’excédent primaire (hors service de la dette) dont se vante tant Antonis Samaras, mais qui n’est d’aucune utilité à l’économie grecque aujourd’hui puisqu’il est englouti par les intérêts. En faisant défaut sur sa dette, le gouvernement grec récupèrerait des moyens d’agir pour son économie.

Mais alors, le contribuable allemand devrait passer à la caisse. Car la dette grecque est très largement détenue aujourd’hui par les européens : MES, Etats membres de la zone euro, banque publique allemande KfW et BCE. Un défaut grec conduirait à une facture qui, au pire, pourrait s’élever à 260 milliards d’euros. L’Allemagne serait le premier contributeur à cette facture. Ce serait alors pain béni pour les Eurosceptiques allemands qui ne manqueraient pas alors de retrouver leur unité autour de la dénonciation de la politique européenne d’Angela Merkel et de la CDU…

L’Allemagne ne peut imposer le Grexit
Enfin, l’Allemagne se donne ici plus de pouvoirs qu’elle n’en a réellement. L’euro est officiellement irréversible, il n’est juridiquement pas prévu de pouvoir sortir de la zone euro. Le traité de Lisbonne prévoit une possibilité de sortir de l’UE, mais à la demande du pays concerné seulement. Et encore, une sortie de l’UE ne signifie pas une sortie de la zone euro. De facto, le Monténégro et le Kosovo utilisent l’euro sans être membre ni de l’UE ni de la zone euro. Même en cas de faillite de la Grèce, de défaut sur sa dette, il n’y a là rien qui contraigne le pays à quitter la zone euro. Du reste, a-t-on oublié déjà que la Grèce a, par deux fois, en 2011 et 2012, fait défaut sur sa dette en restant dans la zone euro ?

Que fera la BCE ?
Bref, Syriza pourrait fort bien rejeter le mémorandum, imposer des négociations et, si elles sont refusées, restructurer sa dette, sans quitter la zone euro. L’Allemagne n’y pourrait rien faire. La seule puissance qui, en réalité, pourrait contraindre la Grèce à quitter la zone euro est la BCE. Si Mario Draghi coupe l’aide à la liquidité d’urgence du secteur bancaire grec, le pays pourrait se retrouver en pénurie d’euros et, pour fonctionner, devrait émettre sa propre monnaie. Mais la BCE osera-t-elle créer un précédent ? Certes, elle a menacé de le faire à l’Irlande en 2010 et à Chypre en 2013, mais elle savait que ses menaces suffiraient. Avec Syriza au pouvoir à Athènes, sera-ce la même musique ? Pour Mario Draghi, confronté au risque d’une déflation dans la zone euro, « exclure » la Grèce de la zone euro serait jouer avec le feu. Les banques des autres pays périphériques pourraient alors relever leurs taux et se montrer prudentes. Enfin, la menace déjà citer du précédent est très dissuasif pour une BCE qui n’existe que par l’euro et ne peut donc prendre le risque d’un affaiblissement de l’euro. D’une certaine façon, ce serait la fin du « whatever it takes » (quoi qu’il en coûte) prononcé en juillet 2012 par Mario Draghi pour sauver l’euro. Enfin, on voit mal l’Italien, actuellement en conflit larvé avec la Bundesbank sur la question de l’assouplissement quantitatif, céder à des demandes allemandes sur ce point.

La menace allemande de Grexit est donc purement politique. Il s’agit d’impressionner l’électeur grec, de lui faire peur, comme en juin 2012 pour qu’il vote « correctement. » De plus en plus, dans la zone euro, la démocratie semble ainsi « dirigée » grâce à l’usage de la crainte. Reste à savoir sir les Hellènes tomberont dans le piège grossier que leur tend Angela Merkel.

Source : La Tribune, 5/1/2015

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Je complète par cette intéressante vidéo de Anne-Laure Delatte, économiste, chargée de recherche au CNRS et chercheuse associée à l’OFCE, professeure invitée à l’université de Princeton :

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-grexit-le-piege-tendu-par-angela-merkel-aux-electeurs-grecs/


Elle est pas mal aussi la 2e égérie ukrainienne de ELLE… (ELLE 2/3) + Avis de recherche

Monday 5 January 2015 at 00:29

Suite de notre enquête sur l’article de ELLE de novembre sur les combattantes ukrainiennes…

Finalement, après la néonazie à gauche, Internet a retrouvé la combattante de droite…

Je vous présente donc Svetlana Balikova – dont la page Facebook (vk) est ici.

Pas de souci, elle “remercie la France” pour le zoli article (tu m’étonnes)…

Alors ELLE aura-t-elle plus de chance avec sa seconde héroïne ?

Hmmmm ?

 

Aie, non – Caramba, encore raté…

Allez, visitons sa page…

Rôôô sont-y pas mignons les zenfants de Secteur Droit ?

Encore mieux :

Y’a bon le couple aryen !!

Je dis ça, pas tant pour la photo, que la répétition de ce genre de photos, certes de bonheur familial, mais l’obsession qui ressort des publications (car postées plusieurs fois par mois voire semaine)  donne, à mon sens, un vrai effet d’exaltation de pureté de la race, surtout vu le profil du posteur… Mais à chacun de se faire son opinion – en consultant les pages Facebook, pas juste sur cette photo… En tous cas, je n’ai jamais vu en un an de photo comme ça sur ces pages :

Bref, reprenons…

Rôôô il est mignon le chat…

Un proche ami j’imagine ?

Ah oui (euh, enfin, je ne suis pas sûr que ce soit le même notez…)

Rôôô toute la poésie de cette partie de l’Ukraine je pense…

Bon, c’est sûr, ça complique un peu les soirées diapo…

In memoriam :

Euh, comment ils disent déjà ? Ah oui, gloire aux héros ?

Le dernier modèle de la collection automne / hiver pour ELLE ?

Ah, la version sac à main…

Joli le nouveau rouge à ongles Maybelline (de tir ?) …

Week-en rando dans la nature ?

Ah, les amis il n’y a que ça de vrai…

Non, non, ce n’est pas un parapluie…

Tiens, un ami de Secteur droit… Quel déconneur cet Adolf…

(ici on voit le combattant de secteur droit enterrer un pro-russe, représenté par ce symbole orange et noir, leur ruban, symbole russe de la lutte contre le nazisme)

Légende : “L’amour, c’est enterrer ensemble le cadavre d’un séparatiste”

Le combattant de secteur Droit aime les animaux ! (mais pas les Russes)

Sympa de relayer, ça merci…

Ici devant l’affiche du fascisant Oleg Lyachko dont on a déjà parlé (le politique qui aime bien torturer un peu les prisonniers)…

Pour qui elle a donc voté à la présidentielle…

Bon, désolé pour ELLE… Néonazie, peut-être pas (je n’ai pas traduit ses propos sur sa page), mais d’extrême-droite fascisante, assurément…

Ce qui étonne beaucoup ELLE – et qui ne semble pourtant guère surprenant venant d’une femme, volontaire pour prendre les armes et aller tirer sur ceux qui sont, je le rappelle, ses compatriotes qui demandent leur autonomie… Mais ils pensaient interviewer quel profil, des pacifistes de gauche ?

Bref :

Avis de Recherche

Alors, pour terminer : grand jeu concours : AIDEZ A IDENTIFIER LES AUTRES COMBATTANTES : Ludmilla, Vassilissa et Nadejda (le web russe l’a peut être déjà fait) :

EDIT : merci, à vous, on avance sur les identifications :)

1/ A/ Ladite ”Ludmilla” semble bien être Lyudmila Kalinina, notée en septembre dernier comme l’une des cinq femmes volontaires du bataillon Dombass.

D’après la photo trouvée dans cet article de foreign policy.com, c’est bien la même.

https://www.facebook.com/profile.php?id=100008277014960

2/ A/ La dénommée Vassilissa serait, d’après l’article de Elle, sa soeur. Elle s’appellerait donc Vassilissa Kalinina. La dénommée Masina est une deuxième soeur.

https://www.facebook.com/vasilisa.dnipro?fref=nf

a noter elles sont du service de presse du bataillon donbass et pas soeurs pour un sou (les” journalistes” semblent avoir inversé avec les 2 autres soeurs…)

3/ La dite ”Nadejda” s’appelle Nadejda (ou Nadia) Savtchenko, et voici son pédigrée :
Ukrainian helicopter pilot Nadejda Savtchenko (Nadiya Savchenko) who is presently imprisoned and facing criminal charges in Russia.

Nadejda Savtchenko is accused of providing coordinates to Ukraine army or militia artillery batteries whose shells killed two Russian journalists near Luhansk in southeast Ukraine in June of 2014. She was detained by pro-autonomy rebels in eastern Ukraine on June 17.
http://russia-insider.com/en/2015/12/31/2185

Je pense avoir trouvé une vidéo de son interrogatoire, après sa capture par des rebelles du Dombass. Il me semble que c’est bien elle.
https://www.youtube.com/watch?v=K4Qsvpumokw

4/ La dernière, Vira Savtchenko, est la soeur de La dénommée Nadedja ou Nadia Savtchenko.

Pourriez-vous faire des recherches sur ces 3 personnes afin de cerner leurs opinions ? Merci d’avance

Dernière partie à suivre dans ce billet

P.S. je ne peux me retenir de citer ce commentaire d’un d’entre vous dans le premier billet : “Elle a de jolis cheveux… Je me demande ce que ça donnera quand elle n’en aura plus…”

Source: http://www.les-crises.fr/elle-est-pas-mal-aussi-la-2e-egerie-ukrainienne-de-elle/