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[Décryptage] La propagande européiste de Jean Quatremer en temps de crise

Monday 29 June 2015 at 02:17

Je rappelle que Jean Quatremer est LE journaliste spécial Europe de Libération.

Celui qui avait dit :

« On me demande souvent : “Est-il bien normal qu’on envoie à Bruxelles un journaliste aussi europhile que vous ?” C’est comme si on posait la question : est-il normal que l’on envoie un journaliste pas anti-américain à Washington ? Pourquoi pas aussi demander à ce que l’on envoie un journaliste antisémite à JérusalemC’est du grand n’importe quoi !» [Jean Quatremer, France Culture, 05/2014]

Bref une source neutre et fiable…

Voici donc son analyse de la situation.

C’est très intéressant car on voit :

1/ les techniques manipulatoires de “fabrication du consentement” (cf. Chomsky) pour distordre la réalité

2/ et le fait que c’est essentiellement un mécanisme peu conscient – ces personnes, très engagées, se pensant sincèrement honnêtes et n’étant généralement pas en “mission commandée” (réfléchissez, si c’était le cas, cela serait fait autrement, et il n’y aurait pas de grossières erreurs et contradictions dans les textes mêmes). On a juste le zéle du zélateur fervent croyant, ici faisant office de religieux de la religion européiste à défendre à tout prix, perdant tout esprit critique (comme un politicard défendant son parti sans limite etc.). Non, un zélote religieux n’est acheté par personne, il y croit…

Comme d”habitude mes commentaires sont apparents.

P.S. (à l’américaine :) “Jean Quatremer n’approuve (apparemment) pas cet article” :)

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Le “Grexit” au bout de la semaine ?

Si Alexis Tsipras pensait faire plier ses partenaires de la zone euro, ou au moins les diviser, en annonçant, dans la nuit de vendredi à samedi, un référendum (le 5 juillet) sur un compromis qui n’existe pas, c’est totalement loupé.

Donc les fanatiques européens continuent de ne pas plier, cool ! Ça c’est de la négociation bien menée… Merci pour mon épargne les gars.

Mais c’est vrai qu’attendre deux sous de bon sens de leur part, c’était en effet de la folie.

Ils ont encore quelques jours pour “plier”, notez…

Notez aussi le choix des 2 verbes, tous à connotation négative

C’est exactement le contraire qui s’est passé au cours de l’Eurogroupe (les dix-neuf ministres des Finances) convoqué samedi dans l’espoir de boucler un accord avec la Grèce destiné à lui assurer une nouvelle aide financière de plus de 15 milliards d’euros,

Ici, on soulignera comme toujours la générosité européenne qui “aide la Grèce”.

Bien entendu, on ne demandera comment on a pu passer d’une situation où la Grèce devait 300 Md€ à des banques privées et comment elle les doit désormais aux contribuables européens – ce qui cause quelques difficultés sachant que l’État ne peut rembourser et ne le pourra jamais. Et que l’opération a donc consisté à des transferts de pertes privées vers des pertes publiques (moyennant quand même des pertes partielles pour le privé)

Pas plus qu’on n’informera clairement le lecteur que, dans les fameux plan d’aide passés, la Grèce est engagée à rembourser CHAQUE CENTIME prêté plus les intérêts, de sorte qu’au final l’aide européenne à la Grèce devrait avoir été rigoureusement nulle, zéro euro de coût. C’est aussi la valeur de notre solidarité – une simple avance de trésorerie.

Enfin, on n’expliquera qu’on propose à la Grèce 15 Md€ pour qu’elle rembourse 15 Md€ au FMI et à la BCE… Mais qu’on ne les lui donnera que si elle baisse ses retraites et augmente sa TVA. Sachant que, sans le service de la dette, l’État grec est à l’équilibre et n’a pas besoin d’emprunter. C’est le meilleur élève de l’Europe la Grèce sur ce point majeur… (mais chut…)

Bref, les Européens sont des gens SUPER COOLS et TRES TRES GENTILS

un plan d’investissement de 30 à 35 milliards d’euros,

On ne précisera pas que c’est sur 7 ans, que ce sont des fonds structurels de l’UE déjà budgétés, dont une part lui est déjà due, et qui sont sans aucun lien avec les négociations en cours (mais juste liés à appartenance à l’UE) – et certain sous forme… de prêts ! (elle manque de dettes la Grèce) (voir ici)

le tout assorti d’un calendrier de renégociation de la dette grecque en échange de réformes structurelles, de hausses d’impôt et de coupes dans les dépenses publiques. Ce référendum « ferme la porte à la poursuite des discussions », a tranché le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem et patron de l’Eurogroupe. La Vouli, le parlement monocaméral grec, a adopté la loi autorisant le référendum dans la nuit de samedi par une très large majorité de 178 voix contre 120 (sur 300 sièges).

“ce qui montre bien le caractère totalement antidémocrati…” – aïe non, on ne peut pas la placer ici celle-là…

Le Grexit redouté est désormais au bout de la semaine, voire avant, sauf rebondissement en Grèce.

• Que s’est-il passé ?

Personne ne comprend le brutal raidissement d’Alexis Tsipras :

Un classique : comme on transforme la réalité de façon délirante, on ne retrouve de la logique qu’en faisant passer “l’ennemi” pour un fou, incompréhensible (façon “mais où s’arrêtera Poutine ???”) et donc dangereux.

En tous cas, moi, je le comprends bien – merci de corriger M. Quatremer (“A part Olivier Berruyer, personne ne comprend le brutal…”)

« on était à deux doigts d’un accord », affirme une source proche des négociations. «Tout le monde pensait qu’on allait conclure. À la demande des Grecs, on a convoqué, lundi, un Eurogroupe et un sommet de la zone euro, puis un nouvel Eurogroupe mercredi, puis jeudi. Le Conseil européen de jeudi et vendredi a aussi permis de progresser et c’est pour ça qu’on a convoqué un nouvel Eurogroupe samedi ». 

Ils sont vraiment cons et fous ces Grecs, ON ÉTAIT JUSTE A 3 MM DE L’ACCORD !!!!!!!!!!!!!!! Crétiiiiiiiiiiiiiiiiiiiins crie le lecteur de Libération.

Mais gardez ça en tête, on va y revenir

Mais, à la surprise générale,

Bis repetita. Surtout ne pas blâmer l’imbécilités de nos dirigeants qui n’ont pas vu venir le coup pourtant largement annoncé (cf le billet de Sapir du 15 mai dans le billet suivant)

Tsipras a annoncé au milieu de la nuit de vendredi à samedi la tenue d’un référendum sur le texte de compromis tel qu’il existait jeudi, après avoir prévenu quelques minutes auparavant François Hollande et Angela Merkel, (Jean-Claude Juncker, lui, plongé dans un profond sommeil, n’ayant pas décroché)

Énorme.

Traduction très probable pour les initiés (sinon on ne comprend pas cette bizarre remarque… Enfin, c’est mon hypothèse…) : il cuvait étant à 3 grammes.

“Juncker the Drunker”, c’est de notoriété publique locale, comme le problème de DSK avec les femmes – mais le journaliste mainstream se gardera bien d’informer le lecteur de ce genre de problème légèrement important (si un jour Juncker monte sur la table et se fout à poil, vous ne serez donc pas étonné…)

« Or, ce texte a changé vendredi pour tenir compte des demandes grecques. Ce référendum est sans objet », ajoute cette même source. Pire : « les Grecs sont partis au pire moment,

Le Grec, outre qu’il fraude et ne paye pas ses impôts (bon, ok, son État n’a que 3,5 % de déficit total, et le nôtre 4 %, mais on ne va quand même pas comparer, hein…), est très très con, on vous l’a dit. Ces types de gauche : des i-res-pon-sables on vous l’a dit  !!!!

avant qu’on parle de la soutenabilité de la dette, de l’extension du programme (au-delà du 30 juin) » et du plan d’investissement, s’est étonné Jeroen Dijsselbloem.

Comme la phrase est COLLECTOR, on va bien tout reprendre, façon sujet du bas, option “critique des médias”.

La Grèce est désormais un des pays du monde les plus endettés (si ce n’est LE PLUS). Son État est après des années d’efforts (et de souffrance inutiles et contre productives) à l’équilibre primaire (avant le paiement de la dette). C’est donc un État désormais bien géré, mais plombé par la dette.

Comme il est totalement impossible qu’il la rembourse, il se contente de la rouler, emprunter 1,05 Md€ pour rembourser 1 Md€ d’échéance de dette et 50 M€ d’intérêts.

Bref, il n’a qu’une solution : faire défaut sur une partie de sa dette, sinon, c’est de la cavalerie qui empire la situation.

On a vécu 5 mois de négociations avec l’Eurogroupe, et une claire limite au 30 juin et une demande claire de la Grèce.

Les négociations ont porté sur de nouveaux efforts délirants (car récessifs et diminuant probablement les recettes de l’État) que doit faire la Grèce pour recevoir de nouveaux des prêts (pour rembourser les prêts aux mêmes prêteurs – vous suivez ?).

Bon, il me semble que même Quatremer ne puisse contester ce résumé.

Donc, il nous dit :

« on était à deux doigts d’un accord », affirme une source proche des négociations. «Tout le monde pensait qu’on allait conclure

et quelques lignes plus loin, on lit :

« les Grecs sont partis au pire moment (le 26 juin !), avant qu’on parle de la soutenabilité de la dette, de l’extension du programme (au-delà du 30 juin) » et du plan d’investissement, 

DONC : on était à deux doigts d’un accord après 5 mois de palabres, mais on n’avait juste pas commencé à parler du stock de dette 4 jours avant la dead line.

Sérieusement, avouez, c’est drôle non ?

Le seul sujet important, qui est en plus la seule contrepartie que pourrait revendiquer la partie grecque dans la négociation : ON N’EN AVAIT JUSTE PAS PARLÉ !!!!!!!!!!

Mais c’est Daffy Duck qui négocie ou quoi ?

Parce que Tsipras a toujours dit (et c’est logique, un enfant de 15 ans comprend) qu’il pourrait peut être accepter de nouvelles mesures autoritaires (les précédentes ayant saigné le pays), mais seulement si les créanciers réduisaient la dette !!!!!

Non mais allô quoi !!!!

En effet, si le texte est négocié par le « groupe de Bruxelles » (les représentants de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI)), seuls les ministres des Finances sont habilités à parler des autres questions. « Tout était sur la table de négociation » afin « d’aboutir à un accord global et durable », insiste Michel Sapin : « mais le gouvernement grec n’a pas souhaité que la négociation continue ».

Incroyables : les types ont pourtant tous dit “pas touche aux montants de dette” !!!

Au cours de la réunion à haute tension qui a débuté en début d’après-midi, aucun pays de la zone euro, mis à part la France, n’a plaidé pour une poursuite du programme d’assistance financière au-delà du 30 juin, la date convenue lors d’un premier accord conclu avec la Grèce le 24 février.

Saluons pour une fois la France…

Tsipras l’avait pourtant demandé afin de permettre à son pays de tenir jusqu’au référendum : sans ce cadre – qui est une promesse que la Grèce acceptera de procéder à des réformes afin d’équilibrer son budget-, la BCE ne peut pas continuer à alimenter les banques grecques en liquidités (ELA ou ligne de liquidités d’urgence dont le plafond approche désormais les 100 milliards d’euros).

Les Européens, lassés par cinq mois de vaines négociations, ont refusé de lui faire ce cadeau.

Laisser un peuple voter, ce n’est pas une obligation, c’est un “cadeau” notez bien

Il fera son référendum, mais l’Europe ne lui tendra pas la main, ce qui risque de précipiter son pays dans une crise bancaire et économique

À quoi bon continuer la discussion dès lors que le gouvernement grec a décidé de soumettre à référendum un texte datant de jeudi et auquel il a décidé d’appeler à voter non ? « On ne peut pas étendre un programme dont un pays ne veut pas puisque le gouvernement grec a d’ores et déjà décidé d’appeler à voter non », s’est justifié le ministre des Finances français, Michel Sapin.

La journaliste endosse le catéchisme du ministre comme vous le voyez. Le gouvernement grec a pourtant dit qu’il pourrait appeler à voter oui si un accord honorable était trouvé dans la semaine…

La rupture a donc été rapidement consommée. L’Eurogroupe a été suspendu, le temps que Yanis Varoufakis, le ministre grec, quitte la salle, et la réunion a ensuite continué pour évoquer les conséquences d’un défaut grec, désormais inéluctable, et les mesures à prendre pour éviter une contagion au reste de la zone euro. Pour la première fois, un communiqué de l’Eurogroupe, qui signe la fin du programme d’assistance à la Grèce, a été adopté par seulement dix-huit ministres des Finances qui, au passage, rappelle « les importants transferts financiers et l’aide apportée à la Grèce au cours des dernières années ». 

Toujours rappeler le catéchisme sans analyse critique ni même un commentaire #JournalismeDuXXIeSiecle

Le Grexit, souhaité par plusieurs ministres, dont l’Allemand Wolfgang Schäuble, est désormais dans toutes les têtes.

• Que va-t-il se passer la semaine prochaine ?

La BCE va se réunir dimanche. Selon toute probabilité et en l’absence de programme, elle va décider (à la majorité des deux tiers de ses 25 membres) d’interrompre l’alimentation des banques grecques en liquidités : « poursuivre cette aide, c’est encourager le bank run, c’est-à-dire le retrait d’argent par les Grecs, aux frais des contribuables européens. Rien que cette semaine, les 1,6 milliard d’euros prêtés aux banques grecques ont été immédiatement retirés par les épargnants. C’est un puits sans fond », nous confie une source européenne. Si la Grèce adopte une loi ce dimanche prévoyant la fermeture des banques dès lundi et la mise en place d’un strict contrôle des capitaux, la BCE pourrait de nouveau intervenir pour éviter les faillites bancaires que la Grèce seule n’a pas les moyens d’éviter faute d’argent (elle n’a pas accès aux marchés et les caisses sont vides). Mais cela n’est pas certain, les durs de la BCE pouvant faire valoir que l’attitude de Tsipras exclut un retour à la normale avant longtemps. Surtout, les banques grecques ne sont plus solvables à la suite du retrait massif d’argent de ces derniers mois.

Si jamais la Grèce n’adopte pas un contrôle des capitaux, la zone euro va se couper de tous les canaux la reliant au système financier grec pour éviter la contagion d’un effondrement du système financier grec. En clair, si la Grèce ne s’isole pas elle-même, c’est la zone euro qui l’isolera. Dans le second cas, le système bancaire grec va vite s’effondrer faute d’argent frais. Selon plusieurs experts, ce sera une affaire de jours et non de semaines… Ce qui aura un effet immédiat sur le tissu économique grec, alors que le pays est déjà retombé en récession (on attendait 3 % de croissance cette année): les faillites d’entreprises vont se multiplier, faute de crédit, et les Grecs ne pourront plus retirer d’argent. Cette asphyxie programmée du système bancaire risque aussi d’affecter la saison touristique qui a déjà commencé. On imagine le marasme et la panique dans lequel va se dérouler le référendum.

Cela étant, la zone euro insiste sur le fait que les négociations peuvent reprendre à chaque instant : « les portes sont ouvertes », a martelé Jeroen Dijsselbloem, « ce ne sont pas les institutions qui ont quitté la table de négociations la nuit dernière, c’est le gouvernement grec ». Tous les gouvernements ont tenu le même discours : l’accord est proche, il suffirait de quelques heures pour le boucler.

Repeat After Me : “NOS gouvernements disent toujours la vérité – Les critiquer c’est faire le jeu du populisme de sinistre mémoire”

• Sur quoi va porter le référendum ?

Il semble que la question portera sur le projet de compromis dans sa version de jeudi. Le problème est que ce texte est déjà dépassé (par exemple, vendredi, les créanciers ont accepté de limiter l’augmentation de la TVA sur l’hôtellerie à 13 % au lieu de 23 %). Surtout, ce texte n’a plus aucune existence légale depuis samedi, puisque le programme prend fin le 30 juin, ce qui signifie que l’offre des créanciers est caduque. Même si le résultat est positif, il faudra reprendre les négociations sans garantie que le texte final sera identique à celui de vendredi. Surtout, les Grecs vont se prononcer sur un texte qui ne porte ni sur la restructuration de la dette, ni sur le plan d’investissement promis, ni sur l’extension du programme (avec un doublement de la somme de 7,2 milliards promise). Ce référendum est donc un tantinet surréaliste. La seule question qui vaille, en réalité, devrait porter sur l’appartenance de la Grèce à la zone euro.

On pourrait la poser en France aussi M. Quatremer, dites… ?

• Le « oui » peut-il l’emporter ?

Même si les Grecs sont massivement attachés à l’euro (entre 70 % et 80 %), le résultat ne fait guère de doute. « Si j’étais Grec, je voterais non à ce texte », confie un diplomate d’un grand pays, « puisqu’il ne comporte que des hausses d’impôts et des coupes dans les dépenses publiques. En soi, il ne veut rien dire, puisqu’il n’est pas accompagné des mesures qui donnent un horizon au pays. Mais le gouvernement grec se gardera bien de le dire et ça n’est pas à la zone euro de faire campagne ». Si par miracle le « oui » l’emportait, Tsipras serait dans une situation inconfortable et devrait sans doute convoquer de nouvelles élections après un tel désaveu. Et là, tout est possible.

Pas évident, le oui peut l’emporter si l’Europe terrorise les Grecs comme aujourd’hui…

• Vers le Grexit ?

« Il n’y a pas de mode d’emploi pour une sortie de la zone euro, car personne n’avait prévu une telle situation. On est dans les figures libres », confie une source européenne. On peut donc très bien imaginer que la Grèce reste formellement dans la zone euro, mais ne dispose plus d’euros fournis par la BCE. Il faudra donc qu’elle émette en parallèle une nouvelle monnaie (après avoir repris le contrôle de sa banque centrale, ce qui l’exclura de facto de la BCE) afin de payer les salaires des fonctionnaires et les retraites. Mais cette nouvelle drachme, qui circulera parallèlement à l’euro, n’aura de valeur que pour les biens et les services produits par la Grèce, ce qui limitera considérablement son pouvoir d’achat : tous les produits importés (ou comportant une part d’imports) devront être payés en euros sonnants et trébuchants. Et la Grèce importe beaucoup, des produits agricoles aux produits technologiques en passant par les médicaments. La Grèce serait dans la situation de Cuba

et de l’Afghanistan aussi, je pense, mais avec le cannibalisme en plus…

qui connaît aussi une double circulation monétaire, le peso local qui ne vaut rien et le peso convertible (CUC) dont la valeur est proche de celle du dollar qui permet seul l’accès aux produits de « luxe »… La Grèce, privée d’accès à l’euro, peut aussi choisir de partir d’elle-même. Dans les deux cas, sa situation ne sera guère brillante, car elle n’aura pas accès avant longtemps aux marchés financiers : elle devra vivre avec ce qu’elle produit.

Le chantage à l’autarcie et à l’Albanie. Bien entendu c’est totalement faux. Elle devra vivre avec ses propres ressources budgétaires – et on a vu que c’est parfaitement possible, vu qu’elle est en équilibre primaire…

• Un risque de contagion ?

C’est la question à mille euros.

6559,57 francs svp…

Jeroen Dijsselbloem a insisté sur la solidité de la zone euro qui disposerait désormais des moyens de « préserver son intégrité ».

En fait, un  journaliste au XXIe siècle, ça se contente de recopier poliment les déclarations de son gouvernement.

“Jeroen Dijsselbloem a insisté sur la solidité de Lehman Brothers qui disposerait désormais des moyens de « préserver son intégrité ».”

En particulier, le Mécanisme européen de stabilité (MES), doté d’une capacité d’emprunt de 750 milliards d’euros, pourra intervenir pour venir en aide à un pays attaqué par les marchés et la BCE est lancée dans un programme de rachat massif des dettes d’État de 60 milliards par mois qui permettra de juguler une éventuelle panique des marchés.

Tous va très bien. On est en pleine crise du sur-endettement. N’ayez crainte, en cas de problème, on peut encore essayer de s’endetter, et imprimer de la monnaie. Tout va bien !

« Ils ont intégré depuis longtemps le risque d’un Grexit, mais on ne peut jamais savoir comment ils réagiront », confie une source européenne.

Néanmoins inquiet, l’Eurogroupe a décidé d’accélérer son intégration en suivant les recommandations du rapport des cinq présidents (Commission, Parlement européen, Eurogroupe, BCE, Conseil européen) dont les chefs d’État et de gouvernement ont pris connaissance vendredi. Un mal pour un bien ? C’est l’espoir auquel on se raccrochait à Bruxelles, samedi soir.

Je vous mets le lien complet vers le projet délirant (Trésor européen, encore plus de contrôle des États etc).

Pas de souci, ce projet est donc conforme aux attentes de 14 % de la population…

Et là, n’ayez crainte, aucun référendum en vue chez nous

Source : Jean Quatremer (avec les commentaires, recommandé !), 28/06/2015

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Bonus : commentaire et réponse de Quatremer sur ce billet (regardez, il y en a plein de collectors aussi)

Bonus 2 :

Hmm, ça dépend si le résultat est respecté par le gouvernement ou pas…

C’est drôoooole le sujet de la Démocratie dans un pays qui a perdu 25 % du PIB et qui a un parti néo-nazi bien implanté dans l’armée…

Mon préféré :

EDIT : mon nouveau préféré (rapport à la capacité d’autocritique :) )

Source: http://www.les-crises.fr/la-propagande-europeiste-de-jean-quatremer-en-temps-de-crise/


[Référendum Kaput ?] Tyrannie européenne ?

Sunday 28 June 2015 at 02:14

 En résumé :

  1. vendredi, l’Eurogroupe a soumis la Grèce à un ultimatum : vous acceptez nos demandes, oui ou non ! Ce point évidemment central.
  2. suite à quoi, Tsipras a dit : “cela excède largement mon mandat, je vais demander aux Grecs de se prononcer. Merci de bien vouloir prolonger le plan actuel (expirant mardi) de seulement 1 semaine, pour qu’ils puissent voter sur votre proposition”.
  3. samedi, l’Eurogroupe a dit “Non” au délai (apparemment, seule la France a voté Oui…), puis s’est réuni sans la Grèce

Du coup, on voit mal sur quoi les électeurs voteront dimanche, sauf si un accord est trouvé d’ici mardi (pas gagné…)

Merci à tous ces “Démocrates”, animés des “valeurs de la République”…

A confirmer :

Tyrannie européenne – par Jacques Sapir

Alexis Tsipras avait décidé de convoquer un référendum le 5 juillet, demandant au peuple souverain de trancher dans le différent qui l’oppose aux créanciers de la Grèce. Il avait pris cette décision devant les menaces, les pressions, et les ultimatums auxquels il avait été confronté durant les derniers jours de la négociation avec ce que l’on appelle la « Troïka », soit la Banque Centrale Européenne, la Commission Européenne et le Fond Monétaire International. Ce faisant, et dans un geste que l’on peut qualifier de « gaullien », il avait délibérément renvoyé au domaine politique une négociation que les partenaires de la « Troïka » voulaient maintenir dans le domaine technique et comptable. Ce geste à provoqué une réaction de l’Eurogroupe d’une extrême gravité. Nous sommes en présence d’un véritable abus de pouvoir qui a été commis ce 27 juin dans l’après-midi, quand l’Eurogroupe a décidé de tenir une réunion sans la Grèce. Ce qui se joue désormais n’est plus seulement la question du devenir économique de la Grèce. C’est la question de l’Union européenne, et de la tyrannie de la Commission et du Conseil, qui est ouvertement posée.

La déclaration d’Alexis Tsipras

Le texte de la déclaration faite par Alexis Tsipras dans la nuit du 26 au 27 juin sur la télévision d’Etat grecque (ERT), est de ce point de vue extrêmement clair :

« Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens. Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. (…) Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec. J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité »[1].

Ce texte court, empli de gravité et de détermination, entrera vraisemblablement dans l’Histoire. Ce texte est prononcé par un homme jeune, qui a été confronté à la mauvaise fois, aux manipulations, à ce qu’il faut bien appeler toutes les bassesses de la politique, depuis 5 mois. Il dit aussi sa colère, froide et déterminée. Et c’est peut-être là l’échec principal de l’Eurogroupe et des institutions européennes : avoir transformé un partisan de l’Europe en un adversaire résolu des institutions européennes. Tsipras n’était pas il y a cinq mois de cela un opposant à l’idée européenne. Mais, la multiplication des humiliations, des tentatives de coup de force, l’ont obligé à réviser nombre de ses positions, qui pour certaines d’entre-elles relevaient de l’illusion. Tsipras et Varoufakis sont aujourd’hui sur une trajectoire de collision avec l’Eurogroupe et l’UE non pas de leur fait, mais de celui des « institutions européennes ». Ceci est d’une immense importance pour la suite.

Les leçons de la déclaration de Tsipras

On peut découvrir dans cette courte déclaration trois points importants.

Le premier est que le désaccord entre le gouvernement grec et ses partenaires a été d’emblée politique. La BCE et la Commission Européenne n’ont eu de cesse que de rechercher une capitulation du gouvernement grec, ce que Tsipras appelle «l’humiliation de tout un peuple ». Ce qu’a cherché l’Union européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est à cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est en fait bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. Il faut ici se souvenir de la déclaration de Jean-Claude Juncker pour qui il ne peut y avoir de choix démocratique allant contre les traités.

Le deuxième point important de cette déclaration est que, pour la première fois un dirigeant légalement élu et en fonction déclare que les institutions européennes font des propositions qui, dans leur fond comme dans leur forme «violent absolument les acquis européens ». C’est une accusation très grave. Elle revient à dire que les institutions européennes qui sont censées être des garants de la démocratie agissent au contraire de celle-ci. Elle revient aussi à dire que ces mêmes institutions, dont la légitimité n’existe quepar délégation de la légitimité des Etats membres ont des comportements qui violent la légitimité et la souveraineté de l’un des dits Etats membres. Cela revient donc à dire que les institutions de l’Union européennes se sont constituées en Tyrannus ab exercitio soit en un pouvoir qui, quoi qu’issu de procédures légitimes, se conduit néanmoins en Tyran. Cela revient à contester radicalement toute légitimité aux instances de l’Union européenne.

Le troisième point se déduit des deux premiers. Il est contenu dans la partie du texte qui dit : «Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec ». Il place désormais les enjeux non plus au niveau de la dette mais à celui des principes, de la démocratie comme de la souveraineté nationale. Et c’est en cela que l’on peut parler d’un véritable « moment gaullien » chez Alexis Tsipras. Si l’on veut pousser l’analogie historique jusqu’à son terme, alors que Paul Raynaud en 1940 ne soumet pas au Conseil des Ministres la question de faut-il continuer la guerre, Alexis Tsipras a osé poser la question de l’austérité et du référendum, et a reçu un soutien unanime, y compris des membres de l’ANEL, le petit parti souverainiste allié à SYRIZA. Il s’est ainsi réellement hissé à la stature d’un dirigeant historique de son pays.

La réaction de l’Eurogroupe, qui avait qualifié de nouvelle « triste » (sad) ce référendum[2], confirme bien les options antidémocratiques qui ont cours aujourd’hui au sein de l’Union européenne. Mais, cette réaction a elle-même était dépassée par une décision d’une importance réellement dramatique.

Le coup de force de l’Eurogroupe et la Tyrannie européenne

La réaction de l’Eurogroupe, qui se réunissait ce samedi à Bruxelles, a en effet consisté en un acte qui conjugue l’illégalité la plus criante avec la volonté d’imposer ses vues à un Etat souverain. En décidant de tenir une réunion en l’absence d’un représentant de l’Etat grec l’Eurogroupe vient de décider d’exclure de fait la Grèce de l’Euro. Ceci constitue à l’évidence un abus de pouvoir. Et il faut ici rappeler plusieurs points qui ne sont pas sans conséquences tant juridiquement que politiquement.

  1. Aucune procédure permettant d’exclure un pays de l’Union Economique et Monétaire (non réel de la « zone Euro ») n’existe actuellement. S’il peut y avoir une séparation, elle ne peut avoir lieu que d’un commun accord et à l’amiable.
  2. L’Eurogroupe n’a pas d’existence légale. Ce n’est qu’un « club » qui opère sous couvert de la Commission Européenne et du Conseil européen. Cela signifie que si l’Eurogroupe a commis un acte illégal – et il semble bien qu’il en soit ainsi – la responsabilité en incombe à ces deux institutions. Le gouvernement grec serait donc fondé d’attaquer la Commission et le Conseil à la fois devant la Cour Européenne de Justice mais aussi devant la Cour Internationale siégeant à La Haye. En effet, l’Union européenne est à la base une organisation internationale. On le constate par exemple dans le statut, et les exemptions fiscales, des fonctionnaires européens. Or, la règle dans toute organisation internationale est celle de l’unanimité. Le traité de Lisbonne a bien prévu des mécanismes de majorité qualifiée, mais ces mécanismes ne s’appliquent pas à l’Euro ni aux questions des relations fondamentales entre les Etats.
  3. Le coup de force, car il faut l’appeler par son nom, que vient de faire l’Eurogroupe ne concerne pas seulement la Grèce. D’autres pays membres de l’Union européenne, et l’on pense au Royaume-Uni ou à l’Autriche, pourraient eux-aussi attaquer devant la justice tant européenne qu’internationale la décision de fait prise par l’Eurogroupe. En effet, l’Union européenne repose sur des règles de droit qui s’appliquent à tous. Toute décision de violer ces règles contre un pays particulier constitue une menace pour l’ensemble des membres de l’Union européenne.
  4. Il faut donc ici être clair. La décision prise par l’Eurogroupe pourrait bien signifier, à terme, la mort de l’Union européenne. Soit les dirigeants européens, mesurant l’abus de pouvoir qui vient d’être commis, se décident à l’annuler soit, s’ils persévèrent dans cette direction ils doivent s’attendre à une insurrection des peuples mais aussi des gouvernants de certains Etats contre l’Union européenne. On voit ainsi mal comment des Etats qui ont juste recouvré leur souveraineté, comme la Hongrie, la République Tchèque ou la Slovaquie, vont accepter de telles pratiques.

Il est alors symptomatique que la crise induite par un pays ne représentant pas plus de 2% du PIB de l’UE ait pris cette tournure. En fait, cela révèle au grand jour la nature fondamentalement antidémocratique des institutions de l’UE et le fait que cette dernière soit en train de se constituer en Tyrannie.

Le spectre de la démocratie dans les couloirs de Bruxelles

On ne peut, et on ne doit, préjuger du résultat de ce référendum. Il est même possible que, devenu sans objet, il ne se tienne pas. Mais on doit souligner qu’il représente le retour de la démocratie dans un espace européen dont elle était absente. De ce point de vue, l’initiative prise par Alexis Tsipras représentait la dernière chance d’introduire de la démocratie dans le système européen.

Il est aussi probable que les partis d’opposition, que ce soit Nouvelle Démocratie ainsi que le Parti de centre-gauche La Rivière (To Potami) protestent et cherchent à empêcher par divers recours légaux ce référendum d’avoir lieu. On ne peut plus exclure le fait que ces partis, avec l’aide des nervis fascistes d’Aube Dorée, ne tentent de déstabiliser le gouvernement grec. Ces réactions sont exemplaires des comportements antidémocratiques qui s’épanouissent aujourd’hui en Europe. Ils apportent de l’eau au moulin d’Alexis Tsipras. On sent comment les acteurs européistes de ce drame sont aujourd’hui terrorisés par le spectre de la démocratie.

En France même, on ressent très distinctement le malaise que provoque l’initiative d’Alexis Tsipras. Que ce soit au Parti Socialistes ou chez les « Républicains », on ne peut ouvertement s’opposer à une telle décision sans contredire immédiatement et brutalement tous les discours qui ont été tenu sur la démocratie. Mais, en réalité, le référendum grec fait planer le spectre d’un autre référendum, celui de 2005 sur le projet de traité constitutionnel en Europe. La manière dont la classe politique française, dans sa large majorité, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, de l’UMP au PS, avait été désavouée par la victoire du « Non », mais avait fait passer en contrebande à peu de choses près le même texte lors du Traité de Lisbonne qui fut ratifié par le Congrès à Versailles, est l’un des épisodes les plus honteux et les plus infamants de la vie politique française. Les acteurs de cette tragique mascarade sont toujours parmi nous. Il y a une continuité de projet, si ce n’est une continuité d’action, entre la décision de ne pas respecter un vote, celui des électeurs français mais aussi néerlandais, et le coup de force inouï de l’exclusion de la Grèce de l’Eurogroupe.

Tsipras ne doit ainsi pas s’attendre à un quelconque soutien de la part de François Hollande, renvoyé sans ménagement à sa propre médiocrité et à ses basses compromissions, ni de celle d’Angela Merkel dont la politique est la véritable cause de cette crise. Mais il peut s’attendre au soutien de tous ceux qui, en Europe, se battent pour la démocratie et la souveraineté.

[1] Traduction de Vassiliki Papadaki, sur le site de SYRIZA-France, Syriza France

[2] Déclaration du Président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, samedi 27 juin,France 24

Source : Jacques Sapir, pour son blog RussEurope, le 27 juin 2015.

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Grèce : la victoire à la Pyrrhus de Wolfgang Schäuble – par Romaric Godin

En choisissant de ne pas laisser les Grecs voter, l’Eurogroupe a choisi la voie tracée par le ministre allemand des Finances. Une voie qui n’exclut pas le Grexit. Mais l’euro en sortira-t-il renforcé ?

 

Dans son discours prononcé dans la nuit de vendredi à samedi, le premier ministre grec avait affirmé que les « institutions » (Eurogroupe, FMI et BCE) cherchaient à « humilier tout un peuple. » Il semble que l’Eurogroupe l’ait pris au mot et ait voulu rendre plus éclatante encore ce samedi 27 juin cette humiliation. Après avoir ignoré la demande de prolongation du programme de 2012 pour permettre aux électeurs grecs de se prononcer sur leurs propres propositions, les ministres des Finances de la zone euro ont demandé à Yanis Varoufakis, leur collègue grec, de signer ces mêmes propositions. Sur son refus, ils lui ont signifié la fin du programme à la date prévue, le 30 juin.

Exclusion de la Grèce

A ce moment s’est produit un fait inouï jusqu’ici en zone euro : l’Eurogroupe a de facto exclu la Grèce. Le président de cette instance, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, a pris la responsabilité de publier un communiqué de l’Eurogroupe approuvé par seulement 18 des 19 ministres des Finances. Mieux encore, il a demandé à Yanis Varoufakis de quitter la séance qui a repris sans donc le représentant de la Grèce afin « d’examiner les conséquences de la situation. » Un véritable coup de force dont la légalité reste incertaine. Jeroen Dijsselbloem a prétendu que l’Eurogroupe étant un « organe informel », il n’avait pas besoin d’unanimité en son sein.

Victoire de Wolfgang Schäuble

Au-delà des arguties légalistes, cette décision revient à tenter d’organiser l’exclusion de la zone euro de la Grèce, le fameux Grexit, en mettant en scène son exclusion de l’Eurogroupe. La ligne de Wolfgang Schäuble qui, vendredi encore, a répété que la « crédibilité de la zone euro » était plus importante que son « intégrité », l’a emporté. Sans surprise, il est vrai, tant cette ligne est dominante au sein des ministres des Finances. Nul n’aura au sein des 17 autres pays, tenté de s’opposer à cette création de facto d’une procédure d’exclusion d’un pays de la zone euro, procédure absolument absente des traités. La France, par la voix de Michel Sapin, prétend vouloir garder la Grèce dans la zone euro, mais de tels propos ne sont pas cohérents avec l’humiliation subie à nouveau par l’Hellade ce soir.

La BCE fera-t-elle la « sale besogne » de l’Eurogroupe ?

C’est la BCE qui va devoir désormais se charger de la basse besogne commandée par l’Eurogroupe. Constatant l’impossibilité d’un accord, la BCE ne pourra que cesser d’une façon ou d’une autre, de fournir des liquidités d’urgence aux banques grecques. Elle qui a tenté depuis des mois d’agir de façon détournée sur les négociations en évitant toute rupture, va donc réaliser concrètement le Grexit. Ce samedi soir, elle a publié un court communiqué annonçant une réunion dimanche. Mais désormais sa position est intenable : continuer à fournir le programme ELA aux banques grecques serait contraire aux traités, le cesser mettrait fin à la promesse de sauver l’euro « quoi qu’il en coûte » (whatever it takes) de Mario Draghi, prononcé en juillet 2012 et qui avait apaisé la crise de la dette. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore des exclusions dans une zone monétaire qui n’est unifiée par aucune unité politique réelle.

La responsabilité d’Angela Merkel

La responsabilité de cette situation revient principalement à Angela Merkel. En refusant de prendre la responsabilité d’un accord politique avec la Grèce parce qu’elle ne voulait pas accepter de restructurer la dette grecque, elle a laissé les discussions dans l’impasse de l’Eurogroupe. Refusant de déjuger son ministre des Finances, elle a laissé la voie libre à son propre plan : la concentration de la zone euro autour des « bons élèves. » Encore une fois l’électeur allemand a eu un poids décisif dans l’avenir de la zone euro. Rappelons que dans le choc entre Athènes et Berlin, le gouvernement grec était allé jusqu’au point où il avait accepté, par sa proposition du lundi 22 juin, de renoncer à l’essentiel des promesses de janvier. Il avait alors, pour complaire à l’électeur allemand, oublié en grande partie le désir des électeurs de son propre pays. Mais l’humiliation du refus de cette proposition par un FMI prenant acte de la position de l’Allemagne de ne pas réviser la dette, a conduit Alexis Tsipras à vouloir renouveler son mandat populaire.

Pourquoi l’Eurogroupe a-t-il alors refusé le référendum grec ? En théorie, un « oui » aux propositions des créanciers était possible, surtout si l’opposition en faisait une condition du maintien dans la zone euro. C’eût alors été une bonne nouvelle pour l’Eurogroupe : Alexis Tsipras aurait été discrédité par son échec et les « réformes » auraient été mises en place. Mais Jeroen Dijsselbloem a prétendu qu’il refusait de mettre en place ces « réformes » avec un gouvernement ayant appelé à voter « non. » Etrange justification, car en cas de « oui », le gouvernement Tsipras était dans une position intenable et la Grèce aurait dû trouver une autre formule politique plus « pro-européenne. » Les Européens, auteurs de coups de force en Grèce et en Italie en 2011, savent parfaitement gérer ces situations.

Pourquoi l’Eurogroupe n’a pas voulu d’un référendum

La réalité est différente. D’abord, l’Eurogroupe n’a pas voulu prendre le risque d’un refus par le peuple grec de ses propositions. Il a refusé que ces dernières, qui sont les seules « rationnelles » à ses yeux, soient soumises aux « passions » d’un peuple que l’on ne respecte guère à Bruxelles. Puisque ces propositions sont bonnes par natures pour l’Eurogroupe, elles n’ont pas à être soumises au peuple, elles doivent simplement être acceptées. D’où la « surprise désagréable » de Jeroen Dijsselbloem ce samedi. Ensuite, l’Eurogroupe veut se débarrasser une bonne fois pour toutes du gouvernement Tsipras qui est un corps étranger en son sein. En le mettant en position d’être exclu de la zone euro alors même que la majorité des Grecs veulent rester dans l’euro, ils tentent de le pousser à la démission. Et pour l’obtenir, ils sont prêts à sacrifier la Grèce et à l’exclure de la zone euro.

Quelle réponse d’Athènes ?

Que va-t-il se passer à présent ? Le projet de référendum semble très compromis. La question ne peut plus être celle de propositions des créanciers qui n’existeront plus le 1er juillet. Par ailleurs, le leader de l’opposition conservatrice, Antonis Samaras, qui avait rencontré mercredi les responsables européens, a sans doute décidé de déposer une motion de confiance contre le gouvernement, repoussant la possibilité pour le parlement de convoquer un référendum le 5 juillet. Officiellement, la Grèce maintient pourtant le référendum. Mais Alexis Tsipras doit désormais trouver une parade. Et ses options sont peu nombreuses. Il peut encore, et jusqu’au 30 juin, capituler et accepter, sans en appeler au peuple, les conditions des créanciers. Il n’y résistera certainement pas politiquement. Il peut prendre l’Eurogroupe au mot et préparer la sortie de l’euro, mettant Angela Merkel devant une responsabilité historique. C’est un risque à prendre, mais, clairement, on ne peut désormais plus exclure que Berlin laisse partir Athènes. Dès lors, la situation politique d’Alexis Tsipras sera délicate. Le choix est donc cornélien. Il semble, pour le moment, avoir choisi la seconde option par une passivité qui place les Européens face au risque de Grexit.

Une zone euro plus forte ?

Reste une question : ce soir, la zone euro a changé de  nature. Elle est clairement devenu une « zone euro à deux vitesses » comme le craignait Alexis Tsipras. Un pays faible ne peut, en son sein, disposer d’aucune autonomie politique. Le contribuable et électeur de ce pays aura toujours tort face à son homologue allemand. Le refus du principe du référendum qui a provoqué des cris d’orfraies à Bruxelles ajoute encore à son caractère peu démocratique. Un caractère qui est une aubaine pour les mouvements eurosceptiques de tous bords qui vont pouvoir tirer à boulets rouges désormais sur la tyrannie de ces institutions. La logique de Wolfgang Schäuble affaiblit la zone euro en l’exposant à ces critiques.

Si le Grexit a lieu, les opposants à l’euro y verront un précédent qu’ils utiliseront. Si la situation se dégrade en Grèce, ils dénonceront l’inhumanité de la zone euro, si elle s’améliore, ils y verront la preuve qu’il faut sortir de l’euro. Surtout, désormais, nul ne pourra leur opposer un argument légal pour contester cette sortie, alors même que la BCE et l’Eurogroupe auront participé à l’exclusion de la Grèce. La zone euro n’est plus ce soir la « monnaie » de l’UE, comme l’indiquent les traités. Elle n’est plus le fruit d’une volonté politique. Elle est une zone de changes fixes dont on peut sortir à volonté.

Ceci convient parfaitement à Wolfgang Schäuble qui a pour but de faire de l’euro une monnaie forte. Mais la force d’une monnaie ne tient pas qu’à sa valeur et cette force nouvelle de la zone euro comme la conçoit Wolfgang Schäuble sera vite mise à l’épreuve. La zone euro va devoir désormais tester ses « pare-feu » pour contenir toute contagion. Seront-ils suffisants ? Oui si la contagion est limitée au Portugal. Non, si l’Italie, l’Espagne ou la France sont attaqués. Faudra-t-il alors expulser à la fin aussi ces pays ? Ce soir, l’euro est plus faible qu’hier politiquement et structurellement. Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne le sait puisque ce samedi soir il s’est empressé de rappeler que la “Grèce est encore membre de la zone euro.” Oui, mais la rupture est évidente.

Source : Romaric Godin, LA Tribune, 27/05/2015

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La vision de DSK

(pas inintéressante, vu que c’est lui qui a prêté l’argent du FMI…)

DSK sur la Grèce 27/06/2015 publié par les-crises

Source: http://www.les-crises.fr/referendum-kaput-tyrannie-europeenne/


Miscellanées du dimanche (Delamarche, Sapir, Béchade, Gave)

Sunday 28 June 2015 at 01:01

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : “L’euro est une aberration !” – 22/06

Olivier Delamarche VS Thibault Prébay (1/2): Peut-on espérer un accord sur le dossier grec ? – 22/06

Olivier Delamarche VS Thibault Prébay (2/2): “On est dans un monde où, malheureusement, la croissance n’est pas là” – 22/06

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : La Grèce, courtisée en cas de Grexit ? – 17/06

Philippe Béchade VS Thomas Vlieghe (1/2): Marchés: Doit-on s’attendre à un scénario catastrophe en Grèce et en zone euro ? – 24/06

Philippe Béchade VS Thomas Vlieghe (2/2): Peut-on espérer une amélioration des résultats d’entreprises cet été ? – 24/06

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : Dette grecque et effet de contamination, des enjeux “philosophiques”

Jacques Sapir: Crise grecque: les négociations vont-elles aboutir sur un accord ? – 23/06

IV. Charles Gave

Gave: “Nous sommes dans un système de marché communiste dominé par des créationnistes religieux”


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

 

 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-dimanche-delamarche-sapir-bechade-gave/


Revue de presse internationale du 28/06/2014

Sunday 28 June 2015 at 00:45

Bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-28062014/


[HISTORIQUE] Tsipras convoque un référendum le 5 juillet pour rejeter les demandes des créanciers !

Saturday 27 June 2015 at 00:52

On apprend ce soir qu’Alexis Trispras a indiqué à l’instant à la télévision qu’il convoquait un référendum le 5 juillet à propos du plan d’aide en cours de discussion.

Le référendum portera sur “l’offre en forme d’ultimatum” des créanciers du pays. De fait Tsipras appelle a voter non.

Verbatim de ce message historique :

“Nous avons livré un combat dans des conditions d’asphyxie financière inouïes pour aboutir à un accord viable qui mènerait à terme le mandat que nous avons reçu du peuple.

Or on nous a demandé d’appliquer les politiques issues des mémorandums [de la Troïka] comme l’avaient fait nos prédécesseurs.

Après cinq mois de négociations, nos partenaires en sont venus à nous poser un ultimatum, [Lire ici], ce qui contrevient aux principes de l’UE et sape la relance de la société et de l’économie grecque. Ces propositions violent absolument les acquis européens.

Leur but est l’humiliation de tout un peuple, et elles manifestent avant tout l’obsession du FMI pour une politique d’extrême austérité. L’objectif aujourd’hui est de mettre fin à la crise grecque de la dette publique.

Notre responsabilité dans l’affirmation de la démocratie et de la souveraineté nationale est historique en ce jour, et cette responsabilité nous oblige à répondre à l’ultimatum en nous fondant sur la volonté du peuple grec.

J’ai proposé au conseil des ministres l’organisation d’un référendum, et cette proposition a été adoptée à l’unanimité.

La question qui sera posée au référendum ce dimanche prochain sera de savoir si nous acceptons ou rejetons la proposition des institutions européennes. Je demanderai une prolongation du programme de quelques jours afin que le peuple grec prenne sa décision.

Je vous invite à prendre cette décision souverainement et avec la fierté que nous enseigne l’histoire de la Grèce. La Grèce, qui a vu naître la démocratie, doit envoyer un message de démocratie retentissant. Je m’engage à en respecter le résultat quel qu’il soit.

La Grèce est et restera une partie indissoluble de l’Europe. Mais une Europe sans démocratie est une Europe qui a perdu sa boussole. L’Europe est la maison commune de nos peuple, une maison qui n’a ni propriétaires ni locataires. La Grèce est une partie indissoluble de l’Europe, et je vous invite toutes et tous à prendre, dans un même élan national, les décisions qui concernent notre peuple.” (Traduction:Vassiliki Papadaki)

Cela ne sera donc pas un référendum sur l’euro.

Par ailleurs, un officiel grec a indiqué qu’aucun contrôle des capitaux n’était prévu – et comprenez bien que, plus les capitaux sortent de Grèce, plus ils sont protégés d’une future dévaluation, et plus la dette de la Grèce envers la BCE augmente (et donc son risque augmente aussi)… Bonne nuit Super Mario !

Finalement, voilà ce qu’est un démocrate. Pensée, par exemple, à Pierre Moscovici, qui a reçu cette semaine un membre de l’opposition grecque (on se demande bien pour quoi – à 7 % des voix…) – comme l’a également fait Juncker…

Désolé Pierre, la révolution orange place Maidankratia, il faudra attendre encore un peu…

Pensée émue aussi pour tous les autres nains européens – qui auront au moins montré une chose : qu’ils étaient prêt à sacrifier à leur veau d’or leurs propres citoyens – retraités grecs comme les épargnants français.

Allez, Angela, fais aussi ton référendum, et l’issue va vite être trouvée…

A suivre – je remettrai à jour ce billet… (suivez bien les réactions demain, ça va être drôle sur le “populiste irresponsable qui fait un referendum”)

P.S. le résultat devrait être NON signant la victoire de Tsipras (et de la Démocratie, mais tout le monde s’en fout en Europe – et puis si c’est oui, eh bien ce seront les Grecs qui l’auront décidé !). Partant de là :

élections grece 2012 parlement

Edit : On note que LeMonde.fr a une saine vision des enjeux du moment sur sa Une (quand je vous dis que les seuls “terroristes”, ce sont les médias – les assassins sont des criminels barbares)

Edit 2 : L’analyse de Romaric Godin :

Le premier ministre hellénique a décidé de demander aux Grecs leur opinion sur les dernières propositions des créanciers. Et il s’est engagé pour le “non”.

Alexis Tsipras a donc finalement tranché dans le vif. A une heure du matin ce samedi 27 juin, dans une déclaration télévisée, le premier ministre grec a annoncé qu’il convoquait les électeurs helléniques à se prononcer par référendum le 5 juillet prochain sur les dernières propositions des créanciers. Ce samedi, le parlement grec, la Vouli, sera convoquée pour donner son feu vert à la procédure.

Alexis Tsipras et Syriza pour le non

Alexis Tsipras n’a pas caché qu’il considérait que les propositions des créanciers étaient pour lui inacceptables. Il avait refusé vendredi soir ce qu’Angela Merkel appelait “une offre généreuse.” « Les créanciers ont semblé vouloir chercher à humilier l’ensemble du peuple grec », a-t-il affirmé. Il a fustigé le « chantage » de ce qu’il a considéré comme un ultimatum des créanciers. Il n’a pas réellement dissimulé que ces propositions n’avaient pas son soutien puisqu’elle « violent les droits fondamentaux de l’Europe. » Un peu plus tard, sept ministres du gouvernement ont annoncé qu’ils appelaient à voter « non. » Syriza va donc sans doute faire campagne pour le rejet des propositions.

Des négociations interminables et une humiliation de trop

Pourquoi un référendum maintenant ? Certes, les négociations n’étaient pas terminées. L’Eurogroupe de ce samedi était considéré comme une énième « réunion de la dernière chance » et les positions semblaient encore pouvoir se rapprocher. Mais en réalité, Alexis Tsipras ne reconnaissait plus son programme dans ces propositions et les discussions interminables sur les détails ne devaient pas dissimuler que les créanciers avaient réussi à imposer une logique que les électeurs grecs avaient, en janvier, rejetée. Le refus de la proposition grecque du 22 juin, pourtant très avancée déjà, par le FMI, a sans doute été perçue par le premier ministre grec comme l’humiliation de trop. La réception par la Commission européenne de l’opposition grecque mercredi 24 juin lui a confirmé le caractère politique des buts des créanciers. Ces derniers ont cherché à imposer à Alexis Tsipras l’inacceptable, soit pour le faire tomber, soit pour le discréditer aux yeux du peuple grec.

Non ?

Le référendum est une réponse à cette tentative des créanciers. Alexis Tsipras a fait la preuve que la lutte contre l’austérité était une tâche impossible dans la zone euro pour un pays comme la Grèce. Son programme de janvier est donc désormais caduc. C’est maintenant au peuple de décider s’il veut accepter les conditions de maintien dans la zone euro posées par les créanciers. Le ministre de l’Energie, Panagiotis Lafazanis, leader de la gauche de Syriza, a indiqué qu’il appellerait à voter non et que ce « non » n’était pas un « non à l’euro. » Certes, mais si les créanciers continuent à ignorer son mandat populaire, un non donnera à Alexis Tsipras la capacité d’en tirer les conséquences. S’il n’obtient pas de meilleures conditions après ce non, alors il disposera du mandat populaire pour préparer un Grexit. Ce que cherche donc le gouvernement grec, c’est une nouvelle force dans les négociations. Officiellement toujours pour imposer son programme.

Oui ?

Mais si les Grecs acceptent les conditions des créanciers ? Alexis Tsipras a annoncé qu’il « respectera ce choix et le fera respecter. » Restera-t-il alors chef du gouvernement ? Sans doute. Quand bien même il démissionnerait, il y a fort à parier que les urnes le renvoient à Maximou, le Matignon grec. Il engagera alors une politique contraire à son programme, mais que le peuple grec lui aura demandé d’exécuter. Ceci lui permettra de rompre avec son aile gauche, mais aussi d’insister sur ce que son gouvernement a arraché aux créanciers au cours de ces cinq mois, notamment le rétablissement des discussions collectives et la préservation des retraites (à l’exception des cotisations santé). Sera-ce tenable ? Seul l’avenir le dira et peut-être devra-t-il alors changer de coalition comme le souhaitent Bruxelles et les créanciers. Mais du moins, ce sera un choix du peuple grec, non le fruit d’une pression des créanciers. En cas de oui, Alexis Tsipras peut aussi refuser de continuer à gouverner et se retirer en se gardant “en réserve.” Dans ce cas, le jeu politique grec sera rebattu. Il sera intéressant de voir ce qu’en dit le premier ministre cette semaine.

Problèmes avec les créanciers et la BCE

Cette campagne ne va pas aller sans poser de problèmes majeurs. D’abord, il semble désormais inévitable que la Grèce fera mardi 30 juin défaut sur le FMI. Que fera alors la BCE ? Le conseil des gouverneurs décidera dimanche de la poursuite ou non du programme d’accès à la liquidité d’urgence. Si elle durcit les conditions de ce programme ou si elle le coupe, la campagne référendaire risque de se produire dans une atmosphère de panique. La Grèce va aussi demander, a précisé Alexis Tsipras, une courte prolongation du programme afin de permettre aux électeurs de choisir. En cas de oui, le programme sera prolongé de cinq mois comme le proposent les créanciers. Les Européens ont donc les moyens de perturber cette courte campagne, voire de la rendre caduque en refusant de prolonger l’aide. Dans ce cas, il faudra négocier à partir de rien un nouveau programme et la question du référendum du 5 juillet n’aura aucun sens. L’Eurogroupe de ce samedi devra prendre cette décision. Sa réunion n’est donc pas sans importance.

Reprendre la main

Reste qu’en décidant de laisser in fine choisir les Grecs eux-mêmes, Alexis Tsipras a introduit un élément démocratique nouveau dans l’histoire de la crise grecque. Les créanciers doivent faire face à un adversaire qui utilise la démocratie comme une arme. Dans son discours, il a précisé que la “Grèce, berceau de la démocratie, enverra une réponse démocratique tonitruante à l’Europe et au monde.” Et d’ajouter : “à l’autoritarisme et à l’austérité sévère nous répondrons avec la démocratie, calmement et avec détermination.”

C’est un changement de paradigme majeur, à condition que la volonté des Grecs soit en effet réellement respectée. Ne pas respecter ce choix serait inconscient pour les Européens et contraire à leurs principes. Indiscutablement, si ce référendum montre qu’il n’a pas pu arracher assez de concessions aux créanciers, il montre aussi qu’Alexis Tsipras a désormais repris la main dans son bras de fer avec eux. On comprend que ces derniers doivent désormais être furieux.

Source : La tribune, 27/06/2015

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Edit : pour le concours… (jouez aussi en signalant les perles en commentaire)

Et c’est plus dur d’être démocrate (et honnête) que de gouverner, à l’évidence…

Source: http://www.les-crises.fr/tsipras-convoque-un-referendum-le-5-juillet-pour-rejeter-les-demandes-des-creanciers/


Revue de presse du 27/06/2015

Saturday 27 June 2015 at 00:04

La revue de presse du samedi. Merci à nos contributeurs. Bonne lecture !
PS : nous sommes toujours à la recherche de volontaires pour nous aider à sélectionner des articles.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-27-06-2015/


UberPOP : pourquoi taxis, VTC et internautes doivent s’unir contre Uber

Friday 26 June 2015 at 04:09

Bon papier de Numerama.

Je préciserais cependant que, si les violences sont inacceptables, la pusillanimité du politique l’est encore plus…

Cette histoire de taxis est une caricature montrant à quel point on n’arrive plus à résoudre le moindre problème… Il semble pourtant clair :

  • qu’il faut en finir avec ces histoires de licence (donc que l’État les rachète aux taxis, moyennant une taxe sur 10 ou 20 ans – taxe qui existe déjà de facto sous forme privée pour le client, pour financer les licences ; donc les prix baisseront seulement dans 10 ou 20 ans) et laisser la liberté d’installation pour doubler ou tripler l’offre comme dans les autres capitales, il y a plein d’emplois possibles ;
  • qu’il faut revoir les tarifs pour augmenter l’offre dans Paris plutôt que dans les aéroports
  • que cette profession doit rester réglementée mais qu’il faut clairement augmenter la qualité de service en contrepartie…

Mais je pense qu’on ne fera rien, comme d’hab…

Lorsque taxis, VTC ou prestataires UberPOP se font la guerre, Uber regarde ceux qui s’affrontent comme autant de proies qu’il entend abattre les unes après les autres. Plus qu’un conflit entre des professionnels, c’est un symptôme d’une société malade, qui doit choisir sa voie. Le capitalisme décomplexé qui fait de certaines plateformes les nouveaux seigneurs d’un monde féodal moderne, ou un autre modèle de société à inventer, en restant uni ?

Si l’on en croit les indiscrétions de Business Insider traditionnellement reprises dans la presse, Uber pourrait réaliser cette année un chiffre d’affaires d’environ 10 milliards de dollars. Sur ces 10 milliards, l’entreprise de VTC reverse 8 milliards de dollars à ses chauffeurs, qu’il s’agisse des traditionnels chauffeurs VTC professionnels de l’offre UberX, ou des chauffeurs occasionnels de l’offre UberPOP. Aucun d’entre eux n’est salarié, tout le modèle d’affaires de l’entreprise consistant à offrir une plateforme de mise en relation entre les clients et les chauffeurs, lesquels travaillent officiellement pour leur propre compte.

Le risque d’une baisse d’activité ou d’un changement de réglementation est donc assumé d’abord et avant tout par les chauffeurs, qui ne bénéficient pas d’une couverture chômage (sauf si UberPOP ne constitue pour eux qu’une activité secondaire), et ne toucheront aucune indemnité de départ. Si ce n’est quelques dizaines d’emplois par pays dans lesquels il s’implante, Uber reste fondamentalement une structure légère, qui prélève auprès des travailleurs un “impôt” de 20 % pour la mise en relation avec la clientèle.

Plus Uber gagne en notoriété et en nombre de chauffeurs, plus la plateforme donne l’impression au client final d’être incontournable, et donc plus la dîme devient elle-même obligatoire de fait pour les professionnels qui dépendent de ses services pour vivre. C’est une nouvelle féodalité créée par un libéralisme débridé par internet, qui a accentué les effets de la mondialisation sur l’autel d’une dérégulation. Sur Internet plus qu’ailleurs, sur les plateformes d’intermédiation plus encore, “The Winner Takes All“.

Comme l’avaient analysé les économistes Robert Frank et Philip Cook il y a vingt ans, en observant la société américaine, “de plus en plus de gens se concurrencent pour des prix toujours moins nombreux et plus gros“, entraînant une accentuation de la pauvreté et des inégalités. Pour toutes les qualités innombrables qu’on lui connaît, il faut savoir reconnaître qu’Internet a le défaut d’avoir accéléré et globalisé l’importation de cette politique libérale dont le jusqu’au-boutisme n’est pas indifférent à la panne de croissance. Combien d’entre vous (nous en sommes trop souvent) ont le réflexe de rechercher LA boutique en ligne qui proposera le prix le moins cher, lorsqu’ils commandent un produit qui sera fabriqué, emballé, stocké et expédié par des femmes et des hommes qui aimeraient eux aussi être mieux payé ?

Il est plus facile que jamais de mettre la planète entière en concurrence, et de trouver des travailleurs pauvres qui accepteront toujours de travailler pour moins cher encore que le travailleur pauvre voisin, et puisque le droit du travail est un obstacle, il est même possible désormais de convaincre des travailleurs de s’inscrire avec le sourire sur des plateformes pour y proposer leur travail sans avoir à signer de contrat de travail. Ca vaut pour Uber, mais ça vaut aussi pour bien d’autres plateformes d’intermédiation. Google Play et l’App Store comptent chacun environ 1,5 millions d’applications. Mais combien de best-sellers parmi elles ? Dans la course aux mines d’or, celui qui fait fortune est toujours le vendeur de pioches et de tamis, jamais ou très rarement ceux qui font la course.

LES VTC UBER CONTRE LES TAXIS. UBERPOP CONTRE LES VTC UBER. UBERBOT CONTRE UBERPOP…

Dans ce monde moderne, les taxis et leur corporatisme font tâche. Il est vrai qu’ils n’acceptent pas la concurrence et qu’ils sont chers. Depuis un siècle le modèle économique des taxis français repose pour partie sur l’absence de concurrence, par l’organisation d’un contingent restreint de licences, et des prix fixés par l’administration. Il est vrai que certains ne sont pas toujours accueillants, et même qu’il leur arrive, parfois plus souvent que rarement, de refuser des courses qui ne les arrangent pas. Il leur arrive même de refuser la monnaie électronique et de se faire payer en liquide, pour des raisons qui ont bien plus trait à la fiscalité qu’au souci de protéger la vie privée de leurs clients. Parfois même certains puent, parlent trop, ou pas assez. Ils ont le défaut d’être humain dans un monde où l’on voudrait que l’homme se comporte comme un logiciel à l’interface soignée, parfaitement débuggé.

Mais qu’ils souhaitent conserver leur monde qui n’est pas celui de l’hyper-concurrence doit s’entendre. Peut-être même cela doit-il s’envier. Et si c’était les taxis et les corporations qui, au fond, avaient raison ?

Que fait Uber des 2 milliards de dollars de recettes (20 % de commission) qu’il prélève sur les courses de ses chauffeurs ? Des sommes colossales sont immédiatement réinvesties pour mettre au chômageceux qui les génèrent aujourd’hui, et ainsi permettre à Uber de ne plus prendre 20 % d’une course, mais 100 %. L’entreprise a de l’ambition, et une vision à 5, 10 ou 20 ans. Elle a pour elle le temps, et l’argent. Depuis de nombreux mois Uber dépense des millions de dollars pour recruter certains des meilleurs roboticiens et spécialistes de l’intelligence artificielle du monde, et développer les voitures robotisées de 2020, 2025 ou 2050, qui viendront chercher le client à son domicile et le conduiront où il voudra aller, sans qu’Uber n’ait à payer qui que ce soit.

La question qui se posera alors, qui se pose plus généralement avec le développement de la robotique et de l’IA (dans des proportions beaucoup trop insoupçonnées par excès de naïveté ou d’aveuglement), est celle de la propriété privée et des inégalités. A quoi ressemblera un monde où ce sont des millions de robots détenus par Uber ou quelques grandes firmes internationales qui transporteront des individus qui ne pourront que les louer ? Comment se fera l’équilibre économique et social de ce monde là ? Bien sûr, il faudra toujours des hommes et des femmes pour concevoir les robots, et (quoique) pour fabriquer les voitures automatisées dans les usines. Mais il en faudra énormément moins qu’il faut actuellement de taxis ou de VTC pour conduire les voitures.

C’est à ce monde là qu’il faut réfléchir, et peut-être contre celui-ci qu’il faut s’unir. C’est ce libéralisme là qu’il faut commencer dès aujourd’hui à réguler, sans entraver pour autant la modernité, mais en le pensant en terme de libertés et d’égalités. Interdire ici les VTC, déréguler là le marché des taxis, n’est que pansements sur une jambe de bois. Le progrès est à nos portes, mais encore faut-il qu’il ne soit pas privatisé.

Source : Guillaume Champeau, pour Numerama, le 24 juin 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/uberpop-pourquoi-taxis-vtc-et-internautes-doivent-sunir-contre-uber/


Allemagne-Grèce : deux poids, deux mesures – L’annulation de la dette allemande en 1953…

Friday 26 June 2015 at 03:23

 

Voici 60 ans, en février 1953, à Londres était signé un accord historique sur la detteallemande. Les termes de l’accord signé tranchent radicalement avec la manière dont est aujourd’hui traitée la Grèce. Après la seconde guerre mondiale, de multiples conditions ont été réunies pour permettre à l’Allemagne de l’Ouest de se développer rapidement en permettant la reconstruction de son appareil industriel. Non seulement la dette contractée par l’Allemagne en-dehors des deux guerres mondiales a été réduite de plus de 60%, mais le règlement des dettes de guerre et le paiement des réparations aux victimes civiles et aux Etats ont été reportés à une date indéterminée : de fait, à la réunification allemande qui est intervenue en 1990 et au traité de paix qui a été signé à Moscou la même année entre les autorités des deux Allemagnes en cours d’unification, les Etats-Unis, l’URSS, le Royaume-Uni et la France. Le poids des réparations sur l’économie allemande a donc été longtemps différé. Et dans le cas des réparations dues à la Grèce, celles-ci n’ont pas représenté le moindre effort de la part de l’Allemagne puisque les autorités allemandes refusent de donner suite aux demandes grecques.

À la différence de ce qui s’était passé à l’issue de la première guerre mondiale, les puissances occidentales ont voulu après la seconde guerre mondiale éviter de faire peser sur l’Allemagne le poids de remboursements insoutenables car elles ont considéré qu’ils avaient favorisé l’accession du régime nazi au pouvoir. Les puissances occidentales voulaient également une Allemagne de l’Ouest forte économiquement (mais désarmée et occupée militairement) face à l’Union soviétique et ses alliés. Rien de tel n’est de mise avec la Grèce et les autres pays de la Périphérie au sein de l’Union européenne.

Pour atteindre cet objectif, non seulement le fardeau de la dette a été très fortement allégé et des aides économiques sous forme de dons ont été octroyées à l’Allemagne, mais surtout on lui a permis d’appliquer une politique économique tout à fait favorable à son redéploiement. Les grands groupes industriels privés ont pu se consolider, ceux-là mêmes qui avaient joué un rôle clé dans l’aventure militaire de la première guerre mondiale, dans le soutien aux nazis, dans le génocide des peuples juifs, tsiganes…, dans la spoliation des pays occupés ou annexés, dans la production militaire et l’effort logistique gigantesque de la seconde guerre mondiale. L’Allemagne a pu développer d’impressionnantes infrastructures publiques, elle a pu soutenir ses industries afin de satisfaire la demande locale et de conquérir des marchés extérieurs. L’Allemagne a même été autorisée à rembourser une grande partie de sa dette dans sa monnaie nationale. Pour rendre cela concret, il suffit de réfléchir à la situation qui a suivi l’accord de Londres de 1953. L’Allemagne rembourse par exemple à la Belgique et à la France une partie de ses dettes de l’entre deux guerres en deutsche marks. Ces deutsche marks qui n’avaient pas d’intérêt dans les échanges avec le reste du monde, Belges et Français ont essayé de s’en débarrasser rapidement en achetant des marchandises et des équipements fournis par l’économie allemande et contribué à refaire de l’Allemagne une grande puissance exportatrice.

De leur côté, la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l’Estonie, la Slovénie et les autres pays périphériques de la zone euro doivent rembourser leurs dettes publiques en euros alors qu’ils en manquent vu leur déficit commercial face aux pays les plus forts de la zone euro. Dans le même temps, les puissances qui dominent la zone euro les obligent, via la Commission européenne et les traités adoptés, à mener des politiques qui les empêchent tant de satisfaire la demande de leur marché que d’exporter. S’ils veulent quand même réussir à exporter, ils sont poussés à réduire encore plus les salaires, ce qui comprime un peu plus la demande intérieure et accentue la récession. Le programme de privatisation achève de porter des coups à leur appareil industriel, à leurs infrastructures et à leur patrimoine en général.

L’accord de Londres de 1953 sur la dette allemande

L’allègement radical de la dette de la République fédérale d’Allemagne (RFA) et sa reconstruction rapide après la seconde guerre mondiale ont été rendus possibles grâce à la volonté politique de ses créanciers, c’est-à-dire les États-Unis et leurs principaux alliés occidentaux (Grande-Bretagne, France). En octobre 1950, ces trois alliés formulent un projet dans lequel le gouvernement fédéral allemand reconnaît l’existence des dettes des périodes précédant et suivant la guerre. Les alliés y joignent une déclaration signifiant que « les trois pays sont d’accord que le plan prévoit un règlement adéquat des exigences avec l’Allemagne dont l’effet final ne doit pas déséquilibrer la situation financière de l’économie allemande via des répercussions indésirables ni affecter excessivement les réserves potentielles de devises. Les trois pays sont convaincus que le gouvernement fédéral allemand partage leur position et que la restauration de la solvabilité allemande est assortie d’un règlement adéquat de la dette allemande qui assure à tous les participants une négociation juste en prenant en compte les problèmes économiques de l’Allemagne » |1|.

La dette réclamée à l’Allemagne concernant l’avant-guerre s’élève à 22,6 milliards de marks si on comptabilise les intérêts. La dette de l’après-guerre est estimée à 16,2 milliards. Lors d’un accord conclu à Londres le 27 février 1953 |2|, ces montants sont ramenés à 7,5 milliards de marks pour la première et à 7 milliards de marks pour la seconde |3|. En pourcentage, cela représente une réduction de 62,6%.

De surcroît, l’accord établit la possibilité de suspendre les paiements pour en renégocier les conditions si survient un changement substantiel limitant la disponibilité des ressources |4|.

Pour s’assurer que l’économie de l’Allemagne occidentale est réellement relancée et qu’elle constitue un élément stable et central dans le bloc atlantique face au bloc de l’Est, les Alliés créanciers font des concessions très importantes aux autorités et aux entreprises allemandes endettées qui vont bien au-delà d’une réduction de dette. On part du principe que l’Allemagne doit être en condition de rembourser tout en maintenant un niveau de croissance élevé et une amélioration des conditions de vie de la population. Rembourser sans s’appauvrir. Pour cela, les créanciers acceptent primo que l’Allemagne rembourse dans sa monnaie nationale, le deutsche mark, l’essentiel de la dette qui lui est réclamée. A la marge, elle rembourse en devises fortes (dollars, francs suisses, livres sterling…). Secundo, alors qu’au début des années 1950, le pays a encore une balance commerciale négative (la valeur des importations dépassant celle des exportations), les puissances créancières acceptent que l’Allemagne réduise ses importations, elle peut produire elle-même des biens qu’elle faisait auparavant venir de l’étranger. En permettant à l’Allemagne de substituer à ses importations des biens de sa propre production, les créanciers acceptent donc de réduire leurs exportations vers ce pays. Or, 41% des importations allemandes venaient de Grande-Bretagne, de France et des États-Unis pour la période 1950-51. Si on ajoute à ce chiffre la part des importations en provenance des autres pays créanciers participant à la conférence (Belgique, Hollande, Suède et Suisse), le chiffre total s’élève même à 66%.
Tertio, les créanciers autorisent l’Allemagne à vendre ses produits à l’étranger, ils stimulent même ses exportations afin de dégager une balance commerciale positive. Ces différents éléments sont consignés dans la déclaration mentionnée plus haut : « La capacité de paiement de l’Allemagne, de ses débiteurs privés et publics, ne signifie pas uniquement la capacité de réaliser régulièrement les paiements en marks allemands sans conséquences inflationnistes, mais aussi que l’économie du pays puisse couvrir ses dettes en tenant compte de son actuelle balance des paiements. L’établissement de la capacité de paiement de l’Allemagne demande de faire face à certains problèmes qui sont : 1. la future capacité productive de l’Allemagne avec une considération particulière pour la capacité productive de biens exportables et la capacité de substitution d’importations ; 2. la possibilité de la vente des marchandises allemandes à l’étranger ; 3. les conditions de commerce futures probables ; 4. les mesures fiscales et économiques internes qui seraient nécessaires pour assurer un superavit pour les exportations. » |5|

En outre, en cas de litige avec les créanciers, en général, les tribunaux allemands sont compétents. Il est dit explicitement que, dans certains cas, « les tribunaux allemands pourront refuser d’exécuter […] la décision d’un tribunal étranger ou d’une instance arbitrale. » C’est le cas, lorsque « l’exécution de la décision serait contraire à l’ordre public » (p. 12 de l’Accord de Londres).

Autre élément très important, le service de la dette est fixé en fonction de la capacité de paiement de l’économie allemande, en tenant compte de l’avancée de la reconstruction du pays et des revenus d’exportation. Ainsi, la relation entre service de la dette et revenus d’exportations ne doit pas dépasser 5%. Cela veut dire que l’Allemagne occidentale ne doit pas consacrer plus d’un vingtième de ses revenus d’exportation au paiement de sa dette. Dans la pratique, l’Allemagne ne consacrera jamais plus de 4,2% de ses revenus d’exportation au paiement de la dette (ce montant est atteint en 1959). De toute façon, dans la mesure où une grande partie des dettes allemandes était remboursée en deutsche marks, la banque centrale allemande pouvait émettre de la monnaie, en d’autres mots monétiser la dette.

Une mesure exceptionnelle est également décidée : on applique une réduction drastique des taux d’intérêts qui oscillent entre 0 et 5%.

Une faveur d’une valeur économique énorme est offerte par les puissances occidentales à l’Allemagne de l’Ouest : l’article 5 de l’accord conclu à Londres renvoie à plus tard le règlement des réparations et des dettes de guerre (tant celles de la première que de la deuxième guerre mondiale) que pourraient réclamer à la RFA les pays occupés, annexés ou agressés (ainsi qu’à leurs ressortissants).

Enfin, il faut prendre en compte les dons en dollars des États-Unis à l’Allemagne occidentale : 1,17 milliard de dollars dans le cadre du Plan Marshall entre le 3 avril 1948 au 30 juin 1952 (soit environ 10 milliards de dollars aujourd’hui) auxquels s’ajoutent au moins 200 millions de dollars (environ de 2 milliards de dollars d’aujourd’hui) entre 1954 et 1961 principalement via l’agence internationale de développement des États-Unis (USAID).

Grâce à ces conditions exceptionnelles, l’Allemagne occidentale se redresse économiquement très rapidement et finit par absorber l’Allemagne de l’Est au début des années 1990. Elle est aujourd’hui de loin l’économie la plus forte d’Europe.

Allemagne 1953 / Grèce 2010-2012 

Si nous risquons une comparaison entre le traitement auquel la Grèce est soumise et celui qui a été réservé à l’Allemagne après la seconde guerre mondiale, les différences et l’injustice sont frappantes. En voici une liste non-exhaustive en 11 points :
1.- Proportionnellement, la réduction de dette accordée à la Grèce en mars 2012 est infiniment moindre que celle accordée à l’Allemagne.
2.- Les conditions sociales et économiques qui sont assorties à ce plan (et à ceux qui ont précédé) ne favorisent en rien la relance de l’économie grecque alors qu’elles ont contribué largement à relancer l’économie allemande.
3.- La Grèce se voit imposer des privatisations en faveur des investisseurs étrangers principalement alors que l’Allemagne était encouragée à renforcer son contrôle sur les secteurs économiques stratégiques, avec un secteur public en pleine croissance.
4.- Les dettes bilatérales de la Grèce (vis-à-vis des pays qui ont participé au plan de la Troïka) ne sont pas réduites (seules les dettes à l’égard des banques privées l’ont été) alors que les dettes bilatérales de l’Allemagne étaient réduites de 60% ou plus. Sans oublier les réparations de guerre reportées à une date indéterminée.
5. – La Grèce doit rembourser en euros alors qu’elle est en déficit commercial (donc en manque d’euros) avec ses partenaires européens (notamment l’Allemagne et la France), tandis que l’Allemagne remboursait l’essentiel de ses dettes en deutsche marks fortement dévalués.
6. – La banque centrale grecque ne peut pas prêter de l’argent au gouvernement grec alors que la Deutsche Bank prêtait aux autorités allemandes et faisait fonctionner (certes modérément) la planche à billets.
7. – L’Allemagne était autorisée à ne pas consacrer plus de 5% de ses revenus d’exportation au paiement de la dette alors qu’aucune limite n’est fixée dans le cas actuel de la Grèce.
8. – Les nouveaux titres de la dette grecque qui remplacent les anciens dus aux banques ne sont plus de la compétence des tribunaux grecs, ce sont les juridictions du Luxembourg et du Royaume-Uni qui sont compétentes (et on sait combien elles sont favorables aux créanciers privés) alors que les tribunaux de l’Allemagne (cette ancienne puissance agressive et envahissante) étaient compétents.
9. – En matière de remboursement de la dette extérieure, les tribunaux allemands pouvaient refuser d’exécuter des sentences des tribunaux étrangers ou des tribunaux arbitraux au cas où leur application menaçait l’ordre public. En Grèce, la Troïka refuse bien sûr que des tribunaux puissent invoquer l’ordre public pour suspendre le remboursement de la dette. Or, les énormes protestations sociales et la montée des forces néo-nazies sont directement la conséquence des mesures dictées par la Troïka et par le remboursement de la dette. Malgré les protestations de Bruxelles, du FMI et des « marchés financiers » que cela provoquerait, les autorités grecques pourraient parfaitement invoquer l’état de nécessité et l’ordre public pour suspendre le paiement de la dette et abroger les mesures antisociales imposées par la Troïka.
10.- Dans le cas de l’Allemagne, l’accord établit la possibilité de suspendre les paiements pour en renégocier les conditions si survient un changement substantiel limitant la disponibilité des ressources. Rien de tel n’est prévu pour la Grèce.
11.- Dans l’accord sur la dette allemande, il est explicitement prévu que le pays puisse produire sur place ce qu’il importait auparavant afin d’atteindre un superavit commercial et de renforcer ses producteurs locaux. Or la philosophie des accords imposés à la Grèce et les règles de l’Union européenne interdisent aux autorités grecques d’aider, de subventionner et de protéger ses producteurs locaux, que ce soit dans l’agriculture, l’industrie ou les services, face à leurs concurrents des autres pays de l’UE (qui sont les principaux partenaires commerciaux de la Grèce).

On pourrait ajouter que l’Allemagne, après la seconde guerre mondiale, a reçu des dons dans une proportion considérable, notamment, comme on l’a vu plus haut, dans le cadre du Plan Marshall.

Depuis 2010, dans les pays les plus forts de la zone euro, la plupart des dirigeants politiques, appuyés par les médias dominants, vantent les mérites de leur supposée générosité à l’égard du peuple grec et d’autres pays fragilisés de la zone euro qui font la une de l’actualité (Irlande, Portugal, Espagne…). Dans ce contexte, on appelle « plans de sauvetage » des mesures qui enfoncent encore un peu plus l’économie des pays qui les reçoivent et qui contiennent des reculs sociaux inédits au cours des 65 dernières années en Europe. S’y ajoute l’arnaque du plan de réduction de la dette grecque adopté en mars 2012 qui implique une réduction des créances dues par la Grèce aux banques privées de l’ordre de 50% |6| alors que ces créances avaient perdu entre 65 et 75% de leur valeur sur le marché secondaire. La réduction des créances des banques privées est compensée par une augmentation des créances publiques aux mains de la Troïka et débouche sur de nouvelles mesures d’une brutalité et d’une injustice phénoménales. Cet accord de réduction de la dette vise à enchaîner définitivement le peuple grec à une austérité permanente, il constitue une insulte et une menace pour tous les peuples d’Europe et d’ailleurs. Selon les services d’étude du FMI, en 2013, la dette publique grecque représentera 164% du Produit intérieur brut, c’est dire que la réduction annoncée en mars 2012 n’aboutira pas à un allègement réel et durable du fardeau de la dette qui pèse sur le peuple grec. 

Pour voir une véritable solution au drame de la dette et de l’austérité, il faudra encore de puissantes mobilisations sociales en Grèce et dans le reste de l’Union européenne ainsi que l’accession au pouvoir d’un gouvernement du peuple à Athènes. Il faudra un acte unilatéral de désobéissance provenant des autorités d’Athènes (soutenues par le peuple), telles la suspension du remboursement et l’abrogation des mesures antisociales, pour forcer les créanciers à des concessions d’envergure et imposer enfin l’annulation de la dette illégitime. La réalisation à une échelle populaire d’un audit citoyen de la dette grecque doit servir à préparer le terrain.

Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, est président du CADTM Belgique (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, www.cadtm.org) et membre du conseil scientifique d’ATTAC France. Il a écrit, avec Damien Millet, AAA. Audit Annulation Autre politique, Seuil, Paris, 2012.

Source : http: www.cadtm.org/ 28 février 2013 par Eric Toussaint

1953, le tournant qui a permis à l’Allemagne de rebondir

L’Accord de Londres, signé le 27 février, a permis à la République fédérale d’effacer la moitié de sa dette d’avant et d’après-guerre. Le «miracle économique» allemand est lancé

Par Yves Hulmann Samedi 28 juillet 2012

En 1951, lorsque Hermann Josef Abs est chargé de représenter la délégation allemande lors d’une série de conférences prévues à Londres, le banquier est conscient de la difficulté de la tâche qui l’attend. «Monsieur Abs, si vous faites du mauvais travail, vous serez pendu à un poirier. Et si vous faites du bon travail, ce sera à un pommier», lui déclare Fritz Schäfer, le ministre des Finances. La boutade, rapportée par Hermann Josef Abs, ne décourage pas pour autant le conseiller financier du chancelier ouest-allemand Konrad Adenauer.

Durant deux ans, le responsable de la délégation allemande tentera de négocier les conditions les plus avantageuses pour la jeune République fédérale d’Allemagne. La RFA doit rembourser à la fois les obligations financières issues du Traité de Versailles, jamais honorées; les emprunts internationaux contractés durant la République de Weimar, dont le paiement des intérêts a été suspendu au début des années 1930; à quoi s’ajoutent encore les aides financières accordées par les Alliés pour reconstruire le pays ravagé après 1945.

Suite à la partition du pays en deux Républiques au sortir de la guerre, les négociateurs allemands sont confrontés à un premier dilemme: la RFA doit-elle accepter d’assumer pleinement l’héritage des dettes d’avant-guerre du Reich? Ou peut-elle se soustraire à cette responsabilité, étant donné que la partie est du territoire, la RDA, est occupée par les troupes soviétiques? Deux raisons incitent Konrad Adenauer à opter pour la première solution.

Souverainté et crédibilité

Premièrement, le chancelier, en place depuis 1949, fait du regain de souveraineté de la jeune République l’une des priorités de son action politique. Or, lors d’une conférence réunissant les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, organisée en septembre 1950 à New York, les Alliés ont fait miroiter une révision du statut d’occupation de la RFA, à condition que le pays reconnaisse les dettes d’avant-guerre de l’Allemagne.

Deuxièmement, le chancelier veut aussi rétablir la crédibilité du pays comme débiteur sur le plan international. Avoir accès à l’emprunt est indispensable pour permettre aux entreprises allemandes de se refinancer à l’international. En raison du défaut de paiement d’avant la guerre, ces dernières sont alors pénalisées dans leur activité d’exportations par des problèmes de liquidités et des coûts supplémentaires. Au début des années 1950, le pays a encore une balance commerciale négative, la valeur des importations dépassant celle des exportations.

Lorsque les négociations commencent, la partie est loin d’être gagnée. La délégation allemande fait face aux réticences de certains pays, comme la Grande-Bretagne et la France, concernant les dettes d’avant-guerre, jamais honorées. Ces dernières découlent encore en grande partie des réparations pour dommages de guerre prévues par le Traité de Versailles de 1919.

Une Allemagne étranglée

Très vite, l’Allemagne a été étranglée par le poids de ces paiements, soumis à un moratoire partiel dès 1922. En 1923, la République de Weimar n’est plus en mesure de verser quoi que ce soit.

Face à l’incapacité de l’Allemagne à satisfaire à ses engagements, un banquier américain, Charles Dawes, élabore, au milieu des années 1920, un premier plan de rééchelonnement. Le paiement des annuités est abaissé et la dette elle-même est réaménagée sous la forme d’emprunts internationaux à un taux de 7% avec une maturité de vingt-cinq ans. Leur valeur totale atteint 800 millions d’anciens Marks. Pendant un temps, l’économie allemande se redresse et le pays paie une partie de ses dettes. Grâce à ces remboursements, l’Allemagne affiche même un net bilan excédentaire de 1926 à 1929. Mais l’embellie est de courte durée: à la suite du krach boursier de 1929, l’économie allemande replonge.

En 1930, un autre Américain, Owen Young, patron de General Electric, élabore un deuxième plan de rééchelonnement de la dette ­allemande. Les «emprunts Young», d’un montant de 1,2 milliard d’anciens Marks, sont émis à un taux inférieur, de 5,5% et étalés sur une durée encore plus longue. Mais très vite, l’aggravation des conditions économiques réduit à néant l’effet des concessions consenties.

En 1931, le président américain Herbert Hoover suspend le paiement des réparations de guerre pour un an. Et en juillet 1932, les Alliés renoncent finalement à toute indemnité de guerre lors de la conférence à Lausanne, qui réunissait des représentants de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne pour régler la question des réparations prévues dans le Traité de Versailles. C’est le premier défaut de paiement officiel du Reich.

Négociations

Cependant, les emprunts de Dawes et de Young, qui avaient été souscrits par des investisseurs de divers pays, restent, eux, valables. L’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir ralentit une nouvelle fois les paiements, qui reprendront peu à peu par la suite. Après l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, seuls quelques pays comme la Suisse et la Suède continuent d’être remboursés. Lorsque Hermann Josef Abs entame en 1951 les négociations avec les représentants des Alliés, la question des engagements découlant pour l’Allemagne des emprunts de Dawes et de Young reste ainsi entièrement ouverte.

Les dettes d’avant-guerre sont estimées au départ à 13,5 milliards de Deutsche Marks. Au fil des négociations, leur valeur est d’abord ramenée à 9,6 milliards, en raison notamment de l’abandon de la ­référence à l’or et de la chute de la valeur du dollar. Au final, la somme des emprunts d’avant-guerre est encore ramenée à 7,3 milliards de Deutsche Marks, soit une remise de plus de 45% comparée à la somme initiale.

Quant aux dettes d’après-guerre, chiffrées initialement entre 15 et 16 milliards de Deutsche Marks, elles sont rabattues à un montant de 7 milliards également, soit une remise de dette de plus de moitié. Elles seront payées en tranches annuelles d’un peu plus de 200 millions, qui s’ajoutent à celles de 340 millions par an pour les emprunts d’avant-guerre.

Avec l’essor économique de la RFA durant les années 1950, ces montants peuvent être versés aisément. Le montant annuel d’un demi-milliard de Deutsche Marks versé par l’Allemagne en 1953 correspond à environ 4% du total de ses exportations. Les derniers emprunts de Dawes ont été entièrement remboursés en 1969, ceux de Young en 1980.

Une dette divisée par deux

La question du règlement de la dette allemande n’est pas encore terminée. La RFA ne s’estimait pas responsable d’assumer l’entier des sommes dues par le Reich. Mais une clause dite de «réunification» garantissait le remboursement des intérêts supplémentaires si les deux parties du pays devaient être réunifiées. Les derniers paiements correspondant à ces intérêts furent effectués en 2010.

A l’issue de la conférence de Londres, la République fédérale est ainsi parvenue à diviser par deux le poids de sa dette, avec le consentement de ses créanciers. Partant d’un montant total initial de près de 30 milliards de Deutsche Marks, les dettes d’avant et d’après-guerre de l’Allemagne sont ramenées à moins de 14 milliards, résume l’historienne Ursula Rombeck-Jaschinski, auteur d’un ouvrage consacré à cette question, publié en 2005.

Cette remise de dette, d’une ampleur rare en Europe au XXe siècle, est scellée avec l’accord signé le 27 février 1953 à Londres entre la RFA et 21 pays ayant pris part aux négociations. Outre les Etats-Unis, la plupart des pays européens ainsi que la Suisse en font partie. L’accord, qui sera ratifié par une loi le 24 août de la même année, sera reconnu par une douzaine de pays supplémentaires, y compris Israël en 1955.

Une approche non pas politique mais «comptable»

Comment la RFA a-t-elle pu obtenir des conditions aussi favorables? La réponse tient en partie à l’argumentation de Konrad Adenauer et de son conseiller économique: il ne faut pas mettre en péril le «miracle économique» naissant de la jeune République, un argument qui fait mouche auprès des Américains. De plus, les Etats-Unis veulent pouvoir compter sur la RFA, non seulement comme client mais aussi et surtout en tant que rempart contre le bloc communiste.

Enfin, la capacité de négociateur de Hermann Josef Abs, qui a siégé dans une trentaine de conseils d’administration d’entreprises et qui finira par présider la Deutsche Bank dans les années 1960, a aussi joué un rôle clé. Le banquier, que ses contemporains disent coquet et obsédé par les détails, parlait couramment plusieurs langues étrangères, dont le français, l’anglais et le néerlandais. S’y ajoute son pragmatisme lors des négociations.

Dans un long article publié en 1959, où il revient sur la phase qui a précédé l’Accord de Londres, il est frappant d’observer que Hermann Josef Abs raisonne plus comme un comptable que comme un politicien. Cette approche, tout comme la distance qu’il a gardé avec le régime nazi durant la guerre, jugée suffisante par les Alliés, ajoute à sa crédibilité. Peu importe s’il avait aussi siégé dans les conseils de plusieurs entreprises qui ont employé des prisonniers de guerre.

Cette remise de dette peut-elle servir de modèle dans le contexte la crise actuelle? On peut en tout cas observer que l’Accord de Londres, peu connu du grand public, a la particularité de faire parler de lui à chaque crise importante liée à l’endettement. Au milieu des années 1980, cet accord a souvent été cité en exemple par les adeptes d’un effacement d’une plus grande partie de la dette des pays en voie de développement. L’Allemagne, faisaient-ils valoir, n’a jamais dû rembourser plus de 5% de la valeur de ses exportations à partir de 1953, alors que de nombreux pays du tiers-monde ont dû y consacrer plus de 20%.

Le cas grec

Plus récemment, l’aggravation de la crise de la dette en Grèce et en Espagne a aussi ramené cet accord sur le devant de la scène. La remise de dette octroyée à l’Allemagne a favorisé un redémarrage rapide du pays, argumente-t-on en substance.

Mais on entend aussi un autre argument, plus inattendu: en 1946, l’Allemagne avait été condamnée à payer une somme de 7 milliards de dollars à la Grèce à titre de réparation pour l’occupation du pays de 1941 à 1944, un montant non réglé par l’Accord de Londres. Toutefois, en acceptant la réunification de la RFA et de la RDA dans le cadre du Traité de Moscou, la Grèce s’est privée de la possibilité de réclamer des réparations, a fait valoir l’Allemagne par la suite.

Selon une interpellation déposée au Parlement européen en février par le député Daniel Cohn-Bendit, cette dette vaudrait aujourd’hui plus de 80 milliards d’euros compte tenu des intérêts qui s’y sont ajoutés. Cette somme permettrait à la Grèce de rembourser une partie de la dette que le pays doit à l’Union européenne.

Si les chances d’obtenir gain de cause apparaissent plutôt minces pour la Grèce dans ce dossier, ce dernier épisode démontre qu’en matière de dette, l’histoire n’est jamais vraiment terminée.

Source : http: www.letemps.ch

 

économie. ”Au XXe siècle, Berlin a été le roi de la dette”

Publié le 26/01/2015 – 11:40

Au cours du siècle dernier, l’Allemagne s’est trouvée trois fois en faillite. Si elle a pu se relever, c’est entre autres au détriment de la Grèce, expliquait l’historien de l’économie Albrecht Ritschl en 2011 dans un entretien avec l’hebdomadaire de Hambourg.

L’Allemagne joue les donneuses de leçons sur la question de savoir s’il convient d’accorder de nouvelles aides à la Grèce. Le gouvernement se montre inflexible sur le mode : “Vous n’aurez de l’argent que si vous faites ce que nous vous demandons.” Cette attitude est-elle justifiée ?Albrecht Ritschl Non, absolument pas. Dans toute l’histoire récente, c’est l’Allemagne qui a connu les pires faillites d’Etat, au XXe siècle. Sa stabilité financière et son statut de bon élève de l’Europe, la République fédérale les doit uniquement aux Etats-Unis, qui, aussi bien après la Première Guerre mondiale qu’après la Seconde, ont renoncé à des sommes considérables. Malheureusement, on a un peu trop tendance à l’oublier.

Que s’est-il passé exactement ?
Entre 1924 et 1929, la république de Weimar a vécu à crédit et a même emprunté auprès des Etats-Unis l’argent dont elle avait besoin pour payer les réparations de la Première Guerre mondiale. Cette pyramide s’est effondrée pendant la crise de 1931. Il n’y avait plus d’argent. Les dégâts ont été considérables aux Etats-Unis et l’effet a été dévastateur sur l’économie mondiale.

Il s’est produit la même chose après la Seconde Guerre mondiale.
Sauf que les Etats-Unis ont veillé à ce que l’on n’exige plus de l’Allemagne des réparations aussi exorbitantes. A quelques exceptions près, toutes les demandes ont été renvoyées à une future réunification des deux Allemagnes. C’est véritablement ce qui a sauvé l’Allemagne, cela a été le fondement du miracle économique qui a commencé dans les années 1950. Mais les victimes de l’occupation allemande ont dû renoncer aux réparations, y compris les Grecs.

Quelle a été l’ampleur des défauts de paiement de l’Etat allemand ?
Si l’on prend la puissance économique des Etats-Unis comme point de référence, le défaut allemand des années 1930 a eu autant d’impact que la crise financière de 2008. En comparaison, le problème de la Grèce est minime. Seul le risque de contagion à d’autres pays de la zone euro pose problème.

La République fédérale passe pour être un modèle de stabilité. Combien de fois l’Allemagne a-t-elle fait faillite, au total ?Cela dépend du mode de calcul. Rien qu’au cours du siècle dernier, au moins trois fois. Après les premiers défauts de paiement, dans les années 1930, les Etats-Unis ont consenti une remise de dette considérable à la République fédérale, en 1953. A partir de là, l’Allemagne s’est portée comme un charme pendant que le reste de l’Europe se saignait aux quatre veines pour panser les plaies laissées par la guerre et l’occupation allemande. Même en 1990, le pays s’est retrouvé en situation de non-paiement.

Pardon ? Un défaut ?
Oui, le chancelier d’alors, Helmut Kohl, a refusé d’appliquer l’Accord de Londres de 1953 sur les dettes extérieures de l’Allemagne, qui disposait que les réparations destinées à rembourser les dégâts causés pendant la Seconde Guerre mondiale devaient être versées en cas de réunification. Quelques acomptes ont été versés. Mais il s’agissait de sommes minimes. L’Allemagne n’a pas réglé ses réparations après 1990 – à l’exception des indemnités versées aux travailleurs forcés. Les crédits prélevés de force dans les pays occupés pendant la Seconde Guerre mondiale et les frais liés à l’occupation n’ont pas non plus été remboursés. A la Grèce non plus.

Contrairement à 1953, il s’agit moins aujourd’hui d’accorder une remise de dette à la Grèce que d’étirer l’échéancier du remboursement. Peut-on dire que le pays est menacé de faillite ?
Absolument. Un pays peut faire faillite même s’il n’est pas complètement fauché. Tout comme en Allemagne dans les années 1950, il serait illusoire de croire que les Grecs pourront s’acquitter seuls de leur dette. Aujourd’hui, il faut fixer le volume des pertes auxquelles doivent consentir les créanciers de la Grèce. Et, surtout, il s’agit de savoir qui va payer.

Et le premier des payeurs devrait être l’Allemagne…
En résumé, oui. Nous avons été très inconséquents – et nos industries exportatrices s’en sont bien trouvées. Personne en Grèce n’a oublié que la République fédérale devait sa bonne forme économique aux faveurs consenties par d’autres nations. Les Grecs sont parfaitement au courant des articles hostiles à leur égard parus dans les médias allemands. Si le vent tourne dans le pays, de vieilles revendications liées aux réparations de guerre pourraient refaire surface, y compris dans d’autres pays européens. Et si l’Allemagne se trouve contrainte de les honorer, nous y laisserons notre chemise. En comparaison, le renflouement de la Grèce est plutôt une bonne nouvelle. Si nous écoutons les boniments dont on nous abreuve et si nous continuons à jouer les grippe-sous, le cigare aux lèvres, nous sommes condamnés tôt ou tard à voir resurgir de vieilles ardoises.

Quelle solution serait actuellement préférable pour la Grèce – et l’Allemagne ?
Les faillites qu’a essuyées l’Allemagne au siècle dernier nous enseignent que le plus raisonnable serait de consentir une remise de dette généreuse. Ceux qui ont prêté de l’argent à la Grèce seraient alors contraints de renoncer à une bonne part de leurs créances. Certaines banques n’y survivraient pas, et il faudrait alors mettre sur pied de nouveaux programmes d’aide. Cela pourrait revenir cher à l’Allemagne, mais, d’une manière ou d’une autre, il nous faudra mettre la main à la poche. Et puis la Grèce se verrait ainsi donner une chance de prendre un nouveau départ.

Yasmin El-Sharif

Source : http://www.courrierinternational.com

Source: http://www.les-crises.fr/lannulation-de-la-dette-allemande-en-1953/


Le rapport sur l’audit de la dette grecque

Friday 26 June 2015 at 01:24

La Commission pour la vérité sur la dette publique grecque présente ses premières conclusions. C’est dans ce cadre qu’Eric Toussaint, qui coordonne les travaux est intervenu le 17 juin au Parlement hellénique. Le rapport conclut que la dette grecque est en grande partie illégale, illégitime et odieuse.

Ce rapport préliminaire présente une cartographie des problèmes et des questions clés liées à la dette publique grecque, et fait état des violations juridiques associées ; il retrace également les fondements juridiques sur lesquels peut se fonder la suspension unilatérale des paiements de la dette.

Un résumé en français du rapport a été publié dans ce billet.

Voici le rapport intégral :

Rapport sur la dette grecque

Extraits :

Hmmmm les banques françaises…

Source: http://www.les-crises.fr/le-rapport-sur-laudit-de-la-dette-grecque/


Grèce : pourquoi les discussions n’avancent pas

Thursday 25 June 2015 at 04:38

Le point de la situation par l’excellent Romaric Godin

L’Eurogroupe se réunit jeudi à 13 heures pour tenter de trouver un nouvel accord. Les logiques entre Grecs et créanciers semblent opposées.

La Grèce est désormais prise entre le marteau et l’enclume. Ce mercredi 24 juin, l’espoir d’un accord aura fait long feu. Le soir, l’Eurogroupe s’est séparé sans rien décider, reportant les discussions à jeudi 13 heures. Les propositions grecques, incluant des mesures de 8 milliards d’euros sur deux ans, ont été rejetées sèchement ce matin. La contre-proposition du FMI a été rejetée à son tour ensuite par Athènes. Ce plan grec était loin d’être parfait, il était même sans doute nocif pour l’économie hellénique. En réalité, il avait une qualité : montrer que le gouvernement d’Alexis Tsipras était prêt à entrer dans la logique des créanciers. Logique que l’on peut juger économiquement absurde, mais qu’il était indispensable, aux yeux du premier ministre grec, d’accepter afin de sortir le pays de la paralysie économique dans laquelle il s’enfonce.

Changement de la part des Grecs

Cette proposition représentait un changement total de stratégie du gouvernement grec et de Syriza. Il s’agissait d’obtenir un « mauvais accord » pour pouvoir appliquer une partie de son programme et bénéficier du soutien de l’Union européenne. C’était clairement une main tendue vers les créanciers. Evidemment, cette main tendue faisait grincer des dents à Athènes, mais elle était proche d’être acceptée. Il suffisait mercredi de regarder les visages des députés Syriza pour se convaincre que l’affaire n’était pas simple. Yannis Balaouras est l’un d’entre eux. « Je ne suis pas très heureux », reconnaissait-il d’emblée mercredi avant le rejet de l’offre grecque à Bruxelles. La hausse de la TVA qui frappera les plus pauvres le gènait, notamment. Mais il admettait que la Grèce doit « reprendre sa respiration » et « les liquidités doivent revenir dans le pays pour faire redémarrer l’économie. » Pour cela, il était prêt à voter un accord sur la base des propositions grecques de lundi 22 juin. Selon lui, ses électeurs qui lui envoient des messages sont d’accord sur ce point : « ils me disent, l’accord est mauvais, mais il faut continuer à lutter. » Ces concessions ne pouvaient cependant pas être acceptées sans contrepartie, notamment sur la dette. Mercredi à Athènes, il n’était pas question de réclamer une restructuration immédiate de la dette. « Nous savons que cela ne se fera pas immédiatement, mais il faut un engagement à trouver une solution », affirmait Yannis Balaouras. Le prix à payer pour les créanciers était donc léger…

Logiques opposées

Mais pour les créanciers, cette contrepartie est impossible. Les Européens (et pas seulement les Allemands, même si leur voix est décisive) refuse d’aborder le sujet de la dette. Et le FMI a intégré dans son approche cette décision. Du coup, en tant que créancier le plus concerné dans l’immédiat (les pays européens commenceront à être remboursés en théorie en 2020), il cherche à garantir les excédents primaires nécessaires au paiement de ses créances. L’institution a donc pris son stylo rouge et a biffé les propositions grecques, principalement sur les retraites. Ramenant ainsi sur la table la baisse des pensions et la suppression dès 2017, sans remplacement, des retraites complémentaires ciblées sur les plus pauvres (le complément EKAS). La question n’est donc pas, comme on l’entend souvent, la division des créanciers, mais bien leur unité. Une unité bâtie sur le refus de toute restructuration de la dette qui suppose alors des coupes dans les dépenses. Les créanciers préfèrent en effet une baisse des dépenses qui offre un montant sûr à des hausses de recettes sujettes à l’évolution de la croissance. Et les principales dépenses grecques, ce sont les retraites.

Voici pourquoi l’accord est impossible entre les deux parties. Les approches sont strictement inversées. La Grèce consent à donner des gages, mais contre un effort sur la dette et sans toucher aux retraites. En face, les créanciers ne veulent pas parler de la dette, et, en conséquence, veulent un plan incluant des baisses de pensions.

Manque de volonté politique

Reste que ce blocage, on le voit, est théoriquement technique. Ce qui manque à ces négociations, c’est une volonté politique de parvenir à un accord. Cette volonté imposerait le changement de logique de la part des créanciers en prenant en compte l’effort politique important réalisé par le gouvernement grec lundi. Cela est impossible dans la configuration actuelle : les Eurogroupes ne discutent que de l’issue des discussions techniques et les sommets que de l’issue des discussions de l’Eurogroupe. Autrement dit, dans ce calendrier, la décision politique arrive en dernier lorsqu’elle devrait arriver en premier lieu. Elle n’a donc pas la capacité à donner une impulsion nouvelle. Pourtant, Angela Merkel ou d’autres dirigeants pourraient décider de donner des instructions aux discussions techniques en leur indiquant un cadre nouveau. Mais la chancelière ne le souhaite pas. Comme à son habitude, elle joue le pourrissement de la situation pour remporter la mise. Comme elle refuse toute discussion sur la dette qui serait difficilement acceptable en Allemagne, elle cherche la capitulation d’Athènes. Cette capitulation entraînera la chute sous une forme ou sous une autre du gouvernement actuel. Un nouveau gouvernement grec plus obéissant viendra se mettre en place et tout continuera comme avant. Le problème grec sera un temps mis de côté, elle pourra conserver la Grèce dans la zone euro – donc ne pas fragiliser cette zone euro – et affirmer à ses électeurs-contribuables qu’elle les a défendus. Elle n’a donc aucune raison de modifier l’ordre des discussions.

Exaspération grecque

En Grèce, cette hypothèse du but politique des créanciers, jadis circonscrites aux cercles proches de Syriza, commence à gagner du terrain dans l’opinion. C’est ce que souligne dans un tweet le journaliste du site Macropolis, Nick Malkoutsis : la question de savoir si les créanciers ne cherchent pas à renverser le gouvernement, indique-t-il, « parcourt maintenant l’esprit de nombreux Grecs, même de ceux qui ont été critiques du gouvernement. »

Les créanciers ont, de surcroît, multiplié les humiliations : faire venir Alexis Tsipras mercredi matin pour lui signifier le refus de son plan, lui remettre une feuille biffée comme une copie d’écolier, faire recevoir par Jean-Claude Juncker le président du petit parti d’opposition To Potami ce mercredi… Les Grecs demeurent encore calmes, mais après cinq ans d’austérité, ils supportent de moins en moins cette humiliation permanente. Surtout, la lassitude commence à gagner du terrain, ouvrant la voie à l’hypothèse d’une rupture. FMI et Européens jouent donc avec le feu en refusant de se donner les moyens de trouver un accord. L’Europe doit donc de toute urgence abandonner ses buts politiques et accepter enfin le résultat de l’élection du 25 janvier. Elle doit aussi respecter sa propre parole, celle qui, le 20 février, affirmait que la Grèce devait décider de ses propres réformes dans le cadre du programme. Sinon, la rupture deviendra inévitable.

Source : Romaric Godin, La Tribune, 25/06/2015

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Le courage d’Achille, la ruse d’Ulysse, par Jacques Sapir

Les dernières péripéties dans la négociation entre le gouvernement grec et ses créanciers mettent en lumière les contre-sens de beaucoup des commentateurs. Ils partent du principe que le gouvernement grec « ne peut que céder » ou « va immanquablement céder » et considèrent chaque des concessions tactiques faites par le gouvernement grec comme une « preuve » de sa future capitulation, qu’ils la regrettent ou qu’ils l’appellent de leurs vœux. De ce point de vue, il y a une étrange et malsaine synergie entre les plus réactionnaires des commentateurs et d’autres qui veulent se faire passer pour des « radicaux » et qui oublient sciemment de prendre en compte la complexité de la lutte conduite par le gouvernement grec. Ce dernier se bat avec le courage d’Achille et la ruse d’Ulysse. Disons déjà qu’aujourd’hui tous ceux qui avaient annoncé la « capitulation » du gouvernement grec ont eu tort. Il faut comprendre pourquoi.

Le point de vue du gouvernement grec

En fait, le gouvernement grec bien fait des concessions importantes depuis le mois de février dernier, mais ces concessions sont toutes conditionnelles à un accord général sur la question de la dette. Il faut savoir que c’est le poids des remboursements qui contraint le gouvernement grec à être dans la dépendance de ses créanciers. Le drame de la Grèce est qu’elle a réalisé un effort budgétaire considérable mais uniquement au profit des créanciers. L’investissement, tant matériel qu’immatériel (éducation, sante), a donc été sacrifié sur l’autel des créanciers. Dans ces conditions, on ne peut s’étonner que l’appareil productif de la Grèce se dégrade et qu’elle perde régulièrement de la compétitivité. C’est cette situation que le gouvernement actuel de la Grèce, issu de l’alliance entre SYRIZA et l‘ANEL, cherche à inverser. Le gouvernement grec ne demande pas des sommes supplémentaires à ses créanciers. Il demande que l’argent que la Grèce dégage puisse être utilisé pour investir, tant dans le secteur privé que public, tant dans des investissements matériels qu’immatériels. Et sur ce point, il n’est pas prêt à transiger, du moins jusqu’à maintenant.

Les mauvaises raisons des créanciers

Les créanciers de la Grèce, quant à eux, continuent d’exiger un remboursement intégral –dont ils savent parfaitement qu’il est impossible – uniquement pour maintenir le droit de prélever de l’argent sur la Grèce via les intérêts de la dette. Tout le monde sait qu’aucun Etat n’a remboursé la totalité de sa dette. De ce point de vue les discours qui se parent d’arguments moraux sont parfaitement ridicules. Mais, il convient de maintenir la fiction de l’intangibilité des dettes si l’on veut maintenir la réalité des flux d’argent de la Grèce versles pays créanciers. Quand, ce 24 juin, Alexis TSIPRAS a constaté l’impossibilité d’arriver à un accord, ce qu’il a résumé dans un tweet en deux parties, il a pointé ce problème.

Il insiste sur le fait que le comportement des dirigeants européens montre soit qu’ils n’ont aucun intérêt dans un accord, et la négociation est vaine, ou qu’ils poursuivent des intérêts « spéciaux » qu’ils ne peuvent avouer. L’accusation est grave, même si elle est très réaliste. Et c’est peut-être l’annonce d’une rupture à venir.

En fait, on peut penser que les « créanciers » de la Grèce, et en particulier les pays de l’Eurogroupe, poursuivent deux objectifs dans les négociations actuelles. Ils veulent, tout d’abord, provoquer la capitulation politique de SYRIZA et ainsi, du moins l’espèrent-ils, sauver la politique d’austérité qui est désormais contestée dans de nombreux pays, et en particulier en Espagne comme on l’a vu avec la victoire électorale de PODEMOS. Mais, ces pays veulent aussi maintenir le flux d’argent engendré par les remboursements de la Grèce, car ce flux profite largement aux institutions financières de leurs pays. Tsipras a donc parfaitement raison d’indiquer un « intérêt spécial », qui relève, appelons un chat un chat, de la collusion et de la corruption.

Il est, à l’heure actuelle, impossible de dire si le gouvernement grec, désormais menacé par l’équivalent d’une « révolution de couleur » arrivera à maintenir sa position jusqu’au bout. Mais, jusqu’à présent, il a défendu les intérêts du peuple grec, et au-delà, les intérêts des européens, avec la force d’un lion. Nous n’avons pas le droit d’oublier cela et nous nous en souviendrons quel que soit le résultat final de cette négociation.

Source : Jacques Sapir, 24/06/2015

Source: http://www.les-crises.fr/grece-pourquoi-les-discussions-navancent-pas/