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Hollande et les occasions perdues, par Jacques Sapir

Tuesday 21 October 2014 at 00:17

Sévère tribune du 15/10/2014

Monsieur François Hollande,

En mai 2012, vous étiez élu Président de la République française. Nous sommes aujourd’hui, le 15 octobre, pratiquement à mi-mandat, et jamais un Président n’avait été aussi discrédité, voire détesté que vous ne l’êtes aujourd’hui. Les chansonniers, qui ne sont pas bons et c’est pourquoi ils nous amusent, dressent de vous des caricatures qui nous semblent, à la lecture de vos actes en-deçà de la vérité. On vous voit, l’air fourbu, le regard égaré, errer sous les critiques et les huées. Votre mandat est un échec. Cela peut arriver, et nul politicien ne peut prétendre détenir la clef du succès. La permanence et la répétition des échecs pourtant interrogent. Au XVIIIe siècle, le Prince de Ligne écrivait ainsi « Ce n’est pas qu’il ne soit permis d’être malheureux. Nous ne sommes point à Carthage ((Carthage, où l’on mettait à mort un général défait.)), mais, sans que cela soit poussé aussi loin, il serait bon de savoir pourquoi un général qui a été battu l’a été ». Or, des défaites politiques, vous les avez accumulées.

Mais le désastre est à ce point total, en économie comme en politique extérieure en passant par le social, qu’il nous interroge. Napoléon écrivait, il y a près de deux siècles « à la guerre, un grand désastre désigne toujours un grand coupable ». C’est aussi vrai de la politique. Ce désastre vous désigne. Il convient d’en comprendre la cause.

Des occasions perdues

Votre mandat aura été celui des occasions perdues, et en cela il laisse à tous un tragique goût d’amertume au fond de la bouche. La toute première fut celle qui s’offrait à vous avant même votre élection. Je vous avais, avec quelques collègues, adressé une lettre ouverte avant même le second tour en vous demandant de soumettre à référendum le projet de traité concocté par Mme Merkel et Nicolas Sarkozy. L’eussiez-vous fait, vous auriez eu, il n’en faut pas douter, entre les mains une arme d’une puissance redoutable pour mener à bien une véritable renégociation de ce traité. Mais, vous fîtes la sourde oreille. Vous vous êtes contenté d’un codicille à ce texte, le TSCG, qui marquait l’engagement de l’Europe dans la logique austéritaire où nous nous trouvons maintenant. J’en avais tiré les conséquences, et décidé, avec plus de deux millions de Français, de m’abstenir lors du second tour de l’élection présidentielle.

Engagé dans cette logique, vous en avez rapidement mesuré les conséquences. Certes, M. Mario Draghi, le Président de la Banque Centrale Européenne, vous a bien aidé par des déclarations qui surent impressionner les marchés. Mais, tout a une fin. M. Draghi arrive au bout des effets de ses déclarations. La BCE se voit limitée dans son action par la menace allemande. Le marché, désormais, n’achète plus les déclarations de M. Draghi. Tout ceci était prévisible. Vous ne pouviez ignorer que Mario Draghi achetait du temps. Le temps s’est aujourd’hui écoulé.

Survint alors la deuxième occasion. En décidant d’intervenir au Mali, vous avez pris une décision que je crois juste, même si les raisons pour lesquelles vous l’avez prise sont plus obscures. L’intervention française, qui vient ajouter au nombre des opérations extérieures de nos forces armées, pèse financièrement. Vous aviez la possibilité d’aller à Bruxelles et de dire à nos partenaires que soit ils venaient avec nous soit ils devaient nous délier de nos engagements financiers et manifester sur ce terrain une solidarité qu’ils nous refusaient en réalité sur le théâtre des opérations. En un mot, l’intervention au Mali, puis au Centrafrique, vous offrait l’opportunité de provoquer la renégociation de ce pacte auquel vous aviez si imprudemment souscrit. Et, là, la position de la France aurait été très forte. Vous aviez la possibilité de confronter Mme Angela Merkel à ses contradictions. A nouveau, vous vous êtes contenté de bonnes paroles et de gestes symboliques.

La troisième opportunité perdue se situe entre ce printemps et la désastreuse décision de suspendre la livraison du « Mistral » à la Russie. La France avait la possibilité, de par son histoire mais aussi sa position internationale particulière, en ne s’associant pas à la deuxième, ni à la troisième, vague des sanctions, d’ouvrir un véritable dialogue avec la Russie. Nicolas Sarkozy, votre prédécesseur, avait compris cela. Il l’avait mis en pratique en août 2008 lorsqu’éclata la crise entre la Géorgie et la Russie. En décidant de vous aligner sur les Etats-Unis et sur l’Union Européenne, vous avez, au contraire signifié la disparition de la France. J’en souffre bien sûr pour mon pays, mais ceci n’est en rien essentiel. Cette disparition d’une politique étrangère indépendante implique aussi que la confrontation entre les États-Unis et leurs alliés et la Russie peut se poursuivre au détriment de la notion d’Europe, qui est la première, mais non la seule, victime de cet affrontement. Il en a résulté une guerre en Europe. La France s’est déshonorée en soutenant implicitement les héritiers idéologiques du nazisme et en apportant sa caution au projet de nationalisme « ethnique » d’une partie de la classe politique ukrainienne.

Faiblesses d’une politique, faiblesse d’un homme

Ces occasions perdues, si elles avaient été utilisées différemment, auraient pu vous permettre de reprendre la main. Vous avez décidé de choisir de ne pas choisir. Vous vous êtes refusé à la construction d’un rapport de force, que ce soit en politique économique ou en politique internationale. Il en va de même en politique intérieure.

Dans une note publiée sur ce carnet il y a à peu près un an, j’analysais vos choix possibles1. Je prédisais qu’en nommant Manuel Valls comme Premier-Ministre, ce que vous vous êtes résolus à faire ce printemps, vous choisissiez une impasse. Je cite mes propres mots de l’époque : « La seconde possibilité est un remaniement ministériel avec le choix de Manuel Valls, le Ministre de l’Intérieur, comme Premier Ministre. François Hollande chercherait à capitaliser sur la popularité actuelle de Valls. Mais, ce faisant, il prend le risque de l’user prématurément. D’ailleurs, le choix de Manuel Valls n’a de cohérence que s’il s’accompagne d’une ouverture vers le centre-droit. Mais, le centre est en France comme le mythique « triangle des Bermudes » : quand on l’atteint, on disparaît. Ce gouvernement Valls pourrait faire illusion pour une période de 6 mois à un an, mais après la France se retrouverait dans un état pire qu’aujourd’hui. Un gouvernement Valls serait un chiffon rouge devant le Front de Gauche et une partie de la Gauche socialiste alors que, dans le même temps, les forces d’appoint centristes seraient probablement insuffisantes. La pays irait de crise sociales en crises politiques, avec à la clef une probable dissolution de l’Assemblée dans un délai d’un an. » C’est très exactement la situation où nous sommes, et la dissolution surviendra sans doute au printemps 2015. En nommant Manuel Valls vous avez nommé un ambitieux qui comprend, et c’est évident, qu’il doit rompre symboliquement avec vous et vous faire porter le fardeau de cette rupture. De provocations en petites phrases il vous forcera à se séparer de lui, s’étant entre-temps construit l’image d’un homme du « centre », de responsable, et de soumis aux diktats du MEDEF. En attendant, vous aurez foulé aux pieds tous vos engagements, et vous aurez déçu même les plus aveugles de ceux qui vous soutiennent.

On mesure que les faiblesses de votre politique, ses hésitations multiples, ses nombreux reniements, ne font que traduire une faiblesse plus personnelle, que vous masquez tant sous l’apparence d’un boute-en-train débonnaire que sous le masque d’une personne dure aux faibles et soumise aux puissants. Cette faiblesse, c’est l’incapacité à prendre des décisions qui coûtent, c’est la volonté de toujours ménager la chèvre et le chou. Mais l’on ne sait que trop qui mange qui dans ce genre de situation. Cette incapacité à trancher, à savoir qui véritablement vous voulez être, est votre Némésis. Ce qui n’est en somme qu’un problème de caractère devient désormais un problème politique pour tous les français. Peu m’importe que vous soyez hué et vilipendé. Mais, ce qui importe à des millions de personnes c’est que votre action précipite notre pays, et à travers lui l’Europe, dans une crise sans égale. La protection sociale, héritage d’un siècle de luttes, est en train d’être détruite sous vos yeux et avec, si ce n’est votre consentement, du moins votre indifférence.

Partir dignement

Au point où nous en sommes, la seule question qui peut encore être posée est celle des conditions de votre départ. Ce sera votre choix, et ce sera le dernier. Plusieurs possibilités s’offrent à vous, de la dissolution qui susciterait une autre majorité et donnerait le pouvoir véritable au Premier-Ministre issu de la nouvelle assemblée à une possible démission. Mais, désormais, votre impopularité et le rejet général dont vous êtes l’objet sont devenus des problèmes pour les institutions de la République. Vous abimez votre fonction, vous abimez la République et, en fin de compte, vous abimez la France.

Prenez garde de ne pas rester, une fois encore, dans cet « entre-deux » que vous affectionnez tant. Les français sont à bout. Si vous tergiversez, ils vous le feront savoir, et ceci risque d’être bien plus déplaisant que la lecture de cette lettre.


  1. Sapir J., « Le choix de François Hollande », publiée sur le carnet Russeurope », 1er Novembre 2013, http://russeurope.hypotheses.org/1652 []

source : Le blog de Jacques Sapir

Source: http://www.les-crises.fr/hollande-et-les-occasions-perdues-par-jacques-sapir/


La Russie face à l’OTAN, par Jean-Michel Vernochet

Tuesday 21 October 2014 at 00:01

Jean-Michel Vernochet est un ancien grand reporter au Figaro magazine, spécialiste de géopolitique.

Voici son intervention lors de la conférence «La Russie face à l’OTAN », organisée ce mois-ci par l’association « France – Russie- Convergence », à Saint Gély du Fesc près de Montpellier.

Une courte interview :

En lien connexe, j’ai vu que la Commission Trilatérale se réunit en novembre à propos de l’Ukraine (Iatseniouk est déjà intervenu devant la Commission…).Les membres pour rappel :

TC_list_3-14(2).pdf | OpeNews.eu by Noname

Les français :

Elisabeth Guigou, Member of the French National Assembly and Chair of the Foreign Affairs Committee; former Minister for European Affairs, Paris

Bruno Le Maire, Member of the French National Assembly; former Minister of Agriculture, Paris

– Jacques Andréani, Ambassadeur de France, Paris; former Ambassador to the United States

Jean-Louis Bruguière, Representative of the French Presidency of the Republic on the EU Equivalent TFTP Project; former EU High Representative to the United States on the Terrorism Finance Tracking Programme (TFTP/SWIFT); Judge, Paris

Jean-Louis Bourlanges, former Member, State Audit Court (Cour des Comptes), Paris; AssociatedProfessor, Institute for Political Studies in Paris; former Member of the European Parliament,Brussels; former President of the European Movement in France, Paris

– Hervé de Carmoy, Chairman of the Supervisory Board, ETAM, Paris; Honorary Chairman, Banque Industrielle et Mobilière Privée, Paris; former Chief Executive, Société Générale de Belgique

– Edmond Alphandéry (Executive Committee), Senior European Advisor, Nomura Securities; Chairman, Euro50 Group; Chairman, CEPS, Brussels; former Chairman, CNP Assurances; former Chairman, Electricité de France (EDF); former Minister of the Economy and Finance, Paris

– Georges Berthoin (Executive Committee), International Honorary Chairman, European Movement; Honorary Chairman, The Jean Monnet Association; Honorary European Chairman, The Trilateral Commission, Paris

– Patrick Buffet, Chairman and Chief Executive Officer, ERAMET, Paris

– François Bujon de l’Estang (Executive Committee), Ambassadeur de France; Chairman, FBE International Consultants, Paris; former Chairman, Citi France; former Ambassador to the United States

– Bertrand Collomb, Honorary Chairman, Lafarge; Chairman, Institut des Hautes Etudes pour la Science et la Technologie (IHEST); Chairman, Institut Français des Relations Internationales (IFRI); Member of the Institut de France, Paris

– Patrick Combes, Chairman and Chief Executive Officer, Compagnie Financière Tradition and Viel & Cie., Paris

– Michel David-Weill, former Chairman, Lazard LLC, worldwide; Chairman of the Supervisory Board, EURAZEO, Paris

– Thierry Déau, Founding Partner, Chief Executive Officer, Meridiam Infrastructure, Paris

– Jean-Luc Decornoy, Partner, KPMG France; Deputy Chairman, KPMG EMA, Paris

– Clara Gaymard, President and Chief Executive Officer, GE France, Paris; City Initiative Leader for GE International

– Jean Lemierre, Advisor to the Chairman, BNP Paribas, Paris

– Dominique Moïsi, Special Advisor to the Director General of the French Institute for InternationalRelations (IFRI), Paris

– Luc Oursel, Chairman and Chief Executive Officer, Areva, Paris

Jean-Claude Trichet (Executive Committee – European Chairman), Chairman, Group of Thirty; Chairman, BRUEGEL Institute; Honorary Governor, Banque de France; former President of the European Central Bank; European Chairman, Trilateral Commission, Paris

Lire : Pouvoirs opaques de la Trilatérale – Olivier Boiral, Le Monde Diplomatique, novembre 2003

P.S. une jolie pensée de l’ancien ministre socialiste Robert Buron laissée en commentaire que je reprends :

« Je suis sûr que les civilisations les plus puissantes, techniquement et militairement, imposeront leurs valeurs aux autres. J’en conclus que le monde finira dans une catastrophe. Comme je n’aime pas l’idée de catastrophe, que j’ai le goût de la vie, et que tout ce qui bloque la vie est pour moi le mal et l’ennemi, je lutterai tant que je pourrai contre ce qui me paraît inéluctable.

Je suis très pessimiste. Je suis persuadé que les technocrates occidentaux créeront une sorte de fascisme mondial, appuyé bien sûr sur les valeurs occidentales. Seulement je lutterai de toutes mes forces contre ces technocrates. [...]

La vérité, ou pour nous, simples hommes ce que nous croyons tel, doit toujours et en toutes circonstances être proclamée. Mais dans le même temps nous devons considérer l’autre comme un frère: non pas abdiquer devant lui, lui donner raison, mais simplement nous réconcilier avec lui, si nous sommes fâchés. Nous ne pouvons aimer l’erreur, nous devons aimer celui qui soutient l’erreur s’il est sincère. Là est le secret de la paix de l’esprit. » Incroyable actualité de cette quasi-prophétie en 1973 juste avant de mourir…

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-face-a-l-otan/


[Novlangue - Évidemment] Hollande : “Je suis aux côtés de Paul McCarthy, souillé dans son oeuvre”

Monday 20 October 2014 at 22:50

Bon, allez, pour clore ce sujet sans grande importance sur lequel on a déjà passé trop de temps, mais très éloquent…

Ce que j’aime chez Hollande, c’est cette hauteur de vue, ce souci d’écouter et de rassembler, ce sens de la mesure, bref, d’être “Le Président de tous les Français”.

En tous cas, je tiens ici à exprimer moi aussi publiquement, TOUT MON SOUTIEN à Paul McCarthy pour le drame qui vient de le frapper (N.B. : non, je ne parle pas du poing, là).

En effet, une vie entière dédiée à la provocation absolue, à se tartiner les parties intimes de ketchup, à peindre des excréments et des godemichés, à mettre en scène des tableaux pornographiques, pédophiles et zoophiles, et, arrivé au faite de la gloire (après s’être fait rossé publiquement à Paris et donc être ainsi devenu le martyr de l’art contemporain néolibéral), et, et…

Et c’est le drame ! : un énorme soutien public de François Hollande, arrrrrggggghhhhh !!! ‘tain, et même pas une peine de prison – même petite, même au pire avec sursis, rien !!!! Argghhhh, salauds de solfériniens !!! De quoi être probablement mis dehors sur le champ de l’association des artistes contemporains néolibéraux !

Solidarité, Paul !

“La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy”, déclare le chef de l’Etat à l’occasion de l’inauguration de la Fondation Louis Vuitton.

Le président François Hollande s’est dit lundi 20 octobre au soir “aux côtés” de l’artiste américainPaul McCarthy, dont l’oeuvre intitulée “The Tree”, à mi-chemin entre sapin de Noël et sex-toy géant de 24 mètres, a été vandalisée place Vendôme à Paris

“La France sera toujours aux côtés des artistes comme je le suis aux côtés de Paul McCarthy, qui a été finalement souillé dans son oeuvre, quel que soit le regard que l’on pouvait porter sur elle”, a déclaré le chef de l’Etat, qui s’exprimait à l’occasion de l’inauguration de la Fondation Louis Vuitton aux portes de Paris.

“Nous devons toujours respecter le travail des artistes”, a-t-il exhorté.

“La France est toujours prête à accueillir les artistes et les créateurs venant de tous les pays du monde”, a encore souligné le chef de l’Etat, insistant : “La France n’est plus elle-même quand elle est recroquevillée, quand elle est tourmentée par l’ignorance, par l’intolérance.”

Pour François Hollande, “le pays tomberait dans un déclin s’il renonçait à être lui-même, s’il avait peur de l’avenir, peur du monde“, a-t-il encore souligné.

Ce type se drogue, je crois que c’est clair…

Paul McCarthy a renoncé samedi à réinstaller son oeuvre polémique, vandalisée dans la nuit de vendredi à samedi par des inconnus qui ont débranché l’alimentation de la soufflerie servant à la gonfler.

Un inconnu avait giflé l’artiste jeudi pendant qu’il installait l’oeuvre sur la prestigieuse place parisienne, avant de réussir à prendre la fuite. De l’aveu même de Paul McCarthy, 69 ans, elle pouvait autant faire penser à un “plug anal” qu’à un arbre de Noël.

Son installation, provisoire, était prévue dans le cadre de la Fiac, qui s’ouvre mercredi à Paris.

Source : NouvelObs

Paul McCarthy

P.S. “L’artiste en vidéo” :

P.P.S. parce que ça m’a fait sourire (mais je ne l’aurais pas faite entièrement comme ça) – mais je pense que la décence vis-à-vis de Jean Jaurès consiste à appeler ça de son vrai nom : “Solférinisme” (néolibéral libertaire)

Rappel :

2006 : “Je n’aime pas les riches”

2014 : Je suis guéri ?

Source: http://www.les-crises.fr/hollande-je-suis-aux-cotes-de-paul-mccarthy-souille-dans-son-oeuvre/


[Néolibéraux vs. Common Decency] “L’affaire” du Godemiché place Vendôme (+ Expo rien que pour vous, +18)

Monday 20 October 2014 at 02:00

Billet en hommage à Orwell et à sa common decency – si quelqu’un peut faire suivre à Michéa, ça l’intéressera j’en suis sûr, je n’ai hélas pas son mail…

J’avais failli en dire un mot rapide samedi, et puis je suis passé à autre chose de moins insignifiant.

Mais vu les rebondissements, le jeu des médias et les réactions, je me dis que c’est finalement intéressant de développer…

C’est toujours éloquent de comparer ce qu’on nous sert dans les médias (avec des journalistes qui ont 30 min pour creuser le sujet) avec ce qu’on peut trouver après des heures de recherche…

Surtout qu’on ne parle pas beaucoup de culture ici en général – remontons donc le niveau ! :)

ATTENTION, comme ce billet parle d’art contemporain, il est interdit aux mineurs…

La “sculpture”

À l’occasion de la Foire internationale d’art contemporain, ”l’artiste” d’art contemporain américain Paul McCarthy avait installé temporairement jeudi une statue gonflable de 24 mètres sur la place Vendôme :

Paul McCarthy

Sujet ? – euh, pas clair pour certains, comme L’Express, FranceTVinfo ou Libération :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

“Les gens ont vraiment l’esprit mal placé. Là où l’on ne devrait voir, dans cette sculpture de 24,4 m de haut de l’artiste Paul McCarthy, qu’un arbre vert (après tout, on approche de Noël, bientôt on ajoutera les boules), les premières réactions sur Internet penchent plutôt vers le plug anal (mais si, vous savez : un sextoy parfaitement adapté pour rentrer dans les fesses, idéal pour les femmes et les hommes, cela peut aussi être un cadeau à Noël, puisqu’on est dans le sujet). [...]

Arrêtons-nous un instant, respirons (et, on osera, pétons un coup) : oui, c’est drôle. [...]

Après tout, ils viennent bien de mettre un canard géant à Séoul dans un lac, pourquoi n’aurait-on pas nous le droit à un plug anal à Paris? C’est sacrément plus utile.” (Quentin Girard, Libération)

Paul McCarthy

Plus clair pour d’autres :

Paul McCarthy

“Elle s’appelle “Tree”, elle ressemble à un grand sapin vert stylisé ou à un plug anal géant, c’est selon [...] Cet artiste iconoclaste qui depuis les années 70 exhibe une œuvre baroque, scato et vandale, autrement plus sulfureuse que ce sapin de Noël en forme de sextoy.” (Les Inrocks)

Alors petit comparatif (on ne recule devant rien ici)… Sapin de Noël :

Paul McCarthy

Plug anal :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Rappel :

Paul McCarthy

Hmmm, pour départager les hésitants sur ses intentions, cf l’œuvre de “l’artiste” à la fin de ce billet…

La débandade

Dans la nuit de vendredi à samedi, “l’oeuvre” a été dégonflée par des passants, qui ont déjoué la surveillance du gardien :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

La veille, “l’artiste” s’était hélas pris 3 coups de poing d’un passant excédé…

Du coup, il a renoncé à la regonfler… Big perte pour l’attractivité de Paris..

Les réactions

Bien plus intéressant ont été les réactions :

L’inénarrable Bruno Julliard (eh oui, leader étudiant, donc zou, Unef, donc zou, adjoint au maire de Paris à la culture)

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

LI-BER-TÉS : nf, seul principe du solférinisme du début du XXIe siècle.

Paul McCarthy

=> Un beau tableau dans un musée vs. un godemiché géant dans la rue, sérieusement ?

Christophe Girard : nm. Exemple d’homme politique solférinien du début du XXIe siècle.

Paul McCarthy

Shame. : nf.

1.Honte ressentie par un solférinien quand une “oeuvre” a connotation pornographique exposée dans la rue a été simplement dégonflée.

2. Honte ressentie par les gens ordinaire quand on expose dans la rue une “oeuvre” a connotation pornographique.

Paul McCarthy

Heu, donc du coup, on peut exposer aussi des phallus finalement – ça ne parle pas à un enfant non plus…

Paul McCarthy

Paul McCarthy

LI-BER-TÉ : nf, seul principe du solférinisme du début du XXIe siècle.

Paul McCarthy

1. Ben si, les gens en fait… CQFD.

2. Heu, madame Hidalgo, que l’artiste soit libre de créer, c’est bien normal, mais l’art contemporain, il y a des musées pour ça ! Il existe AUSSI la liberté de ne pas se faire agresser dans la rue par des “oeuvres” à connotation pornographiques quand on n’a rien demandé…

 

Ce qui est intéressant, c’est que ce n’est pas, comme on voudrait grotesquement nous le faire croire, un problème “Droite/Réac/Catho/Intégrisme/Heuressombresdenotrehistoire vs. Progressistes/Gauche/Liberté/Futurradieuduparadissocialiste” mais bien un sujet “Néolibéralisme / Libertarisme vs. Common Decency orwelienne”, la preuve, un renfort éloquent :

Paul McCarthy

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Paul McCarthy

Ancien Resp des études de DDVillepin :

Paul McCarthy

Paul McCarthyaa

Les chiens de garde sont là aussi, bien entendu :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

(N.B. journaliste à France Culture)

Slate :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Bah oui, vous jugez indécent un plug place Vendôme, c’est donc ÉVIDEMMENT que vous êtes un soutien du Front National et un fasciste (ils s’étonnent qu’ils montent après le FN avec ces conneries…)

Paul McCarthy

Au fil de Twitter sur #PlugGate :

Paul McCarthy 

Paul McCarthy 

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Bref, le plug anal, nouveau symbole du solférinisme néolibéral…

Paul McCarthy

On a même vu Eolas, d’habitude mieux inspiré :

Paul McCarthy

(Faut se rassurer : c’est comme moi, ils ne savaient pas, mais du coup, ils ont compris, pour ça, et aussi pour le degré élevé de foutage de leur gueule surtout…)

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Alors lisons ce lien sur ce billet du figaroVox :

FigaroVox: Une oeuvre gonflable de 24m de haut a été installée place Vendôme par l’artiste Paul McCarthy. Elle représente un arbre vert stylisé, mais a suscité quolibets et condamnations sur les réseaux sociaux, beaucoup la comparant à un «plug anal». Que pensez-vous de cette sculpture? Pourquoi pensez-vous que cet artiste ait été choisi?

Jean-Louis HAROUEL: Je pense que c’est une bouffonnerie. Je ne prononcerai même pas le nom de l’intéressé, car c’est lui faire de la publicité. Je l’appellerai «le Monsieur qui pollue la place Vendôme». Il souhaite que l’on parle beaucoup de lui et que cela lui rapporte beaucoup d’argent. Ceux qui réagissent à son œuvre rentrent dans son jeu. C’est un bouffon. [...]

D’ailleurs, de manière générale, les prétendus «artistes contemporains» sont des bouffons interchangeables, auteurs de bouffonneries interchangeables. Ceci pour une raison très simple: il n’y a en réalité pas d’œuvre, pas d’art. L’art contemporain repose sur deux dogmes: le remplacement de l’art par l’artiste sacralisé ; le remplacement de l’œuvre par n’importe quoi. On devrait parler de non-art contemporain (NAC).

Depuis la cuvette d’urinoir présentée par Duchamp comme «sculpture» voici un siècle, n’importe quoi peut servir d’œuvre. On prétend que derrière cela se cache une idée géniale, une pensée prodigieuse, que ces soi-disant artistes communiquent avec l’âme du monde, le sacré, nous disent quelque chose de l’être, de la vie. Le directeur du Musée d’art moderne, Jean de Loisy, place le rapport au prétendu «art contemporain» dans le registre de la foi. Si vous l’avez, vous comprendrez la «sculpture» de Duchamp. Dans le cas contraire, vous n’y verrez qu’un urinoir, et ne pourrez jamais comprendre. Tout comme pour l’hostie, avec la foi, on assisterait à une transsubstantiation de la chose présentée, qui ouvrirait la voie vers quelque chose de supérieur, de mystérieux: à «un monde nouveau». La bouffonnerie du NAC possède une dimension religieuse sécularisée. [...]

On veut légitimer le non-art contemporain en essayant de le mettre au même niveau que le grand art du passé. La confrontation repose sur le postulat d’un dialogue entre le prétendu «artiste contemporain» et les grands artistes de jadis. Or il n’y a aucun dialogue possible, mais une lamentable pollution des grands lieux du patrimoine artistique et historique. Tout cela cache une logique mercantile. Une invitation à Versailles, au Louvre ou place Vendôme constitue un grand coup d’accélérateur dans une carrière. Cela fait exploser la cote du bénéficiaire C’est tout ce qui compte. [...]

Cette pollution des hauts lieux classiques profite à l’étroite classe mondiale des milliardaires incultes qui investissent dans les inepties de ces soi-disant «artistes». Ils ont tout intérêt à ce que les prix s’envolent, pour pouvoir revendre avec bénéfice les «œuvres» qu’ils détiennent. [...]

Toutefois, je conseillerais aux internautes de condamner le principe même de l’installation de bouffonneries à côté de chefs d’œuvre, plutôt que l’objet en lui-même. Chercher à savoir ce qu’il peut évoquer, c’est rentrer dans le jeu de l’installateur, qui a tout à gagner à un maximum de scandale. [...]

Cet événement, toutefois, soulève un problème plus grave: le détournement de l’idée d’art, qui de ce fait ne veut plus rien dire. On humilie l’art véritable en l’obligeant systématiquement à cohabiter avec le n’importe quoi du prétendu «art contemporain». Celui-ci, je le répète, n’est qu’une bouffonnerie prétentieuse et de nature spéculative. Cette perte du sens de l’art est symptomatique d’une crise profonde de la société et de la civilisation.

Lire en entier sur le site du FigaroVox

Hmmm, c’est donc ça être réac ????? Un autre alors, encore :

BAUDRILLARD: LA CONJURATION DES IMBECILES (extraits)

Toute la duplicité de l’art contemporain est là : revendiquer la nullité, l’insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu’on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu’on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n’importe qui.

Or la majeure partie de l’art contemporain s’emploie exactement à cela : à s’approprier la banalité, le déchet, la médiocrité comme valeur et comme idéologie. Dans ces innombrables installations, performances, il n’y a qu’un jeu de compromis avec l’état des choses, en même temps qu’avec toutes les formes passées de l’histoire de l’art. Un aveu d’inoriginalité, de banalité et de nullités, érigées en valeur, voire en jouissance esthétique perverse.

L’autre versant de cette duplicité, c’est, par le bluff à la nullité, de forcer les gens, a contrario, à donner de l’importance et du crédit à tout cela, sous le prétexte qu’il n’est pas possible que ce soit aussi nul, et que ça doit cacher quelque chose. L’art contemporain joue de cette incertitude, de l’impossibilité d’un jugement de valeur esthétique fondé, et spécule sur la culpabilité de ceux qui n’y comprennent rien, ceux qui n’ont pas compris qu’il n’avait rien à comprendre. Là aussi, délit d’initié. Mais au fond, on peut penser aussi que ces gens, que l’art tient en respect, ont tout compris, puisqu’ils témoignent, par leur stupéfaction même, d’une intelligence intuitive : celle d’être victimes d’un abus de pouvoir, qu’on leur cache les règles du jeu et qu’on leur fait un enfant dans le dos.

Dépouillée de toute énergie politique, la gauche est devenue une pure juridiction morale, incarnation des valeurs universelles, championne du règne de la Vertu et tenancière des valeurs muséales du Bien et du Vrai, juridiction qui peut demander des comptes à tout le monde sans avoir à en rendre à personne.( Baudrillard)

Paul McCarthy est un des 10 artistes d’art contemporains vivants les plus cotés. Cette sublime oeuvre :

Paul McCarthy

a été vendue 4 562 500 $ en 2011 !

“L’artiste”

Alors qu’apprend-on sur cet “artiste” ?

“Today McCarthy is considered one of the most influential living American artists.” (Source)

“Known for his transgressive performance art pieces that often challenge social conventions, Paul McCarthy is undoubtedly one of the main figures in the West Coast contemporary art scene” (Source)

“Hauser & Wirth announced today that it will devote its entire spring program in New York City to Paul McCarthy, one of America’s most challenging and influential artists” (Source)

“PAUL MCCARTHY HAS long been a legendary figure in contemporary art.” (Source)

“À l’occasion de sa réouverture, la Monnaie de Paris présente Chocolate Factory, une exposition de Paul McCarthy qui s’installe dans les nouveaux espaces d’exposition rénovés de la Monnaie de Paris, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère de programmation d’art contemporain. Figure majeure de la scène artistique internationale et source d’inspiration pour de nombreux artistes, toutes générations confondues, Paul McCarthy insuffle l’énergie et la capacité de réinvention permanente, propre à Los Angeles, dans cette première exposition personnelle d’envergure dans une institution français” (Source)

Il est bien sûr exposé par François Pinault

Au fait, voici un autoportrait de “l’artiste” :

Paul McCarthy

Alors pour finir, et pour que chacun se fasse son idée sur cette affaire sans importance, mais éloquente, voici l’essentiel de l’oeuvre de “l’artiste” :

ATTENTION, expo Paul McCarthy réservée à un public averti – comme à chaque fois…

Paul McCarthy

 

 

 

 

Paul McCarthy

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Paul McCarthy

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Paul McCarthy

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Paul McCarthy

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(Il a même inventé la BarbKen !)

Il a un truc avec le père Noël :

Paul McCarthy

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(Oui, c’est bien un père Noël avec un autre plug anal, c’est récurrent chez lui)

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

(Titre de l’Oeuvre : BLACK PLUG, BUTT PLUG, 2007 – il n’y a que pour les types de Libé pour qui l’obsession de “l’artiste” n’est pas visible…)

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

(L’expo s’apelle bien Shit Plug !!!))

Voici un original en sex-shop pour info :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

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(oui oui, c’est bien une oeuvre, pas une illustration du billet)

Paul McCarthy

(Michael, on ne t’oublie pas…)

GROS GROS “travail” sur Blanche Neige et les 7 nains :

Paul McCarthy

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Paul McCarthy

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Saluons son exposition WS (Blanche Neige) à Los Angeles, classée X :

Paul McCarthy

(“One of the videos features a prolonged scene of Snow White fellating a camera mic.)

(Blanche Neige en pleine fellation sur le micro de la caméra)

Paul McCarthy

(An image from one of the videos on display.Credit Suzanne DeChillo/The New York Times)

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(Oups, l’acteur a oublié un truc…)

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Un mémorable film, tout en finesse :

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Quel plus beau résumé de son oeuvre :

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Encore mieux vu du ciel :

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Bref :

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Relecture de Pinocchio :

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(mais oui, t’es mignon…)

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(eh oui ma cocotte, il se fout de ta gueule à un point que tu n’imagines même pas – ça me fait de la peine…)

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(ce n’est pas “l’art” qu’il faut chasser, en effet…)

P.S. : mon conseil à Hidalgo : prochain challenge, plein de pénis en plastique sur les Champs-Elysées maintenant….

P.P.S. “L’artiste en vidéo” :

La vision des Inconnus – qui n’a pas pris une ride :

Allez, courage, plus que 2 ans et demi (avant encore pire ?) !

Paul McCarthy

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Ben si, c’était un Sapin finalement… :

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Paul McCarthy

Épilogue dans ce billet :

Source: http://www.les-crises.fr/godemiche-vendome/


[Cacocratie] Parisot et Varin nommés administrateurs d’EDF…

Monday 20 October 2014 at 00:59

Cacocratie : du grec kakos, mauvais et kratos, pouvoir, autorité.

Terme peu usité, la cacocratie désigne le gouvernement par les plus mauvais, les pires. Il s’oppose à l’aristocratie.

Le mot cacocratie a le même préfixe que “cacophonie”, assemblage de sons désagréables à entendre.

Sans commentaire – mais ça a failli m’échapper (Les Echos)…

Merci M. Hollande, de la part de vos électeurs !

P.S. Parisot, ancienne présdiente du Medef et présidente d’Ipsos (donc totalement qualifiée sur l’énergie) ; Varin, ancien président de Peugeot qu’il a failli couler (La Tribune).

Source: http://www.les-crises.fr/parisot-et-varin-nommes-administrateurs-d-edf/


[Reprise] Le Crédit Agricole aurait-il un problème avec les lanceurs d’alerte ? Par Delphine Dechaux

Monday 20 October 2014 at 00:41

Le Crédit Agricole aurait-il un problème avec les lanceurs d’alerte ?

Par Delphine Dechaux


Le siège du Crédit Agricole à Montrouge. (Jacques Demarthon/AFP)

Elle s’appelle Ida de Chavagnac. Calme et élégante, cette analyste financière raconte son histoire. Elle assure avoir été licenciée du Crédit Agricole pour avoir donné l’alerte sur des pressions commerciales n’ayant pas leur place dans le contrôle des risques d’une banque. Si l’utilité des lanceurs d’alerte n’est plus à prouver depuis l’affaire Snowden, leur protection est loin d’être assurée en France. Témoignage.

Ida de Chavagnac travaillait dans l’équipe “des analystes des risques de crédit de contreparties” du Crédit Agricole. Ce métier au nom compliqué consiste à étudier sous toutes les coutures les “contreparties”, c’est à dire les sociétés financières (assureurs, banques, fonds) à qui la banque prête de l’argent. Ensuite, les analystes donnent à chaque “contrepartie” une note. Les rapports produits par ces moines bénédictins de la banque sont incompréhensibles pour les profanes mais essentiels : s’ils apprécient mal la solvabilité d’un gros emprunteur et que celui-ci fait faillite, le Crédit Agricole, première banque de détail française – un Français sur quatre y possède un compte- peut lui-même se trouver en péril.

Ce métier méconnu, Ida de Chavagnac l’a pratiqué pendant 22 ans, dont 15 chez CACIB, la banque d’investissement du Crédit Agricole. Sa carrière se déroulait sans encombres jusqu’en mars 2010. A cette date, un nouveau responsable prend la tête de son service. Très rapidement, elle constate que son supérieur n’a pas la même appréciation des risques que ses prédécesseurs. “Il n’hésitait pas à surévaluer la notation d’un client, et à me demander d’en faire de même, si cela pouvait favoriser les services commerciaux. Et il me demandait d’accorder systématiquement les limites de crédit demandées par nos clients”, dit-elle (cf document à la fin de cet article).

Dossiers retirés, bonus supprimé

Parfois, elle constate même que son chef passe la ligne rouge : “Je l’ai vu octroyer des limites de crédit à des établissements qui ne publiaient pas de comptes ou qui étaient soupçonnés de blanchiment d’argent dans nos réunions”, rapporte-t-elle.

C’est le début d’un bras de fer entre l’analyste et son supérieur : celui-ci exige qu’elle note de façon plus positive les clients de la banque. Elle s’y refuse, jugeant que son métier consiste à évaluer objectivement les risques, pas à développer le chiffre d’affaires de la banque. Ne parvenant pas à lui imposer ses vues, son supérieur lui retire peu à peu des dossiers.

Fin 2012, le conflit s’envenime. Le supérieur d’Ida de Chavagnac décide de la sanctionner : elle est privée de bonus, pour la première fois de sa carrière. Une punition justifiée par une appréciation très négative. La salariée est accusée “de ne pas favoriser suffisamment l’intérêt commercial de la banque”.

Quid de la nécessaire “muraille de Chine” ?

Le reproche a de quoi surprendre sous la plume d’un contrôleur des risques. Car l’intérêt commercial de la banque et l’appréciation des risques obéissent à des intérêts opposés: plus la note de crédit est faible, moins la banque gagne d’argent. A l’inverse, si les clients sont bien notés, la banque peut réaliser des marges importantes, ce qui l’incite à ouvrir les robinets du crédit. Dans une banque qui fonctionne correctement, les objectifs commerciaux doivent donc être séparés par une “muraille de Chine”.

Ida de Chavagnac considère la suppression de son bonus comme une mesure d’intimidation : on veut lui imposer une dérive commerciale qu’elle juge inacceptable. Elle décide alors de donner l’alerte. En octobre 2013, elle rencontre un premier manager, qui lui donne tort. Puis un deuxième, qui récuse à nouveau ses accusations. La direction des ressources humaines lance une enquête à laquelle elle refuse de participer. Pour elle, le Crédit Agricole s’écarte du sujet en plaçant le débat sur le terrain de la souffrance au travail. “Je ne voulais pas me plaindre de harcèlement et je n’avais rien de personnel contre mon chef. Je voulais simplement que la banque mette fin à ses manquements déontologiques”. En décembre 2013, l’enquête conclut à un non-lieu.

Licenciée pour faute après avoir alerté le DG

Le 6 janvier dernier, en désespoir de cause, Ida de Chavagnac s’adresse à un directeur général de la banque. La réponse tombe le 10 janvier 2014 : licenciement pour faute. Le motif invoqué par la banque est le suivant : la salariée est accusée “d’avoir proféré de graves accusations à l’encontre de son supérieur hiérarchique et de les avoir maintenues alors que l’enquête avait conclu que (celui-ci) n’était coupable d’aucun comportement répréhensible”.

“Jamais je n’aurais imaginé que cela irait si loin”, explique l’ancienne salariée, mère de quatre enfants. “J’ai agi uniquement dans le but de défendre les intérêts à long terme de la banque”. Ni harcelée ni militante, elle découvre qu’elle appartient à la race désintéressée et isolée des “lanceurs d’alerte”. Estimant que la banque n’a jamais cherché à vérifier le bienfondé de ses accusations, elle a lancé deux procédures. Devant le tribunal des prud’hommes, elle demande la nullité de son licenciement et sa réintégration dans la banque. Point important, elle refuse de demander des indemnités : elle ne veut être soupçonnée en aucune manière de chantage à l’égard de son employeur. Elle a également porté plainte contre le Crédit Agricole pour “corruption et tentative de corruption”.

Difficile de dénoncer des faits en France

“Ida de Chavagnac est l’exemple même de la collaboratrice qui a agi dans le respect de la loi et n’a pas été écoutée”, estime William Bourdon, son avocat. “Ce cas est emblématique du fait qu’en dépit des différentes lois votées en France depuis 2008 il reste très difficile de dénoncer des faits dans une entreprise et d’en attendre une réaction adéquate”, poursuit-il.

En France, Stéphanie Gibaud, la whistleblower qui a révélé l’évasion fiscale chez UBS, a été licenciée et se trouve toujours sans emploi. Au Royaume-Uni, les personnes exerçant des représailles à l’encontre d’un lanceur d’alerte encourent jusqu’à deux années de prison. Au Canada, une autorité indépendante a été créée pour permettre aux lanceurs d’alerte de se confier anonymement.

Contacté par Challenges, le Crédit Agricole a indiqué qu’il ne pouvait commenter un contentieux en cours.


Ce document illustre la dérive que l’analyste du Crédit Agricole a souhaité dénoncer. En janvier 2010, Ida de Chavagnac rédige une note sur l’assureur Axa. Le premier assureur français est l’une des très importantes « contreparties » de la banque. Son supérieur occulte tous les commentaires soulignant les risques qui pèsent sur Axa, pour les remplacer par des appréciations plus positives. Ida de Chavagnac écrit par exemple : “le groupe Axa, de par sa stratégie de croissance externe et sa politique d’investissement, est un groupe plus exposé que les deux autres grandes compagnies d’assurance à la crise”. Son supérieur barre et corrige ainsi: “Le groupe Axa est un groupe solide qui montre sa capacité à intégrer les acquisitions effectuées dans le cadre d’une stratégie volontariste de croissance externe”.

Source : Challenges, 4/10/2014


Pour rappel, un article sur Stéphanie Gibaud, citée dans l’article de Delphine Dechaux

Evasion fiscale : le courage de Stéphanie Gibaud, “La femme qui en savait trop”

Par Edwige Coupez.

Harcèlement, mise à l’écart, menace, brimades. Les mots sont faibles pour décrire l’enfer qu’a vécu Stéphanie Gibaud durant six ans. Spécialiste du marketing et de la communication, elle a travaillé à l’ambassade des États-Unis à Paris et au Racing Club de Lens avant de rejoindre UBS.

“Depuis dix jours, les choses ont évolué de telle manière que ça va finalement beaucoup mieux, déclare l’ex-collaboratrice de la filiale française de la banque suisse UBS sur France Info. Parce que ce bébé qu’est le livre m’aide à comprendre que j’avais raison. Il fallait que je mène ce combat parce que ça a été tellement violent qu’il fallait
expurger toute cette souffrance et toute cette histoire.”

Son livre La femme qui en savait vraiment trop est sorti le 6 février dernier aux éditions du Cherche-Midi. Stéphanie Gibaud raconte son histoire chez UBS France, où elle a occupé le poste responsable du marketing de 1999 à 2008. Son travail était essentiellement d’organiser de grands événements et d’inviter des clients potentiels et des clients de la banque.

“Ma supérieure hiérarchique me demande un jour de juin 2008, en débarquant comme une furie dans mon bureau, de détruire ce qu’il y a sur mon disque dur”

Elle tarde à découvrir ce qui se passe en coulisses. “Je l’ai découvert uniquement parce que l’affaire Birkenfeld a explosé aux Etats-Unis en 2007-2008. Au même moment, c’est comme un mille-feuille. Il se passe mille choses en même temps. Vous êtes perdu… Trop d’informations tuent l’information. On ne comprenait plus rien.”

“Au même moment, on recrute une supérieure hiérarchique avec qui ça ne se passe pas très bien. A ma grande surprise, elle me demande un jour de juin 2008, en débarquant comme une furie dans mon bureau, de détruire tout ce qu’il y a sur mon disque dur, suite à une perquisition à la banque. On n’avait jamais entendu parler de cette perquisition. Il n’y a pas eu de réunion officielle.”

“On m’a demandé de détruire toutes les listes des clients invités sur les événements”, poursuit Stéphanie Gibaud, “les noms et les prénoms des clients, ainsi que le nom de leurs chargés d’affaires. (…) En fait, les chargés d’affaires suisses étaient présents sur les événements que j’ai organisés pendant plus de huit ans et moi j’ignorais que c’était illégal…”

Source : France Info, 16/2/2014

Source: http://www.les-crises.fr/le-credit-agricole-aurait-il-un-probleme-avec-les-lanceurs-d-alerte/


[Vidéo] La Face Cachée du Chocolat

Sunday 19 October 2014 at 03:53

Le chocolat, un plaisir innocent ? Des ONG soupçonnent les producteurs de cacao d’exploiter des enfants dans leurs plantations. Parti enquêter au Mali et en Côte d’Ivoire, Miki Mistrati en ramène des preuves accablantes.

La moitié – soit 1,5 million de tonnes par an – de la production mondiale de chocolat est consommée par les Européens. Mais que savent-ils des conditions dans lesquelles le cacao est récolté ? Malgré les promesses de traçabilité des géants du chocolat, des rumeurs persistantes évoquent des trafics d’enfants exploités dans les plantations, au mépris des lois locales et internationales.

Pour en avoir le cœur net, le journaliste d’investigation Miki Mistrati est parti en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, et au Mali. Des représentants de la filière jusqu’aux responsables ivoiriens haut placés, tous nient l’existence d’agissements illégaux. Pourtant, les images d’enfants filmés en caméra cachée, ainsi que le témoignage d’un membre d’Interpol qui s’est attaqué à ces trafics, confirment qu’il s’agit là d’un fléau de grande envergure.

Source: http://www.les-crises.fr/video-la-face-cachee-du-chocolat/


Charles Gave et Gael Giraud aux Experts sur BFM

Sunday 19 October 2014 at 01:31

Excellente émission du 13/10/2014…

Source: http://www.les-crises.fr/charles-gave-et-gael-giraud-aux-experts-sur-bfm/


Revue de presse internationale du 19/10/2014

Sunday 19 October 2014 at 00:01

La Chine va mal, les USA ne se portent pas très bien, l’UE n’est pas au mieux, le système bancaire non plus, l’usage d’Internet est de plus ne plus cerné (enfin certains tentent de le faire), par contre l’espionnage prospère. Côté positif, il y a quand même l’article de Penny Red, à lire en dernier du coup ;-) A part ça merci à nos contributeurs et bonne lecture !

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-19-10-2014/


[Reprise] Notes sur la “ligne rouge” des Russes, par Philippe Grasset

Saturday 18 October 2014 at 03:32

Je reprends un excellent papier de DeDefensa d’hier.

On peut être d’accord ou pas, mais il faut avouer que ça vole un peu plus haut que Le Monde ou Libération

Comme d’habitude, merci de traduire les passages en anglais en commentaire (et de vous corriger éventuellement entre vous en commentaire du coup si besoin). Je mettrai à jour.

17 octobre 2014 – Plusieurs éléments très concrets montrent que la diplomatie russe est entrée dans une nouvelle époque. Il n’y a plus de “relations privilégiées” avec les USA, selon l’idée de la Guerre froide que les deux grandes puissances nucléaires devaient coopérer pour assurer une certaine stabilité de leurs relations et, partant, des relations internationales, idée reprise en filigrane lors de l’épisode dit du reset des relations Russie-USA, au début de 2009.

La Russie avait averti à de multiples reprises depuis le commencement de la crise ukrainienne, à mesure de la mise en évidence du comportement des différents acteurs de la crise, qu’elle serait conduite à devoir envisager une nouvelle attitude, complètement différente du point de vue structurel, qui prendrait en compte l’hostilité agressive manifestée par les USA (et le bloc BAO) à son encontre, à mesure que se confirmait cette hostilité. Personne, au sein du bloc BAO, n’a entendu la Russie, pour la raison d’ailleurs assez simple que personne n’écoutait puisque tout le monde était (et reste) accaparé par la narrative qui décrit la situation pour le compte exclusif du bloc BAO. La Russie est un pays sérieux, qui ne parle pas pour ne rien dire et qui, en matière diplomatique, entend dire précisément et substantiellement ce qu’elle pense et ce qu’elle fait. En conséquence, la Russie est passée à l’acte.

La fin d’une époque

Il s’agit de la confirmation de ce qu’écrivait Fédor Loukianov le 2 octobre 2014 dans The Moscow Times (voir notre texte du 16 octobre 2014). Nous reprenons l’extrait cité de l’article de Loukianov, qui décrit parfaitement la fin d’une époque :

«Les évènements actuels peuvent peuvent être comparés à un ceux d’un autre point de rupture de l’histoire de la Russie, 1917 — le point où l’Empire Russe disparut pour toujours et où l’état qui lui succéda devint un paria international. Frappée par des sanctions qui fondamentalement avait changé son statut dans le monde, la Russie Soviétique plaçait ses espoirs dans la souveraineté absolue, ou la création d’une économie fermée et auto-suffisante. Je ne suggère en aucune façon que la Russie d’après l’affaire de Crimée soit analogue au pays qui est sorti des flammes de la révolution de 1917. Je dis qu’une fois que les autorités gouvernant un pays ont été déclarées indignes par les autorités étrangères, elles ne peuvent plus jamais réparer les dégâts causés dans leurs relations avec elles… [...]

»Après la fin de la Guerre Froide, le dialogue de la Russie avec l’Ouest pris comme un tout, mais particulièrement avec l’Europe, était basé sur l’hypothèse que la Russie allait finalement devenir une partie d’une “société occidentale” étendue, bien que les deux côtés aient eu des idées différentes sur la façon d’arriver à ce résultat et sur le rôle final qu’y aurait eu Moscou. Cependant ils retenaient l’idée d’un “partenariat stratégique”, une association demandant sinon de la confiance mutuelle sincère, au moins un silence commun sur les points persistants de suspicion. L’application des sanctions a mis fin à tout cela…

»Aujourd’hui, le système politique tout entier de la Russie est incarné par un seul homme. Les tentatives occidentales pour faire pression sur lui ont abouti à de très prévisibles mesures de représailles tant au niveau personnel qu’au niveau du gouvernement. Et à la différence des anciens présidents d’Irak et de Serbie, le Président Poutine a à sa disposition de très impressionnants outils économiques et politiques pour donner force à ses propres moyens de représailles dissuasives. En fait, les sanctions de l’Occident cherchent à évincer la personne même qui à elle seule détermine le cours de la politique russe. Pour Poutine, la question n’est pas seulement de gagner ou de perdre une position tactique dans un jeu. Est en jeu sa propre survie politique, et par extension, le futur paysage politique de la Russie. Avec de tels enjeux, comment attendre de lui des concessions importantes, surtout en sachant qu’il ne pourra jamais restaurer ses relations avec l’Ouest ? ...»

Trois événements décrivent la nouvelle époque

Nous distinguons trois éléments, trois événements apparus ces trois derniers jours qui fixent effectivement la nouvelle ligne de la Russie. Il y a désormais une “ligne rouge”, comme aiment à dire les “communicants” de Washington et du bloc BAO, entre la Russie et le bloc, mais plus spécifiquement entre la Russie et les USA. On a pu en distinguer le tracé ces trois derniers jours, au gré des trois événements en question.

Il est probable qu’avec l’Europe, la Russie peut travailler à chercher des arrangements moins stricts que cette “ligne rouge” qui concerne essentiellement les USA. Mais cela devra être payé, pour les Européens, par un éloignement des USA à mesure. Emettre cette restriction, c’est mettre en évidence le caractère extrêmement incertain de l’hypothèse. (Notre sentiment est sans aucun doute qu’il faudrait des bouleversements en Europe, au niveau des gouvernements des États-membres, pour s’orienter vers de telles conditions qui pourraient rétablir de bonnes relations avec la Russie, au prix d’une certaine distance mise avec les USA. Il s’agirait, par exemple, de changements radicaux de directions, comme l’arrivée de partis “eurosceptiques” à la tête des exécutifs.)

Nous détaillons ces trois événements intervenus dans la politique et la diplomate russes, dans l’ordre chronologique plus que selon un jugement de leur ordre d’importance. Il s’agit ici d’identifier les éléments constitutifs de la nouvelle ligne suivie par la Russie.

La colère de Medvedev

Le premier de ces événements est survenu le 15 octobre 2014, du fait du Premier ministre russe Medvedev lors d’une interview à la chaîne de télévision CNBC. Le choix du moyen de communication lui-même est marquant : CNBC est une chaîne US d’audience nationale. On en déduit évidemment que l’intervention de Medvedev a été faite pour avoir le maximum de retentissement.

Cette intervention est particulièrement dure, dite dans des termes particulièrement crus. Cela est d’autant plus remarquable que Medvedev est un homme jugé en général comme “libéral” dans le sens moderniste du terme, c’est-à-dire un modéré plutôt de la tendance occidentaliste de Moscou, autant qu’un homme calme et mesuré. Qu’importe, Medvedev ne mâche pas ses mots. Il affirme purement et simplement que le président Obama doit être “mentalement dérangé” pour avoir placé, dans son discours de l’ONU, parmi les “menaces contre l’humanité”, la Russie en deuxième position derrière le virus Ebola et avant ISIS/EI/Daesh… (Voir notre texte du 25 septembre 2014.) Cet extraordinaire classement qui relève du plus pur “esprit neocon” sinon d’une dialectique-guignol comme on en fabrique à Kiev, avec le sens des responsabilités à mesure, semble avoir été ressentie à Moscou comme une insupportable insulte faite à la Russie. La réaction de Medvedev est, elle aussi, à mesure.

Obama est-il dérangé (dans sa tête) ?

L’intervention de Medvedev, évidemment présentée sur le site de la CNBC le 14 octobre 2014, est présentée par Russia Today le 15 octobre 2014 dans ces termes :

«Le premier ministre russe a suggéré que les accusations de Barack Obama contre la Russie étaient dues à une aberration mentale. Il ajoute que cette rhétorique l’attriste : “Je suis vraiment choqué par le fait que le président Obama, alors qu’il parlait depuis le podium des Nations Unies et qu’il faisait la liste des menaces et des défis que l’Humanité doit affronter actuellement, ait pu placer Ebola en premier, la Fédération de Russie en second et l’Etat Islamique en troisième place seulement. Cela se passe de commentaire, c’est une sorte d’aberration de l’esprit”, a déclaré Dimitri Medvedev durant une interview avec la chaîne de télévision CNBC.

Cet homme politique, parmi les plus haut placés en Russie, a fait remarquer que son pays ne cherchait pas l’isolement, mais désirait au contraire une coopération mutuelle et profitable avec les nations étrangères. “Bien sûr, cela inclut nos partenaires des États-Unis, mais pour cela, il convient de calmer la situation” a dit Medvedev. Toutefois, le premier ministre a aussi indiqué que les sanctions occidentales avaient infligé des dommages considérables à la coopération entre la Russie et les États-Unis, et que sans annulation de cette politique il ne pouvait y avoir de retour à de bonnes relations de partenariat.»

Le danger de la confrontation suprême

Il y a ensuite l’avertissement discret mais bien réel de Poutine lui-même, qui constitue le deuxième événement de la tendance générale qu’on analyse ici. Le président russe a glissé en fin de sa longue interview au journal serbe Politika (à l’occasion de sa visite en Serbie) quelques mots qui constituent ce qui devrait sans aucun doute être considéré, – si l’on porte quelque attention à ce qui se dit, surtout dans le chef du président d’une puissance comme la Russie, – comme un avertissement sur les dangers d’une confrontation nucléaire au plus haut niveau, particulièrement pour les deux principales puissances nucléaires.

Là aussi, la chose est présentée dans des termes assez fermes puisqu’elle décrit le contexte d’une tentative de “faire chanter” la Russie. Il s’agit bien entendu des relations de la Russie et des USA, dans le cadre de la crise ukrainienne et des relations brutalement détériorées entre les deux puissances. A notre connaissance, c’est la première fois que Poutine évoque, en des termes aussi précis quoique très courtement et d’une façon implicite, la responsabilité marquant les relations entre les deux puissances nucléaires, et le risque suprême si cette responsabilité n’est pas assumée d’une façon satisfaisante, – nous allions écrire “d’une façon responsable“… (Le texte complet de l’interview est notamment publié parRussia Today le 16 octobre 2014.)

On ne fait pas chanter la Russie

Nous présentons ces quelques mots qui concluent l’interview dans le contexte général où ils sont dits, en réponse à la dernière question portant sur les relations de la Russie avec l’Ukraine et avec les USA (“Quel est le futur des relations entre la Russie et l’Ukraine ? Les Etats-Unis et la Russie pourront-ils rétablir un partenariat stratégique après tous ces événements, ou reconstruiront-ils leurs relations d’une manière différente ?”) et le passage que nous choisissons, qui termine l’interview, concerne effectivement et spécifiquement les relations entre la Russie et les USA… (Nous soulignons en gras le passage sur l’avertissement de Poutine).

“En ce qui concerne les liens entre Russie et US, notre but a toujours été de construire un partenariat ouvert avec les Etats-Unis. En réponse, cependant, nous constatons des réserves diverses et des tentatives d’intervention dans nos affaires domestiques. Tout ce qui est arrivé depuis le début de l’année est encore plus perturbant. Washington a soutenu activement les protestations de Maïdan, et lorsque les supôts de Kiev ont monté les unes contre l’autre des régions de l’Ukraine par un nationalisme enragé et plongé le pays dans la guerre civile, Washington a accusé la Russie d’avoir provoqué la crise”.

» Maintenant le Président Barack Obama dans son discours à l’Assemblée Générale de l’ONU a cité “l’agression russe en Europe” comme étant une des trois menaces majeures auxquelles l’humanité avait à faire face aujourd’hui, à côté du Virus mortel Ebola et de l’État Islamique. Avec les sanctions contre des secteurs entiers de notre économie, cette approche ne peut être appelée autrement qu’hostile. Les États-Unis sont allés aussi loin que de suspendre notre coopération dans l’exploration spatiale et l’énergie nucléaire. Ils ont aussi suspendu l’activité de la Commission Présidentielle Bilatérale Russie-États-Unis créé en 2009, qui comportait 21 groupes de travail consacrés, entre autres, au combat contre le terrorisme et le trafic de drogue.

»“En même temps, ceci n’est pas la première dégradation des relations entre nos pays. Nous espérons que nos partenaires réaliseront la futilité de tentatives de faire chanter la Russie et se rappelleront quelles conséquences la discorde entre des puissances nucléaires majeures pourrait apporter à la stabilité stratégique. Pour notre part, nous sommes prêts à développer une coopération constructive basée sur les principes d’égalité et le respect véritable des intérêts de l’autre.”

Le bloc BAO et son problème pathologique

Divers autres sujets ont été abordés dans cette interview, autour des thèmes de la crise ukrainienne et des relations avec le bloc BAO. Il a été question des sanctions, sur le fond général du jugement de Poutine qu’il est particulièrement difficile de comprendre pourquoi elles ont été décidées, en fonction de leur chronologie et des événements en Ukraine, et selon l’appréciation du même Poutine qu’il est complètement absurde de prétendre “isoler la Russie” comme il est dit en général pour commenter les sanctions, par divers personnels politiques du bloc BAO, dont notamment le POTUS washingtonien… Bref, à la question concernant l’“objectif ultime” des sanctions décidées par l’UE et les USA, Poutine répond que cette question «doit être posée à l’UE et aux USA, dont le raisonnement à cet égard est particulièrement difficile à comprendre…».

Quoique dit d’une façon moins tranchante, ce jugement renvoie, pour l’humeur et l’esprit, à ce qu’on a dit plus haut de l’intervention de Medvedev. Il montre d’une façon assez précise que la direction politique russe, avec toutes ses nuances, partage le même jugement sur le comportement du bloc BAO, en le situant au niveau quasi-pathologique d’un dérangement des capacités mentales.

D’une façon générale, l’“avertissement” de Poutine n’a pas été mis en exergue par les commentaires russes, suivant en cela la politique diplomatique russe qui est clairement de manifester avec discrétion une fermeté de fer concernant cette nouvelle ligne. Ainsi, RT, dans son commentaire sur l’interview de Poutine, titre sur l’observation où la tentative d’isoler la Russie est appréciée comme “un but illusoire et absurde”. La phrase sur la “stabilité stratégique”, elle, est citée dans l’avant-dernier paragraphe, sans commentaire particulier (RT, le 16 octobre 2014).

L’héroïsme milanais des FEMEN

D’une façon générale également, la réaction des médias du bloc BAO traite très accessoirement l’avertissement de Poutine, toujours selon cette attitude d’extrême légèreté et de complet mépris pour la position et les activités diplomatiques de la Russie. Ainsi, le Guardian, qui enterre le texte de l’interview dans un commentaire sur les relations de la Russie avec la Serbie, donnait la vedette dans ce domaine, le jour de la parution de l’interview, à ce qui semblait ainsi apparaître comme la grande nouvelle du jour : une manifestation de deux FEMEN à Milan, en marge de la conférence de l’ASEM où l’on reçoit les plus grands (de Poutine à Merkel, de Hollande à Porochenko). Les deux FEMEN avaient à l’esprit d’accueillir avec la vigueur qui convient “un tueur” couvert du “sang des Ukrainiens”. Elles étaient en mini-jupe rouge, sans rien au-dessus bien entendu puisqu’il s’agit d’être héroïque et de ne rien craindre de la violence et de l’injustice du monde ; à propos, le rouge entendait symboliser le fameux “sang des Ukrainiens” et “le tueur”, lui, n’est autre que le président russe. (Voir leGuardian du 16 octobre 2014.)

On observera avec intérêt avec quelle extraordinaire facilité les institutions les plus sérieuses et les plus professionnelles selon leur propre classement, – dito, le Guardian, – peuvent sombrer dans le ridicule et l’extrême futilité lorsque la passion idéologique et sociétale les emporte et leur dicte la narrative à suivre. Quant aux FEMEN, si besoin était la messe est dite, pour décrire ce petit groupe fastueusement financé par les habituelles sources de fric, Soros en tête, pour réduire la politique au degré du zéro absolu et conchier tout ce qui peut exister de structuré dans ce pauvre monde. Le Système fonctionne.

On notera tout de même que, sur l’internet, ZeroHedge.com a bien compris l’importance de l’intervention de Poutine (le16 octobre 2014). Tyler Durden interprète clairement la déclaration lorsqu’il titre : « Putin Warns Of “Nuclear Power Consequences” If Attempts To Blackmail Russia Don’t Stop». Le texte est très court et cite pour l’essentiel une dépêche de Bloomberg.News, qui présente également la phrase de Poutine comme un avertissement sérieux. Durden le termine par cette seule ligne de commentaire qui reprend l’idée : «Opportune timing with markets weak for some nuclear sabre rattling…»

Kerry tout sourire

Le troisième élément que nous voulons mettre en évidence ponctue la rencontre Lavrov-Kerry qui s’est faite le 16 octobre à Paris, dans une bonne atmosphère puisque le secrétaire d’État, abandonnant sa dialectique type-Nuland, s’est montré tout sourire avec son “ami Sergei” pour tenter d’obtenir la coopération des Russes dans la lutte contre ISIS/EI/Daesh. Il s’agissait donc de demander à la “deuxième menace contre l’humanité” d’aider les USA, qui règlent ce qui est bon et ce qui est mauvais pour l’humanité, à lutter cotre la “troisième menace contre l’humanité” dont on sait qu’elle a été constituée, formée, financée, armée, par les USA eux-mêmes avec les amis habituels (Arabie, Qatar & compagnie). Tout cela est très logique et plein du sens des responsabilités.

Après la rencontre, les deux ministres ont fait des déclarations séparées. Russia Today en rapporte la substance le 16 octobre 2014 au soir. Comme on le voit, Kerry ne manque pas de rappeler que les deux puissances, – USA et Russie, – “ont des responsabilités communes importantes”. Il était en effet très important et particulièrement sage, de la part des USA, de rappeler la chose à la face du monde entier et singulièrement à l’ami Sergei. Une pratique aussi constante et en aussi parfaite inconscience de l’inversion, au rythme des narrative, ne laisse guère le temps de reprendre son souffle…

«Néanmoins, Kerry a souligné mercredi l’importance de la coopération dans un large éventail de questions, y compris la lutte contre le terrorisme, en disant que« nous avons ensemble de grandes responsabilités. »« Dans nos discussions d’aujourd’hui, j’ai suggéré au ministre des Affaires étrangères Lavrov que nous intensifions la coopération d’intelligence à l’égard ISIL et d’autres questions de contre-terrorisme relatifs à cette région, et nous nous sommes entendus sur des solutions. Nous avons également convenu d’examiner si la Russie pourrait faire davantage pour soutenir les forces de sécurité irakiennes et FM a en effet reconnu leur volonté de les aider pour ce qui concerne les armes, l’armement … ils le font maintenant, et ils en ont déjà fourni certains, tout autant qu’ils prodiguent formation et conseils », a déclaré Kerry.

»Dans une déclaration distincte afin de résumer leur réunion, Lavrov a déclaré que “nous pouvons mieux coopérer ensemble” et en particulier dans les questions relatives à “la lutte contre le terrorisme, qui est devenue la principale menace pour l’ensemble du Moyen-Orient”. Cependant, la FM russe n’a pas précisé les modalités de cette coopération … »

Bras d’honneur de Lavrov

L’on fut assez prompt, après cette rencontre qui nous annonçait que les monstrueux et barbares tueurs russes étaient après tout extrêmement fréquentables et assez utiles, à conclure que les USA et la Russie, sur injonction souriante des premiers, avaient décidé d’échanger leurs renseignements sur ISIS/EI/Daesh. C’est-à-dire, traduisons, que les Russes acceptaient de fournir aux USA leurs renseignements à ce propos. Il n’en est rien, ont précisé les Russes, – mais vraiment rien du tout.

L’on revient au texte de RT, dont l’essentiel se trouve dans l’annonce du démenti, par le ministre russe des affaires étrangères, de toute coopération de la Russie avec les USA. La Russie explique ainsi que ce n’est pas de la mauvaise volonté, mais simplement la force des choses telles qu’elles sont … Fidèles à leur volonté de concevoir une politique extérieure selon les engagements, les structures et les principes, les Russes font observer par la bouche de Lavrov : 1) qu’il n’existe aucune résolution de l’ONU organisant une coalition contre ISIS/EI/Daesh, et donc aucun cadre légal international pouvant justifier cette coopération  ; et 2) qu’une structure existe entre les USA et la Russie, pour organiser la coopération opérationnelle contre le terrorisme, mais que les USA l’ont eux-mêmes, unilatéralement, mise en sommeil, comme part des sanctions et autres décidées à l’encontre de la Russie dans le cadre de la crise ukrainienne interprétée selon la narrative qui dicte la marche du monde à Washington… Donc, pas de coopération au niveau du transfert de renseignements.

“La Russie a réfuté les allégations médiatiques selon lesquelles Washington et Moscou étaient tombés d’accord sur un partage du renseignement sur les les terroristes de l’État islamique. Les comptes rendus des journaux faisaient suite aux conversations de ce mercredi entre le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov et le secrétaire d’État US John Kerry.

À l’issue de l’échange de Paris, les deux parties ont tenu des conférences de presse séparées. Les comptes rendus suggéraient que les deux personnalités officielles étaient convenues du partage entre leurs deux pays du renseignement sur les militants de l’État islamique en Syrie et Iraq, et de la participation de la Russie à l’entraînement et au conseil des forces de sécurité irakiennes. Vendredi, le ministre des Affaires étrangères de Russie a fait une déclaration selon laquelle « ces propos émanaient du Secrétaire US John Kerry ». Lavrov a souligné que la Russie avait toujours combattu le terrorisme et porté assistance aux autres pays face à la menace terroriste, et continuerait d’apporter son aide à la Syrie, l’Iraq, et d’autres pays de la région pour renforcer leurs capacités de combat dans la guerre contre les extrémistes.

Néanmoins, le ministre ajoutait que la Russie « ne s’impliquerait dans aucune “coalition” instaurée en contournant le Conseil de Sécurité des Nations unies, et en violation du droit international ». L’attention de John Kerry était également attirée sur le fait que dans le cadre de la Commission présidentielle bilatérale entre Russie et USA, il y avait un groupe de travail chargé du contre-terrorisme dont la finalité était d’améliorer la communication et la coopération entre les deux gouvernements au sujet des menaces teroristes. Mais cet échange d’informations mutuellement bénéfique a été suspendu en 2014 par les USA, a rappelé le ministre.”

Avis de rupture

Il est manifeste que ce dernier élément est le plus significatif de ce tournant de la diplomatie russe, autant que de son tournant stratégique et de son tournant conceptuel. La réaction de Lavrov est une sorte de fin de non-recevoir, un avis de rupture non plus seulement dialectique, mais opérationnel. Il constitue une conclusion nette de la séquence qui dit que nous sommes passés d’une ère de coopération structurelle, et d’une certaine complaisance de la part des Russes, – il faut cela pour “coopérer” avec les USA, – à une ère de repli sur les intérêts nationaux avec une éventualité de coopération avec les USA mais selon les normes internationales et en jugeant sur pièces ce que vaut cette coopération.

Le plus original dans cet épisode, – cela n’étonnera personne, – c’est évidemment l’attitude des USA. Il est assuré que les échos de presse selon lesquels les Russes passeraient des renseignements aux USA sont venus d’“officiels” US, c’est-à-dire de la bureaucratie du département d’État. Cela signifie que le département d’État, comme l’administration entière, comme Washington, comme le Système dirons-nous pour faire bref, attendent sans le moindre doute que la Russie coopérera effectivement en fidèle “partenaire” des USA. Il n’est plus question d’Ukraine, d’“agression russe”, d’annexion expansionniste de la Crimée, de sanctions, de rien de tout cela. Tout redevient normal et a Russie tiendra le rôle auquel les USA veulent bien la convier. Il s’agit, à côté de l’affectivité qui triomphe dans la politique du bloc BAO, de l’inculpabilité et de l’indéfectabilité de la psychologie américaniste en mode-turbo, passés au tamis de la doctrine de l’exceptionnalisme… Effectivement, comment peut-on imaginer de refuser ce privilège extraordinaire de voir les USA vous offrir de “coopérer“ en leur passant les renseignements dont vous disposez ?

Hagel et la sagesse de l’OTAN

D’ailleurs, voici une confidence : au fond les USA s’en foutent puisqu’en réalité, seuls eux-mêmes les intéressent… Au même moment où Kerry entreprenait Lavrov et faisait dire par ses fidèles dans la presse-Système que les Russes allaient passer à la casserole du privilège de la coopération, le gentil Hagel, le secrétaire à la défense, l’homme dont on attendait qu’il mît un peu de sagesse et de mesure dans cet incommensurable bordel qu’est, notamment, la politique étrangère US, s’employait lui aussi à en mettre sa dose, de bordel, en agitant le spectre d’une agression russe contre les forces de l’OTAN. La chose n’est pas passée inaperçue du côté russe, et le gentil Hagel lui-même a été désigné à la vindicte de la nouvelle politique de sécurité nationale de la Russie… (Itar-Tass, le 16 octobre 2014)  :

«Russian presidential press-secretary Dmitry Peskov has dismissed US Defense Secretary Chuck Hagel’s rhetoric to the effect Russia was on NATO’s doorstep as unprofessional and alarmist. “We can only regret that rather emotional, alarmist and unprofessional statements are being made,” Peskov told TASS. “Surely, they by no means reflect the real state of affairs.” The realities can easily be seen if one takes NATO maps of 1991 and 2012, he said. “Then nobody will feel in the mood of making any statements, emotional or whatever,” he remarked.

»Speaking at the Association of the US Army’s annual conference on Wednesday Hagel called upon the military to be prepared “to deal with Russia” which, he argued, was “on NATO’s doorstep.” “The demands on the (US) Army will grow more diverse and complicated. Threats from terrorists and insurgents will remain with us for a long time, but we must also deal with a revisionist Russia – with its modern and capable army – on NATO’s doorstep,” he claimed.»

Le coup de la red line

Mais lorsque nous disons que nous sommes passés de l’ère de la coopération à “une ère de repli sur les intérêts nationaux avec une éventualité de coopération mais selon les normes internationales et en jugeant sur pièces ce que vaut cette coopération”, – est-ce bien sûr ? On peut accepter ce jugement si on le tient comme transitoire et intermédiaire. Il indique surtout la rupture des liens du “partenariat stratégique“ de facto entre la Russie et le bloc BAO, principalement les USA, mais il ne limite pas la positon russe à ce seul événement. D’ores et déjà, la Chine attend la Russie, et les pays du BRICS également … Ce “repli sur les intérêts nationaux” introduit en réalité, pour la Russie, une ouverture féconde et extrêmement rapide vers l’Est et le Sud, vers tout-ce-qui-n’est-pas-le-bloc-BAO, par conséquent un réaménagement de fond en comble des relations internationales.

Qui cela étonnera-t-il ? On devine depuis quelques temps que ce réaménagement est inévitable, au rythme de l’aggravation de la crise du bloc BAO, et des exigences et prétentions paradoxales qui accompagnent la chute de cette entité. On sait toutes ces choses et l’on se doute bien que l’on en reparlera plus qu’à leur tour. En attendant, le constat qu’il faut faire est que les Russes, qui sont des gens d’ordre et de rangement d’une part, qui entendent d’autre part gouverner leur propre destinée selon les principes fondamentaux des grandes structurations du monde et non selon les caprices de l’interprétation de communication des événements internes de Washington déclinés au rythme de l’exceptionnalisme US, les Russes donc ont tracé leur “red line” et ont signifié à leurs “partenaires” américanistes que, désormais, ils ne la franchiraient plus. Sans doute les “partenaires” américanistes ne se sont-ils aperçus de rien, ce qui n’a pas beaucoup d’importance puisqu’ils n’ont jamais vraiment tenu compte de la situation internationale et de l’avis et décisions des autres pour développer leur politique extérieure et leur politique de sécurité nationale.

Source : Philippe Grasset, DeDefensa (pensez à soutenir aussi ce site)

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-notes-sur-la-ligne-rouge-des-russes-par-philippe-grasset/