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[Reprise] Comment les rebelles ont-ils fait pour vaincre des forces de Kiev largement supérieures ?

Friday 5 December 2014 at 00:01

Ukraine/Novorossia : Comment les rebelles ont-ils fait pour vaincre des forces de Kiev largement supérieures ?

 

L’auteur anonyme de cette mini-série de trois articles est un blogueur américain (pseudonyme Shellback) qui se présente comme un ancien militaire, expert pour l’OTAN du désarmement à l’époque de Brejnev. Il n’estime pas que la Guerre froide fut une chose rigolote au point que nous devrions essayer de la recommencer. Il répond à trois questions sur ce conflit.

I. D’où viennent les armes ?

Au moment où l’ampleur des pertes ukrainienne commence à être connue – Porochenko admet que l’Ukraine a perdu les trois-quarts de son matériel militaire – les Occidentaux, trompés par la propagande de leurs propres médias, s’imaginent que la Russie a approvisionné les séparatistes en armes et en munitions. S’il est probable que du matériel a franchi la frontière, il existe une autre source d’approvisionnement inconnue de la plupart des Occidentaux.

Ce que la plupart des commentateurs ne veulent pas comprendre à l’Ouest, c’est que l’URSS se préparait à recommencer la Deuxième Guerre mondiale, avec des armées immenses composées de millions de conscrits et de réservistes. Or, des millions de soldats ont besoin d’immenses quantités d’armes et de munitions. Celles-ci doivent être déjà en place au moment de la mobilisation. Par conséquent, on trouvait des dépôts d’armement dans toute la partie occidentale de l’URSS. La plupart de ces sites étaient présentés comme le quartier général d’une division, squelettique en temps de paix, mais destinée à recevoir un flot de réservistes qui y trouverait, le moment venu, tout le nécessaire pour partir au combat.

Les Soviétiques divisaient leurs unités militaires en trois catégories. Autant que je puisse m’en rappeler au bout de trente ans, la Cat. I correspondait aux unités entièrement équipées et prêtes au combat ; dans la Cat. II, elles se composaient d’une partie du personnel, mais de la totalité de l’équipement ; et la Cat III était le niveau minimum. L’idée était que les unités de Cat. I étaient prêtes à démarrer immédiatement (lorsque le Mur est tombé, on m’a dit que les unités d’Allemagne de l’Est étaient prêtes à partir sous 48 heures, ce qui, entre parenthèses, montre qu’elles n’avaient pas l’intention de déclencher l’offensive. Comme il en était de même du côté de l’OTAN, cela explique probablement pourquoi nous sommes toujours là !). Les unités de Cat. II disposaient d’un délai d’une semaine environ, et la dernière de quelques mois.

Toute la tactique militaire soviétique était basée sur des vagues d’attaques (échelons) successives, recherchant les points faibles pour « renforcer le succès ». Ainsi, par exemple, les unités de la Cat. I d’Allemagne de l’Est ou de Pologne, recevaient un soutien d’unités de la Cat. II, positionnées à l’arrière, en Biélorussie ou en Ukraine, et ainsi de suite. Leurs propres unités de soutien se trouvaient positionnées à leur tour dans la République soviétique de Russie, et ainsi de suite.

Lorsque tout cela a pris fin, tout ce système est parti à vau-l’eau. La Russie a repris à son compte le matériel des pays du Pacte de Varsovie, et l’Ukraine, par exemple, a nationalisé ce qui se trouvait sur son territoire. À propos des unités de Cat. I postées en première ligne, la Russie était responsable de l’équipement et de son transfert en Russie. Quant au personnel, les conscrits sont rentrés à la maison et les soldats des différentes nationalités sont repartis chez eux. En bref, d’un jour à l’autre, une division blindée prête au combat s’est transformée en un tas d’équipements destinés à être rapidement rapatriés en Russie par un personnel en sous-effectif. Je ne pense pas qu’il y ait eu des unités de Cat. I en Biélorussie ou en Ukraine. Je crois me rappeler qu’il n’y avait là que des unités de Cat. II. Ces transferts ont été réalisés assez rapidement, et le système soigneusement élaboré a été détruit. J’ai l’habitude d’expliquer ce qui s’est passé par l’analogie suivante : les Russes avaient le fer de la lance et l’Ukraine et la Biélorussie la hampe. L’un et l’autre inemployables sans l’autre partie. Mais les gigantesques dépôts d’équipements nécessaires pour transformer les unités de Cat. II en Cat. I sont restés en Ukraine (ou en Biélorussie).

Pendant des années, la Russie a prétendu que les sites sur son territoire abritaient des divisions réelles. À l’époque, j’étais en contact permanent avec nos forces en Europe et des inspecteurs chargés de l’application du Traité de Vienne, mais la seule chose que trouvaient ces inspecteurs, lorsqu’ils débarquaient sur le site d’une prétendue division de fusiliers mécanisés ou division blindée, c’était des champs entiers de blindés mal entretenus, des officiers et pas de troupes. Nous imaginions à l’époque que le secret que les Russes cherchaient à garder était qu’ils n’avaient pas de soldats : « Ouais, en fait, ils sont sur le terrain, à l’entraînement ! » « C’est ça ! sans officiers et sans blindés ? » Mais comme le traité ne concernait que les équipements, et que les Russes coopéraient totalement là-dessus, ce n’était pas un problème. Entre parenthèses, l’entraînement était impossible. Je me souviens d’une femme russe me disant que son frère commandait une compagnie où il y avait deux soldats ! L’expression technique utilisée était « unités vides ».

Et puis, brutalement, un été (j’ai oublié l’année ; au cours des deux années séparant les deux guerres en Tchétchénie), nous avons reçu un flot de notifications (selon les règles du Traité) qui disaient toutes : « Supprimez de la liste la division mécanisée X., et remplacez-la par la Base d’approvisionnement n. Y, au même endroit. » Lorsque cela a été terminé, il y avait un nombre bien inférieur de divisions (transformées peu à peu en groupe de brigade indépendant) et de nombreuses bases d’approvisionnement. Après réflexion, nous avons pensé que l’idée de base d’approvisionnement était une tentative pour créer des emplois plutôt que de payer des retraites à des officiers en surnombre. Dans les réunions, à l’époque, les militaires russes nous disaient tout le temps qu’ils ne pouvaient pas payer les retraites et le logement des centaines de milliers d’officiers en surnombre. Les autres degrés de la hiérarchie étaient plus faciles à réduire, bien entendu. Les conscrits, il suffisait de les renvoyer chez eux plus tôt. Ces changements étaient la preuve que le vieux système soviétique avait disparu pour toujours.

Les choses ont commencé à changer ensuite. Je me souviens parfaitement de l’un des inspecteurs revenant très excité de l’inspection d’une brigade à Bouïnaksk, en 98 ou 99. Là-bas, ils avaient enfin trouvé une unité avec tout le matériel nécessaire, les hommes et, plus significatif encore, un officier pour commander tout cela. Plus personne ne prétendait qu’une poignée d’officiers fatigués, un champ de matériel, par un coup de baguette magique, se remplirait un jour de conscrits pour devenir une authentique division. Ce processus a dû commencer dans le Caucase du Nord, et est l’une des nombreuses raisons des meilleures performances des Russes dans la seconde guerre de Tchétchénie.

À la fin du processus, l’Armée russe : 1) disposait des commencements d’une structure rationnelle ; 2) avait abandonné l’utopie d’une gigantesque armée formée de nombreuses divisions, avec des problèmes momentanés de main-d’œuvre ; 3) des pseudo-divisions, disposant de stocks d’armes mal gardés par des officiers démotivés, se transformaient en quelque chose de plus sûr et de plus approprié, et le processus d’élimination d’armements obsolètes et dangereux pouvait commencer. Avec un gouvernement stable et de l’argent, beaucoup d’améliorations ont été apportées depuis 2000.

Rien de tout cela ne s’est produit pour les forces armées ukrainiennes (UAF). Il n’est pas difficile d’imaginer que le territoire ukrainien était couvert d’armureries mal gardées et de « formations vides ». Un officiel russe a récemment confirmé cela en affirmant :

« Lorsque l’URSS s’est effondrée, le territoire ukrainien était rempli de millions de fusils, de mines, de postes d’artillerie et d’autres armes. La zone où se déroulent les combats, où Kiev mène aujourd’hui ses opérations punitives, n’est pas une exception. Il y avait là des armureries dont les milices se sont emparées. »

On dit qu’à Slaviansk, en particulier, il y en avait une particulièrement importante dans une ancienne mine.

En bref, l’UAF est dans l’état où étaient les forces russes dans les années quatre-vingt-dix, plus une quinzaine d’années supplémentaires d’abandon. La plupart de ces équipements abîmés ne sont plus en état de marche. Mais si vous cannibalisez 100 chars pour en obtenir 10 en état de marche, c’est mieux que rien. Ici, nous devons nous rappeler que le Donbass est un pays de mécaniciens, de techniciens, d’artificiers, etc., sans parler qu’il compte plein de types qui ont servi en Afghanistan. La plupart des armes utilisées en Ukraine datent de l’époque de la guerre en Afghanistan. Le lance-roquettes multiple BM-21 « Grad », l’arme la plus puissante entre les mains des rebelles, et responsable de destructions effrayantes, par exemple, est en service depuis les années soixante. Les deux caractéristiques du matériel soviétique : facile d’emploi et très très rouillé. On a même vu des types remettre en marche un T-34 qui avait passé au moins 50 ans posé sur un plot en béton sous la pluie et la neige : toutes les caractéristiques évoquées plus haut illustrées d’un seul coup ! [1]

L’autre détail que nous avons appris au moment de l’effondrement est que, à la différence de l’Occident, où les arsenaux sont éclairés à gogo, ceinturés de clôtures barbelées, gardées par des patrouilles armées, etc., qui les rendent très visibles, mais très bien protégées, le style soviétique était d’avoir des sites beaucoup plus discrets, dans des lieux à l’écart, et de se fier davantage au silence pour les sécuriser. Une ancienne mine, comme il y en a beaucoup au Donbass, est l’idéal. Étant donné que le quartier-général de l’Armée soviétique était à Moscou, il est très possible que le gouvernement ukrainien n’ait même pas eu connaissance de la localisation de beaucoup de ces dépôts. L’un des services rendus par Moscou aux rebelles peut avoir été de leur indiquer où chercher.

À partir de là, je n’ai aucune difficulté à imaginer les rebelles pillant un dépôt pour s’emparer d’armes et de munitions. Ils ont le personnel pour les reconditionner et de nombreux vétérans de l’ex-Armée soviétique pour les faire fonctionner. À cela, on peut ajouter le matériel capturé sur leurs positions après la fuite des conscrits ukrainiens, et certains éléments achetés officiellement ou sous le manteau.

Finalement, tout ce dont ils pouvaient avoir besoin de la part de Moscou, c’était une certaine forme de commandement, des équipements de contrôle et du renseignement.

Le problème de l’Ukraine aujourd’hui, est qu’elle dispose des restes rouillés pendant deux décennies de ce qui était supposé à l’origine être la ligne de soutien des éléments les meilleurs et les mieux préparés, mais jamais une force valant pour elle-même. Et, pendant ces années-là, Kiev a vendu le meilleur à l’étranger (la Géorgie s’est approvisionnée auprès de l’Ukraine) et a laissé pourrir ce qui restait. Ainsi, les rebelles et les forces de Kiev sont bien mieux équipés que ce qui aurait été normalement le cas lors d’une révolte de la périphérie contre le centre. Les uns et les autres apprennent sur le terrain, mais les rebelles sont bien plus motivés, tandis que Kiev peut disposer d’un stock d’armement bien plus important.

Mais les rebelles s’améliorent bien plus vite que l’on s’y attendait, et ont un bon stock d’armes et de munitions. C’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup se sont imaginés à l’Ouest qu’ils étaient aidés par les Russes.

II. Les rebelles ont-ils eu des armes secrètes ?

Deux armes décisives dans cette guerre ont donné la victoire aux séparatistes : les missiles anti-aériens portatifs et le lance-roquettes multiple Grad (« grêle »). Au commencement du conflit, Kiev disposait de la supériorité aérienne totale. Peu d’hélicoptères et d’aéronefs, mais les seuls disponibles sur le terrain. En face, les rebelles disposaient de stocks de Sam-7, des lance-missiles portatifs. Comme beaucoup d’armes soviétiques, depuis sa mise en service dans les années soixante-dix, il avait été modifié et modernisé par étapes, et produit en grande quantité. Il est guidé par infra-rouge et mis en œuvre à l’épaule. Il est plus efficace contre les aéronefs attaquant le lanceur de face, c’est-à-dire lorsque l’aéronef se situe dans un angle de tir fermé. Selon le Kiev Post, Kiev aurait perdu dix hélicoptères et neuf avions. Le chiffre est probablement supérieur, mais l’essentiel est que ce système d’arme a réellement anéanti la supériorité aérienne du régime de Kiev. Soit ils ont détruit les avions, soit ils les ont obligés à voler à une altitude ou à une vitesse supérieure et, par conséquent, à être moins efficaces. Ces armes ont transformé la guerre en combat au sol.

Mais la véritable destruction des forces de Kiev, évoquée plus haut, a été réalisée avec les lance-roquettes Grad. Autre système d’arme ancien, le Grad est un camion dont la plateforme supporte 40 tubes lance-roquettes de 122 mm. L’arme n’est pas d’une grande précision – c’est ce qu’on appelle une « arme de zone » – mais le fait que les quarante roquettes peuvent être tirées en vingt secondes signifie qu’avec à peine quelques coups, on peut balancer une quantité effrayante d’explosifs en quelques instants. On trouve de très nombreuses vidéos de tirs de Grad sur Internet, et qui montrent l’efficacité des tirs, en particulier dans les « chaudrons » (ou « котёл » en russe). La majorité des rebelles, comme je l’ai déjà dit, sont des gars qui connaissent le terrain : les routes secondaires, où conduit ce sentier forestier, où se trouve cette colline et comment y arriver sans se faire voir. Les forces de Kiev ne connaissent pas la zone, possèdent des cartes notoirement inutiles (certains informations parlent de cartes des années vingt), et ne disposent pas d’informations.

Parce qu’elles s’appuient sur leur matériel lourd, elles restent cantonnés sur les axes principaux. Leur encadrement est ouvertement incompétent, les troupes sont composées soit de conscrits peu motivés, sous-entraînés, enrôlés de force, soit d’unités de « volontaires » motivés et débordants d’enthousiasme, gonflés aux jeux de guerre vidéos, qui se lancent sur les routes et se retrouvent pris au piège. Dans tous les cas, les forces d’éclairage des rebelles ont facilement repéré leurs positions et désigné les cibles. Quelques coups de réglage, une centaine de roquettes ou plus… C’est ce qui s’est produit à de nombreuses reprises. Le tout accomplit par de petites unités (comme le fameux groupe « Motorola ») et quelques Grad positionnés dans un rayon de vingt kilomètres.

III. Pourquoi ce retournement spectaculaire de situation ?

« P’tits gars contre gros costauds »

Beaucoup, à l’Ouest, se demandent comment les rebelles du Donbass ont bien pu battre les forces ukrainiennes sans une aide considérable de la Russie. Mais c’est oublier que la chose s’est déjà produite de nombreuses fois. Des « petits gars » ont souvent battu de « gros costauds ». Les Vietnamiens ont battu les Américains, les Israéliens ont battu les Arabes en 1948. Mais l’exemple le plus valable pour nous, c’est d’observer comment les Finlandais ont battu les Soviétiques pendant la « Guerre d’hiver ».

En 1939, les Soviétiques franchirent la frontière finlandaise sur toute son étendue. Les Forces armées finlandaises, réduites et peu mécanisées, étaient déterminées et connaissaient le terrain sur lequel elles combattaient. Elles étaient chez elles, après tout. L’Armée rouge était nombreuse, lourdement mécanisée pour les standards de l’époque, mais mal commandée. Staline venait d’éliminer ou d’emprisonner ses meilleurs officiers dans les Grandes Purges.

Qu’est-ce que firent les Finlandais ? Ils auraient pu se rendre ; mais ils étaient Finlandais, et peu disposés à cela. Ils devaient se battre sur deux fronts. Le premier était situé au sud, en Carélie. Là, ils comprirent qu’il ne pouvait y avoir de retraite. Ils construisirent la « ligne Mannerheim » et y installèrent tout l’armement lourd dont ils pouvaient disposer. Un mot finlandais défini leur tactique : « sisu », qui pourrait se traduire en français par « cran », « en avoir dans le ventre » ou « pas question de se rendre ». Un film illustre cette attitude, Talvisota (1989).

Mais les Soviétiques franchirent aussi la frontière nord. On raconte qu’ils avaient reçu en dotation des dictionnaires russo-suédois en vue de leur arrivée de l’autre côté du pays. Là, les Finlandais ne pouvaient pas concentrer leurs armes lourdes et leurs troupes, mais ils ne pouvaient pas non plus se permettre d’être battus.

En Finlandais, le mot « motti » signifie « bûche ». La tactique des Finlandais consista à « tronçonner » les envahisseurs. Le terrain était parsemé de forêts et de lacs gelés, terrifiants pour les conscrits russes [2], ukrainiens et biélorusses, mais un terrain de jeu familier pour les Finlandais. Ils tracèrent des pistes de ski parallèles aux routes utilisées par les Soviétiques. Ils « tronçonnèrent » les colonnes soviétiques avec des abattis (des arbres abattus en travers des routes formaient des obstacles infranchissables). Les groupes de soldats isolés se retrouvèrent pris dans un cauchemar hostile et glacé, avec pour seules ressources ce qu’ils avaient emporté comme nourriture, carburant et munition. Deux soldats se rapprochent pour allumer une cigarette : l’un d’entre eux est abattu par un sniper invisible. Une cuisine roulante est éclairée pour distribuer de la nourriture chaude : un sniper invisible abat le cuistot, un autre détruit la cuisinière. Des troupes soviétiques font une reconnaissance dans la forêt. Elles ne voient rien. Au retour, un sniper invisible abat l’officier. Des divisions soviétiques disparaissent. On ne retrouve que des véhicules détruits et des cadavres gelés. La tactique fonctionne : une force d’infanterie légère réduite, mobile, connaissant le terrain, triomphe de forces beaucoup plus puissantes. La tâche ne fut pas facile, les combats furent acharnés à certains endroits, mais, globalement, cinq ou six divisions soviétiques disparurent purement et simplement (lire A Frozen Hell, de William R. Trotter). À l’époque, bien entendu, la plupart des « experts militaires » parièrent sur les Soviétiques : plus de chars, plus d’avions, plus de troupes, etc. Comme aujourd’hui la plupart des « experts militaires » ont probablement prédit la victoire de Kiev sur les rebelles.

Or, c’est à peu près la même chose qui s’est passé dans l’Est de l’Ukraine. Le mot employé là-bas est « chaudron » (« котёл » en russe). La différence principale est que vous ne pouvez pas créer des « motti » dans une zone de plaine, seulement des « котёл ». Mais la technique est à peu près la même. Collées aux routes, mal commandées, de lourdes unités mécanisées s’avancent trop loin, et se retrouvent coupées de leurs bases. Parfois, elles peuvent rompre l’encerclement, mais la situation s’aggrave si elles restent immobiles : chaque jour, elles disposent d’un peu moins de nourriture, de carburant, de munitions et d’eau. Leur choix est simple : la mort ou la reddition. En Ukraine, les choses se sont passées en été. Au moins les Ukrainiens ne sont pas morts gelés comme des milliers de Soviétiques dans les « motti ».

Et voilà comment les « p’tits gars » (mais qui ont dû être drôlement courageux et déterminés) peuvent battre les « gros costauds ». Nous avons vu la même chose en Irak ou en Afghanistan, d’ailleurs. La différence est que les insurgés afghans ou irakiens sont empêchés par la maîtrise de l’air des Américains de se concentrer pour former des « motti » ou des « котёл ». Une autre ressemblance, et de taille, entre l’Ukraine, la Finlande, le Vietnam, l’Afghanistan et Israël en 1948, note James Clapper, directeur du NIA (USA), est que les attaquants n’ont pas prévu « la volonté de combattre » de l’adversaire. En juin, Porochenko déclarait que toute l’affaire serait traitée rapidement : « En heures, pas en semaines ! » Mohammed Ali, grand stratège militaire, le disait : « Lorsque vous n’avez pas la force d’attaquer frontalement, voletez comme un papillon et piquez comme une guêpe. » Et découpez-les en « motti » si vous en avez l’occasion !

Notes

[1] Il suffit de visionner quelques vidéos pour constater la rusticité et l’ancienneté du matériel employé : pas ou peu d’électronique dans les nombreux blindés des années soixante, voire cinquante ; tout à fait à la portée d’un mécano ou d’un vétéran débrouillard. – NdT.

[2] Souvent originaires du Sud de l’URSS, car Staline doutait de la loyauté des conscrits de la zone frontalière – NdT.

Source : Russia Insider

Source: http://www.les-crises.fr/comment-les-rebelles-ont-ils-fait-pour-vaincre-des-forces-de-kiev-largement-superieures/


[Reprise] La Russie qu’ils ont perdue, par Dimitri Sokolov-Mitrich

Thursday 4 December 2014 at 00:10

Reprise d’un excellent billet traduit par Dedefensa

La Russie qu’ils ont perdue

Nous avons trouvé ce texte du journaliste russe Dimitri Sokolov-Mitrich, dans Pravoslavia.ru (site russe donnant des versions anglaises de certains de ses textes), le 14 septembre 2014, puis repris sur d’autres sites, toujours en anglais, tel que Slavyangrad.org, le 24 septembre 2014. Nous avons décidé d’en réaliser une traduction et une adaptation française pour lui donner la plus grande diffusion possible, parce qu’il nous a paru complètement exemplaire d’une évolution russe assez générale, entre la chute du communisme et la crise ukrainienne. L’article de Sokolov-Mitrich montre bien que l’auteur était au départ un de ces “libéraux-occidentalistes” complètement acquis à la cause américaniste et du bloc BAO, ou disons intoxiqué par elle. (L’article mérite lui-même d’autres commentaires que cette simple présentation. Nous nous y emploierons.)

dedefensa.org, 22/11/2014

La Russie qu’ils ont perdue

Nous étions, somme toute, tombés amoureux fou de l’Amérique. Je me rappelle clairement la passion amoureuse que nous portions à l’Amérique. Quand nous approchions l’âge d’homme, au début des années 1990, la plupart de mes amis n’avait pas le moindre doute à propos des liens qui nous unissaient à la civilisation occidentale. Et ces liens étaient bienheureux, comment aurait-il pu en être autrement ?

Contrairement à nos grand’parents, et même à nos pères, nous ne voyions pas du tout “la plus grande catastrophe géopolitique du vingtième siècle” comme une catastrophe. Pour nous, elle marquait le début d’une ère nouvelle et magnifique. Enfin, nous nous étions échappés de notre cocon soviétique pour plonger dans ce grand et formidable monde du réel. Enfin, nous allions pouvoir assouvir notre appétit de sensations multiples et excitantes. Nous pensions que nous n’étions peut-être pas nés au bon endroit, mais que nous étions certainement nés au meilleur moment possible. C’est inconcevable aujourd’hui mais même l’Église, libérée de la surveillance et du contrôle du communisme, se trouvait dans le même espace sémantique que celui où triomphaient les valeurs occidentales. La célébration du millénaire du Baptême de la Russie et le premier concert des Scorpions chantant Les vents du changement étaient de même nature.

Les guerres en Irak et en Yougoslavie se déroulèrent sans qu’on y prêtât grande attention. Et ce n’était pas parce que nous étions jeunes et indifférents. Moi-même, par exemple, je faisais mes premières armes au journal du Komsomol, dans le département des nouvelles étrangères. Je surveillais les dépêches en anglais pleines des noms de Izetbegovic, Mladic, Karadzic, mais pour une raison quelconque je ne considérais pas cela comme de la moindre importance et signification. Cela arrivait quelque part, loin de chez nous. Et, bien entendu, pour moi la guerre des Balkans n’impliquait aucune implication occidentale. Quel rapport avec l’Amérique ? Aucun.

Dans les années 1990, nous votions pour le parti Yabloko, nous manifestions devant le Parlement pour la démocratie, nous regardions la nouvelle station de télévision NTV et écoutions la station de radio Echos de Moscou. Dans nos premiers écrits de journaliste, nous ne manquions pas une occasion de nous référer au “monde civilisé” et croyions profondément que c’était réellement la civilisation. Au milieu des années 1990, nous nous aperçûmes qu’apparaissaient dans nos rangs des “eurosceptiques” mais ils étaient considérés comme de ces distraits à l’image du professeur Jacques Paganel de Jules Verne. J’ai passé une année entière dans un dortoir d’étudiants avec Pierre le communiste et Arséni le monarchiste. Mes amis des autres dortoirs me voyaient les quitter le soir avec ces mots pleins d’empathie : “Vas-y, retourne à ton asile de dingues”.

Le premier coup sérieux porté à notre enthousiasme pro-occidental vint avec le Kosovo. Ce fut un choc. Brusquement, nos lunettes colorées de rose nous tombèrent du nez. Les bombardements de Belgrade devinrent pour ma génération ce que l’attaque du World Trade Center fut pour les Américains. Notre conscience entama un tournant à 180 degrés ; de la même façon que l’avion transportant le Premier ministre d’alors Eugene Primakov en route vers les USA, au-dessus de l’Atlantique, reçut l’ordre de son passager de rebrousser chemin vers la Russie à la nouvelle de cet acte d’agression de l’Amérique.

A cette époque, il n’y avait pas la moindre propagande anti-occidentale dans nos médias. Notre chaîne NTV nous expliquait, jour après jour, que les bombardements d’une très grande ville européenne était certes un peu … bon, excessif, mais après tout Milosevic était répugnant au-delà de tout ce que le monde avait connu et nous n’avions qu’à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Le programme satirique Poupées présentait la chose comme une querelle dans un immeuble où un voisin saoul torturait la “citoyenne Kosovo” et où personne ne pouvait rien faire pour elle sinon son petit ami, – il avait l’allure avantageuse et le visage de Bill Clinton. Nous acceptions la chose mais, d’ores et déjà, n’y croyions plus guère. Ce n’était plus vraiment drôle. Nous avions commencé à comprendre que le conflit en Yougoslavie était le précurseur des choses à venir.

Le deuxième conflit irakien, l’Afghanistan, la partition finale du Kosovo, le “printemps arabe”, la Libye, la Syrie, furent peut-être des surprises mais nullement des chocs. Toutes nos illusions s’en étaient allées ; nous savions désormais plus ou moins avec quelle sorte de puissants nous partagions notre planète. Pourtant, malgré tout cela, nous gardions notre orientation pro-occidentale. Le mythe d’une Europe bienveillante, à côté d’une Amérique devenue mauvaise, persistait. Le choc du Kosovo perdait peu à peu de sa force et notre position de compromis devenait : certes, bien sûr, nous ne pouvons nous tenir complètement coude à coude avec ces joueurs, mais nous pouvons jouer le grand jeu de la politique et de la civilisation avec eux. Après tout, avec qui d’autres pouvions-nous le faire ?

Même la parade des révolutions multicolores nous apparut comme quelque chose d’une assez mineure importance. Mais sont venus alors Euromaidan et la guerre civile qui a suivi : une démonstration d’une clarté aveuglante que, hors de toutes règles et procédures, avec un “processus démocratique” saupoudré avec légèreté sur le territoire ennemi, nous sommes désormais face à quelque chose qui n’a plus rien à voir avec un quelconque avatar géopolitique mais, d’une façon bien différente, qui est constitué par de très réels systèmes de destruction massive. Il s’agit désormais du seul type d’armement qui peut être utilisé contre une nation qui possède un bouclier nucléaire. C’est aussi simple que ceci : quand vous pressez un bouton et envoyez une fusée vers un autre continent, vous recevrez en riposte les mêmes fusées puissantes. Mais quand vous déployez une chaîne de réaction de chaos successifs sur le territoire de votre ennemi, vous n’avez pas à justifier ni à prouver quoi que ce soit. Agression ? Quelle agression ? C’est un processus naturellement démocratique ! Une volonté naturelle d’un peuple d’être libre !

Nous voyons du sang répandu et des crimes de guerre commis par des soldats ; nous voyons des corps de femmes et d’enfants. Nous voyons une nation entière en train de revenir aux années 1940, alors que le monde occidental, que nous aimions passionnément lorsque nous étions si jeunes, nous déclare simplement que nous imaginons des choses. La génération qui produisit Jim Morrison, Mark Knopfler et les pittoresques Beatles, la génération Woodstock et ses hippies âgés et passés de mode qui ont chanté Can’t Buy Me Love un millier de fois, ne voit pas ces choses. La génération allemande du baby boom d’après-guerre, qui a baissé la tête pour recevoir l’absolution et se faire pardonner les pêchés de ses pères, ne voit pas ces choses.

Le choc est bien plus fort qu’avec le Kosovo. Pour moi et les nombreux milliers de trentenaires avancés qui vinrent au monde avec l’American Dream dans la tête, le mythe du “monde civilisé” s’en est allé pour toujours. Mes oreille résonnent de ces horreurs. Le monde civilisé n’existe plus désormais. Il ne s’agit pas d’un simple moment de mélancolie ou d’une quelconque amertume jalouse mais d’un temps de très sérieux danger. L’humanité qui a perdu ses valeurs morales est en train de se transformer en une productrice de bande de prédateurs et la possibilité d’une grande guerre est juste une question de temps.

Il y a vingt ans, nous n’avons pas été vaincu, nous avons été soumis. Nous n’avons pas perdu une guerre ; nous avons été défait dans le sens culturel du terme. Nous voulions simplement devenir comme EUX. Le rock and roll a joué un bien plus grand rôle dans cette défaite que les têtes nucléaires. Hollywood s’est avéré bien plus puissant que toutes les menaces et tous les ultimatums du monde. Le vrombissement des Harley Davidson fut bien plus efficace que le tonnerre des avions de combat durant la Guerre froide.

Amérique, combien tu peux être stupide ! Si tu avais attendu vingt ans, nous serions devenus tiens pour toujours. Il aurait suffi de vingt années de plus à ce régime et nos politiciens t’auraient donné nos armes nucléaires comme un présent d’allégeance et t’auraient longuement serré la main en signe de gratitude pour l’avoir accepté. Quelle bénédiction ce fut que tu te sois révélée si stupide, Amérique !

Tu n’as aucune idée de qui nous sommes ! Il y a juste deux ans, on disait que nous étions sur le point de nous précipiter pour investir le Kremlin en hurlant. Depuis lors et à cause de toi, Amérique, il n’y a plus grand monde dans les manifestations dans les jardins publics. Tu as dit et pensé des choses complètement absurdes et tu as obtenu comme résultat d’empiler erreur après erreur. Il fut un temps où tu étais le plus séduisant de tous les pays, Amérique. Après la Première Guerre mondiale, tu t’es imposée comme moralement supérieure à l’Europe, et après la Seconde Guerre comme la plus grande puissance. Bien sûr, il y eut Hiroshima, le Vietnam, le Ku Klux Klan et un ensemble de vilaines casseroles de ce genre, comme tous les empires. Mais l’un dans l’autre, tous ces déchets n’avaient pas atteint ta masse critique, celle où le vin tourne au vinaigre. Tu montrais au monde entier comment l’on devait vivre avec un but : d’une façon constructive, avec le sens de la création et la liberté. Tu as accompli des miracles dans des pays comme l’Allemagne de l’Ouest, le Japon, la Corée du Sud, Singapour. Mais depuis cela, tu as changé. Pour quelque raison que j’ignore, tu n’écris plus des chansons que le monde entier reprend en refrain. Tu as gaspillé ta principale richesse, – la moralité, qui est tombé à un si bas niveau, – ce qui ne se restaure pas aisément.

Tu es doucement en train de mourir, Amérique. Et si tu crois que je m’en réjouis, tu te trompes. Les grands bouleversements d’une ère historique sont toujours accompagnés de torrents de sang et je n’aime pas le sans répandu. Nous, qui avons subi les affres de la perte d’un empire, nous pourrions t’expliquer ce qu’il en coûte de mal agir. Mais nous ne le ferons pas. C’est à toi d’expérimenter la chose.

Dimitri Sokolov-Mitrich

Source et traduction : dedefensa.org

Source: http://www.les-crises.fr/la-russie-qu-ils-ont-perdue/


[Reprise] Ukraine, nouveau Rideau de Fer, par Diana Johnstone

Thursday 4 December 2014 at 00:01

Diana JOHNSTONE – 10 juin 2014

Ukraine un nouveau rideau de fer
Les dirigeants de l’OTAN sont actuellement en train de se livrer à une mascarade en Europe qui vise à ériger un nouveau rideau de fer entre la Russie et l’Occident.

Avec une étonnante unanimité, les dirigeants de l’OTAN feignent d’être surpris par des événements qu’ils avaient planifiés des mois à l’avance. Des événements qu’ils ont délibérément déclenchés sont présentés comme une « agression russe » soudaine, imprévue et injustifiée. Les États-Unis et l’Union européenne se sont lancés dans une provocation agressive en Ukraine dont ils savaient qu’elle forcerait la Russie à réagir de manière défensive, d’une façon ou d’une autre.

Ils ne pouvaient pas savoir exactement comment le président russe Vladimir Poutine réagirait lorsqu’il verrait que les États-Unis étaient en train de manipuler les conflits politiques en Ukraine pour installer un gouvernement pro-occidental décidé à rejoindre l’OTAN. Il ne s’agissait pas d’une simple question de « sphère d’influence » dans le « voisinage immédiat » de la Russie, mais d’une question de vie ou de mort pour la marine russe, ainsi que d’une grave menace à sa sécurité nationale sur ses frontières.

Un piège a ainsi été tendu à Poutine. Quoi qu’il fasse, il serait perdant. Soit il ne réagirait pas assez, et trahirait les intérêts nationaux fondamentaux de la Russie, en permettant à l’OTAN de positionner ses forces hostiles dans une position d’attaque idéale.

Soit il réagirait de manière excessive, en envoyant des forces russes envahir l’Ukraine. L’Occident y était préparé, prêt à hurler que Poutine était « le nouvel Hitler », sur le point d’envahir une pauvre Europe sans défense qui ne pouvait être sauvée (une fois de plus) que par ces généreux Américains.

En réalité, la réponse défensive russe était une solution intermédiaire très raisonnable. Grâce au fait que l’écrasante majorité des habitants de la Crimée se sentait Russe, ayant été des citoyens russes jusqu’à ce que Khrouchtchev attribue de façon frivole ce territoire à l’Ukraine en 1954, une solution pacifique et démocratique fut trouvée. Les Criméens ont voté pour leur retour à la Russie lors d’un référendum qui était parfaitement légal selon le droit international, mais en violation de la Constitution de l’Ukraine, laquelle était alors en lambeaux, ayant juste été violée par le renversement du président dûment élu du pays, Victor Ianoukovitch, renversement facilité par des milices violentes. Le changement de statut de la Crimée a été obtenu sans effusion de sang, par les urnes.

Néanmoins, les cris d’indignation de l’Ouest furent tout aussi hystériques et agressifs que si Poutine avait réagi de façon excessive et soumis Ukraine à une campagne de bombardement à l’américaine, ou avait carrément envahi le pays – chose qu’on attendait peut-être de sa part.

Le Secrétaire d’État américain John Kerry a dirigé le chœur d’indignation des bien-pensants en accusant la Russie de choses dont son propre gouvernement est coutumier. « On ne peut pas envahir un autre pays sous un prétexte bidon pour faire valoir ses intérêts. Il s’agit d’un acte d’agression sous des prétextes montés de toutes pièces », pontifia Kerry. « C’est vraiment un comportement du 19e siècle au 21e siècle ». Au lieu de rire face à cette hypocrisie, les médias, politiciens et commentateurs américains ont repris avec zèle le thème de l’agression expansionniste inacceptable de Poutine. Les Européens, obéissants, leur ont faiblement fait écho.

Tout avait été planifié à Yalta

En septembre 2013, l’un des plus riches oligarques de l’Ukraine, Viktor Pinchuk, finança une conférence stratégique d’élites sur l’avenir de l’Ukraine qui s’est déroulée dans le même Palais à Yalta, en Crimée, où Roosevelt, Staline et Churchill s’étaient réunis pour décider de l’avenir de l’Europe en 1945. Parmi les médias spécialisés qui rendaient compte de cette conférence, largement ignorée par les médias de masse, The Economist, écrivit de cette « démonstration de diplomatie féroce » que : « L’avenir de l’Ukraine, un pays de 48 millions d’habitants, et de l’Europe se décidait en temps réel. » Parmi les participants se trouvaient Bill et Hillary Clinton, l’ancien chef de la CIA le général David Petraeus, l’ancien secrétaire américain au Trésor, Lawrence Summers, l’ancien président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, Shimon Peres, Tony Blair, Gerhard Schröder, Dominique Strauss-Kahn, Mario Monti, le président lituanien Dalia Grybauskaite, l’influent ministre des Affaires étrangères polonais, Radek Sikorski. Tant le président Viktor Ianoukovitch, renversé cinq mois plus tard, que son successeur récemment élu Petro Porochenko étaient présents. L’ancien secrétaire à l’énergie américain, Bill Richardson était là pour parler de la révolution du gaz de schiste que les États-Unis espèrent utiliser pour remplacer les réserves de gaz naturel de la Russie et ainsi affaiblir cette dernière. Le centre de la discussion portait sur « l’Accord de libre-échange approfondi et complet » (ALEAC) entre l’Ukraine et l’Union européenne, et la perspective de l’intégration de l’Ukraine à l’Occident. Le ton général était euphorique devant la perspective de briser les liens de l’Ukraine avec la Russie en faveur de l’Occident.

Une conspiration contre la Russie ? Pas du tout. Contrairement à Bilderberg, les délibérations ici n’étaient pas tenues secrètes. Face à plus d’une dizaine de personnalités américaines de haut niveau et un large échantillon de l’élite politique européenne se trouvait un conseiller de Poutine nommé Sergueï Glaziev, qui a clairement explicité la position de la Russie.

Glazyev a introduit une dose de réalisme politique et économique dans la conférence. Forbes a rendu compte à l’époque de la « différence frappante » entre les points de vue russes et occidentaux « non pas sur l’opportunité de l’intégration de l’Ukraine avec l’UE, mais plutôt sur son impact probable. » Contrairement à l’euphorie de l’Ouest, le point de vue russe était fondé sur des « critiques économiques très précises et pointues » sur l’impact de l’accord sur l’économie de l’Ukraine, en notant que l’Ukraine souffrait d’un énorme déficit extérieur, financé par des emprunts à l’étranger, et que l’augmentation substantielle d’importations de l’Occident qui résulterait de l’accord ne pouvait que faire gonfler le déficit. L’Ukraine « soit se retrouvera en cessation de paiements, soit devra être renflouée par un important plan de sauvetage ».

Le journaliste de Forbes a conclu que « la position de la Russie est beaucoup plus proche de la vérité que les belles paroles émanant de Bruxelles et de Kiev. »

Quant à l’impact politique, Glazyev a souligné que la minorité russophone dans l’Est de l’Ukraine pourrait être incitée à diviser le pays en signe de protestation contre la rupture des liens avec la Russie, et que la Russie serait légalement en droit de les soutenir, selon le Times de Londres.

En bref, lors de la planification de l’intégration de l’Ukraine dans la sphère occidentale, les dirigeants occidentaux étaient parfaitement conscients que cette initiative entraînerait de sérieux problèmes avec les Ukrainiens russophones, et avec la Russie elle-même. Plutôt que de chercher à trouver un compromis, les dirigeants occidentaux ont décidé d’aller de l’avant et de condamner la Russie pour tout ce qui pouvait mal tourner. La première chose qui a mal tourné fut la reculade de M. Ianoukovitch devant la perspective d’un effondrement économique qui serait impliqué par l’accord commercial avec l’Union européenne. Il a repoussé la signature, dans l’espoir d’obtenir de meilleures conditions. Puisque rien de tout cela n’avait été expliqué clairement à la population ukrainienne, des protestations indignées s’ensuivirent, qui ont été rapidement exploitées par les États-Unis… contre la Russie.

L’Ukraine, comme pont… ou comme talon d’Achille

L’Ukraine, un terme qui signifie frontière, est un pays sans frontières historiques clairement définies qui a été étendu à la fois trop à l’Est et trop à l’Ouest. L’Union soviétique était responsable de cette situation, mais l’Union soviétique n’existe plus, et le résultat est un pays sans identité unifiée et qui pose problème pour lui-même et pour ses voisins.

Il a été étendu trop à l’Est, en intégrant un territoire qui pourrait tout aussi bien appartenir à la Russie, dans le cadre d’une politique générale visant à distinguer l’URSS de l’empire tsariste, par l’élargissement de l’Ukraine au détriment de sa composante russe et pour démontrer ainsi que l’Union soviétique était vraiment une union entre des républiques socialistes égales. Tant que toute l’Union soviétique était gérée par une direction communiste, ces frontières n’avaient pas trop d’importance.

Le territoire de l’Ukraine a été étendu trop à l’Ouest à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Union soviétique victorieuse a déplacé la frontière de l’Ukraine pour y inclure les régions de l’Ouest, dominées par la ville diversement nommée Lviv, Lwow, Lemberg ou Lvov, selon qu’elle appartenait à la Lituanie, la Pologne, l’Empire des Habsbourg ou l’URSS, régions qui sont devenues un foyer de sentiments anti-russes. Cela fut sans doute conçu comme une mesure défensive, pour neutraliser des éléments hostiles, mais cela a créé cette nation fondamentalement divisée qui constitue aujourd’hui une mare d’eaux troubles parfaite pour des puissances hostiles qui veulent venir y pêcher.

L’article de Forbes précité soulignait que : « Au cours de la majeure partie des cinq dernières années, l’Ukraine jouait à un double jeu, en racontant à l’UE qu’elle était intéressée par la signature de l’ALEAC tout en racontant aux Russes qu’elle était intéressée à se joindre à l’union douanière ». Soit Ianoukovitch n’arrivait pas à se décider, soit il essayait d’obtenir le maximum de chaque côté, en faisant monter les enchères. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais été « l’homme de Moscou », et sa chute doit beaucoup sans doute au fait qu’il a joué sur deux registres opposés, un jeu dangereux.

On peut néanmoins affirmer qu’il fallait quelque chose qui jusqu’à présent semblait faire totalement défaut en Ukraine : une direction reconnaissant la nature divisée du pays et œuvrant avec diplomatie pour trouver une solution capable de satisfaire les populations locales et leurs liens historiques avec l’Occident catholique et la Russie. En bref, l’Ukraine pourrait être un pont entre l’Orient et l’Occident – ce qui, d’ailleurs, était précisément la position russe. La position de la Russie n’a pas été de diviser l’Ukraine, encore moins de la conquérir, mais de faciliter son rôle de pont. Cela impliquerait un degré de fédéralisme, d’administration locale, qui, jusqu’ici, fait entièrement défaut dans ce pays, avec les gouverneurs locaux non pas élus mais nommés par le gouvernement central à Kiev. Une Ukraine fédérale pourrait à la fois développer des relations avec l’UE et maintenir ses relations économiques vitales (et rentables) avec la Russie.

Mais un tel arrangement nécessiterait que l’Occident soit prêt à coopérer avec la Russie. Les États-Unis ont ouvertement opposé leur veto à cette possibilité, préférant exploiter la crise afin de marquer au fer rouge la Russie comme étant « l’ennemi ».

Plan A et Plan B

La politique étatsunienne, déjà évidente lors de la réunion de septembre 2013 à Yalta, a été mise en œuvre sur le terrain par Victoria Nuland, ancienne conseillère de Dick Cheney, vice-ambassadrice à l’OTAN, porte-parole de Hillary Clinton et épouse du théoricien néo-conservateur Robert Kagan. Son rôle de premier plan dans les événements en Ukraine prouve que l’influence des néo-conservateurs au Département d’État, établie sous Bush II, a été maintenue par Obama, dont la seule contribution visible au changement de la politique étrangère a été la présence d’un homme d’origine africaine à la présidence, présence calculée pour démontrer au monde entier les vertus multiculturelles des États-Unis. Comme la plupart des présidents récents, Obama est là en tant que vendeur temporaire des politiques formulées et exécutées par d’autres.

Comme Victoria Nuland s’en est vantée à Washington, depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991, les États-Unis ont dépensé cinq milliards de dollars pour gagner de l’influence politique en Ukraine (c’est ce qu’on appelle « la promotion de la démocratie »). Cet investissement n’est pas « pour le pétrole », ni pour obtenir un avantage économique immédiat. Les principaux motifs en sont géopolitiques, parce que l’Ukraine est le talon d’Achille de la Russie, le territoire ayant le plus grand potentiel pour causer des ennuis à la Russie.

Ce qui a attiré l’attention du public sur le rôle de Victoria Nuland dans la crise ukrainienne fut son emploi d’un vilain mot, lorsqu’elle dit à l’ambassadeur des États-Unis, « Fuck the UE ». Mais l’agitation autour de son mauvais langage a voilé ses mauvaises intentions. La question était de savoir qui allait arracher le pouvoir des mains du président élu Viktor Ianoukovitch. Le choix de la chancelière allemande Angela Merkel portait sur l’ancien boxeur Vitaly Klitschko. La rebuffade grossière de Nuland signifiait que c’étaient les États-Unis, et non pas l’Allemagne ni l’Union européenne, qui allaient choisir le prochain chef, et ce ne serait pas Klitschko, mais « Yats ». Et en effet ce fut Yats, Arseni Iatseniouk, un technocrate de seconde zone soutenu par les États-Unis et connu pour son enthousiasme pour les politiques d’austérité du FMI et pour l’adhésion à l’OTAN, qui a obtenu le poste. Ce qui a abouti à la mise en place d’un gouvernement parrainé par les États-Unis, soutenu dans les rues par une milice fasciste avec peu de poids électoral mais beaucoup d’agressivité armée, qui a organisé l’élection du 25 mai, dont la zone russophone de l’est a été largement exclue.

Le plan A du putsch de Victoria Nuland était probablement d’installer, et rapidement, un gouvernement à Kiev qui adhérerait à l’OTAN, permettant ainsi aux États-Unis de prendre possession de la base navale de la mer Noire, à Sébastopol en Crimée, base indispensable pour la Russie. La réintégration de la Crimée à la Russie fut un mouvement défensif nécessaire de Poutine pour l’empêcher.

Mais la tactique de Nuland était en fait un stratagème pour gagner sur tous les tableaux. Si la Russie ne réussissait pas à se défendre, elle risquait de perdre la totalité de sa flotte sud – une catastrophe nationale absolue. D’autre part, si la Russie réagissait, ce qui était le plus probable, les États-Unis remportaient une victoire politique, ce qui était peut-être l’objectif principal de Nuland. Le mouvement totalement défensif de Poutine fut dépeint par les grands médias occidentaux, en écho aux dirigeants politiques, comme une manifestation gratuite de « l’expansionnisme russe », que la machine de propagande compara à Hitler s’emparant de la Tchécoslovaquie et la Pologne.

Ainsi, une provocation flagrante de l’Ouest, en exploitant la confusion politique ukrainienne contre une Russie fondamentalement sur la défensive, a réussi de manière surprenante à produire un changement total dans l’air du temps, changement artificiellement produit par les médias occidentaux. Soudain, on nous dit que « l’Occident épris de liberté » est confronté à la menace de « l’expansionnisme agressif russe ». Il y a trente ans, les dirigeants soviétiques ont cédé la boutique, en ayant l’illusion qu’un renoncement pacifique de leur part pourrait conduire à un partenariat amical avec l’Occident, et en particulier avec les États-Unis. Mais ceux qui aux États-Unis n’ont jamais voulu mettre fin à la guerre froide sont en train de prendre leur revanche. Peu importe le « communisme » ; si, au lieu de préconiser la dictature du prolétariat, le leader actuel de la Russie est tout simplement un peu vieux jeu, les médias occidentaux sauront en faire un monstre. Les États-Unis ont besoin d’un ennemi pour pouvoir en sauver le monde.

Le retour du racket de la “Protection”

Mais tout d’abord, les États-Unis ont besoin de l’ennemi russe pour « sauver l’Europe », ce qui est une autre manière de dire « afin de continuer à dominer l’Europe ». Les décideurs à Washington semblaient inquiets que la focalisation d’Obama sur l’Asie et la négligence de l’Europe pourraient affaiblir le contrôle des États-Unis sur ses alliés de l’OTAN. Les élections du 25 Mai au Parlement européen ont révélé une grande désaffection à l’égard de l’Union européenne. Cette désaffection, notamment en France, est liée à une prise de conscience croissante que l’UE, loin d’être une alternative potentielle aux États-Unis, est en réalité un mécanisme qui verrouille les pays européens dans une mondialisation définie par les États-Unis, les soumettant au déclin économique et à la politique étrangère étasunienne, y compris les guerres.

L’Ukraine n’est pas la seule entité qui a été trop étendue. L’UE aussi. Avec 28 membres de différentes langues, cultures, histoires et mentalités, l’UE n’est pas en mesure de s’entendre sur une politique étrangère autre que celle imposée par Washington. L’extension de l’UE aux anciens satellites d’Europe de l’Est a totalement détruit toute possibilité de consensus profond entre les pays de la Communauté économique d’origine : France, Allemagne, Italie et les pays du Benelux. La Pologne et les pays baltes voient l’adhésion à l’UE comme utile, mais leurs cœurs sont en Amérique – où beaucoup de leurs dirigeants les plus influents ont été éduqués et formés. Washington est en mesure d’exploiter l’anti-communisme, les sentiments anti-russes et même la nostalgie pro-nazie de l’Europe du nord-est pour lancer la fausse alarme « les Russes arrivent ! » afin de gêner le partenariat économique grandissant entre l’ancienne UE, notamment l’Allemagne, et la Russie.

La Russie n’est pas une menace. Mais pour les russophobes bruyants dans les Etats baltes, l’Ukraine occidentale et la Pologne, l’existence même de la Russie est une menace. Encouragée par les États-Unis et l’OTAN, cette hostilité endémique constitue la base politique pour un nouveau « rideau de fer » destiné à atteindre l’objectif énoncé en 1997 par Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier : garder le continent eurasien divisé afin de perpétuer l’hégémonie mondiale des États-Unis. L’ancienne guerre froide a servi à cela, en cimentant la présence militaire des États-Unis et leur influence politique en Europe occidentale. Une nouvelle guerre froide peut empêcher l’influence américaine d’être diluée par de bonnes relations entre l’Europe occidentale et la Russie.

Obama est venu en Europe en brandissant la promesse de « protéger » l’Europe, en installant des troupes dans des régions aussi proches que possible de la Russie, tout en ordonnant en même temps à la Russie de retirer ses propres troupes, sur son propre territoire, encore plus loin de l’Ukraine troublée. Cela semble destiné à humilier Poutine et à le priver de soutien politique chez lui, au moment où des protestations s’amplifient dans l’Est de l’Ukraine contre le leader russe, où on lui reproche d’avoir abandonné les habitants de cette région aux tueurs envoyés par Kiev.

Pour resserrer l’emprise des États-Unis sur l’Europe, les États-Unis utilisent cette crise artificielle pour exiger que leurs alliés endettés dépensent encore plus pour la « défense », notamment par l’achat de systèmes d’armes américains. Bien que les États-Unis soient encore loin d’être en mesure de répondre aux besoins énergétiques de l’Europe avec leur gaz de schiste, cette perspective est saluée comme un substitut aux ventes de gaz naturel russe – stigmatisées comme un « moyen d’exercer une pression politique », pressions dont les hypothétiques ventes de gaz US seraient innocentes. Des pressions sont exercées sur la Bulgarie et même la Serbie pour bloquer la construction du gazoduc South Stream qui acheminera le gaz russe vers les Balkans et l’Europe du Sud.

Les Pions en Normandie

Aujourd’hui, le 6 Juin, le soixante-dixième anniversaire du débarquement donne lieu en Normandie à une gigantesque célébration de la domination américaine, avec Obama menant le bal du gratin des dirigeants européens. Les derniers des vieux soldats et aviateurs survivants présents sont comme les fantômes d’une ère plus innocente lorsque les États-Unis n’étaient qu’au début de leur nouvelle carrière de maîtres du monde. Les survivants sont réels, mais le reste n’est que mascarade. La télévision française est noyée dans les larmes de jeunes villageois en Normandie qui ont appris que les États-Unis étaient une sorte d’Ange Gardien qui a envoyé ses garçons mourir sur les plages de Normandie par pur amour pour la France. Cette image idéalisée du passé est implicitement projetée sur l’avenir. En soixante-dix ans, la guerre froide, la narration de la propagande dominante et surtout Hollywood ont convaincu les Français, et la plupart des gens en Occident, que le Jour-J fut le point tournant qui a gagné la Seconde Guerre mondiale et sauvé l’Europe de l’Allemagne nazie.

Vladimir Poutine est arrivé à la célébration, où il a été minutieusement ignoré par Obama, arbitre auto-proclamé de la vertu. Les Russes rendent hommage à l’opération Jour-J qui a libéré la France de l’occupation nazie, mais ils – et les historiens – savent ce que la majorité de l’Occident a oublié : que la Wehrmacht fut défaite de façon décisive non pas par le débarquement de Normandie, mais par l’Armée rouge. Si le gros des forces allemandes n’avait pas été enlisé dans une guerre déjà largement perdue sur le front de l’Est, personne ne célébrerait le jour J comme il l’est aujourd’hui.

On entend dire que Poutine est « le meilleur joueur d’échecs », qui a remporté la première partie de la crise ukrainienne. Il a sans doute fait de son mieux, dans une crise qu’on lui a imposé. Mais les États-Unis ont des rangs entiers de pions que Poutine n’a pas. Et il ne s’agit pas uniquement d’un jeu d’échecs, mais d’un jeu d’échecs combiné avec du poker associé à la roulette russe. Les États-Unis sont prêts à prendre des risques que les dirigeants russes plus prudents préfèrent éviter … aussi longtemps que possible.

Peut-être l’aspect le plus extraordinaire de la comédie actuelle est la servilité des « anciens » Européens. Ayant apparemment abandonné toute la sagesse européenne accumulée, apprise des guerres et des tragédies, et même inconscients de leurs propres intérêts, les dirigeants européens d’aujourd’hui montrent une obéissance qui suggère que la libération de 1945 était en fin de compte une conquête qui perdure.

Est-ce que la présence en Normandie d’un dirigeant russe à la recherche de la paix peut faire une différence ? Il suffirait que les médias de masse disent la vérité, et que l’Europe produise des dirigeants raisonnablement sages et courageux, pour que toute la machine de guerre factice perde de son éclat, et que la vérité commence à percer. Une Europe en paix est toujours possible, mais pour combien de temps encore ?

Diana Johnstone

 

Diana Johnstone, proche de Noam Chomsky, est l’auteure de La croisade des fous : Yougoslavie, première guerre de la mondialisation. Elle peut être contactée à diana.johnstone@wanadoo.fr

Traduction VD pour le Grand Soir sous le regard attentif de l’auteure

source: http://www.legrandsoir.info/ukraine-nouveau-rideau-de-fer.html

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-nouveau-rideau-de-fer/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 3 December 2014 at 09:08

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “Ça va tellement bien aux USA, qu’ils attendent pour acheter cher”

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier VS Jean-François Robin (1/2): Le pétrole poursuit sa chute: une bonne nouvelle pour l’économie mondiale ? – 01/12

Olivier Delamarche VS Pierre Sabatier VS Jean-François Robin (2/2): “Black Friday” décevant aux États-Unis : quels impacts sur la reprise américaine ? – 01/12

II. Philippe Béchade

Bilan Hebdo: Philippe Béchade et Jean-Louis Cussac – 28/11

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : Un QE à l’américaine serait illégal en Europe !

Jacques Sapir VS Pierre Barral (1/2): Chute du prix du pétrole: Faut-il s’en rejouir ? – 02/12

Jacques Sapir VS Pierre Barral (2/2): Crise du pétrole: la Russie est-elle la seule grande perdante ? – 02/12

IV. Charles Sannat

Nicolas Doze: Les Experts (1/2) – Charles Sannat – 25/11

Nicolas Doze: Les Experts (2/2) – Charles Sannat – 25/11


Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-03-12-2014/


[Propagande de guerre] France Inter sur la Crimée

Wednesday 3 December 2014 at 04:31

(on appréciera le choix d’une photo avec des drapeaux communistes, alors qu’il en existe avec des milliers de russes en joie

Depuis mars dernier, à l’issue d’un référendum dénoncé par la communauté internationale, la presqu’île de Crimée a fait sécession de l’Ukraine. Ce qui était la “Côte d’Azur” de la Russie tsariste, puis de l’Union Soviétique, a quitté le giron de Kiev pour se placer sous celui de Moscou. En un éclair, les nouvelles autorités ont rayé tout ce qui pouvait rappeler l’appartenance à l’Ukraine : la région est passée à l’heure de Moscou, le rouble a remplacé la Hryvnia. Et seule prévaut désormais la langue russe sur les bâtiments officiels. Quant à la cohabitation entre la majorité russe et les minorités ukrainienne et tatare, paisible jusqu’alors, elle a dégénéré. Les haines attisées par la propagande de Moscou ont forcé une partie de la population à quitter la région. Ceux qui restent baissent la tête. Quant aux Tatars, ils redécouvrent l’angoisse de l’avenir. Les Européens comme les Américains ont imposé des sanctions à la Russie pour la punir de cette annexion. Mais l’histoire semble déjà avoir digéré cet épisode-là, en attendant le prochain : dans le Dombass cette fois, à l’Est de l’Ukraine où les armes russes se font entendre. 

Emission présentée par Pascal Dervieux

Un reportage de Julie Piétri et de Fabien Gosset (Prise de son)

Réalisation Anne Lhioreau assistée de Stéphane Cosme


(ré)écouter cette émission

Source : France Inter

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Commentaire d’un des lecteurs du blog qui a signalé cette émission :

Ca vaut vraiment le coup d’écouter cette émission, un modèle d’équilibre.

-1° temps: Présentation assez orientée je ne vous dit pas en faveur de qui, le titre se suffit à lui-même,

-2°temps: Interview par Julie Petri d’un dizaine de citoyens de Crimée, questions parfois orientées, mais pas trop, réponses qui semblent honnêtes et qui à 80 % affichent un soulagement et un espoir depuis “l’annexion”, une opposante déclarée, parle aussi assez librement me semble t’il. Si bien que l’on retient de cette émission 2 choses,
-ça a l’air d’aller un peu mieux en Crimée
-Tiens, France Inter fait un reportage honnête sur la question de la Crimée

3° temps: pour la synthèse, devinez qui arrive sur le plateau, Marie MENDRAS, et là c’est un florilège pour nous expliquer:

-Que les Criméens interviewvés ne savent pas de quoi ils parlent
-Que ça va très mal au DOMBASS (c’était pas la question, mais..)
-Que Poutine est très méchant et Poroschenko et yartsenuk trés gentils.

Hallucinant!…

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-de-guerre-france-inter-sur-la-crimee/


La désindustrialisation de l’Amérique, par Paul Craig Roberts

Wednesday 3 December 2014 at 02:41

Un billet de Paul Craig Roberts… Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général… Sans adhérer à tout, elle permet à chacun d’aiguiser son esprit critique…

Source : Paul Craig Roberts, Dave Kranzler et John Titus, www.paulcraigroberts.org, le 8 août 2014.

Le 6 janvier 2004, Paul Craig Roberts et le sénateur américain Charles Schumer ont publié un article commun dans la tribune d’opinion du New York Times intitulée « Réflexions sur le libre-échange. » L’article faisait remarquer que les Etats-Unis sont entrés dans une nouvelle ère économique, dans laquelle les travailleurs américains rencontrent « une concurrence directe internationale à presque tous les échelons – du mécanicien à l’ingénieur informaticien en passant par l’analyste de Wall Street.Tout travailleur dont l’emploi ne demande pas d’interaction quotidienne en face-à-face est maintenant en danger d’être remplacé par un travailleur moins payé, de compétence égale, situé à des milliers de kilomètres. Les emplois américains sont perdus, non pas à cause de la concurrence étrangère, mais à cause des sociétés multinationales qui réduisent leurs coûts en délocalisant dans des pays à bas salaire. »

Roberts et Schumer ont remis en cause la validité du point de vue des économistes selon lequel la délocalisation des emplois ne résulterait que du mécanisme normal d’un libre-échange mutuellement bénéfique, et qu’il n’y aurait pas lieu de s’en inquiéter.

La mise en cause de ce qui était considéré comme le dogme du « mondialisme de libre-échange » de la part — combinaison inattendue — d’un sous-secrétaire au Trésor de l’administration Reagan et d’un sénateur libéral du parti Démocrate de New York, a fait sensation. Un think-tank libéral de Washington, la Brookings Institution, a organisé une conférence à Washington pour que Roberts et Schumer y expliquent, ou peut-être y défendent, leur position hérétique. La conférence a été retransmise en direct sur la chaîne C-Span, qui l’a rediffusée à plusieurs reprises.

Roberts et Schumer ont dominé la conférence, et quand l’auditoire de décideurs et d’économistes de Washington a commencé à comprendre que quelque chose allait effectivement mal dans la politique de délocalisation, en réponse à une question sur l’effet des délocalisations sur les emplois aux États Unis, Roberts a dit : « Dans 20 ans, les USA seront un pays du Tiers Monde. »

Apparemment, Roberts faisait preuve d’optimisme en suggérant que l’économie US durerait encore 20 ans. Dix ans seulement se sont écoulés, et les USA ressemblent déjà de plus en plus à un pays du Tiers Monde. De grandes villes américaines comme Détroit, Cleveland, Saint Louis ont perdu entre un cinquième et un quart de leur population. Le revenu moyen réel des ménages diminue depuis des années, prouvant ainsi que l’ascenseur social qui faisait de l’Amérique une « société de chances pour tous » a cessé d’exister. Selon un rapport d’avril dernier publié par l’organisation Projet de Loi pour l’Emploi National, le revenu médian réel des ménages a chuté de 10% entre 2007 et 2012.

Les Républicains ont tendance à blâmer les victimes. Avant que quelqu’un ne dise « Quel est le problème ? L’Amérique est le pays le plus riche sur terre où même les pauvres ont un poste de télé et peuvent s’acheter une voiture d’occasion pour 2000$, » étudiez le rapport publié récemment par la Réserve Fédérale. Il indique que deux tiers des ménages américains sont incapables de débourser 400$ sans vendre des biens ou emprunter à leur famille ou à des amis.

Même si vous ne le pourriez jamais le savoir en lisant ce que rapporte la presse financière US, les perspectives d’emploi désastreuses auxquelles les Américains font face d’aujourd’hui sont analogues à celles rencontrées en Inde il y a 30 ans. Les diplômés des universités américaines sont employés, quand ils trouvent un emploi, non pas comme ingénieurs informaticiens ou cadres, mais comme serveuses ou barmen.

Ils ne gagnent pas assez pour avoir une existence indépendante et vivent chez leurs parents. La moitié des bénéficiaires de prêts étudiants ne peuvent pas les rembourser. Dix-huit pour cent sont, soit sous recouvrement, soit en retard de paiements. Et 34% ont un report sur leur prêt étudiant. De toute évidence, l’éducation n’était pas la réponse.

La délocalisation des emplois, en réduisant les coûts du travail et en augmentant les gains des entreprises, a enrichi les directeurs des entreprises et les gros actionnaires, mais la perte de millions d’emploi rémunérateurs a fait chuter l’ascenseur social pour des millions d’Américains. En outre, la délocalisation des emplois a détruit la croissance de la demande des consommateurs, dont dépend l’économie des États-Unis. En conséquence, l’économie ne peut pas créer assez d’emplois pour accompagner l’augmentation de la main-d’œuvre disponible.

Entre octobre 2008 et juillet 2014, la population en âge de travailler a augmenté de 13,4 millions de personnes, mais les emplois aux États-Unis n’ont augmenté que d’1,1 million. En d’autres termes, le taux de chômage, par rapport à l’augmentation de la population en âge de travailler pendant les six dernières années, est de 91,8%. Depuis l’an 2000, le manque d’emplois a provoqué une chute du taux de participation à la population active, et depuis que l’assouplissement quantitatif [NdTquantitative easing] a débuté en 2008, le déclin du taux de participation à la population active s’est accéléré.

Il n’y a clairement pas de reprise économique quand la participation au marché du travail s’effondre.

Les idéologues de droite diront que le taux de participation au marché du travail diminue parce que les protections sociales permettent de ne pas travailler. C’est absurde. Durant la même période, les bons alimentaires ont été réduits par deux fois, les indemnités de chômage ont subi des coupes, tout comme nombre de services sociaux. Etre au régime des prestations sociales, dans l’Amérique d’aujourd’hui, c’est être dans une précarité extrême. En outre, il n’y a pas d’offre d’emploi.

Le graphique montre un effondrement du taux de participation à la population active. Les rares petits pics au-dessus de la ligne des 65% montrent les quelques périodes où l’économie a produit assez d’emplois pour absorber la population en âge de travailler. Les pics massifs sous la ligne indiquent les périodes où la pénurie d’emplois a poussé les Américains à abandonner la recherche d’emplois inexistants. Ainsi, ils ont cessé d’être comptablisés dans la population active. Le taux de chômage aux États-Unis de 6,2% est trompeur, parce qu’il exclut les demandeurs d’emploi découragés, ceux qui ont abandonné et quitté la population active parce qu’il n’y a pas d’emploi disponible.

Selon lescalculs de John Williams de Shadowstats.com, le taux de chômage réel aux Etats-Unis est de 23,2%, chiffre en accord avec l’effondrement du taux de participation à la population active aux Etats-Unis.

Au cours des dix années qui ont suivi le cri d’alarme lancé par Roberts et Schumer, les Etats-Unis sont devenus un pays où la norme pour les emplois créés est le temps partiel mal payé dans le secteur des services non-marchands domestiques. Deux tiers de la population vivent sur le fil, incapables de réunir 400$ en liquide. Les économies de la population sont retirées des comptes bancaires pour faire face au coût de la vie.

Les entreprises empruntent, non pas pour investir sur l’avenir, mais pour racheter leurs propres actions et ainsi, faire monter le prix des parts, les bonus du PDG et la dette de l’entreprise. L’augmentation du revenu et de la richesse des « un pour cent » provient du pillage, pas d’une activité économique productive.
C’est le profil d’un pays du Tiers Monde.

Paul Craig Roberts, Dave Kranzler et John Titus, traduction collective par les lecteurs du site www.les-crises.fr 

Source: http://www.les-crises.fr/la-desindustrialisation-de-lamerique-par-paul-craig-roberts/


Propagande xénophobe ordinaire au Petit journal

Tuesday 2 December 2014 at 01:22

Au Petit journal : “Tiens, et si pour parler du G20, on faisait un petit reportage de qualité contre Poutine et la Russie” ?

Bref, frappe ton Russe tous les jours, si tu ne sais pas pourquoi, lui, il sait…

Source: http://www.les-crises.fr/propagande-xenophobe-ordinaire-au-petit-journal/


1123 Évolution du commerce exterieur allemand

Tuesday 2 December 2014 at 00:09

Suite du billet sur le commerce extérieur allemand.

Voici son évolution :

commerce exterieur allemagne allemand excedent commercial

Il est plus juste de le suivre en % du PIB qu’en euros constants :

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On constate donc qu’il est proche de son niveau record de 2007 :

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On constate que l’excédent sur la zone euro a été divisé par 2, mais que le déficit avec la Chine se rapproche de zéro :

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Voici le détail avec quelques pays :

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Voici les exportations / importations par partenaire :

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La part de l’Europe dans le solde commercial a donc nettement diminué :

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On notera qu’il n’est pas simple de rapprocher les données. L’Allemagne annonce ainsi 100 Md€  d’exportations vers la France pour 64 d’importations, soit un excédent de 36 Md€ :

commerce exterieur allemagne allemand excedent commercial

Alors que les douanes françaises annoncent 86 Md€ d’importations allemandes pour 70 Md€ d’exportation, soir un déficit de 16 Md€…

commerce exterieur allemagne allemand excedent commercial

Source: http://www.les-crises.fr/evol-commerce-ext-allemand/


[Média] BFM Business, Les Experts – 24 novembre

Monday 1 December 2014 at 04:07

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec Nicolas Mérindol, président du groupe Carmin Finance, et Henri Pigeat, directeur de la lettre Illissos et ex-patron de l’AFP.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/nicolas-doze-les-experts-12-2411-357826.html 

Partie 2 :

http://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/nicolas-doze-les-experts-22-2411-357829.html 

Bonus : un petit rappel historique

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Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

Les banques centrales prennent des risques de plus en plus sidérants:

Compétitivité – coût : on a des attitudes schizophréniques :

Chômage : “On n’est pas les pires du monde”

Relance du crédit bancaire : un manque de volonté des banques :

Dépenses publiques: “le seul truc qui monte c’est la sécu” :

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N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

Utilisez aussi Twitter : https://twitter.com/NicolasDOZE

Source: http://www.les-crises.fr/media-bfm-business-les-experts-24-novembre/


1122 Le commerce exterieur allemand en 2013

Monday 1 December 2014 at 03:23

Nous allons aujourd’hui nous intéresser au commerce extérieur allemand.

Mise au point

Le 7 février 2014, l’institut statistique allemand DeStatis a publié un communiqué de presse avec les résultats du commerce extérieur allemand en 2013.

Il a provoqué un petit buzz sur Internet, car il indique :

  1. que l’excédent commercial a atteint un nouveau record historique, avec l’incroyable montant de 199 Md€ en 2013 contre 190 Md€ en 2012 – les exportations étant cependant en légère baisse de -0,2 %, contre -1,2 % pour les importations ;
  2. mais surtout que les exportations dans la zone euro ont atteint 402 Md€ et les importations 401 Md€.

Ce résultat est très étonnant, car on sait bien que l’Allemagne fait une majorité de ses excédents en Europe.

Ce qui a fait dire au Ministre de l’Économie allemand Wolfgang Schaüble  que “au sein de la zone euro, il n’y a pas d’excédent allemand” (Source).

En fait, l’institut a raison, mais le ministre est en phase de manipulation. Car ces premiers chiffres sont les premiers diffusés, et ne sont pas définitifs. Et s’ils donnent ce total, c’est qu’en fait ils ne sont pas encore retraités par l’Institut pour correspondre aux normes classiques. Ce sont des chiffres réels, mais “brut de fonderie” – ou “sortie de caisse”. Il ne regarde à ce stade que le “pays de provenance” façon douanes, et doivent être retraités pour arriver au “pays d’origine”. Si un produit chinois arrive à Rotterdam, puis passe en Allemagne, la provenance c’est les Pays-Bas, mais l’origine c’est bien la Chine ! Donc début février, le produit était compté comme arrivant des Pays-Bas, donc de la zone euro. La méthode qui donne un résultat global rapide (et assez juste) est donc faussée au niveau du détail par pays.

Il en était de même sur le communiqué DeStatis de février 2013 à propos de 2012. Le ministre fait donc de l’enfumage en le reprenant tel quel.

En revanche, la rigueur allemande n’est pas en cause, car l’Institut a avancé et vient de donner une première estimation du détail par pays d’origine (dans ce tableau), que nous allons donc analyser…

N.B. : je remercie ici Guillaume Foutrier, qui a débusqué le sujet sur son blog Mediapart, et a enquêté auprès de DeStatis – merci pour l’alerte, et chapeau !

Détail

Voici donc le résultat pour 2013 :

Avec 198 Md€ d’excédent, il vient de battre son record absolu.

Voici les 15 premiers clients de l’Allemagne (72 % des exportations) :

On constate que 11 sont en Europe.

Et voici les 15 premiers fournisseurs de l’Allemagne (73 % des importations) :

Là encore, 12 sont en Europe..

Intéressons-nous ici à la décomposition des 192 Md€ du solde :

Ainsi, 57 % du solde est réalisé en Europe.

Analysons alors les 15 principaux excédents :

Les États-Unis viennent de dépasser la France – dont les 36 Md€ de déficit sont gigantesques… (comme pour l’Angleterre)

Au niveau des 15 principaux déficits :

Cette fois, la majorité sont hors Europe. Beaucoup correspondent à des achats pétroliers ou de gaz.

Voici le détail par produits :

La grande force de l’Allemagne reste donc ses ventes d’automobiles et de machines… La facture énergétique du pays est très lourde.

Dans le prochain billet, nous examinerons l’évolution de ce commerce extérieur…

Source: http://www.les-crises.fr/commerce-ext-allemand-2013/