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Comprendre l’affaire BNP : Traduction exclusive de l’exposé des faits

Thursday 10 July 2014 at 03:55

Les réactions à l’affaire de l’amende de 8,8 Md$ (6,6 Md€) ayant frappé BNP Paribas ont souvent été vives.

Pourtant, on connaissait fort peu les faits.

Grace à la mobilisation des lecteurs du blog, j’ai le plaisir de vous proposer la traduction exclusive de l’exposé des faits ayant servi de base à la transaction USA/BNP (disponible ici, sur le site du Ministère américains de la Justice).

On y apprend des choses incroyables quant à l’attitude de BNP, que je vous laisse découvrir (n’hésitez pas à le télécharger pour l’imprimer et le diffuser largement) :

Amende BNP : L’exposé des faits publié par les-crises

Je vous joints aussi le document original :

Amende BNP : Statement of Facts publié par les-crises

Ainsi que 3 autres documents portant sur le jugement (non traduits) :

Amende BNP : Plea agreement publié par les-crises

Amende BNP : Money Judgement publié par les-crises

Amende BNP : Consent Order publié par les-crises

Vous pouvez aussi lire aussi le communiqué de presse du Département des Services Financiers de New York.

Vous trouverez dans ce billet une analyse de ces documents.

Source: http://www.les-crises.fr/bnp-expose-des-faits/


L’horreur au Soudan : le génocide du Darfour

Thursday 10 July 2014 at 03:40

Le Soudan

Ce pays grand comme 3 fois la France compte 35 millions d’habitants.

Indépendant en 1956, il connait une suite de coups d’État, jusqu’à celui du général Omar al-Bashir en 1989. La loi pénale de 1991 institua des peines sévères dans tout le pays, telles que l’amputation et la lapidation. Bien que les États du Sud non musulmans soient officiellement exemptés de ces dispositions, la loi permet cependant une possible application future de la charia dans le Sud du pays (alors rattaché au Soudan avec ses 11 millions d’habitants).

Omar al-Bashir accueille entre 1992 et 1996 Oussama ben Laden.

La guerre civile au Darfour

Une rébellion dans la province occidentale du Darfour a commencé début 2003. Le gouvernement et les rebelles ont été accusés d’atrocités au cours de cette guerre qui opposait la population arabisée du Soudan aux musulmans, chrétiens et animistes non-arabes de la région.

Les Janjawids sont des milices levées dans les tribus noires arabisées du Tchad et du Darfour. Apparues en 1988, elles sont tolérées par le gouvernement soudanais, qui les intègre à sa politique régionale de contrôle territorial.

En 1999-2000, confronté aux menaces de rébellion dans le Darfour occidental et septentrional, Khartoum décide d’armer les milices Janjawids. Quand l’insurrection prend de l’ampleur en février 2003, conduite par l’Armée de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité, le gouvernement soudanais réplique en faisant des Janjawids sa principale force de répression. Encouragées à attaquer et reconquérir les zones tenues par les rebelles au Darfour, les milices Janjawids ont utilisé la tactique de la terre brûlée, accompagnée d’atrocités généralisées à l’encontre des civils : massacres, viols et déportations.

Le Département d’État américain (ministère des Affaires étrangères), soupçonne depuis 2004 les chefs Janjawids de génocide. Le Conseil de sécurité des Nations unies a aussi appelé à un désarmement des milices Janjawids.

Ces milices sont accusées du massacre de plus de 50 000 personnes, le conflit ayant fait, en trois ans, plus de 300 000 morts et 3 millions de déplacés et réfugiés, selon certaines estimations.

En février 2004, le gouvernement a proclamé sa victoire sur la rébellion mais les rebelles disaient garder le contrôle des zones rurales et certaines sources indiquent que des combats continuaient à de nombreux endroits.

En 2005, un accord de paix est signé, prévoyant l’autodétermination du Soudan du Sud, État indépendant depuis 2011.

Début 2006, de nombreux Janjawids ont été intégrés à l’armée soudanaise, à la Défense populaire ou aux gardes-frontières.

Réactions judiciaires de la communauté internationale

En mai 2007, la Cour pénale internationale a lancé deux mandats d’arrêts internationaux contre 2 soudanais accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité : Ahmed Haroun, ancien ministre de l’Intérieur, et Ali Kosheib, l’un des principaux chefs des milices janjawids.

En décembre 2007, le procureur de la Cour pénale internationale a dénoncé le manque de coopération du Soudan et demandé au Conseil de sécurité d’adresser un message ferme et unanime aux autorités soudanaises pour leur demander d’exécuter les mandats d’arrêt. Luis Moreno-Ocampo a déclaré qu’il faut «briser le système criminel » mis en place au Soudan, car « les vies des 2,5 millions de personnes [déplacées] sont à la clef ».

En effet, malgré son inculpation, Ahmed Haroun a conservé son poste de ministre d’État chargé des affaires humanitaires. De plus il a été nommé membre du Groupe national chargé du mécanisme de surveillance de la force hybride ONU-Union africaine pour le Darfour (MINUAD). Le procureur de la CPI a dit : « Le Gouvernement du Soudan défie de manière répétée l’autorité du Conseil de sécurité».

Le 14 juillet 2008, le procureur de la Cour pénale internationale a demandé aux juges de la CPI d’émettre un mandat d’arrêt à charge d’Omar el-Béchir parce qu’il aurait commis des crimes de génocide, des crimes contre l’Humanité et des crimes de guerre au Darfour.

Le 4 mars 2009, la CPI a émis un mandat d’arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir. Ce dernier est accusé de crime de guerre et crime contre l’Humanité dans le cadre de la guerre civile au Darfour. (Source : Wikipédia)

Rapports et témoignages sur le Darfour

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2004 (portant sur l’année 2003) :

« Toutefois, en janvier et en février, des milices soutenues et financées par le gouvernement ont attaqué et incendié des villages et tué de nombreux civils dans les zones pétrolifères. Dans le Darfour (ouest du pays), des milices alliées au pouvoir ont tué des centaines de civils et l’aviation gouvernementale a bombardé des villages. »

« Le 16 août, les Janjawid ont attaqué Garaday, un village d’environ 400 habitants proche de Silaya. Quelque 200 civils auraient été massacrés, dans certains cas à l’intérieur de leur maison, et d’autres auraient été battus et arrêtés. Tous les autres ont fui. »

« Le 20 août, des milices soutenues par le gouvernement ont attaqué le village de Murli, non loin d’Al Geneina. Quatre-vingt-deux personnes ont trouvé la mort, abattues par balles ou brûlées vives à l’intérieur de leur maison. En septembre, une nouvelle attaque des Janjawid contre Murli, menée un jour de marché, a fait 72 victimes. »

« Les raids des Janjawid contre des villages s’accompagnaient d’actes de violence envers les femmes, notamment d’agressions sexuelles. Trois adolescentes de Murli, âgées respectivement de dix, quinze et dix-sept ans, auraient été violées par des membres des Janjawid lorsqu’elles tentaient de s’enfuir. Deux femmes âgées de vingt et vingt-cinq ans auraient subi le même sort alors qu’elles ramassaient du bois à l’extérieur du village. »

« En septembre, des membres du MJE ont arrêté six personnes qu’ils soupçonnaient d’être des espions. Ils les ont frappées à coups de crosse de fusil, puis ont versé un mélange d’acide, de piments et d’essence dans la bouche, le nez et les oreilles de deux d’entre elles. Celles-ci ont été libérées en décembre ; les quatre autres personnes arrêtées en même temps qu’elles s’étaient évadées en octobre. »

« Selon toute apparence, les membres de l’armée et des forces de sécurité avaient systématiquement recours à la torture dans le Darfour ; cette pratique était également courante dans d’autres régions. »

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2005 :

« Quand on a essayé de s’enfuir ils ont tiré sur des enfants. Ils ont violé des femmes ; j’ai vu plusieurs fois des Janjawid violer des femmes et des jeunes filles. Ils sont contents quand ils violent. Ils chantent et ils disent que nous ne sommes que des esclaves et qu’ils peuvent faire de nous ce qu’ils veulent.» A., trente-sept ans, originaire de Mukjar, dans le Darfour (Soudan)

« Tout au long de l’année 2004, le Darfour a été le théâtre d’une autre tragédie humanitaire de très grande ampleur ; c’est dans cette région du Soudan que s’est illustrée le plus nettement l’incapacité de la communauté des nations à fournir une réponse adaptée aux crises en matière de droits humains. À l’inverse du tsunami, cette situation dramatique n’était pas l’œuvre de la nature mais celle de l’homme. La communauté internationale n’a ici déployé que très peu d’efforts pour mettre un terme aux souffrances des populations concernées ou pour les apaiser.

Dans cette région, tout au long de l’année, d’innombrables femmes, jeunes filles et fillettes ont été violées, enlevées et contraintes à l’esclavage sexuel par les Janjawid, une milice armée, financée et soutenue par le gouvernement soudanais qui recrutait ses membres parmi les groupes nomades. Les viols massifs qui ont été commis, notamment les viols collectifs d’élèves, constituaient sans conteste des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

Souvent vêtus d’uniformes soudanais et accompagnés de l’armée nationale, les Janjawid ont également incendié des villages, massacré des civils et pillé les biens et le bétail. L’aviation gouvernementale a ajouté aux souffrances de la population en bombardant des villages. Quant aux forces de sécurité, elles torturaient quasi systématiquement les personnes arrêtées : bien souvent, ces dernières étaient frappées violemment à l’aide de tuyaux, recevaient des coups de fouet ou de bottes et, dans certains cas, avaient les ongles arrachés ou étaient brûlées avec des cigarettes. À la fin de l’année, le conflit avait contraint plus d’un million et demi de personnes à fuir leur foyer après la destruction de leur village et le pillage de leurs troupeaux et de leurs biens. La quasi-totalité des localités de la région ont été dévastées. Au cours des derniers mois de 2004, le conflit au Darfour s’est encore intensifié : l’armée et les milices soutenues par l’État ont lancé des offensives contre la population civile, les forces gouvernementales et les forces rebelles se sont affrontées et des convois humanitaires ont été attaqués.

 

 Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2006 :

Au Darfour, des civils ont été tués ou blessés par les troupes gouvernementales – qui ont parfois bombardé des villages – et par les Janjawid, des milices nomades alliées au gouvernement. Des femmes ont été violées et certaines ont été enlevées et réduites en esclavage sexuel. De nombreuses personnes ont fui les conflits et l’extrême pauvreté qui sévissaient dans le sud et d’autres endroits du Darfour.

Le gouvernement soudanais et les milices qui lui sont alliées, les Janjawid, ont tué et blessé des civils au cours de bombardements et d’incursions contre des villages, ont violé des femmes et des jeunes filles et ont chassé des habitants de leurs terres . Le secrétaire général et les organes des Nations unies ont fait état de violations effroyables et d’une ampleur extrême, la situation au Darfour étant marquée par des atteintes aux droits humains généralisées et systématiques, des violations du droit humanitaire, le déplacement forcé de millions de personnes et la menace d’une famine.

 

Extraits du rapport annuel d’Amnesty International 2007 :

En août, les forces gouvernementales ont lancé une offensive de grande ampleur dans le nord du Darfour et dans la région de Djebel Marra, qui s’est accompagnée d’attaques de Janjawids contre des villages et qui se poursuivait encore à la fin de l’année. Les bombardements aériens de cibles civiles étaient fréquents. . Le recours à la torture, qui restait très répandu, était même systématique dans certaines régions, dont le Darfour.
Cette année encore, les Janjawids ont pratiqué le viol de manière systématique au Darfour. Dans la plupart des cas, cela se passait lorsque les femmes sortaient des camps de personnes déplacées pour aller chercher du bois. Dans d’autres, les femmes étaient violées lorsque les Janjawids attaquaient les villages. Les auteurs de ces actes bénéficiaient d’une quasi-impunité.

Des faits semblables sont exposés par une autre grande ONG, Humn Right Watch, par exemple dans un rapport datant de 2005 (en anglais)

Tous les témoignages recueillis par les journalistes de la presse internationale ou les membres d’ONG corroborent ces exactions. Voici quelques exemples, parmi les milliers qu’on peut trouver sur Internet.

 

Der Spiegel, juin 2005 : “Chronique d’un massacre annoncé” par Thilo Thielke

C’est alors que l’enfer se déchaîna à l’autre extrémité de la ville. Des combattants en tenue de camouflage émergèrent dans la brume matinale à l’ouest, se dirigeant vers la ville de 20.000 habitants, suivis par des hordes de miliciens arabes Janjawids à dos de chameau, se ruant sur la localité de Khor Abeche comme des cavaliers de l’Apocalypse. Une troisième vague de soldats avec des armes lourdes et des bazookas arrivèrent sur des pick-ups et des camions.Des dizaines de maisons furent incendiées en quelques minutes, faisant monter dans le ciel des nuages de fumée noire qui préfiguraient l’horreur qui allait s’abattre sur Khor Abeche le 7 avril 2005.

Abakir, voyant la fumée, partit en courant le plus vite possible avec Mariam et leurs enfants en dehors de la ville. Après avoir donné l’assaut à Khor Abeche depuis trois points endroits différents, les attaquants mirent la ville à feu et à sang, massacrant tout le monde sur leur passage – hommes, femmes et enfants. Abakir et sa famille survécurent en se cachant dans une grotte, où ils entendirent toute la journée la destruction de Khor Abeche : le grondement de l’artillerie, les tirs de Kalachnikov, les bombes larguées par les Antonov de l’armée soudanaise – et les cris épouvantables des mourants.

Le Département d’Etat des Etats-Unis a depuis longtemps défini comme un génocide ce qu’il appelle les « crimes contre l’Humanité » commis au Darfour. Amnesty International parle de « meurtres de civils, torture, viols, enlèvements, destructions de villages et de propriétés privées ». Une commission du gouvernement britannique ainsi que diverses ONG estiment qu’il y a eu entre 180 000 et 400 000 morts depuis 2003. Sur les six millions d’habitants que compte le Darfour, deux millions vivent maintenant dans des camps de réfugiés surpeuplés. 200 000 autres se sont réfugiés au Tchad.


Témoignage de Dily, ancien Janjawid, 2006. Ce témoignage a été repris dans The Guardian, 18 octobre 2006, article de Eric Reeves Sudan Tribune, octobre 2006 The Guardian, octobre 2006

Dily, un arabe soudanais, se rappelle comment pendant trois ans avec ses camarades, à dos de chameau et de cheval, il a donné l’assaut contre des villages au Darfour, rasant les habitations, tirant et hurlant « Tuez les esclaves ! Tuez les esclaves ! ».

Les maisons étaient brûlées, les hommes les femmes et les enfants tués – parfois avec l’aide des bombardements de l’aviation gouvernementale. Les commandants disaient que les villages devaient être détruits et qu’il ne fallait épargner ni les femmes ni les enfants. La plupart criaient : « Tuez les noirs ! Tuez les noirs !”.

Dily a déclaré n’avoir jamais violé de femme, mais que les autres Janjawids les violaient. ”Ils partaient avec les femmes et les filles à l’écart et les violaient. Si elles refusaient, on entendait des coups de feu »

 

The Guardian, 2 février 2005, Ewen MacAskill – L’ONU dresse une liste d’atrocités commises au Soudan qui risquent des sanctions

Les Etats-Unis ont l’intention de réclamer des sanctions contre le Soudan suite à quatre mois d’enquête qui a mis en plein jour le rôle du gouvernement soudanais et de ses milices, les Janjawids, dans la destruction d’environ 700 villages et dans le déchaînement de violences qui ont causé la mort de dizaines de milliers de personnes et le déplacement forcé d’1,8 million d’habitants. Les enquêteurs ont appuyé leurs conclusions sur une série de faits concrets. Parmi eux :

D’après l’ambassadeur britannique auprès des Nations Unies, Emyr Jones Parry, « la grande majorité des attaques sont des attaques terrestres par les soldats gouvernementaux, les Janjawids ou bien les deux à la fois. Des centaines de récits décrivent le meurtre de civils, des massacres, des exécutions sommaires, des viols et d’autres formes de violences sexuelles, des tortures, des enlèvements, la mise à sac de propriétés privées ainsi que la destruction délibérée et l’incendie de villages ».

Ces récits démontrent que les viols et les violences sexuelles pratiqués par les Janjawids et les soldats gouvernementaux font partie d’une stratégie délibérée.
The Guardian, mars 2009, Mark Tran – « Violez les femmes, tuez les enfants » : un ancien soldat soudanais raconte les attaques au Darfour

B Kajabier, un déserteur de l’armée soudanaise, décrit une scène juste avant l’assaut donné contre un village par l’armée soudanaise en avril 2003. Le colonel Jaja prit la parole devant ses troupes, des Arabes pour la plupart, mais quelques noirs aussi, après qu’ils furent descendus de leurs véhicules. Les ordres étaient précis : « Violez les femmes, tuez les enfants. Ne laissez rien debout »

Six ans plus tard, Kajabier, qui a fui le Soudan, a décidé de témoigner contre le gouvernement soudanais. Kajabier, un noir du Darfour qui fut enrôlé dans l’armée soudanaise, dit qu’il participa à l’attaque de plusieurs villages en avril 2003. « Nous encerclions les villages, les Janjawid nous suivaient à dos de cheval et de chameau, et pourchassaient ceux qui réussissaient à fuir les soldats. Nous brûlions les maisons une par une et nous commencions à tirer. Très peu de villageois survécurent ».

On estime que 200 000 personnes sont mortes et que 2,7 millions sont devenues des réfugiés depuis le début des combats au Darfour entre l’armée gouvernementale et les forces rebelles en 2003.

 

San Francisco Gate Avril 2006 Jim Doyle – Des survivants du génocide au Darfour racontent l’horreur

Il y a quatre mois les Janjawids ont attaqué le village de mon cousin et ont brûlé toutes les maisons… Ils ont tué mon cousin devant sa femme et ses cinq enfants »

 

Article 1 – Témoignages de réfugiés du Darfour installés au Tchad (témoignages recueillis en juin et juillet 2007 à la frontière entre le Soudan et le Tchad

Les Janjawids, avec le soutien direct et indirect du gouvernement soudanais, commettent des meurtres de masse et des actes de génocide, violent les femmes, brûlent des mosquées et tuent des enfants. Les habitants du Darfour sont victimes de ces pratiques où qu’ils vivent, dans des villages ou des camps de réfugiés. Le gouvernement soudanais a fourni des armes et des munitions aux Janjawids, et leur a donné beaucoup d’argent. Les Janjawids brûlent les villages et tuent leurs habitants avec l’aide du gouvernement soudanais qui envoie des militaires expérimentés et des avions.

Témoignage de Khadija, une femme de 22 ans du Darfour : Les Janjawids sont arrivés le 15 août 2003. Ils se sont séparés en plusieurs groupes, ont attaqué le village et tué environ 30 personnes, surtout des jeunes gens et des enfants. Après que le village ait brûlé, l’armée soudanaise est arrivée avec des soldats expérimentés, des armes lourdes et des hélicoptères qui ont attaqué le village appuyés par les Janjawids montés sur des chameaux et des chevaux. Ils ont tué 52 personnes, surtout des enfants, des femmes et des vieillards. Ils ont aussi violé plus de 20 filles. Le matin suivant, ils se sont à nouveau divisés en trois groupes et ont attaqué le village à 4 heures du matin, tuant 70 personnes. Quand ils furent à court de munitions, ils brûlèrent les villageois vivants et les tuèrent à coups de couteau.

 

BMJ.com (British Medical Journal) – La femme médecin qui a témoigné des atrocités au Darfour reçoit un prix

Halima Bashir, une femme médecin qui fut victime de viols en réunion après avoir témoigné des atrocités commises au sud du Soudan, a reçu le prix Anna Politkovskaya décernée aux femmes défendant les droits des femmes.

Le docteur Bashir explique qu’elle devait témoigner car, “en tant que médecin, j’ai soigné des enfants victimes de viol au Darfour. Imaginez cela. Imaginez un pays ou des hommes et des dirigeants gouvernementaux mettent en place une politique de viols d’enfants comme une arme de guerre. C’est ce qui se passe dans mon pays.

 

The Guardian Juillet 2008 Mark Tran – Une voix s’élève pour les victimes du Darfour

Halima Bashir, une femme médecin soudanaise qui a fui le Darfour et vit maintenant à Londres, raconte la tragédie qui se déroule dans son pays d’origine.

Pour la punir elle fut transférée à Mazkhabad, un village loin de tout dans le nord du Darfour, et devint responsable d’un dispensaire. C’est là qu’elle vit de près les atrocités commises au Darfour. Dans ses pires cauchemars, elle n’aurait pu imaginer voir de telles horreurs, et soigner des fillettes de huit ans violées à de nombreuses reprises.

Bashir dut soigner plus de 40 filles qui furent violées dans leur école alors que les soldats soudanais condamnaient les entrées. Les parents restaient à l’extérieur de l’école, entendant les hurlements de leurs filles.

Une victime de viol qui était aussi enseignante dit à Bashir : « Ils criaient et hurlaient. Vous savez ce qu’ils nous disaient ? Nous sommes venus pour vous tuer tous ! Vous mettre à mort tous : Vous êtes des esclaves noirs ! Vous êtes pires que des chiens. Le pire, c’est qu’ils riaient et exultaient alors qu’ils commettaient ces atrocités.»

Les Janjawids s’en prirent finalement à Bashir. Trois hommes en uniforme l’amenèrent du dispensaire au camp militaire, où elle fut battue et violée à de nombreuses reprises. Son calvaire se répéta un second jour durant lequel Bashir se retira mentalement dans sa tête « dans un endroit très éloigné où Dieu m’amena près de lui, un endroit où plus personne ne pouvait m’atteindre »

Bashir ne peut expliquer les actes de ses bourreaux que comme une forme virulente de racisme. « C’est à cause de la couleur de notre peau, c’est parce que nous sommes noirs » dit elle. « Même à l’école on nous insulte à cause de la couleur de notre peau. C’est quelque chose qui perdure depuis très longtemps ».

Bashir se souvient de ses études à l’université de médecine, où elle avait la réputation d’être une étudiante très travailleuse. Les cadavres que nous disséquions étaient toujours noirs. Une de ses amies lui a dit un jour : « Pour les Arabes, nous ne valons rien lorsque nous sommes vivants, et encore moins lorsque nous sommes morts. »

 

Rapport du Département d’Etat des Etats-Unis, 2004

Lorsqu’ils décrivaient les attaques, les réfugiés expliquaient souvent que l’armée gouvernementale et les Janjawids formaient un groupe uni ; comme le déclara un réfugié « les soldats et les Janjawids agissent toujours de concert ». Les principales victimes sont les populations non-arabophones du Darfour. De nombreux témoignages dignes de foi décrivent l’utilisation d’insultes raciales et ethniques par les Janjawids et les soldats gouvernementaux ; « Tuez les esclaves ; Tuez les esclaves !» et « Nos ordres sont de tuer tous les noirs » sont des mots d’ordre souvent entendus. Un réfugié a entendu un membre des Janjawids dire « nous tuons tous les noirs, nous tuons même le bétail s’il est de couleur noire ». De nombreux réfugiés décrivent des enlèvements en masse, y compris avec des camions de l’armée soudanaise, mais personne ne sait ce que deviennent ces réfugiés. Quelques témoins disent avoir connaissance d’exécutions de masse et de charniers ».

 

Le Darfour Détruit: Les exécutants soudanais brisent le silence from Aegis Trust on Vimeo.

Source: http://www.les-crises.fr/le-genocide-du-darfour/


[Urgent] Relecture en Français ce soir

Wednesday 9 July 2014 at 19:57

bonjour

qui est une fine plume pour relire un document en français ce soir, pour trouver fautes et coquilles typographiques ?

22 pages, avant 01h00 du matin

Merci de me contacter

EDIT : un correcteur fait une première passe, si quelqu’un est dispo pour une seconde en deuxième partie de soirée, merci de vous signaler…

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/urgent-relecture-en-francais-ce-soir/


[L'Europe contre la Démocratie, suite] L’accord de majorité Socialistes-Droite-Libéraux prive de postes au Parlement les eurosceptiques

Wednesday 9 July 2014 at 02:43

Le processus devrait être évidemment inacceptable pour toute personne se disant démocrate, mais, plus intéressant encore, le silence total dans les médias sur ces magouilles est hallucinant… Je n’ai trouvé aucune information dans les grands médias sur ce vote d’hier – il y a juste une belel dépêche de l’agence chinoise !!! (merci à ceux qui postent en commentaire, c’est précieux…)

En résumé : comme l’a annoncé Quatremer (tout seul) il y a quelques jours, les socialistes, la droite (sic.) et les libéraux ont conclu une alliance pour la législature 2014-2019 du Parlement européen, visant en particulier le groupe des eurosceptiques de Nigel Farage de toute présidence et vice-présidence de commission, auquel il avait mathématiquement le droit. Seuls les Verts ont protesté contre ce détournement survenu hier 7 juillet visant à museler l’opposition… Pour information, le FN n’a pa sréussi à consttiuer un groupe (il faut 7 nationalités différentes dedans – pour aider à la démocratie j’imagine…), et Farager n’a réussi que grace à la défection d’une eurodéputée FN.

Voici justement la dernière vidéo de Farage du 2 juillet – très offensif comme d’habitude…

{L’annonce} Jean Quatremer, 3 juillet : Le Parlement européen dresse un cordon sanitaire autour des europhobes

Les 170 députés europhobes vont découvrir qu’il n’est pas facile de «détruire l’Europe de l’intérieur», comme le promettait Marine Le Pen, la présidente du FN, durant la campagne électorale. Le Parlement européen issu des élections du 25 mai, qui se réunit aujourd’hui à Strasbourg pour sa session constitutive, a, en effet, mis en place un véritable «cordon sanitaire» destiné à les isoler et à les priver de tous postes de responsabilité. Pour ce faire, les conservateurs du PPE, les socialistes du S&D (socialistes et démocrates) et les libéraux de l’ADLE, trois groupes pro-européens, ont scellé une Sainte Alliance valable pour la durée de la législature (2014-2019).

Les eurosceptiques et les europhobes pèsent pourtant 22,63 % des 751 eurodéputés (contre 16 % lors de la législature 2009-2014), un étiage qu’il n’avait plus atteint depuis 1984 (ils représentaient alors 20 % des sièges). Mais ils ont été, comme à leur habitude, incapable de s’entendre, le rejet de la construction communautaire ne constituant pas une base d’entente suffisante entre des partis aux idéologies souvent diamétralement opposées. Ils se retrouvent donc éclatés en trois groupes d’inégale importance, ce qui affaiblit d’emblée leur capacité de nuisance. D’abord, le groupe ECR, eurosceptique, mais démocrate, constitué autour des conservateurs britanniques (19 membres) et du PiS polonais (19 membres), qui parvient, avec 70 eurodéputés, à occuper la troisième place des groupes. Ensuite, on trouve les europhobes de l’EFD (48 membres), fondé par le UKIP britannique de Nigel Farage, qui remplit tout juste les conditions nécessaires (il faut des députés originaires d’au moins sept pays, chiffre atteint grâce à une défection d’une députée du FN). Et, enfin, les non-inscrits (52, dont les 23 élus du FN) qui n’ont aucune prise sur la marche des travaux du Parlement. {OB : Ben ils votent quand même, comme des députés…}

Le KO technique de Marine Le Pen, qui n’a pas réussi à constituer un groupe politique, son parti faisant figure d’épouvantail pour la majorité des europhobes, n’a pas suffi aux pro-européens. En signant un accord de majorité, le PPE (premier groupe politique avec 221 députés), le S&D (191 membres – les socialistes) et les libéraux (67 élus, dont ceux de l’alliance UDI-Modem) ont aussi voulu priver l’EFD de Farage des postes auxquels il pouvait prétendre, à savoir une présidence de commission parlementaire et une vice-présidence du Parlement. Ceux-ci tombent dans l’escarcelle du groupe présidé par Guy Verhofstadt (qui hérite donc de deux commissions, dont celle du budget promis à Jean Arthuis). Les europhobes sont donc totalement isolés. «Néanmoins, c’est Nigel Farage qui sera le champion de l’europhobie et non pas Marine Le Pen, car il a réussi à agréger autour de lui des forces politiques, comme le mouvement de Beppe Grillo », s’amuse Alain Lamassoure, le président de la délégation UMP au sein du PPE : «quelle humiliation !»

Les eurosceptiques de l’ECR, jugés plus fréquentables, s’en tirent, eux, plutôt bien : devenus troisième groupe du Parlement devant les libéraux, notamment grâce à l’appoint de partis xénophobes qui siégeaient auparavant avec Farage, ils auront droit à deux commissions, dont celle du marché intérieur et de la défense (qui été présidée par l’UMP Arnaud Danjean entre 2009 et 2014).

La percée des europhobes n’a pas que des inconvénients selon Alain Lamassoure : «elle va renforcer le caractère europhile du Parlement en nous obligeant à sortir du ronron, à être plus audacieux, plus inventif pour contrer leur influence » {OB : j’adore, on voii bien le fanatisme à l’oeuvre}. Surtout, «la législature va être infiniment plus politique que précédemment : la présence eurosceptique, l’élection du président de la Commission par le Parlement et l’accord de gouvernement entre les trois grandes familles politiques vont obliger les députés à faire de la politique et plus seulement de la législation», approuve un haut fonctionnaire de l’europarlement.

La grande coalition conservateurs-libéraux-socialistes ne vise pas seulement à dresser un cordon sanitaire, mais aussi à sécuriser l’élection de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission désigné, qui aura lieu le 16 juillet à Strasbourg. Certes le PPE et le PSE, qui ont décidé de se partager la présidence du Parlement (2,5 ans pour le socialiste allemand Martin Schulz, candidat malheureux à la présidence de l’exécutif européen, 2,5 ans sans doute pour le conservateur Alain Lamassoure), totalisent 412 voix à eux deux, soit plus que la majorité absolue requise de 376 voix. Mais entre les absences et les probables défections (les 12 conservateurs hongrois ou les 20 travaillistes britanniques voteront contre Juncker), la marge était trop faible, d’où l’appoint nécessaire représenté par les 67 libéraux. Une perte en ligne de plus de 100 députés est, de fait, peu probable. Comme l’a expliqué l’ADLE, l’accord «garantit une meilleure base afin de construire une majorité stable pour la prochaine Commission». En outre, cette majorité de 376 voix est nécessaire pour adopter les lois européennes, d’où l’importance de la consolider par un véritable accord de gouvernement, une première dans l’histoire du Parlement.

Sans compter que les Verts (50 sièges) et la GUE (52 députés, un groupe qui n’est nullement europhobe comme le montre le départ des staliniens antieuropéens du KKE grec) apporteront ponctuellement leur soutien à cette grande coalition, notamment dans le domaine des libertés publiques, mais aussi dans celui de la législation économique et financière, l’air du temps étant à la réglementation du marché… {OB : Ahahahahahahahahahahahahahahahahahahahah. Je pense que le Luxembourgeois Juncker est l’homme de la situation pour réglementer}

La composition du Parlement n’est évidemment pas figée. Il est probable que certains partis siégeant sur les bancs des non inscrits essayeront de rejoindre un groupe politique : le PVV de Geert Wilders pourrait ainsi être tenté, après avoir épaulé le FN dans sa tentative de constituer un groupe, de rejoindre l’EFD. La Ligue du Nord pourrait faire de même, mais il risque de se heurter au refus de Cinque Stelle… De même, il n’est pas certain que l’ECR garde tous ses membres, ce groupe étant présidé par un musulman d’origine indienne, le conservateur britannique, Syed Kamall, ce qui pourrait causer quelques crises d’urticaires à ses membres les plus xénophobes, comme le PiS polonais. Enfin, l’existence de l’EFD ne tient qu’à un pays (il faut 25 députés originaires d’au moins 7 pays pour en former un).

Élément notable, cette législature marque un affaiblissement sans précédent de l’influence française : le FN ayant obtenu 24 députés (l’un de ses élus l’a depuis quitté pour siéger à l’EFD) sur un total de 74, ce sont autant de postes «stérilisés» puisque le parti Marine Le Pen ne siège dans aucun groupe. Mécaniquement, les Français sont affaiblis au sein du PPE (troisième délégation nationale derrière les Allemands et les Polonais) et du S&D (sixième délégation). Résultat des courses : le PS n’aura aucune présidence de commission et l’UMP est relégué à la commission pêche (contre le budget et la défense précédemment), même si elle peut se consoler avec une vice-présidence du groupe PPE et un poste de questeur (Brice Hortefeux s’est fait battre au sein du PPE pour un poste de vice-président du PE). «Les Français payent leur éclatement», se désole Alain Lamassoure.

Source : Coulisses de Bruxelles

{C’est ça être démocrate} 4 juillet : Les Verts soutiennent Farage dans la bataille des postes au Parlement européen

Contre toute attente {OB : J’aime bien ce “Contre toute attente” = “Merde, il reste des démocrates !”}, les Verts européens ont apporté leur soutien à Nigel Farage face à la tentative des groupes pro-européens de priver son groupe politique d’une présidence d’une commission au Parlement européen.

Après une entrée remarquée au Parlement européen lors de la session constitutive, le groupe Europe libertés démocratie de l’eurodéputé britannique Nigel Farage, connu pour son euroscepticisme prononcé, n’obtiendrait aucune présidence de commission, malgré ses 48 membres. Une situation en contradiction avec les règles de répartition des postes au Parlement qu’ont dénoncée les Verts européens.

Les différentes commissions du Parlement européen doivent élire leurs présidents et vice-présidents le 7 juillet prochain. Ces postes, aux prérogatives importantes, sont répartis entre les différents groupes politiques siégeant au Parlement européen.

Mais les présidents de commission sont élus à bulletin secret et les principaux groupes politiques ont conclu un accord pour se partager entre eux les différents sièges.

Hermann Kelly, porte-parole d’Europe libertés démocratie a dénoncé « un putsch fomenté à huit clos » par les trois principaux partis pro-européens, à savoir le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D) et les centristes de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE).

Bien que les Verts soient des proeuropéens convaincus, ils ont fortement dénoncé cette stratégie et ont apporté leur soutien à l’ELD.

« Empêcher tout groupe politique d’obtenir le poste de présidence d’une commission qui lui revient normalement de droit selon le système établi – système dont le but est justement de distribuer ces postes le plus équitablement possible – serait une atteinte grave au processus démocratique au sein du Parlement européen », a déclaré Margrete Auken, porte-parole des Verts de la commission des pétitions.

>>Lire l’interview de l’eurodéputée Verte Michèle Rivasi: «Il faut prendre en compte l’europhobie, ou l’Europe sera une bulle»

Selon le système D’Hondt, les postes de présidence des différentes commissions sont distribués entre les groupes politiques en fonction du nombre respectif d’eurodéputés. Un système considéré comme une méthode équitable de répartition des postes clefs.

Or, aux yeux des Verts, un accord entre les principaux groupes politiques signifierait pour l’ELD la perte de son président à la tête de la commission des pétitions, qui lui revient pourtant de droit, selon le système D’Hondt.

« [Un tel accord] va au-delà de calculs mesquins et politiciens et touche directement le cœur de la démocratie européenne » a poursuivi Margrete Auken lançant un inattendu signe de soutien à Nigel Farage.

« Le candidat nommé par le groupe de l’ELD semble avoir toutes les compétences requises et la bonne approche en vue d’exercer sa fonction de manière adéquate. Dans un tel contexte, nous exhortons les autres groupes politiques à ne pas poursuivre leur machination contre le système D’Hondt, qui pourrait compromettre la coopération minimale nécessaire au bon fonctionnement du Parlement européen », a-t-elle déclaré.

« Si les grands groupes pro-européens s’unissent pour mettre en branle leur vile stratégie en ce qui concerne la distribution des présidences de commission, alors la fragile façade de démocratie, les faux-semblants d’État de droit et tous les vestiges de transparence seront mis à terre », a déclaré Hermann Kelly, dans un courriel envoyé à EurActiv.

Source : EurActiv

{Les Français ne sont pas au courant, mais les Chinois, si} 6 juillet – Xinhua : Risque d’une nouvelle dispute sur les postes au PE

Les membres du Parlement européen (PE) voteront lundi pour désigner les présidents des différentes commissions parlementaires à Bruxelles. Mais après une session plénière tenue la semaine dernière à Strasbourg, une nouvelle dispute risque d’éclater à propos de la présidence des 20 commissions permanentes qui contribuent à la législation européenne.

La composition des commissions, y compris chaque présidence, est découpée selon le système D’Hondt, une méthode de calcul utilisée pour l’attribution de postes au prorata du nombre de députés de chaque groupe politique qui compose le PE.

Après les élections de la semaine dernière à Strasbourg pour choisir les députés de chaque commission, on pensait que le groupe eurosceptique Europe de la liberté et de la démocratie directe (EFDD) présiderait la commission des pétitions, sous la direction de l’eurodéputée italienne Eleonora Evi, du Mouvement cinq étoile de Beppe Grillo.

Cette commission analyse les pétitions des citoyens de l’Union européenne (UE), mais son rôle le plus important concerne l’examen du lobbying des groupes d’intérêts spéciaux.

Cependant, des rumeurs ont circulé ce week-end comme quoi l’EFDD pourrait ne pas obtenir la présidence de cette commission, car les trois plus grands groupes au Parlement – le Parti populaire européen (PPE), les socialistes et démocrates (S&D) et l’ADLE, le groupe libéral – ont conclu un accord pour bloquer le parti eurosceptique dirigé par l’eurodéputé britannique Nigel Farage. Les présidents sont élus à bulletin secret par les membres des commissions.

En fait, l’EFDD a obtenu le soutien inattendu des Verts/Alliance libre européenne (ALE) qui se trouve à l’autre extrémité du spectre du PE. Une déclaration officielle des Verts affirmant qu’ils avaient “des préoccupations sur l’accord qui aurait été conclu entre certains groupes politiques, et signifierait que l’EFDD perdrait le poste du président de la commission des pétitions du PE, auquel il y aurait droit sous le système D’Hondt”.

La députée danoise Margrete Auken, porte-parole des Verts au sein de la commission, a déclaré: “Empêcher tout groupe politique d’obtenir le poste de présidence d’une commission qui lui revient normalement de droit selon le système établi – système dont le but est justement de distribuer ces postes le plus équitablement possible – serait une atteinte grave au processus démocratique au sein du PE. Cela va au-delà de calculs mesquins et politiciens et touche directement le cœur de la démocratie européenne”.

Mme Auken a ajouté qu’il était d’autant plus important pour la commission des pétitions, compte tenu de son rôle dans la défense des règles et des droits et “contre l’ingérence des intérêts particuliers”.

“Le candidat nommé par le groupe de l’EFDD semble avoir toutes les compétences requises et la bonne approche en vue d’exercer sa fonction de manière adéquate. Dans un tel contexte, nous exhortons les autres groupes politiques à ne pas poursuivre leur machination contre le système D’Hondt, qui pourrait compromettre la coopération minimale nécessaire au bon fonctionnement du Parlement européen”, a-t-elle déclaré.

Hermann Kelly, porte-parole de l’EFDD a déclaré “un putsch fomenté à huit clos” par les trois principaux partis pro-européens.

Par ailleurs, dans la formation des commissions, le groupe des Conservateurs et Réformistes (ECR), dirigé par les conservateurs britanniques, a obtenu un nombre de postes importants. Après les élections du PE en mai, l’ECR a remplacé l’ADLE comme étant le troisième groupe au Parlement avec 70 députés.

L’eurodéputée britannique Vicky Ford est attendue pour présider la commission du Marché intérieur et de la protection des consommateurs, tandis que sa collègue polonaise Anna Fotyga est prévue à la tête de la sous-commission de la sécurité et de la défense.

Le chef de l’ECR, l’eurodéputé britannique Sajjad Karim, qui était candidat à la présidence du parlement, a attiré suffisamment de députés pour obtenir 101 voix, soit 30 de plus que le nombre total du groupe au parlement. Cela l’a placé à la deuxième place derrière Martin Schulz, qui a été réélu pour un second mandat grâce à une coalition entre son groupe S&D, ADLE et le PPE.

En revanche, la France verra une diminution de sa représentation dans les commissions, à cause de la forte présence du Front national (FN) dans les élections.

Bien que le FN ait gagné plus de sièges (24) que les autres partis français, il n’a pas pu prendre part aux négociations des commissions, car il n’a pas réussi à former un groupe parlementaire. Alors que les députés FN ont été élus dans les différentes commissions, aucun ne sera désigné comme président. Sur les 50 députés français restants – un de moins que la représentation polonaise – la piètre situation est aggravée par la baisse considérable du nombre de socialistes français qui étaient auparavant influents au sein du S&D.

Par conséquent, les députés français auront probablement deux postes de président des 20 commissions en comparaison à une possibilité de six postes pour les députés allemands et trois pour le Royaume-Uni.

Source: Agence de presse chinoise Xinhua {OB : vous noterez la qualité de l’information}

{Les Jeux sont faits, rien ne va plus} 8 juillet : Le groupe de Nigel Farage privé de postes au Parlement européen

Les élus eurosceptiques du groupe de Nigel Farage, Europe libertés et démocratie (ELD), se retrouvent privés de postes clés au Parlement européen, à la faveur d’une alliance des trois grands groupes pro-européens.

L’eurosceptique Nigel Farage est furieux. Le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et démocrates (S&D) et l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE) se sont ligués contre son groupe politique Europe libertés et démocratie (ELD) dans la distribution des postes importants au sein des commissions parlementaires.

Résultat, après un vote à bulletin secret, l’eurodéputée Eleanora Evi n’a pas pu arracher la présidence de la commission des pétitions, obtenue par la députée libérale suédoise Cecilia Wikström avec 23 votes contre 8 pour l’Italienne.

Les trois principaux partis pro-européens ont également fait en sorte que cette élue du Mouvement cinq étoiles de Beppe Grillo ne devienne pas vice-présidente de la commission des pétitions. Selon l’intéressée, cette décision est « antidémocratique et immorale ».

Des sources de l’ELD accusent également les trois principaux partis pro-européens d’avoir préparé un coup pour bloquer l’accès des eurosceptiques à la présidence de la commission agriculture.

Les partis europhiles sont-ils antidémocratiques ?

Nigel Farage a déclaré : « les fanatiques fédéralistes ont montré leurs véritables couleurs antidémocratiques. Ils détestent les examens en profondeur et l’opposition, ils détestent donc avec force le groupe ELD. Je suppose que cela devrait nous emplir de fierté.

« Les groupes europhiles ont à nouveau prouvé leur peur de la démocratie, leur haine des points de vue minoritaires, et leur rejet évident de la transparence. Les fédéralistes européens sont une honte, mais la population devrait se rendre compte que leurs visions et leurs sales arrangements symbolisent le Parlement européen », a-t-il poursuivi.

Les commissions du Parlement européen se sont réunies le 7 juillet afin d’élire leurs présidents et leurs vice-présidents. Selon le système D’Hondt, les postes de présidence des différentes commissions sont distribués entre les groupes politiques en fonction du nombre respectif d’eurodéputés.

Le système est considéré comme une méthode équitable de répartition des postes clés. Même si le règlement du Parlement européen n’interdit pas le blocage de ce type de désignations, il s’agit d’une pratique inhabituelle qui va à l’encontre du protocole.

Contre toute attente, les Verts européens ont décidé de soutenir l’ELD après des rumeurs de complot.

Ils ont affirmé que le blocage de la désignation d’Eleanora Evi était contraire à la démocratie et qu’elle avait toutes les compétences requises pour présider la commission des pétitions.

« Empêcher tout groupe politique d’obtenir le poste de présidence d’une commission qui lui revient normalement de droit selon le système établi – système dont le but est justement de distribuer ces postes le plus équitablement possible – serait une atteinte grave au processus démocratique au sein du Parlement européen », a déclaré Margrete Auken, porte-parole des Verts de la commission des pétitions.

James Crisp | EurActiv.com - traduction de l’anglais par Aubry Touriel

{Les Français ne sont toujours pas au courant, mais les Chinois, si} 8 juillet – Xinchua : Les trois grands partis du PE se liguent pour bloquer l’accès des eurosceptiques à la présidence d’une commission (SYNTHESE)

Par Neil Madden – STRASBOURG, 7 juillet (Xinhua) — Comme on s’y attendait, le groupe eurosceptique Europe de la liberté et la démocratie directe (EFDD) n’a pas réussi lundi à obtenir la présidence de la commission des pétitions du Parlement européen (PE).

Le groupe EFDD, dirigé par le Britannique Nigel Farage et qui comprend le Mouvement Cinq étoiles de l’Italien Beppe Grillo, aurait dû obtenir la présidence selon le système D’Hondt, une méthode de calcul utilisée pour l’attribution de postes au prorata du nombre de députés de chaque groupe politique qui compose le PE.

Mais un accord entre les trois grands groupes du PE – le Parti populaire européen (PPE), les socialistes et démocrates (S&D) et les libéraux d’ADLE – a donné la majorité des voix à Cecilia Wikström, une députée suédoise d’ADLE. En outre, la candidate d’EFDD, l’Italienne Eleonora Evi, a été fortement mise en minorité pour chacune des quatre positions de vice-président, bien qu’elle ait été nominée quatre fois. Elle a été rejetée à trois reprises par les candidats du PPE et une fois par le S&D.

Eleonora Evi a affirmé que l’accord passé par les trois grands partis pour bloquer son élection revenait à “l’assassinat de la démocratie”.

“Aujourd’hui, la méthode D’Hondt a été violée”, a-t-elle dit. “J’exprime mon mépris pour cette stratégie car elle ne soutient qu’un système oligarchique égoïste. Pourquoi sommes-nous punis comme cela et pour quelles raisons?”

Elle a été soutenue par l’eurodéputée danoise Margrete Auken, des Verts/Alliance libre européenne (ALE), qui a publié une déclaration officielle ce week-end condamnant ce mouvement de blocage.

“Il est parfaitement acceptable de s’opposer à un candidat, mais je n’ai jamais vu une commission s’opposer à un ensemble de groupe politique”, a-t-elle dit au cours de la réunion de la commission. “Cela est contraire à la méthode D’Hondt et j’espère vraiment que ce sera la dernière fois que je vois une chose pareille dans une commission”.

En réponse, Cecilia Wikström a déclaré qu’elle serait une présidente honnête et juste, et dans un message personnel adressé à Eleonora Evi, elle a ajouté: “Je suis sûr que nous pouvons tous créer une atmosphère de respect mutuel et de confiance.”

Plus tard, l’eurodéputé britannique Nigel Farage et co-président d’EFDD, a déclaré: “Les fanatiques fédéralistes ont montré leurs véritables couleurs anti-démocratiques. Ils détestent être examinés et l’opposition, et donc ils détestent fortement le groupe EFDD – qui, je suppose, devrait nous rendre fiers. Les groupes europhiles ont de nouveau démontré leur peur de la démocratie, leur haine des opinions minoritaires et leur rejet clair de la transparence. Les fédéralistes de l’UE sont une honte, mais le public doit connaître que leurs points de vue et leurs affaires sales sont emblématiques du Parlement européen”.

Les autres présidents de commissions ont été votés comme prévu. Sur les 20 commissions permanentes et deux sous-commissions, le PPE et le S&D en présideront sept chacun, trois seront dirigées par les députés de l’ADLE, deux par le Groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), deux par les Verts/ALE et un par le Parlement européen Gauche/Gauche verte nordique (GUE).

En termes de représentation des pays, l’Allemagne a le plus de présidents, cinq au total. Fait intéressant, la deuxième représentation la plus forte est la Pologne avec quatre présidences, suivie par le Royaume-Uni et l’Italie avec trois chacun, et seulement deux pour l’Espagne et la France. La Suède, la Bulgarie et la République tchèque ont un poste chacun.

Source : Xinhuanet.com

Les euromaniaques se serrent les coudes

{OB : pour que l’information soit complète}

“La tradition selon laquelle les présidences et sous-présidences de commissions du Parlement européen sont distribuées en fonction de l’importance des groupes a été enterrée cette fois-ci, afin de ne pas permettre aux affreux europhobes de détenir de tels postes.

Ainsi devait revenir au groupe de Nigel Farage et Bepe Grillo la présidence de la commission des pétitions, ce qui allait de soi puisque le groupe est précisément intitulé Europe de la liberté et de la démocratie directe. Mais le PPE, les socialistes et les libéraux se sont unis pour rejeter la candidate de ce groupe et imposer une européiste libérale.

« Les groupes europhiles ont de nouveau démontré leur peur de la démocratie, leur haine des points de vue minoritaires, et leur clair rejet de la transparence », a déclaré Nigel Farage.

Il en a été de même pour les vice-présidences. Bernd Lucke, qui devait devenir vice-président de la commission des affaires monétaires, a été rejeté. Et Beatrix Storch a été de même évincée de la vice-présidence de la commission des droits des femmes. Tous deux sont des élus du parti anti-euro allemand, dont Bernd Lucke est le président, et sont membres du groupe ECR des conservateurs britanniques.” (Source : Yves Daoudal)

En conclusion :

  1. les nationalistes européens fanatiques ont des pratiques non démocratiques 
  2. mais il faut consulter l’agence chinoise pour l’apprendre.

J’aime bien cette époque…

P.S. La presse allemande en parle, elle, comme le FAZ, Bild, Focus, The Huffington Post Deutschland

Source: http://www.les-crises.fr/l-alliance-socialistes-droite-pe/


Un accord de majorité Socialistes-Droite-Libéraux au Parlement Européen

Wednesday 9 July 2014 at 00:19

Le 26 juin, un accord de majorité a été signé à Bruxelles entre le PPE (Droite, dont l’UMP), le S&D (Socialistes et Démocrates, dont le PS) et l’ALDE (Libéraux et démocrates, dont UDI et Modem).

J’ai cherché, mais je n’ai pas trouvé l’accord en question (si quelqu’un y arrive, merci de me l’envoyer…), juste des communiqués de presse très partiels, axés sur les magouilles de postes :

Le 24/06, PPE :

==> miam miam, des “réformes”

Le 26/06, S&D (Socialistes) :

==> miam miam, des “réformes”

Le 26/06, ALDE (Libéraux) :

==> miam miam, des “réformes”

Le 27/06, S&D (Socialistes) :

==> Donc les socialistes soutiennent le luxembourgeois de droite – mais attention, c’est seulement parce qu’il respecte le “programme pour le changement” (arf) des socialistes… Le changement c’est donc maintenant ?

Le 07/06, S&D (Socialistes) :

 

==> miam miam “Pouvoir et Influence” !!!! D’ailleurs, c’est écrit : ce sera exactement “comme pour la législature précédente” !

Donc ça devrait fortement s’améliorer sur “le plan social” (ou alors, sinon, votez socialistes en 2019…)

Mais bon, n’oublions pas l’objectif :

Et clairement, s’allier avec la droite et les libéraux, c’est clairement ce qu’attendaient les électeurs socialistes, ce qui devrait évidemment permettre de lutter efficacement contre “l’extrémisme et le populisme” ! – ils s’étaient déjà alliés en 2009 avec la seule droite, comme en 2004, etc…

==> miam miam “Pouvoir ” !!!!

(article à diffuser sans modération)

Source: http://www.les-crises.fr/l-accord-de-majorite-socialistes-droite-liberaux-au-pe/


[Invité] Hyman Minsky et l’hypothèse d’instabilité financière, par Sébastien Charles

Tuesday 8 July 2014 at 02:36

Aujorud’hui, un billet invité par Sébastien Charles, Maître de conférences à l’université Paris 8 et spécialiste de l’économiste Hyman Minsky (en anglais)

Vous pouvez télécharger l’article au format pdf ici

Présenter la macroéconomie d’Hyman Minsky et la rendre intelligible n’est pas une mince affaire, au regard de ses très nombreuses contributions à l’analyse de l’instabilité de nos sociétés capitalistes modernes. D’emblée, soyons honnête, ce billet n’a pas la prétention de délivrer l’ensemble du message minskyen à ses lecteurs. Plus modestement, il développera sa théorie de l’investissement qui est un bon point de départ afin de cerner ce qu’est l’hypothèse d’instabilité financière (la FIH, Financial Instability Hypothesis) et comment elle crée de graves troubles dans l’économie. Ici, il ne s’agira que d’évaluer le comportement des entreprises à l’égard de l’endettement. Nous demandons donc aux lecteurs d’être indulgents et de garder à l’esprit que Minsky a étudié également les conséquences de la dette sur la situation des ménages, voire des Etats (cf. Minsky 1964 ; 1984).

Pour démarrer, le plus simple consiste à adopter le positionnement des entreprises qui souhaitent investir. Quel est l’élément clé qui détermine la décision d’achat d’une machine dont l’objectif est d’accroître la production ? D’un côté, toutes les entreprises évaluent les profits que rapporteront leurs investissements. Ainsi, plus les profits anticipés sont élevés et plus les firmes sont disposées à payer un prix important pour leurs investissements. De l’autre côté, se trouve les entreprises qui fabriquent ces biens d’investissements. Leur prix de vente dépend de plusieurs éléments à l’instar des coûts salariaux, du taux de marge et du taux d’intérêt à court terme (cf. Minsky, 1975, 1986). Dans ce dernier cas, il s’agit du taux qui s’applique au financement de la production (crédit bancaire à court terme ou billets de trésorerie dont les échéances sont inférieures à un an). Si le prix que les entreprises souhaitent payer pour les investissements est supérieur au prix de vente proposé par ceux qui produisent les biens d’investissements, alors l’investissement augmente. Autrement dit, tant qu’il subsiste des opportunités de dégager des profits, les entreprises les saisissent en continuant à investir.

Les ennuis commencent lorsque les souhaits des entrepreneurs vont au-delà de leur autofinancement[1], ceux-ci n’ayant d’autre choix que de s’endetter. Ce désir d’investissement augmente le risque des entreprises. Pourquoi ? Simplement parce que l’endettement engendre un risque de faillite plus élevé. En effet, les firmes doivent gérer des charges financières certaines toujours plus importantes alors qu’en face les profits supérieurs, générés par la hausse de la dette et de l’investissement, ne sont qu’anticipés. En d’autres termes, ils demeurent fondamentalement incertains.

Dans pareil contexte comment l’instabilité financière se manifeste-t-elle ? Prenons une situation dans laquelle les prévisions de profits des entreprises se vérifient. La conséquence immédiate est double : (i) la confiance des prêteurs (les banques) et des emprunteurs dans la poursuite des affaires se renforce et (ii) la perception des risques diminue fortement (pour ne pas dire anormalement). Ainsi, vu les prévisions conformes à la réalité, le risque pour les prêteurs de subir un défaut de paiement s’éloigne complètement. Ceux-ci sont donc confortés dans leurs prises de décisions et encouragés à prêter encore plus de par la concurrence entre les institutions financières. Du côté des firmes emprunteuses, la situation est identique. Grisées par leurs succès passés, elles vont être tentées de s’endetter plus largement pour investir, commençant à surestimer dangereusement les profits qu’elles peuvent retirer de ces mêmes investissements.

Il convient de noter que le contexte macroéconomique et financier est fondamental chez Minsky, la perception qu’ont les agents (banques, entrepreneurs, ménages) de la situation en cours les pousse à accroître l’endettement de manière dangereuse. En outre, plus la période de tranquillité est longue, à savoir une période sans crise macro-financière ou bancaire, et plus les agents adoptent des comportements « aventureux ». Le passage suivant de Minsky (1986, p. 213) est d’ailleurs fort éclairant à ce sujet : 

« (…), le succès pousse à l’insouciance quant à la possibilité d’erreur ; l’absence de sérieuses difficultés financières durant une longue période conduit au développement d’une économie euphorique dans laquelle les financements à court terme de positions longues deviennent un mode de vie normal » 

La surestimation des profits à venir peut conduire les entreprises à financer des investissements avec des crédits à court terme (mettons deux ou trois ans) alors qu’avec des anticipations non biaisées par l’euphorie cela nécessiterait des emprunts à plus long terme (par exemple, supérieurs à cinq ans). Dans ce cas, les flux de profits sont totalement déconnectés des flux de remboursement et des engagements financiers que doivent assurer les entreprises, augmentant un peu plus les besoins d’endettement et la survenue d’une crise financière, cette dernière mettant un terme douloureux à une période prolongée d’aveuglement. Le boom de l’économie s’accompagne donc d’une hausse massive de l’endettement privé. C’est ce que Minsky appelle l’hypothèse d’instabilité financière : la hausse de la dette est supérieure à celle des profits, conduisant inévitablement l’économie à un blocage lorsque les firmes ne peuvent plus honorer leurs engagements. Il s’en suit une période de désendettement exacerbé qui, au passage, n’est pas meilleure que la précédente car l’économie vit du crédit et supprimer ce dernier ne fait qu’amplifier la récession, voire crée les conditions d’une dépression. Dès lors, les entreprises tentent de rembourser les dettes en liquidant une partie de l’actif (titres et immobilisations) des bilans, ce qui met à mal l’appareil productif avec, en plus, le risque d’une baisse généralisée des prix qui rendra impossible toute initiative de remboursement et toute reprise de l’activité économique.

Que faire dans un tel contexte chaotique ? Attendre et espérer que les mécanismes du marché autorégulateur nous sortent de l’impasse ? Flexibiliser le marché du travail ? Rien de tout ceci ! Pourquoi ? Parce que la macroéconomie reprend toujours ses droits et qu’il est vain d’espérer qu’une économie arrivée à ce point de dégradation et dont la demande intérieure s’effondre complètement (au sens littéral du terme) ne reparte sans qu’un plancher soit instauré à la baisse des profits, des investissements et des prix. Pour Minsky, lorsque les anticipations de profits se retournent à la baisse et que l’ensemble des décisions d’investissement sont ajournées[2], il n’y a aucune raison valable pour que le phénomène cesse avant un long et douloureux moment, sauf à supposer une intervention extérieure au marché, celle de l’Etat. En effet, il n’y a qu’une politique budgétaire fortement contra-cyclique qui puisse mettre un terme à cette spirale baissière et fournir des débouchés aux firmes, c’est-à-dire stabiliser le niveau de leurs profits. Dans pareille situation, relancer l’économie par la dépense publique est la seule issue. D’ailleurs, ses propos ne souffrent d’aucune ambiguïté : 

 « Un large gouvernement est la raison principale pour laquelle le capitalisme d’aujourd’hui est meilleur que le capitalisme qui nous a donné la Grande Dépression » Minsky (1986, p. 296)[3]

Dès lors que les firmes et institutions financières ont réglé, non sans heurts, leurs problèmes d’endettement et que l’économie entre en convalescence, cette dernière porte déjà en elle les germes de la prochaine phase d’instabilité financière : 

« A mesure que les répercussions (…) de la déflation par la dette disparaissent, (…), et que les positions financières sont reconstruites durant la phase de stagnation, un redémarrage et l’expansion commencent. Ce redressement démarre avec un fort souvenir des sanctions héritées de l’exposition des passifs durant la déflation par la dette et avec le passif des bilans qui a été nettoyé des dettes. Cependant, le succès amène l’audace et au fil du temps le souvenir des désastres passés s’érode. La stabilité, même durant l’expansion, est déstabilisante en ce sens que des financements plus aventureux rapportent aux leaders et que les autres suivent. Ainsi, l’expansion se transformera rapidement en boom » Minsky (1975, p. 125) 

L’économie est prête pour connaître une nouvelle ère d’endettement inconsidéré, obéissant au même schéma d’aveuglement au désastre, qui se finira inéluctablement par le désendettement,  la récession et la chute de la demande globale.

Et ce ne sont pas des « incantations ésotériques » (libéralisation des marchés financiers et du travail, baisse ou suppression du salaire minimal, etc…) qui feront repartir à la hausse la demande qui s’adresse aux entreprises, surtout si la baisse des salaires entraîne celle des prix…la pseudo-solution devenant un problème supplémentaire que l’Etat devra gérer. Car ce dernier est le seul à disposer d’un pareil pouvoir même si ceux qui passent leur temps à fustiger son omniprésence finissent, tôt ou tard, par demander sans vergogne qu’il les sauve du désastre qu’ils ont eux-mêmes contribué à créer. Minsky, de son vivant, n’aurait très certainement pas renié cette assertion…

 


[1] C’est-à-dire les profits mis de côté servant à financer les investissements.

[2] A supposer qu’il reste des entreprises n’ayant pas cédé à l’endettement inconsidéré, seules ces dernières ont encore la capacité financière d’investir. Toutefois, cela n’arrivera pas pour deux raisons. D’abord, pourquoi investir alors que la demande chute et qu’elles risquent de se retrouver avec une capacité de production inutilisée ? Ensuite, en situation de déflation, les entreprises ajournent leurs investissements au motif que les prix d’achat seront plus bas dans un futur proche, ce qui ne manque pas d’accentuer la baisse des prix par insuffisance de la demande. Il n’y a donc aucune chance que l’investissement privé reparte de lui-même.

[3] Le terme « large gouvernement » ou « Big Government » doit s’entendre comme les interventions massives de l’Etat sous forme de dépenses publiques venant compenser, le temps de la récession, la baisse des dépenses privées.

Références

Source: http://www.les-crises.fr/hyman-insky-sebastien-charles/


[No comment] Sapin: « Notre amie c’est la finance : la bonne finance »

Tuesday 8 July 2014 at 00:10

Source : Libération  (les commentaires sont impressionnants)…

À suivre demain…

P.S. juste pour mémoire :

Le 11 décembre 1969, Charles de Gaulle déclare à André Malraux : “Mon seul adversaire, celui de la France, n’a aucunement cessé d’être l’argent.” [André Malraux, "Les chênes qu'on abat", Gallimard, page 166]

“Homme politique intègre – et comme il en est peu –, de Gaulle disait volontiers qu’il n’avait qu’un ennemi, l’argent. Et de fait, c’est lorsqu’il en a menacé les gestionnaires, en parlant de participation, que la coalition de ses défenseurs l’a abattu. Pouvait-il imaginer que, décennie après décennie, une fois qu’il serait parti, au nom de la rentabilité, on détruirait peu à peu les travaux et les jours de cette République dont, au nom de l’Etat, il avait voulu être le meilleur défenseur ?” [Marc Ferro, conclusion de son livre "De Gaulle expliqué aujourd’hui"]

P.P.S. : le réaction de Sapir, que je partage évidement totalement…

A vomir…

6 juillet 2014

Par

Ainsi donc Michel Sapin, dont tout un chacun glose sur la proximité avec notre Président, François Hollande, a déclaré dans une intervention aux Rencontres économiques d’Aix-en- Provence ce dimanche 6 juillet 2014 : “Nous avons à répondre à une très belle question : « ‘Y a-t-il une finance heureuse, au service d’investissements heureux ?’ Je l’exprimerai autrement et vous verrez ma part de provocation. Notre amie c’est la finance : la bonne finance »[1].

La formule frappe, par ce qu’elle est à contre-pieds de celle du même François Hollande, alors simple candidat à l’élection présidentielle, qui, lors de son discours au Bourget, avait qualifié la finance « d’ennemie »[2]. Cette formule avait été d’ailleurs beaucoup commentée à l’époque, et François Hollande avait dû s’en défendre à Londres quelques jours plus tard…Mais, peu importe. Du « socialisme » en décomposition émane des odeurs pestilentielles qui provoquent l’écœurement. On ne pourra bientôt lire une déclaration d’un membre du gouvernement que muni, par précaution, d’un sac sanitaire, comme dans les avions. Mais, ici, il y a trois raisons bien précises.

  • (1)  Cette déclaration, tout comme celle du Bourget, ne fait pas de différence entre la « finance » et le processus de financiarisation de l’économie. Or, ce qui importe tout d’abord c’est bien un processus qui met l’ensemble des activités productives sous la coupe des puissances financières[3]. C’est ce processus qui engendre le basculement de notre économie vers un court-termisme chaque jour plus suicidaire et qui condamne en fait l’innovation réelle[4]. C’est ce processus qui engendre des monstruosités comme les fameux « licenciements boursiers ». Tout ceci est connu depuis maintenant plus de 20 ans. Ce processus s’articule et se combine avec la globalisation financière[5]. On peut considérer qu’il correspond à une négation de l’économie capitaliste tout comme à son achèvement[6].C’est ce processus qu’est venu couronner l’Euro, dont on ne dira jamais assez le rôle essentiel de pivot qu’il a dans l’extension de la financiarisation de la France et de l’Europe. Cette confusion entre « finance » et « financiarisation » est indigne de personnes ayant fait les études qui furent celles de Michel Sapin ou de François Hollande. On voit bien que le crétinisme communicationnel a remplacé la réflexion, voire le simple bon sens. Rien que cela est à vomir.
  • (2)  Mais, de plus, Michel Sapin, ministre du gouvernement français, fait cette déclaration alors que depuis deux ans le dit gouvernement, dont il est un membre éminent, se perd en palinodies et en compromissions sur la question de la réglementation des banques. Alors, oser parler de « bonne finance », quand on n’a rien fait, moins que les britanniques qui eux, au moins, se sont décidés à réglementer leurs banques[7], cela passe les bornes. On a envie de hurler « pas vous, pas ça ». On se souvient des vers de Victor Hugo dans Le Roi s’amuse que l’on pourrait, pensant à Jerôme Cahuzac et à quelques autres, intimes du Président, ainsi paraphraser[8] « vos Frères/ Sous les huées / A des banquiers / Se sont prostitués ». Ce sont ces Sapins, ces Cambadèlis, ces Hollande, qui viennent ensuite pleurer sur l’état de la France et du « socialisme » dont ils ont été les principaux artisans du malheur. Que dire, si ce n’est par la bouche grand Hugo « quand on n’a plus d’honneur Sire, on n’a plus de famille ». Encore une fois, on a envie de vomir.
  • (3)  Mais il y a pire. François Hollande, Président de la République, se renie publiquement[9]. Soit. Mais qu’il le fasse par sa bouche. Qu’il ne passe pas par un intermédiaire dont il pourrait, au cas ou la déclaration ferait trop de fracas, renier les propos. Il y a là une astuce qui n’est autre qu’une bassesse. Là où l’on prétend faire preuve d’habileté, il n’y a qu’une immense lâcheté. C’est, encore une fois, à vomir.

Alors, que le Président et ses ministres ne s’étonnent pas du discrédit qui les frappe. Qu’ils ne s’étonnent pas d’avoir perdu le peu de légitimité qui leur restait. Qu’ils ne s’étonnent pas si des vents mauvais se lèvent sur la France. Ils en portent l’entière et totale responsabilité.


[1] http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140706.OBS2874/sapin-la-bonne-finance-est-l-amie-du-gouvernement.html

[2] http://tempsreel.nouvelobs.com/la-vie-en-rose/20120122.OBS9483/hollande-au-bourget-cap-a-gauche.html

[3] Roubini, Nouriel et Stephen MIHM. Économie de crise. Une introduction à la finance du

futur, Jc Lattès, 2010, 462 p

[4] Stiglitz J., Le prix de l’inégalité, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2012

[5] Sapir J., La démondialisation, Le Seuil, Paris, 2011.

[6] http://www.marianne.net/Comment-la-financiarisation-a-tue-l-economie_a204208.html

[7] http://www.agefi.fr/articles/le-rapport-vickers-s-invite-dans-le-debat-politique-francais-1206544.html

[8] La citation exacte étant : « vos mères/ Sous les huées / A des laquais / Se sont prostituées »

[9] http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/decryptages/2014/07/06/2500…erre-le-discours-de-francois-hollande-sur-la-finance.php?print=true

Source: http://www.les-crises.fr/no-comment-sapin-finance/


[Reprise] Le dilemme de Poutine, par Mike Whitney

Monday 7 July 2014 at 01:29

«La dernière décennie du XXe siècle a connu un changement tectonique dans les affaires mondiales. Pour la première fois, une puissance non-Eurasienne a émergé, non seulement comme un arbitre clé des relations de pouvoir en Eurasie, mais aussi comme pouvoir suprême dans le monde. » (p. xiii)

« Maintenant, une puissance non-Eurasienne est devenue prééminente en Eurasie. – Et la primauté mondiale de l’Amérique dépend directement de la durée et de l’efficacité de sa prépondérance maintenue sur le continent eurasiatique » (p.30)
Extraits du livre Le Grand Échiquier : la Primauté Américaine et ses Impératifs Géostratégiques, Zbigniew Brzezinski, Basic Books, 1997

« On nous avait promis à Munich, après la réunification de l’Allemagne, aucune expansion de l’OTAN n’aura lieu à l’Est. Ensuite, l’OTAN s’est élargie en ajoutant les anciens pays du Pacte de Varsovie, les anciens pays de l’URSS, et j’ai demandé: “Pourquoi faites-vous cela ? ” Et ils m’ont répondu : ” Ce n’est pas votre affaire.” » – Le président Russe Vladimir Poutine, conférence de presse à Moscou, avril 2014

Les États-Unis se trouvent dans une véritable phase de déclaration de guerre avec la Russie. Les décideurs politiques à Washington ont déplacé leur attention depuis le Moyen-Orient vers l’Eurasie, où ils espèrent atteindre la partie la plus ambitieuse du projet impérial : établir des bases d’opérations avancées tout au long du flanc Ouest de la Russie, pour arrêter l’intégration économique entre l’Asie et l’Europe, et pour commencer l’objectif longtemps recherché de démembrer la Fédération de Russie. Tels sont les objectifs de la politique actuelle. Les États-Unis ont l’intention d’étendre leurs bases militaires en Asie centrale, de se saisir des ressources vitales et des corridors de pipelines, et d’encercler la Chine pour pouvoir contrôler sa croissance future. Cette poussière en Ukraine indique que la cloche de départ a déjà sonné et que l’opération est déjà entièrement en cours de déroulement. Comme nous le savons par expérience, Washington va poursuivre sa stratégie sans relâche tout en s’affranchissant de l’opinion publique, du droit international ou de la condamnation des adversaires et des alliés de la même façon. La seule superpuissance du monde n’a nul besoin d’écouter quiconque. Il s’agit d’un droit en soi.

Ce modèle, est bien sûr, infaillible. Il commence avec des sanctions de type doigts moralisateurs qui agitent l’économique, et de la rhétorique incendiaire, et puis rapidement, il se transforme en bombardements furtifs, attaques de drones, destruction massive des infrastructures civiles, des millions de réfugiés fuyant les villes et les villages décimés, des escadrons de la mort, du carnage humain en gros, de vastes destructions de l’environnement, et la lame stable en échec l’anarchie de l’État… Tout ceci étant accompagné par la répétition fade de la propagande étatique vomie de tous les porte-voix de l’entreprise dans les médias occidentaux.

N’est-ce pas la façon dont les choses se sont déjà déroulées en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie?

En effet, ils l’ont fait. Et maintenant, c’est au tour de Moscou. La survie de Poutine et celle de la Fédération de Russie dépend dans une très large mesure de sa capacité à saisir la nouvelle réalité rapidement et de s’adapter en conséquence. S’il décide d’ignorer les signes avant-coureurs qui sont tant espérés par Washington qui ne saurait être apaisé ou bien les hommes qui dictent la politique étrangère des États-Unis qui seraient peut-être persuadés d’abandonner le soi-disant «pivot vers l’Asie », il pourrait faire face à la même fin que Saddam Hussein ou Kadhafi. Donc, la première priorité est tout simplement d’accepter le fait que la guerre a commencé. Toutes ses futures décisions politiques doivent provenir de cette connaissance de base.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors qu’est-ce que Poutine sait déjà ?

À cette fin, les médias occidentaux ont façonné un récit absurde en prétendant que la Crimée fait partie d’un plan « diabolique »  de Poutine pour reconstruire l’Union soviétique et revenir aux jours de gloire de l’Empire russe. Bien qu’il n’y ait aucun point à réfuter dans cette allégation risible, il convient de noter que de nombreux journalistes ont contesté l’exubérance des médias en analysant la couverture de propagande gérée par l’Etat. Voilà comment Robert Parry l’a résumé dans un article récent :

«Au cours de mes quatre plus grandes décennies dans le journalisme, je n’ai jamais assisté à un tel spectacle de partialité et de tromperie aussi élaboré par les plus grands médias d’actualité grand public des États-Unis. Même à l’époque de Ronald Reagan … il y avait plus d’indépendance dans les principaux organes de presse. Il y a eu aussi beaucoup de bousculades des médias au large de la falaise de la réalité pendant la guerre du Golfe Persique de George HW Bush et de la guerre en Irak de George W. Bush, qui ont tous deux été manifestement coutumiers de fausses allégations qui ont pu être si facilement avalées par les grands organes de presse américains.

Mais il y a quelque chose de tout à fait orwellien dans la couverture actuelle de la crise en Ukraine, y compris le fait d’accuser les autres de «propagande» quand leurs explications… se révèlent beaucoup plus honnêtes et plus précises que ce que le corps de presse tout entier des États-Unis a mis en production…. La désinvolture de cette propagande … n’est pas seulement du journalisme de la honte, mais c’est aussi particulièrement imprudent de malversation au péril de la vie de nombreux Ukrainiens et de l’avenir de la planète. » (« Ukraine, à travers le miroir des Etats-Unis », Robert Parry, SmirkingChimp )

Malheureusement, le brouillard de la propagande générée par l’État permet de maintenir le public en grande partie dans l’obscurité sur les motifs réels du conflit actuel, ainsi que l’histoire sordide de l’hostilité américaine envers la Russie. Voici un court texte de présentation d’un article paru sur le site World Socialist Web Site qui aide à couper à travers la BS et qui fournit un peu plus d’éclairage sur ce qui se passe réellement :

« Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée à la fin de 1991, Dick (Cheney) voulait obtenir non seulement le démantèlement de l’Union soviétique et de l’empire russe, mais celui de la Russie elle-même, de sorte qu’elle ne puisse plus jamais constituer à nouveau une menace pour le reste du monde, », écrit l’ancien secrétaire à la Défense, Robert Gates,  des États-Unis, dans ses mémoires récemment publiées. Gates faisait allusion à l’époque où Dick Cheney était ministre de la Défense, et plus tard vice-président américain.

Ces déclarations éclairent sous un jour nouveau les dimensions géopolitiques du putsch récent en Ukraine.

Ce qui est en jeu, ce ne sont pas tant de simples questions de nationalité, et encore moins la lutte contre la corruption et pour la démocratie, mais bien au contraire une lutte internationale pour le pouvoir et l’influence qui remonte à un quart de siècle. “( Les dimensions géopolitiques du coup d’état en Ukraine , Peter Schwarz, World Socialist Web Site)

Le Conseiller en Sécurité Nationale du président Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, constitue bien le principal architecte de la politique actuelle. Dans son désormais classique « Le Grand Échiquier … La suprématie américaine Et Ses impératifs Géostratégiques », Brzezinski argumente que les États-Unis ont un besoin vital de devoir contrôler la masse continentale de l’Eurasie et d’en repousser ses rivaux potentiels, afin de maintenir sa position dominante en tant que seule et unique superpuissance au monde. Les critiques affirment que ce livre est un modèle pour une dictature mondiale, une revendication qui est bien difficile à contester étant donné l’accent particulièrement maniaque de Brzezinski sur ce qu’il qualifie « de la suprématie mondiale de l’Amérique. » Voici quelques extraits du texte qui éclairent bien les réflexions de l’auteur sur l’expansion US en Asie :

«L’Amérique est maintenant la seule superpuissance mondiale, et l’Eurasie devient l’arène centrale du globe. Par conséquent, ce qui va se passer tout autour de la distribution de l’énergie sur le continent Eurasien sera d’une importance décisive pour la primauté mondiale de l’Amérique et de l’héritage historique de l’Amérique. » (P.194) « Il s’ensuit que l’intérêt principal de l’Amérique est d’aider à s’assurer qu’aucune puissance unique ne soit en mesure de contrôler cet espace géopolitique et que la communauté internationale n’aura aucune entrave à son accès financier et économique ». (P148) …
« La consommation d’énergie dans le monde est appelée à augmenter considérablement au cours des deux ou trois prochaines décennies. Selon les estimations du Département de l’Énergie des Etats-Unis, ils s’attendent à ce que la demande mondiale augmentera de plus de 50 % entre 1993 et 2015, la hausse la plus significative de la consommation se produisant en Extrême-Orient. La dynamique de développement économique de l’Asie suscite déjà des pressions énormes pour l’exploration et l’exploitation de nouvelles sources d’énergie et les régions de l’Asie centrale et du bassin de la mer Caspienne sont connues pour contenir des réserves de gaz naturel et de pétrole qui éclipsent celles du Koweït, du Golfe du Mexique ou de la mer du Nord. » (p.125) … »…
« La manière dont l’Amérique gère « l’Eurasie » devient critique. L’Eurasie constitue le plus grand continent du monde et un axe géopolitique. La puissance capable de dominer l’Eurasie contrôlerait deux des trois régions les plus avancées et économiquement productives du monde. … Environ 75 % des habitants de la planète vivent en Eurasie, et la plupart de la richesse physique du monde se trouve concentrée là aussi, à la fois dans ses entreprises et dans son sous-sol.  L’Eurasie représente environ 60 % du PNB de la planète et environ les trois quarts des ressources énergétiques connues du monde entier » p.31) …
(Extraits de « Le Grand Échiquier : la Primauté Américaine et ses Impératifs Géostratégiques » – Zbigniew Brzezinski, Basic Books, 1997)

Pris dans son ensemble, « l’Échiquier » de Brzezinski revient finalement à une stratégie plutôt simple pour gouverner le monde. Tout ce que l’on doit faire, c’est de se saisir de l’approvisionnement énergétique critique et des lignes de transport en commun, d’écraser ses rivaux potentiels, et de subvertir les coalitions régionales, ou encore ce que Brzezinski désigne avec désinvolture, « empêcher les barbares de se mettre ensemble. »
Le plan comporte cependant des risques considérables, (la Russie détient pas mal d’armes nucléaires, après tout…), mais les risques sont largement compensés par la perspective de domination mondiale incontestée pour un avenir prévisible.

Le problème avec la politique de Washington en Ukraine, c’est qu’elle laisse très peu d’options à Poutine.

S’il déploie des troupes pour défendre l’ethnie Russophone à l’Est, alors Obama va immédiatement exiger des sanctions économiques supplémentaires, une zone «d’exclusion aérienne», le déploiement de l’OTAN, et la coupure du gaz naturel et des produits pétroliers en Europe.

D’un autre côté, si Poutine ne fait rien, alors les attaques contre les personnes russophones en Ukraine (comme la fusillade de dimanche à un poste de contrôle de l’Est avec trois morts.) vont s’intensifier et les États-Unis vont fournir un soutien logistique militaire en secret aux extrémistes néo- nazis du ministère de l’Intérieur, tout comme ils l’ont déjà fait avec les terroristes djihadistes en Syrie et en Libye. Cela va entraîner l’Ukraine dans une guerre civile dévastatrice qui pourrait endommager l’économie de la Russie et saper la sécurité nationale.

Quelle que soit l’option que vous pouvez envisager, la Russie perd dans tous les cas.

Le journaliste David Paul a résumé la situation dans un article du Huffington Post intitulé « Oubliez le baratin, Poutine tient une main perdante ». Il a expliqué:

« La formulation stratégique de Brzezinski est conçue pour améliorer la puissance américaine dans la région sur le long terme, et que Poutine arrive à trouver un moyen de se retirer ou bien qu’il choisisse d’envahir n’a finalement aucune importance. Quel que soit le choix que fait Poutine… en fin de compte il va servir les intérêts de l’Amérique, même si une guerre civile ukrainienne et une crise de l’énergie en Europe doivent faire partie du prix à l’arrivée. » ( Huffington Post )

C’est tout le dilemme de Poutine, qui consiste à tenter de choisir le chemin qui est le moins susceptible d’aggraver la situation et de plonger plus profondément l’Ukraine dans l’abîme.

Pour l’instant, le choix semble évident, c’est juste qu’il faut tout simplement s’asseoir bien à l’abri, résister à la tentation de s’impliquer, et ne rien faire d’irréfléchi. Finalement, cette retenue pourra être considérée comme de la force et non plus de la faiblesse et il sera en mesure de jouer un rôle plus constructif en conduisant l’Ukraine vers la paix et la sécurité.

MIKE WHITNEY  vit dans l’État de Washington. Il est un contributeur à  Espoir: Barack Obama et sa politique de l’Illusion (AK Press). Hopeless est également disponible dans une  édition Kindle. Il peut être contacté à  fergiewhitney@msn.com .

par MIKE WHITNEY – http://www.counterpunch.org/2014/04/23/putins-dilemma/ - Traduction Libre © Didier ARNAUD

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-le-dilemme-de-poutine/


URGENT : appel à l’entraide : finalisation traduction financière anglais -> français

Sunday 6 July 2014 at 20:58

Grace à vous, la traduction du document financier a pu être réalisée ce week-end. Merci à tous !

Cependant, comme il va beaucoup circuler, je souhaiterais que 1 ou 2 relectures soient faites, par des personnes avec un excellent niveau en anglais et en français, à l’aide avec le domaine juridique/financier, dans les 2 jours.

C’est vraiment très important – merci de me contacter

Merci d’avance !  :)

Olivier

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-07-14/


Revue de presse internationale du 06/07/2014

Sunday 6 July 2014 at 10:36

Des errements de Greenpeace à l’organisation du contournement des instruments de la puissance économique américaine, et le curieux fonctionnement des marchés.
Merci aux participants de cette revue de presse.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-06-07-2014/