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Revue de presse du 14/06/2014

Saturday 14 June 2014 at 01:00

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-14-06-2014/


[Surprise] Passage sur BFM lundi matin (+ entraide)

Saturday 14 June 2014 at 00:30

Pour mémoire, je passe aux Experts sur BFM Business lundi prochain à 9h00.

Mais écoutez (et réagissez via le site et le compte twitter de Nicolas Doze) également Intégrale Bourse à 11h00, il y aura une petite surprise :)

Olivier Berruyer

P.S. ENBTRAIDE : Sans aucun rapport, mais j’aurais bien besoin de quelqu’un pour reprendre la préparation du billet mensuel sur la météo. Si vous êtes un peu agile sur le web, prêts à donner 2 heures par mois (et même avec une toute petite connaissance de WordPress), merci de me contacter.

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-lundi-marin/


[Le grotesque continue] La Russie envahit l’Ukraine avec 3 chars rouillés ! (ou pas…)

Friday 13 June 2014 at 16:15

Par chance, le ridicule ne tue pas…

donc on parle de…. ta-taaaaaa : 3 chars ! Et de l’époque soviétque ! (avant ou après la guerre mondiale d’ailleurs ?)

Chars qu’on a simplement vus “dans l’Est de l’Ukraine” :

Du délire, mais c’est pas grave pour l’OTAN :

“Je suis préoccupé par les informations selon lesquelles des bandes armées pro-russes sont en train d’acheter des armes lourdes à la Russie, et notamment des chars russes”, a déclaré Anders Fogh Rasmussen dans un communiqué. “Nous avons eu des informations selon lesquelles les chars russes et d’autres véhicules blindés pouvaient avoir franchi la frontière (pour entrer) dans l’est de l’Ukraine. Si ces informations sont confirmées, cela marquerait une grave escalade de la crise”, a-t-il ajouté.

Un lecteur du blog (que je remercie), spécialiste du sujet, partage avec nous sa vision (si d’autres pros veulent réagir en commentaire…) :

“Je ne doute pas que l’on va voir de nombreux articles sur le fait que des chars russes ont passé la frontière. On prétendra même que les chars sont des T-72, des T-80, T-90 ou que sais-je.

Or les trois chars rebelles en question qui se baladent aux environs de Thorez (oui, oui, nommée après Maurice…) sont des T-64BV avec des kit réactifs Kontakt-1.

Ça se reconnait notamment à la taille des roues (petites et espacées sur les T-64 et les T-80, produits en Ukraine, grosses et rapprochées sur les T-72 et T-90, produits en Russie) mais aussi à la position des exhausteurs et à l’inclinaison de la tourelle mais ça c’est plus difficile à voir pour l’œil non-exercé.

Il est aussi important de noter que tous les T-64 ont été retiré du service russe depuis des années et ont soit été détruits soit sont gentiment en train de rouiller dans les forets à l’Est de l’Oural (et donc absolument improbable que les Russes aient réussi à en ramener discrètement aux rebelles à des milliers de kilomètres de là)…

Ces trois chars en question proviennent soit d’une défection supplémentaire de l’armée ukrainienne, soit de la base d’Artemovsk (Lughansk, pôle d’entretien de blindés), la base étaient bien défendue mais il se peut qu’elle soit tombée lors des opérations de nettoyage de la région que les rebelles mènent.

Aussi on prétendra surement que ce sont des T-72 et que seule l’armée russe en est équipé. Ce qui est faux, les listings ukrainiens varient selon les sources mais l’armée ukrainienne est supposé en avoir un petit millier en réserve, dont certains sont en cours de sortie de sommeil à Lviv.

Supposé car l’Ukraine est un grand fournisseur de tank au marché noir (souvenez vous de ce cargo rempli de chars pris par les pirates somaliens il y a quelques années de cela. Officiellement pour le Kenya mais en vrai pour la rébellion du Sud Soudan. D’où pensez qu’ils venaient?) et le T-72 soviétique char de seconde ligne à la production ”simplifié” est le meilleur de ce marché car les pièces sont facilement disponibles.

Bref, on voit simplement ici de la ferraille soviétique trentenaire très probablement locale comme quasiment tout ce qui a été amené comme preuve de ”l’implication” de la Russie…”

Source: http://www.les-crises.fr/grotesque-russie-3-chars/


Les Juifs d’Europe orientale

Friday 13 June 2014 at 03:44

Suite du billet précédent sur l’Histoire des Juifs.

Index de la série

Rappels

Comme nous l’avons vu, après le partage de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, Catherine II crée dans l’ouest de l’Empire russe une « Zone de Résidence », où les Juifs sont cantonnés de 1791 à 1917, avec interdiction de vivre dans des communautés agricoles ou dans de grandes villes comme Kiev, Sébastopol ou Yalta ; ils sont forcés de s’installer dans de petites villes provinciales, où la vie est difficile et pénible en raison de la grande pauvreté. Point positif, cette concentration a permis de faciliter l’éducation des enfants – qui sont cependant soumis à de sévères quotas dans l’enseignement.

L’objet de l’étude (très simplifiée) que nous réalisons de l’histoire juive vise en fait à bien comprendre comment, à force de persécutions, on était arrivé à une énorme concentration des Juifs dans le centre et l’Est de l’Europe :

Les premiers pogroms russes

Dans la Russie tsariste, les Juifs ont donc interdiction d’acquérir des terres, d’intégrer la fonction publique ou d’atteindre un grade d’officier dans l’armée. L’immense majorité est donc cantonnée aux métiers traditionnels du commerce, des services, de l’artisanat et de l’industrie. Pour le petit peuple orthodoxe, le Juif est donc vu comme « l’Autre », qui ne travaille pas la terre mais se livre à l’usure et au commerce – ce qui est souvent assimilé à la « spéculation » ou à « l’accaparement », surtout en période de crise ou de pénurie. Plus fondamentalement, l’antijudaïsme populaire est nourri par la croyance que le peuple juif était « celui qui avait crucifié le Christ ». À intervalles réguliers, cet antijudaïsme, habilement instrumentalisé par les autorités, remontait à la surface.

L’assassinat du tsar Alexandre II entraîna une première vague de manifestations anti-juives appelées « pogroms » (« attaque » ou « émeute » en russe), sur une période allant de 1881 à 1884.

L’assassinat du tsar Alexandre II entraîna une première vague de manifestations anti-juives appelées « pogroms »

Alors que sur le groupe de 15 assassins, 1 seul était juif, les Juifs sont rendus responsables de cet assassinat. La politique du gouvernement russe au sujet des Juifs tient dans ce programme : « Un tiers des Juifs sera converti, un tiers émigrera, un tiers périra ». Lors des événements de 1881, la centaine de pogroms était
principalement limités à la Russie, mais les pogroms se poursuivirent de façon intensive jusqu’en 1884. La passivité, voire la complicité des forces de l’ordre permit aux instincts de la populace de se déchaîner tout particulièrement à l’occasion des grandes fêtes religieuses (pogroms de Pâques de 1882, 1883 et 1884). Si les atteintes aux biens furent considérables (des dizaines de milliers de magasins pillés), le nombre de victimes ne dépassa pas quelques centaines.

Comme le souligne l’historien Léon Poliakov, il existait une grande différence entre l’antisémitisme qui sévissait en Europe occidentale et celui d’Europe orientale. Alors qu’il s’étayait surtout sur des bases de nature théologique en Allemagne, l’antisémitisme s’enracinait principalement en Pologne sur des questions sociales – la différence venant du nombre. Avant même les persécutions et les expulsions, le nombre de Juifs en Allemagne (et a fortiori en France, Espagne ou Italie) était relativement modeste (se comptant en milliers) ; les Juifs y jouaient le rôle de bouc émissaire sans être réellement en position de concurrence économique. En revanche, en Pologne, Ukraine, Russie occidentale, leur nombre était considérable (se comptant en centaine de milliers puis millions) ; leurs voisins s’estimaient ainsi parfois pénalisés par cette situation, ce qui pouvait décuplait la rancœur, et donc la haine future.

Carte des pogroms russes

Pogrom Hep Hep 1819

Pogrom à Bialystok

L’émigration et le retour des pogroms

Ces évènements constituent un tournant dans l’histoire des Juifs de Pologne et à travers le monde, car ces persécutions entraînèrent une très importante vague d’immigration juive aux États-Unis (principalement) et dans l’Europe de l’Ouest.

L’émigration a été renforcée par l’expulsion des Juifs de Moscou en 1890, par la deuxième vague de pogroms de 1903-1906. L’évènement déclencheur est le meurtre en avril 1903 d’un garçonnet – aussitôt transformé en « meurtre rituel » – près de Kichinev. Quelques jours plus tard, la foule, à l’occasion de la fête de Pâques, attaque, trois jours durant les Juifs, les forces de l’ordre restant passives. Les pogroms s’amplifient en 1904 et 1905, dans le sillage de la défaite russe dans la guerre russo-japonaise et la révolution avortée de 1905. Les pires d’entre eux se déroulèrent sur le territoire polonais où la majorité des Juifs russes vivaient, en particulier le pogrom de Bialystok en 1906 durant lequel plus de 100 Juifs furent massacrés et de nombreux autres blessés. Les deux seuls derniers mois de 1905, on recense 650 pogroms, 3 000 victimes, 15 000 blessés.

Pogrom de Kishinev en 1903

Pogrom de Dnipropetrovsk en 1905

Pendant la Première Guerre mondiale, la Zone perd son emprise rigide sur la population juive quand une grande quantité de Juifs s’enfuient vers l’intérieur de la Russie pour échapper à l’invasion des troupes allemandes. 1,5 millions de Juifs ont été déplacés de force en 1915, parfois par convois ferroviaires dédiés, car ils étaient pour l’armée des espions ou des traîtres potentiels, puisqu’ils parlaient yiddish, une langue « proche de l’allemand ». Ces expulsions préventives furent prétextes à une troisième vague de pogroms, les pillages étant cette fois plutôt le fait de la troupe, qui acquit alors un sentiment d’impunité quand il s’agissait de « casser du juif ». Ils étaient attaqués dans des villages où plus aucune autorité n’était capable d’assurer l’ordre, au prétexte que, se livrant au commerce, ils spéculaient sur les pénuries. En réalité, l’occasion était trop belle de se livrer impunément aux pillages, viols et massacres.

La révolution bolchevique de février 1917 mit fin aux discriminations légales dont souffraient les Juifs. Le 20 mars 1917, la Zone est abolie – une grande partie de la Zone deviendra plus tard une part de la Pologne. Le gouvernement provisoire ouvrit aux juifs l’accès aux postes à responsabilité, et des milliers de Juifs apparurent donc sur le devant de la nouvelle scène politique. La guerre civile de 1918-1920 conduit à une troisième vague de pogroms et à des exactions militaires de grande ampleur.

Les années 1918-1921 des guerres civiles russes constituent la quatrième vague de pogroms de l’histoire de la Russie moderne, mais le contexte dans lequel ils ont été commis, leur ampleur sans précédent et leurs modalités les distinguent radicalement des précédents. Peu étudiés, ils constituent pourtant les plus grands massacres de Juifs avant le génocide ; plus de 2 000 bourgades et petites villes furent touchées en Ukraine, Biélorussie et Russie, faisant au moins 100 000 tués, 200 000 blessés, des dizaines de milliers de femmes violées, 300 000 orphelins, plus de 500 000 réfugiés – dans une communauté de 5 millions de personnes…

80 % des 2 000 pogroms de ces années ont concerné l’Ukraine occidentale et 15 % la Biélorussie. Assez rapidement se forme la « conjonction fatale » entre Juifs et bolchéviques ; pour l’opinion publique, seuls les Juifs ont tiré profit de la révolution, tous les autres n’en ont retiré que du malheur. L’intensité du sentiment « Le pouvoir soviétique, ça pourrait encore aller s’il n’y avait pas des youpins partout » est telle que la police politique soviétique propose de remplacer d’urgence en Ukraine tous les communistes juifs ayant des responsabilités par des communistes russes, à défaut d’Ukrainiens…

Les pogroms perpétrés par l’Armée blanche en 1919 constituent pour beaucoup d’historiens un phénomène radicalement nouveau, fondé sur un antisémitisme doctrinal exacerbé, devenu « le point focal d’une vision du monde », faisant par cet aspect du mouvement blanc un mouvement « proto-nazi ». Comme on le constate sur cette affiche de propagande de l’Armée blanche contre Trotski (« Paix et liberté en Russie soviétique »).

Propagande de l’armée russe blanche contre Trotski

Affiche de propagande allemande en ukrainien contre les Juifs de 1942

En effet, dans la guerre à mort contre le bolchévisme, la profonde méfiance vis-à-vis des juifs, déjà enseignée dans les académies militaires avant 1914 se transforma chez de nombreux officiers blancs en un antisémitisme d’autant plus virulent qu’il était appelé à expliquer l’inexplicable : comment la Russie en était arrivée là où elle était, déchirée, affaiblie, vaincue, en proie au chaos, livrée à « une bande d’athées assassins et de juifs ». Les prisonniers de guerre juifs étaient systématiquement exécutés par les Blancs ou les cosaques.

Les pogroms menés par les Russes blancs ont été les plus organisés, les plus efficaces, les plus motivés idéologiquement, menés comme des opérations militaires. Par exemple, à Fastov, du 23 au 25 septembre 1919, la brigade cosaque du colonel Belogortsev massacra 1 300 à 1 500 juifs sur une population de 10 000 habitants. Cependant, l’antisémitisme n’a jamais été une doctrine officielle du mouvement blanc ; ils devinrent une « habitude », un « réflexe », une « évidence » aussi limpide que l’égalité « juif=bolchévique ».

Ainsi, les commandants ukrainiens de l’Armée de la République populaire ukrainienne Nikifor Grigoriev ravagea par exemple Tcherkassy en 1919 (700 morts) et Nicolas Palienko Jitomir la même année. Celui-ci avait déclaré en arrivant que l’Ukraine était encerclée de tous côtés par des ennemis – les Juifs, les Polonais, les Russes, les bolcheviks, les Roumains, les représentants de l’Entente –, que le bolchevisme était « le fait des youpins », que « les youpins ne s’en tireraient pas indemnes », qu’il avait la mission de rétablir l’ordre à Jitomir, de punir la ville, et que cette punition serait terrible… En 1939, Palienko rejoignit l’OUN et fut nommé major du bataillon « Nachtigall » jusqu’en 1942. En 1943, il s’engagea dans la Division SS Galicie, sous la bannière de laquelle il mourut en 1944.

pogrom de tcherkassy en 1919

pogrom de tcherkassy en 1919

pogrom de Jitomir en 1919

Un hopital apres un pogrom en Ukraine , 1920

Soulignons aussi que les Juifs furent aussi victimes des Ukrainiens – à Proskourof, le commandant Semosenko donna l’ordre « d’exterminer les youpins, l’ennemi le plus perfide et le plus dangereux du peuple ukrainien » ; 1 500 Juifs y furent massacrés à l’arme blanche, soit 20 % de la population. Par groupes de 3 ou 4, les cosaques perquisitionnaient chaque maison, torturaient leurs victimes jusqu’à qu’elles leur donnent tous leurs biens précieux, puis tuaient tous les membres de la famille, contraignant certains à mettre le feu à leur maison et à périr dans les flammes – ce qui constituait donc une véritable « Aktion de type nazi ».

Ils furent aussi victimes des Polonais et même, dans une moindre mesure, de troupes de l’Armée Rouge – bref, tous les protagonistes se sont retournés vers eux.

Comme on le voit, un seuil qualitatif a été franchi, passant de pogroms limités commis en temps de paix par des voisins enhardis par la passivité des autorités, à des massacres massifs et systématiquement mis en œuvre par des unités armées, convaincues de la nécessité et de la légitimité d’exterminer, sur une base ethnique, des populations civiles considérées comme ennemies. C’est pourquoi ces pogroms constituent pour beaucoup d’historiens le « chaînon manquant » qui relie l’antijudaïsme « traditionnel » des pogroms à la Shoah. D’autant que les milieux antisémites russes blancs émigrés en Allemagne y ont été particulièrement influents ; citons notamment la forte influence qu’a eu l’officier Blanc Fedor Vinberg (qui a traduit en allemand Les Protocoles des sages de Sion) sur l’idéologue nazi Alfred Rosenberg. L’historien Richard Pipes estime pour sa part que « la rationalité de l’extermination des juifs par les nazis leur a été apportée par les milieux de droite russes avec leur théorie qui liait les juifs au communisme. »

Après la guerre, les pogroms ne cessèrent jamais vraiment. Ainsi, en Pologne, encore entre 1935 et 1937, 79 Juifs furent tués et 500 blessés dans des incidents anti-Juifs.

Pogroms en Ukraine

À son apogée, la Zone a atteint en 1914 une population juive supérieure à 5 millions, ce qui représente à cette époque la plus grande concentration de Juifs au monde, avec près de 50 % de la population juive mondiale. Et ce malgré l’émigration de 1,5 millions de Juifs entre 1861 et 1914.

Au final, à la fin des années 1920, près de 2 millions de Juifs ont quitté la zone de résidence pour les États-Unis ; en France, la population juive passe de 60 000 en 1882 à 120 000 en 1914. On considère que les pogroms sont un des facteurs déterminants de l’émergence du sionisme.

La Seconde guerre mondiale et la Shoah

En 1930, les 15 millions de juifs se répartissent principalement en : 4 millions aux États-Unis, 3 à 3,5 en Pologne, 2,6 en URSS et 850 000 en Roumanie.

On connait la suite durant la guerre…

a

En 1945, 90 % des 3,3 M de Juifs polonais ont été exterminés, et 32 % des 3,1 millions de Juifs russes.

Nombre de victimes et Taux de décès durant la Shoah

La même classé en fonction du nombre de victimes :

La naissance d’Israël

Au lendemain de cette tragédie, l’État d’Israël voit le jour le 14 mai 1948.

Très vite, un flot d’immigration soutient sa croissance démographique.

Entre 1948 et 2012, il y a ainsi eu plus de 3 millions d’immigrés, dont 1,2 million en provenance de l’ex-URSS, 0,6 de l’Europe, 0,5 de l’Afrique, 0,5 de l’Asie et 0,2 des Amériques.

L’immigration en provenance des pays arabes (1948-1975)

L’immigration en provenance d’Europe (1945-1970)

Quelques statistiques…

En 2012, soixante-cinq ans après la fin de la guerre, les conséquences démographiques sont encore sensibles : quand la population mondiale a quadruplé, la population juive mondiale n’atteint pas le niveau qu’elle avait en 1940. Au lieu de 60 % de la population juive mondiale, 10 % seulement vivent en Europe (1,3 million) où la communauté la plus importante est celle de France.

Population juive mondiale

Population juive mondiale

Population juive mondiale

Répartition de la population juive mondiale

Proportion de la population juive

Nous ferons le lien avec l’Ukraine dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/les-juifs-d-europe-orientale/


[Histoire] Les dispersions du peuple Juif

Thursday 12 June 2014 at 03:55

Ce billet de rappel historique vise à retracer synthétiquement la bien dramatique histoire du peuple Juif (remplie de persécutions et d’exils) jusqu’à la fin du XIXe siècle…

Vous verrez bientôt le lien avec l’Ukraine…

L’Antiquité

Le Royaume de David (-1300 à -586)

Les tribus (de retour d’Égypte ?) investissent progressivement le pays des Cananéens (XIIIe-XIe siècles).

3 souverains se succèdent selon la Bible : Saül (1030-1010), David (1010-970) qui prend Jérusalem pour capitale et Salomon (970-931) qui fait construire le premier temple (en -964).

Le premier temple de Jérusalem (-964 à -586)

En -931, un schisme se produit : Roboam, le fils de Salomon, refuse violemment une baisse des impôts. Les tribus du Nord font sécession, reconnaissent Jéroboam comme roi et gardent le nom de royaume d’Israël, centré sur Samarie. Roboam devient roi des tribus du Sud, constituant le royaume de Juda avec Jérusalem pour capitale ; ce royaume est beaucoup moins riche et moins peuplé que celui du Nord.

En -722, le royaume du Nord s’effondre : Samarie est détruite par le roi d’Assyrie, entrainant la déportation et la dilution des tribus. Beaucoup d’habitants se réfugient au sud dont la capitale Jérusalem connaît alors un développement important.

En -597, Nabuchodonosor II, souverain de Chaldée, lance une expédition punitive sur son protectorat du Royaume de Juda qui tentait de s’émanciper en se rapprochant de l’Égypte. Jérusalem se rend, et Nabuchodonosor déporte le jeune roi Joachin à Babylone, ainsi que toute l’élite de Jérusalem (noblesse et artisans, environ 10 000 personnes). Sédécias, le frère de Joachim, est installé sur le trône de Juda par le pouvoir babylonien, en raison de son caractère docile.

Cependant, après dix ans de règne, Sédécias décide de secouer le joug babylonien en concluant une nouvelle alliance avec le pharaon égyptien. Mais dès que Nabuchodonosor se met en campagne pour châtier les révoltés, ceux-ci se soumettent laissant seul Sedecias, le roi de Juda.

Après un siège de dix-huit mois, Nabuchodonosor prend la ville en -586. La cité est rasée et les trésors du Temple sont emportés à Babylone, avec une partie de la population. Une majorité du peuple juif, spécialement les plus riches, se trouve ainsi à Babylone. Le monothéisme juif s’y renforcera.

Jérusalem incendiée (parchemin du Moyen Âge)

La captivité de Juda

En -539, Cyrus, roi de Perse, vainqueur des Chaldéens, autorise le retour des exilés.

“36:17 Alors l’Éternel fit monter contre eux le roi des Chaldéens, et tua par l’épée leurs jeunes gens dans la maison de leur sanctuaire; il n’épargna ni le jeune homme, ni la jeune fille, ni le vieillard, ni l’homme aux cheveux blancs, il livra tout entre ses mains. [...] 36:19 Ils brûlèrent la maison de Dieu, ils démolirent les murailles de Jérusalem, ils livrèrent au feu tous ses palais et détruisirent tous les objets précieux. 36:20 Nabuchodonosor emmena captifs à Babylone ceux qui échappèrent à l’épée; et ils lui furent assujettis, à lui et à ses fils, jusqu’à la domination du royaume de Perse.” [Ancien testament, 2 chroniques, 36, 17-21]

L’empire romain (-586 à +70)

Le Second Temple de Jérusalem est reconstruit à Jérusalem en 516 av. J.-C sous Zorobabel.

Le deuxième temple de Jérusalem (-516 à +70)

Au IVe siècle, les Perses sont battus par Alexandre, qui conquiert la Palestine en -332. Elle est ensuite dominée aux IIIe et IIe siècle par les Ptolémée ; des colonies juives s’installent dans les villes côtières de Méditerranée orientale et tout particulièrement à Alexandrie.

Ainsi, dans l’Antiquité, le judaïsme a connu 3 grands centres : la Judée et Babylone, puis, à la période hellénistique, Alexandrie.

Au cours du IIe siècle, des colonies juives s’implantent dans tous les centres majeurs de l’empire romain, y compris à Rome.

En -63, Pompée s’empare de Jérusalem. Ceci entraîne l’envoi en esclavage de nombreux prisonniers à Rome : c’est l’élément fondateur de la Première Diaspora (“dispersion”) en Occident.

Hérode Ier le Grand procède à de gigantesques travaux d’aménagement, bâtissant « à la romaine » une immense esplanade: la colline d’origine est ceinturée d’un énorme mur de soutènement, la surface intérieure entièrement nivelée puis comblée avec du remblai. La construction commence en 19 av. J.-C. et dure environ 7 ans – 100 000 hommes furent employés.

L’extension du deuxième temple par Hérode

Vers +30 , Philon d’Alexandrie avance le chiffre de 1 000 000 de Juifs habitant en Égypte, soit un huitième de la population.

En +66, des troubles éclatent en Judée, contre la tutelle de Rome. En 70, après plusieurs mois de siège, Titus prend Jérusalem. La ville est rasée, et son Temple est incendié ; les Juifs sont, en masse, vendus comme esclaves. La destruction du Second Temple marque la fin de l’État hébreu à l’époque ancienne, et transfère de facto l’autorité religieuse des grands-prêtres du Temple aux rabbins.

La destruction du Temple en 70 ap. J.C.

Ces troubles marquent ainsi le début de la grande dispersion des Juifs à travers le monde – la Deuxième Diaspora.

Les Juifs se révoltent à nouveau vainement sous Trajan (vers 110) puis pendant le règne d’Hadrien en 133, sous la direction de Bar Kokhba.

En 135, l’empereur Hadrien, venu à Jérusalem en 130, décide de créer une cité païenne sur le site. Les Juifs se révoltent et la répression est encore pire qu’en 66 : de nouvelles déportations de Juifs, réduits en esclavage, s’ajoutent aux massacres.

En 212, les Juifs, comme les autres groupes, deviennent citoyens de l’Empire

Le Moyen Age

La situation de la diaspora juive dans l’empire romain se détériore fortement lorsque le christianisme devient religion d’État (IVe siècle) – l’intolérance y étant grande. La situation n’est guère meilleure à Byzance sous Justinien (VIe siècle).

La domination musulmane améliore au contraire la condition des Juifs tant à Alexandrie qu’en Afrique du Nord ou en Espagne. Babylone – où a été composée la version la plus importante du Talmud – reste le grand centre des Académies juives jusqu’au milieu du IXe siècle.

L’Espagne, avec l’Académie de Cordoue (950), prend ensuite le relais, devenant alors le centre juif le plus prospère de la Méditerranée aux Xe-XIe siècles – citons aussi Tolède ou Grenade. La situation se dégrade sous les Almonades, vers 1150 ; le Portugal accueille alors les Juifs.

Aux XIe-XIIe siècles dans un climat marqué par les croisades et la reconquête (Tolède est reprise en 1085) se développe un anti-judaïsme qui aboutit à des massacres en Europe occidentale. Le concile de Latran (1245) donne une base juridique à ce rejet et les Juifs sont désormais tenus de porter un signe distinctif (la rouelle, disque de couleur jaune ou rouge, symbolisant les 30 deniers de Judas).

Juif portant la rouelle

En 1290, le roi d’Angleterre expulse ses Juifs et confisque leurs biens. Ils trouvent refuge en France du Nord et en Allemagne.

Entre 1132 et 1321, les Juifs du royaume de France sont expulsés et rappelés quatre fois… L’expulsion de 1394 est la dernière et reste en vigueur dans nombre de provinces de France jusqu’à la Révolution.

Il n’y avait pas de limitations professionnelles aux activités économiques des Juifs à Rome, à Byzance ou dans les pays musulmans. Mais celles-ci apparaissent dans l’Occident médiéval. Les Juifs ne pouvaient ainsi pas posséder de terres ni devenir membres d’une guilde de marchands ou d’artisans chrétiens. Un certain nombre, quand ils le pourront, se feront donc prêteurs.

Aux XIIIe-XIVe siècles, les Juifs souffrent également de persécutions dans le monde musulman, de l’Egypte à l’Espagne.

Les Sépharades

En 1492, les Juifs sont expulsés d’Espagne, au moment de la prise de Grenade, marquant la fin de la reconquête catholique de l’Espagne.

Une partie de cette communauté – dite Sépharade (issus d’Espagne, parlant le judéo-espagnol) – passe par le Portugal pour finalement aboutir en Europe du Nord (Pays-Bas), mais la plupart se réfugient dans les pays méditerranéens : Afrique du Nord (particulièrement au Maroc), Tunisie, Avignon, Italie (Rome), Egypte, Grèce (Salonique), Constantinople.

Nombre d’entre eux sont bien accueillis dans un empire ottoman en expansion. Le XVIe siècle est un siècle particulièrement faste pour les Juifs de l’empire ottoman, obtenant d’emblée d’importantes situations dans la vie économique. Le déclin au XVIIe de la prospérité commerciale de l’empire ottoman entraine celle des Juifs.

Les Juifs sous les Ottomans et sous la domination musulmane en général sont exclus, comme les autres minorités religieuses, de certaines fonctions (comme celle des armes) et occupent un statut inférieur à celui des musulmans. Ils sont tenus de porter un turban jaune. Mais leur autonomie religieuse est respectée, et ils peuvent occuper de hautes fonctions.

La ville de Salonique devient une ville où les Juifs jouent un rôle considérable ; Au XVIIe siècle, les sépharades de Constantinople et Salonique sont un des jalons du commerce international entre la Méditerranée, Amsterdam et l’Orient.

Enfin, de nombreux Juifs expulsés gagnent également les Pays-Bas, où le statut des Juifs est relativement libéral en dépit de limitations économiques (interdiction du commerce de détail) et sociales. Le plus illustre des Juifs de Hollande est Spinoza (1632-1677). C’est depuis Amsterdam que de nombreux Juifs gagnent la Nouvelle-Amsterdam (1654) qui devient rapidement New-York.

A partir du XVIIe siècle, les Juifs d’Angleterre ne souffrent plus de restrictions dans leurs activités ni d’obligations particulières en matière de résidence ni de vêtement – ce qui développe la communauté anglaise.

Le grand évènement du XVIIIe siècle est la Révolution française qui accorde aux Juifs l’égalité politique et la citoyenneté pleine et entière (1791). Il faudra attendre près d’un siècle pour que l’égalité soit accordée dans la plupart des pays européens (Pays-Bas 1797, Royaume-Uni 1858, Autriche-Hongrie 1867, Italie 1870, Allemagne 1871, Suisse 1874…)

Les Ashkénazes

À partir du XIVe siècle, les Juifs de langue et d’origine germaniques, persécutés par les chrétiens d’Europe occidentale se déplacent vers l’Europe centrale : bohême, Moravie, Lituanie et Pologne – cette dernière étant au cœur du judaïsme ashkénaze. En effet, dès les années 1300, les Juifs jouissaient en Pologne d’une situation particulièrement favorable et de larges prérogatives. Au XVIIe siècle, c’est dans cette « grande Pologne » à son apogée, de Dantzig à l’Ouest de l’Ukraine actuelle, qu’ils bénéficiaient du meilleur statut au monde. La plupart venant d’Allemagne, le yiddish s’impose comme langue des Ashkénazes (Allemands).

Cependant, les massacres perpétrés par les Cosaques à partir de 1650 entrainent un reflux de l’Europe centrale vers l’Europe de l’Ouest, l’Angleterre et l’Amérique. Si le XVIIe siècle est en Europe celui des Sépharades, le XVIIIe siècle voit alors la montée des Ashkénazes, qui vont dominer le siècle suivant.

La situation est différente en Europe orientale. La Russie interdisait aux Juifs de pénétrer dans l’empire à l’est de Kiev. Mais avec le dépeçage et l’annexion d’une grande partie de la Pologne en 1795, la Russie hérite de la communauté juive la plus importante du monde à l’époque. La Russie cantonna obligatoirement les Juifs dans une « zone de résidence » allant de la Baltique à la Mer noire, comprenant la Pologne, les Lituanie, l’Ukraine, la Biélorussie et la Crimée.

Sous les tsars, et particulièrement sous Nicolas Ier, après 1825, la situation des Juifs de Russie est très mauvaise. Ce tsar ordonne que les enfants juifs mâles soient soustraits à leur famille à l’âge de douze ans, et passent une période de formation jusqu’à dix-huit ans avant d’être envoyés au service militaire.

La situation s’améliore avec le tsar Alexandre II (1855-1881) qui supprime la conscription des enfants juifs à partir de douze ans, et ramène le service militaire, pour l’ensemble des sujets, de 25 ans à 6 ans.

Mais c’est alors que commencera la période noire des pogroms…

À suivre dans le prochain billet…

Épilogue

La population juive mondiale a flucté ainsi :

Cette bien triste histoire du peuple juif aboutit ainsi en 1900 à une très forte concentration en Europe orientale – qui débouchera sur bien des malheurs…

Source: http://www.les-crises.fr/les-dispersions-du-peuple-juif/


240 000 vues pour le billet sur les coupes de l’interview de Poutine par TF1 !

Thursday 12 June 2014 at 00:50

Un bref billet pour vous remercier de votre fidélité.

Le billet sur le caviardage de l’interview de Poutine a atteint l’incroyable total de 240 000 vues – près d’un quart de million !

Ce qui, avec 30 000 000 de foyers en France, n’est pas très loin d’1 foyer sur 100… C’est assez incroyable…

Enfin, en tous cas, MERCI encore à tous – pour venir sur ce blog, relayer ses informations ou le soutenir financièrement !  :)

Source: http://www.les-crises.fr/vues-billet-poutine/


[Cables Wikileaks] Porochenko vu par les Américains (2006-2010)

Wednesday 11 June 2014 at 02:36

Pour en savoir plus sur Porochenko, découvrons comment les Américains parlaient de lui, grâce aux formidables câbles diplomatique révélés par Wikileaks.

Vous pouvez d’ailleurs vous même effectuer des recherches grâce à l’outil dédié à la recherche, en choisissant Ukraine comme origine.

GRAND CONCOURS : Si vous trouvez des choses intéressantes dans les 1 139 câbles, postez-les en commentaire ! (sur NATO, FTA, European Union, etc.) (lien direct + traduction du passage)

Les extraits en anglais sont dans ce billet Archive.

16/02/2006

Porochenko semble travailler dur pour faire échouer la  coalition Ianoukovytch et Iouchtchenko selon Hryshchenko car une telle coalition entrainerait l’éjection de l’oligarque déchu (ndt: c’est-à-dire Porochenko ).

24/03/2006

Timochenko évitait de critiquer directement le président Iouchtchenko , en disant qu’il était au-dessus de l’élection parlementaire et pas en charge des affaires. Au lieu de cela,  c’était le bloc corrompu « Notre Ukraine » avec  des gens commee Porochenko, Bezsmertny, Martynenko et d’autres qui n’avaient pas bien servi le président et étaient responsables de l’éclatement de la coalition orange .

30/03/2006

La direction du parti de PUOU (ndt : Notre ukraine (OU)) est actuellement dominée par les mêmes oligarques impopulaires de la révolution orange – Porochenko , Zhvaniya, Tretiakov, Tchervonenko – que Iouchtchenko a été obligé d’abandonner et de renvoyer dans le remaniement du gouvernement de Septembre 2005, mais qui forment encore l’arrière boutique de Iouchtchenko ”

28/04/2006

Tandis que le chef sortant de faction OU (Our Ukraine) au Parlement Martynenko était le chef officiel de OU à Kiev, l’insider dans Notre Ukraine Petro Porochenko en a été le leader informel. OU, le Parti des Régions, et le blob Tchernovetski avait formellement seulement 46 sièges au Parlement, mais ils ont acheté la loyauté des autres. Les membres du conseil Patrie avaient fait l’objet d’intenses pressions pour changer de parti, selon Mme Tymochenko ; on leur a offert 100 000 $ (la carotte) et ils ont été menacés d’une d’activité dans la municipalité (le bâton). Secouant la tête, elle a dit que OU a fait une grosse erreur en livrant Kiev aux mains du parti des régions.

N.B. Porochenko est qualifié à de multiples reprises d’insider à l’intérieur de Notre Ukraine – ce qui signifie “homme à l’intérieur”, et donc que, probablement il renseigne les Américains

26 mai 2006

La nouvelle équipe Orange aurait en vedette Ioulia Timochenko comme Premier ministre et son rival, Petro Porochenko, serait le nouveau Présdient du Parlement. Porochenko a été entaché par des allégations crédibles de corruption, mais exerce une influence importante dans le parti Notre Ukraine ; c’était le prix à payer pour (le ralliement de) Porochenko.

11/12/2008

En tant qu’institution, la BNU (banque centrale ukrainienne) a une « mentalité soviétique » envers ses fonctions économiques fondamentales, et sa pensée est “très différente” des autres banques centrales. Pazarbasioglu a rappelé cela en l’illustrant par les méthodes de contrôles de la politique monétaire de la banque centrale d’ukraine (NBU). Stelmakh a assimilé toute augmentation potentielle des taux d’intérêt à des taux d’inflation plus élevés, alors que l’Ukraine se débat avec la chute de son PIB et son déficit du compte courant.

Pazarbasioglu et Horvath ont réitéré des accusations de conflits d’intérêts au conseil de la Banque nationale d’Ukraine, où les influences des milieux d’affaires et politiques s’infiltrent dans la politique de décision de la banque centrale. Le chef du conseil de la BNU, Petro Porochenko, a été désigné comme une incarnation particulière de rôle délétère du Conseil.

12/05/2009

L’ancien ministre des Finances Viktor Pynzenyk, qui a démissionné plus tôt cette année, a dit à Lipton que le plan de recapitalisation n’a pas été mis en œuvre assez rapidement. Au cours d’une conversation au dîner offert par l’ambassadeur et animé par lui et auquel a également assisté l’homme d’affaires Viktor Pinchuk, Petro Porochenko de la BNU, le représentant d’Alfa Bank Roman Shpek, le président de Raiffeisen Aval Volodymyr Lavrenchuk, et l’ancien ministre des Finances Oleh Mytiukov, Pynzenyk a demandé si les procédures de liquidation avaient effectivement été mises en place. Trop de hauts fonctionnaires du GOU (gouvernement de l’Ukraine) n’ont toujours pas compris le concept de recapitalisation et de résolution bancaire, a-t-il dit. En outre, la Banque nationale n’avait pas de talent qualifié pour gérer le programme de résolution et de recapitalisation, a dit Pynzenyk, exhortant les États-Unis de fournir des experts pour la banque centrale.

Porochenko, Président du Conseil de Surveillance de la BNU a également déclaré que le plan de recapitalisation devait être mis en œuvre plus rapidement, et de manière plus transparente. Les représentants de plusieurs banques étrangères ont fait écho séparément de ce point de vue.

9/10/2009

Le Parlement a approuvé le candidat du président Iouchtchenko, Petro Porochenko, comme nouveau ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine le 9 Octobre.

UNE CARRIERE QUI MELANGE AFFAIRES ET POLITIQUE

Porochenko est l’un des plus riches hommes d’affaires de l’Ukraine. Les estimations varient, mais beaucoup le considèrent milliardaire en dollars. Porochenko contrôle Ukrprominvest, qui a des intérêts dans la fabrication d’autobus, les chantiers navals, les banques et les médias. Il possède également Roshen, la plus grande société de confiserie d’Ukraine, qui a des usines en Ukraine et en Russie. Porochenko a été membre du Parlement de 1998 à 2005 dans différents partis politiques et a été président du Conseil de sécurité nationale et de la défense en 2005. Depuis 2007, il a servi comme président du Conseil de surveillance de la Banque nationale. [...]

Le député Nestor Shufrych du Parti des régions a critiqué le bloc du Premier ministre Tymochenko pour son soutien à la candidature de Porochenko. Il a déclaré que la seule raison de Tymochenko pour le soutien de la nomination de Porochenko était d’avoir accès à ses médias et à ses ressources financières, y compris la station de télévision populaire Canal 5, pour la prochaine élection présidentielle. [...]

Le vice-Premier ministre Nemyria, commentant à la visite de sous-secrétaire adjoint à la Défense Wallander le 8 octobre a noté que la richesse de Porochenko – il l’appelait « milliardaire « – risquait de générer des conflits d’intérêts potentiels.

21/10/2009

Le 13 Octobre, le président Iouchtchenko a réitéré son espoir que l’Ukraine puisse conclure un accord d’association (AA) avec l’Union européenne (UE) en décembre 2009, à temps pour le Sommet UE-Ukraine. En reconnaissant les difficultés de la conclusion d’un accord de libre-échange (ALE) avec l’UE dans ce court laps de temps, le président Iouchtchenko a en outre déclaré que les négociations de l’ALE UE-Ukraine devraient être achevées quelques mois plus tard. Cependant, la position politique de longue date de l’UE est que l’ALE est une partie intégrante de l’accord d’association et une condition préalable à l’accord d’association.

Note : cette dernière phrase est vraiment très importante : l’UE ne veut pas d’association politique sans libre-échange ! Or un accord de libre échange UE-Ukraine a forcément des conséquences importantes sur la Russie.


30/10/2009

Iouchtchenko n’a pas répété ses commentaires. Le Vice ministre des affaires étrangères, Yeliseyev, a confirmé bien entendu que l’ALE était une partie intégrante de l’accord d’association. Il a ajouté que les négociations de l’ALE, et donc l’accord d’association, prendraient une “longue période” avant de pouvoir se conclure. Yeliseyev dit qu’il avait expliqué cela à nouveau à Porochenko et que Porochenko était d’accord sur l’approche que la qualité d’un accord, et non le timing de la signature, était primordiale. Yaremenko suppose que la dernière proposition de Iouchtchenko de découpler ALE de l’AA provient du fait qu’il est convaincu de la destinée de l’Ukraine dans l’Europe, et qu’il ne pouvait pas se résoudre à accepter que l’accord d’association ne soit pas signé pendant son mandat. Yaramenko a ajouté que Iouchtchenko est parfois dans son “propre monde”.

10/11/2009

Oliynyk nous a dit que sa principale tâche dans sa nouvelle mission est d’accroître le rythme de l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. L’Ukraine prévoit d’envoyer FM (Ministre des affaires étrangères) Porochenko et vice-FM Yeliseyev à la Conférence ministérielle de décembre.

10/11/2009

Oliynyk est une bouffée d’air frais après son prédécesseur. Cependant, sa capacité à poursuivre un programme actif avec l’OTAN sera entravée par les restrictions fiscales de l’Ukraine, et par la probabilité que le président ukrainien élu au début de 2010 lèvera le pied ou même inversera la politique du pays visant à demander l’adhésion à l’OTAN. Oliynyk semblait rassuré et coopératif vis-à-vis de notre démarche. Nous verrons si cela porte sur le sous-FM Yeliseyev, qui a tendance à ressasser que l’Ukraine est dans un vide stratégique (entre OTAN et Russie). La réunion ministérielle sera également une introduction pour le nouveau ministre des affaires étrangères Porochenko.

13/11/2009

Makeyenko dit que des « milliards » avaient été injectés (par l’Etat) dans des projets personnels qui ont bénéficié aux députés de la RADA proches de Tymochenko, y compris les commandes à l’usine de bus Bogdan du ministre des Affaires étrangères Petro Porochenko et des avantages fiscaux aux entreprises favorisées par le député de Patrie (parti de Tymochenko) Valeriy Sushkevych. Le projet de loi de finance reflète un « système pyramidal ».

18/12/2009

La banque russe VTB Bank a acheté en 2006 une participation de 98 % dans la Banque Mriya basée à Kiev, alors détenue par le ministre actuel des Affaires étrangères de l’Ukraine : Porochenko.

14/01/2010

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Porochenko, a déclaré que la signature d’un accord d’association avec l’UE en 2010 était l’un des 2 objectifs prioritaires de politique étrangère de l’Ukraine. Dans le même temps, les critiques difficiles de l’UE au sujet des réformes de l’Ukraine a volé la vedette lors du Sommet UE-Ukraine du 4 décembre. Les négociateurs du gouvernement ukrainien soutiennent que l’Ukraine et l’UE devront démontrer la détermination à résoudre les différences qui subsistent et à renforcer la crédibilité des aspirations européennes de l’Ukraine.

17/02/2010

Le ministre des Affaires étrangères Porochenko a rejoint le camp du président élu Ianoukovitch et s’éloigne de Timochenko lors d’une réunion du 12 Février avec l’Ambassadeur. Porochenko a critiqué le refus de Timochenko de concéder l’élection et son dénigrement du travail des observateurs électoraux internationaux. Cela a endommagé l’image de l’Ukraine. Porochenko a appelé à une présence d’une délégation de hauts responsables des États-Unis lors de l’inauguration de Viktor Ianoukovitch. Il a dit que Ianoukovitch avait prévu de faire son premier voyage en tant que président à Bruxelles pour jouer contre son stéréotype pro-russe. L’appel du président Obama de félicitations a fait une impression positive majeure sur Ianoukovitch.

Porochenko a déclaré que M. Ianoukovitch avait accepté sa suggestion visant à ce que M. Ianoukovitch joue contre sa nature et fasse sa première visite à l’étranger à Bruxelles. Ianoukovitch devrait préciser que, lui aussi, cherche à obtenir un accord d’association avec l’UE, y compris un accord de libre-échange et une perspective d’adhésion claire. Ianoukovitch devrai également souligner l’importance de la libéralisation du régime des visas avec l’Europe. Pour le garder sur la bonne voie, M. Ianoukovitch a besoin de ” messages encourageants ” de l’Europe, a déclaré Porochenko. La lettre de Sarkozy de félicitations est dans cet ordre des choses.

Ianoukovitch ne veut pas parler maintenant d’une adhésion à l’OTAN, mais est ouvert à l’amélioration de la coopération de l’Ukraine avec l’OTAN, a déclaré Porochenko. Il a exhorté les États-Unis de ne pas trop prendre au pied de la lettre les discours de M. Ianoukovitch favorables à la proposition de Medvedev pour une nouvelle architecture de sécurité. Ianoukovitch sera ouvert à des échanges et débats avec la Russie, mais cela ne signifie pas que Ianoukovitch favorisera cette évolution de l’architecture. L’adhésion à l’OTAN demeure une aspiration, bien que lointaine, a insisté Porochenko.

23/02/2010

Les messages possibles dans le cas d’une réunion avec FM Porochenko : Espérons que l’Ukraine puisse rapidement signer l’accord d’association et de libre-échange avec l’UE en 2010. Cela est la clé pour dynamiser les réformes.

Source: http://www.les-crises.fr/porochenko-vu-par-les-americains/


[Cables Wikileaks] Les cables Porochenko (en vo)

Wednesday 11 June 2014 at 01:10

Le contenu est trop long, merci de visiter notre site

Source: http://www.les-crises.fr/cables-porochenko/


[Cas Mendras] Le directeur du CNRS a répondu : il s’en moque ! (donc toi aussi, deviens chercheur au CNRS !)

Wednesday 11 June 2014 at 00:18

Merci de vous être mobilisés à propos du cas Marie Mendras.

C’est très important d’envoyer des mails, de faire buzzer, car cela entraine forcément des remous en interne.

La propagande n’a qu’une peur : être démasquée devant le plus grand nombre.

Alain Fuchs, le directeur du CNRS a eu le fair-play de répondre à l’interpellation de ce blog (et on peut le remercier).

Je rappelle que le problème (clairement exposé dans le mail) n’était pas ce que disait Mme Mendras à titre privé – et qui ne regarde pas le CNRS – mais qu’elle utilisait son titre de “chercheur au CNRS” pour donner poids à ses mensonges grotesques.

Réponse du Directeur du CNRS :

——– Message original ——–
De: Alain Fuchs <alain.fuchs@cnrs-dir.fr>

Monsieur,

il ne faut pas confondre avec une production scientifique.

Cela ne regarde donc pas le CNRS.

AF
—————————————-

Donc l’utilisation du titre de chercheur du CNRS pour tromper le public “ne regarde donc pas le CNRS” – j’en conclus que la valeur de cette marque doit donc être considérée comme nulle par l’institution.

C’est bon à savoir – et merci à M. Fuchs de le préciser.

Je propose donc de lancer désormais une grande opération, dans vos billets, mails and co. : “Moi aussi, je suis chercheur au CNRS” ! :)

Olivier Berruyer
Chercheur au CNRS.

 

P.S. j’imagine que le CNRS était occupé ces derniers temps à chercher son nouveau logo – magfique, surtout vu en miroir :

Source: http://www.les-crises.fr/cas-mendras-le-directeur-du-cnrs-a-repondu-il-sen-moque-donc-toi-aussi-deviens-chercheur-au-cnrs/


Arte, une certaine idée du débat – et du bourrage de crâne (Marie Mendras + François Heisbourg + Antoine Arjakovsky)

Tuesday 10 June 2014 at 03:34

Tiens, il m’avait échappé que le Conseil de surveillance d’Arte France est présidé depuis VINGT ANS par Bernard-Henri Levy

Le 27 mai, Arte a organisé un débat dans son émission 28 minutes. Du TRÈS GRAND n’importe quoi, que nous allons analyser… Voilà l’émission :

“Les Experts”

Arte a donc invité 3 “Experts” pour parler de l’Ukraine.

On se dit : tiens, chouette, on avoir au moins un MINIMUM de débat.

Ben non, pas de bol : 3 “experts”, 3 russophobes forcenés !

Présentation – et félicitations à la rédaction de 28 minutes, c’est du grand art…

1. Marie Mendras

Présentée par Arte comme : “chercheuse au CNRS”

Nous avons déjà analysé en profondeur sa prose – et surtout ses nombreux mensonges – dans ce billet

Je me contente de reprendre un article de 2010 du site Nonfiction.fr qui n’a (semble-t-il pas été démenti) :

“La spécialiste de la Russie, chercheuse au CERI, Marie Mendras a été démissionnée de la Direction de la Prospective du ministère des Affaires étrangères par Bernard Kouchner cette semaine. Elle avait été nommée il y a environ huit mois à ce poste. “Elle n’a pas su trouver ses marques, ni compris ce qu’était le métier de diplomate, ni su comment on anime une direction d’administration centrale”, affirme un membre de la Direction de la Prospective (DP). [...] Elle aura été l’une des plus brèves directrices d’administration centrale de toute l’histoire du Quai d’Orsay“, confirme un autre membre de la DP. Selon les personnes que nous avons interrogées au sein de la DP, Mme Mendras avait fait l’unanimité contre elle dans son équipe, et plusieurs intellectuels et spécialistes des relations internationales avaient réclamé son départ. L’un d’entre eux rappelle “l’incompétence totale et l’amateurisme grave de la directrice de la DP”, alors qu’un autre parle d’ “une erreur de casting manifeste”.”

2. François Heisbourg

Présenté par Arte comme : “politologue”

Une référence !

“Ancien élève de l’ENA ; directeur du développement stratégique de Matra Défense Espace (1992-1997)”, a été directeur de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres de 1987 à 1992 et a été ensuite président de son Conseil d’administration. Et attention : “Il est officier dans l’ordre de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre national du Mérite, Commandeur de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne, Commandeur de l’Ordre de la Couronne de chêne (Luxembourg), Chevalier du Mérite militaire espagnol, Officier de l’ordre du Mono (Togo).” Et “Il a assuré le cours magistral sur l’espace mondial à Sciences-Po de Paris.” (Wikipédia)

que du lourd !

C’est un des “Intellectuels faussaires” dénoncés par Pascal Boniface

Il déclare dans Le Monde du 10 septembre 2002, au sujet de l’Irak : « Les armes biologiques et chimiques existent bel et bien, et leur emploi est tout à fait possible en cas de guerre. ».

Et dans l’article L’inquiétant arsenal irakien du Point du 20 septembre 2002, il déclare : « Nous savons depuis vingt-cinq ans qu’il a du chimique, qu’il continue à en produire et qu’il l’utilisera le cas échéant sur le champ de bataille. »

Dans le Nouvel Observateur du 13/02/2002, il indique : “Puisque la coopération de l’Irak dans la recherche des armes n’a été ni substantielle, ni inconditionnelle. Les éléments de preuve fournis par Colin Powell dans les domaines biologique et balistiques tendent à montrer qu’il y a eu une fausse déclaration.”

Le 28/08/2007 : “Si on laisse les choses se faire, on n’échappera pas à une alternative catastrophique : la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran.”

En septembre 2007, dans son livre Iran, le choix des armes ?, il indique : “Serait-il plus catastrophique de frapper que de ne pas frapper ? [...] Le recours à la force serait marginalement moins calamiteux que l’acceptation du franchissement du seuil nucléaire par l’Iran.” Bien entendu, si l’Iran a l’arme nucléaire, c’est pour l’utiliser immédiatement et mourir, et non pas pour faire comme le Pakistan, et se protéger, puisque des fous furieux attaquent sans raison leurs voisins et expliquent que ce serait mieux de les bombarder… (Repris dans Libération en 2008)

Le 23 novembre 2007, il explique dans l’émission “L’Iran, où va le monde ?” que “il faudra deux à trois ans à l’Iran pour avoir la bombe”. Bien vu !

En 2011, rebelote sur la Libye : « Pendant que le gouvernement français faisait des moulinets pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne inutile du point de vue militaire, les Américains ont sans doute fait le choix de fournir des armes aux insurgés » (Libération). Encore un beau résultat ! Et il poursuit à propos du départ de Kadhafi : “La seule formule qui permette d’éviter à court terme le risque de partition du pays” (aufait) Bravo !

Et François Heisbourg est un grand tweeteur (grand concourt, indiquez en commentaire les perles que j’ai loupées) :

Pour l’Ukraine, plus de sanctions contre la Russie !

Un autre exemple :

Il diffuse le sondage en Ukraine “Voulez-vous renforcer les liens avec l’UE”. OUI à :

Conclusion : chouette, ils veulent l’Europe ! Eh bien les habitants de l’Est, ils ne suivent pas, évidemment. Bref, de la haute analyse géopolitique !

Enfin - grand prix – : il reprends cette abjecte image russophobe (et quasi-raciste pour moi)…

Enfin, on voit donc la haute profondeur du géopolitologue…

3. Antoine Arjakovsky

Présenté par Arte comme : “historien”

C’est un spécialiste de pensée chrétienne orthodoxe – et c’est un croyant fervent.

Il est aussi directeur émérite de l’Institut d’Études Œcuméniques de Lviv. Oui, oui, Lviv, le cœur du fascisme ukrainien (ceci étant, c’est un bon endroit pour l’œcuménisme – mais faut-il qu’il soit anti-haine et non pas pro-haine).

“Sa vision des évènements en Ukraine dans La Croix le 19 février était déjà sidérante, dédouanant l’église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Kiev (donc beaucop de prêtres sont proches de Svoboda), et chargent celle du patriarcat de Moscou :

le patriarche Kirill (à Moscou) reste campé sur la ligne exposée dans le document du saint-synode du 26 décembre dernier, à savoir que l’Ukraine appartient au monde russe, que l’Europe est un monde décadent, que les manifestants ukrainiens sont manipulés par l’Occident et que les manifestations n’ont pas lieu d’être… [hein ?]

En Ukraine, seuls le Patriarcat de Kiev et l’Église gréco-catholique ont clairement pris position pour soutenir les manifestants. [...]

Il suffit de se rappeler que, depuis cinq ans, le patriarche Kirill de Moscou s’est rendu une dizaine de fois en Ukraine, à chaque fois pour répéter qu’entre le monde russe, auquel à ses yeux appartient l’Ukraine, et l’Europe décadente, c’est un combat entre deux idéologies qui s’affrontent.

En revanche, l’Église orthodoxe ukrainienne essaye d’adopter une position de neutralité, voire de se mettre du côté des opposants puisqu’une partie de ses fidèles est dans la rue.”

Mais la lecture de son blog, est encore plus édifante !

Son billet du 31/12/2013 Je ne peux plus me taire est une pépite !

Je ne peux plus aujourd’hui considérer le patriarcat de Moscou comme la structure légitime représentant l’Eglise russe.

[OB : HEIN ? Heureusement qu'il est pour l'œcuménisme !]

Le patriarche Kirill [...] ne dit pas un mot de soutien au peuple ukrainien venu manifester en masse, dans le froid glacial et au péril de sa vie, contre un régime corrompu [...] et battant jusqu’au sang des manifestants pacifiques. Le saint synode au contraire condamne vigoureusement « les tensions civiles et les révolutions qui ne peuvent apporter rien de positif au peuple ». [...] [OB : Ben la perte de la Crimée + une guerre civile + doublement du prix du gaz + récession de 10 %, pour gagner 11 mois de présidence Ianoukovytch - il n'avait pas tout à fait tort]

Les évêques du patriarcat de Moscou parlent d’une réconciliation nécessaire entre « les différents groupes ethniques et sociaux ». Cette phrase témoigne de l’aveuglement total du patriarcat de Moscou qui ne voit pas qu’il n’y a aucun enjeu ethnique dans l’Euromaidan, mais le désir profond de la population ukrainienne, attesté par tous les sondages, d’appartenir à la grande famille des nations européennes qui, en dépit de toutes ses faiblesses, pose au dessus de toute loi la défense de la dignité de chaque personne humaine.

Au lieu de s’enthousiasmer pour une telle preuve de vitalité spirituelle de la part du peuple ukrainien, la déclaration fait des allusions douteuses aux « forces extérieures » qui viendraient diviser l’Eglise orthodoxe ukrainienne pour des motifs politiques

La vérité en définitive c’est que l’idéologie communiste soviétique n’a pas encore disparu de l’ex-URSS. [...] Mais, et c’est terrible pour moi de l’écrire ici, il n’y a pas que dans les rues de Kiev que trônent encore les bustes de Lénine. L’idéologie soviétique est profondément enracinée également au sein même de la mentalité ecclésiale des dignitaires du patriarcat de Moscou. [...]

Tout au long de mes trente dernières années d’engagement dans l’Eglise Orthodoxe je ne suis pas resté inactif [...]

Je me suis enthousiasmé de voir l’Eglise russe se relever de ses cendres et apporter à nouveau la bonne nouvelle de la résurrection du Christ et de la proximité du royaume de Dieu à un peuple qui avait tant souffert d’une soviétisation intensive pendant soixante dix ans. [...]

C’est l’une des raisons pour lesquelles je quittais la Russie en 1998 et m’installais en Ukraine, pays autrement plus ouvert à la tradition orthodoxe la plus authentique, à la modernité, et au dialogue œcuménique et inter-religieux. [...] [OB : tu m'étonnes, surtout à Lviv, terre de l'humanisme !]

J’étais outré enfin de constater que le patriarcat de Moscou ne demande pas pardon à l’émigration russe pour tout le tort qu’il lui a causé dans le passé. [...]

Aujourd’hui je considère avec beaucoup de tristesse que les hiérarques qui conduisent aux destinées de l’Eglise russe ne sont pas dignes de la mission de réconciliation universelle qui leur a été confiée par le Très Haut.”

Alors c’est sûr que s’il a le Très-Haut avec lui…

Le Verbatim commenté

Nous allons donc commenter le Verbatim, en montrant ce qu’aurait pu apporter un débat un contradicteur…

Élisabeth Quin – Place au débat sur les événements récents en Ukraine : le nouveau chef d’Etat élu dimanche dernier, très favorable au rapprochement avec l’Union Européenne, doit remettre l’économie ukrainienne en marche et éviter que la guerre civile n’éclate à l’Est. Est-ce trop tard ? Réponse après la mise au point de Sandrine Le Calvez.

Sandrine Le Calvez – Avions de chasse, hélicoptères, armes lourdes, scènes de guerre dans l’est de l’Ukraine. C’est là que l’armée a repris ces dernières heures le contrôle de l’aéroport international de Donetsk. L’offensive musclée contre des insurgés prorusses aurait fait quarante morts du côté des séparatistes. D’un point de vue militaire, c’est une première victoire pour le tout nouveau président ukrainien, Pétro Porochenko qui avait prévenu : «Pas question de plier face aux insurgés prorusses ».

Pétro Porochenko – « Ce sont des meurtriers, des terroristes, aucun pays civilisé dans le monde ne négocie avec des terroristes et nous sommes un pays civilisé. »

Sandrine Le Calvez – Un discours de fermeté, la promesse d’une Ukraine forte et en paix. C’est sur ce programme que Pétro Porochenko a été élu dès le premier tour de l’élection présidentielle dimanche dernier, 54% des voix pour cet oligarque pro-européen qui a fait fortune dans le chocolat. Propriétaire d’une chaine de télévision, il était aux côtés des manifestants de la place Maïdan ces derniers mois, comme en 2004 lors de la révolution orange. A Moscou, réactions prudentes après l’élection du milliardaire ukrainien.

Sergueï Lavrov : « Comme l’a dit le président Poutine à plusieurs reprises, nous sommes prêts à dialoguer avec les autorités de Kiev, cela vaut donc pour Pétro Porochenko. »

Sandrine Le Calvez – Mais Vladimir Poutine peut-il s’entendre avec le nouveau président ukrainien pro-européen pour négocier une sortie de crise honorable ? Le nouvel homme fort de Kiev peut-il réunifier l’Ukraine ou au contraire précipiter son implosion ?

Élisabeth Quin – Bonsoir à tous les trois. Marie Mendras, vous êtes chercheuse au CNRS et à Science-Po et vous êtes rentrée d’Odessa aujourd’hui. A côté de vous Antoine Arjakovsky, bonsoir monsieur.

Antoine Arjakovsky – Bonsoir.

Élisabeth Quin – Vous êtes historien, expert des relations russo-ukrainiennes, directeur de recherche au collège des Bernardins et la semaine prochaine, je crois que c’est début juin, donc la semaine prochaine sortira cet ouvrage aux éditions Parole et silence : Russie Ukraine – De la guerre à la paix. Et à côté de vous François Heisbourg, bonsoir.

François Heisbourg – Bonsoir.

Élisabeth Quin – Vous êtes politologue, conseiller spécial à la fondation pour la recherche stratégique et vous, vous êtes rentré de Kiev ? La semaine dernière ? De Kiev ?

François Heisbourg – La semaine dernière absolument.

Élisabeth Quin – D’accord, très bien. Une question en 28 secondes Nadia s’il vous plait.

Nadia Daam – Oui c’est un peu plus qu’une question, c’est un constat : « Cette élection devait être un prélude à la paix. Avec les dizaines de morts de Donetsk, ça commence mal, non ? » Marie Mendras ce qui est en train de se passe à l’aéroport de Donetsk, ce sont les derniers soubresauts ou c’est le début d’un nouveau conflit ?

Marie Mendras – Les derniers soubresauts, sans aucun doute.

[OB : Sans aucun doute, les morts de Lugansk la remercient]

Nadia Daam – Qui devraient se terminer quand à votre… Ça devrait durer combien de temps ce qui est en train de se passer là-bas ?

Marie Mendras – C’est très difficile de dire. Je pense que tant que la Russie ne remet pas de l’huile sur le feu, ça va être difficile pour les commandos ou si vous voulez les insurgés – je ne sais pas très bien comment est-ce qu’il faut qu’on les appelle -, les mercenaires, c’est très difficile de dire combien de temps ils vont tenir.

[OB : Des mercenaires maintenant ??? 7 ?]

Renaud Dély – Marie Mendras, vous dites ce sont les derniers soubresauts d’un conflit, je veux juste montrer la carte du Donbass qui est justement l’Est du pays. Porochenko à peine élu, le nouveau président ukrainien a annoncé qu’il voulait justement éliminer les terroristes qui veulent, je le cite faire d’après lui du Donbass, donc la région de Donetsk, une ‘’nouvelle Somalie’’. Ça veut dire qu’on va quand même jusqu’à l’écrasement militaire des séparatistes prorusses de cette région ?

Marie Mendras – Je crois qu’il n’a pas le choix, il vient d’être élu à la tête de l’Etat ukrainien…

Renaud Dély – Il ne peut pas régler pacifiquement cette situation ce que vous voulez dire ? Il n’a pas le choix, il est obligé de faire la guerre ?

Marie Mendras – Mais c’est totalement impossible, puisque ce sont des Russes, venant de Russie, et des locaux aussi, des hommes qui habitent dans cette région de Donetsk et Lugansk qui ont lancé cette forme d’insurrection de manière extrêmement violente. Ils étaient lourdement armés, ils ont imposé à la population pratiquement une forme de couvre-feu, les gens ne sortaient plus. Vous le savez, dimanche dernier seule une petite partie de la population a pu voter parce qu’on avait des dizaines d’hommes surarmés autour des quelques bureaux de vote que des citoyens avaient eu le courage d’ouvrir. Il est absolument évident que le nouveau président n’a aucun choix, il doit tout de suite montrer qu’il ne cède pas deux régions à quelques centaines de commandos qui n’ont absolument aucune légitimité et qui ont commencé les violences. Je crois que ça, il faut absolument le rappeler.

[OB : Eh oui, impossible de faire la paix, il faut faire la guerre avant !]

Élisabeth Quin – François Heisbourg, vous souscrivez à cette analyse comme quoi il est obligé de reprendre, y compris cette rhétorique : ‘’les terroristes’’ ?

François Heisbourg – Tout d’abord, à ma connaissance, il n’a pas repris la rhétorique du gouvernement précédent sur les terroristes parce qu’on sait faire la différence entre Al-Qaïda et les milices de mercenaires dans l’est de l’Ukraine, ce n’est quand même pas tout à fait la même chose. Ca été une grave erreur du gouvernement ukrainien précédent de vouloir rentrer dans ce type de rhétorique puisqu’elle est de toute évidence pas vraie. Mais je suis d’accord avec l’analyse qui consiste à dire que Porochenko n’a pas le choix, il est obligé, il est amené à rétablir la souveraineté ukrainienne…

Renaud Dély – Par les armes ?…

François Heisbourg – sur le territoire ukrainien, le cas échéant par les armes, comme si la Corse était prise par des mercenaires venus d’Italie, je ne doute pas un instant que nous interviendrions nous par les armes. Par contre, je suis beaucoup moins optimiste que Marie Mendras sur le fait de savoir si ce sont les derniers soubresauts. Je pense que l’intérêt de la Russie est de maintenir le pourrissement, y compris par la voie des armes, dans cette région. La frontière est extrêmement perméable et la capacité d’entretenir les braises, de continuer à souffler sur le feu, malheureusement je crains que nous risquons de connaître d’autres épisodes comme celui d’aujourd’hui à Donetsk.

[OB : N'importe quoi !!! En l'espèce ce sont les habitants de Corse qui prendraient les armes, on fait quoi ? Comme en Algérie ? - ça a tellement bien marché la dernière fois... Par ailleurs meuh oui, c'est l'intérêt de la Russie - comme de tout pays - d'avoir une guerre civile juste à sa frontière, ça tombe sous le sens...]

Élisabeth Quin – Antoine Arjakovsky ?

Antoine Arjakovsky – Oui, moi je crois que ce qu’il est important surtout de retenir depuis dimanche, c’est que l’actuel président a une légitimité qu’il n’avait pas avant. Le gouvernement était un gouvernement…

Élisabeth Quin – De transition.

[OB : putschiste ?]

Antoine Arjakovsky – Certes élu normalement avec la constitution de 2004 mais il n’avait pas cette légitimité. Donc ça va permette à Porochenko, cela a été sa première déclaration, d’agir vite dans cette opération anti-terroriste il l’appelle quand même opération anti-terroriste- il dit : cela ne doit pas durer des mois, cela doit durer des jours, et donc j’ai l’impression qu’il a beaucoup plus maintenant de légitimité. Il a été élu dès le premier tour…

Élisabeth Quin – 54%, c’est une élection confortable.

Antoine Arjakovsky – 54%, c’est une élection confortable et surtout élu partout, dans toutes les régions…

Élisabeth Quin – Y compris à l’est…

Antoine Arjakovsky –y compris Donetsk, Lugansk, Poltava…

Élisabeth Quin – Enfin là où ils ont pu voter.

Renaud Dély – A Donetsk on n’a pas pu voter, quasiment pas.

Antoine Arjakovsky – Il y a quand même eu des bureaux ouverts à Donetsk, à Lugansk

Renaud Dély – Peu, très très peu.

Nadia Daam – 20% des bureaux de vote environ à l’est.

Antoine Arjakovsky – Voilà, donc là où on a pu voter, on a voté pour Porochenko.

[OB : non, 35 %]

Élisabeth Quin – Pour lui.

Antoine Arjakovsky – Donc partout en Ukraine, et y compris parmi les ukrainiens de l’étranger, c’est des millions de personnes, on a voté en majorité pour Porochenko, donc il a cette légitimité-là qui va lui permettre d’agir plus vite.

Il est important de rappeler un point de cette élection de dimanche que donc moi j’ai observée à Odessa. C’est que les deux candidats qui représentaient l’extrême droite ou l’ultranationalisme, c’est-à-dire à la fois Svoboda, ce qui veut dire ‘’Liberté’’ et Pravyï sektor, le Secteur Droit, l’un a fait 0,7 ou 0,8% et l’autre a fait 1,1%. Je crois que c’est important de le rappeler parce que nous avons été trop rapides aux mois de mars, avril dans nos commentaires en France, en Europe…

Élisabeth Quin – Sur le noyautage par les ultranationalistes.

Antoine Arjakovsky – En disant tout d’un coup que tout le monde était fasciste en Ukraine.

[OB : quelqu'un a entendu ça dans les médias en mars avril ? Par ailleurs, la définition d'un coup d'Etat dans un pays démocratique, c'est que vous êtes minoritaire dans le pays...]

Élisabeth Quin – François Heisbourg ?

François Heisbourg – Oui je crois que c’est extrêmement important parce qu’il y a eu tout un récit ‘’poutinien’’ sur le thème…

Antoine Arjakovsky – Des fascistes, c’étaient des fascistes.

François Heisbourg – Ce sont des fascistes, ce sont les héritiers des collabos, des nazis pendant la deuxième Guerre Mondiale qui ont pris le pouvoir par les armes à Kiev et qui ont obligé le président légitime à fuir or l’extrême droite en Ukraine, électoralement, on vient de le voir, pèse beaucoup moins lourd qu’en France.

[OB : cette phrase est une telle bouse intellectuelle, que je ne la commente pas]

Élisabeth Quin – Nadia vous nous parlez de la propagande.

Nadia Daam – Oui alors on le sait effectivement depuis le début de cette affaire, on parle beaucoup de liberté de la presse, de propagande. De liberté de la presse parce que de nombreux journalistes occidentaux ont été empêchés dans leur travail par les forces prorusses. Il y a quelques jours, un journaliste italien et son traducteur ont été tués par des tirs de mortier. Les médias russes de manière générale ont largement servi la propagande mais on est aussi en train de se rendre compte que ça se passe pareil de l’autre côté ou qu’il y a la possibilité que ça se passe de la même manière. C’est le Wall Street Journal qui révèle que trois journalistes prorusses, des journalistes russes, qui travaillent pour un site prorusse, ont été arrêtés par des soldats ukrainiens, l’ONG Human Right Watch commence à s’intéresser à tout ça et à dire que on peut rappeler…

Élisabeth Quin – Ça vous fait rire ?

Nadia Daam – Non mais attendez, je…

Antoine Arjakovsky – Ah c’est très drôle ! C’est très drôle, parce qu’on ne peut pas appeler ça des journalistes. Vous savez ce qu’on a trouvé dans le coffre…

Nadia Daam – Justement c’est toute la question…

Antoine Arjakovsky – Vous savez ce qu’on a trouvé dans le coffre de la voiture de ces journalistes ?

Nadia Daam – Il y a des enregistrements effectivement où on…

Antoine Arjakovsky – Des kalachnikovs, tout simplement.

Élisabeth Quin – Des journalistes engagés.

Nadia Daam – Alors est-ce que ça veut dire qu’on ne peut pas laisser rentrer les journalistes russes ?

Antoine Arjakovsky – Pardon ?

Nadia Daam – On ne laisse pas rentrer les journalistes russes en Ukraine ?

Antoine Arjakovsky – Il y a des tas de journalistes russes en Ukraine.

Marie Mendras – Oui et j’en ai rencontrés.

Antoine Arjakovsky – Du reste, le traducteur qui est mort, c’est Andrei Mironov, c’est plus qu’un traducteur…

Marie Mendras – Un ancien dissident soviétique, un homme remarquable.

Antoine Arjakovsky – Un ancien dissident qui dirigeait le mémorial, enfin c’est une très grande figure. Donc les vrais journalistes sont présents, y compris de Russie.

Nadia Daam – Il n’y a pas du tout de volonté de…

Antoine Arjakovsky – Mais des journalistes avec des kalachnikovs dans leur coffre, ça non, on les arrête.

Marie Mendras – Est-ce des journalistes ?

[OB : Primo, je ne sais pas si c'est vrai, quelle est la source. Secundo, avoir une arme dans le coffre dans une zone de guerre, on peut discuter de l'intérêt...]

Renaud Dély – Il y a eu aussi une dimension de la part du régime ukrainien de propagande, notamment à l’endroit de la Crimée, du rôle qu’on put avoir les russophones en Crimée etc… Il y a eu aussi cette dimension, ç’a été aussi une guerre de communication, ce n’est pas…des deux côtés.

Antoine Arjakovsky – De la part des ukrainiens ?…

Marie Mendras – De la part des ukrainiens ?…

Nadia Daam – Des deux côtés…

Antoine Arjakovsky – Il y a une guerre de communication qui est menée du côté du Kremlin !

Renaud Dély – Exclusivement ?

Antoine Arjakovsky – Mais totalement.

[OB : quelle subtilité]

Marie Mendras – Malheureusement les ukrainiens ont pas été très bons en communication.

François Heisbourg – Le gouvernement russe et les médias contrôlés par le gouvernement russe ont été très très systématiques dans l’emploi des médias comme outil de la guerre de l’information, l’information est un outil de guerre. Du côté ukrainiens, il y a certainement des gens qui auraient voulu faire la même chose mais…

[OB : les photos truquées du New York Times, il connait pas, le gars...]

Nadia Daam – C’était nettement moins efficace que du côté russe oui….

François Heisbourg – force est de constater qu’ils ne sont vraiment pas organisés pour. Mais quand même, il faut faire un peu attention. Dans l’est de l’Ukraine, dans certains coins, ça ressemble beaucoup à la situation en Bosnie au début de la guerre de Bosnie…

Élisabeth Quin – C’est-à-dire ?…

François Heisbourg – en mars-avril 1992. C’est-à-dire qu’on commence à se tirer dessus et en général, ce n’est pas binaire, c’est-à-dire ce n’est pas le gouvernement ‘’machin’’ contre le gouvernement ‘’chose’’, c’est ‘’Pierre, Paul et Jacques’’ du côté russe avec les agents russes, avec les prorusses, avec des gangsters qui roulent pour eux-mêmes et du côté ukrainien un petit peu la même chose. Il y a des défis pour Porochenko, ça va être…

Renaud Dély – De rassembler…

François Heisbourg – de commencer à tenir les rênes courtes à certains des responsables ukrainiens locaux pour éviter la balkanisation du conflit.

Renaud Dély – Justement, je voudrais vous faire écouter un extrait parce que dans la guerre de propagande et de communication qu’il y a eu aussi, il y a eu une mise en cause, évidemment justifiée pour notamment ce qui s’est passé en Crimée, mais de Vladimir Poutine, qui a été un peu démonisé et on annonçait quasiment l’arrivée de Vladimir Poutine, en tout cas le démantèlement de l’est de l’Ukraine à l’instigation de Moscou. Vladimir Poutine, samedi à Saint Pétersbourg, il a expliqué que lui en tout cas récusait toute perspective de guerre froide. Je voudrais faire écouter cet extrait.

Vladimir Poutine : « Je ne voudrais pas penser que c’est le début d’une nouvelle guerre froide, personne n’y a intérêt et je pense que cela ne se produira pas. »

Renaud Dély – Finalement, Vladimir Poutine, il a pris ses distances, y compris avec les séparatistes prorusses, il avait condamné le faux référendum du 7 mai dernier donc est-ce qu’on peut à ce point accuser Poutine comme on l’a fait de vouloir démanteler l’est de l’Ukraine ?

Antoine Arjakovsky – Vladimir Poutine pratique le double langage, d’un côté son ministre Lavrov dit à Genève : on va signer la désescalade etc… et de l’autre côté, il dit : on va créer une nouvelle région qui va s’appeler ‘’Novorossia’’. Et avant-hier, les terroristes ou les séparatistes de Lugansk et de Donetsk ont décidé de créer une région qui va s’appeler ‘’Novorossia’’, du nom de l’ancienne région de l’empire russe.

Marie Mendras – Que gouvernait le duc de Richelieu à partir d’Odessa au début du XIXè.

Renaud Dély – Mais s’il voulait vraiment démanteler l’Ukraine, il ne l’aurait pas déjà fait ? Il n’aurait pas déjà réussi ?

[OB : tiens, il y a un journaliste avec un cerveau sur le plateau. Parce que moi, je serais président de la Russie, et je voudrais démanteler l'Ukraine, cela serait fait très rapidement en armant vraiment les milices locales...]

Antoine Arjakovsky – Mais il cherche à le faire, toute sa politique depuis un mois c’est de déstabiliser l’Ukraine et là, il a pris une grande claque avec ces élections…

Renaud Dély – Pour autant, le scrutin a eu lieu, la présidentielle a pu avoir lieu.

Antoine Arjakovsky – Le scrutin a pu avoir lieu, ça c’est la pression des occidentaux

Marie Mendras – C’est remarquable, c’est remarquable.

[OB : je ne sais pas ce que c'est que ce nouveau délire - elles étaient prévues dans 11 mois les élections avec l'ancien Président... S'ils ne soutenaient pas des révolutions dans des pays démocratiques...]

Antoine Arjakovsky – Et deuxièmement, le candidat du Kremlin, Dobkin, a eu moins de 1%.

Dobkin : 3 % + Tigipko 5 % = 8 % pour le parti des Régions. Intensions de votes : 35 % à 40 % dans l’Est, plus 10 % à 30% pour le parti communiste]

Élisabeth Quin – Antoine Arjakovsky, vous le comparez à Hitler en 1938, avec l’annexion des Sudètes.

Antoine Arjakovsky – Je ne suis pas le seul, il y a plusieurs personnes : il y a le prince Charles, il y a Hillary Clinton. On est dans une situation effectivement proche des années 1930 avec une nouvelle idéologie néo-fascisante, avec une idéologie qui dit : ‘’là où il y a des russes, il faut créer le monde russe’’…

Élisabeth Quin – Il faut intervenir…

Antoine Arjakovsky – il faut intervenir. Et le partage qu’il souhaite faire de l’Ukraine, c’est exactement ce qu’a proposé le pacte Molotov-Ribbentrop en 1939 : un vrai partage de la Pologne, qui voulait s’appliquer à l’Ukraine.

[OB : quel partage, il a refusé la demande des régions de l'Est...]

Renaud Dély – C’est pas un peu excessif ou un peu tôt comme comparaison aujourd’hui de comparer Vladimir Poutine à Hitler ?

Élisabeth Quin – Oui, les Sudètes et la Tchécoslovaquie.

François Heisbourg – En histoire, les plats ne sont jamais repassés à l’identique et c’est une hygiène intellectuelle que de refuser ce type d’analogies.

Antoine Arjakovsky – Moi je crois au contraire qu’on peut faire des analogies et pas des comparaisons. Mais les analogies sont possibles.

François Heisbourg – Pardon ! Non pas pour disculper Poutine car je considère qu’effectivement non seulement on est dans votre double discours mais dans la double réalité. Les soldats que vous voyez sur certaines des images, ils ne se sont pas équipés à la superette du coin, ça ce sont des soldats qui ont été équipés par la Russie.

[OB : non, ce sont des soldats ukrianiens qui ont désertés et changés de camp http://guerre-civile.ducon, on a plein de vidéos .Et zou, encore un infâme mensonge non contredit]

Mais Poutine, en terme de personnalité, en terme de vision, en terme d’idéologie, qui est effectivement une idéologie conservatrice, réactionnaire et ainsi de suite, je suis désolé, ce n’est pas Hitler !

Élisabeth Quin – Très bien.

François Heisbourg – Poutine est Poutine et il faut faire très attention…

Élisabeth Quin – Très bien François Heisbourg.

François Heisbourg – …de ne pas se lancer dans ce genre de comparaisons parce que les gens savent très bien qu’il…

Élisabeth Quin – Alors…

Antoine Arjakovsky – Ce n’est pas une comparaison, c’est une analogie.

François Heisbourg – Non mais même en tant qu’analogie ! C’est comme l’histoire des terroristes, les gens savent faire la différence entre Al-Qaïda et…

[OB : bah oui, le manipulateur explique qu'il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, ça se voit trop après...]

Élisabeth Quin – Avançons, avançons…

Antoine Arjakovsky – Ils terrorisent la population. Dans les deux cas ils terrorisent la population.

François Heisbourg – D’accord, d’accord ! Donc les petits hommes verts de Donetsk c’est l’équivalent d’Oussama Ben Laden !

Élisabeth Quin – Alors, avançons…

François Heisbourg – Le problème c’est que les téléspectateurs savent que ce n’est pas vrai.

[OB : énorme...]

Antoine Arjakovsky – Je n’ai pas dit que c’était équivalent.

Élisabeth Quin – Intéressons-nous à Pétro…

François Heisbourg – Oui mais ça c’est le langage des ukrainiens.

Renaud Dély – Alors Poutine n’est pas Hitler mais qui est Porochenko, qui est le nouveau président ukrainien ? Il a une image qu’il a notamment cultivée dans son pays…

Élisabeth Quin – A Maïdan…

Renaud Dély – grâce à…il est notamment propriétaire d’une chaine de télévision, Canal 5, qui a mis aussi en scène un personnage…

Élisabeth Quin – Courageux….

[OB : euh, non, "riche"...]

Renaud Dély – charismatique, courageux, qui a osé s’affronter à ses opposants et qu’on a vu beaucoup à Maïdan. Qui est ce nouveau président qu’on appelle le ‘’roi du chocolat’’, c’est ça Marie Mendras ?

Marie Mendras – Oui, la chaine, la cinquième chaine en Ukraine, qui effectivement lui appartient, n’a pas eu besoin de mettre en scène Pétro Porochenko parce qu’il est très connu en Ukraine depuis vingt ans. C’est à dire, ça fait vingt que à la fois, il a développé deux ou trois secteurs de l’économie ukrainienne et notamment le chocolat, le bonbon, les gâteaux mais pas seulement.

François Heisbourg – Ils ne sont pas très bons d’ailleurs, il faut quand même dire…

Renaud Dély – Il a été ministre, c’est un ancien ministre.

Marie Mendras – Il a travaillé au début de l’indépendance de l’Ukraine avec le président Koutchma, qu’il a su quitter quand Koutchma devenait un petit peu trop ‘’poutinien’’ dans ses méthodes, il a très tôt rejoint Iouchtchenko, même avant que Iouchtchenko ne soit élu après la révolution orange…

[OB : tiens, c'est une insulte Poutine maintenant... La saoudisation, c'est pour quand ?]

Renaud Dély – C’est un oligarque. On peut le qualifier d’oligarque ?

Marie Mendras – C’est quoi pour vous un oligarque ? Je vous répondrai.

Renaud Dély – Je vous pose la question, est-ce que Porochenko est un oligarque ?

Marie Mendras – Moi j’emploie jamais ce terme donc…

[OB : jamais...]

[OB : c'est trop facile ce tir aux pigeons...]

Élisabeth Quin – Alors quel…Pourquoi ? Quel terme faut-il employer ? C’est un terme employé unanimement par les médias et les observateurs.

Renaud Dély – C’est pas un gros mot oligarque.

Marie Mendras – Oui, que les Russes emploient aussi mais ce que je voudrais simplement expliquer, c’est que justement dans le cas de Porochenko, il a pratiquement toujours eu des fonctions gouvernementales, qu’il soit…il a été deux fois ministre, il a été président du conseil de sécurité et de défense nationale, également pour Iouchtchenko…

Antoine Arjakovsky – Gouverneur de la banque nationale…

Élisabeth Quin – Il est légitime, c’est ça que vous voulez dire.

Marie Mendras – Il a été gouverneur de la banque et aussi il a développé ses affaires etc… Simplement comme le terme en français est toujours assez négatif…

Élisabeth Quin – Parce qu’on l’associe à la mafia…

Renaud Dély – Et que vous ne voulez pas visiblement l’écorner

Élisabeth Quin – Parce qu’on l’associe aux pratiques mafieuses.

Marie Mendras – Non mais à ce moment quand on me parle des oligarques en Russie, je dis toujours : si vous voulez employer cette terminologie, dites d’abord que Vladimir Poutine est le premier oligarque…

Élisabeth Quin – Est le premier des oligarques…

Marie Mendras – car non seulement il a beaucoup de pouvoir politique mais une grande fortune et beaucoup de pouvoirs économiques également.

Élisabeth Quin – Alors je vous propose, précisément puisqu’on parle d’oligarchie, de faire un petit retour à l’époque de Georges Marchais, on aurait dit : il appartient à la ploutocratie d’une certaine manière. Alors on va faire un petit retour sur l’apparition des oligarques en Russie avec le rétroviseur de Marc-Antoine de Poret et vous pourrez réagir juste après.

En 1991, Boris Eltsine, premier président de la Russie post-soviétique, démantèle l’économie de l’URSS. Pour passer du collectivisme au marché, c’est un chantier titanesque : en moins de trois ans quinze mille firmes passent dans le secteur privé.

Grigoury Lioubar (chef d’entreprise) : « Pour nous, le salaire n’est plus l’essentiel, les bénéfices vont nous revenir, il est donc plus important de les investir que de les laisser s’envoler en fumée. »

Leurs salariés se voient distribués des actions.

Boris Eltsine : « La Russie n’a pas besoin de millionnaires », dit-il, « elle veut des millions de propriétaires ».

Mais une poignée de russes plus malins ou plus entreprenants vont en profiter pour faire fortune. Ils élaborent des montages financiers, vident les entreprises de leurs actifs et rachètent des actions pour une bouchée de pain, notamment le salarié.
En 1994, le pouvoir passe à une nouvelle étape en mettant aux enchères des secteurs entiers : l’énergie, les métaux ou les télécommunications, c’est la grande braderie. Quelques capitaines d’industrie vont s’offrir ces fleurons et se partager le gâteau russe avec la complicité du camp Eltsine, on les appelle les oligarques.
En 1996, sept d’entre eux contrôleraient jusqu’à 50% de l’économie. Ils vont s’unir pour faire réélire celui qui sert le mieux leurs intérêts : Boris Eltsine.

[OB : comme c'est une émission sur l'Ukraine, c'est une bonne idée de faire un reportage courageux sur les oligarques... en Russie !]

Élisabeth Quin – Alors, il n’est pas un oligarque, c’est ça ?

François Heisbourg – Un oligarque c’est, dans le cas de la Russie et de l’Ukraine d’ailleurs aussi, quelqu’un qui s’est fait de l’argent avec la rente pétrolière et gazière ou les autres matières premières, généralement avec des liens avec la mafia. Porochenko, lui, est ce qu’on appellerait en France un homme d’affaires. C’est-à-dire il a une industrie légitime qui s’appelle le chocolat, le chocolat est rarement associé à la notion d’oligarchie. Donc ça ne veut pas dire que ce soit un ange, mais ça veut simplement dire que ce serait quelqu’un qui ne déparerait pas dans une réunion de chefs d’entreprises…

[OB : ça c'est de l'analyse !]

Élisabeth Quin – Du MEDEF !

François Heisbourg – Du MEDEF ou du BDLI en Allemagne.

Élisabeth Quin – Très bien, Antoine Arjakovsky vous le connaissez.

Antoine Arjakovsky – La différence par rapport à la Russie c’est que en Russie s’est mis en place un Etat mafieux avec de grandes fortunes comme ça, effectivement à partir du gaz et du pétrole, là en Ukraine, c’est très différent. C’est vrai que j’ai eu l’occasion de le rencontrer, Pétro Porochenko, le grand avantage au-delà de son honnêteté et de son succès dans les affaires, c’est qu’il est à la fois russophone et ukrainophone, c’est quelqu’un de synthèse et c’est quelqu’un aussi qui est de confession orthodoxe mais…

Élisabeth Quin – Comme vous ?…

Antoine Arjakovsky – Comme moi… Mais qui a fait appel comme premier ministre dès le premier jour, il a dit qu’il prendrait Arseniy Yatsenyuk, qui est lui-même grec catholique, comme premier ministre, le président du parlement Tourtchinov étant protestant, donc pour eux cette question des valeurs est importante.

Élisabeth Quin – Très bien.

Antoine Arjakovsky – On l’a vu au moment où il votait, il a fait son signe de croix, c’est…

[OB : normal...]

Nadia Daam – Vous l’aimez beaucoup ?

Élisabeth Quin – Oui, clairement.

Antoine Arjakovsky – Moi je trouve que c’est quelqu’un d’extrêmement compétent.

Renaud Dély – Ça s’appelle l’état de grâce. Il vient d’être élu, très largement, au début ça commence souvent comme ça…

Élisabeth Quin – D’aucuns l’ont connu.

Marie Mendras – Souvenons d’où l’on vient…

[OB : d'une régime démocratique, sans guerre civile, uni, en voie de redressement économique grâce aux 20 Md$ annuels donnés par la Russie !]

Élisabeth Quin – Attendez…

Marie Mendras – Ya un mois, on était nombreux à se demander, à la fois en Ukraine et chez nous en Europe, si cette élection se tiendrait…

Renaud Dély – Elle a eu lieu et il a été élu.

Marie Mendras – Elle a eu lieu, je l’ai observée, elle a eu lieu dans des conditions exceptionnelles alors que la population est quand même très traumatisée par les violences.

Renaud Dély – Pour autant…

Élisabeth Quin – Pour autant, Marie Mendras, il faut qu’on parle du chiffre du jour.

Renaud Dély – Pour autant tout n’est pas encore réglé, voilà, le chiffre du jour que je vais vous montrer à l’instant. C’est 2,2 milliards d’euros, ça correspond…

Élisabeth Quin – De dollars.

Renaud Dély – Non d’euros.

Élisabeth Quin – Ah bon.

Renaud Dély – Oui oui, absolument.

Élisabeth Quin – Très bien.

Renaud Dély – C’est donc la dette gazière de l’Ukraine à l’endroit de la Russie. On sait que justement Moscou menace une fois de plus de couper le robinet du gaz. Est-ce que l’Ukraine a encore les moyens de son indépendance par rapport à Vladimir Poutine sur cette question du gaz ? Ce n’est pas ça la principale menace aujourd’hui ?

François Heisbourg – S’il ne s’agit que des 2,2 milliards d’euros…

Élisabeth Quin – De dollars en l’occurrence, ce sont des dollars…

François Heisbourg – oui en l’occurrence effectivement je crois que ce sont des dollars…

Élisabeth Quin – Ce sont des dollars oui absolument…

François Heisbourg – Il n’y a pas de problème, c’est infiniment moins que le prêt que va faire le FMI à l’Ukraine.

[OB : un énorme prêt dans un pays qui va très mal à tous les points de vue - où est le problème ?]

La difficulté, c’est que la Russie exige non pas 2,2 milliards de dollars, elle exige 22 milliards de dollars. Et le gouvernement ukrainien a saisi le tribunal arbitral compétent en la matière, qui est le tribunal de Stockholm en l’occurrence, parce que les russes ont multiplié par dix la note depuis la chute du président Ianoukovytch, ça s’appelle soit du chantage soit un hold-up.

Élisabeth Quin – Faire monter les enchères !

Juan Gomez, bonsoir Juan Gomez.

Juan Gomez – Bonsoir.

Élisabeth Quin – Où va-t-on ?

Juan Gomez – Et bien je vous emmène en Chine vers laquelle Vladimir Poutine tourne désormais tous ses regards. Depuis le début de la crise ukrainienne, vous le savez, la Russie fait l’objet de sanctions croissantes. L’objectif affiché des occidentaux, c’est clairement d’isoler économiquement le pays et Vladimir Poutine cherche donc désespérément une échappatoire à ce piège et il a peut-être trouvé la solution miracle à Pékin, c’est en tout cas ce qu’affirment les médias russes. La semaine dernière Vladimir Poutine était en Chine, il y a passé deux jours, il a rencontré son homologue Xi Jinping, et les deux hommes ont signé une cinquantaine d’accords dont un énorme contrat gazier. Le montant est évidemment resté secret mais il est estimé tout de même à trois cents milliards d’euros, c’est le plus important contrat de toute l’histoire du géant russe Gazprom. Alors Vladimir Poutine a incontestablement réussi un joli coup, il a montré évidemment que la Russie était capable de se détacher de l’Europe, de se tourner vers l’Asie et notamment vers la Chine, le premier consommateur d’énergie au monde. D’ailleurs samedi dernier, le premier ministre russe, Dimitri Medvedev, a été on ne peut plus clair en affirmant que le gaz qui ne serait pas livré en Europe pourrait être livré, exporté en Chine. Alors en réalité c’est beaucoup moins simple, la Chine est certes devenue la semaine dernière le deuxième client de Gazprom mais elle reste loin, très loin derrière l’Europe et vous allez le voir, pour le chef de la diplomatie suédoise, si Moscou venait à concrétiser ses menaces, la Russie ne gagnerait pas au change.

Carl Bildt, ministre des Affaires étrangères de Suède : « La Russie est plus dépendante des revenus du gaz que l’Europe n’est dépendante du gaz. Donc oui, il y aurait des problèmes à court terme si la Russie exécute ses menaces mais au bout du compte elle aura plus de problèmes que nous. »

Juan Gomez – Voilà et donc pour vous donner un ordre de grandeur, l’année dernière la Russie a exporté vers l’Europe cent soixante milliards de mètres cubes de gaz, c’est quatre fois plus que ce qui est prévu dans l’accord signé avec les chinois la semaine dernière. En clair la Russie ne peut pas se passer du marché européen et les experts sont d’ailleurs tous unanimes, Vladimir Poutine, qui est pris à la gorge en ce moment par les sanctions occidentales et européennes, n’était pas en position de force pour négocier avec son homologue chinois. Ça fait dix ans qu’il essaie d’obtenir cet accord, il a donc dû faire des concessions et il a accepté de vendre son gaz beaucoup moins cher qu’aux européens donc, contrairement aux apparences, il faut tout de même relativiser le soi-disant succès de Vladimir Poutine face aux américains et aux européens.

Élisabeth Quin – Merci Juan Gomez.

Le mot a été dit : ‘’européens’’. Que peut faire, que doit faire l’Europe ?

François Heisbourg – L’Europe doit réduire sa dépendance gazière par rapport à la Russie, ça me paraît assez évident.

[OB : dépendre de l'Arabie Saoudite et du Qatar, où est le problème ?]

Élisabeth Quin – Et par rapport à l’Ukraine ?

François Heisbourg – Non l’Ukraine n’exporte pas de gaz directement, c’est le gaz russe qui passe par…

Élisabeth Quin – Non mais une attitude de l’Union Européen pour aider l’Ukraine ?…

Renaud Dély – Pour aider ? Economiquement, pour soutenir économiquement l’Ukraine, que peut faire l’Europe ?

François Heisbourg – Oui mais ce n’est pas la même question…

Élisabeth Quin – Oui.

François Heisbourg – je suis désolé de vous le dire…

Élisabeth Quin – Pardon François Heisbourg mais… Je pensais que vous me feriez une réponse…

[OB : qu'on aura donc jamais - mais la réalité, elle, va vite nous rattraper...]

François Heisbourg – Si vous me demandez : « qu’est-ce qu’il faut faire ? »…

Renaud Dély – Ce n’est pas la même réponse…

François Heisbourg – Et donc ce n’est pas la même réponse.

Élisabeth Quin – Très bien, à vos ordres.

François Heisbourg – Mais par rapport au gaz, il est évident que si on ne veut pas être à la merci de Vladimir Poutine, il faut que l’on réduise nos besoins en matière d’importations de gaz russe. Ça prendra du temps, il faut compter cinq à six ans. Je suis au demeurant tout à fait d’accord avec l’analyse qui vient d’être faite sur l’accord russo-chinois…

Élisabeth Quin – Excellent Juan Gomez !

François Heisbourg – Les russes ont été obligés de payer le prix exigé par les chinois et trois cents milliards d’euros c’est beaucoup mais c’est sur trente ans et donc en fait dix milliards d’euros par an, c’est le huitième du niveau actuel des échanges entre la Russie et la Chine. Donc oui c’est important mais ça ne change pas la face du monde.

Marie Mendras – Ca va mettre du temps à se mettre en place, ça va pas être immédiat.

Élisabeth Quin – Sur l’Europe ?

Renaud Dély – Oui sur l’Europe. Oui je crois que la première visite à l’étranger du président Porochenko, elle est prévue à Varsovie le 4 juin, quel signe politique ça donne ? C’est justement une façon de bâtir un peu plus l’Europe dans l’hostilité à Vladimir Poutine aussi ? Parce ce que on sait que la Pologne y est très hostile.

Antoine Arjakovsky – L’amitié avec la Pologne et l’amitié avec les tatars de Crimée puisque au même moment le leader des tatars de Crimée, Mustafa Djemilev, va recevoir un prix : le prix solidarnosc. Et l’une des premières mesures qu’a pris Porochenko après le 23 février, ç’a été de donner des droits à la communauté tatars de Crimée. Donc je pense que ça va être très politique mais pour répondre à votre question, je crois que ce qui est très important de la part de l’Union Européen : c’est de signer aujourd’hui l’accord économique. Il y a eu un accord politique qui a été signé, du traité d’association le 21 mars, maintenant il faut passer à l’économie et surtout…

Nadia Daam – C’a été évoqué depuis ?…

Antoine Arjakovsky – Oui, là, l’Union Européen a dit qu’elle était prête à faire ça au moins de juin…

Nadia Daam – Après l’élection ?…

Antoine Arjakovsky – donc c’est ça la prochaine échéance. Et puis surtout je crois du point de vue de la France puisqu’on va recevoir Vladimir Poutine bientôt, le 6 juin, c’est de dire il y a un décalage entre, d’un côté, nous arrêtons notre coopération militaire avec la Russie et, d’un autre côté, on fait venir des marins russes au Havre au mois de juin pour commencer à tester les mistrals. Alors là je crois qu’il y a un vrai problème, une vraie difficulté…

Renaud Dély – Vous évoquiez la Crimée, il y a encore une chance pour Porochenko de récupérer la Crimée en Ukraine ou est-ce que c’est sé… ?

Antoine Arjakovsky – Il l’a dit ! Il l’a dit : jamais l’Ukraine n’acceptera l’annexion de la Crimée. L’Ukraine veut une conférence internationale…

Renaud Dély – Mais comment est-ce qu’il peut y arriver ? Il va faire la guerre pour la récupérer ?…

Élisabeth Quin – Avec des armes ? Militairement ?…

Antoine Arjakovsky – veut une conférence internationale en disant à la France qu’elle a signé le traité de Budapest. La France a garanti, avec l’Angleterre et l’Amérique et la Russie, l’intégrité du territoire ukrainien : il faut revenir là-dessus.

[OB : je crois qu'on se comprend mal : garantir l'intégrité, cela veut dire qu'on défend l'Ukraine en cas d'agression. Mais pas qu'on va faire la guerre car une région veut quitter l'Ukraine après un référendum démocratique !]

Élisabeth Quin – C’était le mot de la fin pour ce soir et par rapport à ce débat.

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P.S. pour ceux qui se posent la question, je vous rassure, PAS UN SEUL média français connu ne m’a demandé la moindre interview.  :)

Source: http://www.les-crises.fr/arte-une-certaine-idee-du-debat/