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La Catalogne sur la pente de la désobéissance civile

Friday 7 November 2014 at 04:00

Petit point sur la crise catalane qui commence à devenir TRÈS inintéressante sur le plan des principes démocratiques en Europe…

La Catalogne sur la pente de la désobéissance civile, AFP, 5/11

Madrid (AFP) – Le leader nationaliste catalan Artur Mas a confirmé mercredi qu’il maintenait un vote sur l’indépendance de la région contesté par Madrid, une décision relevant de la désobéissance civile qui déclenche une crise politique sans précédent en Espagne depuis la mort de Franco.

“Nous sommes en train de défendre un droit naturel (…) Tous les peuples ont le droit de décider de leur avenir”, a déclaré le chef de l’exécutif catalan Artur Mas avant d’annoncer que le “processus de participation” serait maintenu.

Cette décision prise au nom de la “liberté d’expression”, intervient au lendemain d’un arrêt du tribunal constitutionnel suspendant justement ce vote, à la demande de Madrid.

Dans les faits, selon les spécialistes consultés par l’AFP, il s’agira alors de “désobéissance civile”. “Ouvrir les écoles (publiques) pour le vote et tout acte de fonctionnaires qui collaborera en ce sens” peut tomber sous le coup de la désobéissance civile, un délit pénal entrainant potentiellement une interdiction d’exercer. C’est très complexe et délicat”, explique Eduardo Virgala, enseignant en droit constitutionnel à l’université du Pays basque.

“Quel que soit le nom donné au vote: processus, fête publique ou sardane, il y a mise en place d’urnes et on pose une question sur un sujet qui n’est pas de la compétence” de la Catalogne, estime aussi l’universitaire Yolanda Gomez, également spécialiste en droit constitutionnel: “Il y a désobéissance à l’autorité de la part des personnes détenant des mandats publics”.

Artur Mas, leader du parti CiU (Convergencia i Unio, nationaliste conservateur) s’était engagé en décembre 2013 à organiser un référendum sur l’indépendance le 9 novembre.

La Catalogne, représentant environ 20% du PIB de l’Espagne et où vivent 7,5 des 47 millions d’Espagnols, jouit d’une large autonomie, lui permettant de gérer sa police ou encore son système éducatif et sanitaire. A partir de 2006 elle était même régie par un “Statut” (Estatut) lui reconnaissant, entre autres, le titre de Nation.

Mais en 2010 ce statut a été amendé par le tribunal constitutionnel. Le gouvernement dirigé par le Parti populaire (conservateur) à partir de 2012 a en outre commencé à rogner sur certains domaines dont Madrid ne se mêlait plus, comme l’enseignement de l’espagnol dans ses écoles.

Un contexte tendu, associé au mécontentement face à la crise et à la corruption galopante, a donné des ailes aux indépendantistes, qui, selon un sondage récent, seraient suivis par la moitié des Catalans.

D’où l’importance pour eux du référendum consultatif sur l’avenir de la région devenu “9-N”, comme un “Jour-J”.

Face à cet élan Madrid n’a rien cédé, se bornant à une application stricte de la Constitution ne permettant pas de telles consultations car l’ensemble des Espagnols doit pouvoir se prononcer.

Le gouvernement a donc saisi le tribunal constitutionnel qui a suspendu le référendum, le 29 septembre. M. Mas, poussé par ses alliés radicaux d’Esquerra Republicana de Catalunya (gauche indépendantiste), en tête dans les sondages et dont il a besoin pour rester au pouvoir, a alors décidé d’organiser un vote alternatif baptisé “processus participatif”.

Objet de moqueries de Madrid, il s’est avéré au fil des jours très semblable au premier. Il s’agit des mêmes questions: “Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat “? Et si oui, “Voulez-vous que cet Etat soit indépendant” ?”

Le vote, mis en place en grande partie par quelque 41.000 bénévoles, sans recensement initial ni commission électorale, est organisé avec l’aide et le financement de l’exécutif catalan et sera encadré par les Mossos d’Esquadra (la police catalane), autant d’éléments constitutifs d’une “désobéissance civile”.

Madrid a donc saisi une nouvelle fois la justice pour faire suspendre ce “processus”, entraînant un conflit sans précédent entre pouvoir central et région depuis la fin de la dictature de Franco (1939-1975).

Le président de la Catalogne, qui joue aussi son avenir, a pour sa part tout fait pour obtenir un maximum de participation, ouvrant le vote aux étrangers et aux jeunes de 16 ans mininum espérant ainsi que 5,4 des 7,5 millions de Catalans voteront.

Même s’il est juridiquement dans son droit, “le 10 novembre, le chef du gouvernement Mariano Rajoy aura encore un problème politique et de premier ordre”, analyse Eduardo Virgala, qui comme d’autres spécialistes considérait mercredi que seule “une solution politique” passant sans doute par une réforme de la Constitution de 1978, amendée deux fois, était envisageable.

Source : Nouvel Obs

Casse-tête juridique en Catalogne, Le Point, 5/11

Que se passera-t-il dimanche prochain en Catalogne ? Depuis 2013, les nationalistes au pouvoir régional ne parlent que de cela : le “9-N”, c’est-à-dire le 9 novembre 2014, jour tant annoncé du référendum d’autodétermination devant décider si, oui ou non, une majorité des 7,5 millions de Catalans est favorable à une sécession avec l’Espagne. En décembre 2013, une large majorité des députés du parlament (le parlement autonome catalan, à Barcelone) ont approuvé cette consultation ; dix mois plus tôt, ils avaient voté une sorte de “déclaration de souveraineté”, histoire de proclamer haut et fort que le “droit de décider du peuple catalan” est supérieur à toutes les lois espagnoles réunies. D’après de récents sondages, environ 70 % des Catalans soutiennent cette consultation, et entre 40 et 55 % se disent indépendantistes.

Sauf qu’aujourd’hui, à quelques jours du supposé grand jour, la situation est plus inextricable que jamais. À la différence de Londres vis-à-vis de l’Écosse (le “non” l’a emporté lors d’un référendum en septembre), Madrid voit rouge lorsque les nationalistes catalans évoquent la possibilité d’une consultation. L’argument est simple : la Constitution de 1978 ne reconnaît qu’une seule souveraineté, celle du “peuple espagnol” ; pour que les Catalans puissent se prononcer, l’accord préalable du Parlement national est donc indispensable. Et impensable.

Sur plainte du gouvernement du conservateur Mariano Rajoy, cet argument a été confirmé une première fois, le 29 septembre, par le Tribunal constitutionnel, le TC. Celui-ci vient de nouveau de “suspendre” cette consultation, considérant que, depuis des semaines, le nationaliste Artur Mas multiplie les déclarations en ce sens, inonde la page web de son exécutif d’appels à voter le 9-N et a demandé à environ 6 000 fonctionnaires catalans de veiller au bon déroulement de ce référendum qui ne veut pas dire son nom. Pour ne rien gâter, les juges du TC brandissent la menace de l’article 161.2 : si les Catalans en venaient malgré tout à sortir les urnes ce dimanche, Madrid pourrait d’autorité prendre les rênes de la région Catalogne. Rien de moins.

En face, il y aurait donc de quoi renoncer, abdiquer. Mais non : le porte-parole de l’exécutif catalan, Francesc Homs, a maintenu le défi – inédit – bien haut : “Tout est prêt pour le 9-N. Il aura lieu pour garantir la liberté d’expression. Nous allons poursuivre en justice le gouvernement de Madrid pour enfreindre les droits de nos citoyens.” Habiles, les nationalistes n’emploient pas le terme de “référendum” ou de “consultation”, ce qui pourrait leur valoir un châtiment judiciaire immédiat. Le leader Artur Mas préfère une litote : “processus participatif”. Selon lui, il aura bel et bien lieu ce dimanche, et ce, malgré les dénégations, les remontrances et les intimidations de Madrid. Le suspense reste entier sur un bras de fer sans merci.

Source : Le Point

“Le vote est une arme politique”, le Point, 06/11

INTERVIEW. Délégué de la Catalogne en France, Martí Anglada explique au Point.fr pourquoi son gouvernement ne reculera pas devant Madrid.

C’est la plus grave crise entre Madrid et Barcelone depuis la mort de Franco. En décidant de maintenir le vote populaire sur l’indépendance de la région prévu dimanche, le président de la Catalogne Artur Mas a outrepassé la décision du Tribunal constitutionnel suspendant le scrutin et s’est attiré les foudres du gouvernement espagnol. C’est la première fois que la population est ainsi sollicitée. Sans valeur juridique, ce scrutin pourrait néanmoins ouvrir la voie à un futur “vrai” référendum. Délégué de la Catalogne en France et en Suisse, Martí Anglada explique au Point.fr pourquoi son gouvernement ne reculera pas.

Le Point.fr : Que représente pour vous le scrutin de dimanche ?

Martí Anglada : C’est un moment historique. Nous n’avons jamais eu, en Catalogne, la possibilité d’organiser un vrai référendum à l’écossaise. En 2006, Madrid a accepté d’accorder davantage d’autonomie à la Catalogne (la région bénéficie du statut d’autonomie depuis 1979, NDLR), mais le Tribunal constitutionnel est revenu sur ce statut en 2010. L’attitude de Madrid a entraîné une grosse crise de confiance chez beaucoup de Catalans. Et le nombre d’indépendantistes a doublé.

Quelle est la principale pomme de la discorde avec Madrid ?

Au cours des trente dernières années, la Catalogne (qui représente 20 % du PIB de l’Espagne) a payé 24 % des impôts du pays. Or, nous n’avons reçu pendant cette même période que 9 % des investissements budgétaires de l’État. Ce n’est pas normal. Nous avons alors demandé un pacte bilatéral fiscal avec l’État, sur le modèle du Pays basque, mais Madrid a refusé. Ainsi, en septembre 2012, 1,5 million de Catalans ont manifesté pour quitter l’Espagne. Cela nous a conduits à convoquer des élections anticipées, où les partis favorables au référendum sont arrivés en tête.

Mais l’organisation d’un référendum n’est-elle pas illégale selon la Constitution espagnole ?

La Constitution comporte en effet un article stipulant que les décisions de souveraineté appartiennent exclusivement au peuple espagnol. Mais il existe un autre article selon lequel les compétences du gouvernement central peuvent être déléguées à une communauté autonome si le Parlement l’approuve. Il existe donc bel et bien une voie. Démonstration en a d’ailleurs été faite le 8 avril dernier, lorsque le Parlement a soumis à un vote la possibilité de convoquer un référendum en Catalogne.

Et qu’a décidé le Parlement espagnol ?

Le non l’a emporté à 80 %. Mais ce n’est pas le plus important. Le fait que les députés espagnols aient été amenés à trancher prouve bien qu’il existait une possibilité légale d’organiser ce référendum. La décision n’est donc pas juridique, mais politique.

Le vote de dimanche n’est-il pas en réalité un référendum qui ne porte pas son nom ?

Il ne s’agit effectivement pas d’un référendum à l’écossaise. Après le 8 avril, nous nous sommes dit que la seule chance de réaliser notre objectif était de mener une consultation du peuple catalan, sans que le résultat ait de valeur légale. C’est une arme politique, sans conséquence juridique. Or, le gouvernement espagnol a immédiatement saisi le Tribunal constitutionnel qui a invalidé cette consultation. Nous avons donc décidé d’organiser un “procès participatif”. Il s’agit d’une enquête, d’un grand sondage, sur la population.

Mais le Tribunal constitutionnel ne l’a-t-il pas une nouvelle fois jugé illégal ?

Il a interdit au gouvernement catalan d’y participer. Or, ce n’est pas l’exécutif qui a convoqué ce scrutin, mais la société civile, qui s’est massivement mobilisée. L’organisation de cette consultation, pardon, de cette enquête de dimanche, est assurée par des volontaires.

Comment le scrutin va-t-il concrètement se dérouler ?

La population va pouvoir voter dans plus de 1 240 points de vote, des mairies et des lycées. Deux questions seront inscrites sur le bulletin, avec pour chacune la possibilité de répondre “Oui” ou “Non”. La première : “Voulez-vous que la Catalogne devienne un État ?” Si la réponse est affirmative, on demandera alors : “Voulez-vous que cet État soit indépendant ?” Les résultats préliminaires tomberont dès lundi, mais le vote sera ouvert pendant 15 jours.

Le “oui” n’est-il pas assuré de l’emporter ?

D’après les sondages, le “oui” devrait recueillir la majorité des suffrages. Maintenant, il faudra distinguer le “oui-non”, c’est-à-dire la volonté d’établir un État fédéral ou confédéral, du “oui-oui”, qui signifie un État indépendant. Cette différence sera le principal enjeu du scrutin.

Et après ?

Si les résultats sont positifs, la seule chose démocratique et juridique que nous pourrons faire sera de convoquer des élections anticipées en Catalogne, avec un caractère plébiscitaire. Il s’agira d’un scrutin législatif, mais avec deux listes distinctes rassemblant les différents partis, selon un seul slogan : le “oui” ou le “non” au référendum sur l’indépendance de la région. Le président Artur Mas a déjà indiqué qu’il était prêt à convoquer ces élections si les autres partis étaient d’accord. Ce sera une façon d’organiser un référendum. Sans doute pas la meilleure.

Madrid ne pourra alors pas l’interdire ?

Ce n’est pas possible, ou alors l’Espagne deviendra la Russie de Poutine.

Que voulez-vous vraiment obtenir de Madrid ?

Si la liste du “oui” obtient plus de 50 % des suffrages lors de ces plébiscites, je pense que nous proclamerons notre indépendance. Si elle obtient moins de la majorité, alors il faudra trouver un nouveau statut pour notre région. En fonction de ces résultats, nous pourrons analyser si l’alternative est l’indépendance ou la négociation. Certainement pas le statu quo. Il faut respecter la singularité de la Catalogne. Nous devons trouver un point d’équilibre. Tout cela nous a déjà été accordé en 2006, avant que Madrid ne revienne dessus.

Mais un État catalan serait-il viable économiquement ?

[OB : Il est con ce journaliste : tout le monde sait qu'un État n'est viable économiquement qu'à partir de 800 millions d'habitants !!!! C'est même pour ça qu'on fait l'Eurôôôôpe !]

Les derniers rapports des agences de notation affirment que la Catalogne est déjà pleinement viable en tant qu’État. Nous comptons 7,5 millions d’habitants – soit plus que le Danemark -, nous possédons un PIB supérieur à la moyenne européenne, nous sommes des donateurs de l’Union européenne, alors que nous ne recevons rien. Il ne faut pas se tromper. Le problème de la viabilité se pose davantage pour une Espagne sans la Catalogne que l’inverse.

Justement, Madrid n’a aucun intérêt à se séparer de la Catalogne

Cela fait trente ans qu’ils ont l’occasion de doter la Catalogne de plus de subventions. Mais ils n’ont rien fait. Si tu penses qu’une région est la machine économique de ton État, alors, il ne faut pas l’étrangler. Or, pour des raisons politiques, le Parti populaire (conservateur) au pouvoir continue à privilégier d’autres régions, au détriment de la nôtre. En s’obstinant à tout nous refuser, Madrid est en train de sombrer dans l’impasse. À mesure que le gouvernement central rejette toutes nos demandes, le camp des indépendantistes augmente.

Source : Le Point

Le tribunal suprême rejette la requête de la Catalogne, L’Indépendant, 06/11

Le Tribunal suprême a rejeté l’appel interjeté par la Generalitat de Catalogne contre la décision du Conseil des Ministres espagnol de ne pas autoriser la consultation du 9 novembre.

Les Catalans avaient saisi le Tribunal Suprême pour dénoncer l’”atteinte au droit de participation, à la liberté d’expression et à la liberté d’opinion” par le gouvernement de Madrid.

Avec la décision du Tribunal Suprême ce sont les voies légales qui ont été épuisées pour maintenir ce processus de remplacement au référendum pour l’auto-détermination de la Catalaogne.

Source : L’indépendant

En Catalogne, un « vote » pour rien, Le Monde, 06/11

Editorial du Monde. Pourquoi au juste les Catalans vont-ils voter, dimanche 9 novembre ? La tentative de référendum promise par le chef de l’exécutif catalan, Artur Mas, a été bloquée par le Tribunal constitutionnel espagnol le 29 septembre. Le président catalan, qui avait promis de n’organiser de consultation que conforme à la loi, en a finalement décidé autrement. Sous la pression de la gauche indépendantiste, M. Mas a maintenu un projet de scrutin… que le Tribunal constitutionnel a à nouveau suspendu !

Alors, dimanche, ce ne sera pas un « référendum ». Les Catalans participeront à un « processus participatif », en répondant aux mêmes questions, prévues dans le projet de référendum initial : « Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat ? » En cas de oui : « Voulez-vous que cet Etat soit indépendant ? » C’est une idée bien discutable.

Le scrutin aura la couleur et la forme d’un référendum, mais ce sera surtout un scrutin contesté. Au risque de passer pour de la désobéissance civile…

[Je n'ai pas la fin, mais ce n'est pas utile à ce stade]

Source : Le Monde

OB : J’adore de plus en plus le Monde, ce journal est fascinant, c’est vraiment la voix du Système !!!!

On va vite voir si c’est “pour rien” que les Catalans voteront – ça ne marche pas toujours aussi bien qu’en 2005…

Laissez voter les Catalans (APPEL)1

Une majorité de catalans a exprimé à de nombreuses reprises et de ce de manières différentes, leur volonté d’exercer leur droit démocratique à voter leur avenir politique.

Cette forte demande de vote est le résultat de dissensions de longue date entre les gouvernements de la Catalogne et de l’Espagne au sujet du degré d’autonomie culturelle, politique et financière dont peuvent disposer les Catalans, malgré plusieurs tentatives pour arriver à une solution acceptable.

Comme nous l’avons vu au Québec et en Écosse, la meilleure manière de résoudre les conflits internes et légitimes est d’utiliser les outils de la démocratie. Empêcher les Catalans de voter semble contredire les principes qui inspirent les sociétés démocratiques.

C’est pourquoi nous appelons le gouvernement espagnol et ses institutions et leurs équivalents catalans à travailler ensemble afin de permettre aux citoyens de Catalogne de voter leur avenir politique et de négocier en toute bonne foi en se basant sur les résultats.

Source

[Historique] La (délirante) partie d’échecs catalane expliquée aux non-Catalans, Rue89, 1er octobre

« Volem votar ! » (Nous voulons voter !) Pour protester contre la suspension, lundi soir, du référendum en Catalogne, les indépendantistes ont manifesté par milliers mardi soir à Barcelone et dans d’autres villes.

Entre le gouvernement (la « Generalitat ») de Catalogne et Madrid s’engage une partie à haut risque sur l’échiquier juridico-politique. Il y aura des perdants, voire des drames si cette partie tourne mal.

Les règles du jeu


Un pochoir pro-indépendance

Les deux principaux joueurs s’appellent Artur Mas et Mariano Rajoy.

Le premier, de centre droit, issu de la fédération de partis Convergence & Union, est le président de la Generalitat de Catalogne, l’une des régions les plus riches d’Espagne. Le second est le premier ministre espagnol, chef du Parti populaire (PP, droite).

En surface, ils s’opposent frontalement sur la question de l’indépendance ; mais pour compliquer la donne, ils ont aussi des intérêts convergents. L’un et l’autre ont en effet intérêt à garder bien vivants les partis nationalistes en Catalogne :

Mas est de centre droit et défend l’indépendance de sa région de 7,5 millions d’habitants. Une fois indépendante, elle se situerait au septième rang européenen termes de richesse par habitant. Il prévoit depuis longtemps d’organiser un référendum et ce qui s’est passé en Ecosse, avec l’assentiment de Londres, l’encourage à tenir bon.

David Cameron ne croyait pas aux chances du « oui » en Ecosse (il a eu une suée, mais finalement, le scrutin lui a donné raison). Mariano Rajoy, lui, estime possible une victoire du « oui » (les sondages aussi). Un tel référendum, s’il était organisé, risquerait de conduire à un affaiblissement de l’économie espagnole, à la mort de la Constitution de 1978 et même, pour peu que les Basques ou d’autres emboîtent le pas des Catalans, à la fracturation du pays en divers morceaux. Explosif, donc.

Artur Mas pousse un décret


E2-E4 (Wikimedia Commons/CC)

En septembre, Artur Mas a fait voter au parlement régional (à 80%) une loi régionale autorisant la tenue de référendums.

Samedi, il avancé sa première pièce : lors d’une cérémonie au gouvernement régional, il a signé un décret prévoyant de consulter les électeurs catalans lors d’un référendum le 9 novembre.

Juridiquement, a argué Madrid, il ne peut y avoir de consultation de ce type qu’au niveau national. Ce à quoi Mas répond que rien, sur le plan du droit, ne pèse très lourd face à la « volonté d’un peuple ».

Il a pris son temps pour signer ce décret : le temps de s’assurer que les municipalités de Catalogne le suivaient et de laisser bouillonner un peu la ferveur indépendantiste. Mais il a laissé ouverte la discussion avec Madrid :

« Comme toutes les nations du monde, la Catalogne a le droit de décider de son avenir politique. Nous sommes ouverts aux négociations sur les conditions du référendum jusqu’au dernier moment. »

Son équipe a laissé planer l’idée que, en attendant l’ouverture de telles négociations, la date du référendum serait maintenue.

« Chicken » !


« Chicken » !

Pour préparer les coups suivants, Artur Mas a constitué une sorte de conseil de guerre, peuplé de hauts fonctionnaires et d’intellectuels, le Conseil consultatif pour la transition nationale.

Au Wall Street Journal, l’un des membres, le sociologue Salvador Cardus, a expliqué que la stratégie consistait désormais à préparer l’élection comme si de rien n’était, et à attendre que le gouvernement central commette « une grosse bêtise politique » :

« Il s’agit de savoir quel camp sera calme et gardera son sang-froid jusqu’au 9 novembre. »

La partie d’échecs devait dans l’esprit de nombreux indépendantistes tourner au « chicken game », le jeu de la poule mouillée qui se dispute à deux voitures fonçant vers une falaise (cf. « La Fureur de vivre »).

Madrid saisit le Tribunal constitutionnel

Mais jouer à un tel jeu avec Mariano Rajoy n’est pas une mince affaire. Ce dernier a la réputation d’être aussi coriace qu’un édredon : calme, il aime temporiser en évitant les « grosses bêtises politiques ». Il manie parfaitement l’inertie.

« Il pourrait faire sien l’adage d’Henri Queuille selon lequel il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout », résume l’historien Benoît Pellistrandi, spécialiste de l’Espagne.

Rajoy s’est contenté lundi matin de saisir le Tribunal constitutionnel espagnol, en vue de faire annuler la loi sur laquelle s’appuie le décret pris par Mas.

Le Tribunal constitutionnel est composé de douze magistrats choisis par le parlement espagnol, dominé par le PP et le PSOE. Actuellement, ce sont plutôt des juges conservateurs qui le dominent, peu ouverts aux velléités indépendantistes catalanes. Il avait déjà partiellement annulé, en 2010, le nouveau statut de la Catalogne qui la reconnaissait comme une « nation ».

Avantage Madrid

Le Tribunal constitutionnel a accepté lundi soir de se saisir de l’affaire, ce qui implique la suspension du décret organisant le référendum. Une rapidité inhabituelle aux yeux de Artur Mas qui s’est fait ironique :

« Ils ont franchi le mur du son. Ils n’ont pas attendu un seul jour. »

Mais dans le jeu du « chicken », Mas a canné : mardi, la campagne référendaire a été suspendue.

Le président du gouvernement de Catalogne n’a pas osé jouer avec le feu :l’article 155 de la constitution espagnole autorise Madrid à suspendre l’autonomie d’une région qui ne respecterait pas ses obligations… Et personne n’a envie de prendre le risque de rejouer octobre 1934, avec une mobilisation de l’armée contre la Catalogne.

Mariano Rajoy a pris l’avantage, donc. Et les indépendantistes sont furieux. La gauche républicaine et catalane appelle le gouvernement catalan à désobéïr. La présidente du parlement catalan, Nuria de Gispet, a annoncé qu’elle allait faire appel contre la suspension du référendum décidée par le Tribunal constitutionnel.

La partie se déplace dans la rue

Des manifestations devraient se succéder. L’indépendance est une cause qui mobilise : des manifestations ont déjà réuni 1,5 million de personnes, dans une région qui en compte 7,5 millions.

Dès mardi soir, sous la pluie, des milliers de Catalans ont défilé pour que soit maintenu le vote du 9 novembre, sur le thème : « Ni la pluie, ni un tribunal ne nous arrêtera. » Des heurts ont eu lieu avec la police.

« NOUS VOULONS VOTER ! », MANIF À BARCELONE

Le Tribunal constitutionnel a cinq mois pour statuer. Les chances pour qu’il le fasse avant le 9 novembre sont quasi-nulles : il doit livrer une décision très argumentée, et il prendra son temps.

D’ici là, les indépendantistes les plus déterminés devraient donc s’organiser pour qu’une consultation « sauvage » ait lieu le 9 novembre dans de nombreuses municipalités, bravant le Tribunal constitutionnel.

En cas de « oui » massif, même si la carte de la Catalogne n’est pas entièrement couverte, ce vote renforcerait la revendication d’indépendance. Mais il n’aura pas la légimité suffisante pour déclencher un processus devant mener à celle-ci. Selon les sondages, seul un Catalan sur cinq est prêt à voter à un référendum qui n’aurait pas été autorisé par le Tribunal constitutionnel.

La partie de Chicken redémarre

Mercredi 1er octobre, le parlement catalan passe outre la décision du Tribunal constitutionnel et décide de la création d’une commission électorale pour le référendum d’autodétermination. Deux jours plus tard, Artur Mas publie un décret mettant en place la commission. La date du 9 novembre revient dans le paysage. La partie de « Chicken » redémarre.

Le gouvernement espagnol annonce qu’il saisir de nouveau le Tribunal constitutionnel contre la création de cette commission.

Quels coups suivants ?


Artur Mas condamné à « faire tapis »

Selon Benoît Pellistrandi, Artur Mas n’est pas dans la meilleure position. Il s’est mis dans une situation telle qu’il doit chaque fois « aller plus loin etfaire tapis, comme on dit au poker » :

« Son seul coup à jouer est maintenant de dissoudre le parlement catalan pour le transformer en vote plébiscitaire en faveur de l’indépendance. »

Il se heure à un problème de calendrier. Quand jouer ce coup ? Pour faire le plein de voix nationalistes, Artur Mas n’a pas intérêt à lier l’élection au parlement régional à d’autres scrutins. En mai auront lieu des élections municipales, en novembre des élections nationales. S’il veut éviter un télescopage, sa fenêtre de tir est étroite : « janvier ou février 2015 », suggère Benoît Pellistrandi.

Par ailleurs, il n’est pas du tout certain qu’Artur Mas réussira ce coup-là. Il est affaibli par le scandale touchant son prédécesseur, Jordi Pujol. Issu du même parti que lui, ce dernier a dirigé la Catalogne de 1980 à 2003 ; père du nationalisme catalan, il est soupçonné d’avoir touché des dizaines, voire des centaines de millions d’euros de pots de vin.


L’hebdomadaire Directa appelle à la désobéissance

Selon les sondages, en cas d’élections anticipées, ce sont certes des nationalistes qui l’emporteraient, mais plutôt ceux, plus radicaux, de laGauche républicaine de Catalogne. Pour réussir, Artur Mas doit négocier une coalition avec eux, évidemment AVANT de procéder à la dissolution.

De son côté, Mariano Rajoy continuera à faire l’édredon. Mais selon Pellistrandi :

« Cela fonctionne quand les enjeux ne sont pas considérables, pas quand ils le deviennent. Or, les Catalans aujourd’hui demandent quelle est leur place dans l’Espagne, et personne ne leur répond. »

Trois scénarios possibles

Ceux qui pourraient avoir la clé permettant de résoudre cet imbroglio, ce sont les socialistes, estime le chercheur. Ils proposent d’aller vers une Espagne fédérale, ce que refuse jusque-là la droite. Mais jusque là, le PSOE est le grand perdant de toute cette affaire.

Pellistrandi imagine trois scénarios pour l’élection nationale de novembre 2015 :

Le sac de nœuds, on le voit, est bien compact. Au point que si vous avez l’impression d’avoir compris la situation politique catalane, c’est sans doute que je l’ai mal expliquée.

Source : Rue89 

Source: http://www.les-crises.fr/la-catalogne-sur-la-pente-de-la-desobeissance-civile/


[U4-4] EuroMaïdan : Le dessous des cartes

Friday 7 November 2014 at 03:05

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série

4.4 Le dessous des cartes

Au-delà de ces faits « publics », d’autres faits sont venus éclairer les différentes « ingérences dans les affaires de l’Ukraine », et le dessous des cartes.

L’implication des Américains

Rien de bien nouveau sous le soleil. Dès 1997, Zbigniew Kazimierz Brzeziński, conseiller de Jimmy Carter de 1977 à 1981, d’origine polonaise, écrivait dans Le Grand Echiquier : « Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire. », et citait le géographe du début du XXe siècle Halford John Mackinder :

« Qui contrôle l’Europe de l’Est contrôle l’Heartland [la Russie] ;

Qui contrôle l’Heartland contrôle l’Île Monde [L’Eurasie] ;

Qui contrôle l’Île Monde contrôle le Monde »

L’évènement le plus marquant aura été l’interception d’une conversation du 25 janvier 2014 entre l’ambassadeur américain en Ukraine Geoffrey Pyatt et Victoria Nuland, très probablement réalisée par la « NSA russe ». Ce morceau d’anthologie vaudra ainsi à Nuland le surnom de Mme « Fuck the UE » :

Victoria Nuland : Que pensez-vous ?

Geoffrey R. Pyatt : Je pense que nous sommes dans le jeu. La pièce Klitchko est évidemment l’électron le plus compliqué ici, en particulier le fait qu’on l’ait annoncé comme vice-Premier ministre. Vous avez vu mes notes sur la difficulté du mariage en ce moment, nous essayons d’obtenir une analyse très rapide pour savoir s’il fait partie de la future équipe. On aurait donc besoin de savoir rapidement où il se situe sur ces questions. Je pense que vous devriez avoir une conversation avec lui, et que c’est le prochain coup de téléphone que vous devriez passer, exactement comme celle que tu as eue avec Yats [Iatseniouk]. Tu as réussi à lui faire jouer le rôle qu’on veut dans ce scénario et c’est très satisfaisant tout autant que ses déclarations en retour.

Victoria Nuland : Bon. Je ne pense pas que « Klitsch » [surnom de Klitschko] devrait être dans le gouvernement. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Geoffrey R. Pyatt : Oui, je veux dire… je suppose… Pour ce qui est de sa non-participation au gouvernement, je serais d’avis de le laisser en dehors pour qu’il se consacre à ses obligations politiques et à ses projets. Je pense juste qu’en termes d’avancée du processus, nous voulons garder les démocrates modérés ensemble. Le problème sera avec Tyahnybok et ses gars. Et, vous savez, je suis sûr que cela fait partie du calcul de Ianoukovytch.

Victoria Nuland : Je pense Yats, c’est le gars adéquat. Il a de l’expérience économique et de l’expérience en tant que ministre. C’est le gars. Vous savez, ce dont il a besoin, c’est que Klitsch et Tyahnybok restent à l’extérieur. Il doit leur parler quatre fois par semaine. Vous savez, je pense juste que si Klitchko entre, il va devoir travailler au niveau de Iatseniouk : cela ne va tout simplement pas marcher…

Geoffrey R. Pyatt : Oui, je pense que c’est vrai. Ok, bon. Souhaitez-vous que nous organisions un appel avec lui comme étape suivante ?

Victoria Nuland : Ma conception de l’appel dont vous parlez, c’est que les trois grands participent à leur propre réunion et que Yats leur propose dans ce contexte. Vous le savez, une conversation « trois plus un » ou « trois plus deux » si vous participez. C’est ainsi que vous le comprenez ?

Geoffrey R. Pyatt : Non, je pense que c’est ce qu’il a proposé, mais connaissant leur dynamique interne lorsque Klitchko était aux commandes, il va prendre son temps avant de se manifester pour aller à une de leurs réunions et il doit déjà être en train de parler à ses gars. Donc je pense que si vous le joignez directement, cela aiderait à gérer ces trois personnalités. Cela vous donne également une chance d’d’influer rapidement sur tout cela et nous permettra d’être en arrière-plan avant qu’ils ne s’assoient et qu’il explique pourquoi il n’est pas d’accord.

Victoria Nuland : Ok. Bon. Je suis contente. Pourquoi ne le contacteriez-vous pas pour voir s’il veut discuter avant ou après ?

Geoffrey R. Pyatt : Ok, je vais le faire. Merci.

Victoria Nuland : Ok… encore une chose pour vous Geoff. Je ne me souviens pas si je vous ai dit ou si je n’en ai parlé qu’à Washington : quand j’ai parlé à Jeff Feltman [Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux Affaires Politiques] ce matin, il avait un nouveau nom pour le type de l’ONU : Robert Serry. Je vous ai écrit à ce sujet ce matin.

Geoffrey R. Pyatt : Oui, j’ai vu cela.

Victoria Nuland : Ok. Il a obtenu aujourd’hui, à la fois de Serry et de Ban Ki-moon, que Serry vienne lundi ou mardi. Ce serait formidable, je pense, ça aiderait à souder ce projet d’avoir l’aide de l’ONU. Et, vous savez quoi ? Que l’Union européenne aille se faire foutre !

Geoffrey R. Pyatt : Exactement. Et je pense que nous devons faire quelque chose pour que ça colle ensemble, parce que vous pouvez être sûre que si ça ne commence pas à prendre de l’altitude, les Russes vont oeuvrer en coulisses pour essayer de le torpiller. Et encore une fois le fait que ce soit la place publique en ce moment, je suis encore à essayer de comprendre pourquoi Ianoukovytch a fait ça. En attendant, il y a en ce moment-même une réunion d’un courant du Parti des Régions et je suis sûr qu’il y a un débat très animé dans ce groupe à ce sujet Mais quoi qu’il en soit je pense qu’on peut retourner la situation si on agit vite. Alors laissez-moi travailler sur Klitschko… Je pense que nous devrions simplement chercher à trouver quelqu’un avec une personnalité internationale pour venir ici et aider à l’accouchement de notre projet. L’autre question concerne Ianoukovytch, mais nous en reparlerons demain, nous verrons comment les choses commencent à se mettre en place.

Victoria Nuland : Donc, sur ce point, Geoff, quand j’ai écrit la note, Sullivan [Jake, le conseiller de sécurité nationale du vice-président américain] est venu me voir directement pour me dire que nous aurions besoin de Biden [Joe Biden le vice-président] et j’ai répondu que ce serait génial de l’avoir demain pour que tout roule. Biden est d’accord.

Geoffrey R. Pyatt : Ok. Très bien, merci.

Cet enregistrement audio révèle donc comment Nuland a tenté, en coordination avec l’ambassadeur américain, d’imposer au gouvernement ukrainien les candidats de l’opposition de leur choix.

Dans sa conversation téléphonique avec l’ambassadeur américain, Nuland s’exprime au passage en termes très peu diplomatiques sur l’incapacité de l’Union européenne, pourtant une puissance alliée des Etats-Unis, à s’imposer, où elle lance le désormais fameux : “Fuck the EU” ! (que l’UE aille se faire foutre !).

On note au passage qu’elle appelle-t-elle les leaders de l’Euromaïdan : « Yats » et « Klitsch ». Utiliser un langage si familier suppose une évidente proximité et une indéniable connivence entre les membres du triumvirat et l’administration américaine…

Au passage les protagonistes expliquent comment Jeff Feltman, secrétaire-adjoint aux Nations unies, promeut les intérêts américains. En effet, Nuland informe également Pyatt qu’elle a évoqué son plan avec le sous-secrétaire des Nations-Unies pour les Affaires politiques Jeffrey Feltman, un ancien du département d’État américain, qui devait nommer un représentant de l’ONU pour promouvoir l’accord envisagé par elle. Le vice-président américain Joe Biden devait également être mobilisé pour promouvoir son choix.

L’intervention de Nuland a lieu peu après la proposition formulée le 25 janvier par le gouvernement ukrainien offrant des postes ministériels à Arseni Iatseniouk et Vitali Klitschko.

Nuland prétend que si l’on permettait à Klitschko de devenir vice-Premier ministre, comme le lui avait proposé le président ukrainien Ianoukovitch, les choses se passeraient mal avec Iatseniouk, son choix préféré comme chef du nouveau gouvernement.

N.B. dans le rôle de « l’espionneur espionné », les États-Unis ont alors accusé la Russie « d’espionnage » par le biais du porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, pour qui le fait que la conversation ait été « diffusée sur Twitter par le gouvernement russe est significatif du rôle de la Russie ». Le département d’État a pour sa part été plus direct, estimant que les méthodes de la Russie étaient « tombées bien bas »…

Soulignons au passage que la réaction de l’Europe-Puissance a été à la hauteur de l’affront « Fuck the UE » :

“Source : lemonde.fr

Mission accomplie : je pense que Nulland, non sanctionnée, a compris que si elle recommençait, elle aurait droit à un second communiqué où on ne lui répondra pas…

Cette évidente implication américaine en Ukraine a été dénoncée le 6 février par le conseiller russe Sergueï Glaziev qui a déclaré que « les Américains ignorent le Mémorandum de Budapest de 1994 sur les Assurances de Sécurité, puisqu’ils dépensent (selon lui) 20 millions de dollars par semaine pour financer l’opposition et les rebelles, y compris pour les armer », accusant les Américains d’en entraîner certains dans les sous-sols de l’ambassade américaine.

Le financement de Maïdan

Un autre point est à souligner : les milliers d’activistes et de miliciens qui n’ont pas travaillé pendant 2 mois ne l’ont pas fait gratuitement… Et n’ont pas acheté avec leur argent les centaines de masques à gaz…

De même, ils n’ont pas trouvé par miracle en quelques heures fin novembre les centaines de drapeaux déployés… Comme l’indiquait dès le 25 novembre Grigori Trofimtchouk, vice-président du Centre de modélisation du développement stratégique :

« Il ne faut pas beaucoup de temps pour organiser des meetings politiques en Ukraine. A la différence de toute autre chose, là, il n’y a pas de problème. À en juger d’après la plus récente information dans les réseaux sociaux, la mobilisation d’une personne coûte 100 grivnas. »

Selon l’opposition, quelque 100 000 personnes participent aux actions de protestation, et trois fois moins d’après des données officielles. Les premières annonces sont parues sur Internet dès vendredi (22/11). Et c’est également vendredi que l’opposition a fixé la journée d’action pour le dimanche 24 novembre. Suivant la tradition ukrainienne, l’essentiel des participants est alors constitué de la couche de la société la plus démunie : agents de la sphère publique, étudiants et retraités. Mais ils sont peu nombreux.

Pour les experts du marché de publicité, la confection de drapeaux, le dessin des banderoles prend d’habitude deux semaines. Donc, soit tout ce matériel avait été commandé d’avance, soit les organisateurs ont dû payer beaucoup plus pour les avoir en urgence. Comme l’indiquait Sergueï Iakovlev dès le 24/11/2013 :

« Si l’action était programmée d’avance, le coût de l’action de protestation est deux fois moindre. Si on le faisait d’urgence c’était deux-trois fois plus cher. Les drapeaux, les banderoles et la livraison de la nourriture, cela représente 30 % de la facture. De telles actions de protestation engageant plusieurs milliers de personnes reviennent à environ 200 000 à 300 000 dollars. »

“Source : french.ruvr.ru

Il est apparu par la suite que, le danger augmentant, un certain nombre de manifestants ont été payés entre 200 et 300 grivnas par jour, soit entre 20 et 30 dollars par jour (soit l’équivalent en termes de pouvoir d’achat de 250 € par jour en France).

“Source : paulcraigroberts.org

Alors qui a payé pour le Coup d’État ?

De façon certaine : l’oligarque Petro Poroshenko (fortune : 1,3 milliards de dollars), puisqu’il l’a avoué lui-même sur CBS :

Clarissa Ward : D’où vient l’argent pour financer de ce mouvement de protestation?

Petro Porochenko : Il n’y a pas de sponsor de Maïdan, vous pouvez le croire.

Clarissa Ward : Donc, vous affirmez que vous n’avez pas donné d’argent à ce mouvement ?

Petro Porochenko : Non, ce n’est pas vrai. Mais je l’ai fait comme beaucoup d’autres personnes…

“Source : Cbsnews

Il a été très discret, mais quelques photos existent…

À Maïdan…

Avec Klitchko (et Tyahnybok)…

Toujours avec Klitchko…

Avec les Américains (Nuland, Pyatt, Kerry)

Reçu par les dirigeants à Londres et Paris…

Il avait déjà cofinancé la Révolution Orange de 2004, et est un (très) proche de Timochenko :

Et il est donc désormais le favori des Occidentaux pour la Présidentielle de mai 2014 :

Pour revenir au financement de Maïdan, il semble aussi que Fondation Konrad Adenauer, proche du CDU, le parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel, ait joué un rôle important.

Un autre nom revient avec insistance, celui de l’oligarque Viktor Pintchouk. Comme nous l’avons vu précédemment, il s’agit de la deuxième fortune d’Ukraine. Marié à la fille de Léonid Kuchma, ancien président de l’Ukraine (1994-2005), il a fait fortune dans l’acier et a établi de solides relations avec le couple Clinton aux États-Unis. On a vu également qu’il finançait la fondation du nouveau Premier ministre ukrainien…

Dans une interview à notre quotidien de référence, il déclare le 23 février :

« Ce matin même, l’Union européenne aurait dû annoncer, en guise de premier pas, la suppression des visas pour nos citoyens ! […]

Les gens ont dépassé les politiciens. Au cours de ces trois mois, ils ont eu une vision, des valeurs en commun. Ce sont des héros. La révolution leur appartient. La société civile est passée loin devant le grand business et les politiciens, qui devront s’adapter.

["Quant aux menaces séparatistes, Viktor Pintchouk se montre optimiste" – un visionnaire !] Il n’existe pas une seule force en Ukraine souhaitant que le pays rétrécisse. Et particulièrement le grand business. En réalité, ce qui se passe accroît l’attractivité de l’Ukraine. Nos problèmes financiers n’existent qu’à court terme.

Nous pouvons devenir le pays le plus tendance du monde. Enfin, si on ne fiche pas tout en l’air et qu’on ne se retrouve pas encore dans l’impasse. »

“Source : lemonde.fr

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u4-4-le-dessous-des-cartes/


[Et maintenant, les drones russes !] Ouvrons les yeux sur Antoine Arjakovsky

Thursday 6 November 2014 at 20:20

Ce type est énoooooooooooooorme.

Je rappelle qu’il est “directeur émérite de l’Institut d’Études Œcuméniques de Lviv.” et assez proche du clergé de Lviv, clergé dont les penchants svobodesques sont connus…

On a déjà pu juger de la solidité du bonhomme dans ce billet.

Extrait : “Aujourd’hui je considère avec beaucoup de tristesse que les hiérarques qui conduisent aux destinées de l’Eglise russe ne sont pas dignes de la mission de réconciliation universelle qui leur a été confiée par le Très Haut

Attention, billet 100 % “théorie du complot”.

Ouvrons les yeux sur la Russie de Vladimir Poutine, par Antoine Arjakovsky, Le Figaro, 6/11/2014

FIGAROVOX/OPINION – À la lueur de la crise ukrainienne, Antoine Arjakovsky détaille, à l’attention de l’Europe et des États-Unis, la vision stratégique de la Russie de Vladimir Poutine.


Antoine Arjakovsky est l’auteur de Russie-Ukraine: de la guerre à la paix? (Paris, Parole et Silence, 2014). Il a reçu pour ce livre le prix Grégoire Orlyk le 5 novembre au Sénat de la part de Hervé Maurey, président du groupe d’amitié France-Ukraine, et de Olga Sorin, présidente de la revue Perspectives Ukrainiennes. Nous publions ici son discours.


Jugez simplement qui il a décoré…

Ouvrons les yeux.

La Russie fait la guerre aujourd’hui non seulement à l’Ukraine mais aussi à l’Union européenne et aux Etats-Unis. Lors de son discours à Sotchi le 24 octobre le président russe a défendu son projet de rétablissement de l’Etat mythique de «Nouvelle Russie» sur les terres ukrainiennes. Mais il s’en est pris aussi violemment à ce qu’il appelle «la domination unilatérale» sur le monde des Etats-Unis. Le président russe augmente de 30% son budget militaire pour 2015 et rappelle à toute occasion que la Russie est une puissance nucléaire. En annexant la Crimée le 18 mars, Vladimir Poutine a bafoué le Mémorandum de Budapest de 1994 qui prévoyait la garantie de l’intégrité du territoire ukrainien.

(Ce qui ne signifie pas qu’une partie du territoire ukrainien n’a pas le droit de quitter ce doux pays qui brûle et bombarde les russophones…)

En reconnaissant les nouvelles «élections» du 2 novembre à Louhansk et Donetsk, en envahissant aujourd’hui le Donbass, il fait semblant d’ignorer la position de son ambassadeur en Ukraine Mihail Zourabov qui avait signé le 5 septembre l’accord de Minsk avec l’Ukraine et l’OSCE. Celui-ci prévoyait le 7 décembre des élections locales dans les zones occupées sous l’autorité de l’Etat ukrainien. La Russie fait également appel à des observateurs de l’extrême droite européenne, dont Jean-Luc Schaffhauser du Rassemblement bleu Marine, pour légitimer des «élections» qui violent pourtant les normes les plus élémentaires de la démocratie.

(Norme la plus élémentaire de la Démocratie = ne JAMAIS voter contre l’UE, les USA et le Système)

De plus, comme l’a reconnu devant les caméras Alexandre Zakhartchenko, le nouveau «président de la république de Donetsk», la Russie arme aujourd’hui en chars et en matériel lourd les leaders autoproclamés du Donbass en vue d’avancer des troupes mixtes en direction de la Crimée. Enfin, comme l’a révélé l’OTAN, depuis dix jours la Russie procède à de vastes manœuvres militaires dans toute l’Europe. Des bombardiers russes ont été interceptés au dessus du ciel britannique par la Royal Air Force.

Des sous-marins russes ont été signalés dans les eaux territoriales du Danemark et de la Suède.

(Signalés, mais hélas jamais vus…)

Des essais de tirs de missile longue distance ont été effectués par la Russie d’une portée de 6000 kilomètres en direction du Kamchatka.

On ne peut pas ne pas mentionner ici le survol au même moment des deux tiers des centrales nucléaires françaises par de mystérieux drones. Greenpeace a nié toute implication. Aucune explication n’a été donnée par les autorités françaises malgré le fait que les satellites français suivent précisément tout mouvement au dessus des sites stratégiques. On peut donc légitimement s’interroger sur une telle coïncidence.

(relisez bien ça)

Quoi qu’il en soit, les manœuvres militaires avérées de la Russie dans toute l’Europe ont comme but d’intimider les chancelleries occidentales à la veille d’une nouvelle violation du territoire ukrainien par la Russie.

(Ben oui, les 150 M de Russes contre les 500 Européens et 350 Américains, c’est joué d’avance….)

Face à une telle situation de «poker nucléaire» comment (re)construire la paix? Il s’agit en premier lieu de ne pas se laisser intimider par la Russie.

Les Russes pensent que s’ils parviennent à envahir Narva, une ville estonienne peuplée à 90% de russophones, et que l’OTAN hésite à réagir, alors ils auront gagné la guerre.

(relisez bien ça : la Russie rêve d’envahir un pays de l’OTAN)

Car ils auront réussi à instiller le doute au sein du bloc atlantique. Les élites russes n’ont toujours pas intégré la construction théologico-politique moderne de l’Etat-nation et espèrent que l’Occident ne se mobilisera pas pour des régions éloignées et russophones.

(Je pense que M. Arjakovsky a malheureusement loupé quelques leçons de laïcité – qu’il n’a évidemment jamais pu suivre à Lviv…)

C’est pourquoi le président Obama est venu à Tallinn le 3 septembre pour assurer les Estoniens du soutien indéfectible de l’OTAN en cas d’attaque russe. Mais il s’agit de bien comprendre que la bataille de la solidarité du bloc occidental est d’abord une bataille de valeurs. Et celle-ci se joue dès à présent en Ukraine.

Les Nations Unies doivent opposer au nihilisme juridique russe leur foi, ni moderniste ni traditionaliste, mais personnaliste en la puissance du droit. Ce droit repose en effet sur «la foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine» (Déclaration de 1948).

(c’est cette cécité qui est fascinante chez les néoconservateurs… Les principes élémentaires du “2 poids 1 mesure” n’arrivent jamais à titiller leurs neurones)

Forts de cette défense renouvelée de leur socle de valeurs les pays des Nations Unies doivent également aujourd’hui renforcer les sanctions contre l’Etat russe.

(OUIIIII, la guerre, la guerre !!!)

Il n’est pas envisageable que la Russie puisse bafouer les Accords de Minsk sans que l’Union européenne et les Etats Unis ne réagissent. De même qu’il n’est pas pensable dans un tel contexte de nouvelle guerre froide que la France puisse maintenir une équivoque sur une livraison éventuelle des Mistrals à la Russie.

La Russie a violé à plusieurs reprises le droit international, clef de voûte de la paix depuis 1945. Elle doit aujourd’hui en subir les conséquences.

(Et les USA, JAMAIS !!!!)

Il ne s’agit pas de punir le peuple russe. Il s’agit, par respect pour sa grande culture européenne, de lui ouvrir les yeux

(Appelez vite Caroline Fourest !!!!)

et de lui faire comprendre au plus vite les conséquences dramatiques de son aveuglement politique actuel.

(Énorme, là il dit carrément que les Russes ne comprennent rien et qu’on va leur expliquer la vie .eh oui, cons de Russes, que ne votez-vous pas pour un François Hollande !!!)

(Et  si on leur foutait plutôt la paix aux Russes, et qu’on s’occuper de nos affaires ?)

La Russie n’a pas fait le procès du communisme, une idéologie qui a été pourtant à l’origine de plusieurs dizaines de millions de morts au XXe siècle. Manipulée par des clans mafieux et des théologiens douteux cette idéologie a muté en national-communisme et en un nouvel impérialisme ‘eurasien’.

Mais OUIIIIIII, Poutine est communiste !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!  Satan, sors de ce corps !!!!

Le Kremlin réhabilite dans ses manuels d’histoire de 2014 des figures telles que Lénine, Dzerjinski ou Staline. Les politiques et les politologues français (et ils sont nombreux) doivent cesser toute complaisance à l’égard du Kremlin et rappeler aux Russes que ce cheminement actuel de la mémoire est suicidaire et dangereux pour le monde entier.

Enfin il faut se mettre à l’écoute des mentalités post-soviétiques qui dominent une bonne partie de l’espace russophone aujourd’hui. Non pas pour les accabler mais pour les comprendre et, dans la mesure du possible, pour compatir et soigner. Olena Stiajkina, professeur à l’université de Donetsk, l’ancienne Stalino, a écrit un article remarquable dans Ukrainska Pravda sur les 20% des habitants du Donbass qui se solidarisent aujourd’hui avec Poutine. «Ici il y a des dieux qui sont des guides: les miliciens, les procureurs, les juges. Certains dieux parviennent même à devenir président. Ils représentent le système de l’économie de l’appropriation. On ne peut s’approcher d’eux avec des questions de conscience ou de morale, cette autre façon de s’approprier l’espace. Les dieux peuvent être différents mais ils ne sont certainement pas bons. C’est comme dans la Grèce antique. Zeus n’y était pas considéré comme un dieu bon. Ici c’est pareil. Ils peuvent boire, être vulgaires, repoussants ou rusés, mais ce sont des dieux. Et il faut opérer des sacrifices pour eux, aller voter pour eux. Alors ils se mettent à sourire sur les affiches. Et alors sûrement la paix viendra et la chasse sera bonne. Mais si c’est l’inverse alors cela signifie qu’il faudra continuer à sacrifier.»

(Purée, si vous avez compris, surtout, ne prenez pas la route !)

C’est ce monde-là, bien loin des images romantiques de la Sainte Russie, à qui l’Occident doit aujourd’hui trouver les mots appropriés.

Source : Le Figaro

Je rappelle que ce type a été invité des dizaines de fois dans nos médias… Et qu’il continuera à l’être, évidemment.

Mais on comprend du coup Piotr Smolar :

Je crois que c’est clair – il n’a que tous les médias avec lui !

Ukraine: Gorbatchev défend Poutine, Le Figaro, 6/11/2014

Heureusement, le Figaro avait proposé ce même jour une intéressante brève sur Gorbatchev

Ukraine: Gorbatchev défend Poutine

Le dernier dirigeant de l’Union soviétique Mikhaïl Gorbatchev a annoncé qu’il défendrait la position de Vladimir Poutine dans la crise ukrainienne et dénoncerait “l’ingérence” américaine auprès d’Angela Merkel lors des commémorations de la chute du Mur de Berlin.

“Je prendrai fermement la défense de la Russie et la défense de son président Vladimir Poutine” lors du forum politique qui doit se tenir dimanche en marge de l’événement, a déclaré M. Gorbatchev à l’agence russe Interfax. “Je suis absolument convaincu que Poutine défend aujourd’hui mieux que quiconque les intérêts de la Russie. Il y a bien sûr dans sa politique de quoi attirer les critiques. Mais je ne souhaite pas le faire et je ne veux pas que quelqu’un d’autre le fasse“, a-t-il ajouté.

L’Allemagne célèbre dimanche les 25 ans de la chute du Mur de Berlin, pour lesquels est notamment prévue une cérémonie réunissant Angela Merkel, Mikhaïl Gorbatchev, le président du Parlement européen, Martin Schulz, et l’ancien leader du syndicat polonais Solidarnosc, Lech Walesa.

Cette rencontre intervient alors que la Russie et l’Occident sont confrontés à la plus grave crise dans leurs relations depuis la fin de la Guerre froide sur fond de conflit en Ukraine. “La Russie a créé (après la disparition de l’URSS) de nouvelles relations et de nouvelles structures de coopération. Et tout allait pour le mieux, mais cela ne plaisait pas à tout le monde aux Etats-Unis“, a poursuivi M. Gorbatchev.

“Les Etats-Unis ont d’autres plans, il leur faut un autre contexte, qui leur permette de s’ingérer partout. Que ce soit bon ou mauvais, cela ne les concerne pas. Ce qui leur importe, c’est qu’ils puissent s’en mêler“, a lancé le prix Nobel de la Paix. “Je suis fermement convaincu que le problème de l’Ukraine n’est qu’un prétexte utilisé par les Etats-Unis pour s’ingérer” dans les affaires d’autres pays, a-t-il conclu.

Les anciens conseillers de M. Gorbatchev ont récemment affiché leur déception face à ce qu’ils considèrent comme une “trahison” des Occidentaux, notamment en raison de la promesse non tenue de ne pas élargir l’Otan aux anciens pays du bloc de l’Est.

Source : Le Figaro

Source: http://www.les-crises.fr/et-maintenant-les-drones-russes-ouvrons-les-yeux-sur-antoine-arjakovsky/


[Média] BFM Business, Les Experts – 5 novembre

Thursday 6 November 2014 at 03:50

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec Guillaume Dard, président de Montpensier Finance (et ancien PDG de la Banque du Louvre), et Christian Poyau, président directeur général de Micropole et président de la Fondation Croissance Responsable.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

Partie 2 :

Alors n’ayant pas eu des interlocuteurs ayant envie de débattre sérieusement, mais des propagandistes (finissant d’ailleurs par “zavez qu’à créer une boite pour voir” – bah, moi au moins j’ai lu Henry Ford, qui a pas trop mal réussi dans le bizinesse), je précise que la folie furieuse de l’augmentation du temps travail (genre de 35 ç 39 heures – même si on est DEJA à 39/h par semaine en moyenne) se démonte ainsi, par 3 questions :

1/ Augmente-t-on les salaires ?

A : OUI ; ben alors il n’y a pas de sujet, on a déjà le droit de faire faire des heures sup, ou mieux, d’embaucher pour les boite un peu grandes

B : NON. Il n’y aura donc aucun pouvoir d’achat en plus dans le pays à court termes -> question 2

2/ L’entreprise disposant de main d’œuvre horaire moins chère baisse-t-elle ses prix ?

A : OUI ; donc tous les prix baissent, donc welcome to déflation, pire chose possible en régime capitaliste (les gens cessent d’acheter, préférant attendre).

B : NON ; on a donc un pur transfert de travail gratuit vers la marge des entreprises. L’arnaque du discours dans la vidéo est le “donc elles investiront plus” sachant que :

  1. une bonne part se contentera de verser plus de dividendes dans les grandes entreprises sous pression actionnariale
  2. pour les autres : pourquoi investir vu qu’il n’y a pas plus de demande en France (car pas de pouvoir d’achat en plus, le travail supplémentaire n’étant pas payé), ni à l’étranger (vu que les prix n’ont même pas baissé)

3/ La production augmente-elle ? 

A : NON. C’est l’hypothèse la plus probable. En France, pas de pouvoir d’achat en plus (donc sur 70 % de la production faite hors exportation). A l’étranger, si les prix baissent (2A), la baisse sera limitée à quelques % (le cout de la main d’œuvre ne représente pas 100 % du prix !), donc guère plus que les fluctuation de l’euro par exemple, donc pas de miracle à attendre. On a plus de bras pour produire autant, donc trop de bras, donc on aura des vagues importantes de licenciement, de telle sorte que le nombre d’heures travaillées reste environ constant. En l’espèce, probablement autour de 2 millions de chômeurs en plus, une paille.

B : OUI. C’est l’hypothèse défendue par les propagandistes, grâce à la magie “de l’investissement” rêvé, mais c’est indéniablement impossible à court terme (pas de pouvoir d’achat en plus, ni même souvent de besoin : on ne va pas acheter 10 % de fleurs en plus ou 10 % de tondeuses à gazon en plus, comme ça..), et on voit quand même mal comment une telle croissance de la demande serait générée à moyen long terme…

 

Bref, la hausse du temps de travail non payé, c’est juste plus de marges pour les entreprises et bien plus de chômage (donc plus d’impôts…).

Si ça ne se fait nulle part dans le monde, ce n’est pas à cause d’un complot gauchisto-maçonnique, c’est juste que c’est une énorme connerie !!!!

Et c’est pour cela que depuis 2 siècles, le temps de travail baisse – par le mécanisme que j’ai longuement détaillé dans Les faits sont têtus

Bref, erreur de base du chef d’entreprise qui pense qu’en appliquant ce qui lui semble logique dans sa boite à toutes les boites, tout ira mieux (genre baisser les salaires), alors que c’est le contraire : problème classique de la macroéconomie s’opposant à la microéconomie…

P.S. Lisez par exemple ici un petit cours d’économie de J.P. Simonnet sur ce sujet…

 

Bonus : un petit rappel historique

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Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

Les banques systémiques au bord de l’explosion nucléaire :

Contrôle bancaire : “Arrêtons de jouer à la roulette russe !” :

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N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

Utilisez aussi Twitter : https://twitter.com/NicolasDOZE

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-05-11-2014/


[U4-3] EuroMaïdan : Le rôle des Américains et des Européens

Thursday 6 November 2014 at 01:07

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série 

4.3 Le rôle des Américains et des Européens 

Comme souvent, les Américains ne sont pas restés inactifs dans l’affaire ukrainienne, dont les ramifications sont profondes. 

Rappelons que le 9 février 1990, au moment de la réunification allemande, James Baker, le secrétaire d’Etat américain [de George Bush], avait assuré à Mikhaïl Gorbatchev, dans la salle Catherine II – haut lieu historique du Kremlin -, que l’alliance occidentale n’étendrait “pas d’un pouce” son influence vers l’Est si Moscou acceptait que l’Allemagne réunifiée entre dans l’Otan. Le lendemain, 10 février, Hans-Dietrich Genscher, le ministre des Affaires étrangères allemand, refit cette promesse à Edouard Chevardnadze, son homologue russe, comme l’a confirmé par la suite une note confidentielle du gouvernement allemand : « Nous sommes conscients que l’appartenance d’une Allemagne unie à l’Otan soulève des questions complexes. Mais une chose est sûre pour nous : l’Otan ne s’étendra pas à l’Est. » Gorbatchev se souvient lui aussi que l’Otan était convenu de « ne pas s’étendre d’un pouce en direction de l’Est. » Il a seulement commis une grave erreur : il a fait confiance à l’Occident et n’a pas fait mettre par écrit cette parole donnée. 

“Source : courrier international 

Depuis, presque tous les pays de l’Est ont intégré l’OTAN – ne manquait que l’Ukraine, pour menacer encore plus la Russie…

Pour revenir à l’Ukraine, entre alors en scène un personnage central : Victoria Nuland. Elle est également l’épouse du néo-conservateur Robert Kagan, instigateur du projet impérial pour un Nouveau siècle américain. Pour Kagan, l’UE est impuissante car sous l’emprise de Vénus, déesse de la paix, mais fort contente que les Etats-Unis fassent le sale boulot de Mars (dieu de la guerre).

Durant le mandat de George W. Bush, elle était la conseillère principale pour les affaires étrangères du vice-président Dick Cheney, puis ambassadrice des États-Unis à l’OTAN ; elle y avait exigé, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, l’application de l’article 5 de la Charte atlantique obligeant les États membres de l’OTAN à partir en guerre avec George Bush junior contre le terrorisme mondial. C’est aussi dans ce but qu’elle a plaidé auprès de Nicolas Sarkozy pour accélérer le retour de la France dans l’OTAN.

Durant le mandat de Barack Obama, elle a été nommée porte-parole du ministère des Affaires Étrangères (« Département d’État »), avant de devenir en mai 2013 la secrétaire d’État-adjoint américain pour les Affaires européennes et eurasiennes

Le 5 décembre, au cours d’un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Kiev, Victoria Nuland a apporté son soutien aux manifestants partisans d’une intégration à l’Union Européenne ; elle a déclaré « Nous sommes avec le peuple ukrainien, qui voit son avenir dans l’Europe » et elle a appelé le « gouvernement ukrainien à écouter la voix de son peuple. », mettant en garde contre les risques de « chaos et de violences » dans le cas contraire. Elle s’exprimait devant des responsables ukrainiens et une trentaine de délégations étrangères, au sein desquelles se trouvait le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov… 

Pourtant, les sondages (fiables) montraient que les manifestants de Maïdan n’obtenaient pas 50 % de soutien dans le pays…

Avec de gros écarts entre les régions (de 13 % à 84 % de soutien !) – évidemment…

Le 11 décembre, elle se rendit place Maïdan accompagnée de Jaffrey Pyatt, l’ambassadeur américain en Ukraine. Sur place, elle offrit des gâteaux aux manifestants, dont beaucoup chantèrent « Dieu vous bénisse ». Elle tenta aussi de distribuer l’aumône aux policiers – ne se rendant apparemment pas compte que cela ne se fait pas trop d’accepter de la nourriture d’un ministre étranger…

Images stupéfiantes – on  imagine ce qu’auraient dit les Etats-Unis s’ils avaient vu débarquer un ministre russe à New-York pour donner des cookies aux protestataires d’Occupy Wall-Street – et encore, ceux-ci ne demandaient-ils pas le départ du Président contrairement à ceux de Kiev…

 

Ce n’est qu’après ce soutien qu’elle partit rencontrer le Président Yanoukovytch (tout en finesse…). Dans la soirée, Victoria Nuland a rencontré les 3 chefs de l’opposition – dont Oleh Tyahnybok le leader de Svoboda. Ils lui ont demandé de prendre des sanctions à l’encontre des responsables des violences policières contre les manifestants.

Saluons enfin la magnanimité de cette petite-fille d’immigrants de la Russie tsaristes, ayant fui aux États-Unis pour fuir les pogroms, qui discute joyeusement avec une brute vénérant des SS et des nationalistes meurtriers de masse durant la guerre… Mais la fin justifie les moyens : l’important est de soustraire l’Ukraine du giron russe.

Il y a eu alors un défilé en décembre à Kiev pour rencontrer les grands Démocrates de l’opposition…

Citons tout d’abord le sénateur Républicain John Mc Cain (candidat défait de la présidentielle américaine de 2008) venu accompagné du jeune sénateur Démocrate Chris Murphy – le visage de Tyahnybok vaut le détour…

Il a déclaré le 14 décembre 2013 : « Nous sommes ici pour soutenir votre juste cause, le droit souverain de l’Ukraine à choisir son propre destin librement et en toute indépendance. Et le destin que vous souhaitez se trouve en Europe ».

Mais aussi : « Nous voulons indiquer clairement à la Russie et à Vladimir Poutine que l’ingérence dans les affaires de l’Ukraine n’est pas acceptable pour les États-Unis. » Ce qui est osé…

Rappelons en effet que McCain est le président de l’International Republican Institute, et que celui-ci est une branche de la National Endowment for Democracy (NED), qui lui-même fait partie du Département d’État (lors du vote du budget des États-Unis, les parlementaires votent celui de la National Foundation for Democracy dans le cadre du budget du Département d’État et non pas de manière distincte…). En raison du co-financement des opérations par la CIA, le budget annuel des projets de ces structures atteint plusieurs centaines de millions de dollars.

McCain a agi dans l’ombre lors de beaucoup de « révolutions colorées » (qui se sont déroulées dans les pays de l’Est et surtout les ex-Républiques soviétiques durant les années 2000. Celles qui ont abouti à un changement du gouvernement en place ont touché la Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005)), comme le montre l’excellent documentaire de 2005 de Manon Loizeau.


“Source : ahmed bensaada

Dans un article exhaustif et très détaillé sur le rôle des États-Unis dans les  révolutions colorées, G. Sussman et S. Krader de la Portland State University mentionnent dans leur résumé : 

« Entre 2000 et 2005, les gouvernements alliés de la Russie en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan ont été renversés par des révoltes sans effusion de sang. Bien que les médias occidentaux en général prétendent que ces soulèvements sont spontanés, indigènes et populaires (pouvoir du peuple), les « révolutions colorées » sont en fait le résultat d’une vaste planification. Les États-Unis, en particulier, et leurs alliés ont exercé sur les États postcommunistes un impressionnant assortiment de pressions et ont utilisé des financements et des technologies au service de l’aide à la démocratie » 

“Source : colorrevolutionsandgeopolitics.blogspot.fr

Une dissection des techniques utilisées lors de ces « révolutions » montre qu’elles ont toutes le même modus operandi. Plusieurs mouvements ont été mis en place pour conduire ces révoltes : OTPOR (« Résistance ») en Serbie, Kmara (« C’est assez! ») en Géorgie, Pora (« C’est l’heure ») en Ukraine et KelKel (« Renaissance ») au Kirghizistan. Le premier d’entre eux, OTPOR, est celui qui a causé la chute du régime serbe de Slobodan Miloševic. Après ce succès, il a aidé, conseillé et formé tous les autres mouvements par l’intermédiaire d’une officine spécialement conçue pour cette tâche, le Center for Applied Non Violent Action and Strategies (CANVAS) qui est domiciliée dans la capitale serbe. CANVAS forme des dissidents en herbe à travers le monde à  l’application de la résistance individuelle non violente, idéologie théorisée par le philosophe et politologue américain Gene Sharp dont l’ouvrage From Dictatorship to Democracy (De la dictature à la démocratie) a été à la base de toutes les révolutions colorées. Les logos de quelques révolutions colorées parlent d’eux-mêmes…

Voici également un comparatif de tracts trouvés en Égypte et en Ukraine :

Ils viennent de l’ONG serbe OTPOR (largement financée par Freedom House) qui avait largement contribué à la chute de Milosevic. D’ailleurs Freedom House est désormais présidé par l’ancien dirigeant de la CIA James Woosley. Ce dernier est un proche du Sénateur McCain, qui l’avait engagé comme conseiller lors de sa campagne présidentielle de 2008. 

Aussi bien CANVAS que les différents mouvements dissidents ont bénéficié de l’aide de nombreuses organisations américaines d’ « exportation » de la Démocratie comme l’United States Agency for International Development (USAID), la National Endowment for Democracy (NED), l’International Republican Institute (IRI), le National Democratic Institute for International Affairs (NDI), la Freedom House (FH), l’Albert Einstein Institution et l’Open Society Institute (OSI). Ces organismes sont financés par le budget américain ou par des capitaux privés américains. 

À titre d’exemple, la NED est donc financée par un budget voté par le Congrès et les fonds sont gérés par un conseil d’administration où sont représentés le Parti républicain, le Parti démocrate, la Chambre de commerce des États-Unis et le syndicat American Federation of Labor-Congress of Industrial Organization (AFL-CIO), alors que l’OSI fait partie de la Fondation Soros, du nom de son fondateur George Soros, le milliardaire américain, illustre spéculateur financier.

La relation entre le mouvement ukrainien « Pora » et ces organisations américaines est explicitée par Ian Traynor dans un remarquable article publié par The Guardian en novembre 2004, où il indique : 

« Officiellement, le gouvernement américain a dépensé, pendant une année, 41 millions de dollars pour l’organisation et le financement de l’opération qui a permis de se débarrasser de Miloševic […]. En Ukraine, le chiffre doit tourner autour de 14 millions de dollars »   “Source : the guardian 

On comprend alors aisément pourquoi le sénateur McCain s’est récemment précipité à Kiev pour soutenir les émeutiers ukrainiens. On comprend aussi pourquoi la Russie a durci le ton concernant les ONG étrangères présentes sur son sol et la raison qui a motivé l’expulsion de l’USAID de son territoire… 

John McCain est d’ailleurs en terrain connu à Kiev, car après la fin de la « Révolution orange » de 2004, il s’était déjà rendu en Ukraine (en février 2005) pour y rencontrer ses « poulains » qu’il avait largement financés.

Le sénateur américain s’est aussi rendu dans les pays arabes « printanisés » : Tunisie (21 février 2011), Égypte (27 février 2011), Libye (22 avril 2011) et Syrie (27 mai 2013). Lors des deux premiers voyages, les gouvernements étaient déjà tombés. Dans les deux derniers, la bataille faisait rage (elle le fait encore en Syrie).

Ce croisé de la démocratie n’a cependant, lui non plus, aucun problème avec Svoboda…

On retrouve le classique : « les fascistes, s’ils nous aiment bien, ce sont des gentils fascistes ! »

En plus de L’IRI, la NED est présente à Kiev. Ainsi, on peut lire dans « le Kiyv Post » – et d’autres journaux célèbres -, Madame Nadia Diuk qui écrit à partir de Kiev. Les titres de ses articles sont idylliques : « La révolution auto-organisée d’Ukraine », « Les visions du futur de l’Ukraine », etc. Déjà, en 2004, en pleine « révolution » orange, elle écrivait « En Ukraine, une liberté indigène » pour prouver que la « Révolution » était spontanée, ce qui a été contredit par les études occidentales publiées postérieurement. Et pour cause, puisque Mme Diuk est vice-présidente de la NED, chargée des programmes pour l’Europe, l’Eurasie, l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes.

“Source : Ned.org

Les rapports annuels de la NED montrent que, juste pour 2012, les montants octroyés à une soixantaine d’organismes ukrainiens s’élevaient à près de 3,4 millions de dollars. Dans ce rapport, il est indiqué que l’IRI de John McCain et le National Democratic Institute (NDI, le pendant Démocrate de l’IRI) de Madeleine Albright ont respectivement bénéficié de 380 000 et 345 000 $ pour leurs activités en Ukraine.  “Source : Ned.org 

Le second pays occidental largement impliqué dans l’Euromaïdan est l’Allemagne. Une dizaine de jours avant McCain, Guido Westerwelle, le chef de la diplomatie allemande, a pris un bain de foule au milieu des manifestants de la place Maïdan en compagnie de ses « protégés » Iatseniouk et Klitschko. Après s’être entretenus avec eux à huis clos, il déclara « Nous ne sommes pas ici pour soutenir un parti, mais nous soutenons les valeurs européennes. Et quand nous nous engageons pour ces valeurs européennes, il est naturellement agréable de savoir qu’une grande majorité des Ukrainiens partagent ces valeurs, veulent les partager et souhaitent suivre la voie qui mène à l’Europe ».

En parlant de « majorité », Westerwelle n’a certainement pas consulté les récents sondages qui montrent que seuls 37% de la population ukrainienne est favorable à une adhésion de leur pays à l’Union Européenne. D’ailleurs, les citoyens européens le sont-ils ? Pas si sûr. Par exemple, un très récent sondage montre que 65% des Français sont opposés à l’idée d’une aide financière apportée par la France et l’Union européenne à l’Ukraine et 67% sont contre une entrée de ce pays dans l’UE. 

D’autre part, la chancelière allemande a, comme son ministre, reçu Iatseniouk et Klitschko le 17 février 2014 à Berlin.

Le candidat sur lequel ont misé Merkel, le CDU et son think tank, la Fondation Konrad Adenauer, est Klitschko, comme nous l’avons vu. Néanmoins, le parti de Timochenko est aussi considéré comme un allié du PPE et du CDU ainsi que l’avait affirmé M. Martens lors d’un discours au Club de la Fondation Konrad Adenauer en 2011 : « Ioulia Timochenko est une amie de confiance et son parti est un membre important de notre famille politique ». Dans ce même discours, il avait déclaré que sa position était similaire à celle de McCain quant au soutien à Timochenko (pour sa libération lorsqu’elle était emprisonnée).

Il faut souligner que cette convergence de vue entre l’IRI et la Fondation Konrad Adenauer n’est ni fortuite, ni récente. En réalité, elle remonte à la création de la NED comme nous l’explique Philip Agee, l’ancien agent de la CIA qui avait quitté l’agence pour vivre à Cuba. Tout d’abord, il faut comprendre que la NED a été créée pour prendre en charge certaines tâches qui relevaient originalement de la CIA, en l’occurrence la gestion des programmes secrets de financement de la société civile étrangère. Après avoir consulté un vaste éventail d’organisations nationales et étrangères, les autorités américaines furent intéressées par les fondations des principaux partis de l’Allemagne de l’Ouest qui étaient financées par le gouvernement allemand : la Friedrich Ebert Stiftung des sociaux-démocrates et la Konrad Adenauer Stiftung des démocrates-chrétiens. Nous trouvons actuellement une structure analogue dans le paysage politique américain. L’IRI et le NDI, les deux satellites de la NED, sont respectivement reliés aux partis républicain et démocrate américains et, comme ses homologues allemands, sont financés par des fonds publics. Comme la CIA collaborait avec ces « Stiftungs » allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED par le président Reagan en 1983, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours.

Bien que plus discret que les deux précédents, le troisième pays fortement impliqué dans les événements ukrainiens est le Canada. Cet intérêt est probablement dû au fait que le Canada abrite la plus grande diaspora ukrainienne dans le monde après celle de la Russie. Plus de 1,2 millions de canadiens sont d’origine ukrainienne.

John Baird, le ministre des affaires étrangères canadien a rencontré le triumvirat ukrainien le 4 décembre 2013 à Kiev et, comme les autres, a effectué un « pèlerinage » à la place Maïdan. Le chef de la diplomatie canadienne est revenu à Kiev le 28 février 2014 pour y rencontrer les nouvelles autorités : le président Tourtchino et le Premier ministre Iatseniouk – ainsi que Ioulia Timochenko.

Questionné alors sur son soutien « inconditionnel » à l’Ukraine et ses conséquences sur les relations avec la Russie, il répondit : « Nous n’allons certainement pas nous excuser pour avoir soutenu le peuple ukrainien dans sa lutte pour la Liberté ».

Le défilé continue, avec Carl Bildt, le ministre des Affaires étrangères de Suède, dès le 5 décembre 2013, puis le 5 mars 2014.

Kiev a vu également le passage de l’inénarrable Catherine Ashton, vice-Présidente de la Commission Européenne :

« L’opposition démocratique » rencontra également Stefan Fuele, le Commissaire européen à l’Élargissement et à la Politique européenne de voisinage.

Vint également le 30 janvier Robert Serry, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU (un diplomate hollandais qui a été adjoint au Sous-Secrétaire général chargé de la gestion des crises et des opérations de l’OTAN…) :

Ainsi que le ministre des affaires de Pologne Radek Sikorski le 21 février :

Laurent Fabius vint également le même jour, et serra la main d’Oleh Tyahnybok – décidemment parfaitement fréquentable…

Ce qui a choqué beaucoup de personnes, surtout juste après l’épisode médiatique Dieudonné…

Et comme ces gens sont sympathique, il y a des retours à Kiev en février, comme Ashton :

D’ailleurs tout va bien puisque « La chancelière [allemande Angela Merkel] veut une nouvelle fois marteler que Mme Ashton [la chef de la diplomatie de l’UE] fait un excellent travail », a indiqué la porte-parole adjointe du gouvernement allemand, Christiane Wirtz.

Nuland est également revenue…

Ianoukovytch aurait plus dû se méfier de voir débarquer de nouveau l’Américaine…

D’autant que celle-ci avait vendu la mèche le 16 décembre 2013, lors d’une conférence donnée à Washington à la Fondation Amérique-Ukraine (sponsorisée par les pétroliers Chevron et Exon…), où elle déclara dans son discours : 

« Depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, les États-Unis ont soutenu les Ukrainiens afin qu’ils développent des compétences et des institutions démocratiques, afin qu’ils promeuvent la participation citoyenne et la bonne gouvernance, qui sont des conditions préalables pour que l’Ukraine puisse réaliser ses aspirations européennes. 

Nous avons ainsi investi plus de 5 milliards de dollars pour aider l’Ukraine à atteindre ces objectifs – et d’autres – qui assureront à l’Ukraine sécurité, prospérité et démocratie. »

“Source : iipdigital 

Ainsi, comme le souligne fort justement Ahmed Bensaada dans son excellente analyse « Ukraine: autopsie d’un coup d’état » (à laquelle cette partie doit beaucoup…) : 

« Les positions et les réactions de tous ces politiciens laissent cependant perplexes. Certes, les vies perdues lors de ce sanglant conflit sont à déplorer, mais qu’auraient-ils fait si des manifestants violents, appartenant à des groupes extrémistes, avaient occupé le centre-ville de leur capitale, tué des membres des forces de l’ordre, kidnappé des dizaines de policiers, occupé des locaux officiels et troublé l’ordre public pendant des mois ? Et n’ont-ils pas une part de responsabilité dans l’augmentation du nombre de victimes en venant jeter de l’huile sur le feu du Maïdan ?

En France, par exemple, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls s’est insurgé contre une récente manifestation de « Black Bloc » qui a fait six blessés parmi les policiers, le 22 février 2014. Voici ses commentaires : « Cette violence venant de cette ultra-gauche, de ces Black Bloc, qui sont originaires de notre pays mais aussi de pays étrangers est inadmissible et elle continuera à trouver une réponse particulièrement déterminée de la part de l’État ». Après avoir rendu hommage « au préfet de la Loire Atlantique, aux forces de l’ordre, policiers et gendarmes, qui avec beaucoup de sang froid et de professionnalisme ont contenu cette manifestation », il ajouta : « Personne ne peut accepter de telles exactions » [87].

Et les Ukrainiens, doivent-ils les accepter? Et comment aurait réagi la classe politique française et occidentale si ces « Black Bloc » avaient été financés, formés ou soutenus par des organismes et politiciens étrangers, Russes, Chinois ou Iraniens venus à Nantes pour les soutenir ?

Je vous laisse le soin d’y répondre. » “Source : ahmed bensaada

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u4-3-le-role-des-americains-et-des-europeens/


Comment déclencher une guerre et perdre un empire, par Dmitry Orlov

Wednesday 5 November 2014 at 03:00

Il y a un an et demi, j’ai écrit un essai sur la façon dont les USA ont choisi de voir la Russie, intitulé l’Image de l’ennemi. A l’époque, je vivais en Russie et, après avoir observé la rhétorique antirusse américaine et les réactions des Russes, j’ai fait des observations qui m’ont paru importantes à l’époque. Il s’avère que j’avais réussi à déceler une tendance importante, mais étant donné l’allure rapide des derniers développements, ces observations sont tristement dépassées, et par conséquent, en voici une mise à jour.

A cette époque, les enjeux n’étaient pas encore très importants. On faisait beaucoup de bruit au sujet d’un type dénommé Magnitsky, un avocat d’affaires véreux qui s’était fait arrêter et qui mourut en détention provisoire. Il détenait des informations sur quelques escrocs occidentaux de plus grande envergure, qui, bien sûr, n’ont jamais été inquiétés. Les Américains ont choisi de traiter toute l’affaire comme une violation des droits de l’homme, et ont répondu par ce qui est communément appelé Loi Magnitsky, qui sanctionnait certains individus russes étiquetés comme “contrevenants aux droits de l’homme”. Les législateurs russes ont répliqué avec la “Loi Dima Yakovlev”, nommé d’après un orphelin russe adopté par des Américains qui avaient provoqué sa mort en le laissant dans une voiture fermée pendant neuf heures. Cette loi interdisait aux démons américains tueurs d’orphelins de continuer à adopter des enfants russes. Le tout se résumait à un mélodrame stupide.

Mais quelle différence depuis un an et demi ! L’Ukraine, qui en ce temps là s’écroulait à peu près du même pas régulier que ce qu’il avait toujours été depuis son indépendance vingt ans auparavant, est aujourd’hui un état réellement mort, avec son économie en chute libre, une région qui a fait sécession et deux autres en rébellion ouverte, une grande partie du pays terrorisée par des escadrons de la mort financés par des oligarques, et quelques marionnettes intronisées par les Américains, nommément en charge, mais qui tremblent dans leurs bottes à l’idée de ce qui va se passer. La Syrie et l’Irak, qui alors ne mijotaient qu’à petit feu, sont depuis entrés en éruption dans une guerre véritable avec des régions des deux pays sous contrôle du Califat Islamique, qui a été formé avec l’aide des USA et pourvu d’armes américaines via les Irakiens.

La Libye post-Khadafi semble travailler à établir un Califat Islamique de son cru. Sur ce fond de profond échec de la politique étrangère américaine, les USA ont trouvé pertinent d’accuser les Russes de maintenir des troupes “au seuil de l’Otan”, comme si cela n’avait rien à voir avec l’expansion de l’Otan à l’Est, jusqu’aux frontières russes. Sans surprise, les relations entre les USA et la Russie en sont arrivées à un point tel que les Russes ont jugé approprié d’émettre un avertissement sévère : toute autre tentative de coercition par menaces peut déboucher sur une confrontation nucléaire.

Le comportement américain à travers cette succession de défaites a été remarquablement constant, l’élément récurrent étant un refus catégorique de prendre en compte la réalité, de quelque façon que ce soit. Tout comme avant, en Syrie, les Américains cherchent inlassablement des islamistes modérés, pro-occidentaux, qui veulent faire ce que les Américains veulent qu’ils fassent (renverser le gouvernement Assad), mais qui n’iront pas jusqu’à exterminer tous les envahisseurs infidèles sur lesquels ils peuvent mettre la main. Le fait que ces islamistes modérés, pro-occidentaux semblent ne pas exister n’affecte en rien la stratégie américaine dans la région.

De la même façon, en Ukraine, le fait que le lourd investissement des Américains dans la “liberté et la démocratie” ou la “société civile”, ou ce que vous voudrez, ait débouché sur un gouvernement dominé par des fascistes et une guerre civile n’est, selon les Américains, que de la propagande russe. Parader sous la bannière de la division SS ukrainienne d’Hitler et sacrer héros nationaux des collaborateurs des nazis n’est pas assez convaincant à leurs yeux. Que doivent donc faire ces nazis pour prouver qu’ils sont bien nazis, construire des fours et brûler quelques Juifs ?

Massacrer des gens en mettant le feu à un immeuble, comme ils l’ont fait à Odessa, ou tirer dans le dos sur des civils désarmés pour ensuite les jeter dans des charniers, comme ils l’ont fait à Donetsk, n’est pas suffisant semble t-il. Le fait que de nombreuses personnes aient refusé d’être gouvernées par des voyous nazis et leur ont résisté avec succès est la raison de l’étiquette “séparatistes pro-russes” que les Américains leur ont collée, et qu’ils ont alors utilisée pour rejeter la responsabilité des troubles en Ukraine sur la Russie, et imposer des sanctions à la Russie. Ces sanctions seraient revues si la Russie retirait ses troupes de l’Ukraine. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de troupes russes en Ukraine.

Notez que ce type de comportement n’a rien de nouveau. Les Américains ont envahi l’Afghanistan parce que les Talibans ne voulaient leur remettre Ossama Ben Laden (qui était un agent de la CIA) que si les Américains fournissaient des preuves de son implication dans les attentats du 11 septembre – lesquelles n’existaient pas. Les Américains ont envahi l’Irak parce que Saddam Hussein ne voulait pas renoncer à ses armes de destruction massives – qui n’existaient pas. Ils ont envahi la Libye parce que Mouammar Khadafi ne voulait pas renoncer à des positions officielles – qu’il ne détenait pas. Ils étaient prêts à envahir la Syrie parce que Bashar el Assad avait utilisé des armes chimiques contre sa population – ce qu’il n’avait pas fait. Et aujourd’hui, ils ont imposé des sanctions contre la Russie parce que la Russie a déstabilisé et envahi l’Ukraine – ce qu’elle n’a pas fait non plus (les USA l’ont fait).

Les sanctions contre la Russie ont un aspect d’autant plus surréaliste qu’elles se retournent contre l’Occident tout en donnant au gouvernement russe l’élan qu’il lui fallait pour réaliser ce qu’il voulait faire depuis longtemps. Les sanctions ont porté atteinte aux droits de plusieurs hommes d’affaires et officiels russes, qui ont brutalement retiré leur argent des banques occidentales et leurs enfants des écoles et universités occidentales, et ont tout fait pour démontrer qu’ils étaient de bons patriotes russes, et non les laquais des Américains.

Les sanctions ont affecté plusieurs compagnies d’énergie russes, en les coupant des sources occidentales de technologie et de financement, mais cela va d’abord sabrer les gains des compagnies d’énergie occidentales et profiter à leurs rivaux chinois. Il y a même eu la menace de couper la Russie du système SWIFT, ce qui aurait rendu assez difficiles les transferts de fonds entre la Russie et l’Occident, mais au lieu de cela, la conséquence de cette menace aura été de donner un élan à la Russie pour créer son propre système RUSSWIFT, qui inclura même l’Iran, et neutralisera toute velléité américaine future d’imposer des restrictions financières.

Les sanctions étaient censées causer des dégâts économiques, mais les efforts occidentaux pour infliger des dommages à court terme à la Russie sont en train d’échouer. Couplé à une baisse substantielle du prix du pétrole, tout cela était censé affecter fiscalement la Russie, mais comme les sanctions ont également fait chuter le rouble, le résultat net sur les finances de la Russie est nul. Les prix du pétrole sont plus bas, mais en partie grâce aux sanctions, il en va de même du rouble, et comme les revenus du pétrole sont encore généralement en dollars, cela signifie que les reçus d’impôts russes sont en gros au même niveau qu’avant. Et puisque les compagnies pétrolières russes gagnent des dollars à l’étranger mais dépensent localement des roubles, leurs budgets de production ne sont pas affectés.

Les Russes ont aussi répliqué par des contre-sanctions et par l’adoption rapide de mesures visant à neutraliser l’effet des sanctions passées contre eux. La Russie a interdit l’importation de certains produits de l’UE – au grand dam des agriculteurs européens. Parmi les membres de l’UE, les pays les plus férocement antirusses ont été les plus touchés : les pays Baltes, qui n’ont pas tardé à perdre une grosse partie de leur PIB, tout comme la Pologne. La Serbie, qui ne s’était pas jointe aux sanctions, fait figure d’exception. Ici, le message est simple : les amitiés séculaires comptent ; ce que les Américains veulent n’est pas ce que les Américains obtiennent ; et l’UE n’est qu’un bout de papier. De sorte que les contre-sanctions sont en train de créer une situation conflictuelle entre les USA et l’UE, et, à l’intérieur de l’UE, entre l’Europe de l’Est (la plus touchée par les sanctions russes) et l’Europe de l’Ouest. De façon plus significative, elles mettent en lumière un message simple : les USA ne sont pas les amis de l’Europe.

Il y a un autre point qui va devenir important sur le long terme : la Russie a compris le message et se détourne de l’Occident pour aller vers l’Est. Elle fait fructifier son défi ouvert aux tentatives de domination mondiale des USA en le transformant en relations commerciales à travers le monde, dont une grande partie en a plus qu’assez de payer un tribut à Washington. La Russie tient le premier rôle dans la mise en place d’un système bancaire international qui court-circuitera le dollar US et la Réserve fédérale. Sur ce terrain, plus de la moitié des territoires et des populations du monde sont carrément du côté des Russes et les applaudissent à grand bruit. De sorte que l’effort pour isoler la Russie a produit l’effet inverse : il tend plutôt à isoler l’Occident du reste du monde.

De plusieurs autres façons, les sanctions ont en réalité un effet positif. L’interdiction des importations de produits alimentaires depuis l’UE est une aubaine positive pour l’agriculture du pays tout en faisant ressortir un point politiquement important : ne prenez pas la nourriture de la main de ceux qui vous mordent. La Russie est déjà l’un des plus grands exportateurs de céréales au monde, et il n’y a aucune raison pour qu’elle ne devienne pas entièrement autosuffisante au plan alimentaire. L’élan pour le réarmement face à l’emprise de l’OTAN sur les frontières russes (il y a maintenant des troupes US basées en Estonie, à quelques heures de route de la seconde ville du pays, Saint-Pétersbourg) fournit la motivation nécessaire au redéveloppement industriel. Ce cycle de dépenses militaires est planifié de façon un peu plus intelligente que du temps des soviets, en incluant au plan dès le départ la conversion finale en industries civiles. Aussi, en plus d’avoir les meilleurs avions de combat du monde, la Russie est sans doute sur le point de commencer à produire des avions civils destinés à l’export pour faire concurrence à Airbus et Boeing.

Mais ce n’est que le début. Les Russes semblent avoir finalement réalisé à quel point le terrain de jeu a été faussé à leur détriment. Ils ont dû jouer selon les règles de Washington de deux façons déterminantes : en se soumettant à la volonté de Washington pour garder leur crédit auprès des trois agences majeures de notation occidentales et avoir accès aux crédits occidentaux ; et en jouant selon les règles occidentales en matière d’émission de crédit, ce qui a maintenu leurs taux d’intérêt intérieurs artificiellement élevés. Le résultat a été que les entreprises américaines ont pu financer leurs opérations pour des coûts inférieurs, les rendant artificiellement plus compétitives. Mais aujourd’hui alors que la Russie travaille vite à sortir du dollar en passant à des arrangements commerciaux en monnaies bilatérales (soutenues par de l’or en cas de déséquilibres du marché), elle cherche aussi des moyens de faire tourner la planche à billets à son avantage. Jusqu’à présent le diktat de Washington a été : “Nous pouvons imprimer autant d’argent que nous le souhaitons, mais vous, vous ne pouvez pas, ou bien nous vous détruirons.”

Mais cette menace résonne dans le vide, et la Russie n’utilisera plus ses revenus en dollars pour acheter de la dette US. Une des propositions actuellement sur la table est de rendre impossible le paiement des exportations russes de pétrole avec autre chose que des roubles, en établissant deux places de marché pétrolières, une à Saint-Pétersbourg et l’autre sept fuseaux horaires plus loin, à Vladivostok. Les acheteurs étrangers de pétrole devraient alors gagner leurs pétro-roubles de façon honnête – par le commerce bilatéral – ou, s’ils ne peuvent produire suffisamment de biens que les Russes veulent importer, ils pourront payer leur pétrole avec de l’or (tant que les approvisionnements dureront). Ou bien les Russes pourraient simplement imprimer des roubles, et, pour être sûr que cette production ne provoque pas d’inflation intérieure, ils pourraient exporter une partie de cette inflation en jouant sur le robinet de pétrole et les taxes douanières sur l’exportation de pétrole. Et si George Soros et ses semblables décident d’attaquer le rouble en vue de le dévaluer, la Russie pourrait défendre sa monnaie simplement en en imprimant moins pour un temps – plus besoin d’accumuler des réserves de dollars.

Jusqu’ici, tout cela ressemble à une guerre économique typique : les Américains veulent obtenir tout ce qu’ils veulent en imprimant de la monnaie et en bombardant les réfractaires, ou en sanctionnant quiconque leur désobéit, pendant que le reste du monde tente de leur résister. Mais début 2014, la situation a changé. Il y a eu un coup d’Etat à Kiev, à l’instigation des USA, et au lieu de se retourner et de faire le mort comme ils étaient censés le faire, les Russes ont mis sur pied avec un plein succès une campagne rapide et brillante pour reprendre la Crimée, puis ont pu faire échec à la junte de Kiev, l’empêchant de consolider son contrôle sur le reste des anciens territoires ukrainiens en laissant entrer les volontaires, les armes, les équipements et l’aide humanitaire – et des centaines de milliers de réfugiés sortir – à travers la frontière parfaitement théorique entre l’Ukraine et la Russie, tout en évitant toute confrontation militaire directe avec l’OTAN. En voyant tout ceci au journal du soir, la population russe s’est réveillée de sa torpeur politique, s’est redressée, a été attentive, et a propulsé la popularité de Poutine jusqu’aux sommets.

“L’optique” de tout ceci, comme ils disent à la Maison Blanche, est plutôt inquiétante. Nous voilà près du 70e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale, un moment historique pour les Russes, qui s’enorgueillissent d’avoir vaincu Hitler presque à eux seuls. Au même moment, les USA (l’ennemi de toujours autoproclamé de la Russie) entreprennent de réveiller et de nourrir le monstre du nazisme juste à la frontière russe (à l’intérieur des frontières de la Russie, diraient certains Russes/Ukrainiens). Ceci rappelle aux Russes ce qu’est la mission historique de la Russie dans “le concert des nations” : briser les tentatives des autres nations de dominer le monde, que ce soit la France napoléonienne, l’Allemagne hitlérienne ou l’Amérique obamaniaque. Chaque siècle ou presque, une nation oublie ses leçons d’histoire et attaque la Russie. Le résultat est toujours le même : des monceaux de cadavres dans la neige, puis la cavalerie russe galopant dans Paris ou les tanks russes entrant dans Berlin. Qui sait comment cela se terminera cette fois-ci ? Peut-être qu’il y aura des hommes polis et fortement armés, en uniformes verts sans insignes, patrouillant dans les rues de Bruxelles ou de Washington, DC. Le temps nous le dira.

Vous pourriez penser qu’Obama a déjà trop tiré sur la corde, et qu’il devrait se contenir. Sa popularité chez lui est à peu près l’inverse de celle de Poutine, c’est-à-dire qu’Obama est toujours plus populaire qu’Ebola, mais pas de beaucoup. Il ne peut absolument rien mener à bien, aussi inutile ou futile que cela soit, et ses efforts jusqu’à présent, que ce soit chez lui ou à l’étranger, ont été essentiellement des désastres. Alors que va décider de faire ce travailleur social devenu mascotte nationale ? Du point de vue russe, il a manifestement décidé de déclarer la guerre à la Russie ! Au cas où ça vous aurait échappé, voyez son discours devant l’assemblée générale de l’ONU. Il est disponible sur le site web de la Maison Blanche. Il a placé la Russie directement entre Ebola et EIIL parmi les trois plus grandes menaces auxquelles le monde fait face. Du point de vue russe, ce discours sonne comme une déclaration de guerre.

Il s’agit d’un nouveau type mixte de guerre. Ce n’est pas la guerre totale à mort, quoique selon les standards de la guerre froide, les USA soient plutôt imprudents vis-à-vis d’une confrontation nucléaire. C’est une guerre de l’information – fondée sur des mensonges et des calomnies injustes ; c’est une guerre financière et économique – par l’utilisation de sanctions ; c’est une guerre politique — qui utilise le renversement violent de gouvernements élus et le soutien à des régimes hostiles aux frontières de la Russie ; et c’est une guerre militaire – qui utilise des coups inefficaces, mais insultants, comme de poster une poignée de soldats américains en Estonie. Et les buts de cette guerre sont clairs : il s’agit de saper la Russie économiquement, de la détruire politiquement, de la démembrer géographiquement, et d’en faire un Etat vassal docile qui fournisse des ressources naturelles à l’Occident pratiquement pour rien (contre quelques oboles envers une poignée d’oligarques russes et de mafieux qui joueront le jeu). Mais il semblerait que rien de tout cela ne se produise parce que, voyez-vous, un grand nombre de Russes ont saisi les enjeux, et choisiront des dirigeants qui, en Occident, ne l’emporteraient pas à des concours de popularité, mais qui les mèneront à la victoire.

Étant donné la prise de conscience du fait que les USA et la Russie sont, qu’on le veuille ou non, en état de guerre, aussi opaque et confuse soit-elle, les gens en Russie essaient de comprendre le pourquoi de la situation et ce qu’elle signifie. De toute évidence, les USA ont vu la Russie comme l’ennemie depuis la Révolution de 1917, sinon avant. Par exemple, nous savons qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les décideurs militaires américains pensaient à déclencher une frappe nucléaire contre l’URSS, et la seule chose qui les a retenus était qu’ils n’avaient pas assez de bombes, ce qui voulait dire que la Russie pouvait prendre toute l’Europe avant que les effets des frappes nucléaires ne l’en ait empêchée (la Russie n’avait pas encore l’arme nucléaire à l’époque, mais elle comptait de nombreuses forces conventionnelles au cœur même de l’Europe).

Mais pourquoi avoir déclaré la guerre maintenant, et pourquoi a-t-elle été déclarée par ce travailleur social devenu bonimenteur national ? Quelques observateurs pénétrants ont mentionné son slogan “l’audace de l’espoir”, et se sont risqués à supposer que ce genre d’”audace” (qui en russe ressemble beaucoup à “folie”) pourrait être un élément central de son caractère, qui lui donne l’ambition d’être le maître de l’univers, comme Napoléon ou Hitler. D’autres ont étudié le charabia de sa première élection présidentielle (qui a tellement excité les jeunes bêtas américains) et découvert qu’il avait de belles choses à dire sur certains acteurs de la guerre froide. Pensez-vous qu’Obama soit peut-être un savant historien et un géopoliticien madré à part entière ? Cette question déclenche en général un bon éclat de rire, car la plupart des gens savent qu’il est juste un benêt qui répète quoi que ce soit que ses conseillers lui disent de dire. Hugo Chavez a dit de lui une fois qu’il était “otage à la Maison Blanche”, et il n’était pas trop loin de la vérité. Alors, pourquoi ses conseillers sont-ils si pressés d’entrer en guerre contre la Russie, maintenant, cette année?

Est-ce parce que les USA s’effondrent plus vite que ce que la plupart des gens ne l’imaginent ? Selon ce raisonnement, le schéma de domination mondiale américaine à travers l’agression militaire et la planche à billets illimitée est en train de s’écrouler sous nos yeux. Le public ne veut plus de troupes au sol, les campagnes de bombardement ne font rien pour contenir les militants que les Américains ont eux-mêmes aidé à organiser et à équiper, l’hégémonie du dollar s’effrite un peu plus chaque jour, la Réserve Fédérale est en panne de solutions-miracles et va devoir choisir entre sacrifier le marché boursier ou sacrifier le marché obligataire.

Afin d’arrêter, ou tout du moins d’anticiper cette chute dans un néant financier, économique et politique, les USA doivent agir rapidement pour saper toute économie concurrente dans le monde, par tous les moyens encore à leur disposition, que ce soit une campagne de bombardement, une révolution ou une pandémie (bien que cette dernière puisse être un peu difficile à garder sous contrôle). La Russie est une cible évidente, parce qu’elle est le seul pays au monde qui a eu le cran de montrer une stature internationale dans l’affrontement avec les USA et l’aptitude à les contenir ; c’est pourquoi la Russie doit être punie en premier, pour que les autres restent dans le rang.

Je ne suis pas en désaccord avec ce raisonnement, mais je voudrais y ajouter quelque chose.

Tout d’abord, l’offensive américaine contre la Russie, tout comme celle de la plus grande partie du reste du monde, porte sur ce que les Américains aiment appeler “les faits sur le terrain”, et il faut du temps pour créer ces faits. Le monde ne s’est pas construit en un jour, et il ne peut être détruit en un jour (à moins d’utiliser des armes nucléaires, mais alors il n’y a pas de stratégie gagnante pour quiconque, USA inclus). Mais le château de cartes de la finance peut être détruit assez rapidement et là, la Russie peut obtenir beaucoup en risquant peu. Financièrement, la position de la Russie est si solide que même les trois agences occidentales de notation n’ont pas eu le cran de dégrader la note de la Russie, malgré les sanctions.

Voilà un pays qui rembourse sa dette extérieure avec dynamisme, qui a un excédent budgétaire record, une balance des paiements positive, qui amasse des réserves physiques d’or, et pas un mois ne s’écoule sans qu’il ne signe un important accord commercial international (qui contourne le dollar US). En comparaison, les USA sont un cadavre ambulant : s’ils ne pouvaient continuer à refinancer des milliers de milliards de dollars de dettes à court terme chaque mois à des taux bas record, ils ne pourraient payer les intérêts de leur dette ou leurs factures. Adieu Etat providence, bonjour les émeutes. Au revoir industrie militaire et police fédérale, salut chaos et frontières ouvertes. Maintenant, changer les “faits sur le terrain” requiert des actions tangibles, alors que créer une panique financière nécessite juste quelqu’un pour crier “hou !” de manière assez forte et assez effrayante.

Ensuite, il faut bien comprendre qu’à ce stade l’élite dirigeante américaine est presque entièrement sénile. Les plus vieux semblent réellement séniles au sens médical du terme. Prenez Leon Panetta, l’ancien secrétaire de la Défense : il fait la promotion de son nouveau livre, et il en est encore à accuser le président de la Syrie, Bachar el Assad, d’avoir gazé son propre peuple ! Aujourd’hui, n’importe qui d’autre sait qu’il s’agissait d’une attaque sous fausse bannière menée par quelques rebelles syriens sans cervelle aidés par des Saoudiens, dans le but de fournir une excuse aux USA pour bombarder la Syrie – vous savez, encore la bonne vieille blague des “armes de destruction massive”. (D’ailleurs, ce genre d’insistance idiote, répétitive, sur de faux prétextes semble un signe certain de sénilité.) Ce plan n’a pas fonctionné parce que Poutine et Lavrov sont intervenus et ont rapidement convaincu Assad d’abandonner ses stocks inutiles d’armes chimiques. Les Américains étaient livides. Tout le monde connaît cette histoire,  sauf Panetta. Vous voyez, quand un officiel américain commence à mentir, il ne sait plus comment s’arrêter. L’histoire commence toujours par un mensonge, et quand des faits qui contredisent l’histoire initiale se font jour, ils sont simplement ignorés.

Voilà pour la vieille garde sénile, mais alors quid de leurs successeurs ? Eh bien, le représentant parfait de ces jeunes est Hunter Biden, le fils du vice-président, qui a fait une tournée des vices en Ukraine l’été dernier, et s’est retrouvé par inadvertance dans un siège du conseil d’administration de la plus grosse compagnie de gaz naturel d’Ukraine (à qui il ne reste guère de gaz). Il en est parti parce qu’il était accro à la coke. En plus des nombreux héritiers désignés d’office, tel le fils du vice-président, il y a aussi un certain nombre de bergeries pleines de diplômés bêlants des universités de l’Ivy League (NDT : Harvard, Yale, Princeton…) qui ont été spécialement dressés pour occuper des postes hauts placés. Ce sont les “excellents moutons” du professeur Deresiewicz.

Il n’y a pas grand-chose auquel ces gens, jeunes ou vieux, ne puissent faire face. Honte internationale, défaite militaire, catastrophe humanitaire – tout cela rebondit sur eux et vous revient dans la figure pour l’avoir évoqué et avoir été trop négatif envers leur propre vision en rose d’eux-mêmes. Le seul coup qu’ils puissent ressentir est un coup au portefeuille.

Ce qui nous ramène à mon premier point : hou !

Source : Club Orlov, le 21/10/2014

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/comment-declencher-une-guerre-et-perdre-un-empire-par-dmitry-orlov/


[U4-2] EuroMaïdan – La montée en puissance du mouvement

Wednesday 5 November 2014 at 01:55

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série 

4.2 La montée en puissance du mouvement 

Comme nous l’avons vu précédemment, les manifestations « pro-européennes » démarrent sur la place Maïdan (de « l’Indépendance ») de Kiev dès le 21 novembre, jour où le président ukrainien annonça son intention de différer la signature de l’’accord d’association avec l’UE. 

Arseni Iatseniouk déclare le même jour que cette décision est « une base suffisante pour lancer une procédure de destitution du Président » (sic !)

“Source : kyivpost 

Rappelons incidemment que la fondation du même Iatseniouk – fanatique de « l’indépendance ukrainienne » et devenu Premier ministre en février 2014 – est financée entre autres par le Ministère des Affaires étrangères américain, l’OTAN, l’ambassade polonaise à Kiev, Victor Pinchuk, la banque suédoise SwedBank et un Hedge fund…

fondation iatseniouk

 

fondation iatseniouk 

Iatseniouk appelle sur Twitter à des manifestations de protestation le soir même place Maïdan – qu’il appelle « #Euromaïdan ». Environ 2 000 personnes répondirent à l’appel. On peut s’interroger de l’origine d’une telle efficacité dans la gestion « marketing » de cet évènement.

Iatseniouk appel euromaidan sur Twitter

euromaidan 23-11-2013

euromaidan 24-11-2013

Le 24 novembre, ce sont 100 000 personnes qui convergent sur la place. Après qu’un petit groupe ait tenté de prendre d’assaut un immeuble du gouvernement, la police disperse la manifestation avec des gaz. Les manifestants répondent avec violence.

Comme le 29 novembre, il devint clair que l’Ukraine ne signerait pas l’accord d’association, les leaders d’oppositions formulèrent alors leurs revendications devant 10 000 protestataires à Kiev (20 000 à Lviv), à savoir « Former un comité de coordination pour communiquer avec l’Union Européenne » et « Reconnaître que le Pouvoir n’était pas capable de mener à bien une stratégie de développement géopolitique pour l’Ukraine, et obtenir la démission de M. Ianoukovitch. »

Dans la nuit du 29 au 30 novembre, environ 10 000 manifestants sont délogés du Maïdan par la police anti-émeute. Cette évacuation violente fera plusieurs dizaines de blessés entraînant des protestations internationales, un appel à la grève générale, de nouveaux rassemblements, l’occupation de la mairie de Kiev, le blocage des sites gouvernementaux ainsi que le limogeage de plusieurs personnalités dont le maire de Kiev. Environ 10 000 manifestants restèrent ce soir-là, 10 000 autres se rendant de Lviv à Kiev pour les soutenir. La majorité des manifestants de Maïdan venait en effet de l’Ouest.

Le 1er décembre, environ 600 000 manifestants protestèrent contre les violences de la veille – journée de nouveau émaillée de violences. Environ autant se réunirent le 8 décembre.

euromaidan kiev 01-12-13

Plus de 400 personnes furent blessées du 24 novembre au 13 décembre, dont 200 policiers.

On voit ici une édifiante vidéo du centre de Lviv, ou de milliers d’étudiants scandèrent le 1er décembre des slogans : « pour l’UE », « mort aux ennemis » et « les sales russophones à la potence »…

etudiants de lviv 01-12-2013

etudiants de lviv 01-12-2013 

Le 2 décembre, le Premier ministre déclare que les évènements dans le centre de Kiev ressemblent à « une tentative de Coup d’État ».


“Source : kyivpost 

200 000 manifestants célèbrent le réveillon du Nouvel An sur Maïdan. Le 1er janvier, une marche a été organisée par le parti Svoboda, durant laquelle 15 000 torches ont été allumées pour célébrer le 105e anniversaire de la naissance de Stepan Bandera. 

Les manifestations se poursuivent, rassemblant quotidiennement 10 000 à 50 000 personnes. 

Le 16 janvier, le Parti des régions et le Parti communiste d’Ukraine (entre autres) adoptent des lois anti-manifestations au Parlement Ukrainien pour ramener le calme. Mais cela renforce la violence des manifestants – dont 3 perdent la vie le 19 janvier. 

De plus en plus de bâtiments publics sont alors envahis et occupés dans l’Ouest et le Centre du pays.

mairie kiev occupee par svoboda / Croix Celtique

mairie kiev occupee par svoboda / photo de Bandera

batiment occupe par le secteur droit 

Rappelons que ces occupations étaient largement désapprouvées par la population :

En réponse à cette flambée de violence, le gouvernement autorise la police à prendre des mesures plus draconiennes pour arrêter les émeutes. Celle-ci peut désormais réduire les accès routiers et utiliser des canons hydrauliques contre les manifestants, malgré les températures qui atteignent jusqu’à -10 °C. Malgré cette mesure, 50 000 manifestants se sont présentés le 22 janvier.

Le 25 janvier, le Président Ianoukovytch propose l’amnistie aux manifestants ainsi que le poste de Premier ministre à Iatseniouk et de Vice-Premier-Ministre à Vitali Klitschko – qui refusent, bien que cela soit la volonté majoritaire du pays.

Le 28 janvier, le Premier ministre Mykola Azarov démissionne, tandis que les récentes lois répressives sont abrogées au Parlement.

Le 31 janvier, le Service ukrainien de sécurité (SBU) indique avoir engagé une procédure pénale pour « tentative de coup d’État », après avoir étudié les documents stockés sur les serveurs saisis lors d’une perquisition dans les locaux du mouvement d’opposition Batkivchtchina à Kiev. Le SBU indique : « Les documents saisis attestent que les organisateurs des actions de protestation ont envisagé une évolution musclée des événements, à savoir une évolution impliquant un recours à la force contre les manifestants. Cette mesure devait avoir un vif retentissement dans la société ukrainienne au point de torpiller la réputation du pouvoir en place et du président » et que « la police disposait de preuves attestant que les actions de protestation lancées en novembre dernier à Kiev étaient préparées d’avance ».

“Source : fr.ria.ru

Le 9 février, les partis d’opposition annoncent la constitution d’unités d’auto-défense à travers tout le pays.

Tout est en place pour le drame final…

maidan avant-apres

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u4-2-euromaidan-la-montee-en-puissance-du-mouvement/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 5 November 2014 at 00:10

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Abe, marionnette de la FED ou “crétin” ? – 03/11

Olivier Delamarche VS Marc Riez (1/2): Fin du QE de la FED: quel impact sur les marchés et l’économie ? – 03/11

Olivier Delamarche VS Marc Riez (2/2): Comment relancer la dynamique européenne ? – 03/11

II. Philippe Béchade

La Minute de Philippe Béchade: Plan quantitative easing, un marché “sous morphine”

Philippe Béchade VS Serge Négrier (1/2): Fin du QE de la Fed: Quel impact sur les marchés ? – 29/10

Philippe Béchade VS Serge Négrier (2/2): Le titre Sanofi chute en bourse: une mauvaise nouvelle pour les marchés ? – 29/10

Bilan Hebdo : Éric Lewin et Jean-Louis Cussac – 31/10

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : Absence de croissance de l’UE, à qui la faute ? – 04/11

Jacques Sapir VS Jean-Pierre Gaillard (1/2): Comment expliquer le mouvement des marchés de ces dernières semaines ? – 04/11

Jacques Sapir VS Jean-Pierre Gaillard (2/2): Pourquoi la France ne peut-elle pas sortir de la convention de l’OIT ? – 04/11




































Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi, ou les sites Soyons sérieux et Urtikan.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-05-11-2014/


« L’Europe est responsable du Tchernobyl politique en Ukraine » par Andreï Gratchev

Tuesday 4 November 2014 at 05:00

Une belle interview de  l’Humanité Dimanche.

Diplomate, historien, journaliste, Andreï Gratchev revient sur les années soviétiques durant lesquelles il fut un témoin privilégié du dégel et surtout de la perestroïka au côté de Mikhaïl Gorbatchev dont il fut le conseiller.

Dans son dernier ouvrage “Le passé de la Russie est imprévisible”, il raconte le passage de cette Russie de Khrouchtchev au capitalisme et à cette nouvelle guerre froide, sur fond de crise ukrainienne.

HD. Près d’un an après les protestations de Maïdan, l’Ukraine s’apprête à tenir des élections législatives dans un pays marqué par la guerre. Que pensez-vous de cette situation?

Andreï Gratchev. L’Ukraine est finalement revenu au point de départ. Les protestations qui ont éclaté en novembre (2013 – NDLR) contre un pouvoir corrompu et dont plus personne ne voulait débouchent sur un accord le 21 février. Il est signé par l’ensemble des protagonistes : représentants du mouvement Maïdan, dirigeants des divers partis politiques du pouvoir et de l’opposition, ministres des Affaires étrangères européens et une délégation du pouvoir russe. L’accord prévoyait la constitution d’un gouvernement d’union nationale, une réforme constitutionnelle (passage à un régime parlementaire) et des élections législatives.

En ne respectant pas cet accord, en voulant accélérer la mainmise de parti antirusse, les diplomaties européennes et états-uniennes ont entraîné l’Ukraine dans une crise largement prévisible. Pour quel résultat ? La Russie écartée est finalement conviée à discuter de la future association avec l’Ukraine, des élections vont avoir lieu, aucune des mesures issues de la protestation n’a été développée… Les Ukrainiens ont perdu une année durant laquelle ils ont assisté impuissant à une guerre civile faisant des milliers de morts et à la fracturation de leur jeune pays. Les dégâts apparaissent désormais irréversibles et les dirigeants européens en portent une lourde responsabilité.

HD. Le rôle de l’Union européenne dans cette crise est de plus en plus ambigu. Quel bilan dressez-vous de sa diplomatie?

A. G. Les élites qui dirigent l’Union européenne ont fait preuve d’un véritable amateurisme. Le bilan est désastreux car ils n’ont rien anticipé. Et je préfère espérer que ces bureaucrates ont réveillé un volcan de rancœurs par ignorance. L’Ukraine n’a connu que récemment une période d’indépendance avec la chute de l’URSS. Avant, elle a tour à tour été partagée au sein d’empire et de duché (austro-hongrois, Pologne, Russie). Cette diversité s’exprime à travers des régions ukrainiennes marquées par leurs héritages respectifs qui tiraillent le pays vers la Pologne et l’Église catholique et vers la Russie et l’Église orthodoxe. Ce magma culturel pour un jeune État s’est transformé en une situation comparable à l’ex-Yougoslavie. L’éclatement de cette république avait été encouragé de l’extérieur et le même scénario se répète avec l’Ukraine.

HD. Le mouvement de protestation contre le régime de Ianoukovitch avait pourtant réuni une immense partie de la société, à l’ouest et aussi à l’est ?

A. G. L’idée d’une transition en douceur jusqu’à de nouvelles élections n’a pas été retenue. La tournure prise par les événements a fait voler en éclats l’unité de l’Ukraine en excluant sciemment une partie du pays des décisions, et en se passant d’une puissance régionale prépondérante?: la Russie. Les contradictions ont refait surface. Toute la partie orientale avait été rattachée à l’Ukraine pour diminuer le poids du parti rural. Ces immenses terres minières et industrielles avec une large population ouvrière servaient de contre-pouvoir : lors de la Seconde Guerre mondiale, le soulèvement de la Galicie (à l’ouest), qui a combattu aux côtés des forces nazies, avait plongé l’Ukraine dans le camp des perdants de la grande guerre patriotique.

Aujourd’hui, les partis issus de cette région ne sont pas « pro-européen », ils défendent un projet nationaliste et antirusse, et profitent de la situation pour prendre une revanche sur le passé. En somme, ces événements sont un Tchernobyl politique. L’Europe en est pleinement responsable. Son hypocrisie sur l’intégration de l’Ukraine dure depuis des années. Au début du processus, le pays qui avait besoin de liquidité du fait d’une situation économique dramatique s’est vu proposer 650 millions d’euros par Bruxelles. La Russie proposait 7 milliards d’aides au président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Le bilan est donc désastreux. Les relations entre la Russie et l’Europe vont vers la fracture. Et cette crise a renforcé Vladimir Poutine sur le plan intérieur. Avec 80 % d’opinions favorables, personne ne pourra lui contester le pouvoir avant des années.

HD. La volonté de se tourner vers l’Asie est-elle réelle de la part des autorités russes ?

A. G. La crise ukrainienne a clairement accentué cette stratégie. La maison commune européenne à laquelle la Russie a longtemps pensé être arrimée n’existe plus. Le rêve d’une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural du général de Gaulle, de Willy Brandt, du processus d’Helsinki apparaît brisé. Le projet européen se construit en excluant la Russie tout comme le démontre l’intégration et la place accordée aux autres pays d’Europe de l’Est, aux pays Baltes et à la Pologne. La diplomatie européenne à l’égard de la Russie a été abandonnée par la France. C’est l’Allemagne qui fixe le cap, tout comme l’illustre l’absence de Fabius lors de l’accord du 21 février en Ukraine. Ce dernier se rendait en Chine. Vladimir Poutine a décidé de tourner le dos aux Européens et à l’Occident. C’est plus par obligation que par choix. Le président russe étant un pragmatique pas un idéologue. Devant les difficultés de ces relations avec l’Europe, et la crise du modèle et des économies occidentales, Poutine se tourne logiquement vers l’Orient et les pays du Sud. Ces nouveaux pôles connaissent des fortes croissances avec l’Inde, la Chine, le Brésil, l’Argentine… Mais cette volonté des élites russes n’est pas encore celle de la société qui demeure largement attirée et tournée vers l’Europe.

HD. Ce journal de bord est-il celui d’une génération, les « chestidessiatniki », à laquelle tu fais partie avec Mikhaïl Gorbatchev ?

A. G. C’est à la fois la tentation d’un homme d’un certain âge qui a envie de dresser un bilan de sa vie et l’envie de raconter une période particulière de son pays. J’ai été un témoin privilégié de ces bouleversements historiques et de l’Union soviétique. Mon parcours personnel, ma position politique au temps de l’URSS, et la chance d’être au côté de Gorbatchev durant les années de la perestroïka m’ont permis d’être aux premières loges du déroulement de l’histoire. Cette génération « chestidessiatniki » est apparue grâce au processus de déstalinisation lancée par Khrouchtchev. Nous avons connu avec ce premier dégel notre classe préparatoire vers la sortie du passé stalinien. Nous avons retrouvé l’élan utopiste qui était associé au projet initial des bolcheviques et de la révolution de 1917, avec le « printemps de Prague » et son « socialisme à visage humain ». Cet élan pour réformer le socialisme soviétique nous le mettrons en place 20 ans plus tard.

HD. Votre génération qui était prête déjà en 1968 à faire tomber le mur n’est-elle pas arrivée trop tard pour réformer ce modèle ?

A. G. Nous avions l’espoir de créer une convergence entre l’État protecteur, garant de la justice sociale à la soviétique, avec l’efficacité de l’économie occidentale. Finalement, on a découvert qu’il fallait choisir, que la société idéale imaginée de l’autre côté du mur n’existait pas. Et les élites qui ont succédé à Gorbatchev ont fait le choix d’une société capitaliste post-soviétique dans sa forme la plus brutale et la plus sauvage. Notre société a vécu immédiatement un capitalisme primitif qui n’a connu ni les réformes sociales ni les luttes pour la réalisation de certains acquis sociaux. En faisant ce chemin, on a découvert un système aussi brutal que le soviétisme, d’où le phénomène de la double déception.

Cela a entraîné la population vers un désert spirituel et idéologique et amener la société à se prêter volontairement à la gestion par les populistes et les nationalistes. La perestroïka avait pour but de refléter certaines valeurs universelles, le sens de l’histoire, la libéralisation de l’homme, le respect de la personne et de ses droits. Cette vision utopique de l’alternative promise par la société occidentale. Ce monde occidental, capitaliste, n’est en rien meilleur, sauf pour certains, par rapport à la société précédente. D’où l’apparition du phénomène de nostalgie qui apporte avec elle celle de l’époque stalinienne et le besoin d’un grand leader qui avait remporté la Seconde Guerre mondiale alors que les démocraties s’étaient révélées impuissantes. On recommence la recherche d’un modèle.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR VADIM KAMENKA pour l’Humanité, mercredi, 22 octobre, 2014

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Un bref extrait :

Andreï Gratchev est un politologue, un observateur pertinent de l’actualité russe. Il a été conseiller et porte-parole du président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev pendant la Perestroïka.

L’homme apporte un éclairage neuf sur les événements présents. Il vient de publier Le passé de la Russie est imprévisible, dans lequel il analyse l’évolution politique, intellectuelle et stratégique de son pays depuis 1950. « Depuis la chute de la Russie, l’occident et l’Amérique ne savent plus où ils en sont. Le monde libère des énergies qui ne savent où aller. » Dans ce cas, le pire des cadeaux semble être de ne plus avoir d’ennemi.

Autre constat inquiétant, délivré dans l’ouvrage du politologue, « le capitalisme n’a pas besoin de démocratie pour vivre ». Sans prôner le catastrophisme, Andreï Gratchev entend « révéler les consciences ». Et pense profondément que l’occident et l’Amérique « ont raté ce rendez-vous de l’histoire lors de la chute de l’URSS. Ils n’ont eu qu’une idée, se partager le gâteau, alors qu’ils pouvaient saisir l’occasion de créer une Europe élargie. »

Ce rendez-vous manqué pourrait « accélérer l’alliance de la Russie avec la Chine ». Et pose à nouveau la question sur les conséquences de « l’humiliation subie par une nation ». Andreï Gratchev est resté très proche de Mikhaïl Gorbatchev. Il vit en France et parle couramment le français.

(Source)

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Vidéo du 22/10/2004 :

Andreï Gratchev analyse les raisons du conflit en Ukraine :

“Un risque de Tchernobyl ukrainien” :

Les élections législatives en Ukraine peuvent-elles résoudre ce conflit ?

Autre vidéo sur France 24 du 14/10/2014 :

Source: http://www.les-crises.fr/l-europe-responsable-tchernobyl-ukraine/


[U4-1] EuroMaïdan – L’opposition au Président Ianoukovytch

Tuesday 4 November 2014 at 01:48

Suite du billet précédent sur l’Ukraine
Index de la série

4.1 L’opposition au Président Ianoukovytch

Au début des évènements de novembre 2013, l’opposition politique au président Ianoukovytch comprend 3 partis, de droite. Le parti des régions se classe plutôt au « centre-droit ». 

Le premier est le parti « Patrie » de Ioulia Timochenko, dirigé par Arseni Iatseniouk, ancien banquier et ancien ministre des Affaires étrangères de Viktor Iouchtchenko. Fondé en 2012 en vue des législatives, il est issu de l’ancien « Bloc Ioulia Timochenko». Il s’allie avec Svoboda durant les législatives.

Arseni Iatseniouk

Timochenko-Iatseniouk 

« Patrie » est décrit par les analystes comme un parti populiste de centre-droit, libéral sur les questions économiques et modérément conservateur sur les questions de société ; il se définit lui-même comme pro-européen, et milite pour une adhésion à plus ou moins long terme de l’Ukraine à l’Union européenne. Il est observateur dans le groupe PPE au Parlement européen. Rappelons que l’égérie de Timochenko est Margaret Thatcher…

 

Pour mémoire, l’ancien gouvernement enquêtait pour remettre la main sur 200 M$ qui auraient été détournés par les anciens Premier ministre Timochenko et Lazarenko… 

Le deuxième parti est « L’Alliance Démocratique Ukrainienne pour la Réforme – UDAR », qui a succédé au parti « Capital européen », fondé en 2005. Soulignons que « Udar » signifie en ukrainien « Coup de poing ». Il est en effet dirigé depuis 2005 par le boxeur et champion du monde des poids-lourds Vitali Klitschko – surnommé « Docteur Poings d’acier », car l’ancien boxeur de 42 ans, 2,02m et 114 kilos, est titulaire d’un doctorat (sur les « méthodologies de l’évaluation des performances d’un boxeur »). Klitschko est populaire, mais inexpérimenté et souvent décrit comme « simplet ».

Vitali Klitschko

Vitali Klitschko à l’OTAN

UDAR est un parti conservateur, qui a une ligne politique anticorruption et pro-européenne. Au niveau international, il est lié par un partenariat à l’Union Chrétienne-Démocrate d’Allemagne (CDU) d’Angela Merkel. Il est également observateur dans le groupe PPE au Parlement européen. Klitschko a longtemps résidé en Allemagne ; dans un rapport du German Foreign Policy intitulé « Notre homme à Kiev » datant de décembre 2013, on peut lire à propos de Klitschko et de son parti : 

« Selon les rapports de presse, le gouvernement allemand aimerait que le champion de boxe Vitali Klitschko brigue la présidence pour l’amener au pouvoir en Ukraine. Il souhaite améliorer la popularité de la politique de l’opposition en organisant, par exemple, des apparitions publiques conjointes avec le ministre des Affaires étrangères allemand. À cet effet, une réunion est également prévue pour Klitschko avec la chancelière Merkel lors du prochain sommet de l’UE à la mi-Décembre. La Fondation Konrad Adenauer a, en effet, non seulement soutenu massivement Klitschko et son parti UDAR, mais selon un politicien de la CDU, le parti UDAR a été fondé en 2010 sur les ordres directs de la fondation de la CDU. Les rapports sur les activités de la Fondation pour le développement du parti de Klitschko donnent une indication de la façon avec laquelle les Allemands influencent les affaires intérieures de l’Ukraine via UDAR ».

“Source : German foreign policy

parti UDAR

Le troisième parti est « Svoboda » – d’extrême-droite nationaliste.

Oleg Tyagnybok

Oleg Tyagnybok

En mai 2013, ces trois partis décidèrent de coordonner leurs actions en vue de l’élection présidentielle qui aurait dû se tenir en 2015 (il ne restait qu’un an à Ianoukovytch pour terminer son mandat).

klychko et tyagnybok

Ianoukovitch 

Ces 3 partis restèrent unis tout au long des évènements de 2013-2014 :

tyagnybok , iatseniouk et klitschko

Opposition du Maidan 

L’assemblée ukrainienne – la Rada – est ainsi constituée fin 2013 :

parlement ukrainien rada en 2013

Après Maidan, plusieurs députés changent de parti :

parlement ukrainien rada en 2014 

Après le coup d’État, 80 députés quittèrent le parti des régions, dont un certain nombre basculèrent dans la nouvelle majorité – violence et corruption ayant aussi participé à ce mouvement. 

Rappelons enfin une chose. 

Viktor Ianoukovytch a été élu démocratiquement en 2010 (à la surprise et déception de l’UE) – le résultat ayant été jugé « honnête » par les observateurs de l’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Réputé autoritaire et intolérant avec les médias, il a fait face aux critiques de journalistes ukrainiens qui dénoncent régulièrement la censure qu’il exercerait sur eux. En Occident, des voix dénoncent un recul des processus démocratiques et des atteintes à la liberté d’expression. 

L’Ukraine a été déclassée par l’ONG américaine Freedom House de « Pays Libre » en « Pays partiellement libre » :

Carte de l’ONG américaine Freedom House en 2014 

Carte mondiale des pays libres de l’ONG américaine Freedom House (à prendre avec un peu de recul). Elle gagnerait à être affinée, car la Russie qui élit son président est sur la même plan que la Chine, elle-même sur le même plan que l’Arabie Saoudite – la maille est un peu grossière… 

Mais l’Ukraine ne peut en aucune façon se décrire comme une « dictature », les références aux révolutions arabes ayant été de la pure propagande. Le pays était classé au niveau démocratique de la Turquie (avec qui nous négocions toujours son entrée dans l’UE) ou du Mexique, avec un Président totalement légitime, pas très sympathique et probablement corrompu (comme presque toute la classe politique locale). La violence politique n’existait guère dans le pays, aucun citoyen ne vivait dans la peur d’être arrêté par une police politique… 

Rappelons aussi que nous fréquentons avec joie nombre de dictateurs voire de barbares moyenâgeux…

xi jinping 04-2013

thein sein 07-2013

joseph kabila 10-2012

ali bongo 10-2012

idriss deby 12-2012

khalifa ben zayed al nahyane 01-2013

hamed ben issa al khalifa 07-2012

roi abdallah 11-2012

À suivre dans le prochain billet

Source: http://www.les-crises.fr/u4-1-euromaidan-lopposition-au-president-ianoukovytch/