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Série Charlie

Sunday 25 January 2015 at 05:30

Petit billet informatif

Les passions étant un peu retombées, je souhaite publier ici pas mal de billets / informations assez intéressantes qui me sont passées sous les yeux dans le drame Charlie Hebdo.

Nous avons tous été frappés de plein fouet par ce drame injustifiable, frappant une vingtaine d’innocents.

Comme cela restera à mon avis un élément très important pour notre avenir, je souhaiterais qu’on réfléchisse plus en profondeur.

Et ce dans le but de comprendre l’histoire de ce journal, les polémiques passées, réfléchir à la liberté d’expression, aux notions de sacré et tabous, aux causes profondes du terrorisme (qui sont quand même un peu plus profondes que quelques sourates dans le Coran…)…

Le tout en se posant en arrière plan la question : comment ne pas donner gain de cause à Al Qaeda, comment ne pas abandonner nos valeurs, comment faire en sorte que la Nation sorte renforcée de cette épreuve, et non pas affaiblie ou divisée.

Ce qui revient à dire : comment renforcer notre “vivre ensemble”, dans la fraternité, en luttant contre toutes les “phobies” (islamophobie, judéophobie, voisinophobie, religiophobie, athéophobie, etc.), car on ne construit jamais rien sur la haine, sinon des ruines…

Je vous proposerai donc durant 7 à 10 jours plusieurs billets sur ce sujet – rendez-vous après cette date si le sujet ne vous intéresse pas (ou plus)…

Car si nous étions tous dans une bien légitime émotion (hommage de nouveau aux victimes de la barbarie et pensées pour leur famille) quand ce n’était pas de la passion exacerbée, il est temps de revenir à plus de réflexion…

N.B. pour les gens animés d’un mauvais esprits par rapport à cette image humoristique, cela ne signifie nullement qu’on pense juste, mais juste qu’on pense, ou au moins qu’one ssaye… (merci au lecteur du blog pour le slogan)

P.S; : n’hésitez pas à nous signaler en commentaire les liens vers les analyses qui vous ont marquées ces derniers jours…

P.P.S. tout commentaire haineux et a fortiori pouvant tomber sous le coup de la loi (certains tribunaux étant dingues ne ce moment) sera immédiatement supprimé – donc merci de modérez votre expression svp…

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.” [Martin Luther-King]

Source: http://www.les-crises.fr/serie-charlie/


Bondy Blog Café – Spécial Charlie Hebdo

Sunday 25 January 2015 at 02:44

Belle émission. Je trouve qu’il y a beaucoup de finesse souvent chez ces jeunes – plus que dans la plupart des médiocraties…

Suite aux attentats le Bondy Blog Café a tenu à faire une émission spéciale Charlie Hebdo, dans laquelle Edwy Plenel, co-fondateur et président de Médiapart, Nacer Kettane, président de radio Beur Fm et Plantu, dessinateur de presse et caricaturiste, ont été invité à répondre aux réactions et questions des blogueurs.

Source: http://www.les-crises.fr/bondy-blog-cafe%cc%81-spe%cc%81cial-charlie-hebdo/


[Reprise] Les régimes islamiques de la planète ne menacent l’Occident que depuis que l’Occident les menace, par Michel Onfray

Sunday 25 January 2015 at 02:00

Papier intéressant – sauf pour le titre, avec lequel je suis en désaccord…

Mercredi 7 janvier 2015 : Notre 11 Septembre Par Michel Onfray

- Il est 11h50 ce mercredi 7 janvier 2015 quand arrive sur l’écran de mon portable cette information qu’une fusillade a lieu dans les locaux de Charlie-Hebdo. Je n’en sais pas plus, mais que des tirs nourris aient lieu dans la rédaction d’un journal est de toute façon une catastrophe annoncée.

Au fur et à mesure, j’apprends avec consternation l’étendue des dégâts ! Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Bernard Maris… On annonce dix morts, deux policiers, des blessés en nombre, « une boucherie » est-il dit… A 12h50, j’ai tweeté « Mercredi 7 janvier 2015 : notre 11 septembre », car je crois en effet qu’il y aura un avant et un après. Les choses ne font que commencer.

Charlie-Hebdo est, avec Siné-Hebdo ou le Canard Enchainé, l’honneur de la presse : car un journal satirique, et il m’arrive d’en faire régulièrement les frais, n’épargne rien ni personne, et c’est tant mieux. Ce sont des supports libres parce qu’ils vivent de la fidélité de leurs lecteurs. Sans publicité, ils n’ont aucun riche annonceur à ménager, aucun actionnaire à flatter, aucun propriétaire milliardaire à satisfaire. Ils ne roulent pour aucun parti, aucune école, aucune chapelle : au sens étymologique, ils sont libertaires.

Sur les religions en général, et l’islam en particulier, cette presse dit tout haut avec humour, ironie ou cynisme, ce que beaucoup pensent tout bas. La satire leur permet de dire ce que le politiquement correct de notre époque interdit de faire savoir. En ouvrant les pages du journal, on pouvait se lâcher et rire d’autant plus joyeusement que, sur les questions de religion, dans le restant de la presse, on peut crucifier le chrétien, c’est même plutôt bien porté, mais il faut épargner les rabbins et les imams. A Charlie, la soutane, la kippa et la burka sont également moquées – faudra-t-il écrire étaient ?

Rivé devant ma télévision, sidéré, je prends des notes. J’assiste à un raccourci de ce qui fait notre époque : avant 13.00, un journaliste égyptien parle à i-télé, il précise avec fermeté qu’on va encore mettre tout cela sur le dos des musulmans ! Même à cette heure, l’attentat ayant lieu à Charlie, le journal qui a publié les « caricatures » de Mahomet et qui est menacé pour cela depuis des années, je vois mal comment on pourrait incriminer Raël ou les Véganes ! Mais, déjà pointe l’insulte islamophobe contre quiconque va affirmer que le réel a eu lieu !

Les éléments de langage probablement fournis par les communicants de l’Elysée  invitent à dépolitiser les attentats qui ont eu lieu avant Noël : des fous, des déséquilibrés, des dépressifs fortement alcoolisés au moment des faits. Même s’ils crient « Allah Akbar » avant d’égorger un policier, ça n’a rien à voir avec l’islam. Les familles des tueurs en rajoutent en protestant de la gentillesse de leur fiston criminel et l’on passe en boucle leur témoignage.  Qui dit vrai ? Ainsi, pour prendre un exemple,  Rue 89 parle de « l’attaque présentée (sic) comme  terroriste (re-sic) » à Joué-lès-Tours… Dormez bonnes gens. Circulez, il n’y a rien à voir…

I-télé, 13h20. Une journaliste nous dit que François Hollande a précipitamment quitté l’Elysée et qu’on l’a vu « dévaler les escaliers en compagnie de son conseiller en communication » ! Je me frotte les yeux. Non pas le ministre de l’intérieur, ou le chef d’Etat major des Armées, non, mais Gaspar Gantzer –  son conseiller en communication ! Hollande arrive sur place, il enfile des perles de rhétorique. Il repart. Dans la voiture, probable débriefing avec le conseiller en communication.

La dépêche de l’AFP tombe : l’un des tueurs a crié « Nous avons vengé le Prophète ». Plus tard, une vidéo passe en boucle et on entend très bien cette phrase. Le journaliste égyptien n’est plus là pour nous dire que ça n’a rien à voir avec l’islam, mais c’est ce que diront nombre d’autres personnes qui se succèdent à l’écran.

C’est d’ailleurs très exactement le propos de l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi. Pas un journaliste pour lui rappeler qu’en septembre 2012, lors de la parution des caricatures dansCharlie, ce fameux imam tout terrain et judicieusement judéo-compatible, avait trouvé l’attitude du journal « irresponsable »… Le même Hassen Chalghoumi se fend d’un : «  Nous sommes les premières (sic) victimes » sur LCI à 14h17. En effet, les musulmans sont les premières victimes et passent avant Cabu, avant Charb, avant Wolinski, avant Tignous, avant Bernard Maris, avant les deux policiers, avant les blessés en nombre… Avant leurs familles, avant leurs enfants, avant leurs amis.

La litanie du ça n’a rien à voir avec l’islam continue. Droite et gauche confondues. Avec quoi alors ? Il n’est pas même possible de dire que ça a à voir avec un dévoiement de l’islam, avec une défiguration de l’islam, avec une fausse et mauvaise lecture de l’Islam ? Non : rien à voir on vous dit. C’est comme l’Etat islamique qui n’a tellement rien à voir avec l’Islam qu’il faut dire Daesh, parole de Fabius. Dès lors, l’Etat Islamique ne massacre pas puisque, comme la théorie du genre, ça n’existe pas ! Daesh on vous dit. Mais que veut dire Daesh ? C’est l’acronyme d’Etat islamique en arabe.  Abracadabra…

La classe politique continue son show. Sarkozy intervient. Drapeau français, drapeau européen, fond bleu, nul sigle UMP : il se croit toujours président de la république ! Il invite à « éviter les amalgames » mais il ne dit pas avec quoi ! Malin…

14h21 sur LCI, Mélenchon intervient : « Le nom des meurtriers est connu : lâches, assassins » ! Tudieu, quel talent pour éviter… les amalgames ! Sarkozy verbigère : les criminels seront poursuivis, châtiés avec une extrême sévérité, il parle de fermeté absolue, de barbarie terroriste, de violence aveugle, il invite à ne pas céder. Les éléments de langage de tout politique qui n’a rien à dire et donne dans le compassionnel – c’est bon pour la cote dirait le conseiller en communication. Et puis, toujours la côte de popularité, on invite à l’unité nationale ! Bayrou, Julien Dray, etc, tous entonnent le même psaume.

LCI, 15h05, Emmanuelle Cosse secrétaire d’Europe Ecologie les Verts invite à … éviter l’amalgame. Mais on ne sait toujours pas avec quoi. Elle déplore l’absence de débats et déplore plus encore ceux qui veulent un débat pour savoir ce qu’il en est de l’amalgame ! ça sent le coup de pied de l’âne à Zemmour ou Finkielkraut ! Le Parti Socialiste dispose d’une riposte à la mesure de la boucherie : « une marche des républicains » ! En effet, c’est une réponse politique à la hauteur des évènements. Gageons que le président de la République, qui doit parler à 20.00, volera dans la même stratosphère politique.

Un bandeau défile en bas de mon écran : Marine Le Pen dénonce « un attentat terroriste commis par des fondamentalistes islamistes ». Pourquoi une fois de plus le personnel politique, suicidaire, lui laisse-t-il le monopole des mots justes sur des situations que tout le monde comprend ? C’est en effet « un attentat terroriste » et il a été effectivement perpétré « par des fondamentalistes islamistes ». Quiconque le dira désormais va passer pour un lepéniste !  Le musulman qui n’est pas fondamentaliste se trouve ainsi épargné, et c’est très bien ; on dit donc en quoi ça a à voir avec l’islam parce que ça en est la version radicale et armée, brutale et littérale ; on laisse entendre qu’il faut lutter contre cette formule-là et rassembler tous ceux qui sont contre, y compris les musulmans ; et on dit d’un attentat terroriste que c’est un attentat terroriste. Le succès de Marine Le Pen vient beaucoup du fait que, mises à part ses solutions dont je ne parle pas ici, elle est en matière de constats l’une des rares à dire que le réel a bien eu lieu. Hélas, j’aimerais que cette clarté sémantique soit aussi, et surtout, la richesse de la gauche.

Les commentaires tournent en boucle. Mêmes images, mêmes mots, mêmes derviches tourneurs. Pas d’amalgames, ça n’a rien à voir avec l’islam, actes barbares… Des manifestations s’annoncent dans toute la France. Je suis sollicité par des journalistes français, télés et radios, je suis en province, pas question d’aller à Paris. Entretiens avec deux journalistes italien, demande de Skype avec le Danemark, calage d’un direct avec la Suisse pour une heure de direct le lendemain matin à 7.00. La France regarde le monde : est-ce que Hollande va annoncer quelque chose qui soit à la hauteur ?

Les rues sont remplies. Besancenot est à la télévision. « Pas d’amalgames ou de récupération politicienne » dit-il. Mais aussi : « Rien à voir avec une quelconque idée religieuse ». Comme les autres hommes politiques. Les foules se constituent.

Sous mes fenêtres, à Caen, un immense ruban silencieux, immense, immense. Une foule considérable et silencieuse.  Je suis au téléphone avec une journaliste de la Reppublica. Je regrette. J’aurais voulu être en bas, avec eux, dans la foule, anonyme, silencieuse et digne. Mais je m’imagine plus utile à répondre autant que faire se peut aux sollicitations qui ne cessent d’arriver par téléphone.

Je rêve un peu : j’imagine que Hollande va trouver dans cette épreuve terrible pour le pays matière à renverser son quinquennat en prenant des décisions majeures. Il en a le devoir, il en aurait le droit, il lui en faudrait l’audace, le courage. Il joue ce soir son nom dans l’Histoire.

20h00. Il annonce : journée de deuil national et drapeaux en berne, réunions avec les deux représentants des deux assemblées et les chefs de parti, minute de silence dans les administrations et une phrase que personne ne sculptera dans le marbre : «  Rassemblons nous ! »…

Je pense au cadavre de Cabu, au cadavre de Charb, au cadavre de Wolinski, au cadavre de Tignous, au cadavre de Bernard Maris… A leurs cadavres ! A celui du policier abattu d’une balle dans la tête. A celui qui assurait la garde rapprochée de Charb. A celui de l’hôtesse d’accueil. Aux blessés entre la vie et la mort à l’hôpital. Je ne parviens pas à y croire.

Il y aura un avant et un après mercredi 7 janvier 2015. D’abord parce que ceux qui ont tué sont aguerris : l’opération commando a été redoutablement exécutée. Repérage, arrivée, méthode, interrogation sur les identités des journalistes, abattage, carnage, repli, couverture de l’un par l’autre, tir sur des policiers, l’un d’entre eux est à terre, les tueurs s’approchent, l’un tire une balle dans la tête, l’autre couvre le tireur, retour à la voiture, tranquillement, l’un d’entre eux prend une basket tombée à terre et la remet dans le véhicule, ils repartent, même pas sur les chapeaux de roue. Le policier de la BAC est mort ; il gagnait moins de 2000 euros ; il s’appelait Ahmed – lui aurait pu dire pourquoi ça n’a rien à voir. Cabu et les autres gisent dans leur sang. « On a vengé le prophète » dit l’un d’entre eux… Il ajoute : «  On a tué Charlie ». Puis ils se perdent dans la nature…

Ces hommes sont des soldats, des guerriers : le déroulement de l’opération, sa préparation et son exécution, la façon de tenir leurs armes, l’harnachement de combat avec cagoule et magasin de munitions sur le thorax, le carton du tir groupé effectué avec une kalachnikov sur le pare-brise de la voiture de police, les changements de voitures, la disparition dans la mégapole, tout cela montre des gens qui ont appris le métier de la guerre.

Dès lors, ils continueront. Il n’est pas dans le genre de ces individus de prendre des vacances et de se fondre dans l’anonymat. Ils veulent tuer plus encore et mourir au combat, puisqu’ils pensent qu’ainsi, djihad oblige et paradis aidant, ils retrouveront le Prophète dans la foulée. Rien à voir avec l’islam, bien sûr.

Peut-on penser un peu l’événement et se défaire un tant soit peu de l’émotion, du pathos, du compassionnel qui ne mange pas de paix et dans lequel communient les tenants de l’unité nationale ? Il ne suffit pas de crier à la barbarie des tireurs du commando et d’affirmer que ces barbares attaquent notre civilisation pour se croire quittes !

Le matin même, aux informations de 7.00, j’apprenais que la France avait dépêché un sous marin nucléaire sur les côtes est de la Méditerranée, non loin de la Syrie.  Nous sommes en guerre. Et cette guerre a été déclarée après le 11 septembre par le clan des Bush. Hormis l’épisode à saluer de Chirac refusant d’y aller, de Mitterrand à Hollande en passant par Sarkozy, nous avons bombardé des pays musulmans qui ne nous menaçaient pas directement : Irak, Afghanistan, Lybie, Mali, aujourd’hui l’Etat Islamique,      et ce en faisant un nombre considérable de victimes musulmanes depuis des années. Voit-on où je veux en venir ?

Précisons. A qui peut-on faire croire qu’hier le régime des Talibans en Afghanistan, celui de Saddam Hussein en Irak ou de Kadhafi en Lybie, aujourd’hui celui des salafistes au Mali ou du califat de l’Etat Islamique menaçaient réellement la France avant que nous ne prenions l’initiative de les attaquer ? Que maintenant, depuis que nous avons pris l’initiative de les bombarder, ils ripostent, c’est, si l’on me permet cette mauvaise formule, de bonne guerre !

Mais l’on confond la cause et la conséquence : les régimes islamiques de la planète ne menacent concrètement l’Occident que depuis que l’Occident les menace. Et nous ne les menaçons que depuis que ces régimes aux sous-sols intéressants pour le consumérisme occidental ou aux territoires stratégiquement utiles pour le contrôle de la planète, manifestent leur volonté d’être souverains chez eux. Ils veulent vendre leur pétrole ou les produits de leurs sous-sols à leur prix et autoriser leurs bases à leurs seuls amis, ce qui est parfaitement légitime, le principe de la souveraineté des pays ne souffrant aucune exception.

Si les droits de l’homme étaient la véritable raison des attaques françaises aux côtés, comme par hasard, des Etats-Unis, pourquoi n’attaquerions nous pas les pays qui violent les droits de l’homme et le droit international ? Pourquoi ne pas bombarder la Chine ? Cuba ? L’Arabie Saoudite ? L’Iran ? Le Pakistan ? Le Qatar ? Ou même les Etats-Unis qui exécutent à tour de bras ? Il suffit de lire le rapport d’Amnesty International pour choisir ses cibles, elles ne manquent pas…

Les politiques qui n’ont d’idées qu’en fonction de leurs élections ou de leurs réélections n’ont pas pensé la guerre. Ils regardent les crédits de la défense et ils coupent pour faire des économies, mais ils n’ont aucune théorie en rapport avec le nouvel état des lieux. La géostratégie est le cadet de leur souci.

L’existence de l’URSS légitimait, disons-le ainsi, l’armement nucléaire pour l’équilibre des terreurs. L’ouvrage incontournable en matière de polémologie, De la guerre de Clausewitz, a théorisé les conflits qui relevaient de ce qu’il appelait la Grande Guerre : celle qui oppose deux Etats, deux nations, deux peuples.  Il a également parlé, mais beaucoup moins, de la Petite Guerre : celle qu’on peut aussi appeler la guérilla.

Ce qui a eu lieu ce mercredi 7 janvier illustre parfaitement que notre Etat s’évertue à penser contre vents de guérilla et marées terroristes en terme de Grande Guerre : voilà pourquoi le chef de l’Etat, qui est aussi chef des armées, entre l’annonce du film à venir de Trierweiller et le prochain dîner avec Julie Gayet à soustraire au regard des paparazzis, lui qui est chef des Armées a décidé   d’envoyer porte-avions et sous-marins en direction de la Syrie. Pour quoi faire dans un conflit fait de combats dans les rues ?

Pendant ce temps, emblématiques de la Petite Guerre, trois hommes peuvent, avec chacun une kalachnikov  et un lot de trois voitures volées, décapiter un journal, mettre la France  genoux, montrer notre pays saigné à la planète entière, décimer le génie du dessin satirique français et n’obtenir pour toute réponse du chef de l’Etat qu’un : « Rassemblons nous ! ». Je vois bien ce que nos dessinateurs assassinés auraient fait de cette palinodie d’Etat.

Juste après avoir appris cette information du sous-marin envoyé par Hollande dans les eaux non loin d’Israël ou du Liban, France-Inter invitait ce mercredi matin dans sa Matinale Michel Houellebecq pour Soumission. Plus personne n’ignore désormais que ce roman se déroule dans une France islamisée après un second mandat de Hollande. Le politiquement correct lui reprochait depuis plusieurs jours d’annoncer une guerre civile et une humoriste, c’est du moins ce que l’on dit d’elle, une certaine Nicole, a même ricoché plusieurs fois avant de dire que la guerre civile annoncée pour dans quinze ans, si elle devait arriver un jour, serait un pur produit de son roman ! Paf, trois heures plus tard, le roman futuriste de Houellebecq racontait notre présent. Mais c’est lui qui était responsable, bien sûr, de ce qui advenait.

Ce mercredi 7 janvier est un jour qui inaugure une ère nouvelle, hélas ! Quand les trois tueurs tomberont, soit dans leur sang, soit dans un panier à salade, trois autres se lèveront. Et quand ces trois là tomberont, trois autres à nouveau, etc. Ne nous est-il pas dit que plus de mille soldats revenus du front de l’Etat Islamique sont en état de marche guerrière sur le sol national ? On fait quoi maintenant ? Rappelez vous l’excellent film de Mathieu Kassowitz, La Haine : « Jusqu’ici, tout va bien ». Jusqu’au 7 janvier 2015, c’était vrai… Aujourd’hui, plus très sûr…

© Michel Onfray janvier 2015

 

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-michel-onfray/


Revue de presse internationale du 25/01/2015

Sunday 25 January 2015 at 00:01

Aujourd’hui dans la revue internationale, pendant que le franc suisse frappe, le pétrole se répand dans de nombreux thèmes, comme l’après Charlie-Hebdo, alors que les sanctions anti-Russie pourraient bientôt se retrouver en berne. Merci à nos contributeurs et bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-25-01-2015/


Pour eux-mêmes, pour l’Europe, les Grecs doivent voter Syriza (+ son programme)

Saturday 24 January 2015 at 04:50

Ma vision pour demain :

1 Soit la droite gagne

2 Soit Syrisa gagne

2-1 Soit Syrisa n’a pas la majorité (avec des alliés) : gros bug

2-2 Soit Syrisa trouve une majorité. Il y aura alors des négociations avec l’UE pour assouplir les contraintes, et l’UE cèdera, car la Grèce a toutes les cartes en main (elle peut faire exploser la BCE). Cela déplaira beaucoup aux Allemands et là, ça peut devenir TRÈS intéressant). Mais je ne crois pas à des choses miraculeuses, plus au final à un “tournant de 1983″. Mais on vira…

Jean-Pierre Vesperini | 21/01/2015, 11:42

En portant Syriza au pouvoir, les Grecs obtiendront une réduction de dette bien plus importante qu’en renouvelant Samaras. Ils pourraient contribuer à changer la donne en Europe, au point de pousser l’Allemagne à sortir elle même de la zone euro. par Jean-Pierre Vesperini, Professeur agrégé des Facultés de droit et des sciences économiques

Le 25 janvier 2015, le peuple grec va procéder à un choix qui sera décisif pour lui-même comme pour l’ensemble de l’Europe. Ce jour-là, il devra choisir entre les partis qui soutiennent le Premier ministre, M. Samaras, et le parti Syriza. Voter pour le Premier ministre reviendra à choisir de continuer à appliquer la politique que M. Samaras a exécutée sous les ordres des gouvernements européens et du FMI. Sa politique a achevé de ruiner la Grèce. En effet, entre le moment où la crise grecque a éclaté, en 2010, et l’arrivée au pouvoir de M. Samaras, en 2012, les gouvernements successifs, déjà sous la houlette des gouvernements européens et du FMI, avaient fait chuter le PIB de la Grèce de 18 % en deux ans et augmenter le chômage de 600.000 personnes.

Une soumission aux gouvernements européens
En arrivant au pouvoir en juin 2012, M. Samaras a appliqué la même politique de soumission aux gouvernements européens et obtenu les mêmes résultats de baisse du PIB (‒ 5 % entre le second trimestre 2012 et le second trimestre 2014) et de hausse du chômage (+ 215.000 chômeurs supplémentaires). La chute dans la pauvreté s’est donc poursuivie en se ralentissant. Elle ne pouvait guère en effet continuer à un rythme aussi vertigineux. Et si les derniers chiffres montrent quelques signes d’amélioration (+ 1,2 % pour le PIB et ‒ 7.500 chômeurs entre le 3ème trimestre 2013 et le 3ème trimestre 2014), il est clair que la Grèce est désormais ruinée et que, au rythme d’amélioration constaté aujourd’hui, il faudrait au moins dix ans pour revenir à une situation plus acceptable.

Un échec lié à des politiques erronées
L’échec de M. Samaras résulte des politiques erronées que lui ont imposées les gouvernements européens et le FMI dans le but que la Grèce puisse retrouver sa solvabilité budgétaire et rembourser les sommes que ces mêmes Etats et le FMI lui ont prêtées. Pour rétablir sa solvabilité budgétaire, ils ont imposé à la Grèce une politique d’austérité budgétaire draconienne conjuguée à une politique de déflation salariale destinée à compenser la surévaluation de l’euro pour l’économie grecque. La combinaison de cette politique d’austérité budgétaire et de déflation salariale a ruiné la Grèce sans pour autant rétablir sa solvabilité budgétaire tant il est vrai qu’une économie qui ne connaît ni croissance, ni inflation, et dont la dette est égale à 175 % de son PIB, est évidemment insolvable.

Mettre fin à l’austérité et réduire la dette
La Grèce ne peut donc sortir de ce cauchemar où l’ont plongée ces politiques erronées qu’en mettant fin à l’austérité et en obtenant une réduction de sa dette. C’est précisément le programme que souhaite appliquer le parti Syriza. C’est non seulement le programme que Syriza souhaite appliquer, mais c’est surtout, et c’est le plus important, le programme qu’il est aujourd’hui en mesure d’appliquer parce que, s’il gagne les élections, il obtiendra une réduction de la dette de la Grèce. Les gouvernements européens savent en effet que ne pas accorder de réduction de dette à la Grèce la contraindra à sortir de l’euro.

Aucun gouvernement ne souhaite voir la Grèce sortir de l’euro
Or aucun gouvernement européen ne souhaite voir la Grèce sortir de l’euro. D’abord, parce que tous les responsables de ces gouvernements ont lié leur sort politique au maintien à tout prix de l’intégrité de la zone euro. Une sortie de la Grèce serait pour eux un échec collectif et personnel qui mettrait leur carrière en péril. Ensuite, parce qu’une sortie de la Grèce engendrerait des pertes dont les contribuables de leurs pays, c’est à dire leurs électeurs, les rendraient responsables.

On notera d’ailleurs à cet égard que la chancelière allemande, pourtant habituellement fort avisée, a commis une erreur en commençant d’abord à sortir le bâton de la menace de l’exclusion de la Grèce de la zone euro, pour se faire ensuite désavouer par ses pairs et finalement se rétracter. Elle a ainsi permis à Syriza de se présenter en position de force à la table des négociations qui s’engageront s’il gagne les élections.

Dans ces conditions, l’intérêt du peuple grec est de voter pour Syriza plutôt que pour M. Samaras. Indépendamment du fait qu’il est urgent de mettre fin à une politique d’austérité aussi cruelle que contreproductive, il est certain que les Grecs obtiendront une réduction de dette beaucoup plus importante si leurs intérêts sont défendus pour M. Tsipras qui a fait de cette réduction l’un des points principaux de son programme plutôt que par M. Samaras qui, dans le sien, a soigneusement omis d’en parler.

Une économie sinistrée au sein d’une zone sinistrée
Mais le 25 janvier, les électeurs devront avoir conscience qu’ils ne sont pas seulement des citoyens grecs. Ils sont aussi des ressortissants de la zone euro. Or il est clair que, même si le programme de Syriza est préférable à celui de M. Samaras, même s’il pourra améliorer la situation du peuple grec par rapport à celle qui prévaut aujourd’hui, ce programme ne parviendra pas à assurer le retour au plein emploi et un niveau de vie satisfaisant si la zone euro ne retrouve pas elle-même la croissance.

Car la Grèce est une économie sinistrée qui appartient à une zone économique elle-même sinistrée. Et qui est sinistrée d’abord parce que les principes sur lesquels elle est fondée sont une négation des lois de l’économie politique et ensuite parce qu’elle applique des politiques erronées. Il faut en effet souligner que tous les pays de la zone euro à l’exception de l’Allemagne et de quelques pays qui lui sont liés, appliquent aujourd’hui des politiques d’austérité budgétaire et de déflation salariale, même s’ils les appliquent à des degrés divers et jamais avec le degré de violence qu’elles ont atteint en Grèce.

Ni les Etats-Unis, ni le Japon, ni la Grande-Bretagne doivent avoir un déficit public inférieur à 3 % du PIB
En ce sens, si le peuple grec, en votant pour Syriza, rejette ces politiques et si son exemple est suivi par d’autres peuples lors des élections qui vont se dérouler cette année en Espagne et au Portugal, alors il donnera le signal d’un changement de la gouvernance budgétaire de la zone euro et mettra au rebut les règles budgétaires que la zone euro s’est donnée sous l’influence de l’Allemagne, mais qui ne sont justifiées par aucune théorie économique. Ni les Etats-Unis, ni le Japon, ni la Grande-Bretagne ne se sont donnés pour règle d’avoir un déficit public inférieur à 3 % du PIB ou un déficit structurel proche de 0. Pourtant, tous ces pays se portent mieux que la zone euro. Entre le point bas atteint en 2009, à la suite de la crise de 2007-2008, et le troisième trimestre 2014, les Etats-Unis ont connu une croissance de leur PIB de 13%, le Japon et la Grande-Bretagne de près de 10%, mais la zone euro de seulement 3,7%.

L’Allemagne, non satisfaite du fonctionnement de la zone euro, pourrait en sortir d’elle même
Si ce changement de gouvernance budgétaire se produit au moment où par ailleurs la zone euro inaugure, sous l’influence de la BCE, une politique monétaire entièrement nouvelle, alors il se pourrait que l’Allemagne, constatant que la zone euro n’est plus conforme à la conception qu’elle s’en faisait, et ne pouvant en exclure les pays qui risquent de lui coûter trop cher, décide d’en sortir elle-même. Le départ de l’Allemagne de la zone euro serait pour l’Europe la manière la moins douloureuse de se débarrasser de cette construction contraire à la logique économique qu’a été l’euro et de pouvoir ainsi retrouver la croissance.

C’est dire qu’en accordant ses suffrages à Syriza, le peuple grec peut changer le cours de l’Histoire en Europe.

Source : latribune.fr

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Premières mesures et programme d’un gouvernement mené par Syriza - Alexis TSIPRAS (élections le 25 janvier)

Le Parlement grec n’ayant pas été en mesure, après 3 tours de scrutins, d’élire le Président de la République proposé par le gouvernement, des élections législatives anticipées doivent se tenir le 25 janvier. Les sondages donnent Syriza vainqueur. Un gouvernement anti austérité pourrait voir le jour dans ce pays ravagé par la crise et la politique imposée par la Troïka depuis 6 années. Quelle sera la politique de Syriza ? Alexis Tsipras, son principal dirigeant, a tenu un important discours sur cette question le 13 septembre dernier lors de l’Exposition Internationale de Thessalonique. Il y résume les mesures d’urgence préconisées par SyrizaNous reproduisons ce discours ci dessous.. .

Ensemble

Thessalonique , 13 Septembre 2014

Je suis heureux d’être de nouveau, ici, à l’Exposition Internationale de Thessalonique.

Si je suis parmi vous aujourd’hui, ce n’est pas pour accomplir une simple formalité.

Si je suis ici, c’est pour mettre en lumière quelques vérités et exposer mes engagements vis-à-vis du peuple grec en présentant un projet de sortie de crise fondé sur l’idée de progrès et de justice.

Un projet qui définit les axes fondamentaux de la nouvelle orientation « post mémorandaire » de notre pays. Un projet concret, dont les propositions chiffrées démontrent que les principes de la politique gouvernementale de SYRIZA, fondés sur la justice sociale, la solidarité, l’état de droit, la transparence, la méritocratie, la sécurité économique et le respect de la dignité de tout citoyen ne sont pas dépourvus du sens des réalités économiques.

Amies et amis,

Notre rencontre ne se place pas dans le cadre du calendrier rituel des promesses automnales adressées aux habitants de Thessalonique, à l’occasion de l’exposition, par des premiers ministres toujours frappés d’amnésie sitôt que décolle leur avion vers Athènes.

Nous connaissons bien les problèmes de Thessalonique qui illustrent exactement l’hydrocéphalie et le repli d’un état centralisateur et clientéliste.

Mais nous connaissons aussi les ressources et les potentialités de Thessalonique qui pourrait jouer un rôle de premier plan dans le cadre d’un projet de coopération et de rapprochement des états balkaniques dans des domaines comme celui de la croissance, de la culture, de l’économie et de l’environnement.

Un rôle qui se révèle encore plus précieux dans un contexte d’instabilité internationale comme celui que nous vivons actuellement. En abandonnant les postures nationalistes qui ont tant fait souffrir la région dans le passé, la Grèce du Nord et sa capitale pourraient constituer le pivot d’un nouveau pôle de croissance et d’équilibre.

Car le contexte international assigne et impose à l’état grec une conduite responsable en tant que force européenne, mais aussi un rôle de négociateur international fiable.

La Grèce ne peut pas être réduite au rôle de la cinquième roue du carrosse. Elle ne peut pas être une spectatrice passive de l’évolution internationale.

Agir dans le périmètre de ses capacités n’exclut pas la force d’âme. Sans complexe d’infériorité, et surtout avec une politique extérieure active et multidimensionnelle, la Grèce pourra protéger ses intérêts.

En dépassant le rôle de l’élève obéissant ou celui de commissionnaire des intérêts allemands endossés docilement par M. Samaras et M. Venizelos qui se sont empressés de consentir à l’imposition de sanctions économiques contre la Russie, sans aucune réserve, sans se préoccuper de leurs répercussions sur l’économie grecque et entraînent le pays, malgré la situation dramatique de son économie, dans une guerre économique dangereuse qui ramène toute l’Europe à une guerre froide qu’on avait cru révolue.

Et ce n’est pas tout. M. Samaras et M. Venizelos, font preuve non seulement d’ inconscience quant au coût financier de leurs décisions, mais ils font aussi preuve à toute occasion d’un refus ferme et obstiné de soutenir les intérêts nationaux.

Leur impudence a atteint un point culminant il y a quelques jours, lorsqu’ils se sont abstenus de voter pour la protection de la souveraineté nationale des états surendettés, à l’Assemblée Générale de l’ONU.

Pendant que la position de l’Allemagne de Mme Merkel se voyait bloquée par son isolement, la Grèce surendettée s’est rangée avec les protecteurs des spéculateurs, dévoilant ainsi l’immoralité politique et l’indignité du gouvernement Samaras, d’un gouvernement qui ne se considère pas responsable devant le peuple grec, mais uniquement devant les lobbies financiers des créanciers et des fonds spéculatifs.

Mais permettez moi de revenir sur le sujet principal de mon discours aujourd’hui, qui concerne l’économie de notre pays et plus particulièrement la sortie de cette crise épouvantable que nous traversons depuis quelques années.

Une crise qui n’est pas derrière nous, mais qui persiste et récidive tant en Grèce que dans le reste de l’Europe.

Mais si en Europe, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un changement de politique, nos gouvernants continuent de parler de « success story ». Pendant que les autres signalent le gouffre, M. Samaras nous y entraîne tête baissée.

Tout le monde se rend enfin compte que face à la crise les politiques d’austérité s’avèrent non seulement inappropriées et inefficaces mais aussi dangereuses.

Car nous avons été témoins en Europe de la succession de toutes les phases de mutation de la crise. Initiée par une crise financière, elle a évolué ensuite vers une crise sur les dettes des États qui a provoqué la propagation de la déflation que nous observons dernièrement.

L’establishment politique européen, face à la menace déflationniste engendrée par son obstination dogmatique dans l’austérité néolibérale, se trouve contraint aujourd’hui de réajuster sa politique. Ces réajustements, qui ne sont ni profonds ni suffisants, sont pour autant visibles.

Mais M. Samaras suit à distance non seulement le processus décisionnel européen mais aussi les événements. Uniquement appliqué à suivre à distance respectueuse Mme Merkel, il se range finalement du côté des forces d’hier.

SYRIZA ne suit personne. Nous montons un front et luttons pour un changement aussi grand que nécessaire. A coté de nous se rangent toutes les forces de demain, stimulées par la mobilisation des peuples aguerris de l’Europe du Sud.

L’évidence saute aux yeux de l’Europe. Le néolibéralisme a échoué. Le réalisme impose le choix du progrès pour sortir de la crise. Celui de la solidarité et de la justice sociale et non pas celui de l’exténuation des sociétés par les programmes d’austérité.

Le danger de récession qui menace l’Europe et par ricochet l’économie mondiale fait de ce changement immédiat de la politique de notre pays par un gouvernement de SYRIZA une nécessité pour le salut social de notre pays et un sujet d’émulation pour l’Europe.

Notre voix est entendue. Nous ne sommes plus seuls. Nous ne crions pas dans le désert. Nos propositions pour l’arrêt immédiat de l’austérité, pour l’application d’une politique de la demande, pour la mutualisation de la dette, pour un « paquet d’investissements » destiné à promouvoir la croissance dans les pays périphériques sont écoutées et comprises.

Chers amis et amies,

Beaucoup de choses ont changé depuis les dernières élections nationales en 2012. Et non pas seulement en Grèce.

Dois je vous rappeler que :

Quand il y a deux ans nous proposions des solutions « européennes » à la crise, ils nous répondaient que nous manquions de réalisme puisque l’ euro-zone ne disposait pas de mécanismes institutionnels communs pour la gestion de la crise. Mais cela a été fait depuis. Malheureusement l’adoption de ces mécanismes a été accompagnée de l’imposition à ses états-membres de Mémorandums de dévaluation interne. Un choix politique qui enfonce l’Europe dans la récession et recycle la crise. Pour y mettre fin, il faut un nouveau rapport de forces au sein de l’Europe.

Ils nous disaient aussi que la Banque Centrale Européenne devait faire preuve de parcimonie dans l’achat des obligations d’État sur le marché secondaire, car ceci équivalait à un financement indirect institutionnellement interdit. Toutefois, en 2012, M. Draghi a annoncé qu’il n’y aurait pas » de limite quantitative » aux interventions de la BCE. Actuellement, même notre revendication du rachat direct des obligations d’État n’est plus un tabou.

L’assouplissement des règles de la discipline budgétaire, et l’étendue des projets européens d’investissement sont également de plus en plus évoqués comme des moyens d’éviter la déflation et une nouvelle récession.

Et pourtant ! Nos adversaires politiques, aveuglés par leur dogmatisme et leur irréflexion, ironisaient sur notre hardiesse à avancer de pareilles propositions, en nous accusant tantôt d’ irréalisme tantôt d’« antieuropéenisme ».

Aujourd’hui, nos propositions, formulées dès le début de la crise, se trouvent au centre des débats de la BCE. Mais la pertinence d’un débat n’est pas seulement une question de contenu mais aussi de timing. Et les fissures entreprises actuellement par la BCE sur le mur de Berlin n’auront pas les effets espérés sur la crise car elles n’arrivent que très tardivement.

Si l’impasse de l’austérité est principalement visible en Grèce, on l’aperçoit également partout en Europe. Je ne vais pas démontrer encore une fois l’échec des mémorandums. Nous avons déjà fait une analyse détaillée de cette calamité, ici même, et à deux reprises par le passé.

Il faudra cependant souligner l’augmentation du taux d’inflation de 0,99% en 2013 à 1,4% en 2014. La déflation menace de replonger notre pays au fond de la récession avant même qu’il n’ait sorti la tête de l’eau.

Le Premier Ministre, M. Samaras, a fourni il y a une semaine, en ce lieu même, une preuve supplémentaire de l’échec de la « dévaluation interne » en Grèce, en confirmant la continuation ou plutôt la pérennisation de la surimposition pour les petits et moyens revenus.

L’aberration des taux de la nouvelle taxe foncière (ENFIA) prolongeant sous une autre appellation l’impôt instauré en 2011 et inclus directement sur les factures d’électricité, la continuation de la taxe « exceptionnelle » de solidarité, l’augmentation de la taxe de consommation sur les produits pétroliers illustrent la perpétuation de l’acharnement du Ministère des Finances sur les petits revenus.

Toutefois, M. Samaras a promis en même temps un miracle : La croissance dans un contexte défavorable, avec un marché intérieur ruiné et le volume des investissements en chute libre.

Regardons de plus près : La formation brute de capital fixe de 26,7% du PIB en 2007 est passée à 13% en 2013. Et sa baisse a continué au deuxième trimestre de 2014 en enregistrant une baisse annuelle de 0,8% du PIB.

Ainsi, avec une récession de 0,7% au premier semestre de 2014 pour atteindre l’objectif fixé pour cette année d’une augmentation de 0,6% du PIB il faut enregistrer les deux prochains trimestres un accroissement de 3,8%. C’est infaisable.

Mais, même si un tel miracle était réalisé, il n’entraînerait pas une amélioration qualitative de la société ou de l’économie. Il ne mettrait pas fin à l’effondrement de la société et de l’économie.

La déstructuration économique et la désertification sociale ne se corrigent pas par des variations infimes du PIB.

Chômage très élevé, bas salaires, emplois précaires, la Grèce est condamnée à vaciller entre récession et stagnation par la politique de M. Samaras et de M. Venizelos.

Par ailleurs, M. Samaras ne promet pas seulement une croissance sans investissements mais aussi une sortie de la crise sans diminution de la dette publique. La question d’une négociation sur le problème de la dette ne fait pas partie de ses objectifs. Car d’après lui, et comme il le déclare souvent en chœur avec les créanciers, la dette est viable. Il a même annoncé, il y a quelques jours, qu’il attendait que les créanciers lui livrent un certificat de viabilité de la dette( !).

Qu’est ce qu’on ne doit pas entendre ! Mais pour finir, on déduit que puisque M. Samaras prétend que la dette est viable – avec la garantie des créanciers– toute négociation est superflue et sans objet.

Amies et amis, ne nous faisons pas d’illusion.

En se riant du peuple grec, M. Samaras se ridiculise lui même.

Une telle situation pourrait prêter à rire si la situation n’était pas aussi grave.

Il nous faut dire la vérité au peuple grec, si désagréable soit-elle.

Il faut que le peuple grec se rende à l’évidence. Il n’est plus possible que notre pays sorte de la récession, qu’il retrouve une croissance viable, quand tous les indicateurs sont au rouge :

• Dette publique : deux fois supérieure du PIB.

• Dette privée sous la forme de dettes à l’État, aux fonds de pensions et aux banques : quasiment équivalente au PIB.

• Et en plus, une obligation mémorandaire d’un excédent de 10 milliards d’euros destinés uniquement au paiement des intérêts.

Dans une telle conjoncture, la viabilité de la dette est aussi illusoire que la quadrature du cercle.

Nos partenaires le savent naturellement aussi bien que nous. Et la restructuration de la dette publique de notre pays est inévitable.

En fait, la seule vraie question qui se pose est de savoir comment et dans quels termes elle sera concrétisée :

Une négociation pour aboutir à une solution plausible et viable ou pour mieux hypothéquer notre pays en cédant totalement son économie aux mains des créanciers ?

Une négociation dont les termes favoriseront la croissance ou l’imposition de nouvelles mesures d’austérité qui vont compromettre encore plus les potentialités productives de notre pays ?

Ce qui importe donc est de savoir les objectifs et le projet politique de la Grèce dans le cadre d’une négociation de la dette.

La Grèce sera-t-elle seule face à ses créanciers ou entourée du soutien des alliés qu’elle aura sollicités ?

Se tiendra-t-elle comme serre-file de la stratégie allemande ou sera-t-elle le fer de lance des changements nécessaires de l’Europe ?

Depuis le début de la crise SYRIZA déclare fermement et avertit que la Grèce ne constitue pas un cas à part et que la crise de la dette n’est pas spécifiquement grecque mais européenne.

C’est pour cela que nous réclamons la réunion d’une « Conférence Européenne pour la Dette » pour la gestion du surendettement de l’euro-zone et nous avons comme objectif une solution à l’instar de celle adoptée pour l’Allemagne par la Conférence Internationale de Londres.

La négociation sur la dette nécessite un projet politique concret et présuppose un débat qui laisse s’exprimer des avis divergents sur l’objet du litige. Des contestations sur la pertinence de la politique appliquée et ses résultats.

Mais M. Samaras ne conteste jamais. Il est toujours d’accord sur tout. Bien obéissant, il obtempère toujours aux ordres de Mme Merkel. Il n’est donc pas apte à négocier.

Quand on le voit à tout bout de champ vanter les résultats de l’austérité, comment ne pas penser que la poursuite de cette politique d’austérité sera la condition préalable de tout accord avec les créanciers sur la dette publique.

Par conséquent, ce gouvernement n’a ni la volonté ni la capacité de négocier et de défendre les intérêts nationaux. Il est inapte à revendiquer une solution viable pour le peuple grec.

Seul un gouvernement investi par un mandat populaire récent pourra organiser une stratégie nationale approuvée et soutenue par le corps social.

Pour cela nous demandons des élections sans délai, pour que s’apaise le vent de la catastrophe.

Nous ne demandons pas des élections par impatience de gouverner.

Nous demandons des élections immédiates parce que le pays ne peut plus attendre. Parce que le peuple ne peut plus patienter.

Nous demandons des élections parce que l’intérêt du peuple l’exige.

Nous demandons un mandat fort, soutenu par une large majorité parlementaire et un encore plus large consensus social, pour mener une négociation qui protège au mieux les intérêts de notre peuple en Europe.

Nous demandons le recours immédiat au verdict populaire et un mandat de négociation qui vise à l’effacement de la plus grande partie de la dette nominale pour assurer sa viabilité.

Ce qui a été fait pour l’Allemagne en 1953 doit se faire pour la Grèce en 2014. Nous revendiquons :

• Une « clause de croissance » pour le remboursement de la dette.

• Un moratoire – suspension des paiements – afin de préserver la croissance.

• L’indépendance des programmes d’investissements publics vis-à-vis des limitations qu’impose le Pacte de Stabilité et de Croissance

• Un « New Deal » : projet européen d’investissements pour la croissance, financé par la Banque européenne d’investissement.

• Un assouplissement quantitatif, avec le rachat direct des titres de dette publique par la Banque centrale européenne.

Nous déclarons aussi, haut et fort, que nous revendiquions toujours le remboursement du prêt imposé à la Grèce par les forces d’occupation nazies. Notre position sur ce sujet est connue de nos partenaires. D’ailleurs, dès le début de notre charge gouvernementale, cette question fera l’objet d’une demande officielle.

Chères amis et amies,

Nous, nous sommes prêts à négocier et nous multiplions les contacts pour l’élaboration de plans communs et d’associations collaboratives au sein de l’Europe, pendant que le gouvernement Samaras se contente de préserver uniquement son alliance avec le gouvernement allemand et de se soumettre aux décisions des créanciers.

Voilà donc deux approches différentes qui posent le dilemme suivant :

Une négociation européenne avec un gouvernement SYRIZA ou la contresignature de toutes les décisions des créanciers concernant la Grèce par le gouvernement Samaras ?

Ou, en deux mots :

Négociation ou renonciation ?

Croissance ou austérité ?

SYRIZA ou Nouvelle Démocratie ?

Amies et amis, Mesdames et Messieurs,

En assurant une solution socialement viable au problème de la dette grecque, notre pays aura la capacité de rembourser le restant de la dette avec les nouvelles disponibilités créées par le retour à la croissance et non pas celles créées par les privations des excédents primaires.

Nous mettrons en œuvre tous les moyens pour assurer la relance économique et industrielle du pays :

- En augmentant immédiatement le programme des investissements publics de 4 milliards.

- En réparant progressivement toutes les injustices commises par l’application du mémorandum.

- En redressant progressivement les salaires et les retraites afin de renforcer la demande et la consommation.

- En soutenant les petites et moyennes entreprises avec des incitations à l’emploi. L’industrie en subventionnant le coût d’énergie avec des clauses d’emploi et environnementales.

- En investissant dans le savoir, la recherche, les nouvelles technologies avec également pour objectif le retour au pays des jeunes diplômés qui l’ont quitté pour chercher du travail ailleurs.

- En reconstruisant l’état social, et du même coup, un état de droit et de méritocratie.

- Et pendant les négociations, et avant d’aboutir à une solution européenne viable, qu’est ce que vous faites ? Avez vous un plan ? C’est le genre de questions que nous ont posées avec bienveillance plusieurs personnes.

Conscients de notre responsabilité et aussi de l’inquiétude accrue pour l’avenir, nous répondons avec la franchise et la clarté requises par les circonstances.

Nous nous engageons, face au peuple grec, à remplacer dès les premiers jours du nouveau gouvernement – et indépendamment des résultats attendus de notre négociation – le mémorandum par un Plan National de Reconstruction, rigoureusement élaboré, et chiffré avec précision.

Le Plan National de Reconstruction se constitue d’un ensemble de mesures pour le redressement économique et social, regroupées autour de quatre grands axes :

1 : Mesures pour remédier à la crise humanitaire.

2 : Mesures prioritaires pour la relance de l’économie.

3 : Plan national de lutte contre le chômageet d’amélioration de la situation du marché du travail.

4 : Rétablissement institutionnel et démocratique du système politique.

A. Mesures pour remédier à la crise humanitaire

Notre programme d’un coût approximatif de 2 milliards d’euros, se constitue d’un ensemble d’interventions d’urgence servant de bouclier de protection pour les couches sociales les plus vulnérables.

Il inclut :

1) Emploi de l’énergie électrique à titre gratuit pour 300000 familles qui se trouvent en-dessous du seuil de pauvreté ( 3600 Kwh par an).

Programme de subventions alimentaires (coupons-repas pour 300000 familles). La mise en place de ce programme sera effectuée par un organisme public chargé de coordination avec la collaboration des instances régionales, de l’Église grecque, des mouvements associatifs solidaires, et par le biais d’épiceries sociales subventionnées.

2) Soins médicaux gratuits pour tous / Réduction drastique de la participation des patients aux dépenses pharmaceutiques.

Notre projet prévoit l’accès gratuit pour tous (avec ou sans sécurité sociale) aux services publics de santé et la préservation de l’accès aux médicaments nécessaires, en diminuant drastiquement – jusqu’à l’intégralité pour certaines catégories spéciales – la charge des patients à la dépense pharmaceutique.

3) Projet pour l’accès au logement.

Le projet prévoit la réhabilitation des anciens logements et hôtels abandonnés, afin d’assurer dans une première phase une disponibilité de 25.000 nouveaux logements avec des loyers subventionnés .

4) Mesures en faveur des petites retraites.

Nous nous sommes déjà engagés pour le relèvement progressif des petites retraites.

Nous nous engageons aujourd’hui, de surcroît et afin de renforcer la demande, à rétablir la prime du treizième mois pour les 1.262.920 retraités dont la pension ne dépasse pas les 700€. Et cette mesure sera étendue – progressivement et en fonction de la conjoncture économique – à tous les retraités et à tous les salariés.

5) Réduction des prix des transports publics.

Les chômeurs de longue durée et ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté pourront bénéficier d’une carte spéciale à prix très réduit (voire symbolique) pour tous les transports publics.

6) Différenciation de la taxe spéciale de consommation sur les produits pétroliers, en fonction des usages (en tant que carburant ou combustible de chauffage) afin de réduire le prix du pétrole de chauffage (de 1,20 à 0,9 €/litre).

B. Mesures pour la relance de l’économie

Le deuxième axe réunit les mesures de relance de l’économie, mesures dont la priorité est l’arrêt de la politique d’imposition actuellement menée malgré ses conséquences néfastes pour l’économie réelle, la mise en place d’une nouvelle seisachtheia [ndlr. « remise du fardeau » : mesure établie par Solon, pour faire passer l’intérêt de l’État avant celui des grands propriétaires], et le renforcement de la liquidité et de la demande.

Car la situation de l’économie réelle est aujourd’hui vraiment désastreuse.

Le raid fiscal opéré par le gouvernement sur la classe moyenne et la surimposition de ceux qui ne fraudent pas accablent la plus grande partie de la population, qui voit constamment menacés sa vie professionnelle, les bribes de son patrimoine, et même sa propre existence. De cette angoisse insupportable témoigne le nombre record de suicides.

Les classes laborieuses, les agriculteurs, les salariés, les petits et moyens entrepreneurs, le corps de l’économie réelle, en somme, doit affronter actuellement une tourmente d’impôts qui dépasse leurs forces de résistance.

Et sous peu c’est une nouvelle tourmente qu’ils vont devoir affronter. Celle des saisies de leurs propriétés privées par les banques, puisqu’ils rencontrent des difficultés à rembourser les emprunts qu’ils avaient contractés par le passé, avant la crise, avant leur chômage, avant la mutilation de leurs revenus, avant la fermeture de leurs entreprises.

L’obstination du gouvernement à accabler de charges supplémentaires ceux qui sont déjà à terre ne peut mener qu’à une impasse, tout simplement parce qu’on ne peut rien recevoir de quelqu’un qui n’a rien à donner. « Qui n’a rien, ne peut rien donner. »

Pour constater l’aberration de leur politique, il suffit de regarder le montant des créances attestées et non perçues par l’État : Il est à ce jour d’environ 68 milliards d’euros.

Et chaque mois qui passe, ce chiffre augmente d’un milliard d’euros.

C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. Pour établir la vérité sur l’économie réelle du pays et exposer les mesures d’urgence qui permettront de la délivrer de la pression qu’elle subit. Nous nous adressons aux millions de victimes de M. Samaras et de la Troïka – salariés, petits et moyens entrepreneurs, agriculteurs, chômeurs – en leur dédiant notre intervention d’aujourd’hui.

1. Mesures pour la levée immédiate de la répression dans l’économie réelle

1. Création de Comités spéciaux pour le règlement extrajudiciaire des litiges fiscaux dans chaque région afin de procéder aux règlement immédiat des dettes fiscales authentifiées et non acquittées jusqu’au 31.12.2014. Le règlement des litiges fiscaux concernant les petites et moyennes entreprises pour des dettes authentifiées, amendes ou tout autre différend les opposant à l’administration fiscale sera prioritaire afin d’être établi équitablement et dans un délai de six mois le montant exact des créances réelles et percevables par l’État.

2. Les montants qui résulteront de l’apurement seront réglés en 84 mensualités et dans tous les cas de façon à ce que le montant total des versements annuels ne dépasse pas le plafond de 20% du revenu annuel du débiteur.

3. Un processus de régularisation similaire des dettes arrivant à échéance sera appliqué aux conflits les opposant aux caisses d’assurances. En cas d’accumulation des dettes et de taxes contributives, le montant total des versements annuels de remboursement sera plafonné au 30% du revenu annuel du débiteur.

4. L’engagement d’un processus de régularisation entraîne pour tout redevable l’arrêt immédiat des poursuites pénales et des saisies des comptes bancaires, de la résidence principale, des salaires, etc., ainsi que l’octroi d’une attestation de régularité fiscale.

5. L’engagement du processus de régulation entraîne également la suspension de peines et des mesures coercitives pendant douze mois pour les débiteurs dont l’absence de revenu est attestée.

6. Suppression de l’extension de la procédure simplifiée des flagrants délits à l’égard des débiteurs de l’État . Suppression de l’avance de 50% de la dette établie comme condition préalable au recours du contribuable devant les tribunaux, en privant de la protection judiciaire les personnes incapables de payer. L’acompte sera défini par acte judiciaire et sera fixé selon la capacité financière (10% à 20%).

Avec ces mesures, nous n’aspirons pas uniquement à soulager les gens qui souffrent et qui forment l’épine dorsale de l’économie, mais aussi relancer l’économie réelle en la libérant de la répression étouffante des taxes et des majorations imposées, totalement improductives car non percevables.

Le bénéfice immédiat estimé par la régularisation des dettes et le début des paiements des acomptes nous permettra de financer des actions nécessaires pour l’allègement et la répartition équitable des charges.

D’ailleurs dans le cadre des mesures visant à relancer l’économie nous annonçons aujourd’hui l’abrogation immédiate de la nouvelle taxe foncière.

2. Abrogation immédiate de la nouvelle taxe foncière (ENFIA)

Car elle est le symbole de l’injustice sociale qui caractérise l’ensemble de la politique économique du gouvernement Samaras.

Au service des grands patrimoines, les dirigeants actuels ont créé une taxe qui méprise les règles les plus élémentaires tant pour fixer sa base que son taux. Sans l’addition globale de la valeur de toutes les propriétés, sans l’établissement d’un barème de taux progressif, ou d’un seuil d’ exonération, c’est une taxe prélevée au détriment des personnes pauvres et des couples à faibles revenus avec des enfants qui ont comme patrimoine unique leur résidence principale.

L’ ENFIA, par conséquent, ne peut pas être corrigée, elle ne peut pas être améliorée – elle ne peut être qu’abrogée. A sa place :

• Nous établirons une taxe socialement juste sur la grande propriété (FMAP) et nous ne taxerons personne sur des valeurs fictives.

• Les valeurs des biens retenues pour la base d’imposition seront réajustées immédiatement de 30% à 35%.

• Son taux sera progressif et le seuil d’exonération élevé.

• La résidence principale sera exemptée, à l’exception des propriétés de grand luxe ostentatoire.

L’introduction de cette taxe dans le système fiscal grec fait partie de la réforme fiscale qui se mettra en place progressivement afin de rétablir sa conformité au principe constitutionnel de la répartition des charges fiscales selon la capacité contributive des personnes imposables, afin également d’enrayer toute possibilité de contourner la loi et afin de lutter efficacement contre la fraude fiscale.

3. Restauration du seuil de non-imposition à 12000 €/an.

Nous rétablirons la progressivité de l’imposition des personnes physiques en augmentant le nombre de tranches d’imposition et en restaurant le seuil de non imposition de 12 000€/an pour tous afin de redistribuer la charge fiscale au profit des personnes à faible et moyen revenu. Cette mesure est d’autant plus nécessaire qu’après quatre années de frénésie fiscale les « classes populaires » et les « classes moyennes » sont vraiment exténuées financièrement.

4. Nous institutionnalisons une « nouvelle Seisachtheia » (libération des dettes)

Elle s’appliquera aux créances douteuses, aussi appelées « rouges », car leur effacement partiel est un préalable indispensable tant à l’assainissement des portefeuilles bancaires, qu’à la restauration de la liquidité monétaire et au soutien de la croissance et de la relance de l’économie.

La « nouvelle seisachtheia » s’appliquera au cas par cas et consistera à l’effacement partiel des dettes des personnes qui se trouvent sous le seuil de la pauvreté. Elle régira en tant que principe général le rajustement des dettes des particuliers de façon à ce que leur remboursement (à l’état, aux banques, aux caisses d’assurance) ne dépasse pas le tiers du revenu de l’emprunteur.

5. Création d’un organisme public chargé de la gestion de la dette privée.

Son rôle ne sera pas celui d’une « bad bank », mais bien au contraire il interviendra en tant que gestionnaire de toute dette envers une banque arrivée à échéance et sera également chargé du contrôle des moyens de recouvrements accordés par les banques.

Il garantira le traitement juste et équitable de tous les emprunteurs, en gérant l’ensemble des dettes exigibles envers les banques, avec la collaboration des Comités Spéciaux d’arbitrage chargés à leur tour des dettes envers l’état et des caisses d’assurances, afin d’avoir une image globale des charges de tout débiteur et faciliter les remboursements.

Bien évidemment, il s’agit tout d’abord d’empêcher l’utilisation de la dette privée comme moyen de confisquer la propriété des citoyens, et comme moyen de contrôler le secteur privé de l’économie.

Au cours des prochains jours, SYRIZA va déposer au Parlement un amendement législatif pour une prolongation indéfinie de la suspension de la vente aux enchères des résidence principales dont la valeur est inférieure à 300 000 €. Nous déposerons également une proposition d’ interdiction législative de vente ou de cession des titres à des institutions bancaires non reconnues ou à des entreprises de gestion de contrats de prêts et de garanties.

En deux mots, nous ne permettrons pas aux vautours des « distress funds » internationaux de spéculer en confisquant les maisons des citoyens.

Chers amis et amies

Je l’ai dit l’année dernière, ici, à cette tribune – je le répète encore une fois cette année : la clé pour la relance de l’économie est le système financier.

Avec SYRIZA au gouvernement, le secteur public reprend le contrôle de la Caisse de Stabilité Financière et exerce tous ses droits sur les banques recapitalisées.

Cela signifie qu’il a le premier mot à dire sur leur administration.

En même temps, nous mettons en place des opérations ciblées afin d’assurer la liquidité dans l’économie réelle. Parmi ces opérations figure la mise en place d’une banque de développement et de banques spécifiques.

6. Mise en place d’une banque de développement et de banques spécifiques

Pour nous, la nouvelle architecture du système bancaire comprendra, outre les banques recapitalisées systémiques, de nouvelles banques coopératives spécifiques et une banque publique de développement.

C’est pourquoi, nous allons créer une Banque de Développement, et des banques à mission spécifique, pour le financement des PME et des agriculteurs. Pour soutenir la liquidité nécessaire au développement d’équipes professionnelles dynamiques qui à leur tour donneront de l’énergie et une nouvelle impulsion à la croissance et au redressement productif.

7. Restauration du salaire minimum à 751€

Nous augmenterons le salaire minimum à 751€ pour tous les travailleurs, indépendamment de toute condition d’âge.

Notre modèle économétrique confirme les conclusions du modèle de l’Institut du travail de la GSEE (Confédération Générale des Travailleurs Grecs) : la restauration du salaire minimum non seulement n’aggrave pas, par son coût, la croissance mais elle lui est même bénéfique.

Selon les estimations, même en ne prenant en compte que la première année de sa mise en place, elle aura comme effet une augmentation de la demande intérieure de 0,75%, et du PIB de 0,5%. En outre, elle permettra de créer 7.500 nouveaux emplois.

Chers amis,

Le troisième axe de notre Plan National de Redressement que nous vous présentons aujourd’hui s’inscrit dans la perspective de notre grand objectif national, celui de rétablir le plein emploi dans notre pays, de redonner de l’espoir et des perspectives d’avenir à nos jeunes qui émigrent massivement alors que leur force vive est nécessaire pour reconstruire notre pays.

C. Plan de reprise de l’emploi

1. Restauration du droit du travail

Les droits des travailleurs supprimés par les lois mémorandaires seront immédiatement rétablis, en même temps que le salaire minimum. Les conventions collectives seront rétablies ainsi que le principe de la prorogation des avantages acquis en vertu d’une ancienne convention collective ou accord.

L’OMED (Organisme de Médiation et d’Arbitrage), chargé du soutien des négociations entre employeurs et employés, sera également rétabli dans ses fonctions.

Les réformes concernant les licenciements collectifs et abusifs, les contrats précaires de « location des employés » seront abrogées.

2. Plan de création de 300.000 nouveaux emplois dans les secteurs publics et privés et dans ceux de l’économie sociale.

Nous mettons immédiatement en œuvre un programme spécial d’aide à la reprise d’emploi, qui s’étale sur deux ans, d’un coût total de 5 milliards d’euro dont 3milliards pour la première année.

Le programme prévoit une augmentation nette des postes – environ 300 000 – dans tous les secteurs, privé, public, et dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.

La mise en place d’un programme de cette ampleur a pour vocation – et je dirais même pour contrainte – l’insertion des chômeurs de longue durée, des seniors de plus de 55 ans, et des jeunes. Il concerne en somme tous ces chômeurs qui ne pourront pas trouver un emploi sans incitations spécifiques à l’embauche.

En dehors de l’administration locale, leur insertion dans le secteur privé sera accompagnée de subventions ciblées pour la création de nouveaux postes pour les jeunes de 15-24 ans et les chômeurs de longue durée de plus de 35 ans, dans les petites et moyennes entreprises.

Notre projet prévoit également de financer des partenariats public-privé en faisant appel à des prestataires privés pour la gestion des équipements et des opérations de service public. Ces contrats de partenariat seront accompagnés de clauses d’embauche de chômeurs de longue durée et de jeunes.

Des aides financières sont également prévues pour les chômeurs qui créent de nouvelles entreprises ou leur propre activité.

3. Les catégories des bénéficiaires de l’allocation chômage seront élargies.

Avec la réduction du nombre de chômeurs actuels, par la création de 300 000 nouveaux emplois, nous pourrons faire bénéficier de l’allocation chômage à un nombre équivalent de chômeurs à qui les critères sociaux actuels ne permettent l’accès à aucune autre allocation.

Le quatrième axe de notre Plan National concerne les changements institutionnels, des changements majeurs, à savoir les transformations qu’apportera SYRIZA aux institutions et à la fonction publique.

D. Interventions pour la reconstruction institutionnelle et démocratique de l’État.

Dès la première année de la gouvernance de SYRIZA, nous mettons en œuvre le processus de redressement institutionnel et démocratique de l’État.

Le redressement de l’État est en effet devenu une nécessité. Cependant, il ne peut être atteint par des cycles successifs de licenciements, qui plus est, de licenciements souvent illégaux, et ce par des illégalités commises pour atteindre des objectifs budgétaires insignifiants et ce aux dépens de services souvent essentiels pour le bon fonctionnement de l’État.

Donc, nous procédons directement au renforcement institutionnel et opérationnel des trois cellules de la République : le Parlement, les collectivités locales et le syndicalisme de base.

(a). Nous soutenons les structures régionales.

Nous renforçons tout d’abord la participation démocratique et la transparence, l’autonomie économique et le fonctionnement efficace des municipalités et des régions.

Nous organisons une transition ordonnée vers un état décentralisé. En parallèle, nous amorçons le dialogue avec la société et les instances régionales pour le remplacement du plan de décentralisation actuel (« Kallikratis ») par un nouveau cadre institutionnel pour la décentralisation qui sera achevé avant les prochaines élections régionales.

Progressivement, nous augmentons les ressources des collectivités régionales pour renforcer leur participation active au redressement productif du pays.

Ainsi, elles pourront bénéficier non seulement de prêts à faible taux d’intérêt, mais aussi de l’émission par la future Banque de Développement des obligations destinées au financement de leurs interventions.

(b) Nous renforcerons les institutions de la démocratie représentative et introduirons de nouvelles applications institutionnelles de la démocratie directe dans le fonctionnement du système politique, telles que l’initiative législative populaire, le veto populaire, le référendum d’initiative citoyenne.

Nous renforcerons le rôle du Parlement dans sa fonction législative et sa fonction de contrôle de l’exécutif, nous délimiterons sévèrement l’immunité parlementaire et nous supprimerons le statut particulier des ministres en matière de responsabilité pénale qui institutionnalise une « déviation vicieuse des principes d’une société démocratique. »

(c) Nous redéfinissons la charte de fonctionnement de l’ensemble des moyens de diffusion de l’information grecs, en redessinant le paysage audiovisuel conformément aux exigences légales et avec une surveillance accrue sur leur transparence.

Nous renfonçons les médias régionaux.

Nous créons une vraie télévision publique, démocratique, pluraliste et de haute qualité en reconstituant l’ERT à partir de zéro.

Chers amis

Nous, nous ne promettons pas. Nous nous engageons.

Et maintenant, ici, dans la 79e exposition de Thessalonique, nous ouvrons un grand débat avec les citoyens pour aboutir à la prise de décisions communes.

Ce débat se prolongera avec treize autres conférences régionales programmatiques qui viendront illustrer ce nouveau processus de planification, décentralisé et démocratique, de la politique de notre pays.

Chers amis

Nous aspirons à un consensus national et social sur le long terme qui engage notre responsabilité commune sur les choix et les décisions qui concernent la reconstruction de notre pays.

Il ne s’agit pas là d’un simple effet d’annonce. Il s’agit du seul espoir de notre peuple, de la condition de la survie nationale et sociale.

C’est pourquoi aujourd’hui, nous vous avons présenté, non pas ce que nous souhaitons, mais ce que nous pouvons faire. Un plan réaliste et réalisable d’apaisement social et de relance de l’économie.

Notre plan est chiffré.

Nous avons calculé le coût total du plan immédiat contre la crise humanitaire et le coût budgétaire de la suppression des mesures fiscales qui ont été imposées arbitrairement par le gouvernement actuel.

Il sera entièrement financé par les actions suivantes :

Tout d’abord par toutes les mesures et les procédures de régularisation que j’ai déjà présentées. Car nous attendons d’elles un double avantage, aussi bien social qu’économique : d’une part, qu’elles soulagent des citoyens de l’emprise d’une imposition lourde et qu’elles reconstituent de leurs capacités contributives, et d’autre part, qu’elles inversent la récession et relancent l’économie.

Sur les 68 milliards de dettes exigibles, les régularisations permettront à l’état d’encaisser au moins 20 milliards sur une durée de sept ans, dont €3 milliards dès la première année. La répression de la fraude et de la contrebande, si elle est menée avec détermination et animée par la volonté politique de faire hardiment face aux grands intérêts privés, sera une autre source de recettes pour l’état.

Et ici, permettez-moi d’ouvrir une parenthèse.

La déclaration de Mme Lagarde sur les menaces dont elle aurait fait l’objet (à la suite de ses critiques sur l’attitude des Grecs face aux impôts) est stupéfiante.

Mais le silence du gouvernement l’est tout autant. Il est même inacceptable.

Et je pose la question : Tous ces gens qui en écoutant nos propositions agitent le doigt en ressassant toujours la même phrase « avec quel argent ? » ont-ils entendu cette déclaration ?

Envisagent-ils de faire quelque chose ?

Répondront-ils un jour aux questions qui concernent l’impunité scandaleuse dont bénéficient certaines catégories de personnes ? Nous, nous avons déjà élaboré un plan d’action étalé sur six mois contre cette gangrène, qui prévoit :

Tout d’abord, l’intensification et l’accélération des contrôles des transactions intragroupe, des « listes Lagarde », de Liechtenstein, des transferts de fonds, des sociétés offshore et de l’immobilier à l’étranger.

A cet effet, on met en place un service spécial composé d’experts et muni du support technologique approprié après la longue, déplorable et énigmatique inaction du gouvernement actuel.

Deuxièmement, notre plan d’action prévoit l’amélioration et la rapide installation de systèmes d’entrées-sorties et de détecteurs moléculaires dans tous les réservoirs et toutes les stations d’essence afin d’éradiquer la contrebande des carburants.

Notre projet prévoit également l’installation accélérée de détecteurs à rayons X, aux entrées douanières du pays, car nous pouvons et nous voulons être efficaces dans la lutte contre la contrebande à la fois des carburants, et des cigarettes et d’autres produits.

Les estimations des recettes provenant de la répression de la fraude fiscale et de la contrebande, ont parfois été très ambitieuses. Nous, avec modération, nous estimons que notre plan d’action apportera aux caisses de l’état, la première année, au moins trois milliards d’euros .

En ce qui concerne le coût du capital de départ du secteur public, du vecteur intermédiaire et de banques spécialisées – estimé à 3 milliards d’euros – , il sera financé par le soutien de 11 milliards d’euros prévu pour les banques par le Mécanisme de Stabilité.

Quant au coût de notre plan pour la reprise de l’emploi, estimé à 3 milliards d’euros pour la première année de son application (5 milliards d’euros coût global), il sera financé par les fonds structurels (FEDER et FSE) prévus (CRSN 2007-2013 :€1milliard + €1,5 milliards dans le cadre de ESPA 2014-2020), et 500 millions d’euros par d’autres fonds européens pour le soutien de l’emploi.

Et ici, je voudrais ajouter que dans le cadre des efforts titanesques que nous engageons pour la restauration des retraites, notre gouvernement attribuera aux fonds d’assurance certaines des parties du patrimoine public qui stagnent actuellement dans les tiroirs du TAIPED (Fonds de Privatisation).

C’est une mesure nécessaire pour réparer le crime du PSI (« private sector involvement ») qui a dévasté les caisses d’assurance et les détenteurs d’obligations, avant la restauration progressive des retraites.

Chers amis et amies,

Je viens de répondre de manière claire, au moyen de faits et de chiffres, à l’éternelle question que l’on nous pose depuis trois ans à chaque fois que nous proposons une voie de sortie de la crise : « Avec quel argent ? »

Mais aujourd’hui, au-delà de l’analyse des coûts et des bénéfices de nos engagements, je veux souligner le besoin de voir la crise et ses impératifs d’un autre œil que celui du petit comptable qui ne sait qu’aligner des chiffres.

Il faut aussi faire preuve d’un regard critique et libéré de tout dogmatisme.

L’économie n’est pas une simple comptabilité.

Plusieurs facteurs dynamiques concourent à un résultat et déterminent l’économie.

Ce n’est pas un exercice de répartition de ressources limitées.

C’est un système ouvert avec des capacités de production.

Nous, nous connaissons bien les chiffres néfastes de l’économie que nous allons hériter de nos prédécesseurs. Nous connaissons l’état pitoyable causé par les œillères des gouvernements mémorandaires.

Mais nous sommes aussi profondément convaincus qu’il y a une possibilité de sortie du bourbier de la récession. Elle implique la mobilisation de toutes les grecques, de tous les grecs.

La mobilisation et le salut du potentiel productif de notre pays. De tous ceux qui restent debout, qui résistent et se battent.

Nous, nous croyons que SEUL le désir des classes laborieuses, des créateurs féconds et productifs, et surtout des jeunes, de dépasser la conditions actuelle et de s’ouvrir un nouvel horizon peut remettre debout la Grèce et son économie.

C’est une aspiration collective, un projet commun et l’espoir d’un meilleur avenir qui peuvent ramener la croissance à notre pays et non pas l’outillage de l’OCDE et les recettes du FMI.

C’est le patriotisme, la droiture d’esprit, l’ingéniosité et l’étoffe du citoyen grec qui aura le courage et la force de porter sur ses épaules la réussite du Projet de Redressement National, en mettant à profit les potentialités inestimables et les avantages incomparables de notre terre et de ses habitants. D’ailleurs, chers amis, c’est devenu maintenant une prise de conscience collective : La crise que nous vivons n’est pas seulement économique, elle n’est pas seulement une destruction du tissu productif, une récession prolongée et un désinvestissement.

La crise est aussi sociale, comme le démontre on ne peut plus clairement le caractère sans précédent en temps de paix du chômage et de la pauvreté. Mais c’est aussi une crise des institutions et des valeurs, une crise de confiance de la société envers la politique, le Parlement, les partis politiques, les syndicats. Une crise de confiance sur notre propre capacité à affronter ensemble, en tant que société, la crise.

C’est pour cela que le point de départ de la réflexion de notre projet est cette ultime analyse, cet ultime constat : il est de la première importance de croire à notre force collective, de croire, nous tous, à un avenir meilleur que nous dessinerons et nous matérialiserons ensemble, « Simul et Singulis ».

Ensemble et aussi individuellement, car notre force est collective mais elle suppose la conscience de notre propre responsabilité en tant qu’individus. Chaque personne a besoin de croire à un état respectueux et bienveillant à l’égard de l’individu et de la société, mais l’état et la société ont également besoin des individus soucieux du bien-être commun. Un état décentralisé et concentré sur ses citoyens, en somme.

Nous devons croire à notre capacité, en tant que corps social, à tracer des projets collectifs, mais nous devons aussi nous engager personnellement et consciencieusement à leur matérialisation.

Ce défi ne nous intimide pas. Nous avons prouvé par le passé et à des moments encore plus difficiles de notre histoire que nous en étions capables.

C’est pour cela que le premier cycle des mesures de réédification de la société débutera avec la mise en œuvre de deux actions parallèles.

La première consiste à affronter les causes endogènes de la crise.

La deuxième concerne les causes extérieures, en revendiquant une nouvelle place et un nouveau rôle pour notre pays au sein de l’Europe, des Balkans, de la Méditerranée et dans le monde.

Ils se trompent ceux qui croient que la relance de l’économie – si un jour, elle s’amorce – réduira par son simple fait la pauvreté et le chômage ou qu’elle restaurera la confiance dans la politique et les institutions.

En revanche, si notre projet est simple, concret et réaliste, c’est parce qu’il se fonde sur un diagnostic pragmatique. Et aussi et surtout parce qu’il est subversif. Le réalisme commande le renversement des choix uniques des néolibéraux, le renversement des enfermements mémorandaires.

Chers amis,

Aujourd’hui, SYRIZA a fourni des réponses.

Réalistes et subsersives à la fois.

Nous n’ avons pas formulé des suppositions.

Nous avons pris des engagements.

Nous n’avons pas partagé des promesses.

Nous avons départagé des responsabilités.

Car nous nous engageons dans un sentier ardu.

Ce n’est pas seulement de la terre brûlée qu’il va trouver le gouvernement de SYRIZA.

Mais un pays divisé et dévasté politiquement, socialement et économiquement.

Notre responsabilité : De le rassembler et de le ramener à la terre ferme et féconde du redressement, de la démocratie, et de la justice sociale.

C’est cette responsabilité que nous avons voulu partagé avec vous aujourd’hui.

La responsabilité d’un combat commun pour la Grèce dont nous sommes dignes.

Pour une Grèce volontaire et fière, démocratique et juste.

C’est cela notre dette.

Vis à vis de notre histoire.

Vis à vis de nos enfants.

Vis à vis de notre avenir.

Je vous remercie.

Alexis Tsipras

Syriza, TSIPRAS Alexis

Source  : www.ensemble-fdg.org

Source: http://www.les-crises.fr/pour-eux-memes-pour-leurope-les-grecs-doivent-voter-syriza-son-programme/


Le terrorisme ne se combat pas par la guerre, par Pierre Conesa

Saturday 24 January 2015 at 00:01

Je vous propose aujourd’hui une excellente interview de Pierre Conesa, spécialiste des questions stratégiques internationales en particulier militaires, réalisée par l’excellente chaine Youtube ThinkerView.

Eh, tout d’un coup, on n’est pas mieux ici que sur LeMonde.fr, non ? :)

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Comment lutter contre la radicalisation ? Deux semaines après les attentats qui ont fait 17 morts en France, la question est au centre du débat. Pour Pierre Conesa, ex-haut fonctionnaire au ministère de la Défense et auteur d’un rapport sur ce sujet, il faut d’abord s’appuyer sur “les élites musulmanes”. Autre priorité : se resituer sur la scène internationale.

“Quelle politique de contre-radicalisation ?” C’est le titre du rapport rendu par Pierre Conesa fin décembre 2014 à la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme. Après le choc provoqué par les attentats meurtiers des 7 et 9 janvier derniers à Paris, c’est la question de l’après qui se pose. Et notamment celle de la lutte contre la radicalisation.

Objectif n°1 : désigner la cible

Pour Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, l’objectif premier d’une politique de contre-radicalisation est de “désigner la cible“, car “c’est le seul moyen de faire comprendre que la composante musulmane de la société française n’est pas concernée dans sa totalité par ces comportements“.

La cible, pour ce spécialiste des questions stratégiques internationales, a un nom : le salafisme. “Le salafisme est une idéologie propagée par l’Arabie saoudite dans les années 1980-90 pour lutter contre les Frères musulmans, qui avaient fait l’erreur de soutenir Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe. Le salafisme, abondé par l’argent de l’Arabie saoudite, a propagé partout des mosquées avec des imams salafistes, y compris en Algérie, et nos amis algériens l’ont payé“.

Inutile donc de stigmatiser toute une communauté. Au contraire, selon Pierre Conesa, il faut s’appuyer sur la “classe moyenne musulmane“. Une démarche qui oblige à comprendre d’abord les racines de ces mouvements de ré-islamisation.

Les “reborn muslims”, des enfants de parents “trahis par la République”

Je voudrais rappeler un épisode qu’on a vécu dans les années 1980, c’est la Marche des beurs, qui était sur la thématique ‘liberté, égalité, fraternité’. La réponse du Parti socialiste, à l’époque, a été de constituer SOS racisme avec aucun des leaders de la Marche. Et ça, c’est le genre de choses qui a fait que les enfants de ces gens-là, qui avaient cru à la République, se sont ré-islamisés. Donc les “reborn muslims”, ceux qui vont ensuite donner naissance à ces salafistes, sont des enfants dont les parents ont été trahis par la République“.

Pour l’auteur du rapport “Quelle politique de contre-radicalisation ?”, il est urgent de trouver un interlocuteur crédible dans la communauté musulmane, car elle est le réseau le plus “avancé, puisque c’est elle qui, à travers les imams, les théologiens, les présidents d’associations, les travailleurs sociaux, connaît la communauté. Or quel est leur interlocuteur aujourd’hui ? Le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), mais c’est une structure qui ne fonctionne pas“.

Au coeur de la politique de contre-radicalisation, il y a donc la communauté musulmane. “On ne va pas définir une politique de contre-radicalisation sans les élites musulmanes. Il y a des volets entiers qui ne relèvent pas du gouvernement. Ce n’est pas le ministre de l’Intérieur  qui va tenir un discours théologique. Donc aujourd’hui construire cette interface est une première chose“.

Une nouvelle politique extérieure : “le terrorisme ne se combat pas par la guerre”

Au-delà de la politique intérieure, la France doit aussi “se resituer complètement sur la scène internationale“, poursuit Pierre Conesa. ”Autre aspect important, c’est la perception de l’ensemble de la communauté sur les ratés de la politique extérieure. On a depuis une dizaine d’années utilisé la force armée pour aller sur des tas de théâtres extérieurs pour lesquels aujourd’hui il n’y a aucun résultat positif. Le terrorisme ne se combat pas par la guerre. Il ne se combat pas non plus par l’augmentation des budgets de la police et du renseignement. C’est un des volets seulement“.

Source : France Info

Source: http://www.les-crises.fr/le-terrorisme-ne-se-combat-pas-par-la-guerre-par-pierre-conesa/


Revue de presse du 24/01/2015

Saturday 24 January 2015 at 00:00

Cette semaine la revue rapporte notamment les contradictions de quelques acteurs entre le passé et le présent : les USA et “l’État Islamique”; Hollande et l’utilisation du terrorisme. Parallèlement les prétextes à moins de démocratie ne manquent pas. Les articles du thème Réflexion seront donc d’autant plus bienvenus, sans oublier les suites de 2 “feuilletons”. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-24-01-2015/


[Hold-Up à 1 100 000 millions d'€] QE : comment la BCE se moque du monde !

Friday 23 January 2015 at 01:00

Je réagis rapidement à ce (nouveau) scandale bancaire.

Comme la presse a souvent écrit des bêtises, je vous renvoie vers le communiqué de presse de la BCE

Que va faire la BCE ?

Mario Draghi a annoncé un programme de rachat d’actifs de 60 milliards d’euros par mois de mars 2015 jusqu’à fin septembre 2016, soit un QE à plus de 1 100 milliards d’euros au total.

Les achats d’obligations souveraines seront réalisés au prorata de la répartition du capital de la BCE, c’est-à-dire qu’un montant réduit sera consacré au rachat des dettes des plus petits pays comme la Grèce. Ils concerneront les obligations des États membres de la zone euro et des Institutions européennes.

(Cela fait quand même la bagatelle maximale de 220 Md€ pour la France – soit presque 4 années d’impôt sur le revenu !!!)

La BCE achètera des obligations de 2 à 30 ans

Les taux des obligations à dix ans sont les plus souvent cités en référence, mais les interventions de la BCE porteront sur toutes les maturités : aussi bien sur des dettes à deux ans que sur des dettes à trente ans.

Pour ne pas déstabiliser les marchés, il est indiqué que la BCE ne rachètera sur le marché secondaire pas plus que 25 % du montant de chaque émission obligataire des différents États, et pas plus de 33% de la dette totale de chaque émetteur…

Les risques ne seront partagés que sur 20% des titres achetés

Dans le cadre du vaste programme d’achats d’actifs lancé jeudi par la BCE, seuls 20% des titres achetés seront susceptibles de provoquer des pertes assumées collectivement par l’ensemble des États de la zone euro, a annoncé Mario Draghi.

“20% des achats d’actifs supplémentaires seront soumis à un régime de partage des risques”, a expliqué Draghi, limitant ainsi le degré de solidarité entre contribuables européens lors des futurs achats massifs de dette publique et privée, qui doivent commencer dès mars prochain.

On notera que même les Echos n’ont rien compris… :

(bas, on ne parle que de 600 Md€ de solidarité en + ou en -)

Pourtant, le reste des journaux a compris, et la BCE est claire :

“En ce qui concerne le partage des pertes hypothétiques, le Conseil des gouverneurs a décidé que les achats de titres des institutions européennes (qui s’élèveront à 12 % des achats d’actifs supplémentaires et qui seront effectués par les banques centrales nationales) seront soumis au partage des pertes. Les autres achats d’actifs supplémentaires réalisés par les BCN ne seront pas soumis au partage des pertes. La BCE détiendra 8 % des achats d’actifs supplémentaires. Cela signifie que 20 % de ces achats supplémentaires feront l’objet d’un régime de partage des risques.”

Ainsi, ces 20 % se scindent en 12 % des achats concerneront les obligations des Institutions Européennes (donc a priori les institutions type MES servant à boucher les trous précédents…) et 8 % achetés directement par la BCE.

Les 80 % restant sont achetés directement par les banques centrales de chaque pays, SANS AUCUNE SOLIDARITÉ européenne !

Et donc cela revient à dire que c’est chaque banque centrale nationale qui va racheter les obligations de son propre gouvernement sur le marché secondaire…

C’est une vraie innovation (et j’avoue ne même pas voir comment c’est juridiquement possible) : jusqu’à présent, l’EuroSystème (= toutes les banques centrales nationales) était à 100 % solidaire…

D’où ce commentaire incroyable :

P.S. s’il y a des tabous, c’est pour une raison. L’avenir nous remontrera pourquoi…

Bah oui : on détricote 80 % de la solidarité, donc c’est un progrès vers l’Union.

Cela me semble être au contraire un sacré pas vers la dissolution de l’euro !

Lors de la fin de l’euro, ils nous diront encore que c’est une belle occasion d’aller vers plus d’union, vous verrez…

Bref, il ne faut pas s’étonner dès lors que “L’usage d’un tel programme comme instrument de politique monétaire a fait « l’unanimité » parmi les 25 membres du Conseil, a précisé Mario Draghi, et le choix de l’enclencher dès mars a seulement fait « consensus », car certains membres du Conseil ne voyaient pas l’urgence d’agir dès maintenant.”
L’Allemagne traine les pieds, mais elle ne s’est pas opposée ici à la mesure, vu que, au pire du pire, ne lui couterait qu’une cinquantaine de milliards – vu que 80 % de pertes seront pour les pays acheteurs de dette…

Hein ?

Bon, en résumé : la BCE va faire tourner la planche à billets (on appelle ça QE pour que les gens ne comprennent pas) pour racheter des dettes publiques à ceux qui en ont déjà acheté.

Et ça sert à quoi ?

1. Officiellement, “c’est pour lutter contre la déflation rampante” – et donc pour faire monter les prix.

En effet, c’est exactement ce qui s’est passé aux États-Unis, précurseurs :

Ah non, flûte – Caramba, encore raté…

P.S. je signale que ce n’est pas parce que cela semble marcher au début qu’il y a lien – on peut s’amuser à faire dire n’importe quoi à de tels graphiques, en mettant n’importe quelle donnée. En revanche, c’est un excellent moyen de “prouver négativement” qu’il n’y a pas de lien, quand on voit une divergence majeure comme ici…

Pourquoi cela ne marche-t-il pas ?

Il est vrai, qu’en général, par le passé, quand on faisait tourner la planche à billets, cela faisait de l’inflation. Mais pas là.

C’est lié au fait qu’on a désormais une énorme économie financière, au dessus-de l’économie réelle, qui modifie les flux financiers.

Economie réelle financière

Mais en fait, le principe est toujours vrai, simplement on a une mauvaise définition.

Car on appelle inflation l’”évolution des prix à la consommation”, donc ce que vous achetez tous les jours.

Et on ne compte pas là dedans les prix des actifs : actions, obligations, immobilier…

Regardez, on vous serine que la BCE a terrassé l’inflation depuis 20 ans (donc “que les prix ont peu augmenté”), mais si vous avez acheté un bien immobilier dans cette période, vous vous êtes normalement aperçu qu’il y avait un petit souci dans sa définition de l’inflation… Et vous auriez sans doute préféré une baguette plus chère mais les prix immobiliers de 1995…

C’est un peu comme si je disais qu’actuellement, on a une déflation cataclysmique de – 50 % – en vous précisant que, bien entendu, j’appelle “inflation” l’évolution des seuls prix du pétrole…

Et en fait, dans l’économie financiarisée actuelle, les actions de la banque centrale ont bien tendance à faire de l’inflation – mais de l’inflation des actifs. J’avais analysé ceci pour la Suisse il y a 2 ans (au vu des ses magnifiques séries historiques) :

Masse monétaire inflation suisse

Et quand on voit le cours actuel des actions (records historiques – ce qui est clairement du délire vu le contexte économique !!), des obligations, de l’immobilier, des taux d’intérêts, on voit bien qu’il y a bien un fort effet inflationniste – mais des actifs.

2. on a droit aussi à “c’est pour relancer la croissance

J’imagine que c’est de nouveau au vu du phénoménal succès américain :

Ah non, flûte – Caramba, encore raté…

Si des types dans une cave à Francfort pouvaient relancer la croissance, cela se saurait…

Je cite donc le grand et regretté J.K. Galbraith, ancien conseiller économique de plusieurs présidents américains (source dans ce billet : Action des banques centrales : l’élégante esquive de la réalité) :

“On estime que les mesures discrètes prises par la Federal Reserve sont les plus approuvées et les mieux acceptées des interventions sur l’économie. Elles n’en sont pas moins parfaitement inefficaces, elles n’ont pas l’effet qu’elles sont censées avoir. La récession et le chômage – ou le boom et l’inflation – se poursuivent. C’est un des mensonges auxquels nous tenons le plus. [...]

Depuis 1913, date à laquelle la Federal Reserve a commencé à exister pleinement, le bilan de sa lutte contre l’inflation et particulièrement contre la récession a été d’une insignifiance totale et continue.  [...]

Pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l’expérience du conflit précédent, on redoutait beaucoup l’inflation. Finalement, elle a été maintenue sous contrôle étroit et n’a laissé aucun souvenir vraiment désagréable. Les historiens ne voient même plus le problème. Un facteur de poids a pesé dans cet heureux résultat : on a tiré les leçons du passé et l’on n’a fait aucune confiance à la Federal Reserve. Il n’était pas question, dans cette période si difficile, de fonder la politique économique sur l’espoir ou la mythologie. Contenir l’inflation était l’une de mes tâches principales pendant ces années (j’étais administrateur adjoint chargé de la politique des prix à l’Office de contrôle des prix, donc immédiatement concerné par la lutte anti inflation), et j’étais bien persuadé, moi aussi, que la Federal Reserve n’avait pas la moindre importance. Et c’était exact.

Dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les menaces d’inflation et de récession ont été moins graves. La Fédéral Reserve, après des débats internes savants et souvent acharnés, a pris des mesures. Elles ont été très applaudies, ont donné lieu à des prévisions optimistes, et n’ont eu aucun effet.”

Je me permets enfin de rappeler que toutes ces mesures « non conventionnelles » n’ont jamais été testées à ce point dans l’Histoire. Je n’ai pas connaissance de cas dans l’Histoire où une Banque centrale ait pris tant de risques, et encore moins où elle se soit retrouvé en fonds propres très négatifs en cas de problèmes…

En théorie, ce n’est pas un drame vu que c’est une banque centrale, mais en pratique, on verra ce que ça donne en terme de panique et de défiance envers la monnaie…

En conclusion : quand les banquiers centraux rentrent dans cette logique à la Ponzi (la BCE doit faire des QU pour remplacer la Fed qui arrête et la BoJ qui limite aussi son aide aux marchés), ça finit en général très mal…

Ben alors, ça sert à quoi en vrai ?

Eh bien, c’est assez simple. un tel QE sert principalement à 2 choses :

1. Vous l’avez compris, à continuer la gabegie financière, à maintenir au cric des bulles gigantesques, indues et dangereuses – en évitant la vérité des prix (ce qui a à l’évidence des impacts négatifs sur l’économie réelle)

Ça permet aussi aux États de voir baisser le taux d’intérêt qu’ils payent (en ne payant pas le bon prix) – et donc de continuer à s’endetter encore plus. Ca semble bien comme ça, mais c’est en fait comme avoir de la drogue gratuite.

Et le jour où le système lâche et il faut payer le vrai prix sur le stock énorme de dette, c’est la banqueroute assurée…

2. Et mieux encore… À aider les banques privées !

Car que se passe-t-il lors d’un prêt à un État ?

Petite simulation comptable (désolé, c’est important) :

Quand tout se passe bien : (1) Disons que la Grèce reçoive 1 000 d’une banque pour un prêt à 20 ans. On note que la banque encaisse un intérêt de 7 %, donc ÉLEVÉ, contrepartie d’un risque de défaut (sans ce risque, les taux seraient toujours très faibles).

(2) au bout de 20 ans, la Grèce lève les impôts qui vont bien (ou ré-emprunte en vrai) et rembourse la banque. Tout va bien.

(3) mais problème, en cas de défaut, la banque a perdu son argent (et la Grèce l’a gagné vu qu’elle ne rembourse pas)

(4) et dans le cas du jour, alors que les inquiétudes augmentent sur la capacité de la Grèce à rembourser, et donc que le risque qui a été rémunéré 7 % semble voir approcher sa réalisation, la BCE s’interpose, rachetant l’obligation à risque achetée par une banque PRIVÉE qui a été rémunérée pour ce risque ! Donc elle reprend une obligation dangereuse au moment où le risque de défaut approche ! Merci pour le con-tribuable…

En effet, on voit bien que dans cette opération :

  1. les liquidités dans le système augmentent de 1000 (la banque est remboursée, mais la Grèce n’a encore rien payé) : du cash pour continuer à jouer…
  2. la banque récupère 100 % de sa mis, et pour juste 1 100 Md€ – merci Mario…
  3. la BCE récupère le risque pourri et le risque de défaut !

Ainsi, c’est un peu comme si 10 minutes avant que le Titanic ne tape l’Iceberg, la BCE arrive en barque, lance une corde à un milliardaire qui descend dans la barque et la BCE prend sa place sur le bateau – le tout en lui rachetant au passage son billet à plein tarif…

Elle est pas belle la vie ?

N.B. : vous apercevez ici dans (4) clairement comment est créé la monnaie (ici monnaie de banque centrale). Tout se joue d’un trait de plumes, PARCE QUE la banque (centrale) gère le “compte en banque” du client (ici une banque normale). En échange de la créance détenue par la banque normale, elle crédite simplement son compte en banque de 1000. Elle écrit 1000 de plus – et rien besoin d’autre. C’est une possibilité issue du privilège de tenir les comptes – exactement comme si vous tenez les comptes d’une partie de Scrabble ou de Poker, il vous suffit juste… bah de rajouter 1000 avec votre stylo. BIEN ENTENDU, cette possibilité est en général interdite – par principe même d’être teneur du compte, il faut respecter des règles (sinon les banques pourraient racheter le pays d’un trait de plumes!)… D’où le fameux adage “Les crédits (ou ici les achats de créances) font les dépôts” (c’est enseigné en 1ère année de cours d’économie).

Sinon :

Bah, tu m’étonnes…

Il ne doit rester que les imbéciles pour penser, après 8 ans de crise, que les Banques centrales agissent dans l’intérêt général…

OUPS, désolé…

Conclusion

Comme la déflation est en effet ennuyeuse, et que c’est le but proclamé par Mario, la conclusion est limpide :

(cela fait quand même 7 600 € par ménage européen, ou plus de 15 000 € pour la moitié des ménages les plus pauvres – ce qui aurait été une vraie bouffée d’oxygène pour eux…)

Et vous verrez que le jour où les citoyens demanderont à recevoir directement l’argent des QE sur leur compte en banque (ce qui aurait probablement alors un vrai effet inflationniste), on nous expliquera que finalement, ils ne sont pas efficaces et qu’il faut oublier cette idée…

P.S. Billet rédigé pour les Éconoclastes

P.P.S. Je mets à la suite ce billet du jour de Jacques Sapir :

Le QE de la BCE

22 janvier 2015

Par

Ainsi, Mario Draghi a bien utilisé le « bazooka ». L’annonce qu’il vient de faire le jeudi 22 janvier restera dans les annales. La Banque Centrale Européenne s’est donc converti à « l’assouplissement », ce que l’on appelle le « quantitative easing » (ou QE pour les initiés. Mais, il s’agit d’une mesure désespérée. Rien ne prouve qu’elle donne les résultats espérés. Elle soulève par ailleurs de nombreuses questions. En un sens, on peut y voir aussi, et c’est là peut-être le point le plus important, l’amorce d’une reconnaissance que la zone Euro ne fonctionne plus et qu’il convient d’en préparer la dissolution.

Les mesures annoncées.

Lors de sa conférence de presse Mario Draghi a donc fait une série d’annonce que l’on peut résumer comme suit :

  • -       La BCE a décidé de lancer un programme d’achat d’actifs étendu, qui rassemble mais aussi dépasse les programmes antérieurement annoncés (TLTRO). Ce programme, qui entrera en vigueur au mois de mars et se continuera jusqu’en septembre 2016, consistera dans des achats de titres obligataires privés et publics sur le marché secondaire pour un volume de 60 milliards d’Euros par mois.
  • -       Ce programme a été décidé en raison de l’effondrement de l’inflation et des risques que fait courir la déflation à la zone Euro.
  • -       Il sera mis en place sous une règle de proportionnalité à la contribution de chaque gouvernement au système de la BCE.
  • -       La BCE coordonnera les achats de titres qui seront effectués, dans les limites indiquées par les Banques Centrales Nationales (NCB). La prise en compte des risques sera couverte à 20% par la BCE dans le cadre d’un principe de solidarité à l’échelle de la zone Euro, et pour le reste reviendra à chaque Banque Centrale.
  • -       Les titres achetés pourront avoir une maturité allant jusqu’à trente ans.
  • -       Ce programme ne doit pas inciter les gouvernements au laxisme budgétaire.

Ces mesures étaient attendues par les opérateurs des marchés financiers, mais l’ampleur du programme a favorablement impressionné ces mêmes opérateurs. Le montant total de cet « assouplissement » atteignant ainsi 1140 milliards. L’Euro a amorcé un mouvement de baisse par rapport au Dollars des Etats-Unis. Mais, d’autres détails sont aussi à noter, et en particulier la règle de proportionnalité dans les achats de dettes (qui implique que trois pays en bénéficieront le plus, l’Allemagne, la France et l’Italie) mais aussi la règle de solidarité qui est limitée à 20% des achats.

Une mesure désespérée ?

On doit se demander si cette annonce faite par Mario Draghi n’est pas la toute dernière mesure prise en désespoir de cause devant l’évolution de la situation économique, mais aussi politique, de la zone Euro. Rappelons les faits :

  1. Mario Draghi avait brandi la menace d’une telle action dès le début du mois de septembre 2012. Si l’on s’en tient à la théorie de la crédibilité qui sert de base à la politique déclaratoire de la BCE, cette menace était faite pour ne pas être mise en pratique. Elle devait décourager de manière décisive les spéculateurs et tous ceux qui anticipaient une possible dissolution de la zone Euro. Or, il faut bien reconnaître qu’après environ un an où il fut cru sur parole, la crédibilité de Mario Draghi s’est lentement, puis de plus en plus rapidement, effritée. Ainsi, la dernière mesure visant les banques et datant de septembre 2014, ce que l’on appelle le « TLTRO » a été un échec. Cette perte de la crédibilité est un signe important de la crise que l’on connaît dans la zone Euro.
  2. Les mécanismes permettant à cet assouplissement monétaire de relancer l’inflation et par là même l’activité économique ne sont pas clairs. En effet, l’Europe n’est pas les Etats-Unis, et même dans ce pays les résultats des QE1, QE2 et QE3 sont pour le moins mitigés.
    • Le rôle du crédit dans la consommation et dans l’investissement est nettement moins important en Europe qu’au Etats-Unis.Si l’annonce de cet assouplissement va certainement donner un coup de fouet aux marchés des titres (en particulier les marchés d’actions) et conforter les banques et autres sociétés financières, la détention de ces titres dans les portefeuilles des ménages est limitée. Il n’y aura donc pas d’effet de richesse réel qui pourrait dynamiser la consommation.
    • Si la baisse de l’Euro par rapport au Dollar des Etats-Unis est une bonne chose, il convient de rappeler que les pays de la Zone Euro, à l’exception de la France, font entre 60% et 70% de leur commerce international au sein même de la zone Euro. La dépréciation de l’Euro face au Dollar n’aura donc pas les mêmes effets de relance de l’activité qu’une dissolution de la zone Euro avec des dévaluations plus ou moins importantes des pays d’Europe du Sud par rapport à l’Allemagne.
  • 3. Il y a une contradiction entre la déclaration faite par Mario Draghi sur la nécessité de maintenir des politiques budgétaires strictes et cet « assouplissement ». En fait, face au risque de déflation, c’est par la politique budgétaire, et non par la politique monétaire que l’on lutte contre une récession et une déflation. Le problème principal en Europe est la baisse de la part des salaires ouvriers dans la valeur ajoutée.

On constate donc que, pour spectaculaire qu’elle soit, cette annonce est une réponse à une question qui n’était pas posée. En fait, l’assouplissement monétaire est cohérent quand on est face à une crise de liquidités, comme en septembre 2008. Mais ce n’est pas le cas actuellement.

La fin de la zone Euro ?

Il y a un point qui mérite d’être analysé, c’est la décision de limiter le mécanisme de solidarité devant les risques à 20% des achats. Cela signifie que, pour 80% de ces mêmes achats de titres, le risque devra être porté par la Banque Centrale du pays considéré. Or, le principe de mutualisation est à la base du fonctionnement de la zone Euro. Il faut aujourd’hui reconnaître que l’on a régressé vers la situation de 1999, c’est à dire au moment de la mise en place de la zone Euro, en matière de mutualisation.

  • -       Il y a eu, depuis 2010, un mouvement très important de renationalisation de dettes (que l’on peut voir dans le compte TARGET-2), qui signifie la fin du marché unique des dettes au sein de la zone Euro.
  • -       Désormais, nous savons que cette mutualisation ne s’applique qu’à 20% des achats de titres à venir. Autrement dit, la Banque Centrale de l’Italie portera 80% du risque pour l’Italie, la Banque Centrale de Grèce 80% du risque pour la Grèce, et ainsi de suite.
  • -       Enfin, on n’a pas remarqué que Mario Draghi s’est bien gardé d’annoncer la mise en œuvre immédiate de son programme et qu’il l’a renvoyé au mois de mars. La raison en est simple. Il attend que la Cours de Justice Européenne lui donne le feu vert. Or, l’avis de l’avocat général, qui n’est nullement un arrêt, stipule bien que l’application d’un programme de la BCE (dans ce cas l’OMT) doit respecter le principe de proportionnalité et ne doit pas interférer avec l’établissement d’un prix de marché pour les titres qui seraient éligibles à ce programme[1].

Une possible interprétation des mesures prises par Mario Draghi est qu’elles représentent une action désespérée de la part d’une partie de la BCE qui, devant l’ampleur de la crise, cherche à tout prix à trouver une solution, ne serait-ce que provisoire. Mais, ce faisant, cette fraction de la BCE vient d’ouvrir la porte à une renationalisation de la politique monétaire par les pays membres de la zone Euro. Il est probable que tel n’était pas le but recherché. Néanmoins, il deviendra de plus en plus difficile aux politiciens de la Zone Euro de prétendre que nous nous trouvons dans un système fédéral, alors que la politique monétaire redevient désormais nationale. Pour cette raison, et pour cette raison uniquement, il convient d’accueillir les mesures d’assouplissement monétaire annoncées par Mario Draghi avec une certaine satisfaction.

Source


[1] « OPINION OF ADVOCATE GENERAL CRUZ VILLALÓN » Cas 62/14, article 263, 14 janvier 2015, http://curia.europa.eu/juris/document/document_print.jsf?doclan…eIndex=0&part=1&mode=req&docid=161370&occ=first&dir=&cid=205625

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Lire aussi dans Le Point l’interview du libéral Charles Gave :

“Il faut bien voir que les taux zéro reviennent à prélever un impôt sur les pauvres au profit des plus riches. Aux États-Unis, les dépôts bancaires, détenus en particulier par des petites gens, sont de 10 000 milliards de dollars. Si les taux étaient à 3 %, il y aurait à peu près 300 milliards de revenus supplémentaires à dépenser par an. C’est autant d’argent qui est retiré de la consommation. Ces 300 milliards sont transférés aux “Goldman Sachs” de ce monde [référence à la banque d'affaire américaine, NDLR] par les profits qu’ils réalisent grâce aux taux à zéro. Du point de vue de la justice sociale, il n’y a rien de plus abominable que des taux nuls. [...] Il y a six ans, j’avais publié un article dans lequel j’avertissais que les taux zéro allaient augmenter les inégalités et entraîner une baisse de l’investissement. “

Pour l’histoire, ce lien vars “l’analyse” du Nouvel Obs : BCE : super Mario Draghi, applaudi de toutes parts

“La presse ne tarit pas d’éloge à l’égard du président de la Banque centrale européenne, qui vient d’annoncer une décision historique : la planche à billets pour l’euro. [OB :c'ets bien pour ça que la presse crèvera à terme] [...]

Il y a au moins un banquier intelligent en Europe : Mario Draghi”, écrit Laurent Joffrin dans “Libération”, dont la Une montre le plombier de Nintendo le poing levé, entouré de pièces d’or. [...]

Quand un banquier central arrive à mettre d’accord à la fois les banquiers et les économistes militants contre l’austérité… Une fois n’est pas coutume.”

Source: http://www.les-crises.fr/comment-la-bce-se-moque-du-monde/


[Récup] François Hollande compte sur « l’esprit du 11 janvier » pour faire avancer les réformes

Friday 23 January 2015 at 00:52

Aaaaaaaah, les “réformes indispensables”

“Les deux têtes de l’exécutif, François Hollande et Manuel Valls, semblent avoir trouvé une formule magique : c’est l’esprit du 11 janvier.

Et l’esprit du 11 janvier se décline à l’envi. Avant de vous expliquer ce que cela devient dans les paroles du chef de l’État ou du Premier ministre, c’est, il faut le rappeler, près de quatre millions de Français dans les rues contre le terrorisme, contre la barbarie. L’esprit du 11 janvier, c’est aussi ce qui a fait décoller le couple exécutif dans les sondages et c’est désormais ce qui semble guider chacune de leurs actions.

Ce mardi matin, le chef de l’État a parlé, sur ces bases, d’amplifier les réformes de son gouvernement. C’est ce qu’il appelle depuis plusieurs semaines déjà : “l’audace réformatrice”. Une audace qui lui permet d’envisager des réformes qui semblaient encore impossible il y a quelques semaines. C’est le cas de la réforme du Conseil supérieur de la magistrature pour assurer l’indépendance de la justice. Cela faisait partie de ses engagement de campagne en 2012. Mais il faut, pour cela, que les 3/5èmes des assemblées soient d’accord. François Hollande espère désormais que l’union nationale, cette union post-attentats, permettra de faire adopter cette réforme.

C’est nouveau, sans être nouveau

Le chef de l’État espère dérouler un programme qui date d’avant les attentats. Il a simplement l’opportunité unique et inédite de se relancer. Il fait exactement la même chose quand il veut pousser la réforme du dialogue social. Voilà ce qu’il a dit mardi midi : “L’esprit du 11 janvier doit désormais inspirer notre action dans la durée… Ce qui exige de nous de repousser les vieilles querelles et les polémiques inutiles autour des réformes indispensables.” C’est très clair, il demande aux partenaires sociaux et au patronat de discuter au nom de l’unité nationale. Ce projet de réforme était bien sûr lancé bien avant les évènements, il y a deux semaines.

Il y aura quand même du nouveau mercredi avec l’annonce de nouvelles mesures de sécurité. Finalement, l’esprit du 11 janvier s’applique plus naturellement. D’ailleurs, c’est assez intéressant de voir que la majorité reprend des idées de l’opposition. La peine d’indignité nationale. Les députés socialistes vont reprendre l’idée. Manuel Valls confie qu’il n’est pas contre. “Il n’a rien contre les symboles“, c’est ce qu’il a expliqué après ses vœux à la presse mardi midi.

Manuel Valls espère que la politique va évoluer

D’une manière plus générale, Manuel Valls espère qu’il y aura plus souvent des points d’accords avec l’opposition et aussi une autre façon de se parler. Bref, il espère que la politique va évoluer. Il prend en exemple le service civil sur lequel vont travailler les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Droite et gauche ensemble pour envisager un nouveau service. Un service civil obligatoire de trois ou quatre mois. Droite et gauche seraient d’accord sur ces principes. Le président des députés PS va déposer très vite une proposition de loi.

Dans le même esprit, probablement, il y aura aussi des mesures pour l’école, pour les quartiers. Pour répondre à ce que Manuel Valls a qualifié mardi midi d’”apartheid territorial, social et ethnique”. Cela dit, le Premier ministre semble déjà bien mesurer les limites de cet esprit du 11 janvier. ” Si on manipule les français à des fins politiques…”, a-t-il expliqué à France Info,  ”ils vont très mal réagir et ils auront bien raisons… ” C’est comme toujours en politique. On ne peut jamais rien faire,  même quand ça ne le mérite pas et il ne faut jamais en faire trop.

Source : France Info

Alors du coup :

Hollande réfléchit à “un pacte” entre droite et gauche

L’INFO POLITIQUE – Le chef de l’État envisage de tendre la main à l’opposition sur tous les sujets qui font consensus.
Après l’émotion, les solutions. Mercredi, François Hollande va annoncer un plan pour enrayer la montée du radicalisme dès l’école. Mercredi toujours, les mesures de lutte contre le terrorisme promises par Manuel Valls devraient être détaillées en Conseil des ministres. Mais le chef de l’Etat réfléchit déjà à l’après. Selon les informations d’Europe1, François Hollande prépare le contenu d’une prochaine conférence de presse, marqué par l’esprit du 11 janvier.

La conférence est déjà calée au cours de la première semaine de février. L’Elysée se réserve le choix du jour pour ne pas s’enfermer dans un agenda trop précis. Comme le confie un conseiller, il y aura les figures imposées dans le contenu : la conférence climat, la politique internationale etc.

Hollande veut un “pacte” entre droite et gauche. La réalité, c’est que François Hollande n’a aucune marge de manœuvre budgétaire, aucune perspective de croissance. Et le seul levier pour être à la hauteur de l’histoire est de proposer une autre méthode de travail, de gouvernance. C’est ce que prépare en secret François Hollande. Un des ses amis de toujours raconte : “le président réfléchit à un pacte avec le pays, sur le modèle du compromis historique en Italie dans les années 70″, où droite et gauche avaient accepté de travailler ensemble.

François Hollande veut en effet tendre la main à la droite au centre, sur quelques thèmes qui peuvent faire consensus, comme la laïcité, l’école, la sécurité ou l’emploi. Ce ne sera pas “un oukaze” comme on dit à l’Elysée, mais une proposition avec un agenda, un cadre de travail de réflexion et de réforme.

Qui acceptera la main tendue ? Pour l’heure, difficile à savoir qui est susceptible de signer “le pacte”. Mais certaines personnalités d’opposition, Jean-Pierre Raffarin par exemple, pourraient se montrer volontaires. L’ancien Premier ministre UMP a d’ailleurs déjà proposé au président une “conférence nationale de priorité” sur un an, pour faire travailler majorité et opposition. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’il trouvera des bonnes âmes, des vrais républicains, pour montrer que l’on a changé d’époque.

Source : Europe 1

Donc 3 terroristes barbares nous font “changer d’époque”, cool. Les prochains nous mèneront où ?

Bref, je propose pour ma part d’acter dans le marbre “l’esprit du 11 janvier” par une fusion du PS et de l’UMP, qui clarifierait les choses – bah oui, s’ils sont d’accord sur “la laïcité, l’école, la sécurité ou l’emploi”, ils devraient surmonter leurs différences sur le sport et les anciens combattants…

Seul vrai problème : Valls et Macron seront probablement refusés par l’UMP, car trop à droite…

Source: http://www.les-crises.fr/recup-hollande-esprit-du-11-janvier/


Pendant ce temps là en Ukraine…

Thursday 22 January 2015 at 00:10

Reportage de Graham Phillips, journaliste britannique, du 13 janvier 2015. Attention, images dures.

Donetsk, banlieue Kouybychevskiy sous les bombardements incessants depuis plusieurs jours compte ses morts…

“Toutes les 5 minutes ils parlent de la tragédie survenue à Paris. Ici toutes les 5 minutes les civils sont tués. Personne n’en a rien à faire”….

Je signale aussi ce passage mémorable où, dans une interview à la chaîne ALLEMANDE ARD, le premier Ministre Ukrainien Iatseniouk a fait une déclaration stupéfiante, relatée par Danielle Bleitrach :

“Rappelons les faits. Récemment Arseni Petrovich a donné une interview à la chaîne de télévision allemande ARD, et ce qui n’est pas surprenant, il a été question de la politique étrangère de la Russie et des négociations avec l’Ukraine dans lesquelles la chancelière allemande Angela Merkel joue un rôle clé. Il n’était sans doute pas nécessaire dans la situation actuelle d’envenimer encore plus les choses, mais Iatseniouk droit dans ses bottes, a déclaré :

« l’agression russe contre l’Ukraine est une offense à l’ordre du monde. Nous nous souvenons tous de l’invasion soviétique en Ukraine, y compris en Allemagne. Il faut éviter que cela ne se reproduise. Personne n’est autorisé à réécrire les résultats de la Seconde Guerre mondiale, ce que tente de faire le président russe Poutine « .

Ainsi, le Premier ministre a fait une déclaration fracassante concernant plusieurs découvertes dans les domaines de l’histoire et de la science politique. Pour commencer, même les critiques les plus sévères de Moscou ne parlent pas d’« agression russe contre l’Ukraine ». Bien sûr, ils signifient quelque chose comme ça, mais ne se permettent pas de l’exprimer directement. Et de ce point de vue, bien sûr, Iatseniouk les a laissés assez perplexes, parce que dans une simple phrase il a presque détruit tous leurs efforts diplomatiques.

Il faut également noter l’expression « que l’invasion soviétique en Ukraine, y compris en Allemagne. » Tout d’abord, sur la base de cette logique, nous devrions admettre que dans les années de la Grande Guerre patriotique, l’Ukraine ne faisait pas partie de l’URSS, puisqu’elle a souffert de «l’invasion soviétique». En d’autres termes, elle était une sorte de pays «tiers», qui, comme l’Allemagne, aurait été sous les coups de l’agresseur. D’ailleurs, une telle assertion peut prendre au dépourvu les ultras nationalistes, qui assurent que, en fait, pendant la guerre, l’OUN et l’UPA ont combattu sur deux fronts – contre l’Union soviétique et l’Allemagne, l’une comme l’autre aussi désireuse de conquérir l’Ukraine. D’après les paroles de Iatseniouk il s’ensuit que le seul «prédateur» était l’URSS. Et après cela il parle de l’inadmissibilité de réécrire les résultats de la Seconde Guerre mondiale? Tout cela ne serait rien si – malgré la situation politique étrangère actuelle – le discours n’avait pas été prononcé dans une interview, je tiens à le souligner une fois de plus, à une chaîne allemande. En Allemagne contemporaine on est encore très sensible à tous les sujets qui de près ou de loin touchent l’époque du Troisième Reich, ses symboles sont interdits par la loi, et pour la promotion d’opinions inappropriées on peut écoper d’une peine de prison. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs jours après l’entrevue, le gouvernement allemand ait gardé un silence assourdissant, essayant apparemment de comprendre ce qui était arrivé. En revanche la Russie n’est pas restée sans rien dire. Ici – et tout de suite au niveau du ministre des Affaires étrangères – a été immédiatement envoyée une note aux collègues allemands pour clarifier la position officielle de Berlin à propos de l’invasion de l’Allemagne par l’URSS. ”

Source

La vidéo est ici à 1’05

Médias allemands : Freitag, Spiegel (article ironique)

P.S.  “étrange”, je n’ai pas retrouvé cette info dans les grands médias (même RFI :) ), sur un sujet qui semble quand même d’un peu d’importance, vu qu’il y a émotion diplomatique russo-allemande …

Conclusion extraite de DeDéfensa

“Le premier épisode se situe dans une déclaration faite par le PM ukrainien à la chaîne ARD, retranscrite (en allemand) le 8 janvier 2015, et fort discrètement, par le Spiegel. La chose est à peine reprise, tout juste mentionnée, parfois évoquée, – tout cela, on le comprend, dans l’atmosphère brûlante qui ébranle sismiquement la planète au nom de Charlie Hebdo qui représente alors le grand événement courant de l’histoire du monde. Pourtant, le PM devenu professeur d’histoire, Iatseniouk, présente une thèse révolutionnaire qui vaudrait le prix d’excellence annuel du révisionnisme, qui se résume comme ceci : “L’Union soviétique a déjà attaqué et envahi une fois l’Allemagne et l’Ukraine durant la Deuxième Guerre mondiale, faisons en sorte que cela ne se reproduise pas”. Par rapport aux normes de l’esquisse des très grands événements de la guerre, l’affirmation sonne haute et originale. L’opération Barbarossa du 21 juin 1941 est la seule trace d’attaque entre l’Allemagne et l’URSS qu’on trouve, et plutôt dans le sens opposé que nous en dit le professeur Iatseniouk, et la riposte soviétique qui s’ensuit qui permit de donner aux alliés la victoire sur l’Allemagne dans la Deuxième Guerre mondiale peut difficilement être tenue pour une “agression” du type dont parle Iatseniouk ; quant à l’Ukraine, elle était au début du conflit en bonne partie, pour le meilleur ou pour le pire, partie de l’URSS et se trouve donc difficilement en position d’être attaquée par qui en possède déjà cette partie-là…

Soit, Bryan MacDonald, journaliste irlandais basé à Moscou et collaborateur de RT, fait un article sur cette affaire le 10 janvier 2015 sur le même Russia Today. Nous en donnons un extrait, le reste explicitant plus en détail la situation de la Deuxième Guerre mondiale dans cette partie du monde, cherchant vainement la trace de l’événement foudroyant dont parle Iatseniouk.

«First, though, here’s what Yatsenyuk actually said. “All of us still clearly remember the Soviet invasion of Ukraine and Germany,” he told German-state broadcaster ARD. “We need to avoid [a repeat of] it.“ “Nobody has the right to rewrite the results of the Second World War,’ he also added. “Russia’s President Putin is trying to do exactly this.”

»When I saw the comments on my Twitter timeline, I was initially convinced it was a joke. So much disinformation is circulated on the platform that I automatically dismissed it as a misquote. Surely a senior politician wouldn’t say something like that? Only 24 hours later, when I saw Yatsenyuk’s words still swooshing through the Twitter-sphere, did I realize that he actually did utter those words. Arseniy Yatsenyuk, apparently handpicked for the PM post by US diplomat Victoria Nuland, believes the USSR invaded Germany in WW2. This runs contrary to the almost universally accepted narrative that Germany actually attacked the Soviets first in Operation Barbarossa. After repelling the attack, USSR forces eventually made it to Berlin where they met the other liberating powers, the USA and Britain…»

Mais la discrétion qu’on a signalée plus haut de la part du bloc BAO et des Allemands (Merkel) en particulier a, selon Mac Donald, une autre signification, plus politique, qu’il expose en fin de son article. D’autre part, les Russes, qui ne laissent rien passer si aisément, ont tout de même noté la leçon d’histoire de Iatseniouk et ont demandé à Berlin, et à Merkel, ce qu’on en pensait en Allemagne.

«This also explains the silence of German media on Yatsenyuk’s words. If the German public were made fully aware of what the visitor from Kiev had said, they would be outraged. So much so that Merkel could be forced to withdraw all support for Ukraine. If Yatensyuk’s comments were widely circulated, they would embolden revisionists in Germany and beyond – something there is, sadly, no shortage of.

»Just as it seemed the story would fade away, the Russian Foreign Ministry made a late intervention, asking Berlin to outline its official position on Yatsenyuk’s verbiage. The reply, assuming it ever arrives, will be telling.»

Eh bien, finalement, les Allemands n’ont pas vraiment répondu. Merkel s’est tenue absolument muette. L’un ou l’autre porte-parole a observé que tout le monde sait évidemment comment s’est passée la Deuxième Guerre mondiale, – sans préciser exactement “comment” et d’ailleurs c’est inutile puisque tout le monde le sait, – et donc qu’il est inutile de le répéter. Ainsi était démenti sans l’être une seconde en vérité ce qu’avait dit Iatseniouk, à moins qu’en fait il n’ait pas été vraiment démenti et que “tout le monde” sait bien que la Deuxième Guerre mondiale s’est bien passée comme chacun sait, et qu’après tout pourquoi Iatseniouk ne dirait-il pas ce que tout le monde sait très bien…

En bref, cette façon de botter en touche selon une dialectique implicite extrêmement complexe a surpris. Le silence de Merkel, ainsi poursuivi, confirmé et continué, a encore plus surpris, après l’intervention russe auprès d’elle.”

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“L’info” du jour :

MAE de Pologne : Auschwitz a été libéré par les Ukrainiens

Par La Voix de la Russie | Le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau à Oswiecim a été libéré par les Ukrainiens, a déclaré mercredi sur Radio Pologne le ministre polonais des Affaires étrangères Grzegorz Schetyna interrogé sur l’invitation du président de Russie Vladimir Poutine aux cérémonies consacrées au 70e anniversaire de la libération du camp par l’Armée rouge.

« Peut-être il vaut mieux dire que c’étaient le premier front ukrainien et les Ukrainiens qui l’ont libéré ? Parce qu’en ces jours de janvier ce sont les Ukrainiens qui ont ouvert la porte et ont libéré le camp », a dit le ministre polonais.

Selon lui, les dirigeants de Russie ont pris eux-mêmes la décision de ne pas participer aux commémorations. M. Schetyna a souligné que cette année aucun président n’a reçu une invitation personnelle car les cérémonies avaient été organisées par le Musée d’Auschwitz et le Conseil international d’Auschwitz.

MOSCOU, 21 janvier – RIA Novosti/La Voix de la Russie Le ministère russe des Affaires étrangères a invité mercredi la Pologne à cesser de se moquer de l’histoire et d’outrager la mémoire de ceux qui ont libéré l’Europe lors de la Seconde Guerre mondiale.

“Il faut cesser de se moquer de l’histoire et de pousser l’hystérie antirusse jusqu’à insulter la mémoire de ceux qui ont sacrifié leurs vies pour libérer l’Europe”, lit-on dans un communiqué de la diplomatie russe.

Le ministre polonais des Affaires étrangères Grzegorz Schetyna a déclaré mercredi sur Polskie Radio que le camp de concentration nazi Auschwitz-Birkenau fut libéré par des Ukrainiens lors d’une opération effectuée par le Premier front ukrainien. D’après le ministre, “en ce jour lointain de janvier, des soldats ukrainiens ont ouvert les portes du camp et libéré les prisonniers”.

Selon Moscou, “il est difficile de soupçonner d’ignorance un fonctionnaire du niveau de Grzegorz Schetyna”, car “tout le monde sait que le camp Auschwitz-Birkenau a été libéré par l’Armée Rouge”. Le communiqué souligne notamment que “tous les peuples ayant combattu au sein de cette armée ont fait preuve d’héroïsme”.

“Il est aussi à noter qu’avant novembre 1943, le Premier front ukrainien s’appelait Front de Voronej et encore plus tôt, Front de Briansk”, a conclu le ministère russe des Affaires étrangères.

Sources : ici et ici

Moi, je pense que fin 2015, il nous diront que finalement qu’Auschwitz était russe, et que les Ukrainiens ont gagné la guerre…

Source: http://www.les-crises.fr/pendant-ce-temps-la-en-ukraine/