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L’Europe entame de nouvelles négociations avec la Turquie – qui parle de “notre visage hideux” !!!

Thursday 30 June 2016 at 01:30

Franchement, non seulement les négociations sont délirantes, mais j’ai halluciné que seule Euronews ait repris les propos très30 gravement insultants (sans jeu de mots) de notre “futur partenaire” !

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L’Europe entame de nouvelles négociations avec la Turquie

Source : A ta Turquie, AFP, 23-06-2016

Après un important rapprochement entre Bruxelles et Ankara en mars dernier, l’Union européenne (UE) et la Turquie sont sur le point d’ouvrir un nouveau chapitre aux négociations d’adhésion.

© REUTERS

© REUTERS

Le 30 juin, le chapitre 33 des négociations d’adhésion de la Turquie s’ouvrira au cours de la présidence néerlandaise. Selon l’AFP, les négociations en vue d’une adhésion de la Turquie à l’UE porteront essentiellement sur les questions financières et budgétaires. En décembre 2015, les 28 pays de l’UE et la Turquie avaient déjà engagé des négociations sur le chapitre 17 concernant la politique économique et monétaire. Au total 35 chapitres ont été ouverts entre l’UE et la Turquie.

Plusieurs dirigeants européens, notamment la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont cependant annoncé que l’adhésion de la Turquie n’était « pas à l’ordre du jour ».

La question de l’adhésion de la Turquie a toujours été délicate. Sa candidature a été rejetée à de nombreuses reprises compte tenu de graves atteintes aux droits de l’homme dont la Turquie est encore le théâtre. Les libertés fondamentales ne sont pas garanties dans ce pays et la liberté de la presse y est souvent bafouée.

Les négociations sont officiellement en cours depuis 2005. Elles avaient été relancées à l’automne dernier suite au rapprochement entre l’Union européenne et la Turquie pour endiguer l’afflux de centaines de milliers de réfugiés sur le continent européen.

Le très controversé « pacte migratoire »

Afin de remédier à la crise migratoire, l’Union européenne et la Turquie signaient un accord en mars dernier. Celui-ci prévoyait le renvoi systématique en Turquie des « nouveaux migrants irréguliers » qui arriveraient en Grèce. Ils peuvent certes faire une demande d’asile en Grèce, mais la Grèce peut tout à fait refuser, au motif que la Turquie est un « pays sûr » et leur offre des conditions de sécurité équivalentes à celles des réfugiés.

Un autre mécanisme avait également été mis en place, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, un autre Syrien, resté dans les camps de réfugiés à la frontière syrienne, a le droit d’être envoyé directement en Europe. En avril, 325 migrants avaient été renvoyés vers la Turquie contre seulement 103 Syriens installés sur le continent européen.

Un pacte très controversé qui avait suscité de vives réactions et posé de nombreuses questions, tant sur sa légalité que sur son efficacité. En contrepartie, Ankara a obtenu une accélération du processus d’adhésion à l’Union européenne. Même si, Jean-Claude Juncker, président de la Commission, s’est assuré qu’aucune adhésion ne serait possible avant 2020.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a, à de nombreuses reprises, menacé de suspendre l’accord si Bruxelles ne respectait pas l’exemption de visas pour les ressortissants turcs dans l’espace Schengen sous certaines conditions. La Turquie doit répondre à 72 critères au total répartis en 5 volets thématiques : la sécurité des documents, la gestion des migrations, l’ordre public et la sécurité, les droits fondamentaux et la réadmission des migrants irréguliers.

En mai, Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission, avait déclaré :« La Turquie a accompli des progrès remarquables, notamment au cours des dernières semaines, en ce qui concerne le respect des critères énoncés dans sa feuille de route sur la libéralisation du régime des visas. La Turquie a encore du travail à accomplir d’urgence, mais si les progrès se poursuivent, elle peut satisfaire aux critères de référence restants. »

Toutefois, la Commission européenne avait également recensé les critères qui restent à remplir, dans des domaines tels que la lutte contre la corruption et la protection des données. Elle avait également réclamé l’assouplissement de la législation antiterroriste turque.

Source : A ta Turquie, AFP, 23-06-2016

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Erdogan envisage un référendum en Turquie sur l’adhésion à l’UE

Source : Le Temps, AFP, 23-06-2016

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La Turquie a déposé sa candidature en 1987 et négocie une adhésion à l’UE depuis 2005. Le président turc aimerait s’inspirer de la votation britannique sur le Brexit

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a évoqué la possibilité que la Turquie organise un référendum sur l’opportunité de poursuivre ou non le processus d’adhésion à l’Union européenne, sur le même mode que la consultation qui se déroule aujourd’hui au Royaume-Uni.

S’en prenant avec virulence à l’Europe, le président Erdogan a expliqué qu’Ankara pourrait organiser un référendum similaire à celui par lequel les Britanniques sont appelés à se prononcer sur une sortie ou un maintien du Royaume-Uni dans le bloc européen.

«Nous pouvons nous lever et consulter le peuple, de la même manière que le font les Britanniques», a déclaré Erdogan dans un discours prononcé tard mercredi après la rupture du jeûne du ramadan, selon l’agence de presse Anadolu. «Nous demanderions: «Devons-nous poursuivre les négociations avec l’Union européenne ou y mettre fin», a déclaré le chef de l’Etat, accusant l’UE de ne pas vouloir de la Turquie car elle est «un pays à majorité musulmane».

«Pourquoi traînez-vous autant?», a-t-il lancé à l’attention de l’UE, exprimant la frustration d’Ankara devant un processus enlisé depuis des années. La Turquie a déposé sa candidature en 1987 et négocie péniblement une adhésion à l’UE depuis 2005, mais son dossier est plombé par une série de problèmes épineux et le manque d’entrain de pays clés de l’UE.

Une perspective lointaine

Plusieurs dirigeants européens, à commencer par le premier ministre britannique David Cameron, mais aussi la chancelière allemande Angela Merkel, ont souligné qu’une adhésion turque n’est «pas à l’ordre du jour» et que ces négociations sont menées «avec une issue ouverte». En arrivant à la tête de la Commission européenne, son président Jean-Claude Juncker a, lui, exclu tout élargissement avant 2020.

La possible entrée d’Ankara dans le bloc européen a été un thème important dans la campagne du référendum britannique: elle a été l’un des principaux épouvantails agités par les partisans d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union dans la campagne pour le référendum.

Les tenants du «Brexit» ont assuré que le Royaume-Uni risquait d’être submergé par des millions de Turcs en cas d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Mais David Cameron a déclaré que l’adhésion d’Ankara n’était qu’une perspective lointaine, et pourrait même ne pas se concrétiser «avant l’an 3000», froissant au passage la sensibilité turque.

Les déclarations de Recep Tayyip Erdogan interviennent alors que l’UE et la Turquie vont ouvrir le 30 juin un nouveau chapitre dans leurs négociations d’adhésion, sur les questions budgétaires, l’une des contreparties au pacte migratoire controversé qu’ils ont signé en mars, a appris l’AFP mercredi de source diplomatique.

Source : Le Temps, AFP, 23-06-2016

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Turquie : Erdogan s’en prend à l’Union européenne et évoque un référendum

Source : Euronews, 23-06-2016

Faut-il vraiment poursuivre les négociations d’adhésion avec l’Europe ?Inspiré par les Britanniques, Erdogan évoque lui aussi l’idée d’un référendum. Le président turc l’a dit hier soir tard, lors d’un discours dans une université d’Istanbul. Le ton contre l’Union européenne était particulièrement virulent.

Hé l’Union européenne, tu ne veux pas de nous parce que la grande majorité de notre population est musulmane. On ne peut pas compter sur toi. Nous sommes parvenus à un accord. Tout était écrit. Vous ne tenez pas vos promesses. C’est votre visage hideux. Et quand Erdogan vous montre ce visage hideux vous devenez fous. C’est pour ça que vous prévoyez de vous débarrasser d’Erdogan”.

Le chef de l’Etat fait référence à l’accord passé en mars avec Bruxelles pour endiguer l’afflux de migrants. En échange, la Turquie attend toujours la suppression des visas pour les courts séjours de ressortissants turcs dans l’UE, prévue sous certaines conditions.

Source : Euronews, 23-06-2016

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Erdogan sur le point de lancer un référendum pour le Oui ou Non turc à l’adhésion européenne

Source : Nouvelle Arménie Magazine, Jean Eckian,  24-06-2016

 

Faut-il vraiment poursuivre les négociations d’adhésion avec l’Europe ? Inspiré par les Britanniques, Erdogan évoque lui aussi l’idée d’un référendum. Le président turc l’a dit hier soir tard, lors d’un discours dans une université d’Istanbul. Le ton contre l’Union européenne était particulièrement virulent.

“Hé l’Union européenne, tu ne veux pas de nous parce que la grande majorité de notre population est musulmane. On ne peut pas compter sur toi. Nous sommes parvenus à un accord. Tout était écrit. Vous ne tenez pas vos promesses. C’est votre visage hideux. Et quand Erdogan vous montre ce visage hideux vous devenez fous. C’est pour ça que vous prévoyez de vous débarrasser d’Erdogan”.

« Vous ne pouvez pas dire le contraire. Si l’UE ne tient pas ses promesses vis-à-vis de la Turquie, nous demanderons l’avis à notre peuple. Continuer ou ne pas continuer les négociations avec l’UE ? Nous ferons ce que dira le peuple », a-t-il ajouté. Il a également cloué au pilori le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker qui avait déclaré qu’il incombait à Erdogan d’expliquer à son peuple les raisons qui avaient poussé Bruxelles à ne pas libéraliser les visas pour les ressortissants turcs.

Source : Nouvelle Arménie Magazine, Jean Eckian,  24-06-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/leurope-entame-de-nouvelles-negociations-avec-la-turquie-qui-parle-de-notre-visage-hideux/


Brexit : quand le clergé européiste réagit…

Thursday 30 June 2016 at 01:00

Où va l’Europe après le Brexit ? Emmanuel Macron, Sylvie Goulard et Daniel Cohn-Bendit étaient à Sciences Po le 25 juin pour parler du futur européen. Une discussion menée par Jean Quatremer.

Entraide : quelques volontaires pourraient-ils recopier en commentaire le “meilleur du pire” des déclarations (en indiquant la minute où figure l’extrait dans la vidéo) ? Merci d’avance.

Exemple :

28’20 : Jean Quatremer : Le débat qui a lieu actuellement, c’est de savoir si on rend la sortie de la Grande Bretagne très douloureuse ou pas ? En clair, l’idée, c’est d’abord de les faire sortir, et puis ensuite, dans 2 ans, de renégocier un accord pour voir à quelle partie du marché intérieur ils auront accès. Et ça va être violent, parce que ça veut dire que pendant plusieurs années, ils n’auront plus accès au marché intérieur, y compris pour leurs services financiers, y compris pour le droit au séjour, etc.
Et donc, pour la première fois, et là je trouve ça fascinant ce qui va se passer, c’est que là, on va mettre en oeuvre et on va voir grandeur nature ce qui se passe quand un pays, qui en plus n’est pas totalement intégré à l’union européenne, quitte l’union européenne, et c’est ça qui est intéressant. Et ça panique l’extrême droite, ça panique complètement l’extrême droit, parce qu’ils se disent… ils ont compris que ça va mal se passer. Ce que tu disais tout à l’heure, à propos de Boris Johnson, même de Nigel Farage, qui disent : finalement, il n’y a pas urgence… C’est que les mecs se rendent compte qu’ils se sont faits sauter eux mêmes !
Et là, c’est génial ! On doit pas être gentils avec les britanniques !
Quand je dis : il faut être méchant avec les Britanniques, moi, je fais partie des gens qui poussent à fond pour que çe soit dur, c’est parce que : il faut qu’on voie ce que c’est !
Daniel Cohn-Bendit : Il faut prendre au sérieux !
Jean Quatremer : Voilà ! Pour moi : ils ont voulu sortir… et on va respecter leur vote, mais jusqu’au bout ! Ils vont le bouffer jusqu’au bout ! Et c’est ça qu’on doit faire. Et je crains effectivement de la part d’un certain – mais pas du côté français,pour l’instant, ça branle pas du manche, là les français sont très… [gestuelle de fermeté] là pour qu’on soit durs. Mais en tout les cas que d’autres pays comme les pays bas par exemple, et l’Allemagne, se disent : mais non, on va trouver tout de suite des accords en même temps qu’on négocie la sortie. C’est à dire qu’en fait la sortie devient un argument de chantage pour avoir le meilleur accord possible.
Bref, l’UE , c’est comme une secte ou la mafia, ils cherchent à te casser les genoux quand tu demandes poliment à partir…
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Entre 42’38 et 43’00, alors que S. Goulard parle de Sapir. Réaction, quand elle confirme que c’est bien de Jacques qu’il s’agit :

Quatremer : Le fou, quoi !

Cohn Bendit : Celui qui veut faire l’alliance entre marine Le Pen et Mélenchon
Quatremer : avec Poutine comme parrain”

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Source: http://www.les-crises.fr/quand-le-clerge-europeiste-reagit/


Miscellanées du jeudi (Delamarche, Sapir, Béchade, Onfray, ScienceEtonnante, DataGueule)

Thursday 30 June 2016 at 00:30

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute de Delamarche: Brexit: “Il ne se passera rien économiquement” – 27/06

Olivier Delamarche VS Sarah Thirion (1/2): Outre les incertitudes politiques, faut-il s’alarmer de l’effondrement des marchés après le Brexit ? – 27/06

Olivier Delamarche VS Sarah Thirion (2/2): La victoire du Brexit pourra-t-elle impacter la reprise économique en Europe, voire même à l’international ? – 27/06

II. Philippe Béchade

La minute de Béchade: Brexit: “La volatilité sur la livre sterling est terrible !” – 24/06

Philippe Béchade VS Éric Turjeman (1/2): Malgré le résultat du référendum, le retrait du Royaume-Uni de l’UE sera-t-il effectif ? – 29/06

Philippe Béchade VS Éric Turjeman (2/2): Le Brexit va-t-il peser sur la croissance économique en zone euro ? – 29/06

Victoire du Brexit: quelles perspectives pour l’Europe ? – 24/06

III. Jacques Sapir

La minute de Sapir: “Le successeur de Cameron devrait être nommé plus vite que prévu” – 28/06

Les points sur les “i”: Jacques Sapir: Quelles seront les conséquences du Brexit pour l’Europe ? – 28/06

IV. Michel Onfray

V. ScienceEtonnante

Modifier le génome avec CRISPR — Science étonnante #18

VI. DataGueule

Monsanto, sa vie son empire #DATAGUEULE 6


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

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Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-du-jeudi-delamarche-sapir-bechade-onfray-scienceetonnante-datagueule-2/


Le Président allemand : le problème, c’est le peuple, pas les élites !

Thursday 30 June 2016 at 00:01

Allez, pour sourire un peu : Ex-cep-tion-nel – jusqu’où iront-ils ? 🙂

Le président fédéral allemand, Joachim Gauk, le 11 juin 2016 sur ARD : Die Eliten sind gar nicht das Problem – die Bevölkerungen sind das Problem.”

“Les élites ne sont pas le problème – les populations sont le problème.” [Joachim Gauk]

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LA SOLUTION – Bertold brecht [1953]

Après l’insurrection du 17 juin,
Le secrétaire de l’Union des Ecrivains
Fit distribuer des tracts dans la Stalinallée.
Le peuple, y lisait-on, a par sa faute
Perdu la confiance du gouvernement
Et ce n’est qu’en redoublant d’efforts
Qu’il peut la regagner.
Ne serait-il pas
Plus simple alors pour le gouvernement
De dissoudre le peuple
Et d’en élire un autre ?

Source: http://www.les-crises.fr/le-president-allemand-le-probleme-cest-le-peuple-pas-les-elites/


Étrange défaite à Londres, par Bernard-Henri Lévy + Bonus Rogoff “le fiasco démocratique”…

Thursday 30 June 2016 at 00:01

Parce que BHL, il ne faut jamais s’en priver…

Il a publié ça dans Le Monde, dont il est membre du Conseil de Surveillance…

Du lourd…

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Oups :

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Source : La règle du Jeu, Bernard-Henri Lévy, 25-06-2016

Bernard-Henri Lévy

Bernard-Henri Lévy

Ce Brexit, c’est la victoire, non du peuple, mais du populisme.

Non de la démocratie, mais de la démagogie.

C’est la victoire de la droite dure sur la droite modérée, et de la gauche radicale sur la gauche libérale.

C’est la victoire, dans les deux camps, de la xénophobie, de la haine longtemps recuite de l’immigré et de l’obsession de l’ennemi intérieur.

C’est, dans tout le Royaume Uni, la revanche de ceux qui n’ont pas supporté de voir les Obama, Hollande et autres Merkel donner leur avis sur ce qu’ils s’apprêtaient à décider.

C’est la victoire, autrement dit, du souverainisme le plus rance et du nationalisme le plus bête.

C’est la victoire de l’Angleterre moisie sur l’Angleterre ouverte sur le monde et à l’écoute de son glorieux passé.

C’est la défaite de l’autre devant la boursouflure du moi, et du complexe devant la dictature du simple.

C’est la victoire des partisans de Nigel Farage sur une « classe politico médiatique » et des « élites mondialisées » censées être « aux ordres de Bruxelles ».

C’est la victoire, à l’étranger, de Donald Trump (le premier, ou l’un des premiers, à avoir salué ce vote historique) et de Poutine (dont on ne redira jamais assez que la dislocation de l’Union Européenne est son rêve et, probablement, l’un de ses projets).

C’est la victoire, en France, des Le Pen et autres Mélenchon qui rêvent d’une variante française de ce Brexit alors qu’ils ignorent, l’un comme l’autre, jusqu’à la première lettre de l’intelligence française, de l’héroïsme français, de la radicalité et de la rationalité françaises.

C’est la victoire, en Espagne, de Podemos et de ses indignés de carton-pâte.

En Italie, du mouvement 5 étoiles et de ses clowns.

En Europe centrale, de ceux qui, ayant touché les dividendes de l’Europe, sont prêts à la liquider.

C’est la victoire, partout, de ceux qui n’attendaient que l’occasion de tirer leur épingle du jeu européen et c’est le commencement, par conséquent, d’un processus de délitement dont nul ne sait ce qui va, maintenant, pouvoir l’arrêter.

C’est la victoire de la foule de Métropolis sur le déjeuner des canotiers.

C’est la victoire des casseurs et des gauchistes débiles, des fachos et hooligans avinés et embiérés, des rebelles analphabètes et des néonationalistes à sueurs froides et front de bœuf.

C’est la victoire de ceux qui, à la façon, encore, de l’inénarrable Donald hurlant dans un claquement de moumoute jaune en guise de lasso : « we will make America great again ! », songent à mettre un mur, eux aussi, entre « les musulmans » et eux.

Cela pourra se dire en engliche, en rital, en franglais.

Cela va se dire en grognant, en cognant, en virant, en renvoyant à la mer, en interdisant de rentrer ou en proclamant bien fort le dérisoire et fiérot: « je suis Anglais, moi, Monsieur » – ou Ecossais, ou Français, ou Allemand, ou n’importe quoi d’autre.

Ce sera, toujours, la victoire de l’ignorance sur le savoir.

Ce sera, chaque fois, la victoire du petit sur le grand, et de la crétinerie sur l’esprit.

Car « les Grands », amis Britanniques, ce ne sont évidemment pas les « ploutocrates » et les « bureaucrates » !

Ce ne sont même pas ces « privilégiés » dont on rêve partout, ces temps-ci, comme chez vous, de voir la tête au bout d’une pique !

Et ceux que le Brexit a dégommés en dégommant l’appartenance à l’Europe, ce ne sont même pas, hélas, les « oligarques » dénoncés par les batteurs d’estrades !

Les grands, ce sont les amis et inspirateurs de la vraie grandeur des peuples.

Les grands, ce sont les inventeurs de cette chimère splendide, nourrie au lait des Dante, des Goethe, des Husserl ou des Jean Monnet, qui s’est appelée l’Europe.

Et ce sont ces grands-là que vous êtes en train de raccourcir.

Et c’est l’Europe comme telle qui est en train de se dissoudre dans le néant de votre ressentiment.

Que cette Europe ait pris sa propre part au procès de sa mise à mort, c’est vrai.

Que cette étrange défaite soit aussi celle d’un corps exsangue et qui se moquait de son âme, de son histoire, de sa vocation, que cette Europe que l’on achève fût moribonde depuis des années car incarnée dans des dirigeants ternes et déjà fantomatiques dont l’erreur historique était de croire que la fin de l’Histoire était advenue et que l’on pouvait s’endormir du sommeil du dernier des hommes pourvu que l’on ait lancé l’arrosage automatique, c’est certain.

Bref, que la responsabilité de la catastrophe incombe aussi à des politiques qui ont préféré, en fidèles auditeurs de leurs spin doctors et de leurs maîtres sociologues, caresser les événements dans le sens du poil de la non-Histoire, flûter les grondements des orages redoutés et s’enfermer dans une novlangue dont les mots ont toujours servi à taire plutôt qu’à dire, c’est, encore, une évidence.

Mais que la majorité du referendum d’aujourd’hui, et ceux qui l’applaudissent, ne viennent pas nous raconter qu’ils plaidaient, en secret, pour l’on ne sait quelle « Europe des peuples ».

Car ce Brexit ce n’est pas la victoire d’une « autre » Europe, mais de « pas d’Europe du tout ! ».

Ce n’est pas l’aube d’une refondation, mais le possible crépuscule d’un projet de civilisation.

Ce sera, si l’on ne se reprend pas, le sacre de l’Internationale grise des éternels ennemis des Lumières et des adversaires de toujours de la démocratie et des droits de l’homme.

L’Europe était, certes, indigne d’elle-même.

Ses dirigeants étaient pusillanimes et paresseux.

Ses professeurs étaient routiniers, et leur art de gouverner était alangui.

Mais ce qui vient en lieu et place de ce jardin des Fizzi-Contini, c’est une zone pavillonnaire mondialisée où, parce qu’il n’y aura plus que des nains de jardin, l’on oubliera qu’il y eut Michel-Ange.

Mieux : entre ceux qui se résigneraient à laisser pourrir ce monde dans les poubelles trumpiennes de la « grande Amérique » à guns et santiags, ou dans la fascination d’un poutinisme qui réinvente les mots de la dictature ou, depuis ce matin, dans la désolation d’une Grande Bretagne tournant le dos à sa propre grandeur, entre ceux-là, donc, et les contemporains d’une fournaise d’où sortirent les plus effroyables démons de l’Europe, il n’y a que l’épaisseur d’une vie d’homme.

Le choix est donc clair.

Ou les Européens se ressaisissent – ou ce jour sera celui d’une Sainte-Alliance des hussards noirs de la nouvelle réaction trouvant son baptême du Jourdain sur les bords de la Tamise.

Ou ils sortent par le haut, c’est-à-dire par des mots forts doublés par un acte majeur, de cette crise sans précédent depuis 70 ans – ou, dans le large spectre que couvrent les langages pré totalitaires modernes et où la grimace le dispute à l’éructation, l’incompétence à la vulgarité et l’amour du vide à la haine de l’autre, c’est le pire qui surgira.

Source : La règle du Jeu, Bernard-Henri Lévy, 25-06-2016

P.S. commentaires fermés par pitié pour les modérateurs…

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Brexit : le fiasco démocratique du Royaume-Uni

Source : Les Echos, Kenneth Rogoff, 26-06-2016

Brexit : le fiasco démocratique du Royaume-Uni

Brexit : le fiasco démocratique du Royaume-Uni

Si l’on tient compte des abstentions, à peine 36 % des électeurs britanniques ont su à faire plonger le Royaume-Uni et l’Europe dans une grave zone d’incertitude. La démocratie, ce n’est pas cela, estime Kenneth Rogo .

La véritable folie du vote britannique sur une sortie hors de l’Union européenne réside moins dans le fait que les dirigeants britanniques se soient risqués à demander à leur peuple de peser le pour et le contre entre appartenance à l’UE et pressions migratoires liées à ce statut de membre, que dans le fait que la barre ait été placée incroyablement bas en termes de scrutin, le oui au Brexit n’ayant en e et exigé qu’une majorité simple. Compte tenu d’un taux de participation de 70 %, la campagne du Leave l’a ainsi emporté grâce au soutien de seulement 36 % des électeurs.

La démocratie, ce n’est pas cela. Ce vote revient à jouer à la roulette russe au sein même d’un régime politique moderne. Une décision empreinte d’énormes conséquences – au-delà même de ce qu’il peut arriver lorsque la Constitution d’un pays se trouve modifiée (texte qui bien entendu n’existe pas au Royaume-Uni) – vient d’être prise sans que ne soient intervenus de garde-fous appropriés.

A-t-il été prévu que le vote ait à nouveau lieu dans un délai d’un an, pour plus de certitude ? Non. Est-il nécessaire qu’une majorité au Parlement approuve le Brexit ? Apparemment non. Le peuple britannique avait-il réellement connaissance du sujet du vote ? Absolument pas. Personne n’a en e et la moindre idée des conséquences du Brexit, que ce soit pour le Royaume-Uni ou pour le système commercial mondial, ni de son impact sur la stabilité politique du pays. Et j’ai bien peur que le tableau s’annonce pour le moins déplaisant.

Repenser les règles

Certes, nous autres citoyens de l’Occident avons la chance de vivre une époque de paix : l’évolution des circonstances et des priorités peut être gérée au travers du processus démocratique plutôt que par la guerre civile ou à l’étranger. Mais quel genre de processus

juste et démocratique peut aboutir à des décisions aussi irréversibles, et aussi déterminantes à l’échelle de toute une nation ? Une majorité de 52 % est-elle réellement su isante pour décider un beau matin de tout plaquer ?

En termes de permanence et de conviction des choix, la plupart de nos sociétés érigent davantage de barrières sur le chemin d’un couple qui souhaite divorcer que sur celui du gouvernement du Premier ministre David Cameron lorsque la question n’est autre que la sortie de l’UE. Les partisans du Brexit n’ont pas inventé ce jeu de la roulette russe, tant les précédents existent, notamment dans le cas de l’Écosse en 2014, ou du Québec en 1995. Seulement voilà, jusqu’à présent, le barillet du revolver ne s’était jamais arrêté sur la cartouche. Maintenant que c’est chose faite, l’heure est venue de repenser les règles du jeu.

Le fait de considérer que n’importe quelle décision convenue à n’importe quel moment via la règle de la majorité serait nécessairement « démocratique » revient à pervertir cette notion. Les démocraties modernes disposent de systèmes évolués qui font intervenir des garde-fous afin de préserver les intérêts des minorités, et d’éviter que ne soient prises des décisions malavisées, aux conséquences désastreuses. Plus la décision en question est conséquente et permanente, plus les barrières sont élevées.

Pas de consensus académique

C’est la raison pour laquelle une révision constitutionnelle, par exemple, requiert généralement de satisfaire à des obstacles bien plus importants que dans le cas de la simple promulgation de lois budgétaires. Il semble pourtant que la norme internationale actuelle régissant la rupture d’un pays auprès d’autres États soit désormais moins exigeante que le vote d’un texte sur l’abaissement de l’âge légal pour la consommation d’alcool.

L’Europe étant désormais confrontée au risque d’une vague de nouveaux votes de rupture, la question urgente consiste à déterminer s’il existerait une meilleure manière de procéder à de telles décisions. J’ai personnellement interrogé plusieurs experts majeurs en sciences politiques sur la question de savoir s’il existe ou nom un consensus académique en la matière ; malheureusement, la réponse est rapide et négative.

Une chose est sûre, bien que la décision sur le Brexit puisse avoir semblé simple dans le cadre du scrutin, nul ne sait en vérité ce qu’il peut advenir à la suite d’un tel vote de sortie. Ce que nous savons en revanche, c’est que la plupart des pays exigent en pratique une
« supermajorité » lorsqu’une décision s’avère déterminante à l’échelle d’une nation, et non une simple majorité de 51 %. Il n’existe certes pas de chi re universel, de type 60 %, mais

le principe général veut qu’au minimum la majorité en question soit manifestement stable. Un pays ne devrait pas pouvoir procéder à des changements fondamentaux et irréversibles sur la base d’une majorité acquise sur le fil du rasoir et susceptible de ne l’emporter qu’au cours d’une brève fenêtre d’élan émotif.

Même s’il est possible que l’économie du Royaume-Uni ne plonge pas dans une récession pure et simple à l’issue de ce vote (le déclin de la livre sterling étant susceptible d’amortir le choc initial), il y a de fortes chances que le désordre économique et politique provoqué suscite chez ceux qui ont voté en faveur du Leave une sorte de « remord de l’acheteur ».

L’exemple d’Athènes

Depuis l’Antiquité, les philosophes s’e orcent de concevoir des systèmes visant à équilibrer la puissance de la règle majoritaire avec la nécessité de veiller à ce que les toutes les parties informées puissent peser d’un poids plus conséquent en cas de décisions critiques, sans parler de la nécessité que soient entendues les voix de la minorité. À l’époque des assemblées organisées à Sparte dans la Grèce antique, les votes étaient exprimés par acclamation. Les citoyens donnaient ainsi plus ou moins de voix afin de refléter l’intensité de leurs préférences, tandis qu’un magistrat président y prêtait une oreille attentive et se prononçait ensuite sur l’issue du vote. La procédure était certes imparfaite, mais pas forcément moins judicieuse que celle à laquelle nous venons d’assister au Royaume-Uni.

À certains égards, Athènes, cité homologue de Sparte, a pour sa part appliqué le plus parfait exemple historique de démocratie. Les voix de chaque individu, issu de n’importe quelle catégorie de citoyens, pesaient d’un poids équivalent (même si seuls les hommes étaient concernés). Cependant, à l’issue de plusieurs décisions catastrophiques dans le domaine de la guerre, les Athéniens considérèrent nécessaire de conférer davantage de pouvoir à des organes indépendants.

Qu’aurait dû faire le Royaume-Uni s’il avait e ectivement été nécessaire de poser la question de son appartenance à l’UE (nécessité qui en réalité n’existait pas) ? De toute évidence, les freins à toute décision en la matière auraient dû être beaucoup plus conséquents ; le Brexit aurait par exemple pu nécessiter deux consultations populaires, espacées d’au moins deux ans, et suivies d’un vote de la Chambre des communes à 60 %. Si la volonté d’un Brexit avait malgré cela persisté, nous aurions au moins su qu’il ne s’agissait pas uniquement de la photographie ponctuelle d’un fragment de la population.

Le vote britannique plonge désormais l’Europe dans la tourmente. Beaucoup de choses dépendront de la manière dont le monde réagit, et de la capacité du gouvernement britannique à gérer sa propre reconstruction. Il est néanmoins important que nous fassions non seulement le bilan de l’issue du référendum, mais également celui du processus de vote. Toute démarche visant à redéfinir un accord de longue date portant sur les frontières d’un État devrait exiger bien plus qu’une majorité simple, exprimée dans le cadre d’un seul et unique vote. Nous venons tout juste de constater à quel point l’actuelle norme internationale consistant à employer la règle de la majorité simple peut constituer une recette désastreuse.

Traduit de l’anglais par Martin Morel

Kenneth Rogo , ancien économiste en chef au FMI, est professeur d’économie et de politique publique à l’Université d’Harvard.

Cet article est publié en collaboration avec Project Syndicate, 2016 – “Le fiasco démocratique du Royaume-Uni”.

Source : Les Echos, Kenneth Rogoff, 26-06-2016

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Cela aurait aussi été dommage de ne pas avoir Minc…

minc

“Ce vote pour le Brexit, c’est la victoire de ‘Downton Abbey’ sur les bobos, les créateurs d’entreprises et surtout les jeunes. Mais les aristocrates et la classe ouvrière n’avaient pas vu la conséquence du Brexit, c’est-à-dire l’éclatement possible du Royaume-Uni.[…] Ce référendum n’est pas la victoire des peuples sur les élites, mais des gens peu formés sur les gens éduqués”.

À lire ici.

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A lire aussi, l’article de Vincent Delhomme (Génération Libre) intitulé  “Libéraux, n’abandonnez pas l’Europe”

Source: http://www.les-crises.fr/etrange-defaite-a-londres-par-bernard-henri-levy-bonus-rogoff-le-fiasco-democratique/


Entraide recherche Propagande anti-Brexit

Wednesday 29 June 2016 at 18:02

Bonjour

comme je suis en train de poursuivre l’analyse sur le 11 Septembre pour terminer la série, je suis sous l’eau.

Certains d’entres vous pourraient ils me donner un coup de main pour une recherche sur le Brexit ?

J’aimerais recenser la vaste blague médiatique ayant accompagné le Brexit, en citant toutes les infos manipulatoires (avec un lien vers une source mainstream à chaque fois) pour dénaturer le résultat, allant du “les jeunes sont sacrifiés”, à “les votants Brexit regrettent déjà leur vote”, en passant par “certains promesses ont été exagérées”, les recherches UE sur Google, etc.

J’aimerais en effet faire un billet recensant toutes ces stratégies manipulatoires.

Il vous suffit de poster liens et descriptions en commentaire de ce billet…

Merci d’avance

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-recherche-propagande-anti-brexit/


[Édit] Résolution Brexit : le Parlement Européen montre son sinistre visage…

Wednesday 29 June 2016 at 16:35

Billet mis à jour, avec le texte de la résolution votée le 28 juin :

Les 4 grands groupes du Parlement ont donc voté hier la résolution quasiment inchangée.

Elle est vraiment très importante, du moins par ce qu’elle démontre.

C’est-à-dire, qu’en réalité, bien loin des discours rabâchés, tous ces européistes :

MAIS que leur ambition est simplement de bâtir leur empire (au mieux de papier, si ce n’est totalement utopique), en supprimant toute souveraineté nationale (corollaire évident de la notion même de Démocratie – vu qu’il n’y a aucun peuple européen).

Et pour cela, ils veulent faire un exemple avec le royaume-Uni, pire que la Grèce.

Car pour ma part, je ne vois pas en quoi on ne peut pas laisser l’Angleterre dans une zone de libre échange avec l’UE, dans Erasmus, etc. Il suffit d’en négocier le principe, qui ne devrait pas être difficile, vu que c’est déjà en place !

Voici en tous cas le texte adopté par 395 contre 200 (Source, pdf, votes) :

brexit-2-35

brexit-age-30

Résolution du Parlement européen du 28 juin 2016 sur la décision de quitter l’Union européenne à la suite du résultat du référendum au Royaume-Uni (2016/2800(RSP))
Le Parlement européen,

–  vu l’article 123, paragraphe 2, de son règlement,

1.  prend note du souhait des citoyens du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne; souligne que la volonté exprimée par la population doit être entièrement et scrupuleusement respectée, en commençant par le déclenchement aussi rapide que possible de l’article 50 du traité sur l’Union européenne;

2.  souligne qu’il s’agit d’un moment crucial pour l’Union européenne: les intérêts et les attentes des citoyens de l’Union doivent être remis au centre du débat; le projet européen doit être relancé dès maintenant;

3.  souligne que la volonté de la majorité des citoyens du Royaume-Uni doit être respectée à travers une mise en œuvre rapide et cohérente de la procédure de retrait;

4.  souligne que les négociations au titre de l’article 50 du traité sur l’Union européenne en ce qui concerne le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne doivent débuter dès que la notification formelle aura eu lieu;

5.  rappelle que pour éviter, à chacun, une incertitude qui serait préjudiciable et protéger l’intégrité de l’Union, la notification prévue à l’article 50 du traité sur l’Union européenne doit avoir lieu dès que possible; s’attend à ce que le Premier ministre britannique notifie le résultat du référendum au Conseil européen des 28 et 29 juin 2016; ladite notification lancera la procédure de retrait;

6.  rappelle que l’accord conclu entre les chefs d’État ou de gouvernement en février 2016 prévoyait qu’il n’entrerait en vigueur que si le Royaume-Uni décidait de rester dans l’Union; par conséquent, il est nul et non avenu;

7.  rappelle qu’il ne peut y avoir d’accord sur toute relation nouvelle entre le Royaume-Uni et l’Union avant la conclusion de l’accord de retrait;

8.  rappelle que l’approbation du Parlement est requise en vertu des traités, et que celui-ci doit être pleinement associé à toutes les étapes des procédures concernant l’accord de retrait et toute relation future;

9.  invite le Conseil à désigner la Commission en tant que négociateur en ce qui concerne l’article 50 du traité sur l’Union européenne;

10.  souligne que les défis actuels nécessitent une réflexion sur l’avenir de l’Union européenne: il est nécessaire de réformer l’Union, de l’améliorer et de la rendre plus démocratique; fait observer que si certains États membres peuvent décider d’intégrer l’Union selon un processus plus lent, ou à un degré moindre, le noyau dur de l’Union doit quant à lui être renforcé et les solutions à la carte devraient être évitées; estime que la nécessité de promouvoir nos valeurs communes, d’assurer la stabilité, la justice sociale, la durabilité, la croissance et l’emploi, et de surmonter l’incertitude économique et sociale persistante, de protéger les citoyens et de relever le défi migratoire exige de développer et de démocratiser, notamment, l’Union économique et monétaire et l’espace de liberté, de sécurité et de justice, ainsi que de renforcer la politique étrangère et de sécurité commune; estime par conséquent que les réformes doivent conduire à une Union qui répond aux attentes des citoyens;

11.  demande l’élaboration d’une feuille de route pour une Union meilleure qui exploite pleinement le potentiel du traité de Lisbonne, complétée par une révision des traités;

12.  modifiera son organisation interne de manière à refléter la volonté de la majorité des citoyens du Royaume-Uni de se retirer de l’Union européenne;

13.  prend acte de la démission du commissaire britannique et de la réattribution de son portefeuille;

14.  invite le Conseil à modifier l’ordre de ses présidences afin d’éviter que le processus de retrait n’affecte la gestion des affaires courantes de l’Union;

15.  charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil européen, au Conseil, à la Commission, à la Banque centrale européenne, aux parlements nationaux et au gouvernement du Royaume-Uni.

 

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Billet original du 25 juin :

Jean Quatremer a bien rappelé la consigne du clergé bruxellois :

brexit-69

Il ne s’agit donc nullement de trouver une solution fraternelle et humaniste, qui préserve au mieux nos intérêts communs, non, il faut punir – stratégie de plus en plus à l’œuvre ne Diplomatie vous noterez.

Bien évidemment, ces grands stratèges pensant décourager de futurs X-exit montrent au contraire le sinistre visage de cette organisation, et vont donc contribuer à la faire détester encore plus…

Il est fascinant de voir à quel point toutes ces personnes “l-ue-c-est-la-paix” sont prêtes aux pires actes dès qu’un membre leur déplait (Hongrie, Grèce, Pologne…).

C’est finalement comme ces psychopathes qui promettent l’amour éternel à une femme et qui, dès que celle-ci leur dit “Tu es gentil, mais je préféré qu’on se sépare”, sont prêts à la taper, la détruire, l’assassiner…

Les 4 groupes mainstream du Parlement européen (Droite, Socialistes, Libéraux, Verts) ont ainsi mis moins de 24 heures pour pondre un projet de résolution (en anglais, l’Histoire est cruelle…) qui sera discutée mardi :

Je vous la résume :
brexit-70

brexit-71

Ils demandent donc :

Voici d’ailleurs un de ces projets de rapport. (jetez un coup d’œil, c’est hallucinant…)

Je rappelle ce sondage qui montre pourtant que ces fanatiques ne représentent qu’une faible minorité :

brexit-34

Cela va donc devenir de plus en plus intéressant, avec des comicos possédant ce niveau lamentable de diplomatie, de démocratie et de préservation de nos intérêts…

À suivre !

EDIT : bon, ben ça va vite…

brexit-77

Mais alors, là, on crois rêver :

brexit-78

Le Ministre des AE français qui demande le départ du Premier Ministre anglais, comment dire… ?  😯

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Source: http://www.les-crises.fr/resolution-brexit-le-parlement-europeen-montre-deja-son-sinistre-visage/


[Recommandé] La folie collective du Département d’État des États-Unis, par Robert Parry

Wednesday 29 June 2016 at 03:11

Source : Le Grand Soir, Robert Parry, 19-06-2016

Victoria Nuland, Secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes

Victoria Nuland, Secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes

Plus de 50 « diplomates » du Département d’Etat des Etats-Unis [Ministère des Affaires Etrangères – NdT] ont envoyé un rapport « dissident » exhortant le président Obama à lancer des frappes militaires contre l’armée syrienne, un signe de plus que ce Ministère a disjoncté de façon collective.

Au cours des dernières décennies, le département d’Etat des Etats-Unis qui était jadis une maison raisonnablement professionnelle et réaliste en matière de diplomatie est devenu un repaire de bureaucrates guerriers possédés par des obsessions impériales, un phénomène dangereux souligné par la récente « dissidence » de masse en faveur de nouvelles tueries en Syrie.

51 « diplomates » du Département d’Etat ont signé une note de service distribuée par un « canal de la dissidence » officiel, demandant des frappes militaires contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad dont les forces ont mené la contre-offensive contre les extrémistes islamistes qui cherchent à contrôler cette importante nation du Moyen-Orient .

Le fait qu’un si grand nombre de fonctionnaires du Département d’Etat plaident en faveur d’un élargissement de la guerre d’agression en accord avec l’agenda néoconservateur, qui a placé la Syrie sur une liste noire il y a vingt ans, est révélateur du degré de folie qui s’est emparé du Département d’Etat.

Le Département d’Etat semble être devenu un mélange de néoconservateurs pur jus, de libéraux interventionnistes et de quelques arrivistes qui ont compris qu’il était dans leur intérêt de se comporter comme des proconsuls globaux qui imposent leurs solutions ou recherchent un « changement de régime » plutôt que de se comporter en diplomates respectueux à la recherche de véritables compromis.

Même certains fonctionnaires du Département d’Etat, que je connais personnellement et qui ne sont pas vraiment néoconservateurs ou libéraux-faucons, agissent comme s’ils avaient avalé la pilule et toute la boîte avec. Ils parlent comme des durs et se comportent avec arrogance envers les populations des pays sous leur contrôle. Les étrangers sont traités comme des objets stupides tout juste bons à être soumis ou soudoyés.

Il n’est donc pas tout à fait surprenant que plusieurs dizaines de « diplomates » étasuniens s’en prennent à la position plus modérée du président Barack Obama sur la Syrie tout en se positionnant en prévision de l’élection d’Hillary Clinton, qui devrait autoriser une invasion illégale de la Syrie – sous couvert d’établir des « zones d’exclusion aérienne » et des « zones de sécurité » – ce qui signifie en clair, tuer d’avantage de jeunes soldats syriens. Les « diplomates » demandent l’utilisation d’ « armes à longue portée et aériennes ».

Ces faucons sont si avides guerres que le risque d’un conflit direct avec la Russie ne les dérange pas. D’un léger revers de la main, ils balaient la possibilité d’un conflit avec une puissance nucléaire en affirmant qu’ils ne préconisent pas « d’emprunter une pente glissante qui se terminerait dans une confrontation militaire avec Russie. » Dis comme-ça, ça rassure.

Risquer une victoire Djihadiste

Il y a aussi le risque qu’une intervention militaire directe des Etats-Unis pourrait faire s’effondrer l’armée syrienne et ouvrir la voie à une victoire du Front Al-Nusra/Al-Qaïda ou de l’Etat Islamique. La note ne précise pas comment ils comptent réaliser la délicate opération d’infliger suffisamment de dégâts à l’armée syrienne tout en évitant une victoire pure et simple des djihadistes et une confrontation avec la Russie.

On peut supposer que, quels que soient les dégâts infligés, ce sera à l’armée US de nettoyer après, en supposant que l’abattage d’avions militaires russes et la mort de militaires russes ne dégénérera pas en une conflagration thermonucléaire à grande échelle.

En bref, il semble que le Département d’Etat est devenu un asile de fous dont les malades auraient pris le contrôle. Mais cette folie n’est pas une aberration temporaire qui pourrait être facilement corrigée. C’est quelque chose qui vient de loin et il faudrait un nettoyage de fond en comble du « corps diplomatique » actuel pour rétablir le Département d’Etat dans son rôle traditionnel qui est censé être celui d’éviter les guerres plutôt que de les provoquer.

Bien qu’il y ait toujours eu des cinglés au sein du Département d’Etat – généralement placés aux échelons les plus élevés – le phénomène d’aliénation mentale institutionnelle n’est apparue qu’au cours des dernières décennies. Et j’ai vu le changement.

J’ai couvert la politique étrangère des Etats-Unis depuis la fin des années 1970 quand il y avait nettement plus de gens sains d’esprit au sein du corps diplomatique. Il y avait des gens comme Robert White et Patricia Derian (tous deux décédés) qui défendaient la justice et les droits de l’homme, et tout ce qu’il y avait de meilleur aux Etats-Unis.

Mais la déchéance du Département d’Etat des Etats-Unis devenu un repaire de petits voyous bien habillés, beaux-parleurs et serviteurs zélés de l’hégémonie US, a commencé sous l’administration Reagan. Le Président Ronald Reagan et son équipe avaient une haine pathologique des mouvements sociaux d’Amérique centrale qui cherchaient à se libérer des oligarchies oppressives et leurs forces de sécurité brutales.

Pendant les années 1980, les diplomates US dotés d’intégrité ont été systématiquement marginalisés, harcelés ou écartés. (Derian, qui était Coordinatrice des Droits Humains, a quitté ses fonctions à la fin de l’administration Carter et a été remplacée par le néoconservateur Elliott Abrams. Blanc fut congédié comme ambassadeur US en El Salvador, en expliquant : « Le Secrétaire d’Etat, Alexander M. Haig Jr. , m’a demandé de recourir aux canaux officiels pour couvrir la responsabilité de l’armée salvadorienne pour les meurtres de quatre sœurs religieuses américaines. J’ai refusé » )

La montée des néoconservateurs

Au fur et à mesure des départs des professionnels de la vieille garde, une nouvelle génération de néo-conservateurs agressifs prenaient leur place, des gens tels que Paul Wolfowitz, Robert McFarlane, Robert Kagan et Abrams. Après huit années de Reagan et quatre années de George H.W. Bush, le Département d’Etat avait été remodelé en un foyers de néo-conservateurs, mais quelques poches de professionnalisme avaient résisté aux assauts.

Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que l’administration Démocrate de Clinton inverse la tendance, ce ne fut pas le cas. Au lieu de cela, la « triangulation » de Bill Clinton fut appliquée aussi bien en politique extérieure qu’en politique intérieure. Il était toujours à la recherche de ce « juste milieu » confortable.

Vers fin des années 90, la décimation des experts en politique étrangère de la trempe de White et Derian n’a laissé que quelques survivants du côté Démocrate avec le courage ou les compétences pour défier les néoconservateurs profondément enracinées. De nombreux démocrates de l’ère Clinton se sont acclimatés à la domination des néo-conservateurs en se réinventant comme « progressistes interventionnistes », en partageant l’amour des néoconservateurs pour la force militaire mais justifiant les tueries par des raisons « humanitaires ».

Cette approche était une façon pour les « progressistes » de se protéger des accusations de « faiblesse » lancées par la droite, une accusation qui avait profondément marqué les Démocrates pendant les années Reagan / Bush. Mais cette posture de « Démocratique dur » n’a fait qu’isoler un peu plus les diplomates sérieux favorables à une politique de donnant/donnant avec les dirigeants étrangers et leurs peuples.

Il y avait donc des Démocrates comme l’Ambassadrice auprès des Nations Unies (et plus tard secrétaire d’Etat) Madeleine Albright qui justifiait les sanctions brutales de Bill Clinton envers l’Irak, sanctions qui selon l’ONU ont provoqué la mort de 500.000 enfants irakiens, comme « un choix très difficile, mais le prix – nous pensons que cela en valait le prix ».

Les huit années de la politique du « juste milieu » de Bill Clinton, qui comprenait la guerre aérienne brutale contre la Serbie, ont été suivies par huit années de George W. Bush, qui a renforcé encore plus l’influence des conservateurs sur la politique étrangère des Etats-Unis.

A ce stade, ce qui restait des anciens Républicains « réalistes » tels que Henry Kissinger et Brent Scowcroft, vieillissait ou était tellement compromis que les néo-conservateurs n’avaient plus d’opposition significative dans les cercles républicains. De plus, la politique étrangère officielle des Démocrates était presque impossible à distinguer de celle des néoconservateurs, à l’exception de leur recours à des arguments « humanitaires » pour justifier les guerres d’agression.

La capitulation des médias.

Avant l’invasion de l’Irak par George W. Bush, une grande partie de l’élite des médias « progressistes » – du New York Times au  New Yorker – s’est alignée derrière la guerre, et n’a posé que quelques rares questions gênantes sans offrir de véritable résistance. Etre favorable à la guerre devint un plan de carrière « sage ».

Mais un mouvement anti-guerre surgit des rangs démocrates, propulsant Barack Obama, un Démocrate opposé à la guerre en Irak, à la nomination du parti pour l’élection présidentielle de 2008 au détriment de la va-t-en-guerre Hillary Clinton. Mais les sentiments pacifistes de la « base » du parti Démocrate n’ont pas eu grand effet chez les ténors Démocrates en matière de politique étrangère.

Lorsque Barack Obama est entré à la Maison Blanche, il a du faire face à un défi difficile. Le Département d’Etat avait besoin d’une purge complète des néoconservateurs et des faucons/libéraux, mais les experts en politique étrangère qui n’avaient pas vendu leur âme aux néoconservateurs étaient devenus rares. Une génération entière de décideurs politiques démocrates avait été élevée dans un monde dominé par des conférences, des réunions, des éditoriaux et des think tanks néoconservateurs, où un discours musclé passait bien et où un discours diplomatique plus traditionnel vous faisait passer pour un mou.

En revanche, de plus en plus de gens au sein de l’armée US et même de la CIA étaient favorables à des approches moins agressives, en partie parce qu’ils avaient effectivement combattu dans la « guerre mondiale contre le terrorisme » sans espoir de Bush. Mais le haut commandement, soigneusement désignée par Bush et aux penchants néo-conservateurs – comme le général David Petraeus – sont restés en place et ont favorisé l’extension des guerres en Irak et en Afghanistan.

Obama a ensuite pris l’une des décisions les plus fatidiques de son mandat. Au lieu de nettoyer le Département d’Etat et le Pentagone, il a prêté l’oreille à certains conseillers qui ont brandi la notion, astucieuse sur le plan de la communication, d’ « Equipe de Rivaux » – une référence au premier cabinet d’Abraham Lincoln pendant de guerre civile [des Etats-Unis] – et a maintenu à leurs postes la direction militaire de Bush, y compris Robert Gates comme secrétaire à la Défense, et a tendu la main au sénatrice belliciste Hillary Clinton en lui proposant le poste de secrétaire d’État.

En d’autres termes, non seulement Obama n’a pas pris le contrôle de l’appareil de politique étrangère, il a renforcé le pouvoir des néo-conservateurs et des faucons libéraux. Il laissa alors ce puissant bloc Clinton-Gates-Petraeus l’entraîner dans une contre-insurrection téméraire en Afghanistan dont le seul bilan fut la mort de 1.000 soldats US supplémentaires ainsi que de nombreux autres Afghans.

Obama a également laissé Clinton saboter sa tentative de rapprochement avec l’Iran en 2010 sur la question de son programme nucléaire et il a succombé à sa pression en 2011 pour envahir la Libye sous le faux prétexte d’établir une « zone d’exclusion aérienne » pour protéger les civils, et qui se transforma en une catastrophique « changement de régime » qu’Obama a désigné comme sa plus grande erreur de politique étrangère.

Le conflit syrien

Obama a résisté aux appels du Secrétaire Clinton pour une autre intervention militaire en Syrie tout en autorisant un certain soutien militaire limité aux rebelles prétendument « modérés » et a permis à l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie de faire beaucoup plus pour soutenir les djihadistes liés à Al-Qaïda et même à l’État islamique.

Sous Hillary Clinton, le bloc néoconservateur / libéral-faucon a consolidé son emprise sur le corps diplomatique du département d’Etat. Sous la domination néo-conservatrice, le Département d’Etat est passée d’une « pensée collective » à une autre. N’ayant rien appris de la guerre en Irak, la pensée unique continua sa lancée en Libye, en Syrie, en Afghanistan, en Ukraine, en Russie, en Chine, au Venezuela, etc.

Partout, l’objectif était le même : imposer l’hégémonie des Etats-Unis, forcer les populations à se plier aux diktats US, les orienter vers des solutions néo-libérales et de « marché libre » qui étaient souvent assimilées à la « démocratie », même si la plupart des gens concernées n’étaient pas d’accord.

Le double-discours et la double-pensée prirent la place d’une pensée politique axée sur des réalités. Le terme « Communications stratégiques », à savoir l’utilisation agressive de la propagande pour faire avancer les intérêts étasuniens, devint un mot d’ordre. Un autre fut « Smart Power » [« pouvoir intelligent » – NdT], à savoir l’application de sanctions financières, de menaces d’arrestations, des frappes militaires limitées et d’autres formes d’intimidation.

Chaque occasion de propagande, comme l’attaque au gaz sarin en Syrie en 2013 ou l’abattage du vol 17 de Malaysia Airlines dans l’est de l’Ukraine, fut exploitée au maximum pour pousser les adversaires sur la défensive, même si les analystes du renseignement US doutent que les éléments présentés constituent des preuves.

Le mensonge au plus haut niveau du gouvernement des Etats-Unis – mais surtout chez les hauts fonctionnaires du Département d’Etat – devint une épidémie. Peut-être pire encore, le « diplomates » étasuniens semblaient croire à leur propre propagande.

Pendant ce temps, les médias traditionnels étasuniens ont connu une dérive similaire pour finir dans l’orbite de domination des néoconservateurs et du carriérisme professionnel, ce qui exclut les principaux organes de presse que tout type de contrôle sur des mensonges officiels.

Les nouvelles têtes d’affiche

La nouvelle star du Département d’Etat – qu’on attend à être nommée à un poste important par la Présidente Clinton – est la néoconservatrice et Secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes, Victoria Nuland, qui a orchestré le putsch de 2014 en Ukraine qui a renversé un président élu, pro-russe pour le remplacer par un régime nationaliste ukrainien dur qui a ensuite lancé des attaques militaires dans l’est du pays contre les Russes ethniques qui résistaient aux putschistes.

Quand la Russie est venue en aide à ces citoyens ukrainiens retranchés, y compris en acceptant la demande de la Crimée de rejoindre la Russie, les médias du Département d’Etat et des États-Unis ont parlé d’une seule voix pour dénoncer une « invasion russe » et soutenir les manoeuvres militaires de l’OTAN sur les frontières de la Russie pour dissuader toute « agression russe. »

Toute personne qui ose remettre en question cette dernière « pensée de groupe » – qui plonge le monde dans une dangereuse nouvelle guerre froide – est accusé d’être un « apologiste du Kremlin » ou un « larbin de Moscou », tout comme les sceptiques de la guerre en Irak ont été raillés comme des « apologistes de Saddam. » Pratiquement tous ceux qui comptent dans les milieux officiels à Washington sont sur le sentier de la guerre. (Victoria Nuland est mariée à Robert Kagan, ce qui fait d’eux l’un des principaux couples de pouvoir à Washington.)

Voilà le contexte de la dernière rébellion du Département d’Etat contre la politique plus tempérée d’Obama en Syrie. En prévision d’une probable élection d’Hillary Clinton, ces 51 « diplomates » ont paraphé une déclaration « dissidente » qui préconise le bombardement de l’armée syrienne pour protéger les rebelles syriens « modérés » qui – en admettant qu’ils existent – se battent pour la plupart sous les couleurs du front Al-Nusra, une filiale d’al-Qaïda, et son proche allié, Ahrar al Sham.

La pensée confuse dans cette « dissidence » affirme qu’en bombardant l’armée syrienne, le gouvernement US pourra accroître l’influence des rebelles et forcer Assad à négocier son retrait. Mais il n’y a aucune raison de penser que ce plan pourrait marcher.

Au début de 2014, lorsque les rebelles occupaient une position relativement forte, les pourparlers de paix initiés par les Etats-Unis se sont transformés en une conférence dominée par les rebelles et posait comme condition préalable le départ d’Assad, tout en excluant les alliés iraniens de la Syrie. Sans surprise, le représentant d’Assad est rentré chez lui et les négociations ont échoué.

Désormais, avec Assad dans une position relativement forte, soutenue par la puissance aérienne russe et les forces terrestres iraniennes, les diplomates étasuniens « dissidents » disent que la paix est impossible parce que les rebelles ne sont pas en mesure de contraindre Assad de partir. Ainsi, les « dissidents » recommandent que les États-Unis étendent leur rôle dans la guerre pour donner un nouveau coup de main aux rebelles, ce qui entraînera de nouvelles exigences maximalistes de leur part.

Risques graves

Ce projet de guerre élargie présente de très graves risques, dont celui d’un effondrement de l’armée syrienne, ce qui ouvrirait les portes de Damas au front al-Nusra/Al-Qaïda (et ses alliés) ou à l’État islamique – un scénario qui, comme le souligne le New York Times, « n’est pas abordé dans le memo »

À l’heure actuelle, l’État islamique et – dans une moindre mesure – le Front Al-Nusra sont sur la défensive, pourchassés par l’armée syrienne avec le soutien de l’aviation russe et par certaines forces kurdes avec le soutien des Etats-Unis. Mais ces avancées pourraient facilement être renversées. Il y a aussi le risque de déclenchement d’une guerre plus large avec l’Iran et / ou la Russie.

Mais faire des étincelles près d’un baril de poudre n’a jamais fait peur aux néo-conservateurs et aux faucons libéraux. Ils ont toujours concocté des plans qui peuvent paraître séduisants lors d’une conférence ou dans un éditorial, mais échouent face à la réalité du terrain où les des soldats étasuniens sont censés réparer les dégâts.

Nous avons vu comment cette pensée magique a mal tourné en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Ukraine et même en Syrie où, après l’accord d’Obama de fournir des armes et une formation aux soi-disant « licornes » – ces rebelles « modérés » difficiles à observer – on a vu les combattants rejoindre avec armes et bagages les rangs d’Al-Qaïda ou de l’État islamique.

Pourtant, les néo-conservateurs et faucons libéraux qui contrôlent le Département d’Etat – et qui attendent avec impatience l’élection d’Hillary Clinton – ne cesseront jamais de sortir de nouvelles idées folles de leurs chapeaux tant qu’un effort concerté ne sera pas entrepris pour évaluer leurs responsabilités dans tous les échecs subis par la politique étrangère des États-Unis.

Tant qu’il n’y aura pas de responsables – tant que le président des Etats-Unis ne freinera pas ces bellicistes – cette folie ne fera que s’amplifier et deviendra de plus en plus dangereuse.

Robert Parry

Traduction “et dire qu’on a les mêmes chez nous” par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

Source : Le Grand Soir, Robert Parry, 19-06-2016

 

 

Un témoin oculaire explique comment l’ambassadeur étasunien a fomenté la « révolution » en Syrie.

Source : Le Grand Soir, Moon of Alabama, 23-06-2016

C’est pour dialoguer que vous êtes allé à Hama ? Vos rencontres de Malki portaient sur la paix ? Vous me prenez pour un imbécile ?

C’est pour dialoguer que vous êtes allé à Hama ? Vos rencontres de Malki portaient sur la paix ? Vous me prenez pour un imbécile ?

S. Rifai, également connu sous le nom@ THE_47th, est un « activiste » syrien de Homs. Il est impliqué dans les événements en Syrie depuis début 2011, date à laquelle l’ambassadeur américain Robert Ford (@ fordrs58) a fomenté la « révolution » en Syrie. Depuis, il a envoyé beaucoup de tweets sur la « révolution » et a montré qu’il était parfaitement au courant de ce qui se passait. Ci-dessous, S. Rifai met en lumière la propagande étasunienne et rétablit la vérité.

L’ancien ambassadeur Ford ne serait pas étranger à la lettre « dissidente » [voir sur le Grand Soir] publiée dernièrement par des employés du Département d’Etat. La lettre suggère que les Etats-Unis déclarent officiellement la guerre à la Syrie et à son gouvernement. Le New Yorker a récemment offert à Ford l’occasion de se s’expliquer.

Dans l’interview, Ford a déclaré au New Yorker :

Nous avons tous appris en Irak que le changement de régime n’est pas le bon moyen d’apporter un changement politique positif. En cas de guerre civile, il faut des négociations entre l’opposition et le gouvernement. La question est de savoir comment accroître les chances de succès. Et depuis que la Secrétaire Clinton et Sergueï Lavrov, ont signé le communiqué de Genève, en juin 2012, la politique de l’Administration n’a pas réussi à créer les conditions nécessaires au succès.

Citant ce qui est écrit ci-dessus, S. Rifai a répondu aux affirmations de l’ex-ambassadeur Ford. (C’est moi qui ai souligné en gras et j’ai aussi fait des phrases à partir de la sténo) :

S. Rifai @THE_47th 05:02 – 19 juin 2016

Ce n’est pas ce que vous nous avez dit dans les réunions à Damas, Ambassadeur @fordrs58 .., ce n’est pas le message que vous nous avez transmis

Ambassadeur Ford @fordrs58, vous avez eu plus de liberté à Damas en 2011 que la plus grande partie de l’opposition politique et, tout au long de vos réunions, votre message était différent de celui rapporté ci-dessus

En fait, vous avez eu le courage, Ambassadeur @fordrs58, de rencontrer les responsables du régime qui semblaient prêts à l’abandonner et votre message n’était certainement pas un message de « négociation »

Vos réunions à Abou Remmaneh, à Malki, et chez des dissidents connus, M.@fordrs58, vous vous en souvenez ? Vous vous rappelez vos promesses ?

Je pourrais être plus précis au sujet de ces réunions, M.@fordrs58, mais ce ne serait pas bon pour vous, ni pour moi.

Ces détails n’ont pas d’importance, Monsieur l’Ambassadeur @fordrs58 – ce qui compte c’est le « Assad doit partir » que vous et votre président n’avez cessé de répéter.

Ford n’a pas répondu immédiatement, mais S. Rifai a insisté

S. Rifai @THE_47th 05:14 – 19 juin 2016

@Fordrs58 S’il vous plaît expliquez-moi : vous saviez tout au long qu’Obama voulait des « négociations avec le gouvernement », mais vous et Obama n’avez pas cessez de nous dire « Assad va partir » ?

Un autre « révolutionnaire » se joint à lui :

Abdul @al_7aleem 05:36 – 19 juin 2016

@THE_47th @fordrs58 C’est sans doute de notre faute, dans notre enthousiasme, nous avons oublié les 90 dernières années de l’histoire des États-Unis…

S. Rifai @THE_47th 05:38 – 19 juin 2016
Nous n’avions rien oublié mais nous voulions un changement.. Ce n’est pas comme s’il y avait eu une autre puissance sur laquelle compter

Ford a répondu plus tard :

Robert Ford @fordrs58 10:34 – 19 juin 2016

vous devriez vous rappeler que nous (l’Ambassade américaine et d’autres) avons encouragé au dialogue avec le gouvernement syrien et insisté pour que les manifestations restent pacifiques

(Le Tweet de Ford implique que, en dépit de son insistance, les manifestations ne sont pas restées pacifiques. Il admet donc que les manifestants, et non le gouvernement, ont initié la violence.)

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Rifai contre-attaque :

S. Rifai @THE_47th 23:36 – 19 juin 2016

espoirs versus Réalité

C’est pour dialoguer que vous êtes allé à Hama ? Vos rencontres de Malki portaient sur la paix ?Vous me prenez pour un imbécile ?

. @Fordrs58 Lorsque vous avez appris que Manaf Tlass ou le premier ministre étaient sur le point d’abandonner le gouvernement syrien, les avez-vous incités au dialogue à la place ?

. @Fordrs58 Où est le « dialogue » quand Obama dit « Assad doit démissionner » ? Assad doit partir, selon Obama

. @Fordrs58 Quand farouk Al Chareh a invité l’opposition à une réunion en 2011 vous avez conseillé à Nabil Maleh, Michel Kilo, Fayez Sara de NE PAS dialoguer.

. @Fordrs58 Voulez-vous que l’ambassadeur bulgare vous rafraîchisse la mémoire ? Ou B.R ? Ou M.T ? Ils étaient tous là quand vous avez conseillé à l’opposition de NE PAS dialoguer.

. @Fordrs58 Vous ne cessiez pas de nous parler de l’importance de nous rendre dans l’Union Européenne pour y défendre notre cause et tirer parti du fait que l’UE avait coupé les liens avec Assad

Plus tard :

Robert Ford @fordrs58 07:33 – 20 juin 2016

@THE_47th S’il vous plaît ne dites pas n’importe quoi. Je n’ai même jamais rencontré Fayez en 2011. Nous avons insisté pour que Chareh élargisse le dialogue à des gens comme Michel et Haithem M.

S. Rifai @THE_47th 08:10 – 20 juin 2016

. @Fordrs58 Très bien. Je vais leur demander de répéter ce que vous leur avez dit. Mais j’ai une autre question : pourquoi avez-vous fourni une aide « non létale » aux rebelles ?

. @Fordrs58 Et quand vous êtes allé à la frontière syrienne avec la Turquie pour rencontrer les rebelles, les avez-vous aussi exhortés au dialogue ?

Récapitulons. Ford affirme maintenant que lui et Obama ne voulaient pas provoquer un « changement de régime » immédiat, par la force, en Syrie. Ce qu’ils voulaient, c’était dialoguer et négocier avec le gouvernement d’Assad.

Rifai, qui était là depuis le début, dit que ce sont des mensonges. Dans ses entretiens avec l’opposition Ford l’a dissuadée de négocier. Ses discours ne portaient pas sur la paix ou le dialogue. Ils incitaient à un « changement de régime » pur et simple, et quoiqu’il en coûte.

Les naïfs « révolutionnaires » se sont fait avoir.

— –

Complément d’information :

Ford raconte au moins un autre gros mensonge dans l’interview du New Yorker. Il dit :

[En 2012, nous autres, du Département d’Etat …] n’avions pas prévu que l’organisation Al-Qaïda se diviserait et accoucherait d’une forme encore plus virulente – qu’une forme plus extrémiste encore viendrait contrôler la partie orientale de la Syrie qui se prolonge en Irak.

Mi-2012, la Defense Intelligence Agency a publié une évaluation de grande qualité de la situation en Syrie, qui disait le contraire. En réalité, l’administration Obama avait prévu l’Etat islamique. Selon (vidéo, 8min50) le directeur de l’époque de la DIA, le général Flynn, ce fut une « décision réfléchie » de l’administration Obama de ne rien faire pour l’empêcher.

IL Y A LA POSSIBILITE D’ETABLIR UNE PRINCIPAUTÉ SALAFISTE OFFICIELLE OU NON DANS L’EST DE LA SYRIE (HASAKA ET DER ZOR), ET CECI EST EXACTEMENT CE QUE VEULENT LES PUISSANCES QUI SOUTIENNENT L’OPPOSITION, […]

ISI POURRAIT EGALEMENT INSTITUER UN ÉTAT ISLAMIQUE EN S’UNISSANT A D’AUTRES ORGANISATIONS TERRORISTES EN IRAK ET EN SYRIE, CELA FERA COURRIR UN GRAVE DANGER A L’UNIFICATION DE L’IRAK ET A LA PROTECTION DE SON TERRITOIRE.

Ford savait parfaitement ce qui allait arriver. Il ment bel et bien.

Moon of Alabama

Traduction : Dominique Muselet

Source : Le Grand Soir, Moon of Alabama, 23-06-2016

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Source: http://www.les-crises.fr/recommande-la-folie-collective-du-departement-detat-des-etats-unis-par-robert-parry/


Le faucon à l’affût derrière Hillary Clinton, par Philip Giraldi

Wednesday 29 June 2016 at 02:15

Source : The American Conservative, le 19/05/2016

Si Hillary Clinton gagne, attendez-vous à trouver, à ses côtés, Victoria Nuland.

Par PHILIP GIRALDI • 19 mai 2016

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Ambassade des États-Unis, Géorgie

L’autre jour, une question a surgi sur un fil de Facebook que je commentais : « Où est donc Victoria Nuland ? » On peut, bien sûr, répondre brièvement qu’elle est toujours à son poste comme sous-secrétaire d’État pour les affaires européennes et eurasiennes.

Mais se pose aussitôt une question connexe qui appelle une réponse plus détaillée. Où sera Victoria Nuland après janvier ? Nuland est l’une des protégés d’Hillary Clinton au secrétariat d’État et elle est aussi fort admirée par la branche dure des Républicains. Ceci laisse entendre que le Congrès approuverait sans problème sa nomination comme secrétaire d’État ou même comme conseillère pour la sécurité nationale, ce qui, en retour, suggère qu’il vaut la peine d’examiner de plus près ses opinions en politique étrangère.

Victoria Nuland vient de ce qu’on pourrait appeler la Première famille des interventionnistes militaires. Son mari, Robert Kagan, est un éminent néoconservateur qui a cofondé le Projet pour le Nouveau siècle américain en 1998 alors au milieu des demandes pour « un changement de régime » en Irak. Non seulement c’est actuellement un membre important du Conseil d’administration du groupe de réflexion, l’Institution Brookings, mais c’est aussi un écrivain et il contribue aux pages d’opinion d’un grand nombre de journaux nationaux. Il a déjà déclaré qu’il allait voter pour Hillary Clinton en novembre, se détachant ainsi du Parti républicain, ce que beaucoup ont vu comme une façon avisée de donner une impulsion à sa carrière et à celle de sa femme.

Son frère, Fred, travaille dans le belliciste Institut de l’Entreprise américaine, et sa belle-sœur, Kimberly, dirige l’Institut de l’étude de la guerre, subventionné, en grande partie, par des marchands d’armes. Les Kagan travaillent à encourager les actions militaires, à la fois grâce à leurs postes gouvernementaux et à leur influence dans le débat public par l’entremise de groupes de réflexion et des articles dans les pages d’opinion. C’est une entreprise familiale qui est représentative du complexe militaro-industriel dans son ensemble, avec des groupes de réflexion. Ces derniers trouvent des raisons d’augmenter les dépenses militaires et  fournissent un soutien d’« expertise » aux responsables gouvernementaux qui, eux effectivement, promeuvent et mettent en œuvre les politiques. Les marchands d’armes, quant à eux, tirent profit de ces dépenses et rétrocèdent certaines sommes aux groupes de réflexion qui, alors, trouvent de nouvelles raisons de faire encore d’autres dépenses d’armement.

Les Kagan pensent fondamentalement que les États-Unis ont à la fois le pouvoir et le devoir de remplacer les gouvernements dont on considère qu’ils ne coopèrent pas avec Washington, le Leader du monde libre, ou qu’ils sont hostiles aux intérêts américains. Ces intérêts peuvent, bien sûr, changer. Ils incluent des valeurs comme la démocratie et la primauté du droit aussi bien que des considérations pratiques comme la concurrence économique et politique. Compte tenu de l’élasticité de ces intérêts, de nombreux pays peuvent être et sont considérés comme des cibles potentielles pour l’aide impitoyable de Washington.

On rapporte que le président Obama apprécierait énormément les livres de Robert Kagan, où ce dernier soutient que les É-U doivent maintenir leur puissance militaire pour faire face à « leurs responsabilités mondiales ». On a souvent fait remarquer que les opinions néoconservatrices continuaient à prévaloir dans l’administration Obama, même si les Démocrates et les Républicains se rallient, pour des raisons différentes, à l’interventionnisme militaire. Le Parti républicain le considère comme un impératif pour un leadership international qui repose sur le caractère exceptionnel de l’Amérique tandis que les Démocrates sentimentalisent « l’intervention libérale » et la voient comme un mal parfois nécessaire auquel il faut se résoudre, la plupart du temps pour des raisons humanitaires. Le résultat, cependant, est le même. En effet, aucune administration ne veut avoir l’air faible dans ses rapports avec le monde extérieur. Les échecs catastrophiques de George W. Bush en Afghanistan et en Irak continuent à porter leurs fruits dans une administration démocrate, même si le président a ajouté une série d’interventions au sol en Libye, en Syrie, au Yémen, aux Philippines et en Somalie.

Et Victoria Nuland elle-même, beaucoup s’en souviennent, était celle qui a tout fait pour déstabiliser le gouvernement ukrainien de Victor Ianoukovitch en 2013-2014. Ianoukovitch, de l’avis général un autocrate corrompu, a pris ses fonctions après des élections libres. En dépit des relations ostensiblement amicales de Washington et de Kiev, Victoria Nuland a souvent fourni un soutien aux manifestants de la place Maidan opposés au gouvernement de Ianoukovitch, distribuant des cookies aux protestataires assemblés et organisant des opérations photos avec un sénateur McCain rayonnant.

Victoria Nuland a commencé sa rapide ascension comme conseiller du vice-président Cheney. Par la suite, elle a été régulièrement promue par les secrétaires d’État, Hillary Clinton et John Kerry, jusqu’à atteindre son poste actuel en septembre 2013. Cependant ce sont ses agissements en Ukraine qui ont fait d’elle un personnage médiatique. Il est difficile d’imaginer qu’une administration étatsunienne tolérerait qu’un pays étranger essaie de cette façon d’intervenir dans sa politique intérieure, surtout avec un budget de 5 milliards, mais Washington adhère depuis longtemps au principe du double standard quand il s’agit d’estimer sa propre conduite.

Victoria Nuland est bien connue pour le langage cru qu’elle utilise pour évoquer le rôle éventuel que pourrait jouer l’Europe dans la gestion des troubles en Ukraine qu’elle-même et le Natural Endowment for Democracy ont contribué à créer. Elle a même discuté avec l’ambassadeur Geoffroy Pyatt de l’identité du nouveau dirigeant de l’Ukraine. « Yats (elle parlait de Yatsenyuk) est l’homme qu’il nous faut », a-t-elle dit, tout en réfléchissant à la façon dont elle pourrait « bricoler la chose » alors que Pyatt, dans le même temps, pensait à la manière d’« accoucher » de cette nomination. Leur conversation téléphonique non sécurisée a été interceptée et fuitée, peut-être par le service de renseignement russe, mais, de toute façon, n’importe qui, équipé d’un laser, aurait pu le faire.

L’inévitable remplacement du gouvernement de Kiev, qui est, en fait, un coup d’État vendu aux médias comme un triomphe de « la démocratie » n’était que le prélude d’une rupture brutale et d’une escalade du conflit avec Moscou qui s’efforçait simplement de protéger ses propres intérêts en Ukraine. Le nouveau régime de Kiev, aussi corrompu que son prédécesseur et soutenu par les néonazis, a toujours été blanchi dans les médias occidentaux et le conflit décrit comme opposant des forces « en faveur de la démocratie », résistant à une « agression russe » délibérée.

Effectivement, l’intervention en Ukraine a eu, depuis le départ, comme véritable objectif d’installer un régime hostile à Moscou. Carl Gershman, le dirigeant du National Endowment for Democracy, subventionné par le contribuable, a dit de l’Ukraine qu’elle représentait « le plus grand succès » dans ce qui pouvait contribuer à la chute du régime du président Poutine. Sans doute ce dernier « allait-il être le perdant non seulement dans un territoire proche de son pays mais dans son pays lui-même ». Carl Gershman et Victoria Nuland, cependant, jouaient avec le feu dans leur appréciation, alors qu’il y allait pour la Russie, dans cette crise, d’intérêts vitaux, et qu’elle est la seule nation capable militairement de détruire les États-Unis.

Et ne vous y trompez pas : Victoria Nuland a clairement l’intention d’étendre le conflit vers une confrontation directe avec Moscou. Dans sa déposition devant le Sénat, en mai 2014, elle a mentionné la façon dont l’administration Obama « fournissait un soutien aux autres États frontaliers de la Russie comme la Moldavie et la Géorgie. »

Victoria Nuland et ses alliés néoconservateurs ont célébré leur « changement de régime » à Kiev, en ignorant le fait que Poutine allait se rendre compte de la menace stratégique posée à son propre pays et réagir, surtout pour protéger l’historique base navale de Sébastopol en Crimée. Barack Obama a répondu comme on pouvait s’y attendre en déclenchant ce qui n’allait pas tarder à apparaître comme une nouvelle Guerre froide contre la Russie et en risquant une escalade vers une éventuelle confrontation nucléaire. C’est là une crise qui n’aurait jamais existé sans Nuland et ses alliés.

Bien qu’il n’y ait aucune preuve que Poutine soit à l’origine de la crise ukrainienne, et beaucoup de preuves du contraire, la machine de la propagande du gouvernement des É-U s’est mise en branle et a prétendu que les agissements des Russes en Ukraine étaient la première étape d’une invasion de l’Europe de l’Est. L’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton a comparé Poutine à Adolf Hitler. Et Robert Kagan a fourni l’argument pour étendre l’intervention en publiant, dans le New Republic, un texte intitulé « Superpowers don’t get to retire (les superpuissances ne peuvent pas prendre leur retraite) » où il a critiqué le président Obama pour son échec à maintenir la domination américaine dans le monde. Le New York Times a révélé que ce texte faisait partie manifestement d’un projet conjoint où Victoria Nuland remaniait régulièrement les articles de son mari, même si cet article en particulier attaquait l’administration pour laquelle elle travaillait.

Alors que la situation en Ukraine a continué à se détériorer en 2014, elle s’est donnée beaucoup de mal pour anéantir plusieurs tentatives européennes de cessez-le- feu. Quand on a rapporté que le commandant de l’OTAN, le général Philip Breedlove, était favorable à l’envoi de davantage d’armes au gouvernement ukrainien pour « augmenter le coût des combats pour Poutine », Nuland a commenté : « Je vous prie instamment d’utiliser l’expression “systèmes de défense” pour évoquer ce que nous allons livrer et qui va s’opposer aux ” systèmes offensifs ” de Poutine ».

Pour en revenir à notre question initiale « où est donc Victoria Nuland ? », nous pourrions répondre que même si on ne parle pas beaucoup d’elle dans les médias, elle continue à fournir un soutien à des politiques que manifestement la Maison-Blanche approuve. À la fin du mois dernier, elle se trouvait de nouveau à Kiev. Elle a critiqué la Russie pour son manque de liberté de la presse et ses « fantoches » de la région du Donbass tout en déclarant devant l’assistance ukrainienne : « les États-Unis s’engagent avec force à se montrer solidaires de l’Ukraine tant qu’elle reste sur la voie d’un avenir juste, démocratique et européen … Nous demeurons résolus à continuer les sanctions en vigueur à cause de la situation en Crimée jusqu’à ce que la Crimée soit rendue à l’Ukraine. » Avant, elle se trouvait à Chypre et en France et elle discutait avec de hauts responsables gouvernementaux d’une série de problèmes régionaux et mondiaux. »

On doit cependant penser qu’en ce moment elle attend surtout de voir ce qui va arriver en novembre. Et elle se demande où elle pourrait bien se trouver en janvier.

Philip Giraldi, ancien agent de la CIA, est directeur général du Council for National interest (Conseil pour l’intérêt général).

Source : The American Conservative, le 19/05/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/le-faucon-a-laffut-derriere-hillary-clinton-par-philip-giraldi/


[Propagande] Brexit : L’arnaque du “vote des jeunes”…

Tuesday 28 June 2016 at 02:00

Bon, je suis un peu dur sur le titre – car oui, il y avait plus d’anti-Brexit que de pro-Brexit chez les jeunes – mais l’utilisation à outrance qui est faite depuis vendredi de ce thème commence à être très pénible…

I. La propagande

Bien sûr, la propagande tourne à plein dans les médias européistes anglais :

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(Source : Time)

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(Source : The Guardian)

Mais les médias français ne sont pas en reste :

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Notez au passage que c’est un dur métier que de trouver une bonne photo pour le Leave quand on est “journaliste”.

Du coup, amis journalistes, je vous en ai créé plusieurs, cela vous gagnera du temps :

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Voilà – ne me remerciez pas, quand je peux aider, cela me fait plaisir…

Bon, plus sérieusement (enfin, façon de parler…), on a ça aussi :

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(Source : Le Monde)

Eh oui, car il n’y a plus de futur sans “Europe”…

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(Source : Libération)

Amère, tu m’étonnes, quand on t’a détruit ton avenir radieux…

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(Source)

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(Source : 20 minutes)

II. Les chiffres

Évidemment, ce genre de graphique a été utilisé jusqu’à plus soif :

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Et il est vrai, en effet :

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Les jeunes sont particulièrement européistes, donc…

Mais il est “dommage” – pour ne pas dire franchement manipulateur – de ne pas parler de l’abstention (sondage Sky News) :

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(Source)

Ce qui change un peu la vision des choses quand on s’intéresse à la classe d’âge entière, non ? :

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Il est difficile d’étendre les résultats aux abstentionnistes : sont-ils aussi europhiles que les votants ? Osent-ils dire le fond de leur pensée quand ils sont sondés ?

En tous cas, leur non mobilisation démontre leur désintérêt du sujet…

III. Analyse

Le jeunisme à l’oeuvre est assez interpellant :

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Il postule en effet deux choses :

  1. que le “jeune” a une maturité politique d’une valeur au moins égale à celle d’adultes plus âgés, ce qui est osé…
  2. que le “jeune” ne vieillit jamais, ne devient jamais vieux, ne comprend donc pas avec le temps ce qu’est l’UE et ne change donc jamais d’avis… Bref, que les différences apparentes ne sont en fait pas basées sur un critère d’âge (et donc d’expérience), mais de génération (c’est à dire qu’on postule que les jeunes d’aujourd’hui seront toujours de grand europhiles à 50 et 70 ans…)

Alors, après, tout ceci peut, certes, se discuter, mais je trouve dommage que nos défenseurs de la maturité politique de la jeunesse et du respect de ses souhaits eu égard aux nombre d’années qu’il lui reste soient restés aussi silencieux par exemple au moment des européennes 2014 (où FN = PS + UMP…) :

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ou du référendum écossais #GrosHypocrites :

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Et comment ont voté les jeunes hommes au 1er tour de la Présidentielle en Autriche le mois dernier ?

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51 % pour l’extrême droite au 1er tout, pas mal…

(si quelqu’un peut me trouver le chiffre pour le deuxième tour, merci…)

Mais bon, on lira donc ce genre d’analyse chez Jacques Attali :

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(Source)

À mettre en place pour le prochain référendum prévoyant un saut fédéral vers Bruxelles ?

Et on saluera la vision (prophétique ?) de Peter Sutherland, ancien Commissaire européen à la concurrence (1989-1993), ancien directeur général de l’OMC (1993-1995), et ancien président de Goldman Sachs International (1995-2015), ancien président du pétrolier BP (1997-2009), ancien directeur de Royal Bank of Scotland, ancien administrateur du Groupe Bildergerg et ancien Président Europe de la Commission Trilatérale (je crois qu’on valide tout là…) :

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« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. » [Peter Sutherland] (Source)

Intéressant, ils ne se cachent même plus…

Sylvie Goulard, eurodéputée libérale :

“Moi je ne crois pas que le peuple, dans sa grande sagesse, est capable de tout comprendre. (…). Donc, il faut arrêter de penser que les élites sont mauvaises et que le peuple est bon; on a une interaction à réinventer, et dans le mot “leader”, il y a vraiment “to lead”, donc il y a aussi la question de dire, est ce qu’à un moment, il y a aussi les gens qui prennent leurs responsabilités, et peuvent dire aux autres, après les avoir écoutés, après avoir dialogué avec eux : “Bah là, non : ma responsabilité à moi, parce que c’est moi qui suis en fonction, c’est de faire quelque chose qui est douloureux pour toi mais qui sera bon pour tes enfants, ou qui sera bon pour l’ensemble de la collectivité”

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(Source : L’Obs)

Mais en revanche….

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(Et l’avis des jeunes qui vont se payer l’aéroport toute leur vie, toutça toutça… ?)

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IV Autres données

Je termine par quelques autres données sur le Brexit.

Vote en fonction de la CSP :

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Raisons du vote :

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Vote par parti :

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(Conservateurs, Travaillistes, Libéraux Démocrates, Ukip, Écologistes)

Répartition des votants de chaque camp en fonction du vote aux dernières législatives :

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(40 % des lecteurs du Leave sont Conservateurs, 21 % Travaillistes, 25 % Ukip…)

Moment du choix du vote :

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Vision du monde (différence entre les réponses positives et négatives) :

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Zoom sur la dernière question : “Pensez-vous que la vie dans le pays est meilleure ou pire qu’il y a 30 ans :

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Pour près de 50 % des femmes et 40 % des hommes, la vie est pire… C’est aussi le cas pour 34 % des cadres (!) et 57 % des ouvriers (en gros, AB cadres, C1 prof. intermed., C2 employés, DE ouvriers).

Alors du coup :

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On voit aussi que des raison politiques profondes guident le Leave, et pas qu’économiques, puisqu’on calcule que 38 % de ceux qui pensent que la vie est meilleure veulent néanmoins partir (contre 70 % chez ceux qui pensent le contraire).

Et enfin vision des conséquences :

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À suivre…

Source: http://www.les-crises.fr/brexit-l-arnaque-du-vote-des-jeunes/