les-crises.fr

Ce site n'est pas le site officiel.
C'est un blog automatisé qui réplique les articles automatiquement

Réponse du journaliste RFI à propos de l’article sur ELLE

Thursday 22 January 2015 at 00:01

Le journaliste de RFI dont je parlais dans le billet sur les néonazies de Elle m’a contacté pour un droit de réponse.

Comme il était ouvert au débat, je lui ai confirmé qu’il pouvait rédiger une réponse assez longue, pour nous donner le point de vue d’un journaliste – je l’en remercie…

ATTENTION : on parle bien ici du journaliste de RFI qui a rédigé le billet sur le problème ELLE – PAS du journaliste de ELLE…

Pour une de ses remarques, je précise que oui, j’aurais pu le contacter et en discuter ; cela aurait été mieux. Mais hélas, il se trouve que ce n’est pas mon métier, et que je ne peux passer 3 jours sur un petit billet comme ça. Promis, quand j’aurai 5 salariés, on le fera – mais désolé, je n’ai pas le 06 de milliardaires, et ils ont de toutes façons, je pense, peu envie de financer la liberté d’expression sur le web (juste des journaux en déficit) allez savoir pourquoi…  :)

Je suis client final du diffuseur d’information – qui est une des bases de la Démocratie – et quand je vois des choses déplaisantes, je les souligne…

Après, je ne veux pas sombrer dans le poujadisme, ce n’est pas simple d’être journaliste, primo en raison du manque de temps et des moyens, secundo en raison de l’environnement qui fait que, en général, on ne peut pas y écrire tout ce que l’on veut…

Enfin, le point principal de ma critique était justement la non critique du ton de ELLE, qui donnait dans un parti pris pro-Kiev, qui est systématique dans nos médias, entrés, comme à chaque fois, en période de propagande de guerre. (et là, c’est quand même ÉNORME : on veut nous montrer un peuple (féminin) uni, luttant courageusement contre les méchants Russes, et zou, pas de bol, on tombe sur une néonazie et une fille d’extrême droite… Mais de cela on ne tirera bien entendu aucune conclusion, c’est juste du pasdbol…)

Je conseille enfin de lire le beau livre de Halimi : L’opinion, ça se travaille – dont je ne suis pas sûr qu’il soit enseigné en école de journalisme comme il se devrait…

Merci d’abord à vous pour ce charmant savonnage pas très fairplay, ni très honnête intellectuellement, qui aura enchanté mes remontées de pistes pendant mes trop rares vacances au ski la semaine passée.

Je ne vous en tiens cependant guère rigueur car je note que vous commencez votre discours d’un enchanteur compliment à mon égard en me qualifiant de « nouvelle star du journalisme français ». Je n’oserais en revendiquer tant. Je me flatte également de votre confiance à me voir rejoindre un jour le Siècle car j’aurais autant de plaisir à dialoguer avec ces gens, qu’à venir ici débattre avec vous.

Plus sérieusement, pour en revenir à nos moutons ukrainiens, nazis et blonds, je vais répondre ici à une partie des reproches que vous et vos lecteurs m’avez adressés sur le ton pas toujours aimable de ceux qui savent tout beaucoup mieux que le con du jour, moi en l’occurrence.

 - D’abord sur le fond :

Contrairement à ce que vous laissez entendre à longueur de lignes, je ne suis pas une espèce de tir au flanc pro-Kiev avide de gagner ses émoluments à coups de moindres efforts. Je ne suis qu’un humble journaliste, indépendant, qui fait son travail du mieux qu’il le peut sans toujours avoir beaucoup de moyens.

Il ne me semble pas avoir dit ça…

Mes lecteurs ont rarement eu à se plaindre de mes travaux, que je tâche d’avoir le plus alimentés possible et le plus objectif possible, avec des sources le plus large possible. J’ai un vrai plaisir à échanger avec les individus les plus nobles comme les plus immondes, car je crois en la balance de l’homme. Je travaille ainsi régulièrement au contact de militaires de différents pays, de diplomates, de Russes, de terroristes, d’Ukrainiens, de criminels, d’islamistes, de criminels de guerre, et même de cons… Car je ne suis pas juge mais journaliste et que mon travail est de tendre mon micro aux gens qui font l’Histoire.

Cela vous étonnera peut-être mais pour faire ce boulot qui me prend 15h par jour – et pour lequel je gagne l’opportunité de me faire mépriser ici-, je gagne tout juste de quoi payer mon alcool et mes cigares. Mais je vais vous dire, je m’en cogne : je crois que parfois, des gens apprennent des choses intéressantes en me lisant, et cela me satisfait amplement.

- Erreur(s)

Malgré mes efforts, il m’arrive de commettre des erreurs. Vous en soulignez d’ailleurs une énorme : l’histoire des pseudonymes de nos charmantes néonazies. Une erreur d’autant plus inexcusable que j’avais effectivement l’information. Fatigué, biais intellectuel, connerie pure, je ne sais comment j’ai pu écrire cette bétise.

Je persiste tout de même à noter que pour les auteurs de l’article incriminé, au moment où ils ont réalisé leur reportage, cela ne change pas grand-chose : un pseudo ou un prénom, ça ne suffit pas à retrouver un compte VK. Car ils n’avaient que les prénoms et les visages de ces femmes. Oui, je crois

à leur bonne foi, car comme je le disais plus haut, je ne suis pas en mesure de les juger. Au vu de leur travail, je ne vois pas de raison de croire le contraire.

Ce type d’incidents peut arriver. Je comprends qu’ils ne demandent pas à tous les combattants ukrainiens qu’ils croisent s’ils sont des nazis. Comme je n’ai pas toujours demandé à tous les islamistes que j’ai croisés s’ils étaient des jihadistes, ou à tous les Ivoiriens croisés en 2010 s’ils étaient des Jeunes patriotes.

Font-ils l’éloge des forces de Kiev ? Je ne sais pas. Je ne crois pas. Ce type de reportage sous forme de portrait vise effectivement à donner la parole à un acteur. Il ne faut pas forcement y voir une adhésion à ses idées. Certains journalistes laissent à leurs lecteurs le choix de tirer leurs propres conclusions, apportant des pièces au puzzle avec la modestie de celui qui ne les a pas toutes. Je vous invite à regarder ce film que j’ai moi-même tourné, et dans lequel je donne la parole à des islamistes radicaux en France. Je ne crois pas que l’on puisse m’accuser de faire leur propagande. Les images me semblent parler d’elles mêmes. Au sujet des combattantes ukrainiennes, vous restez d’ailleurs parfaitement convaincues qu’elles sont des criminelles, malgré le fait que l’auteur ne le dise pas. Vous ajoutez ce reportage à votre puzzle.

Pour savoir si Elle fait la propagande de l’Ukraine d’extrême droite et des milices privées, il faudrait éplucher leur production sur la durée et avoir plusieurs exemples. Ici, on a plutôt une grosse foirade. Pour vous il est évident. Comme est évidente la culpabilité de l’autre jeune femme, Svetlana. Pourtant, un de vos lecteurs souligne une chose intéressante : quid de la chronologie des événements ? Si l’on épluche la page VK de Svetlana, elle ne poste pas grand-chose de condamnable au moment où est fait le reportage de Elle. Dans le cas de Vita, il semble que la situation soit comparable. On a découvert après coup sa vraie nature. Trop tard pour corriger le reportage. Mais suffisamment tôt pour que l’on puisse se hâter de lyncher virtuellement les auteurs de l’article. Je laisse à chacun la liberté de juger les journalistes selon ses propres convictions. Moi, je préfère comprendre.

- Désaccords ( ?)

Hormis cela, je vais me permettre de défendre le reste de mon article dans lequel je ne trouve rien à changer. Je vais tâcher de le faire de manière le plus exhaustive possible :

* Je dis à propos de « Vita » qu’elle a l’air tout juste sortie de l’enfance, presque timide, ce qui vous fait rire.

> Je persiste. Cela vous fait peut-être rire mais la posture, et donc la communication non verbale de la jeune femme, n’est pas celle d’une combattante accomplie ou encore d’une femme sure d’elle : tenue négligée, cheveux détachés, bras relâchés et croisés… Oui, elle ressemble plus sur cette photographie à une adolescente encombrée par son propre corps qu’à une guérillero. Pas besoin de voir autre chose que ce que je viens d’écrire dans ces mots, il n’y a rien à aller chercher entre les lignes.

* Vous notez dans une seconde version de votre billet (dont vous n’avez pas précisé la modification) qu’elle n’est pas la seule à poser problème et que l’autre jeune femme, Svetlana, pose problème aussi.

> Oui, sauf que cela, on l’apprend longtemps après. Vous défendez l’idée qu’Aïdar est exclusivement ou presque composé de nazis et d’extrémistes. Je respecte votre avis mais ce n’est pas ce que me disent la plupart de mes sources sur place, chercheurs, journalistes, Ukrainiens ou Français, qui les ont rencontrés. Cette approche correspond par contre effectivement à ce que disent les diplomates russes.

Je n’ai jamais dit “exclusivement”. Je ne connais pas la proportion. Maintenant, si des gens ne sont pas gênés d’aller reconquérir une partie du territoire en sécession avec des néonazies, ma foi, chacun son truc… Il y a beaucoup de communistes chez Aïdar ?

Notez, comme le journaliste qui a fait le papier, et qui connait bien la situation en Ukraine, ne les a pas détectées, je ne sais pas si vos autres sources sur place auront pu le faire mieux. (P.S. s’il y a Marie Mendras dans vos sources, enlevez d’urgence son numéro…)

* Les dérives des bataillons de volontaires

> Le mot « dérive » semble vous amuser. Mais effectivement, il s’agit de dérives puisque dans leur construction théorique, ces bataillons ont pour objectif de défendre leur patrie. Ils ne sont pas pensés en organes de rapines, de terreur et de violences. Ils ne sont pas non plus sensés être des milices privées –reproche fait à ces bataillons que vous avez oublié d’évoquer-. Mais dans les faits, ils se sont largement éloigné de cela… d’où le mot dérive. Cela valait-il débat et polémique ? Mon choix de vocabulaire vous semble-t-il si provocateur ?

Notez, “dans leur construction théorique”, les SS défendaient simplement la sûreté de l’État allemand… 1 Vous avez un bataillon, 2 il y a des néonazies dedans, en partie. 3 Il y a de graves exactions. Est-ce une dérive ou un fait inévitable, suite à la proposition 2 ?

* Apologie de la haine

> Sur ce passage comme sur d’autres, vous dites en gros que vous êtes d’accord avec moi mais que je n’en fait visiblement pas assez pour vomir ces pourritures nazies ukrainiennes. « Des soldates volontaires allant abattre leurs concitoyens », dites-vous. Et vous me reprochez de faire l’apologie d’un camp ? Pour ma part, je retiens des rapports d’Amnesty et de l’OSCE que les exécutions sont « soupçonnées » chez les pro-Kiev, qualificatif qui n’est pas accolé aux exécutions reprochées aux indépendantistes. Je ne dis pas qu’elles n’existent pas, je dis que moi, je ne peux pas avancer des choses sans en avoir la preuve. Question de rigueur intellectuelle et professionnelle.

“Des soldates volontaires allant abattre leurs concitoyens” : euh, je pense que la propagande est telle que vous ne vous rendez pas compte, que, dans les combats, elles tirent sur d’autres Ukrainiens… Cela s’appelle la guerre (civile). C’est vous qui avez interprété cette phrase comme si je parlais d’exactions, ce qui n’est pas le cas…

* Nuances de gris

> Je n’avais pas pensé à Fifty shades of grey. Non rien à voir. Le gris est la couleur de la nuance entre le blanc et le noir. Entre le bien et le mal. Car effectivement, je vois rarement des faits manichéens dans la plupart des crises et des conflits : des horreurs sont commises de chaque côté et je me refuse de résumer les situations de manière non nuancée. Comme il me semble souvent difficile de dire qui a commencé, ou qui a fait le plus de mal. Mes différentes sources me disent toutes la même chose : il y a parmi ces volontaires d’horribles raclures… mais aussi des gens courageux qui se battent pour une cause en laquelle ils croient.

Et vous avez bien raison.

Question : trouvez vous que la vision que les médias donnent de l’Ukraine ou de Poutine depuis 10 mois est tout en nuances de gris ?

* Dérives des deux côtés, extrémisme

> Vous moquez Mme Dugoin parce qu’elle affirme qu’il y a des extrémistes et des exactions dans les deux camps. Vous semblez être le seul à ne pas être au courant car c’est ce que soulignent tous les acteurs et observateurs sur place. De même vous semblez ne pas être au courant de la montée de l’extrême-droite en Russie… mais peut-être s’agit-il d’une coquille. Pourtant de nombreux ouvrages et articles s’inquiètent de la montée de formes extrêmes de nationalisme, voire d’impérialisme, en tous les cas de repli sur soit et sur son identité. Peut-être préférerez-vous parler de patriotisme. Je crois que dans tous les cas, il fait de moins en moins bon être différent dans une large bande inter-continentale incluant la Hongrie, la Roumanie, les Balkans, l’Ukraine et la Russie.

1. non, je me moque de Mme Dugoin, parce qu’elle dit “« On est en guerre, et on a toutes les réalités d’une guerre avec une vraie violence » – ce qui est profond après plsuieurs milliers de mrots (très rarement montrés, notez vous ?)

2. et car elle dit : Tous les Ukrainiens ne sont pas des nazillons non plus, mais il y en a… On va d’ailleurs avoir les mêmes dans le camp d’en face. Laisser croire qu’il y a des “nazillons” dans le Dombass est quand même énorme. On y voir aussi des députés assister à des cérémonies de ré inhumation de Waffen SS ? C’est pas de bol, car le Dombass étant le bastion communiste de l’Ukraine…

* Perte de contrôle de Kiev

> Que Kiev n’ait pas un contrôle absolu sur certains de ses pions vous semble étonnant. C’est pourtant le cas dans de nombreux conflits où la hiérarchie et le contrôle vertical sont minés par une faiblesse étatique, institutionnelle et par des phénomènes de corruption. C’est évident en Ukraine où des intérêts privés commandent, du fait de l’argent dont ils disposent –et dont manque l’Etat-, des bataillons entiers.

Donc on soutient Kiev qui a des bataillons comprenant des néonazies qu’il ne contrôle pas. Tout va bien… Mais Porochenko tétant Charlie (bien qu’interdisant les chaines russohpones), tout va bien…

* Une erreur pas évidente

> Rappelons-le, l’objet de mon article était de comprendre comment Elle a commis cette erreur. Non ce n’est pas de la propagande… croire qu’un journal comme Elle défend des néonazis… c’est ne pas avoir compris grand-chose à la culture des journalistes grand-public… qui ont tendance en général à voir des nazis partout. Et effectivement, on peut se tromper sur la nature de ses interlocuteurs dont il n’est pas écrit sur leur face qu’ils sont mauvais. Sauf si, comme vous le faites, on part du principe qu’ils sont tous, unanimement et collectivement, coupables de certains méfaits. Ce n’est pas le cas des auteurs, et ce n’est pas le mien. C’était peut-être une erreur de leur part, je ne sais pas. Notez bien le terme que j’ai employé : « erreur ». Il ne s’agit donc pas d’ « excuser » ce qu’ils ont fait (comme vous me le reprochiez dans le premier titre de votre billet, avant de remplacer par « minimiser », là encore sans préciser votre modification). Il s’agit ici de comprendre comment l’erreur a été commise. C’est moins marrant que de juste les traiter de gros cons qui ne comprennent rien à rien, mais moi, ça me semble plus intéressant. Je laisse à d’autres, très nombreux dans les médias d’ailleurs, les procès faciles et toujours menés à posteriori et souvent depuis Paris, contre les mecs qui tentent tant bien que mal d’aller démêler le vrai du faux sur le terrain.

* Propagande pro-Russe

> La définition de la propagande implique que l’on manipule volontairement une information, à des fins politiques, et souvent contre l’intérêt du public cible. Reprocher à Elle de faire de la propagande implique donc un objectif politique volontaire. Pour ce que j’en sais, ce n’est pas le cas. Cette affaire, comme je l’écris –ce qui vous amuse-, sert effectivement in fine la propagande pro-Russe. Je ne dis pas que Moscou en est à l’origine. Je dis qu’ils y trouvent une belle matière, qui servira l’argumentaire qu’ils défendent depuis de nombreux mois partout à travers le monde en insistant sur les apologies et supporters du nazisme chez les Ukrainiens… sans toujours avoir des preuves très claires. Là, ils ont un beau biscuit à exploiter en matière de guerre de l’information.

Mais pas du tout ! Vous avez lu le livre de Halimi : L’opinion, ça se travaille ? Ou Chomsky ? Ou d’Anne Morelli sur la propagande de guerre ? Ou de Michel Collon ?

* « Journalistes experts et incompétents à deux balles »

> La conclusion de votre laïus est charmante. Mais en l’occurrence, de nombreux médias –dont RFI- ont témoigné des dérives nazis de certains combattants et activistes à Maïdan, puis dans les forces pro-Kiev contre les indépendantistes. Ce sont d’ailleurs des médias aussi underground que la BBC, Channel 4, Slate, Le Figaro… Magie et charme du mainstream.

Ça, c’est l’excuse classique du journaliste (on en a parlé il y a 6 mois 12 secondes !!!) et c’est comme le pâté d’alouette : 50/50, une dose de cheval, une dose d’alouette. Si vous pensez que l’auditeur lambda a une claire conscience des dérives nazies (personnellement, le papier sur ce thème, que je suis de près, doivent représenter 10 ou 20 papiers grand maximum. A comparer au reste…)

* Articles sélectionnés sur RFI

> En conclusion de votre volée de bois verts dans mes dents de jeune dandy de l’info, vous enchaînez sur la rédaction qui m’a publié, RFI. Quelques exemples des partis pris de la radio… dont vous venez de me dire au téléphone qu’elle ne faisait pas du si mauvais travail. Bon alors c’était pour le plaisir du sport d’une bonne beigne dans la tronche ? Moi ça me va. Mais pour rétablir l’équilibre, vous auriez pu aussi mettre ce reportage d’un journaliste de RFI auprès des volontaires d’Aïdar, de leurs victimes et de leurs partisans. Il n’était pourtant pas loin, puisque le lien était dans mon article.

Je montre que des papiers de RFI sont aussi sans nuance…

Ce qui est intéressant, c’est que s’il fallait résumer mon article, on pourrait dire ceci : je raconte que Elle a commis un reportage exhibant une néo-nazie, dont je décris les frasques avec la vidéo de Vinnitsa mise très largement en évidence, et que le magazine s’excuse de la bavure. Je décris les exactions commises par Aïdar. Et effectivement, j’essaie d’expliquer comment un journaliste sur place a pu commettre cette erreur.

Y a-t-il grand-chose de si condamnable là-dedans ? Ne pas faire le procès d’Aïdar ? Désolé, mais ce n’est pas le sujet de l’article en question.

Encore une fois, je persiste à aborder les conflits et les crises à travers deux approches. Une approche analytique, dans laquelle je tâche de comprendre les enjeux globaux et transversaux. Une approche plus humaine –anecdotique ?- à travers des petites histoires, de gens, d’incidents, de drames… qui me paraissent aussi aider à la compréhension de l’incompréhensible. L’histoire de cet article de Elle en est un exemple. Visiblement, beaucoup des commentateurs de ce blog semblent convaincus de tout comprendre parfaitement à la situation. Moi, humble ignorant que je suis, je me contente de lire, d’interroger des gens et de débattre pour tâcher de démêler le fil d’une situation qui me parait sacrément complexe. Mais je confesse ne pas être d’une exceptionnelle intelligence !

Moi non plus, et, EN PLUS, je ne suis même pas journaliste :)

* Ensuite sur la forme :

Moins important mais pour le moins pas inutile, je m’étonne de votre méthode. Vous avez visiblement pris le temps d’une lecture très approfondie de mon article… et de mon CV. Vous semblez y trouver drôle que je sois doctorant et que je m’applique à développer une « expertise éclairée par des réflexions nourries par l’actualité et la connaissance ». Je ne vois pas ce qu’il y a de risible là-dedans, ma démarche me semble naïvement honnête.

Quitte à éplucher mon article et mon CV, vous auriez d’ailleurs pu me passer un coup de téléphone ou un mail. C’est par exemple ce que moi j’ai fait pour comprendre l’article de Elle : j’ai appelé les auteurs, d’autres gens connaissant le sujet, en France et en Ukraine.

Cela aurait pu être profitable à tous les deux. Moi j’aurais corrigé mon erreur à propos des pseudonymes des jeunes femmes (notez qu’après avoir apporté cette correction sur l’article, je l’ai signalé par honnêteté et parce que j’assume mes erreurs et corrections). Vous, vous auriez pu éviter ce pavé immonde qui n’apporte pas grand-chose à part nuire à ma réputation. Certains de vos lecteurs trouvent d’ailleurs l’idée de me mettre professionnellement en danger réjouissante… et j’avoue ne pas bien comprendre pourquoi.

Nous aurions pu discuter de la situation en Ukraine ou en Russie. Nous aurions pu discuter de luttes d’influences, de guerre de l’information et de propagande. Nous aurions pu discuter du travail des journalistes et de comment parfois nous nous trompons. Nous aurions pu discuter de blogs, puisque j’ai moi-même une longue expérience en la matière. Vous dites pourtant au téléphone être très enclin au débat et à l’enrichissement mutuel.

La différence entre vous et moi, Monsieur Berruyer, c’est que j’ai fait l’effort de chercher votre mail et votre téléphone pour vous contacter et vous répondre. Pas évident puisqu’il n’y a que le formulaire de contact sur votre site. Vous, Monsieur Berruyer, vous avez trouvé le formulaire sur RFI pour vous plaindre auprès de ma direction, appelant tous vos lecteurs à faire de même. Vous êtes débordé, m’avez-vous dit au téléphone, et n’avez pas pu prendre le temps de me contacter. Ce n’était pourtant pas bien compliqué à mettre en œuvre : mon téléphone et mon mail sont en évidence sur mon blog.

Vous auriez aussi pu regarder un peu mon travail. Vous auriez vu que l’on peut difficilement me faire le procès du parti pris, tant je traite de sujets divers et tant je souligne les bévues des uns et des autres, en m’acharnant à multiplier les sources divergentes.

Vous auriez pu me demander si mon appartenance à l’IPSE est aussi douteuse que vous le sous-entendez. J’aurais pu vous répondre que l’IPSE est une toute petite structure qui ne gagne pas beaucoup d’argent et qu’elle ne m’a jamais versé le moindre centime. Vous auriez pu voir en parcourant mon travail que j’interroge occasionnellement des gens de l’IPSE… mais plutôt très minoritairement, et seulement quelques uns d’entre eux, comme j’en interview dans tous les autres organismes. Vous auriez pu noter que je n’ai interviewé qu’une seule fois Mme Dugoin. Vous auriez pu du coup éviter de faire une comparaison idiote avec Fox News.

Si je suis si facilement joignable, via mon blog, mon mail, mon téléphone ou même mon Twitter, c’est parce que effectivement, j’aime discuter. J’aime me friter, m’engueuler, débattre, confronter les idées. Et oui, cela demande du temps, et de la discipline intellectuelle. Cela peut même se passer d’autant mieux lorsqu’on le fait dans le respect d’une certaine cordialité dont ni vous, ni vos lecteurs, n’avez fait preuve. Je m’en étonne d’autant plus que vous dites sur votre blog être strict en matière de modération des commentaires. Cela ne s’applique visiblement pas lorsqu’il s’agit de tirer au pigeon sur la cible du jour.

Vous m’avez proposé au téléphone d’enlever mon nom des mots clefs de votre billet. Vous avez raison, si cette affaire m’ennuie, c’est aussi que vos accusations remontent très haut sur Google.

Mais je respecte tout à fait votre avis sur ma personne. Pas la peine de faire descendre cet article dans le référencement. Pouvoir y répondre me suffit. Je répondrai dès qu’elle sera publiée aux commentaires des lecteurs.

L’un d’eux se flattait d’ailleurs de l’ambiance générale sur ce billet et sur ce blog. « On se retrouve dans une ambiance “Conseil National de la Résistance” », nous assure Krystyna le 05 janvier à 20h46. Sans me définir comme ni Gaulliste, ni communiste, l’attitude générale que vous avez dans cette discussion m’évoque plus un procès digne du War West, où l’on couvre l’accusé de goudron et de plumes, sans se soucier de ce qu’il pourrait avoir à dire. Non chers amis, l’esprit de Résistance, ce n’est pas cracher à le gueule d’un type qui tente de faire son travail le plus indépendamment et le plus sérieusement possible, pour un salaire minable au vu du temps qu’il y consacre. Non chers amis, l’esprit de Résistance, ce n’est pas d’insulter anonymement quelqu’un sans rien connaitre de son travail et de son identité. Non chers amis, l’esprit de Résistance, ce n’est pas de se baigner dans ses propres suppositions tout en méprisant ceux qui pensent différemment.

Tout cela étant dit, n’hésitez pas à ne pas suivre mon travail s’il vous parait si indécent. Dans le cas contraire, n’hésitez pas à le commenter ou à m’écrire pour en discuter. Merci, Monsieur Berruyer, d’avoir la courtoisie, finalement, de me laisser répondre après coup à tout cela. N’hésitez pas à me payer un coup à boire pour vous faire pardonner. Les lecteurs les plus agressifs sont également les bienvenus. Sans avoir mes entrées au Siècle, je bois du Talisker 18 ans et je fume des Cohibas Siglo II. Avis aux amateurs, parisiens ou de passage.

Ok pour le verre, à suivre !

R. Mielcarek, 12/01/2015

P.S. Les commentaires sont les bienvenus même critiques À CONDITION qu’ils soient constructifs et polis – on n’est pas au bistrot merci !

Source: http://www.les-crises.fr/reponse-rfi-elle/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 21 January 2015 at 00:15

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Baisse du pétrole, il faut relativiser son impact! – 12/01

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (1/2): L’amélioration du marché de l’emploi est-elle porteuse de croissance ? – 12/01

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair (2/2): Bourse: faut-il miser sur l’Europe ou sur les Etats-Unis ? – 12/01

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : Les chiffres et leur magie se jouent des marchés – 07/01

Philippe Béchade VS Stanislas De Bailliencourt (1/2): PIB: La France va perdre sa cinquième place au profit du Royaume-Uni – 07/01

Philippe Béchade VS Stanislas De Bailliencourt (2/2): La chute des cours du pétrole pourrait-elle troubler la politique monétaire de la Fed ? – 07/01

La minute de Philippe Béchade : La Russie à la recherche de 240 milliards ? – 14/01

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (1/2): La stratégie de QE de la BCE sera-t-elle efficace pour l’économie ? – 14/01

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (2/2): Assurance-vie: comment contourner la baisse des rendements en 2015 ? – 14/01

Bilan Hebdo: Éric Lewin et Jean-Louis Cussac – 16/01

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir: Chute du pétrole, vers un violent rebond en septembre ? – 06/01

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (1/2): Quelles sont les attentes des marchés pour la prochaine réunion monétaire de la BCE ? – 13/01

Jacques Sapir VS Cyrille Collet (2/2): Jusqu’où chuteront les prix du pétrole ? – 13/01


Grosse partie Charlie Hebdo, évidemment – en hommage à eux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-21-01-2015/


[Annonce] Conférence de presse + réunion publique “Odessa à Paris” le 26 janvier

Wednesday 21 January 2015 at 00:01

Pour tous ceux qui veulent avoir un autre regard sur l’Ukraine, du dedans…

Communiqué de Presse 

A Odessa, des faits d’une gravité comparable aux deux massacres qui viennent d’avoir lieu à Paris se sont déroulés en mai 2014. Des proches des victimes vont venir témoigner en France.
Du 24 au 31 janvier, une délégation venue d’Odessa en Ukraine parcourra la France. Elle comprendra notamment Elena, qui est la mère de Andreï Brajevsky,  militant connu de l’organisation de gauche Borotba, âgé de 27 ans brulé vif le 2 mai 2014 dans l’incendie criminel de la maison des syndicats d’Odessa, massacre qui a couté la vie à une quarantaine d’opposants au nouveau régime ukrainien, et témoignera des difficultés d’obtenir justice dans l’Ukraine postérieure à la révolution de la place Maydan.
Elle comprendra aussi le secrétaire d’Odessa du parti communiste d’Ukraine, parti qui subit une procédure d’interdiction, et dont les militants sont persécutés, traqués, torturés et parfois assassinés. Le parti communiste d’Ukraine est une organisation démocratique qui milite pour le maintien de l’unité du pays et qui avait proposé fin 2013 une pétition pour le règlement de la question de l’accord avec l’UE par référendum, et obtenu plus de 4 millions de signatures. Si cette voie avait été choisie, le pays aurait fait l’économie d’un coup d’État et d’une guerre civile.
Une conférence de presse sera organisée le lundi 26 janvier après-midi, à l’AGECA (177 rue de Charonne, Paris 11ème), à partir de 14 heures (salle disponible jusqu’à 18 heures). Contact 06 77 97 64 68, laisser un message.
En soirée aura lieu une rencontre avec le public à la librairie Tropiques, 63 rue Raymond Losserand, Paris XIVème à 19 heures 30.
Elena sera présente aussi à la rencontre de politique internationale, organisée par le collectif Polex, à l’assemblée nationale, le mardi 27 janvier à 17 heures, sous les auspices de M Patrice Carvalho, député de l’Oise.
Le voyage de la délégation est organisé par Danielle Bleitrach (plus d’infos sur son blog) et Marianne Dunlop.
Ci-dessous voici les liens à deux textes, présentant le cas d’une autre victime du massacre, un jeune communiste de 17 ans, et le planning de la tournée en France:
Le combat de la mère de Vadim, victime du massacre d’Odessa

La douleur d’une mère qui a perdu son fils ne peut pas être décrite. La douleur brûle tout à l’intérieur. La vie perd son sens. Le Temps s’arrête. À cause de la haine humaine, du désespoir…
Antifascisme en Ukraine : tournée en France d’une délégation d’Odessa, à partir du 24 janvier 2015 (Marseille, Nord, Pas de Calais, région parisienne et Lyon)

Source: http://www.les-crises.fr/conference-de-presse-odessa-a-paris-le-26-janvier/


Le franc suisse flotte librement : point sur la controverse

Tuesday 20 January 2015 at 02:21

Point sur un événement important éclipse par la suite du drame Charlie Hebdo…

74 457e preuve que les changes fixes, ça ne marche jamais bien longtemps…

Bientôt au tour de l’euro ?

Une journée et une controverse historiques

La devise a bondi de 30 % avant que l’euro s’établisse à 1,03 franc suisse contre 1,20 la veille. La banque centrale est intervenue en catastrophe pour vendre des francs.

Stupeur et surprise, la Banque nationale Suisse (BNS) a annoncé qu’elle abandonnait le cours plancher de 1,20 franc suisse par euro, qu’elle avait établi en septembre 2011 pour lutter contre l’appréciation de la devise helvétique. Conséquence immédiate, le franc suisse est passé sous la parité avec l’euro (1 euro = 0,85 franc suisse contre 1,20 la veille) et a gagné jusqu’à 29 %. En milieu de journée, la devise gagnait 16 % à 1,03 franc suisse pour un euro et 14 % par rapport au billet vert, le dollar s’établissant à 0,89 franc suisse. Cela représente un bond de 15 % en une journée du taux de change global de la monnaie helvétique. Du jamais vu et cette séance historique va laisser de profondes traces dans la « psyche » des marchés. Les contrats à terme sur le franc suisse ont connu pas moins de 11 perturbations (arrêt de cotation pendant une minute) dans la journée compte tenu de la volatilité et des volumes très élevés. La BNS est intervenue en catastrophe pour tenter, au moins, de stabiliser sa monnaie juste au dessus de la parité. Dans l’attente d’un éventuel « plan B ». Dans une conférence de presse, Thomas Jordan a récusé toute « décision panique » estimant qu’elle avait été au contraire réfléchie et pesée. Il a aussi précisé que la BNS n’abandonnait pas tout soutien à sa devise. « La BNS continuera de prendre en compte la situation sur le marché des changes pour définir sa politique monétaire. Aussi interviendra-t-elle au besoin sur ce marché en vue d’influer sur les conditions monétaires ». Il reste à savoir sous quelle forme. La banque centrale pourrait choisir de lier le franc suisse à un panier de devises (euro, dollar, yen, …). De manière officieuse, « la BNS peut vouloir stabiliser sa monnaie autour de 1,10 franc suisse par euro, mais défendre ce niveau va être coûteux et difficile », insiste Beat Siegenthaler stratège chez UBS. Ce dernier souligne que l’intégralité du bénéfice de la BNS en 2014 s’est évaporé en moins d’une journée.

La justification de la BNS

« L’introduction du cours plancher a eu lieu dans une période d’extrême surévaluation du franc et de très forte incertitude sur les marchés financiers. Cette mesure exceptionnelle et temporaire a préservé l’économie suisse de graves dommages. « Le franc demeure certes à un niveau élevé, mais depuis l’introduction du cours plancher, sa surévaluation s’est dans l’ensemble atténuée. L’économie a pu profiter de cette phase pour s’adapter à la nouvelle situation », a justifié la BNS . « Les disparités entre les politiques monétaires menées dans les principales zones monétaires ont fortement augmenté ces derniers temps et pourraient encore s’accentuer. L’euro a nettement faibli par rapport au dollar des Etats-Unis, ce qui a également conduit à une dépréciation du franc face au dollar ». Dans ce contexte, la Banque nationale est parvenue à la conclusion qu’il n’est plus justifié de maintenir le cours plancher. Une erreur historique pour beaucoup d’économistes.

Couper les ponts avec la BCE

La banque JP Morgan souligne qu’un tel geste doit être rapproché de l’annonce par la BNS de profits très élevés en 2014 (38 milliards de franc suisses). Sans ce matelas de sécurité financier, l’envolée du franc suisse aurait causé des pertes retentissantes à l’institut d’émission, sinon sa banqueroute. Toutefois, « il est étonnant que la BNS ait laissé flotter librement sa monnaie sans mécanisme de transition. Cela risque d’entraîner des mouvements très exagérés et une hausse du franc suisse au-delà de sa valeur fondamentale », note la banque. Pour elle, la logique de cette décision est de « couper les ponts avec la BCE », c’est-à-dire de ne plus être tributaire des décisions de la BCE, dans la perspective de l’assouplissement quantitatif que devrait mener bientôt la BCE. Une action qui affaiblira l’euro. « La BNS a reculé devant la perspective de devoir intervenir massivement pour s’opposer à ce mouvement de repli de l’euro », estime Daragh Maher de HSBC, dont la banque prévoit désormais un euro à 0,95 franc suisse fin 2015. Longtemps un combattant farouche dans la guerre des changes, le franc suisse a abandonné provisoirement ce conflit planétaire face à un adversaire de taille, l’euro.

Pandémonium des spéculateurs

Ce bond du franc suisse devrait se traduire par de très lourdes pertes chez certains intervenants (banques, hedge funds, fonds spécialisés sur les devises, spéculateurs particuliers…) : les marchés étaient vendeurs de franc suisse contre des euros et dollars avant cette décision. En outre très peu positions en options avaient été mises en œuvre pour se couvrir contre un mouvement défavorable (hausse) du franc suisse. Aucun stratège n’anticipait un tel geste, ou en tout cas pas si vite. L’euro contre franc suisse est une parité, « ennuyeuse » peu volatile où il ne se passe pratiquement rien dans 99% des séances… mais 1% des journées sont historiques. La volatilité exceptionnelle va faire de gros dégâts. Quand les mouvements sont trop brusques et la nervosité extrême, les modèles de gestion des risques sont souvent pris en défaut. « L’impact négatif sur l’appétit pour le risque et la crédibilité de la BNS sont les effets les plus importants de cette décision » souligne George Saravelos de la Deutsche bank. Le geste de la BNS, pour le moins controversé, équivaut à un durcissement monétaire, même si elle a tenté de l’atténuer en abaissant aussi ses taux d’intérêt. «Il est frappant que la BNS prenne le risque que la hausse du franc suisse installe l’économie dans la déflation. Elle peut croire qu’elle est moins exposée à ce risque que les autres banques centrales compte tenu de son expérience passée, couronnée de succès, à se mouvoir dans un environnement de faible inflation voire déflation » avance Steven Englander, responsable de la stratégie sur les grandes monnaies chez Citi

Inquiétudes des industriels suisses

Passée la stupeur, les industriels suisses ont fait part de leurs inquiétudes et colère face à la dégradation prévisible de leur compétitivité du fait de l’envolée du franc suisse. Visiblement très choqué, Nick Hayek, le directeur général de Swatch a déclaré : « Les mots me manquent. Jordan n’est pas seulement le nom du président de la BNS mais aussi celui d’une rivière. Et l’action de la BNS est un véritable tsunami pour nos exportateurs, pour le tourisme et pour toute notre économie ».

N.A.-K

Source : Les Echos, 15/01/2015

Nuno Fernandes: «la BNS a perdu sa crédibilité »

Pour Nuno Fernandes, professeur à l’IMD, la Banque nationale suisse a poursuivi pendant trop longtemps sa politique peu judicieuse de taux de change

Malgré le manque de neige dans de nombreuses stations de ski en Suisse, une avalanche majeure a commencé jeudi à Zurich. La Banque nationale suisse (BNS) a mis fin à la stabilisation du franc suisse par rapport à l’euro, qui avait débuté en 2011.

Un mouvement inattendu

Cette décision était très inattendue et a provoqué la panique sur la Bourse suisse. Il y a moins d’un mois, le président de la BNS, Thomas Jordan, avait déclaré que des mesures de contrôle des taux de change de la Suisse maintenant le franc suisse à 1,20 franc par rapport à l’euro étaient «absolument nécessaires». Jordan avait alors indiqué qu’il allait mettre en œuvre la politique avec «la plus grande détermination».

Comme je l’avais prédit dans le Financial Times lorsque la BNS a commencé sa politique en 2011, le taux plancher s’est avéré extrêmement coûteux pour le pays alpin.

La BNS a poursuivi pendant trop longtemps sa politique de stabilisation du franc suisse par rapport à l’euro et ce faisant, elle a perdu sa crédibilité. La banque a cessé trop tard d’appliquer le taux plancher. La politique n’était pas viable et plus elle durait, plus les coûts étaient élevés pour l’économie suisse. La BNS n’a réagi qu’une fois l’assouplissement quantitatif dans la zone euro devenu extrêmement probable et imminent. Elle aurait dû s’apercevoir plus tôt que sa politique n’était pas viable.

Une exposition énorme

Le bilan de la BNS est maintenant surexposé en raison de l’augmentation massive des devises étrangères qu’elle a achetées pour maintenir le franc suisse à 1,20 franc. Le bilan de la BNS a doublé au cours des trois années écoulées, depuis l’introduction du taux plancher, pour atteindre un montant incroyable de 500 milliards de francs, équivalent à 100 % du PIB de la Suisse. En pourcentage du PIB, c’est trois fois plus que la moyenne des autres banques centrales comme la Banque d’Angleterre, la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon. Cela signifie que la BNS est vulnérable et extrêmement exposée.

Au taux de change actuel de 1:1 franc par rapport à l’euro, la BNS serait officiellement en faillite s’il s’agissait d’une banque normale. Aujourd’hui, avec la réévaluation de 20% du franc, la banque a perdu près de 100 milliards de francs. Ses capitaux propres ont chuté de près de 70 milliards de francs à une valeur de marché négative d’environ 20 milliards de francs. Bien sûr, la presse à imprimer peut être activée, mais quelles seraient les conséquences pour l’inflation?

Une avalanche pour les entreprises suisses

C’est aussi une avalanche massive pour les entreprises suisses. Les revenus des sociétés ayant des activités internationales vont diminuer. Les entreprises fabriquant des produits en Suisse et comptant sur les exportations auront du mal à éviter des pertes.

Le taux plancher de la BNS a eu une implication importante pour les entreprises suisses. Les gestionnaires ont oublié de penser au risque du taux de change. Il semblait avoir disparu, et la Suisse semblait être dans l’Union européenne, avec un taux de change de 1,20 francs : 1 euro*.

Cela a créé un faux sentiment de sécurité, et les entreprises ont cessé d’effectuer des opérations de couverture et d’essayer d’améliorer leur chaîne d’approvisionnement internationale pour réduire les risques. Le taux de change était censé demeurer pour toujours, selon les récentes déclarations de la BNS. Mais le risque était toujours présent, et les entreprises suisses ont été trompées par la couverture de sécurité. Maintenant, elles sont confrontées à des pertes massives et même à des faillites.

Taux d’intérêt négatif

Le taux d’intérêt négatif également annoncé aujourd’hui par la BNS n’est à mon sens pas pertinent. Compte tenu de ces fluctuations massives, le taux négatif ne sera d’aucun secours.

En 2011, j’avais prédit dans le Financial Times que: «La Banque centrale suisse va potentiellement doubler ou tripler la quantité de devises étrangères sur son bilan et subira probablement des pertes massives».

Malheureusement, j’avais raison.

*Nuno Fernandes est professeur de finance à l’IMD, où il dirige le programme de Finance stratégique. Il est l’auteur de La finance : guide pratique à l’intention des cadres.

Source : Le Temps

Le franc suisse provoque la panique dans l’est de l’Europe

Des dizaines de milliers de ménages en Croatie et en Pologne s’inquiètent du remboursent de leurs crédits immobiliers libellés en francs suisses.

La décision de la Banque nationale suisse (BNS) d’abolir jeudi le cours plancher de sa monnaie face à l’euro a levé un vent de panique en Pologne où quelques 700’000 ménages détiennent des crédits immobiliers libellés en devise helvétique, le zloty décrochant de près de 20% face au franc.

La bourse de Varsovie chutait jeudi de quelque 2% à la mi-journée.

40% des crédits en francs suisses

A 13H00 (12H00 GMT) le franc suisse s’échangeait contre 4,20 zlotys, soit une hausse de 18,5% par rapport à mercredi. Peu après l’annonce de la banque suisse, le franc avait crevé le plafond de cinq zlotys.

Environ 40% des crédits immobiliers en Pologne sont libellés en francs suisses représentant un volume de quelque 31 milliards d’euros, selon la Commission polonaise de surveillance des banques (KNF).

Selon les experts, si la situation actuelle devait persister, la traite mensuelle pour un crédit immobilier moyen de 300’000 zlotys (69’000 euros) augmentera de quelques 200-300 zlotys (46-69 euros).

En octobre, des rumeurs sur une éventuelle hausse du franc face au zloty avaient poussé les hommes politiques, aussi bien de la coalition au pouvoir que de l’opposition à demander au gouvernement et aux banques de se pencher sur ce problème alors potentiel.

En Croatie aussi

En Croatie, autre pays de l’Union européenne, l’association Franak représentant des emprunteurs de crédits libellés en francs suisses a demandé une réunion d’urgence avec le gouvernement, mettant en garde jeudi contre une «catastrophe».

La devise croate, la kuna (HRK), a décroché de près de 17% face au franc suisse après la décision de la Banque nationale suisse (BNS).

Selon l’association Franak, quelque 60’000 particuliers en Croatie remboursent encore leurs crédits – essentiellement des prêts immobiliers -, libellés en francs suisses et cette hausse de sa valeur affectera entre 200’000 et 300’000 personnes de ce petit pays de 4,2 millions d’habitants.

La Hongrie respire

En Hongrie, le gouvernement s’est félicité que ses citoyens, dont beaucoup ont contracté des emprunts immobiliers en francs suisses, sont désormais protégés par la loi contre les effets de l’envolée jeudi de la devise helvétique.

A l’instigation du Premier ministre conservateur Viktor Orban, le Parlement hongrois a adopté en novembre une loi destinée à protéger les débiteurs en devises étrangères. Cette loi prévoit un taux de conversion fixe de 256,5 forints (HUF) pour 1 franc suisse, et de 309,5 HUF pour 1 euro.

Jeudi, après avoir brièvement chuté à 326 HUF/euro contre 318 HUF la veille, la devise hongroise s’est reprise à 321 HUF. Comme la plupart des autres devises, le forint a en revanche décroché de près de 30% par rapport au franc suisse, à 393 HUF.

La Hongrie avait souffert en 2008

La décision de la Banque nationale suisse (BNS) de laisser librement flotter le franc suisse jeudi «confirme le gouvernement dans ses efforts pour réduire la dette en devises étrangères, efforts qui ont significativement réduit la vulnérabilité de la Hongrie, tant à l’échelle du pays que pour les particuliers», estime le ministère.

Lors de la crise financière de 2008, un million de ménages hongrois avaient été confrontés à une explosion du coût de leurs emprunts immobiliers, pour la plupart libellés en francs suisses.

Selon le ministère, la mise en place de taux de conversion fixes a permis aux emprunteurs hongrois d’économiser plus de 500 milliards de forints à ce jour, soit plus de 1,5 milliard d’euros.

L’Autriche se congratule

En Autriche, les autorités monétaires se sont félicitées en revanche que Vienne ait interdit en 2008 les nouveaux emprunts en devises étrangères, en réaction à la flambée de la devise helvétique.

Le franc suisse a bondi pour atteindre la parité avec l’euro, après l’annonce par la BNS jeudi qu’elle abandonnait le cours plancher de 1,20 franc suisse pour un euro. (smk/afp/Newsnet)

Source : Tdg, 15/01

Ce “tsunami financier” déclenché par la Suisse

Après la décision prise par la Banque nationale suisse d’abandonner le taux plancher, voici l’analyse des conséquences pour l’économie helvétique et ces voisins européens.
La Suisse est en pleine tempête. La Banque Nationale Suisse (BNS) a pris les marchés par surprise en annonçant jeudi 15 janvier l’abandon du taux plancher, déclenchant une montée en flèche du franc suisse et un “tsunami financier”.

L’onde de choc provoquée par la décision surprise de la Suisse frappe de plein fouet son économie et continue vendredi 16 janvier à provoquer des vagues sur les marchés financiers.

La bourse suisse à Zurich a clos avec une chute de 5,96%, l’indice SMI passant sous la barre des 8.000 points à 7.899,59 points.

Jeudi la bourse avait plongé de 8,7%, un record depuis 1988, suite à la hausse du franc après la suppression du cours plancher avec la Banque Nationale Suisse.

En outre, pour la première fois, le taux d’emprunt à 10 ans de la Suisse sur le marché obligataire secondaire est devenu négatif, avec un taux de -0,031%, contre +0,076% la veille à la clôture.

Concrètement, cela signifie que celui veut prêter de l’argent à la Suisse doit payer pour le faire. Ces taux négatifs devraient en principe décourager les investisseurs de se placer sur le franc suisse, car ils y perdent actuellement. Les investisseurs devraient alors se tourner vers d’autres monnaies comme l’euro.

Jeudi, le franc suisse a gagné environ 20% par rapport aux autres monnaies. Il s’échange désormais autour de la parité avec l’euro, soit 1 euro = 1 franc suisse.

“Aux yeux de l’économie, cette mesure est incompréhensible au moment actuel”, affirment les patrons suisses.

Challenges.fr revient sur les questions que posent cette décision.

Qu’est-ce que le taux plancher ?

En septembre 2011, en pleine crise de l’euro, la banque centrale helvétique avait fixé un taux de change minimum à 1,20 franc suisse pour 1 euro afin de décourager les investisseurs de se retrancher derrière sa devise, une valeur refuge par excellence, alors que sa surévaluation avait lourdement impacté les entreprises exportatrices suisses.

“Cette mesure exceptionnelle et temporaire a préservé l’économie suisse de graves dommages”, a expliqué la BNS dans un communiqué.

Pourquoi le taux plancher est-il supprimé?

Ces dernières semaines, cet axe central de sa politique monétaire a cependant été malmené par la chute de l’euro face au dollar, qui a entraîné par ricochet une dépréciation du franc suisse face au billet vert.

“Dans ce contexte, la Banque nationale est parvenue à la conclusion qu’il n’est plus justifié de maintenir le cours plancher”, a-t-elle considéré.

L’an passé, le franc suisse s’était dangereusement rapproché du cours plancher alors que la BNS s’était retrouvée prise en étau entre la politique monétaire de la Banque Centrale Européenne (BCE), qui s’acheminait vers un assouplissement quantitatif, et celle de la Réserve fédérale américaine, qui s’orientait au contraire vers un relèvement des taux.

Lors d’une conférence de presse à Zurich au siège de la BNS, Thomas Jordan, son directeur général, a déclaré que compte tenu de l’évolution de la situation dans les principales zones monétaires “s’accrocher au taux plancher n’avait plus de sens à long terme”, estimant qu’il s’agissait du “bon moment” pour y renoncer.

Selon François Chevallier , responsable de la stratégie à la Banque Leonardo, contacté par Challenges.fr, cette décision “traduit une anticipation par la Suisse d’un programme de Quantitative easing (QE) que devrait annoncer la Banque centrale européenne la semaine prochaine. Si la suisse supprime ce taux plancher c’est qu’elle a des informations sur un rachat massif des dettes souveraines par la BCE. Le QE libère de l’argent pour d’autres placements. Par cette décision, la BNS veut clairement dissuader les gens de placer leur argent sur du franc suisse. C’est une mesure de protection”.

Dans la foulée la BNS a d’ailleurs annoncé qu’elle abaissait à nouveau son taux d’intérêt, à -0,75% (taux de dépôt négatif) afin de réduire l’attrait du franc suisse.

Quelles conséquences pour la Suisse ?

Cette décision a pris les investisseurs par surprise, déclenchant une véritable choc sur les marchés. “Le marché ne l’avait clairement pas vu venir”, a réagi Andreas Ruhlmann, analyste chez IG Bank, évoquant un changement “drastique” de politique monétaire.

La bourse suisse à Zurich a clos avec une chute de 5,96%, l’indice SMI passant sous la barre des 8.000 points à 7.899,59 points.

Jeudi la bourse avait plongé de 8,7%, un record depuis 1988, suite à la hausse du franc après la suppression du cours plancher avec la Banque Nationale Suisse.

Les 20 valeurs vedettes de la cote sont toutes en baisse.

“Il s’agit d’un mini krach. La crédibilité de la BNS est entamée”, a jugé Christopher Dembik, Economiste chez Saxo Banque.

La situation sur les marchés Suisses est totalement délirante après la décision surprise de la Banque Nationale Suisse. Encore un black swan

— Marc Fiorentino (@marcfiorentino) 15 Janvier 2015

#Suisse : Ce qui s’est passé hier rappelle les grandes heures du système monétaire Européen avec des dévaluations et réévaluations.

— Marc Fiorentino (@marcfiorentino) 16 Janvier 2015

Cette décision soulève d’ores et déjà de vastes interrogations quant à son impact sur l’économie suisse. “Une période de forte déflation est un risque sérieux”, a estimé Christian Schulz, économiste chez Berenberg, pointant que les secteurs d’exportations, le commerce de détail mais aussi le tourisme risquaient d’en souffrir.

La banque suisse UBS prévoit ainsi d’importants impacts négatifs pour l’économie helvétique après l’abandon du taux plancher. Dans une note, les experts d’UBS estiment que cette mesure va réduire de 5 milliards de francs suisses (5 mlds euros) les exportations suisses. Pour 2015, les experts économiques de la 1ère banque suisse tablent désormais sur une croissance de 0,5% (au lieu de 1,8%) et pour 2016 de 1,1% (au lieu de 1,7%).

Economiesuisse prévoit dès à présent que des entreprises exportatrices et que le secteur du tourisme seront obligés de “réduire la voilure”. L’organisme affirme également que le “tourisme d’achat”, soit celui des Suisses qui traversent la frontière pour faire leurs courses et qui pénalisent les commerçants locaux, risque aussi de repartir de plus belle à la hausse.

Le secteur du textile a également fait part de son inquiétude, car il exporte 75% de sa production vers l’UE. Ce secteur qui emploie plus de 12.500 personnes, s’attend à des fermetures d’entreprise, et par conséquent à des pertes d’emplois.

Secteur emblématique, l’industrie horlogère suisse voit le prix de ses montres bondir de 15% à 20% pour ses clients étrangers, alors que le Salon international de la Haute Horlogerie, qui accueille des milliers de revendeurs étrangers, va ouvrir ses portes lundi prochain à Genève.

Quelles retombées pour les voisins européens ?

L’envolée du franc suisse a levé un vent de panique en Pologne et en Croatie, où des centaines de milliers de ménages détiennent des crédits immobiliers libellés en devise helvétique.

Le zloty polonais a décroché de près de 20% face au franc et la Bourse de Varsovie chutait jeudi de quelque 3% en fin de journée.

Environ 40% des crédits immobiliers en Pologne sont libellés en francs suisses, représentant un volume de quelque 31 milliards d’euros, selon la Commission polonaise de surveillance des banques (KNF). Environ 700.000 ménages y détiennent de tels crédits.

“Ça va être douloureux, reconnaît Piotr Andrzejewski, un cadre varsovien quadragénaire. C’est plus difficile pour ceux qui doivent vendre aujourd’hui leur appartement alors qu’ils remboursent encore leur crédit. Il peut arriver que la valeur du crédit à rembourser à la banque dépasse largement celle du logement.”

Jusqu’à ces derniers temps, les crédits en francs suisses étaient ceux qui étaient les mieux remboursés en Pologne. Cependant, la KNF a publié en juin 2013 une recommandation limitant fortement l’octroi de crédits libellés en FS en raison de risques qu’elle pressentait.

Selon les experts, si la situation actuelle devait persister, la traite mensuelle pour un crédit immobilier moyen de 300.000 zlotys (69.000 euros) augmentera de quelques 200-300 zlotys (46-69 EUR).

En Croatie, autre pays de l’Union européenne, l’association Franak représentant des titulaires de crédits libellés en francs suisses a demandé une réunion d’urgence avec le gouvernement, mettant en garde contre une “catastrophe”. La devise croate, la kuna (HRK), a décroché de près de 17% face au franc suisse. Selon Franak, cette hausse de leur valeur affectera entre 200.000 et 300.000 personnes de ce petit pays de 4,2 millions d’habitants.

En Autriche, les autorités monétaires se sont en revanche félicitées que Vienne ait interdit en 2008 les nouveaux emprunts en devises étrangères, en réaction à la flambée de la devise helvétique.

William Jackson, analyste du centre de recherche londonien Capital Economics, tempère: “Il y a quelques années, une forte hausse du franc suisse aurait pu provoquer la panique sur les marchés financiers en Europe centrale et orientale. Mais il y a des raisons de penser que maintenant les retombées devrait être mieux gérables.”

Source : Challenges

Source: http://www.les-crises.fr/franc-suisse-flotte-bns/


[Annonce] Conférence des Éconoclastes en Belgique le 29 janvier 2015

Tuesday 20 January 2015 at 00:30

LES ÉCONOCLASTES

Sont heureux de vous inviter à leur première conférence en Belgique !

Le jeudi 29 janvier 2015

Université Catholique De Louvain la Neuve – UCL
Auditoire Montesquieu
32 rue Montesquieu
1348 Louvain la Neuve

Participeront à cette table ronde : Steen Jakobsen, Philippe Béchade, Nicolas Meilhan, Pierre Sabatier, Olivier Delamarche, Loïc Schmid, Benjamin Louvet

Plan >>> cliquez ici

Nous vous recevrons à partir de 17h30, la conférence débutera à 18h et se terminera vers 21H.

Le formulaire d’inscription cliquez ici

L’entrée est gratuite, mais la priorité sera donnée aux adhérents – pour devenir adhérent >>> cliquez ici !

Au plaisir de vous rencontrer sur place !

Source

 

Source: http://www.les-crises.fr/annonce-conference-des-econoclastes-en-belgique-le-29-janvier-2015/


[BFM] Débat virulent sur l’actualité (Charlie, Économie, …)

Monday 19 January 2015 at 00:01

Je vous propose aujourd’hui le débat assez virulent qui a eu lieu lors de ma participation aux Experts du 13/01/2015.

Les invités étaient Léonidas Kalogeropoulos, président directeur général de Médiation & Arguments, et Jean-Pierre Petit, président de Cahiers Verts de l’économie.

Le débat était cette fois présenté par Stéphane Soumier.

Cela a été – je trouve – un vrai beau moment de débat, à chacun de se faire son opinion dès lors…

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-debat-virulent/


Troubles Charlie Hebdo – la contagion augmente… (+ réaction de Luz [?])

Monday 19 January 2015 at 00:00

Bon, ce sera mon dernier billet sur ça pour la semaine qui vient (trop décevant sur l’Humanité) – on va faire un petit jeûne Charlie Hebdo pour que les esprit se refroidissent. J’ai encore quelques billets intéressants sous le coude, pour plus tard.

Comme on l’a vu vendredi :

ACTION :

Le dessinateur avait Luz dit mardi dernier à propos de ce dessin :Démerdez-vous avec !

RÉACTIONS MISES À JOUR:

=====================================================

(“WE HATE FRANCE” : Luz, “merci pour ce moment”, et pour notre sécurité…)

“L’ambassade de France à Niamey appelle ses ressortissants à “éviter toute sortie”. L’ambassade de France à Niamey a appelé samedi quelque 2 000 Français présents au Niger à rester chez eux. “Grande prudence à respecter, éviter toute sortie”, a-t-elle écrit sur son site internet. ”

(tiens, si on faisait un sondage auprès de ces compatriotes pour avoir leur vision ?)

Hollande a courageusement réagi hier, avec mesure, pour appaiser :

François Hollande a rappelé samedi aux pays qui ont protesté la veille et qui continuent de manifester contre la caricature de Mahomet en une de Charlie Hebdo que “la France a des principes, des valeurs, et ces valeurs c’est notamment la liberté d’expression.

S’exprimant sur le marché de Tulle où il venait d’arriver, le chef de l’Etat a aussi rappelé que “ces pays, on les a soutenus dans la lutte contre le terrorisme”.

Interrogé sur les drapeaux français brûlés lors de manifestations dans plusieurs pays, en particulier en Afrique, Hollande a répondu: “on n’en a pas terminé avec ces comportements là, et il faudra les punir, parce que quand ils se passent en France c’est intolérable, mais même aussi à l’étranger.” [OB : moi, je ne vois pas pourquoi on va en prison si on brûle un drapeau français en France, mais bon #Libertéd'Expression. Et comme c'est lui qui définit apparemment ce qui est "tolérable" et "intolérable"...]

Ah, non, flute… C’était mieux avant ?

le principe de la liberté d’expression constitue un des fondements de la République. [...] J’appelle donc chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure pour éviter tout ce qui peut blesser les convictions d’autrui. [...] Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d’attiser dangereusement les passions.” [Jacques Chirac, 08/02/2006]

 

Information pas inintéressante – à prendre encore au conditionnel :

Hier soir, Groland sur Canal Plus a diffusé un dessin qualifié d’”exclusif” et “de Luz”, le dessinateur de la couverture (qui n’était pas à Paris le jour du massacre) (sans préciser s’il avait été fait avant ou après vendredi, mais bon, la réaction du monde musulman était bien prévisible – c’est la même qu’en 2006 et 2012) :

L’émission est humoristique à la base, mais certain membres étaient (évidemment…) des proches de membres de Charlie Hebdo.

Le dessin est signé Luz – et autant ils déconnent à Groland, autant je ne les vois pas faire un tel faux et le présenter comme vrai. (J’essaierai de vérifier cependant.)

 

Moi je les aime bien :

Regardez, c’est très intéressant (c’est tout à la fin à 16’40) : le présentateur est fier de lui (“saLuz !”), mais regardez le silence de mort qui règne dans le public, qui pourtant gouaille joyeusement le reste du temps…

Made in Groland – Emission du 16/01

 

#CommonDecency ? (Définition)

Indépendamment de ce dessin, les gens vont peut-être se rendre compte de ce qu’est le néoconservatisme de gauche : un mouvement dont la principale valeur est de vomir toutes les valeurs

(et pourtant, je ne suis pas du style conservateur ou pudibond…)

Hélas, il fut un temps où notre politique visait à nous faire des amis, maintenant il y a une claire volonté de nous faire des ennemis :

Ainsi, il ne restera qu’un bloc USA-Europe-Israël, en déclin, qui finira submergé par les autres – sans même parler des troubles internes induits…

#NotInMyName svp…

Source: http://www.les-crises.fr/troubles-dessinateur-reagit/


Charlie à tout prix ?, par Frédéric Lordon

Sunday 18 January 2015 at 12:10

Texte de Frédéric Lordon du mardi 13 janvier 2015

(vous pouvez remettre la vidéo au début pour avoir toutes les interventions)

Ce texte est tiré d’une intervention à la soirée « La dissidence, pas le silence ! », organisée par le journal Fakir à la Bourse du travail à Paris le 12 janvier 2015.

Lorsque le pouvoir de transfiguration de la mort, ce rituel social qui commande l’éloge des disparus, se joint à la puissance d’une émotion commune à l’échelle de la société tout entière, il est à craindre que ce soit la clarté des idées qui passe un mauvais moment. Il faut sans doute en prendre son parti, car il y a un temps social pour chaque chose, et chaque chose a son heure sociale sous le ciel : un temps pour se recueillir, un temps pour tout dire à nouveau.

Mais qu’on se doive d’abord à la mémoire de ceux qui sont morts n’implique pas, même au plus fort du traumatisme, que toute parole nous soit interdite. Et notamment pour tenter de mettre quelque clarification dans l’inextricable confusion intellectuelle et politique qu’un événement si extrême ne pouvait manquer, en soi, de produire, à plus forte raison sous la direction éclairée de médias qui ne louperont pas une occasion de se refaire la cerise sur le dos de la « liberté d’expression », et de politiques experts en l’art de la récupération.

Disons tout de suite que l’essentiel de cette confusion se sera concentré en une seule phrase, « Je suis Charlie », qui semble avoir tout d’une limpide évidence, quand tant d’implicites à problème s’y trouvent repliés.

« Je suis Charlie ». Que peut bien vouloir dire une phrase pareille, même si elle est en apparence d’une parfaite simplicité ? On appelle métonymie la figure de rhétorique qui consiste à donner une chose pour une autre, avec laquelle elle est dans un certain rapport : l’effet pour la cause, le contenu pour le contenant, ou la partie pour le tout. Dans « Je suis Charlie », le problème du mot « Charlie » vient du fait qu’il renvoie à une multitude de choses différentes, mais liées entre elles sous un rapport de métonymie. Or ces choses différentes appellent de notre part des devoirs différents, là où, précisément, leurs rapports de métonymie tendent à les confondre et à tout plonger dans l’indistinction.

Charlie, ce sont d’abord des personnes humaines, privées – par bonheur, on s’est aperçu rapidement que dire simplement « Charlie » pour les rassembler faisait bon marché de deux policiers, un agent de maintenance, un malheureux visiteur de ce jour là, et puis aussi de cinq autres personnes, dont quatre juives, tuées les deux jours d’après. Sauf à avoir rompu avec toute humanité en soi, on ne pouvait qu’être frappé de stupeur et d’effroi à la nouvelle de ces assassinats.

Mais l’émotion n’a été si considérable que parce qu’il était perceptible à tous que ce qui venait d’être attaqué excédait évidemment les personnes privées. Et voici donc le deuxième sens possible de « Charlie » : Charlie comme métonymie des principes de liberté d’expression, des droits à exprimer sans craindre pour sa sécurité, tels qu’ils sont au cœur de notre forme de vie.

On pouvait donc sans doute se sentir Charlie pour l’hommage aux personnes tuées – à la condition toutefois de se souvenir que, des personnes tuées, il y en a régulièrement, Zied et Bouna il y a quelque temps, Rémi Fraisse il y a peu, et que la compassion publique se distribue parfois d’une manière étrange, je veux dire étrangement inégale.

On pouvait aussi se sentir Charlie au nom de l’idée générale, sinon d’une certaine manière de vivre en société, du moins d’y organiser la parole, c’est-à-dire au nom du désir de ne pas s’en laisser conter par les agressions qui entreprennent de la nier radicalement. Et l’on pouvait trouver qu’une communauté, qui sait retourner ainsi à l’un de ses dénominateurs communs les plus puissants, fait une démonstration de sa vitalité.

Mais les choses deviennent moins simples quand « Charlie » désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand « Charlie », donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal. On peut sans la moindre contradiction avoir été accablé par la tragédie humaine et n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, « Je suis Charlie » était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment.

Je le pouvais d’autant moins que cette formule a aussi fonctionné comme une sommation. Et nous avons en quelques heures basculé dans un régime de commandement inséparablement émotionnel et politique. Dès ses premiers moments, la diffusion comme traînée de poudre du « Je suis Charlie » a fait irrésistiblement penser au « Nous sommes tous américains » du journal Le Monde du 12 septembre 2001. Il n’a pas fallu une demi-journée pour que cette réminiscence se confirme, et c’est Libération qui s’est chargé de faire passer le mot d’ordre à la première personne du pluriel : « Nous sommes tous Charlie » — bienvenue dans le monde de l’unanimité décrétée, et malheur aux réfractaires. Et puis surtout célébrons la liberté de penser sous l’écrasement de tout dissensus, en mélangeant subrepticement l’émotion de la tragédie et l’adhésion politique implicite à une ligne éditoriale. Ceci d’ailleurs au point de faire à la presse anglo-saxonne le procès de se montrer hypocrite et insuffisamment solidaire (obéissante) quand elle refuse de republier les caricatures. Il fallait donc traverser au moins une mer pour avoir quelque chance de retrouver des têtes froides, et entendre cet argument normalement élémentaire que défendre la liberté d’expression n’implique pas d’endosser les expressions de ceux dont on défend la liberté.

Mais cette unanimité sous injonction était surtout bien faite pour que s’y engouffrent toutes sortes de récupérateurs. Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude. A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs. Et combien de la même farine derrière Libé pour faire de la surenchère dans le Charlisme ?

« Si cet homme qui, dit-on, riait de tout revenait en ce siècle, il mourrait de rire assurément », écrit Spinoza dans une de ses lettres. Et c’est vrai qu’il y a de quoi rire longtemps à voir ainsi les organes de la soumission à l’ordre social entonner avec autant de sincérité l’air de l’anticonformisme et de la subversion radicale. Rire longtemps… enfin pas trop quand même, car il faudra bien songer un jour à sortir de cette imposture.

Ce sera sans l’aide du pouvoir politique, qui n’a jamais intérêt au dessillement, et à qui l’union nationale a toujours été la plus fidèle des ressources. Union nationale, et même internationale en l’occurrence, dont une version carabinée nous aura été administrée. Fallait-il qu’elle soit incoercible la pulsion récupératrice de François Hollande de se faire reluire à la tête de Paris « capitale du monde » pour convier, de proche en proche, jusqu’à Orban, Porochenko, et puis Netanyahu, Lieberman, etc. de hautes figures morales, connues pour se partager entre défenseurs de la liberté de la presse et amis du dialogue interconfessionnel [1].

Par bonheur, il s’est déjà trouvé suffisamment de voix pour s’inquiéter des usages, ou plutôt des mésusages, que ce pouvoir ne manquera pas de faire d’une mobilisation de masse qu’il s’empressera de considérer comme un mandat.

Espérons qu’il s’en trouvera également pour recommander à quelques éditorialistes un court séjour en cellule de dégrisement, et pour leur apporter le café salé. Dans la concurrence pour être à la hauteur de l’Histoire, et même – pente aussi fatale que grotesque de l’information en continu – pour être les premiers à « annoncer » l’Histoire, il était logique que tous criassent à l’Histoire et à l’Historique à propos de la manifestation d’hier. S’il est permis d’en rire, on dira que, historique, elle l’a sans doute été sous quelque rapport, au moins pour être la première du genre où le comptage de la police avait une chance d’être supérieur à celui des organisateurs. On ne sache pas cependant qu’il soit resté grand-chose des manifestations monstres de Carpentras et du 1er mai 2002, effusions collectives qui avaient déjà hystérisé le commentariat, mais dont on doit bien reconnaître que la productivité politique aura été rigoureusement nulle.

On aimerait beaucoup qu’il en aille autrement cette fois-ci, mais on ne peut pas s’empêcher de poser en toute généralité la question de savoir s’il n’y a pas un effet de substitution entre le degré de l’unanimité et sa teneur politique possible. Par construction, arasant toute la conflictualité qui est la matière même de la politique, la masse unie est tendanciellement a-politique. Ou alors, c’est que c’est la Révolution – mais il n’est pas certain que nous soyons dans ce cas de figure…

Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué. C’est que le nombre brut n’est pas en soi un indicateur de représentativité : il suffit que soit exceptionnellement élevé le taux de mobilisation d’un certain sous-ensemble de la population pour produire un résultat pareil.

Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.

Il y a une façon aveuglée de s’extasier de l’histoire imaginaire qui est le plus sûr moyen de laisser échapper l’histoire réelle — celle qui s’accomplit hors de toute fantasmagorie, et le plus souvent dans notre dos. Or, l’histoire réelle qui s’annonce a vraiment une sale gueule. Si nous voulons avoir quelque chance de nous la réapproprier, passé le temps du deuil, il faudra songer à sortir de l’hébétude et à refaire de la politique. Mais pour de bon.

Notes

[1] Lire Alain Gresh, « D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour “Charlie Hebdo” », Nouvelles d’Orient, 12 janvier 2015.

Source : La pompe à Phynance sur le

Source: http://www.les-crises.fr/charlie-a-tout-prix-par-frederic-lordon/


France : un principe de liberté d’expression, 400 textes de censure

Sunday 18 January 2015 at 03:30

Reprise d’un article du Point du 13/01/2015

L’avocat Emmanuel Pierrat s’alarme des coups portés en France à la liberté d’expression…, notamment à l’occasion d’indignations collectives. Entretien.


L’avocat Emmanuel Pierrat parle de quelque 400 textes qui, depuis deux siècles, ont limité en France le principe de liberté d’expression. © PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/Francois Destoc

Propos recueillis par MARION COCQUET
Le 11 janvier, la France s’est levée en masse pour défendre les libertés d’opinion, d’expression et de caricature après l’attentat sanglant contre Charlie Hebdo. Le 12, plusieurs personnes comparaissaient devant les tribunaux pour “apologie du terrorisme” après avoir clamé leur soutien aux frères Kouachi et à Amedy Coulibaly. Le même jour, une enquête était ouverte contre le polémiste Dieudonné qui, au soir de la marche républicaine, avait eu le bon goût d’écrire sur sa page Facebook “Je suis Charlie Coulibaly”. Jusqu’où, en France, a-t-on le droit d’aller ? L’avocat Emmanuel Pierrat, spécialiste du droit de la presse, répond au Point.fr.

Le Point.fr : Combien de textes limitent, en France, la liberté d’expression ?

Emmanuel Pierrat : Rappelons, d’abord, que ce principe figure dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui a valeur constitutionnelle. L’article 11 dispose que “la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement”… Mais une restriction est immédiatement apportée à ce principe, après une virgule : “Sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.” Les États-Unis, eux, n’ont jamais ajouté de virgule à leur “freedom of speech” garanti par le premier amendement de la Constitution. Jusqu’au Patriot Act de l’après 11-Septembre, ils réussissaient à maintenir une liberté d’expression quasi absolue, y compris avec des délirants : les porteurs de croix gammées, le Ku Klux Klan, etc. La Convention européenne des droits de l’homme reprend la liberté d’expression, mais y met elle aussi des bémols. En France, je compte, moi, quelque 400 textes qui y ont porté atteinte.

Par exemple ?

Prenez la loi Guigou sur la présomption d’innocence (qui, au passage, est appliquée dans le sens d’une présomption de culpabilité par les journaux : on parle de “tueur présumé”). Elle date de 2000, après qu’un moniteur de ski, accusé d’avoir entraîné ses clients dans une zone d’avalanche, est montré par le JT de 20 heures menottes aux poignets et assommé par les flashs. Tout le monde est choqué par ces images. On vote donc une loi qui interdit de montrer des personnes menottées. Ce qui fait qu’un journaliste qui filme Bertrand Cantat arrêté à Vilnius est obligé de lui “couper” les bras. Ce qui fait aussi que, si vous souhaitez avoir un débat sur l’usage des menottes, si vous voulez même dénoncer cet usage, vous n’avez pas le droit d’illustrer votre propos avec des images de la réalité.

Autre exemple : on n’a pas le droit de faire, en France, la publicité d’un contraceptif féminin. Et ce, en vertu d’une loi votée au sortir de la Première Guerre mondiale, qui a interdit la “propagande anti-nataliste”, sous le prétexte de garantir l’avenir de la nation… Seule la publicité pour le préservatif masculin a été tolérée, lorsque les autorités ont fait le ratio entre le coût du sida et les bénéfices de cette défense obsolète de la natalité… Il ne se passe pas deux ans en France sans qu’un nouveau coup soit porté à la liberté d’expression.

Arrive-t-il que ces lois soient abrogées ?

Jamais, ou presque. Un article de la loi de 1881 sur la liberté de presse interdisait ainsi l’offense aux chefs d’État étrangers : dans cette belle terre d’asile et de liberté d’expression, un homme, journaliste, écrivain, particulier, pouvait ainsi être poursuivi pour avoir critiqué le dictateur de son pays d’origine. Ce texte a été utilisé dans la France de De Gaulle contre les opposants aux dictateurs amis de la France. Après l’affaire des diamants de Bokassa, son usage a diminué, sans qu’il soit pour autant abrogé. On s’en est servi ensuite contre les opposants à Omar Bongo, contre François-Xavier Verschave, auteur d’un livre sur la Françafrique aux éditions des Arènes. Il a fallu l’affaire du “Casse-toi Pov’con” prononcé contre Nicolas Sarkozy pour que ce délit d’”offense” arrive devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et que la France soit condamnée.

Est-elle, dans ce domaine, le plus restrictif des pays européens ?

Oui, et de très loin. Je vais chaque année à la grande foire du livre de Francfort, en Allemagne. Compte tenu des barrières que met la France à la liberté d’expression sur les questions de religion, de race, de sexe, etc., il est absolument certain qu’un livre relu par un avocat français est garanti “vendable” dans 90 % des pays au monde. C’est loin d’être le cas lorsque les clients français achètent des documents étrangers. Jusqu’à il y a quelques années, d’ailleurs, un texte en langue étrangère publié en France devait recevoir avant publication l’accord du ministère de l’Intérieur – en vertu d’un texte voté pour lutter contre les indépendantismes corses, basques, bretons, etc. Là encore, c’est la CEDH qui a conduit à son abrogation.

Qu’en est-il de l’”apologie du terrorisme” ?

En réalité, elle est, elle aussi, interdite depuis la loi de 1881 sur la liberté de presse. Le texte prévoit en effet l’interdiction de l’apologie des crimes et des délits : le meurtre, le viol, le vol, l’abus de confiance, etc. Le terrorisme, que la France de l’époque connaissait déjà, en fait évidemment partie. On y a ajouté depuis par démagogie un texte supplémentaire, et superfétatoire. Quand cela ? En 1986, après une série d’attentats islamistes à Paris, et à l’initiative de Charles Pasqua.

Qu’est-ce que faire l’apologie du terrorisme ? Crier “vive la kalach !” devant des policiers comme l’a fait un jeune d’Orléans condamné à 6 mois de prison ferme ? Dire “Je suis Charlie Coulibaly” comme Dieudonné contre qui une enquête est ouverte ?

Le texte réprime en principe des propos qui incitent à passer à l’acte, à commettre des attentats. Est-ce le cas, dans les exemples que vous me citez ? Aussi moralement condamnables qu’on puisse les juger, je n’en suis pas persuadé. Il faut bien se souvenir que les lois de censure sont des lois d’exception par rapport à un principe, qui reste celui de la liberté d’expression. Dieudonné, qui a affaire depuis longtemps à la justice, sait assez bien jusqu’où il ne peut pas aller. Il n’a pas parlé du “regretté Coulibaly” par exemple : son “Je suis Charlie Coulibaly” risque donc de poser problème à la justice. Je pense d’ailleurs que, s’il l’a retiré de son compte Facebook, c’est moins pour des raisons juridiques que parce qu’il s’est aperçu qu’il était allé trop loin commercialement, qu’il risquait de perdre beaucoup de ses fans.

On voit aujourd’hui prononcées des peines de plusieurs mois de prison ferme pour de tels faits. Cela s’était-il déjà produit ? Ou faut-il imputer ces peines à la loi de novembre 2014 sur le terrorisme ?

Les peines prononcées sont en effet inédites. Mais la loi de 2014 permet d’aller encore plus loin, jusqu’à trois ans de prison ferme. De manière plus générale, l’agitation de ces derniers jours m’inquiète. La France dispose déjà d’un lourd dispositif pour lutter contre le terrorisme. L’avocat que je suis n’est pas hostile par principe à toute censure, le citoyen que je suis non plus, et je ne soutiens en aucun cas les provocations d’un Dieudonné. Mais j’essaie de réfléchir en dépit de ce qui personnellement peut me choquer et de raisonner en termes de philosophie du droit. Le résultat de tous ces textes est un véritable galimatias. Sur le chapitre de la liberté d’expression, on n’a jamais pris la peine de construire un code, qui rassemble et hiérarchise les problèmes. On ne peut que se réjouir de la grande marche du 11 janvier, mais il faut, je crois, se méfier des textes adoptés sous le coup de l’émotion. Prenez encore, à ce sujet, la loi de sécurité publique dite Perben II !

Quelle est-elle ?

Patrick Henry, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 1977 pour le meurtre du petit Philippe, est libéré en 2001 après un parcours de réinsertion qui en fait un détenu modèle. À sa sortie de prison, il publie chez Calmann-Lévy un livre, Vous n’aurez pas à le regretter… et, quelques jours plus tard, il est arrêté avec 10 kg de cannabis. L’indignation est générale, on le traite de tous les noms. Et, dans la foulée, on adopte la loi Perben II. Elle s’inspire du droit américain, en la comprenant mal : aux États-Unis, en réaction à la multiplication de mémoires de serial-killers, il a été décidé que ceux-ci ne pourraient pas toucher de droits d’auteur, et que l’argent serait reversé aux associations de familles de victimes. En France, on a transformé cela en l’interdiction, pour toute personne condamnée, de publier un livre. Y compris s’il veut y faire son mea culpa, ou s’il veut clamer son innocence. Ce qui signifie qu’il faudrait interdire le Journal du voleur de Genet et cela, à cause d’une loi écrite et votée trop vite.

Source : Le Point

Source: http://www.les-crises.fr/france-un-principe-de-liberte-dexpression-400-textes-de-censure/


[Festival] Les islamophobes en roue libre…

Saturday 17 January 2015 at 05:00

IMPORTANT (rapport à #LibertedExpressionEnFrance) : Le site Les-crises.fr reproduit ces propos afin d’informer le public du climat délétère qui augmente, mais ne les soutient en rien, et condamne fermement toute islamophobie.

BHL (à tout saigneur tout honneur) somme les musulmans de manifester !

Le 09/01/2015 :

(rien de nouveau, fin septembre 2014, il appelait déjà les musulmans à “manifester massivement contre le Daech”).

Le lendemain, il lance sur BFM TV : “l’indicateur primordial pour la manifestation de demain sera le nombre de musulmans présents, plus que le nombre total.”

Il n’a pas été déçu…

N.B. C’est moi où quand on trouve un prêtre pédophile, il ne demande jamais aux catholiques d’aller manifester pour se désolidariser de ces actes horribles ?

P.S. Dans le dernier GEAB (un peu généralisé, mais intéressant) :

N’oublions pas que la représentation en général est interdite par l’Islam. L’intégration des Musulmans aux sociétés modernes et occidentales de l’image est donc une réalité… même s’ils ont des difficultés à aller jusqu’au bout de la logique et à accepter la représentation la plus interdite, celle du Prophète, une représentation qui choque aussi les Musulmans modérés, c’est un fait. En réalité, demander aux Musulmans d’accepter ces caricatures, ce n’est pas leur faire la demande acceptable pour eux de se « laïciser », mais celle inacceptable de s’« athéiser ». C’est là que le bât blesse, il faut en prendre conscience si on veut trouver une solution à l’impasse dans laquelle nous sommes.

Quand Rioufol fait pleurer Rokhaya Diallo

Le soir de l’attentat, Marc Olivier Fogiel recevait ses invités habituels, Ivan Rioufol, l’éditorialiste du Figaro, Laurence Parisot, l’ancienne patronne du Medef (Mouvement des entreprises de France), Xavier Couture, ancien de TF1, et Rokhaya Diallo, la journaliste et écrivain.

ÉNORME ce Rioufol…

« La gauche appelle aujourd’hui à manifester, a commencé Rioufol, c’est très bien et j’irai aussi manifester. Il faudrait également et urgemment que manifestent aujourd’hui les Français musulmans qui, évidemment, ne se reconnaissent pas dans cet attentat terroriste, sinon on va craindre effectivement les amalgames. »

Laurence Parisot bondit : « Vous laissez entendre qu’ils adhéreraient à cette folie terroriste ? »

— Non, je ne dis pas cela, au contraire. Je les somme aujourd’hui de bien nous faire comprendre qu’ils n’adhèrent pas », se défend Ivan Rioufol.

Rokhaya Diallo s’indigne : « Quand j’entends dire qu’on somme les musulmans de se désolidariser d’un acte qui n’a rien d’humain, oui, effectivement, je me sens visée. J’ai le sentiment que toute ma famille et tous mes amis musulmans sont mis sur le banc des accusés. »

Réponse de Rokhaya Diallo, qui retient ses larmes : « Non mais, vous pensez vraiment que je suis solidaire ? Est-ce que vous osez me dire, ici, que je suis solidaire ? Vous avez vraiment besoin que je verbalise ? Donc, moi, je suis la seule autour de la table à devoir dire que je n’ai rien à voir avec ça. »

Lettre un peu désagréable à l’intention de mes amis musulmans, par Yann Moix

Chers amis Musulmans,

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. C’est comme cela que l’on doit faire avec les gens qu’on aime. Alors voilà : je ne suis pas d’accord avec ceux d’entre vous qui se lamentent ainsi : « Ca ne va pas être simple, après l’attentat contre Charlie Hebdo, d’être musulman ». Faux : c’est tout le contraire. Cela n’a jamais été aussi simple. Je propose, en effet, que désormais l’on appelle Musulmans ceux d’entre vous qui descendront volontiers avec nous, avec les laïcs, les athées, les catholiques, les protestants, les juifs, manifester dans la rue – pour le maintien de la paix, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité dans les rues de la République. Cela n’a jamais été aussi simple, pour un Musulman français républicain, que de montrer, que de prouver que l’islam n’a rien à faire, n’a rien à voir avec ce fascisme religieux qu’est l’islamisme.

Nous voudrions vous voir, en masse, vous, amis Musulmans français, défiler avec nous, signer avec nous des éditoriaux pour dire que vous n’êtes en rien concernés par les actes ignobles que quelques détraqués se réclamant du même Dieu que vous commettent ; nous voudrions défiler à vos côtés pour clamer que votre religion, fondamentalement, ne permet pas plus les atrocités qu’elle ne les contient. Non pas pour vous obliger à montrer patte blanche, pour vous contraindre à nous donner des gages, mais simplement pour le bienfait que cela peut apporter aux non-Musulmans.

Nous en avons envie, et nous en avons besoin. Notre 11-Septembre à nous s’est joué en deux actes. Acte un : les crimes de Mohammed Merah, où les victimes étaient triées ; acte deux : l’attentat contre Charlie, où les victimes étaient ciblées, nommées. Le terrorisme va, si j’ose dire, jusqu’à choisir à présent des victimes qui sont des non-anonymes, là où autrefois il était aveugle.

Nous voudrions, je voudrais que, pour une fois, on cesse de marcher sur des œufs avec vous, chers amis Musulmans français. On vous épargne trop, je trouve. Je vous le dis franchement. On a trop peur d’être pris (par vous) pour des racistes. Alors on n’ose pas. On s’excuse. Je n’ai pas à vous donner, à mon tour, des gages de non-racisme. Je n’ai pas, moi, en tant que Français républicain, à prendre de gants avec des citoyens français comme les autres, des citoyens comme les autres : les Français de confession musulmane. Je n’ai pas, chers amis Musulmans français, à vous traiter plus mal que les autres. Je n’ai, par conséquent, pas à vous traiter mieux non plus. Alors, amis Musulmans de France, je rêve que vous sortiez de votre mutisme relatif, mais somme toute réel, dans lequel vous êtes généralement blottis aux heures les plus noires du terrorisme salafiste, islamiste. Mieux que personne, amis Musulmans de France, parce que vous connaissez votre religion mieux que quiconque, pouvez nous expliquer pourquoi l’islamisme n’est pas l’islam. Nous voulons vous entendre. Non pas pour entendre vos explications (vous n’êtes pour rien dans cette barbarie), mais pour comprendre la maladie qui gangrène votre croyance. Cette croyance que nul, ici, n’entend remettre en question, en dehors de la Droite extrême. Mais il y a un « mais » : vous n’êtes pas assez présents. Vous n’êtes pas assez pédagogues. Vous n’êtes pas assez conscients de la place que vous tenez au sein de notre pays, pays de la laïcité, c’est-à-dire pays qui sait, qui veut accueillir toutes les formes humaines de la foi. Vous n’êtes pas assez entendus, mais c’est aussi parce que votre voix ne semble pas complètement se faire entendre. J’ai pour vous un profond respect ; vous êtes un apport pour la société française.

Je connais bien votre religion, et je sais, pour l’avoir étudiée de près, pour être allé souvent dans les pays qu’elle irrigue, ce qu’elle comporte de beautés, de subtilités, de profondeur. C’est pourquoi, sans complexe, sans peur, sans scrupules (comme deux amis se disent les choses en face), je vous prends à partie. C’est pourquoi, dans ces quelques lignes emportées, écrites sous l’émotion, je vous malmène – avec autant de véhémence, de violence peut-être, que d’amour. Je ne supporte plus qu’on vous épargne, qu’on vous craigne (ni même qu’on vous conspue, qu’on vous néglige) : mais la vérité est que vous ne faites pas grand-chose pour nous aider à vous aider. Je sais bien ce que mon « vous » a d’absurde ; aucun Musulman ne ressemble à aucun autre. Mais vous comprenez bien ce que je veux dire. Ne jouons pas sur les mots. Aidez-nous, aimez-nous ; nous vous aiderons encore mieux, nous vous aimerons mieux. Merci. Choukran.

Source : Laregledujeu.org

Cet attentat abominable doit nous ouvrir les yeux, par Pascal Bruckner

Par Vincent Tremolet de Villers Publié le 07/01/2015

FIGAROVOX/ENTRETIEN- Pascal Bruckner rend hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo. Il voit dans ce massacre de sang-froid, une nouvelle étape de la guerre que l’islamisme radical mène contre les démocraties occidentales.
Pascal Bruckner est romancier et essayiste [...]

Depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, le journal était sous la menace…
À l’époque, j’avais suivi cette affaire, et de nombreux commentateurs considéraient que Charlie Hebdo était allé trop loin. Je n’aimerais pas être à leur place. J’ai notamment en tête plusieurs débats aux États-Unis ou avec des intellectuels anglo-saxons, durant lesquels on m’assénait cette contre-vérité: Charlie Hebdo ne s’attaque qu’aux musulmans. Or l’esprit critique est le principe même de Charlie. Jésus, Moïse, le Pape, le dalaï-lama ont subi dans ce journal les pires caricatures. Mais aujourd’hui en France, on a le droit de se moquer de Jésus, de Bouddha, de Moïse, mais pas du prophète Mahomet, sinon, on risque d’être assassiné de sang-froid. Face à cet événement, un petit nombre de gens, une fois encore, va résister, mais la grande majorité va céder en expliquant qu’il est plus judicieux de respecter la religion du Prophète. Tout cela se télescope avec la sortie du roman Soumission de Michel Houellebecq. Roman qui décrit une France terrorisée qui, par confort, porte au pouvoir un président musulman.

Les cibles sont des symboles…
Ces gens sont morts parce que le journal dans lequel ils travaillent a été déclaré coupable de «blasphème» par des islamistes. Tout cela, en vérité, a commencé avec la révolution iranienne de l’ayatollah Khomeyni. Derrière la guerre chiite-sunnite, la lutte contre «l’infidèle» a continué. La première victime de cette fatwa a été Salman Rushdie, qui, en 1988, après avoir publié Les Versets sataniques, a été désigné comme personne à abattre. En 2006, des journalistes danois ont subi le même sort. Charlie Hebdo a «chatouillé la fatwa», selon les mots que l’islamologue Olivier Roy avait appliqués au philosophe Robert Redeker, lui aussi menacé de mort en 2006.

On a décapité une partie de notre intelligentsia. Nous sommes en guerre depuis des années, mais nous avons manifesté à l’égard de l’islam radical une complaisance coupable. Il sera très intéressant de voir les lignes de partage dans les jours à venir. Gageons que les collabos de tout poil plaideront pour une limitation de la liberté d’expression

Un journal est-il une cible de guerre?
Attaquer un journal, c’est attaquer la liberté d’expression. Attaquer un journal, c’est dire aux journalistes que toute critique de l’islam peut entraîner une condamnation à mort. C’est répéter que l’islam est un bloc sacré qui ne doit jamais être remis en question. C’est du jamais-vu depuis le XVIIIe siècle. Le chevalier de La Barre avait été supplicié pour «impiété, blasphèmes, sacrilèges exécrables et abominables» au terme d’un procès inique, mais c’était il y a deux cent cinquante ans! Aujourd’hui, pour signifier leur refus de céder à la peur, je pense que tous les journaux de France devraient reproduire in extenso l’ensemble des dessins de Charlie Hebdo. Acteurs, metteurs en scène, philosophes peuvent être les prochaines victimes.

Peut-on parler d’acte de guerre?
C’est l’acte d’un commando qui mêle les procédures de liquidation du grand banditisme et celles du terrorisme. Peut-être parlera-t-on de représailles à l’action de la France contre Aqmi? Mais tous ces ennemis sont loin et, ici, l’ennemi reste invisible. Le terrorisme, c’est une métamorphose du statut de l’ennemi.

Désormais, nous savons que le pire est concevable.

Le seul moyen de combattre ce genre de menace est d’étendre le pouvoir de la police. Il faut que le Parlement se réunisse et prenne des décisions très fermes. Toutes les options doivent rester ouvertes. Il n’y a pas eu d’attentats aussi meurtriers depuis l’OAS, et de Gaulle n’a pas hésité en 1961 à utiliser ses barbouzes contre les poseurs de bombes.

Pouvait-on s’y attendre?
À chaque fois qu’un événement annonciateur a eu lieu, on a essayé de le ramener à une cause rassurante. Un Français égorgé en Algérie? Il fallait y voir un résidu de la guerre civile. Des agressions gratuites au cri d’Allah akbar? Il s’agissait de «loups solitaires» ou de déséquilibrés. Aujourd’hui tout cela peut apparaître comme une stratégie de la tension savamment menée. Cette matinée tragique va sans doute devenir l’acte fondateur d’un nouveau terrorisme qui veut faire plier les genoux à l’Europe devant le drapeau vert de l’islam et le drapeau noir du Califat. Tous les Français et particulièrement les journaux peuvent se sentir aujourd’hui sous la menace. C’est l’un des effets pervers du terrorisme: il rend paranoïaque.

La France a-t-elle pris la mesure de cette menace?
Beaucoup ont conclu un peu vite avec François Hollande que «l’islam est soluble dans la démocratie». Certes, le cas de la Tunisie est exemplaire, mais ce pays reste encore une exception. La déclaration de Dalil Boubakeur est remarquable et il faut maintenant espérer que tous les Français de confession musulmane vont se mobiliser contre cette abomination qui se réclame du Coran. Dans le cas inverse, leur silence nourrira, inévitablement, l’amalgame entre islam et fanatisme. Daryush Shayegan, un philosophe iranien, dans Qu’est-ce qu’une révolution religieuse? (Albin Michel, 1991), annonce cette dérive d’un islam qui profite d’un message prophétique pour installer sa terreur. Il montre que nous sommes entrés dans une ère nouvelle où le message de la foi s’est compromis avec l’activisme politique et utilise les méthodes qui furent celles du communisme et du fascisme. Il faut avoir tout ça en tête et ne pas toujours ramener le pathos antiraciste qui n’est plus du tout pertinent dans une situation comme celle d’aujourd’hui. Les auteurs de ces actes sont des islamo-fascistes. Et les victimes de Charlie Hebdo, les premiers résistants de la nouvelle guerre. Ne nous trompons pas d’ennemi. À la radicalisation de l’islam répond la radicalisation de l’aveuglement qui ne veut rien voir, rien savoir, rien entendre. Cette tragédie doit nous ouvrir les yeux.

Source : lefigaro.fr

Source : Le Point, semaine du 7 janvier 2015

=========================================

Et cerise sur le gâteux :

=====================================================

=====================================================

Faut-il alors s’étonner de ceci ?

P.S. pas de commentaire par pitié pour les modérateurs. Mais signalez-moi (via le formulaire de contact) d’autres articles de ce genre svp…

#FoutageDeGueule ?

Source: http://www.les-crises.fr/festival-les-islamophobes-en-roue-libre/