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Revue de presse internationale du 15/02/2015

Sunday 15 February 2015 at 05:20

Contre qui se battent finalement les saoudiens côté pétrole ? Les barbouzeries au cours du temps. Menaces sur les sites indépendants d’informations. Un système informatique accessible à tous. Voilà quelques-uns des sujets abordés dans cette collecte d’articles internationaux. Un grand merci à nos contributeurs et bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-internationale-du-15022015/


[Reprise] De Gaulle vu par l’Egypte nassérienne

Sunday 15 February 2015 at 03:30

Au-delà du jeu de miroirs entre la France de De Gaulle et l’Egypte de Nasser, l’étude de Hoda Abdel-Nasser, dont nous publions un extrait, met l’accent sur l’évolution de la position impartiale française vis-à-vis d’Israël après l’agression de 1967.  

« J’ai commencé à admirer De Gaulle durant la seconde guerre mondiale. Je me souviens de lui défilant sur les Champs-Elysées à la libération de Paris. Durant la guerre, j’ai admiré l’officier déterminé à poursuivre la lutte en dépit de toutes les difficultés. De même, De Gaulle a été courageux en ce qui concerne l’Algérie où il affronta la situation sans louvoyer. Il s’agit d’une question de dignité. Je pense que c’est un homme de principes ; je pense qu’en dépit des difficultés, les relations avec lui diffèrent des relations habituelles avec les politiques. C’est un grand privilège pour un homme que d’être en relation avec un homme de principes ».

Telles sont les paroles prononcées par Nasser au sujet de l’impression que lui fit De Gaulle à travers son histoire personnelle, ses prises de position nationalistes, ses initiatives et ses actions politiques.

« Par son intelligence, sa volonté et son courage, exceptionnels, le président Gamal Abdel-Nasser a rendu à son pays et au monde arabe tout entier des services incomparables. Dans une période de l’Histoire plus dure et dramatique que tout autre, il n’a pas cessé de lutter pour leur indépendance, leur honneur et leur grandeur. Aussi nous étions-nous tous deux bien compris et profondément estimés. Ainsi avions-nous pu rétablir entre la République arabe unie et la France les très bonnes relations que leur commandent leur grande amitié séculaire et leur volonté commune de justice, de dignité et de paix ».

Ici, c’est le général qui exprime son estime à Nasser. Les deux dirigeants ne se sont jamais rencontrés, mais durant leur mandat, les relations franco-égyptiennes d’une part et les relations franco-arabes de l’autre ont connu une évolution déterminante sur une période de temps n’excédant pas dix années ; au regard de l’histoire des relations entre les peuples, une telle période semble courte.

De Gaulle est revenu au pouvoir en 1958 à une époque où la France, à l’intérieur, était déchirée et manquait de stabilité, où son image dans le monde était ébranlée, à une époque aussi où les relations franco-arabes étaient au plus bas après la crise de Suez et du fait de la situation de l’Algérie.

Le rôle que la IVe République joua dans l’agression de 1956, son alliance avec la Grande-Bretagne et Israël du fait que l’Egypte se trouvait du côté de la révolution algérienne contre le colonialisme français, pesa lourdement sur la vision que l’Egypte nassérienne avait de la France et ce, pendant plusieurs années. Cette vision ne changea pas simplement du fait de l’arrivée de De Gaulle au pouvoir, les doutes subsistèrent à l’égard des intentions du nouveau gouvernement français conduit par De Gaulle ; ils ne furent levés qu’avec l’acceptation des revendications des Algériens et la reconnaissance par la France de l’indépendance de l’Algérie.

Deux facteurs décisifs

Dans la réalité des faits, il est possible de dire que deux aspects essentiels de l’évolution de la France contribuèrent à changer directement la vision que l’Egypte nassérienne avait de la France de De Gaulle et des relations bilatérales. Ces deux points furent les suivants :

— La reconnaissance par la France de l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962.

— La condamnation par la France de l’agression israélienne contre l’Egypte et les Etats arabes en juin 1967, et la mise en œuvre effective de mesures concrètes de coercition à l’égard de l’agresseur pour qu’il évacue les territoires arabes occupés.

Pour l’Egyptien politiquement averti, il apparut que la position de la France, dans ces deux situations historiques, était inspirée par le général De Gaulle en personne, que celui-ci avait radicalement réorienté le cours de la politique française, et que les orientations tant extérieures qu’intérieures de cette nouvelle politique reposaient avant tout sur ses épaules.

Mais, en même temps, et en marge des deux points précédemment évoqués, il existait de nombreux points « attractifs » dans la politique et la personnalité de De Gaulle de nature à favoriser le rapprochement des deux pays et à contribuer à modifier l’image que l’Egypte nassérienne avait de la France. Il en résulta que la France allait occuper une position différente de celle des autres Etats occidentaux qui nourrissaient de l’hostilité à l’égard de l’Egypte ; sous le leadership de De Gaulle, l’image de la France, entre 1962 et 1969, prit corps en tant qu’Etat soutenant les principes de liberté, de justice et de dignité.

La France de De Gaulle appuie le droit et la justice

La position de la France à l’égard de l’agression israélienne contre les territoires arabes en juin 1967 constitue le second point d’évolution dans les relations franco-égyptiennes ; cette position a contribué de façon substantielle à mettre en évidence le rôle de la France sous la direction de De Gaulle ; elle lui a donné une nouvelle image auprès des Arabes : l’image d’un Etat qui, après s’être départi de son alliance traditionnelle et de sa partialité à l’égard d’Israël, soutenait le droit et la justice.

Après avoir été convaincu que la partie qui avait tiré profit de l’alliance entre la France de la IVe République et l’Etat hébreu était bien Israël et que la France avait perdu son crédit dans le monde arabe, De Gaulle comprit qu’à long terme, l’intérêt de la France passait par un rapprochement avec le monde arabe.

Condamnation de l’agresseur

Dès le début, et avant même que ne se produisent les accrochages militaires, De Gaulle annonça que la France ne soutiendrait aucune des deux parties dans le conflit israélo-arabe et qu’elle condamnerait l’agresseur. En dépit des pressions exercées par Israël et par les organisations juives en France pour que le gouvernement français fournisse du matériel militaire à Israël, en dépit du soutien dont Israël bénéficiait auprès de la majorité militaire à Israël, en dépit du soutien dont Israël bénéficiait auprès de la majorité des organes de presse français et malgré les critiques dont sa personne faisait l’objet, jamais le président français ne revint sur sa position. Une fois les opérations militaires terminées, il annonça que la France refusait le fait accompli résultant des opérations militaires sur le terrain.

Lettre à Nasser

Au lendemain de la défaite de l’Egypte face à Israël, De Gaulle s’engagea personnellement ; il envoya à Abdel-Nasser une lettre dont voici le texte :

« La victoire et la défaite dans les batailles militaires sont des péripéties passagères dans l’histoire des nations ; ce qui importe, c’est la volonté. Comme vous en avez le souvenir, la France a été un temps pour moitié sous l’occupation directe des nazis, pour une autre moitié sous la coupe d’un gouvernement collaborateur. Mais la France n’a jamais perdu sa volonté et elle est demeurée tout ce temps confiante derrière son chef qui était l’expression de sa volonté. Le vrai courage est d’affronter les malheurs ; quand les temps sont heureux, un tel courage n’est pas nécessaire. La paix du monde arabe requiert de vous des efforts et je suis le premier à être d’accord avec vous pour dire que le fait accompli, tel qu’il se présente chez vous maintenant, ne peut fournir de base véritable à une telle paix ».

De Gaulle fut également le premier chef d’Etat occidental à condamner l’agression israélienne contre les Arabes et l’occupation des territoires arabes. Mieux même, il assortit cette condamnation d’un embargo sur la livraison de Mirage et de pièces de rechange pour lesquels des contrats avaient été signés avant l’agression, ce qui conforta le sérieux et la détermination de sa position.

Le retrait comme base du compromis

De Gaulle soutint la position de l’Egypte et la détermination de ce pays à considérer que la solution à la crise du Proche-Orient ne pouvait être trouvée que sur la base d’un retrait complet d’Israël. Il condamna la politique expansionniste d’Israël, exprimant de la sorte la vue pénétrante qu’il avait de l’histoire du conflit israélo-arabe au Proche-Orient depuis la création en Palestine d’une partie pour les juifs au lendemain de la seconde guerre mondiale au milieu de peuples arabes foncièrement hostiles. Bien que la France ait approuvé la création d’un Etat destiné aux juifs, sur une terre qui leur était reconnue par les grandes puissances avec l’espoir qu’ils y vivent en paix avec leurs voisins arabes, De Gaulle déclara qu’après l’expédition de Suez en 1956, Israël était apparu comme un Etat belliqueux et bien décidé à s’agrandir, qui avait œuvré à doubler sa population grâce à l’immigration et laissé accréditer l’idée que la terre qu’il avait obtenue ne suffirait pas dans le long terme qu’en conséquence il procéderait à un agrandissement et profiterait de toutes les occasions qui lui seraient données pour réaliser cet objectif.

De Gaulle présenta la politique de la France pour un règlement du conflit israélo-arabe, règlement fondé sur :

« … L’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des Etats en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations-Unies, en présence et sous la garantie de leurs forces, il serait probablement possible d’arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités et les modalités de la libre navigation pour tous, notamment dans le golfe de Aqaba et dans le Canal de Suez. Suivant la France, dans cette hypothèse, Jérusalem devrait recevoir un statut international ».

La décision de De Gaulle de mettre l’embargo sur l’ensemble des armes et pièces de rechange à destination d’Israël en janvier 1969, à la suite de l’agression menée par Israël contre l’aéroport de Beyrouth avec des avions français et après la destruction d’installations civiles, opération qui indiquait une intention délibérée de suivre une voie belliqueuse que la France ne pouvait continuer à cautionner par des livraisons d’armes, fut une nouvelle étape dans l’affirmation de la nécessité du retrait des territoires arabes occupés.

« La position de la France, conduite par le grand patriote Charles de Gaulle, qui est une des figures marquantes de notre époque, a connu une évolution significative en faveur de la justice et de la paix qui s’est traduite concrètement par l’embargo total sur les exportations d’armes vers Israël ».

Nul n’ignore non plus la campagne qu’Israël et les organisations sionistes lancèrent contre De Gaulle, cette campagne alla jusqu’à demander un boycott juif mondial contre la France, ce qui accrut la sympathie de l’Egypte nassérienne pour la France à surmonter la crise qui touchait alors le franc français.

Le général De Gaulle fut l’inspirateur du changement qui advint dans la politique française vis-à-vis de l’Egypte et plus généralement des Arabes. Il fut le facteur décisif dans la modification de l’image de la France dans l’Egypte nassérienne. C’est au crédit de De Gaulle qu’il faut porter cette évolution radicale, et les paroles prononcées par Nasser après la démission de De Gaulle en 1969 constituent sans doute la meilleure preuve de cette évolution :

« Le général De Gaulle comprend notre cause et il est déterminé à s’opposer à l’agression, il est déterminé à se tenir du côté des principes ; déterminé à obliger l’agresseur à se retirer de tous les territoires occupés. Ceci présente pour nous un acquis ; nous sommes confiants quant à la poursuite de la politique de la France vis-à-vis des Arabes. Autrefois, le peuple français a levé ses nobles principes et quand, dans les faits, le général De Gaulle a adopté cette position, nous avons bien reçu qu’il mettait en œuvre, pratiquement, les objectifs auxquels aspirait la Révolution française… ».

Source : Hoda Abdel-Nasser, pour Counter Psy Ops, repris depuis Al-Ahram

Source: http://www.les-crises.fr/de-gaulle-vu-par-legypte-nasserienne/


Nous sommes tous des hypocrites, par Pacôme Thiellement

Sunday 15 February 2015 at 02:15

Par Pacôme Thiellement, essayiste et réalisateur français

Bienvenue dans un monde de plomb

Nous sommes tous des hypocrites. C’est peut-être ça, ce que veut dire « Je suis Charlie ». Ça veut dire : nous sommes tous des hypocrites. Nous avons trouvé un événement qui nous permet d’expier plus de quarante ans d’écrasement politique, social, affectif, intellectuel des minorités pauvres d’origine étrangère, habitant en banlieue.

Marche citoyenne et républicaine

Nous sommes des hypocrites parce que nous prétendons que les terroristes se sont attaqués à la liberté d’expression, en tirant à la kalachnikov sur l’équipe de Charlie Hebdo, alors qu’en réalité, ils se sont attaqués à des bourgeois donneurs de leçon pleins de bonne conscience, c’est-à-dire des hypocrites, c’est-à-dire nous. Et à chaque fois qu’une explosion terroriste aura lieu, quand bien même la victime serait votre mari, votre épouse, votre fils, votre mère, et quelque soit le degré de votre chagrin et de votre révolte, pensez que ces attentats ne sont pas aveugles. La personne qui est visée, pas de doute, c’est bien nous. C’est-à-dire le type qui a cautionné la merde dans laquelle on tient une immense partie du globe depuis quarante ans. Et qui continue à la cautionner. Le diable rit de nous voir déplorer les phénomènes dont nous avons produits les causes.

À partir du moment où nous avons cru héroïque de cautionner les caricatures de Mahomet, nous avons signé notre arrêt de mort. Nous avons refusé d’admettre qu’en se foutant de la gueule du prophète, on humiliait les mecs d’ici qui y croyaient – c’est-à-dire essentiellement des pauvres, issus de l’immigration, sans débouchés, habitant dans des taudis de misère. Ce n’était pas leur croyance qu’il fallait attaquer, mais leurs conditions de vie. À partir de ce moment-là, seulement, nous aurions pu être, sinon crédibles, du moins audibles.

Pendant des années, nous avons, d’un côté, tenus la population maghrébine issue de l’immigration dans la misère crasse, pendant que, de l’autre, avec l’excuse d’exporter la démocratie, nous avons attaqué l’Irak, la Libye, la Syrie dans l’espoir de récupérer leurs richesses, permettant à des bandes organisées d’y prospérer, de créer ces groupes armés dans le style de Al Quaïda ou de Daesch, et, in fine, de financer les exécutions terroristes que nous déplorons aujourd’hui. Et au milieu de ça, pour se détendre, qu’est-ce qu’on faisait ? On se foutait de la gueule de Mahomet.

Il n’y avait pas besoin d’être bien malin pour se douter que, plus on allait continuer dans cette voie, plus on risquait de se faire tuer par un ou deux mecs qui s’organiseraient. Sur les millions qui, à tort ou à raison, se sentaient visés, il y en aurait forcément un ou deux qui craqueraient. Ils ont craqué. Ils sont allés « venger le prophète ». Mais en réalité, en « vengeant le prophète », ils nous ont surtout fait savoir que le monde qu’on leur proposait leur semblait bien pourri.

Nous ne sommes pas tués par des vieux, des chefs, des gouvernements ou des états. Nous sommes tués par nos enfants. Nous sommes tués par la dernière génération d’enfants que produit le capitalisme occidental. Et certains de ces enfants ne se contentent pas, comme ceux des générations précédentes, de choisir entre nettoyer nos chiottes ou dealer notre coke. Certains de ces enfants ont décidé de nous rayer de la carte, nous : les connards qui chient à la gueule de leur pauvreté et de leurs croyances.

Nous sommes morts, mais ce n’est rien par rapport à ceux qui viennent. C’est pour ceux qui viennent qu’il faut être tristes, surtout. Eux, nous les avons mis dans la prison du Temps : une époque qui sera de plus en plus étroitement surveillée et attaquée, un monde qui se partagera, comme l’Amérique de Bush, et pire que l’Amérique de Bush, entre terrorisme et opérations de police, entre des gosses qui se font tuer, et des flics qui déboulent après pour regarder le résultat.

Alors oui, nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les victimes d’un storytelling dégueulasse, destiné à diviser les pauvres entre eux sous l’œil des ordures qui nous gouvernent. Nous sommes tous des somnambules dans le cauchemar néo-conservateur destiné à préserver les privilèges des plus riches et accroître la misère et la domesticité des pauvres. Nous sommes tous Charlie, c’est-à-dire les auteurs de cette parade sordide. Bienvenue dans un monde de plomb.

Source : Les Mots Sont Importants, 13/01/2015

Source: http://www.les-crises.fr/nous-sommes-tous-des-hypocrites/


Actu’Ukraine – 15/02

Sunday 15 February 2015 at 00:10

Lundi 2 février 2015

•  Sergueï Melnitshuk, l’ancien commandant du bataillon Aïdar aujourd’hui député à la Rada (Parlement ukrainien), est sorti victorieux de son entretien de plusieurs heures avec le Ministre de la Défense ukrainien, Stepan Poltorak. Il a pu annoncer officiellement l’annulation de la dissolution du bataillon au sein de la Garde Nationale devant les dizaines de membres de ce dernier ainsi que des sympathisants qui manifestaient depuis plusieurs jours devant le Ministère.

Tout avait commencé le 29 janvier après l’annonce de Sergueï Melnitshuk de la dissolution, de jure, d’Aïdar. Dès le lendemain, des volontaires de ce dernier bloquent la rue où se trouve le Ministère, manifestent et essayent même de rentrer en force dans le bâtiment face au refus du Ministre de les recevoir.

Les combattants affirment qu’on essaye de les faire passer pour des criminels pour justifier cette dissolution. Sergueï Melnitshuk avait également affirmé que l’armée ukrainienne avait commencé à bombarder les positions du bataillon dans la zone d’opération anti-terroriste (ATO).

Polit.ruru.wikipedia.orghttp://sharij.net

Petit rappel, Aïdar est un bataillon de volontaires (principalement des activistes de Maïdan et des membres de Praviy Sector) formé en mai 2014 et financé par l’oligarque Igor Kolomoïskiy. Officiellement, il dépend du Ministère de la Défense. L’organisation non-gouvernementale Amnesty International l’accuse de plusieurs crimes de guerre dans la région de Lougansk.

•  La République Populaire de Lougansk a annoncé avoir intercepté un missile « Toshka-Ou » (точка-у).

Pour information, c’est un missile balistique ayant une portée de 70 à 120 km dotée d’une ogive de 482 kg. Masse totale, 2 tonnes (Vidéo en russe Youtube).

Une vidéo (en russe) dans laquelle on peut voir les dégâts causés par un engin de ce genre tombé à Donetsk le 20 octobre dernier ( Youtube)

C’est peut-être un engin de ce type qui a causé l’explosion massive à Donetsk quelques jours plus tard (le 8 février).

 •  Le Président des Etats-Unis, Barack Obama, admet, lors d’une interview à la chaîne américaine CNN, que le changement de régime en Ukraine lors de « l’Euromaïdan » en février 2014 est une action des USA (Fortruss, Youtube).

Mardi 3 février 2015

•  Le Président ukrainien, Piotr Poroshenko, louvoie régulièrement entre « je suis pour la fédéralisation de l’Ukraine » (souvent quand il est à l’étranger et se présente comme le Président de la Paix) et « non, l’Ukraine est un pays unitaire » (quand il est en Ukraine et se présente comme un homme fort). Comme dans son discours du 3 février à Kharkov : « L’Ukraine ne sera pas une fédération et restera un pays unitaire. Si quelqu’un en a envie, je peux organiser un referendum sur cette question et nous verrons que plus de 85% des Ukrainiens voteront pour l’unité du pays. Et nous ne donnerons à personne de mettre en pièces notre pays.»

 •  L’Ukraine aurait épuisé les réserves de gaz stockées sur son territoire (Novorossia.today).

•  Ce mardi s’est tenue une conférence commune des leaders de la République Populaire de Donetsk (DNR) et de la République Populaire de Lougansk (LNR). Ils ont longtemps souligné le fait que « les accords de Minsk n’ont pas été interrompu par notre faute. Nous avons envoyé là-bas des représentants officiels avec un réel pouvoir de décision ». M. Plotnitsky, le dirigeant de la LNR a précisé : « Kiev veut nous étrangler, détruire nos maisons, notre économie. Tous les liens qui nous unissaient à l’ancienne Ukraine sont des chemins de la mort. De l’autre côté, la main que nous tend la Russie, un peuple frère, est le chemin de la vie. Aujourd’hui nous voyons précisément qui sont nos amis et qui ne le sont pas. (…) Le sabotage des accords de Minsk est le fait de l’Ukraine et de M. Poroshenko. »

Le deuxième point abordé à été la situation sur le front et l’offensive des insurgés, M. Zakharchenko, le dirigeant de la DNR a confirmé la prise de contrôle totale de l’aéroport de Donetsk, le village de Pesky et la tentative de fermeture du chaudron de Debaltsevo. « On a compris que c’est seulement par la force que l’on peut sécuriser nos villes et arrêter le pilonnage de nos rues. »

Ils ont demandé à l’Europe et aux Ukrainiens d’ouvrir les yeux sur la réalité de la situation et ont encore une fois souligné qu’ils étaient prêts à s’asseoir à la table des négociations (Vidéo en russe sous-titrée en anglais : Youtube)

Jeudi 5 février 2015

•  260 députés sur 450 de la Rada (Parlement ukrainien) ont voté la loi n°1762 s’intitulant « le renforcement de la responsabilité des militaires et l’obtention des commandants militaires de droits supplémentaires ».

En substance, en cas de refus d’obéissance à un ordre d’un soldat, dans « une situation particulière » (sans précision) le gradé aura désormais le droit d’utiliser la force mais sans causer de dommages physique, voire « en période de combats », les armes contre ce dernier. Il faudra seulement éviter de le tuer.

C’est également vrai en cas de négligence, de non-respect de tour de garde, de prise d’alcool (quelque que soit la boisson alcoolisée). Dans ce dernier cas, le gradé pourra également lui mettre une amende voir le mettre aux arrêts jusqu’à 10 jours.

Il y avait déjà pas mal de rumeurs sur les cas de soldats ukrainiens fusillés sommairement par un gradé quand ces derniers refusaient d’obéir. Maintenant, cela s’approche de la légalité (Sharij.net ,Itar-tass.com)

Vendredi 6 février 2015

•  Face à la violence des combats dans le presque chaudron de Debaltsevo, les insurgés et l’armée ukrainienne ont décidé d’ouvrir un couloir humanitaire pour évacuer les civils qui désirent et peuvent quitter le lieu des combats.

Le gouvernement de la République Populaire de Donetsk (DNR) a dépêché une dizaine d’autobus pour évacuer les civils de Debaltsevo et Ouglegorska. Ils ont été accompagnés de journalistes et d’observateurs de l’OSCE.

Les insurgés ont également promis que les civils auront le choix de leur destination, DNR, Russie ou Ukraine.

 Samedi 7 février 2015

•  Le porte parole de la DNR a annoncé la suspension de l’évacuation des civils de Debaltsevo par le couloir humanitaire ce samedi suite à, d’une part, la présence, selon eux, de nombreux soldats de l’armée ukrainienne qui ont quitté ainsi le chaudron. D’autre part, l’armée ukrainienne aurait pilonné au mortier le lieu où l’embarquement des civils par les autobus de la DNR était prévu.

•   La Rada, le Parlement ukrainien, a déchu Yanukovitch de son titre de « Président de l’Ukraine ».

 Dimanche 8 février 2015

  Ruslan Kotsaba, journaliste ukrainien sur le chaîne 112, s’est insurgé contre la dernière vague de mobilisation et a lancé sur sa chaîne Youtube un appel aux Ukrainiens et a annoncé qu’il refuserait, s’il le recevait, son ordre de mobilisation. Il rappelle que la mobilisation est illégale puisqu’ aucun état de guerre n’a été décrété en Ukraine.

En réponse, il est accusé de haute trahison et espionnage et il a été mis en détention préventive de 60 jours pour éviter qu’il puisse fuir… en DNR !

Amnesty International demande la libération immédiate du journaliste ukrainien.

D’autres voix s’élèvent aussi contre des vagues de mobilisation qu’ils jugent illégales. A chaque fois ces personnes sont poursuivis pour haute trahison, espionnage, etc.

Vidéo en ukrainien sous-titrée français de l’appel de Kotsaba (Youtube)

Vidéo en ukrainien sous-titrée français de la réaction de Kotsaba après la décision du juge concernant la détention préventive  (Youtube)

Vidéo en russe sous-titrée français (Youtube)

  Explosion massive à Donetsk qui a laissé un cratère de 10 mètres de profondeur ! (english.pravda.ru) Il est encore trop tôt pour savoir quel type d’arme a été utilisé par les Ukrainiens et dans quel but réel même si l’explosion a touché une usine chimique fabriquant des munitions.

Conférence de presse de Basurin (Youtube).

Youtube

Youtube

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-1502/


Revue de presse du 14/02/2015

Saturday 14 February 2015 at 05:30

QE, Clearstream, évasion fiscale, l’OTAN, BHL (désolé), la gendarmerie, Voltaire et la chariah, les abeilles, un village espagnol qui résiste et le dernier volet sur l’idéologie du travail (les 3 liens précédents figurent en tête d’article). Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-14-02-2015/


L’Égypte tourne le dos au dollar et au F-16, par Philippe Grasset

Saturday 14 February 2015 at 03:30

L’Égypte tourne le dos au dollar et au F-16

Deux événements qui concernent l’Égypte d’une part, et la Russie et la France d’autre part, sont à signaler et à commenter d’une façon intégrée pour en faire sortir un événement politique en cours d’une réelle importance. Cet événement n’est rien moins que la concrétisation opérationnelle extrêmement convaincante du tournant antiaméricaniste de l’Égypte du général al-Sisi. La reprise en main d’une Égypte qui était passée aux mains des Frères Musulmans avec le président Morsi s’était réalisée dans des conditions d’une violence extrême qui avait mobilisé toutes les organisations et les conceptions humanitaires du bloc BAO, et influencé la politique sinueuse et incertaine de Washington dans le sens de l’humanitarisme et de l’affectivisme. Ces diverses réactions avaient provoqué notamment des réactions très marquées, antiaméricanistes, de la part du nouveau pouvoir égyptien. D’une façon générale, pourtant, la thèse privilégiée par les critiques idéologique de l’américanisme autant que des régimes anti-démocratiques des pays du Moyen-Orient, critiques très souvent aussi manichéennes que l’américanisme, étaient que le régime Sisi retrouvait le régime Moubarak, principalement avec l’alignement par pression, influence et corruption, sur l’américanisme et sa politique impérialiste. Ce n’était nullement notre analyse, avec l’appréciation qu’il y avait dans la démarche de Sisi une dimension de néo-nassérisme marqué par l’hostilité à la domination US. Les meilleures relations établies avec la Russie par l’Égypte de Sisi allaient dans ce sens.

Nous interprétons donc les deux événements que nous allons présenter dans ce sens politique fondamental, comme une confirmation opérationnelle de l’orientation antiaméricaniste du régime Sisi. Nous employons le terme “fondamental” parce que les deux thèmes concernés sont, chacun dans leurs genres et dans des domaines d’une très grande importance, effectivement des événements stratégiques fondamentaux.

• Le premier, dans le cadre d’une visite de Poutine en Égypte, c’est l’annonce que Russes et Égyptiens sont en train de mettre en place les conditions permettant de réaliser leurs transactions d’échanges commerciaux et militaires, qui sont importants et sont promis à augmenter, dans leurs monnaies nationales alors qu’ils utilisaient jusqu’ici le dollar. Il s’agit donc du processus de dédollarisation, lancé par les Russes depuis le début de la crise ukrainienne et l’extrême tension établie entre la Russie et les USA (le bloc BAO). On ne peut voir dans ce fait autre chose qu’une prise de position implicite et indirecte de l’Égypte en faveur de la position russe dans sa querelle fondamentale avec les USA. Il est évident que cette attitude égyptienne, – tout comme l’autre événement ci-dessous, qui est la vente possible du Rafale à l’Égypte, – va soulever des réactions très vives au Congrès à cause de l’aide financière massive des USA à l’Égypte (près de $2 milliards par an). Dans ce contexte, cette aide serait tout simplement sous la menace d’être complètement annulée.

Russia Today (RT), le 9 février 2015 : «Russia and Egypt might soon exclude the US dollar and use their national currencies in the settlement of accounts in bilateral trade, Russian President Vladimir Putin said in an interview to Egyptian media ahead of his Monday visit to the country. The issue of abandoning the dollar in trade is “being actively discussed,” Putin told Al-Ahram daily newspaper ahead of his two-day trip to Egypt. The Russian president was invited for a bilateral meeting by his Egyptian counterpart Abdul Fattah al-Sisi.

»“This measure will open up new prospects for trade and investment cooperation between our countries, reduce its dependence on the current trends in the world markets,” Putin said. “I should note that we already use national currencies for trade with a number of the CIS [Commonwealth of Independent Statesstates, and China. This practice proves its worth; we are ready to adopt it in our relations with Egypt as well. This issue is being discussed in substance by relevant agencies of both countries.”

»Egypt is a long-time and trusted partner of Russia and the relationship between the two countries has been rapidly developing, the Russian president said. “The volume of bilateral trade has increased significantly over the past years: In 2014, it increased by almost half compared to the previous year and amounted to more than $4.5 billion,” he said urging for this trend to be strengthened.»

• Le second événement est la vente possible de 24 Rafale français (plus une frégate FREMM) à l’Égypte, actuellement en cours de discussion et dans sa phase finale semblerait-il. (Avec les réserves d’usage, le Rafale ayant rencontré à l’exportation de nombreux déboires, en général dans les phases finales de négociation.) Ce sont les Égyptiens, et Sisi lui-même, qui ont fait des ouvertures aux Français il y a quelques mois, dans un sens très pressant. Avant-hier sur Europe 1/I-Télé, le ministre français de la défense Le Drian a parlé de cette affaire avec la plus grande prudence, mais confirmant indirectement qu’on se trouve dans la phase finale de négociation. (Dans Le Monde du 8 février 2015.)

«Les discussions avec l’Egypte en vue de la fourniture d’avions de combat Rafale sont “assez avancées mais elles ne sont pas conclues”, indique le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian dimanche 8 février, lors du Grand Rendez-vous i-Télé-Europe 1-Le Monde. La conclusion d’un accord entre la France et l’Egypte d’un plan de financement pour la vente 24 avions de combat Rafale, ainsi qu’une frégate multimission FREMM semble donc bien s’approcher. Selon le quotidien Les Échos du vendredi 6 février, le marché est évalué entre 3 et 6 milliards d’euros, dont Paris garantirait une partie.»

Bien entendu, ce n’est essentiellement le sort du Rafale, qui semble s’approcher enfin de plusieurs marchés à l’exportation, qui nous importe dans le cadre de ce commentaire comme nous l’orientons. (On notera tout de même que leRafale n’a jusqu’ici obtenu aucune commande à l’exportation en raison d’abord de l’opposition acharnée et par tous les moyens des USA, en raison également des maladresses françaises et de la dilution de la politique d’indépendance nationale française garantissant un soutien sans condition de ses livraisons d’armes autant que de l’extrême et vertueuse discrétion observée par les officiels et industriels français sur le fait d’apparaître comme des concurrents idéologiques des USA. Il n’en reste pas moins que le Rafale peut être considéré comme l’un des meilleurs avions de combat du monde, sinon le meilleur, avec comme seul concurrent certains modèles russes, les USA étant complètement encalminés et bloqués dans le catastrophique programme JSF largement exporté mais promis à un effondrement accéléré dont les signes évidents et presque plus précurseurs commencent à préoccuper le troupeau des acheteurs étrangers de cet avion.)

Non, l’important et ce qui nous importe, c’est bien le fait politique. Bien entendu, la presse-Système française, aligné jusqu’à la nausée sur la narrative du bloc BAO et sur les consignes qui n’ont même pas besoin d’être explicites de l’américanisme, ne mentionne guère la chose, – préférant ironiser sur les difficultés d’exportation du Rafale. L’important, c’est ce qui semble être la volonté égyptienne de ne plus acheter US dans ce domaine stratégique fondamental des avions de combat, l’Égypte se montrant ainsi bien plus affirmée d’un point de vue identitaire que la France-en-cours. Les Français avaient vendu des Mirage (M5 et 2000) à l’Égypte, mais la dernière commande (Mirage 2000) remonte au tout début des années 1980. Depuis, ce domaine très stratégique des avions de combat était réservé aux USA (F-16), d’une manière ostensible marquant la soumission-alignement de Moubarak aux USA, – payée par l’aide annuelle de près de $2 milliards. La démarche de Sisi vers le Rafale signifie d’abord, avant toute observation sur les qualités de l’avion, qu’il entend rompre avec les USA dans ce domaine stratégique de l’armement et il s’agit alors d’un acte politique et stratégique de première importance. Il confirme l’effritement accéléré des positions impérialistes et hégémoniques dans le monde, et d’une façon très significative si l’on considère l’importance stratégique, politique et démographique de l’Égypte. Ajoutons que l’Arabie, qui est un des bailleurs de fond principaux de l’Égypte et participerait sans nul doute au règlement d’une commande Rafale, ne semble nullement affectée par cette orientation, – ce qui constitue, là aussi, une mesure de la dégradation de la puissance de projection de l’influence des USA.

Quoi qu’en veulent les Français, actuellement si sensibles à leurs bonnes relations avec les USA pour tenir leur position d’excellent élève du bloc BAO, une telle commande (avec la frégate FREMM) les mettrait instantanément dans la situation d’ennemi affirmé des USA, – leur vieille position classique du temps des gaullistes. Les USA ne passeront pas là-dessus tant l’exportation de l’armement constitue un domaine essentiel de leur stratégie, et la chose contribuera à accentuer une méfiance hostile des USA à l’encontre de la France déjà bien amorcée à cause du comportement français dans la crise ukrainienne de ces dernières semaines. Quoi qu’elle en veuille, quelque délice de la vassalité qu’elle éprouve, la France est toujours rejointe par ses vieux démons, cette diablerie épouvantable qui la ramène vers ses réflexes d’indépendance nationale et de souveraineté. Pauvre France, donc, qui, malgré BHL et les neocons de la Rive-Gauche, ne parvient pas à se débarrasser de ses tares immémoriales d’exister en tant d’entité indépendante, identitaire, souveraine et principielle… Le vice chevillé au corps.

Source : De Defensa


Rafale et frégate FREMM : l’accord que la France a proposé à l’Egypte


L’Egypte va très certainement s’offrir 24 Rafale et une frégate multimissions FREMM

Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a entre ses mains la proposition détaillée de la France pour la vente de 24 Rafale et d’une frégate multimissions pour environ 4,5 milliards d’euros.

Comme La Tribune l’avait révélé mi-janvier, un accord est maintenant très proche entre la France et l’Egypte. Paris a proposé ce vendredi un accord à la délégation égyptienne de haut niveau venue à Paris depuis le début de la semaine pour négocier la vente de Rafale et de frégate FREMM. Repartie au Caire avec un accord conclu avec le Trésor, la délégation va le proposer au président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, qui doit statuer très rapidement.

Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, affirme samedi dans “Le Figaro” que l’avionneur est en passe de “réussir le premier contrat export du Rafale”, l’avion français de combat. “Quand la température monte, je reste très prudent. Je peux juste dire que nous sommes proches de réussir le premier contrat export du Rafale”, confie Eric Trappier au “Figaro Economie”, sans nommer le pays acquéreur potentiel.

“Nous avons plusieurs prospects au Moyen-Orient qui sont très actifs. En Egypte, il reste encore plusieurs étapes à franchir. Nous menons un travail de fond avec l’Inde dans un dossier très complexe en termes de montage industriel. Et nous avons des campagnes Rafale plus lointaines, y compris en Europe”, déclare le PDG de Dassault Aviation.

Que propose précisément la France à l’Egypte ?

La délégation égyptienne est donc repartie avec en poche un accord pour la vente de 24 Rafale, dont six exemplaires pourrait être prélevés sur la flotte de l’armée de l’air, et d’une frégate multi-missions FREMM – et non plus deux comme prévues initialement – pour un montant d’environ 4,5 milliards d’euros : 3,5 milliards pour les avions de combat fabriqués par Dassault Aviation et 1 milliard pour le navire de guerre (achat, formation, maintien en condition opérationnel). La France va fournir au Caire la frégate Normandie, la deuxième FREMM de lutte anti-sous-marine qui était destinée à la Marine nationale et qui est en train d’effectuer les dernières mises au point de son système de combat. Des modifications sont prévues pour la livrer à la marine égyptienne.

Ce qui posait question dans les négociations, c’était surtout le financement de la transaction. Finalement Paris a consenti beaucoup d’efforts pour séduire Le Caire et faciliter cette opération. Sous pression en raison d’une loi de programmation militaire qui prévoit la vente à l’export des Rafale et des FREMM pour sa bonne exécution financière, la France propose donc de prendre à sa charge 60% du crédit acheteur, le reste étant pris par un pool bancaire, notamment le Crédit Agricole. En outre, l’acompte sera payé à 50 % par l’Egypte et à 50 % par les banques.

Le film des négociations

L’affaire commence à se nouer en septembre quand l’Egypte exprime un intérêt pour le Rafale lors de la visite mi-septembre au Caire de Jean-Yves Le Drian. Une demande qui n’était pas nouvelle. Déjà au début de l’été 2011 avant les élections législatives prévues en fin d’année, les militaires égyptiens avaient déjà adressé à Paris une “expression d’intérêt” pour 12 à 20 Rafale. Paris est alors très embarrassé et Dassault Aviation pas intéressé. Pour autant, Paris commence à discuter avec Le Caire pour comprendre le besoin des militaires égyptiens. Des pilotes égyptiens essaieront même le Rafale. Mais cela n’ira pas plus loin.

L’opération prend vraiment tournure lors de la visite d’Abdel Fattah al-Sissi à Paris fin novembre. Le président égyptien confirme à François Hollande son intérêt pour le Rafale et pour également deux frégates FREMM. Le Caire veut effectivement acquérir des frégates multi-missions très rapidement. Livrer rapidement une FREMM, cela tombe plutôt bien. La France est prête à lui fournir la Normandie, la deuxième FREMM de lutte anti-sous-marine destinée à la Marine nationale. DCNS a déjà conclu en un temps record (six mois) un contrat portant sur la vente de quatre corvettes de type Gowind.

Des visites fréquentes au Caire et à Paris

Quinze jours environ après la visite à Paris du président Abdel Fattah al-Sissi, une délégation de très haut niveau d’une quinzaine de militaires égyptiens de l’armée de l’air et de la marine, arrivent le 10 décembre en France en vue de discuter avec Dassault Aviation et le groupe naval DCNS. La délégation égyptienne doit rester une dizaine de jours en France avec comme objectif de conclure avant de rentrer au Caire. Mais les négociations butent finalement sur le financement de l’opération. “Il y a un écart très (trop ?) important entre la volonté politique et Bercy qui reste très frileux”, expliquait-on alors à La Tribune.

Mais les fils ne sont pas rompus entre Paris et Le Caire même si beaucoup d’observateurs ne croient toujours pas à cette opération. Mais finalement, tout s’accélère mi-janvier quand une délégation du Trésor se rend au Caire pour évaluer les garanties de l’Égypte en cas d’un accord avec les industriels français. Et visiblement les Égyptiens répondent positivement aux questions et surtout aux attentes de la délégation française. Parallèlement, les PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, de DCNS, Hervé Guillou, et du missilier MBDA, Antoine Bouvier, sont le 16 janvier au Caire pour faire avancer un accord avec l’Égypte, voire finaliser les négociations, selon des sources concordantes. Ce ne sera pas le cas mais les deux pays ont la volonté de conclure. Ce qui pourrait être le cas très prochainement.

Source : Michel Cabirol, pour La Tribune

Source: http://www.les-crises.fr/l-egypte-tourne-le-dos-au-dollar-et-au-f-16/


Europe-Russie : les occasions manquées, par Joseph Savès

Saturday 14 February 2015 at 02:55

Un billet de très grande hygiène intellectuelle en ces temps de propagandes guerrières.

Une fois n’est pas coutume, notre chroniqueur Joseph Savès sort de ses gonds. Comme quelques rares analystes et historiens, il s’inquiète de l’absurde tension entre l’Europe et la Russie et des risques de guerre qu’elle réveille…

Est-il possible, cent ans après Sarajevo, 25 après la chute du Mur, de rallumer les feux de la guerre ? C’est le jeu insensé auxquels se livrent les gouvernants européens en poussant leur voisin russe dans ses derniers retranchements.

Ignorants de l’Histoire, qu’espèrent-ils en s’immisçant dans le pré carré de Moscou ? Qu’espèrent-ils en proposant à la Géorgie en 2008 puis à l’Ukraine en 2014 un billet d’entrée dans l’OTAN, une alliance conçue pour un autre temps, quand il s’agissait de contenir l’URSS, une superpuissance qui n’existe plus depuis un quart de siècle ?

Bien malin qui se rappelle les causes de la tension actuelle entre l’Europe et la Russie… L’annexion unilatérale de la Crimée russophone ? Ce n’était que le dernier ou l’avant-dernier rebondissement d’une longue série de malentendus entre les Européens de l’Ouest et leurs cousins de l’Est.

Humiliations et promesses non tenues

Reportons-nous trente ans en arrière. Maître tout-puissant de l’URSS pendant deux décennies, Leonid Brejnev meurt impotent, à 75 ans, le 10 novembre1982, après un dernier bras de fer avec les États-Unis de Ronald Reagan. C’est la crise des euromissiles.

Lui succède Iouri Andropov, réformateur issu du KGB, la police politique, et donc bien plus conscient que Brejnev des réalités géopolitiques. Également vieux et malade, il meurt quinze mois plus tard, le 9 février 1984.

La vieille garde brejnévienne relève la tête mais ne trouve rien de mieux que de placer à la direction du Comité central du Parti communiste un autre malade, le conservateur Konstantin Tchernenko. Il meurt à son tour le 10 mars 1985, à 73 ans.

Comme ils n’ont plus de vieux malades encore disponibles, les conservateurs laissent la place à un dirigeant jeune (54 ans) et réformateur, Mikhaïl Gorbatchev. Jouant d’audace, il renverse la table, bouscule les vieux brejnéviens et entreprend de libéraliser le régime. Deux mots courent sur toutes les lèvres, de Vladivostok… à San Francisco : glasnost (« transparence ») et perestroika (« reconstruction »).

Les pays d’Europe centrale en profitent pour soulever le joug soviétique qui les oppresse depuis plus de quarante ans. Partout la guerre civile menace et l’on craint une intervention militaire soviétique comme à Berlin (1953), Budapest (1956), Prague (1968).

Gorbatchev, en bons termes avec les dirigeants occidentaux, conclut avec eux un pacte : « Je laisserai les choses se faire mais promettez-moi que jamais vous n’étendrez l’OTAN vers l’Europe centrale, à nos frontières, car cela serait ressenti comme une menace directe par le peuple russe ».
Promis, répondent en chœur les Occidentaux.
C’est ainsi que s’effondre l’« Empire du Mal », dans l’allégresse générale et sans presque une goutte de sang.

Premier malentendu, première trahison : les 15-17 juillet 1991, au G7 de Londres, Mikhaïl Gorbatchev mesure l’ingratitude des Occidentaux quand il sollicite l’aide économique qui lui sauverait la mise et surtout assurerait à son pays une transition en douceur. Les Britanniques et surtout les Américains font la sourde oreille.

À la différence des Européens qui bénéficient d’une longue expérience historique, les Américains n’ont pas encore compris que toute guerre doit se terminer par un compromis négocié. Ils entendent que celle-ci – la guerre froide – se termine sur l’anéantissement de l’URSS.

Deuxième trahison : le 12 mars 1999, la Pologne, la Hongrie et la République tchèque ratifient leur entrée dans l’OTAN, bientôt suivies par les États baltes, anciennement soviétiques, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie.

Cette intrusion dans l’« étranger proche » est amèrement ressentie par les Russes. Ils y voient une manifestation d’hostilité et de rejet à leur égard d’autant moins justifiée que le joyeux trublion installé à la tête de la Russie, Boris Eltsine, a « libéralisé » à outrance son économie suivant les conseils de ses nouveaux amis occidentaux.

Il a appliqué à la lettre les conseils des « Chicago boys », économistes de l’école ultralibérale de Milton Friedman. C’est ainsi que tous les actifs du pays (mines et usines) ont été bradés aux anciens cadres du Parti, transformés en oligarques à l’avidité sans limite.

Le naufrage économique de la Russie a des conséquences sur les indicateurs humains du pays. Déjà très mauvais à la fin de l’URSS, ils se dégradent encore au cours des années 1990 : espérance de vie, taux de suicide, mortalité infantile, indice de fécondité. À l’aube du XXIe siècle, on ne donne pas cher de la survie du pays, qui vieillit et se dépeuple.

Poutine et la volonté de revanche

Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine, usé par l’alcool, cède la présidence de la République à un inconnu de 47 ans, Vladimir Poutine, officier du KGB devenu patron du FSB, l’organe qui lui a succédé. L’homme cache son jeu. C’est un patriote pur jus qui va se donner pour mission de redresser la Russie.

Démocratiquement élu – quoiqu’avec des méthodes brutales -, il devient immensément populaire pour des raisons objectives. L’économie russe se redresse, entraînée par la hausse de prix des énergies dont regorge le sous-sol russe (gaz et pétrole) ainsi que par le protectionnisme douanier destiné à protéger ce qui reste de l’industrie. Au passage, Poutine remet au pas les oligarques quand il ne les emprisonne pas (sous les clameurs indignées des démocrates de l’Ouest).

Les indicateurs humains de la Russie témoignent de ce redressement comme l’atteste l’anthropologue Emmanuel Todd. L’indice de fécondité, en particulier, remonte de 1,2 à 1,7 en quinze ans, éloignant le spectre de la disparition physique de la Russie. En matière de fécondité, la Russie fait bien mieux que l’Ukraine, la Pologne ou encore l’Allemagne.

En matière géopolitique, Poutine ne cache pas son ambition de restaurer l’influence russe dans son « étranger proche » et de redevenir un interlocuteur respecté de l’Occident. Mais ce dernier va multiplier les chausse-trappes.

La première concerne le Kossovo, province serbe à majorité albanaise. Le 10 juin 1999, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité comme il se doit la résolution 1244 qui prévoit d’accorder à la province une très large autonomie au sein de la Yougoslavie ou de ce qui en reste (la Serbie).

La Russie, membre permanent du Conseil, a bien voulu lever son veto à la condition expresse qu’il ne soit pas question d’indépendance car elle ne veut pas déchoir face à la Serbie alliée et amie. Mais au vu et au su des milliers de fonctionnaires internationaux présents sur place, les Albanais s’émancipent et proclament unilatéralement l’indépendance du Kossovo le 17 février 2008.

Moscou encaisse difficilement cette troisième trahison. Au demeurant, les Occidentaux n’ont guère à se féliciter de leur exploit : l’État croupion du Kossovo est devenu un repaire mafieux arrivant même à corrompre les hauts fonctionnaires européens chargés de le contrôler !

En août 2008, quand les dirigeants libéraux de la Géorgie se prennent à rêver d’Europe et d’OTAN, Poutine se dit qu’on ne l’y prendra plus et il remet au pas ce petit pays dont on voit mal comment il pourrait se passer de la protection de la Russie, coincé au fin fond du Caucase, entre la Turquie et l’Azerbaïdjan.

Poutine serait-il naïf ? On a peine à le croire. Pourtant, il se fait rouler une nouvelle fois dans la tragédie libyenne.

Le 17 mars 2011, au Conseil de sécurité, il laisse passer une résolution qui autorise des frappes aériennes destinées à protéger les civils de Benghazi. Mais l’OTAN va outrepasser l’autorisation en engageant sa puissance de feu aérienne aux côtés des rebelles. C’est même un avion de l’OTAN qui va ôter la vie au dictateur Kadhafi.

Le résultat est calamiteux avec un État libyen livré aux bandes armées et le Sahel mis à feu et à sang par les anciens mercenaires de Kadhafi.

La fois suivante, quand il est question d’intervenir en Syrie contre le dictateur Assad, Poutine, instruit par la leçon libyenne, se rebiffe et use de son veto au Conseil de sécurité… Avec un résultat hélas tout aussi calamiteux : une guerre civile interminable et le chaos islamiste.

Tout à coup, l’Ukraine

Pendant ce temps, l’Union européenne, représentée par l’inconsistant Barroso et l’ineffable Lady Ashton, engage un dialogue avec l’Ukraine. L’Ukraine ? Un État très pauvre créé par Lénine, qui réunit des territoires cosaques et des territoires anciennement sous tutelle polonaise, lituanienne, austro-hongroise ou ottomane. Sa capitale, Kiev, est connue comme la « mère des villes russes ».

Une politique judicieuse eut consisté pour les Européens à organiser un rapprochement entre l’Union et la sphère russe, Ukraine et Biélorussie comprises, en vue de mutualiser les capacités financières, industrielles et énergétiques des uns et des autres.

Mais de cela, il n’est pas question du fait de l’opposition de principe des Polonais, Baltes et Suédois qui ont un contentieux historique de quelques siècles avec Moscou, sans parler des Allemands qui se souviennent en leur for intérieur de Tannenberg et Stalingrad. Comme si les ressentiments devaient tenir lieu de politique !…

Oublieux du précédent géorgien, les Européens préfèrent détacher l’Ukraine de sa sœur siamoise, la Russie. Ils envisagent même son entrée dans l’OTAN, soit une provocation du même ordre que celle de Khrouchtchev installant à Cuba des missiles dirigés vers la Floride voisine…

Et durant l’hiver 2013, le gouvernement ukrainien issu de l’insurrection de Maidan n’a rien de plus pressé que d’enlever à la langue russe, parlée par plus du quart de la population, son statut de langue officielle… C’est un peu comme si un gouvernement flamingand ultranationaliste accédait au pouvoir en Belgique et s’en prenait aux Wallons et aux Bruxellois, conduisant ceux-ci à appeler la France à l’aide ou demander à lui être rattachée.

Poutine réagit avec la même fermeté que Kennedy en 1962. Il tente d’abord de retenir l’Ukraine puis, faute d’y arriver, engage l’épreuve de force en Crimée et dans le Donbass ; l’Europe surenchérit avec des sanctions économiques contre la Russie, laquelle est menacée de s’effondrer.

Le grand jeu des alliances

Ultime rebondissement (2 décembre 2014) : Poutine se rapproche du président turc Erdogan, bien que la Turquie fasse partie officiellement de l’OTAN et soit, pour la galerie, candidate à l’Union européenne.

Une nouvelle manche s’engage et rien ne dit que l’Europe la gagnera. Dans le grand jeu des alliances, en effet, elle pourrait se retrouver isolée et plus bas que terre.

La chute de Poutine et le retour de la Russie à l’ère Eltsine, autrement dit au néant, signifieraient la mainmise totale des États-Unis sur l’Europe. Protectorat militaire, traité de libre-échange… nous ne serions plus en état de leur refuser quoi que ce soit.

Les pays du « Sud » ne veulent à aucun prix de ce retour à l’hégémonie américaine. Pas plus les Turcs que les Chinois, les Iraniens, les Brésiliens, les Indiens ou les Arabes. C’est pourquoi tous font les yeux doux à la Russie et refusent d’appliquer de quelconques sanctions à son égard.

Enfin, ne l’oublions pas. Jamais la Russie ne s’est révélée aussi forte que lorsqu’elle a été acculée, que ce soit par Napoléon ou par Hitler. Qui parierait que les généraux de l’OTAN feront mieux que ces deux-là ?

Dire que tout est venu du flirt inapproprié entre un certain Barroso et un président ukrainien dont nous avons déjà oublié le nom… Et la France dans cette affaire ? Elle suit et perd de juteux marchés avec la Russie.

Pourquoi tant de haine ?

Les médias gentiment endoctrinés diffusent dans l’opinion publique l’image d’une Russie archaïque, forcément archaïque, dirigée par un tyran sanguinaire. Ils déplacent le débat sur le terrain compassionnel : un président déterminé et autoritaire, un chef de guerre qui fait usage des armes, cela se peut-il ?… Il est drôle au passage de voir les Australiens (!) et leur fantasque Premier ministre faire la leçon à Poutine sans rien connaître des enjeux européens !

Est-ce donc à dessein que l’Occident humilie la Russie ou par inconscience ?

La question est ouverte. Le secteur militaro-industriel lié à l’OTAN peut trouver avantage à relancer une nouvelle « guerre froide » pour sécuriser ses effectifs et ses commandes. Piètre calcul évidemment contraire à l’intérêt général.

Plus subtilement, Washington souhaite peut-être éviter que l’Europe fasse corps « de l’Atlantique à l’Oural », selon la formule du général de Gaulle -, car elle pourrait alors devenir un concurrent sérieux des États-Unis.

Dans le champ de l’inconscient, les hypothèses sont diverses et s’additionnent. Ainsi, l’Allemagne, qui domine plus que jamais l’Europe, puise dans les réserves humaines de l’Est de quoi compenser son déficit de naissances. Elle a pu prendre le risque de défier la Russie simplement pour faire main basse sur les ressources de l’Ukraine en main-d’œuvre bon marché et immigrants potentiels. Plus sûrement, la Pologne mais aussi la Suède, rêvent de faire la peau à l’ours russe avec le concours de l’OTAN.

Il est piquant de voir les Polonais exiger des Français qu’ils renoncent à livrer aux Russes les navires de guerre Mistral alors qu’eux-mêmes ont choisi peu avant d’équiper leur aviation d’appareils américains plutôt qu’européens et français. Solidarité (« Solidarnosc » en polonais) a changé de sens… tout comme l’expression Union européenne, assimilable désormais à une machine de guerre.

Joseph Savès

Source : Herodote.net, 12/2014

Source: http://www.les-crises.fr/europe-russie-les-occasions-manquees/


[Reprise] GEAB 91 : Pétrole, Moyen-Orient, Charlie Hebdo…

Saturday 14 February 2015 at 01:41

Je partage avec vous aujourd’hui l’introduction du « GlobalEurope Anticipation Bulletin », qui est pour moi de loin une des meilleures sources d’information sur la Crise…

Derniers tests de résilience du « modèle » occidental : suicide ou adaptation

Ce communiqué public contient un fragment du bulletin de ce mois, section 1 – Perspectives, chapitre 6, intitulé :
To be and not to be Charlie.

Résilience du « modèle » occidental : suicide ou adaptation

Notre équipe l’avait anticipé : l’explosion des tensions au Moyen-Orient aurait un impact rapide sur les sociétés européennes, faisant courir de grands dangers à nos démocraties1.

La crise ukrainienne, nous l’avons souvent répété, bien au-delà de la valeur intrinsèque des individus qui le composent, a révélé la faiblesse structurelle d’un système politique européen techniquement déconnecté de ses citoyens. La grande peur que l’Europe s’est faite en 2014 de ne pas réussir à s’empêcher d’entrer en guerre avec un voisin, aboutit en 2015 à un vrai retour du politique : une Commission Juncker décidée à légitimer politiquement ses décisions, des gouvernements nationaux enfin conscients de leur besoin d’union politique, des citoyens ultra-mobilisés.

Tout cela serait plutôt rassurant si la conjoncture était stabilisée. Mais ce n’est pas le cas puisque l’Europe s’apprête à enregistrer une série de chocs liés aux actions terroristes qui ne manqueront pas d’être perpétrées par des individus ou groupes d’individus résidant en son sein, mais mal intégrés et connectés aux terribles développements que connaît actuellement le Moyen-Orient. Or, dans un tel contexte, le retour du politique peut prendre des formes peu souhaitables.

L’année s’est vite mise à ce diapason avec l’attentat sanglant contre les employés de l’hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo, et la cavale meurtrière qui s’est ensuivie. Bien évidemment, l’événement constitue l’occasion d’inaugurer une flambée de racisme en France, mais aussi dans toute l’Europe et au-delà, combinée à la mise en place de mesures liberticides.

Mais, pour une fois, les Européens ont droit à une bonne surprise : une communication de crise presque exemplaire conduite par François Hollande qui, capitalisant sur la plus acceptable des peurs (celle de l’explosion sociale), parvient à transformer la réaction collective émotionnelle aux relents a priori racistes en demande de non-amalgame, de non-dérive libertaire et d’union.

Le 11 janvier, la mobilisation de près de 4 millions de citoyens en France et dans le monde, ainsi que la présence de 40 chefs d’État en tête de cortège, est véritablement un événement historique et véhicule un message totalement positif, quoi que l’on pense des vrais ressorts du rassemblement.

En réalité, de nombreuses questions se posent en effet sur ce qui a vraiment réuni tout ce monde : mélange de réaffirmation de principes républicains mal compris et vrai souci de préservation des valeurs démocratiques, expression d’exaspération vis-à-vis d’une communauté musulmane mal intégrée et volonté de rassembler les modérés de toutes les communautés religieuses, quête d’ordre et quête de liberté, racisme et tolérance… Il y avait un peu de tout dans cette mobilisation. Peu importe, le message dominant est généreux et c’est une réussite.

Ceci étant, ce grand rassemblement n’est pas la fin de l’histoire. Les actes anti-Musulmans se sont multipliés depuis l’attentat ; la police est sur les dents et contrôle les jeunes d’origine arabe à tour de bras ; des idées de « Patriot Act » à l’européenne sillonnent la société ; la communauté musulmane est à nouveau froissée par la publication en première page du nouveau numéro de Charlie Hebdo de caricatures de son Prophète… Autant de réactions qui vont inévitablement nourrir les rangs du fanatisme identitaire et augmenter le risque de violence.

Par ailleurs, la revendication de liberté d’expression est en train de mettre fin au verrou qui était posé sur la critique d’Israël et des Juifs. Si les caricatures de Mahomet ne sont pas du racisme, bien des « blagues » risquent de ne plus pouvoir être appelées « antisémites » également. Sur le fond, cette libération du droit à se moquer et à critiquer les autres est sans doute une bonne chose, mais elle arrive au pire moment possible. Chacun sait que 2015 court d’immenses risques de dérive raciste et antisémite (puisqu’il faut distinguer les deux). Et juste à ce moment, les garde-fous de la communication inter-groupe sont abaissés2.

Pourtant, les lois françaises et européennes, nées d’une histoire de guerres de religions et d’intolérance, ne prônent pas une liberté d’expression totale. Cette revendication est en réalité calquée sur les États-Unis pour lesquels la liberté d’expression est totale et sacrée3… même si elle n’est en fait respectée que dans le cadre de l’expression non-publique. Les organes et personnes publiques ont, quant à eux, un discours extrêmement contrôlé par le fameux « politiquement correct » notamment, en particulier sur toutes les questions de minorités et de religion. En Europe, en revanche, le « politiquement correct » s’impose moins précisément parce que la liberté d’expression y est légalement encadrée.

Une chose est certaine, si les Musulmans européens se voient obligés à accepter ce qui correspond à des brimades culturelles très fortes4 dans un contexte d’expression publique qui reste ultra-contrôlé pour d’autres groupes culturels (homosexuels, Juifs, etc.), il y aura division. L’enjeu est donc d’équilibrer cette liberté d’expression, et pour que cela ne risque pas de dégénérer en provocations et injures racistes de toutes parts, il va tout de même falloir réaffirmer les règles d’une communication, certes libre, mais également responsable.

Au-delà du grand élan généreux de la journée du 11 janvier, d’innombrables questions demeurent sur les moyens d’endiguer la vague de violence raciste et terroriste qui a commencé à déferler sur l’Europe, dans le respect de nos principes démocratiques. C’est le grand enjeu de l’année 2015…

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Notes

1) Nous écrivions le mois dernier : « Au-delà de l’engrenage qu’un conflit d’ampleur régionale aurait sur l’ensemble de la planète, un point particulièrement inquiétant pour l’immédiat tient aux conséquences que le déchaînement de la haine entre les communautés de cette région aurait sur l’Europe. La violence verbale entre Juifs et Arabes y est déjà énorme, dégénérant sporadiquement en échauffourées plus graves. L’explosion de l’antisémitisme et du racisme est inévitablement au programme de l’UE si les tensions se nouent de la manière que nous avons anticipée plus haut. Et ces violences aboutiront aussi inévitablement au basculement de nos démocraties affaiblies qui seront incapables de les endiguer autrement qu’en sortant, elles aussi, de l’état de droit. » Source : GEAB N°90, 15/12/2014

2) La republication par le journal turc anti-Erdogan, Cumhumuriyet, des caricatures de Charlie Hebdo, est un exemple affligeant du potentiel déstabilisateur de ces provocations et de l’utilisation qui en est faite par des médias mus par d’obscurs intérêts. Dans le chaos moyen-oriental actuel, une telle provocation, conçue dans l’espoir renouvelé de fragiliser le pouvoir d’Erdogan, relève de la trahison. Les Turcs n’ont en effet pas l’excuse qu’ont les Européens de ne pas se rendre compte de la charge symbolique de ces caricatures. On voit à ce nouveau rebondissement l’engrenage dramatique dans lequel l’Europe et le monde sont pris. Source : BBC, 15/01/2015

3) Source : Wikipedia.

4) N’oublions pas que la représentation en général est interdite par l’Islam. L’intégration des Musulmans aux sociétés modernes et occidentales de l’image est donc une réalité… même s’ils ont des difficultés à aller jusqu’au bout de la logique et à accepter la représentation la plus interdite, celle du Prophète, une représentation qui choque aussi les Musulmans modérés, c’est un fait. En réalité, demander aux Musulmans d’accepter ces caricatures, ce n’est pas leur faire la demande acceptable pour eux de se « laïciser », mais celle inacceptable de s’« athéiser ». C’est là que le bât blesse, il faut en prendre conscience si on veut trouver une solution à l’impasse dans laquelle nous sommes.


Abonnement : pour ceux qui en ont les moyens, en particulier en entreprise, je ne peux que vous recommander l’abonnement à cette excellente revue de prospective sur la Crise, qui avait annoncé dès 2006 la crise actuelle.

Je rappelle que LEAP ne reçoit aucune subvention ni publique, ni privée, ni européenne, ni nationale et que ses ressources proviennent uniquement des abonnements au GEAB.

Source: http://www.les-crises.fr/geab-91/


Accord à Minsk pour un cessez-le-feu et un retrait de l’artillerie (EDIT)

Thursday 12 February 2015 at 13:35

Restons quand même prudents (Merkel prévient qu’il y a encore de «gros obstacles»), mais c’est un très bonne base !

Ça va mieux quand même mieux quand les Américains ne s’en mêlent pas…

Il prévoit en gros que les armes vont se taire et reculer, que l’Ukraine va être plus décentralisée, le Donbass va voter, et Kiev récupérera le contrôle de sa frontière.

Vous notez que c’est du pur bon sens, que c’est ce que demandait Kissinger ou Poutine depuis le début, et ce que je défendais depuis le début…

Presque 1 an de guerre pour en arriver là…

Après je reste dubitatif sur primo la capacité de Kiev à faire accepter ça à ses milices et secundo à ce que le Parlement ukrainien accepte une large décentralisation… Nous verrons…

P.S. contrairement à ce que je lis souvent, les représentants du Donbass étaient bien là et ont évidement signé l’accord. Les dirigeants qu’on voit sur les photos n’ont pas signé l’accord, ils ont simplement accepté d’en être les garants…

Bon résumé du Point

Les dirigeants européens et les présidents ukrainien et russe sont parvenus jeudi à Minsk à se mettre d’accord pour imposer dès dimanche un cessez-le-feu et créer une zone démilitarisée élargie en Ukraine, mais de “gros obstacles” subsistent, a prévenu Angela Merkel au terme de négociations marathon. Cet accord, qui selon Berlin est encore loin d’apporter la paix en Ukraine, reprend les grandes lignes des accords déjà signés à Minsk en septembre et qui prévoyaient déjà cessez-le-feu, retrait des pièces d’artillerie ou échanges de prisonniers.

Mais le fait qu’il ait été conclu au plus haut niveau, entre Vladimir Poutine opposé à Petro Porochenko, soutenus par Angela Merkel et François Hollande, donne plus de poids à l’accord. Formellement toutefois, le président russe n’a rien signé. Les Européens, leur protégé ukrainien et lui-même n’ont accouché que d’une “déclaration de soutien” au texte, lui signé par les rebelles séparatistes et par les émissaires de Kiev, sous le patronage de la Russie et de l’OSCE. “On a réussi à trouver un accord sur l’essentiel”, s’est félicité Vladimir Poutine, François Hollande évoquant un “règlement politique global” même si “tout n’est pas encore accompli”.

De son côté, la chancelière Angela Merkel a douché les espoirs d’une paix immédiate, déclarant ne se faire “aucune illusion” sur le fait qu’il y ait encore “de gros obstacles” à surmonter avant d’arriver à une solution au conflit ukrainien. L’accord “n’est pas une solution globale et encore moins une percée”, a renchéri le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, tout en saluant un “pas en avant qui nous éloigne d’une spirale d’escalade militaire”, mais “sans euphorie, car cela a été une naissance difficile”. Les dirigeants séparatistes ont estimé que l’accord pouvait faire espérer une “solution pacifique” au conflit.

Cessez-le-feu

La feuille de route signée par le Groupe de contact, constitué de représentants ukrainiens et les rebelles pro-russes, encadrés par leurs homologues russes et de l’OSCE, porte sur un cessez-le-feu en vigueur dès dimanche, et sur le retrait des belligérants et de leurs armes lourdes permettant la création d’une zone tampon élargie, passant de 30 kilomètres à 50 à 70 kilomètres autour de la ligne de front.

“Toutes les questions ont été traitées par ce texte qui a été signé par le groupe de contact et les séparatistes”, a déclaré le chef de l’État français, lors d’une déclaration commune, aux côtés de la chancelière allemande.

La signature de cet accord intervient après une nuit blanche pour François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko à Minsk pour tenter d’arracher un plan de paix pour l’Ukraine. Jusqu’à l’annonce du président russe, qui a marqué la fin des négociations, peu de signes tangibles permettant d’espérer la conclusion d’un accord avaient été observés, alors que le temps presse et que les violences en Ukraine n’ont pas faibli, douze personnes au moins ayant péri ces dernières heures dans des combats et bombardements.

Dans le fief rebelle de Donetsk, les tirs d’artillerie tirés des positions séparatistes n’ont pas cessé de la nuit.

Négociations difficiles

Les pourparlers étaient plus que compliqués. La géographie d’abord : les négociations se sont déroulées dans deux endroits de la capitale biélorusse. D’un côté, les dirigeants européens et les présidents russe et ukrainien. De l’autre, le groupe de contact sur l’Ukraine. Le sommet de Minsk a été un ballet de conseillers, de portes ouvertes et refermées, de conciliabules à trois – Hollande-Merkel avec Poutine, Hollande-Merkel avec Porochenko – et de négociations autour d’un plateau repas dans l’imposante salle aux colonnes de marbre de la présidence biélorusse.

Jusqu’à jeudi matin, le président Petro Porochenko se montrait pessimiste. “Malheureusement, il n’y a pas encore de bonnes nouvelles. Pour l’instant, il n’y a aucune nouvelle”, a déclaré Petro Porochenko à l’AFP. “Il y a des conditions (posées par les Russes) que je considère comme inacceptables”, a-t-il ajouté. Signe que les discussions étaient cependant entrées dans une phase décisive, les dirigeants séparatistes de la “république” autoproclamée de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko, et de Lougansk, Igor Plonitski, avaient rejoint le Groupe de contact pour les négociations. L’accord devait porter “sur la mise en oeuvre concrète de l’accord de Minsk du 5 septembre”, selon une source proche des négociations.

Resté pour l’essentiel lettre morte, le “protocole” de cessez-le-feu signé le 5 septembre à Minsk, développé par un mémorandum du 19 septembre, est jusqu’à présent le seul accord signé par toutes les parties pour tenter de régler un conflit qui a fait plus de 5 300 morts en dix mois.

La rencontre en Biélorussie a été organisée au terme d’une semaine d’intenses consultations diplomatiques dont les dirigeants français et allemand, qui s’étaient rendus vendredi à Moscou pour y rencontrer M. Poutine, ont pris l’initiative. Avant le sommet, les soldats ukrainiens et rebelles intensifiaient leurs combats sur le terrain pour arriver en position de force à la table des négociations.

Selon l’Élysée, le président français et la chancelière allemande avaient annoncé compter “tout essayer” pour trouver une issue diplomatique à une crise qui a généré la pire période de confrontation entre la Russie et les Occidentaux depuis la fin de l’URSS en 1991. De Washington, le président américain Barack Obama avait fait monter les enchères en appelant Vladimir Poutine pour lui dire que s’il poursuivait sa stratégie “agressive” en Ukraine, la Russie verrait le “prix à payer” augmenter.

Source : Le Point

L’accord

Le résumé n’est pas encore disponible en français, mais RT en donne le détail (je mettrais ça en français plus tard). Si quelqu’un peut traduire en commentaire – merci ! 

Notez les différences pour les photos :)

Source : RT.com (et ici)

Le Courrier de Russie a traduit l’accord :

  1. Cessez-le-feu immédiat et universel dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk et respect strict de ce cessez-le-feu à compter du 15 février 2015 à minuit (heure ukrainienne).
  2. Retrait de tous les armements lourds par les deux côtés, à des distances égales, afin de créer des zones de sécurité : d’une largeur de 50 km minimum d’écartement pour les systèmes d’artillerie d’un calibre de 100 mm et plus, d’une largeur de 70 km pour les lance-roquettes multiples, et d’une largeur de 140 km pour les lance-roquettes Tornado-S, Ouragan, Smertch et les systèmes de missiles tactiques Totchka (Totchka U) :

– pour les troupes armées ukrainiennes : depuis la ligne de démarcation de fait ;

– pour les formations armées des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk : depuis la ligne de démarcation établie par le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.

Le retrait des armements lourds énumérés plus haut ne doit pas commencer plus tard que le lendemain du cessez-le-feu, et être achevé dans une période de 14 jours.

Ce processus sera assisté par l’OSCE avec le soutien du Groupe de contact tripartite.

  1. L’OSCE assurera une surveillance et un contrôle efficace du régime de cessez-le-feu et du retrait des armements lourds dès le premier jour du retrait, en y employant toutes les ressources techniques nécessaires, notamment des satellites, des drones, des systèmes de radiolocalisation, etc..
  2. Le lendemain du retrait, entamer le dialogue sur les modalités de conduite d’élections locales, conformément à la législation ukrainienne et à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », et également sur le régime futur de ces régions, sur la base de la loi ukrainienne.

Sans tarder, pas plus tard que 30 jours à compter de la date de signature de ce document, adopter un décret de la Rada suprême d’Ukraine mentionnant le territoire sur lequel s’étend le régime particulier, conformément à la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », sur la base de la ligne fixée dans le mémorandum de Minsk du 19 septembre 2014.

  1. Garantir la grâce et l’amnistie, par le biais de l’adoption et de la mise en vigueur d’une loi interdisant la poursuite et la condamnation des personnes en lien avec les événements ayant eu lieu dans les régions ukrainiennes actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk.
  2. Garantir la libération et l’échange de tous les otages et personnes illégalement détenues sur la base du principe « tous contre tous ». Ce processus devra être achevé au plus tard cinq jours après le retrait.
  3. Garantir l’accès sécurisé, la fourniture, la conservation et la distribution d’aide humanitaire aux nécessiteux sur la base d’un mécanisme international.
  4. Détermination des modalités du rétablissement total des liens socio-économiques, notamment les versements sociaux, comme le paiement des retraites et les autres versements (encaissements et recettes, paiement en temps voulu de toutes les factures communales, rétablissement de l’imposition dans le cadre du champ juridique de l’Ukraine).

À cette fin, l’Ukraine rétablira la gestion en segment de son système bancaire dans les régions touchées par le conflit, et il sera peut-être crée un mécanisme international pour faciliter ces versements.

  1. Rétablissement d’un contrôle total du gouvernement ukrainien sur la frontière étatique dans toute la zone de conflit, qui doit commencer le lendemain des élections locales et s’achever après la fin du règlement politique universel (élections locales dans des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk sur la base de la loi ukrainienne et réforme constitutionnelle) d’ici la fin de l’année 2015, sous condition de l’exécution du point 11 – par des consultations et en accord avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite.
  2. Évacuation depuis le territoire de l’Ukraine de toutes les formations armées et de la technique militaire étrangères, ainsi que des mercenaires, sous la surveillance de l’OSCE. Désarmement de tous les groupes illégaux.
  3. Conduite d’une réforme constitutionnelle en Ukraine, avec entrée en vigueur d’ici fin 2015 de la nouvelle constitution, qui servira d’élément clé de la décentralisation (avec prise en compte des particularités des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk, acceptée par les représentants de ces régions), et également adoption d’une législation permanente sur le statut spécial des régions particulières de Donetsk et de Lougansk, avant la fin de l’année 2015.
  4. Sur la base de la loi ukrainienne « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », les questions concernant les élections locales seront débattues avec les représentants des régions particulières de Donetsk et de Lougansk dans le cadre du Groupe de contact tripartite. Les élections seront conduites dans le respect des standards de l’OSCE correspondants et sous la surveillance du BIDDH de l’OSCE.
  5. Intensifier l’activité de Groupe de contact tripartite, notamment par le biais de la création de groupes de travail pour l’exécution des aspects correspondants des accords de Minsk. Ces groupes reflèteront la composition du Groupe de contact tripartite.

Ces mesures, conformément à la loi « Sur le régime temporaire d’autogestion locale dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk », incluent ceci :

– Les personnes liées aux événements ayant eu lieu dans les régions de Donetsk et de Lougansk ne seront ni condamnées, ni poursuivies, ni discriminées ;

– droit à l’autodétermination linguistique ;

– participation des organes d’autogestion locale à la désignation des responsables des organes du Parquet et des juges dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– possibilité pour les organes centraux du pouvoir exécutif de conclure avec les organes d’autogestion locale correspondants des accords relatifs au développement économique, social et culturel des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– l’État assurera le soutien du développement socio-économique les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– contribution des organes centraux du pouvoir à la collaboration transfrontalière des zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk avec les régions de la Fédération de Russie ;

– création de détachements de milice populaire selon les décisions des conseils locaux, dans le but de maintenir l’ordre public dans les zones actuellement contrôlées par les républiques de Donetsk et de Lougansk ;

– les mandats des députés des conseils locaux et des responsables élus lors des élections anticipées fixées par la Rada suprême d’Ukraine par cette loi ne peuvent être suspendus avant terme.

Ce document a été signé par les membres du Groupe de contact tripartite :

L’ambassadeur Heidi Tagliavini (OSCE)

Le deuxième président d’Ukraine L.D. Koutchma

L’ambassadeur de Fédération de Russie en Ukraine M. I. Zoubarov

A.V. Zakhartchenko (République de Donetsk)

I.V. Plotnitskiï  (République de Lougansk)

O.B.  : Objectivement, cela semble censé, non ?

Pour finir, la une de Sputnik, orienté Russie :

Propagande du Monde (1)

Tout est dans la photo et le titre : 100 % narrative !!

Ukraine : Merkel et Hollande arrachent un plan de paix à Poutine

Angela Merkel et François Hollande, à Minsk, le 12 février. 

Après dix-sept heures de négociations, les plus longues et les plus tendues qu’ils ont sans doute jamais eu à affronter, les quatre chefs d’Etat russe, ukrainien, allemand et français réunis à Minsk, la capitale biélorusse, sont parvenus, jeudi 12 février à midi (heure locale), à un plan de paix sur l’Ukraine.

Accompagné d’Angela Merkel, François Hollande a fait une courte déclaration : « Ce fut une longue nuit et un long matin, mais nous sommes arrivés à un accord sur le cessez-le-feu et à un règlement politique global. Le cessez-le-feu prendra effet le 15 février à 0 heure et le règlement global portera sur l’ensemble des questions jusqu’au contrôle des frontières, le retrait des armes lourdes, la décentralisation et la reprise des questions économiques. La chancelière et moi-même, avec Petro Porochenko et Vladimir Poutine, nous nous sommes engagés à vérifier la mise en œuvre de ce processus ».

Soulagé et épuisé, le président français a encore tenu à «saluer [l’Ukrainien] Petro Porochenko, qui a tellement engagé son pays dans la voie d’un règlement pacifique, et le président Poutine, qui a fait pression autant que nécessaire sur les séparatistes. Même si tout n’est pas accompli, c’est un espoir et un soulagement », a-t-il conclu avant d’embrasser la chancelière allemande. Vladimir Poutine et Petro Porochenko se sont exprimés chacun de leur côté. Dans un communiqué commun aux quatre chefs d’Etat, ils réaffirment leur « plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ».

Signe de la tension ambiante et de l’âpreté des négociations, un rebondissement de dernière minute a failli tout faire capoter. Alors qu’une annonce semblait imminente vers 10 h 30, tout est allé à vau-l’eau entre Poutine, Porochenko, Merkel et Hollande. Le premier est sorti s’isoler dans un bureau au troisième étage, sans un mot. Le second a filé au deuxième étage faire des déclarations selon lesquelles « les conditions posées par les Russes sont inacceptables », tout en affirmant qu’il restait tout de même « un espoir ». Les deux derniers sont alors, à leur tour, sortis du salon où le quator se trouvait retranché depuis des heures au rez-de-chaussée pour tenter de rattraper Poutine d’un côté, persuader Porochenko de l’autre, et tout le monde a fini par redescendre pour se retrouver à huis clos. Il a fallu une heure et demie de plus pour venir à bout des derniers différends, au terme d’une nuit de négociation, qui a pris parfois l’allure d’un vaudeville surréaliste.

Espoir et déconvenues

Dans la foulée de l’annonce de l’accord, le document, dont les quatre chefs d’Etat présents à Minsk se portent garants et caution, a été formellement paraphé par le « groupe de contact », qui réunit les protagonistes du conflit ukrainien (Kiev et les séparatistes prorusses) ainsi que l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), déjà à l’origine d’un premier protocole d’accord pour la paix, signé également à Minsk le 5 septembre 2014, mais resté lettre morte.

Commencé mercredi à 20 heures, « Minsk 2 », rehaussé par la présence des quatre chefs d’Etat, s’est éternisé au rythme d’une étrange alternance d’espoir et de déconvenues. La conclusion d’un accord semblait buter sur deux points essentiels : le contrôle de la frontière russo-ukrainienne par l’OSCE, dont Moscou ne voulait pas entendre parler ; et l’organisation d’élections locales dans le Donbass, fief des séparatistes prorusses, que Kiev refusait d’envisager, craignant, à terme, une « fédéralisation », voire un démembrement, de son territoire. « Nous avons avancé sur beaucoup de choses, nous avons une base », tentait de se consoler une source diplomatique française au petit matin.

Mais que la nuit fut longue ! Sur son compte Twitter, le ministère des affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkin décrivait au matin des membres de délégations « littéralement endormis ». Hormis un court moment passé dans la grande salle solennelle du Palais de l’indépendance, un gigantesque bâtiment mi-soviétique, mi-mauresque mis à la disposition des participants du sommet par le président biélorusse Alexandre Loukachenko, les quatre dirigeants, constamment ravitaillés par des chariots de fruits et de café, sont restés enfermés dans le petit salon du rez-de-chaussée avec leurs interprètes. Le « groupe de contact » d’un côté, les sherpas des présidents de l’autre, ont travaillé sans relâche, tandis que l’épuisement gagnait les diplomates.

Tension palpable

L’ancienne éminence grise de Vladimir Poutine, Vladislav Sourkov, ex-chef de l’administration présidentielle russe chargé notamment des régions irrédentistes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, reconnus comme des Etats indépendants par Moscou après 2008, était venu en renfort. A un journaliste qui tentait de confirmer, jeudi vers 9 heures du matin, la proximité d’un accord, M. Sourkov a répondu, cynique: « Ce n’est qu’un début ».

Tout a commencé dans le désordre et dans une tension palpable d’entrée de jeu. Juste un peu avant l’arrivée des hôtes de Minsk, mercredi, en début de soirée, un journaliste russe de LifeNews, média réputé proche des services russes, a aboyé à la face de l’une de ses consœurs ukrainiennes, provoquant un petit mouvement de surprise parmi les quelque 400 correspondants internationaux présents.

Tension aussi, dans le visage grave et fermé de Petro Porochenko, arrivé le premier et aussitôt apostrophé par un média russe. « Pourquoi votre armée bombarde-t-elle des civils ? » Depuis Kiev, quelques heures plus tôt, le président ukrainien avait élevé la voix en se disant prêt à « introduire la loi martiale sur tout le territoire de l’Ukraine » en cas d’échec des négociations. « Nous sommes pour la paix, mais nous allons casser la gueule [à l’ennemi], avait tonné le chef de l’Etat ukrainien devant son conseil des ministres. Si nous devons défendre notre terre, nous allons le faire. »M. Porochenko ne nomme jamais la Russie, il dit « le pays voisin » : « Le pays voisin tente avec insistance d’exporter l’idée d’une fédération [en Ukraine]. L’ironie est que l’Etat voisin est le plus centralisé de la région ».

Navettes

En fin d’après-midi, l’hôte biélorusse, Alexandre Loukachenko, a débuté ses navettes entre les salons de son palais et le tapis rouge de l’accueil. Angela Merkel et François Hollande sont arrivés ensemble depuis l’aéroport, dans une même voiture pourvue de deux fanions. Puis survient Vladimir Poutine, seul. Il est 19 h 45 à Minsk 2, lorsque les quatre dirigeants s’enferment avec leurs interprètes dans la petite salle qui n’était pas celle prévue à l’origine.

Selon quelques brèves images diffusées par les télévisions autorisées à immortaliser la scène, la poignée de mains entre Vladimir Poutine et Petro Porochenko est glaciale. Les deux hommes paraissent se jauger du regard, tandis que François Hollande et Angela Merkel affectent des airs faussement détachés.

Et le huis clos s’éternise. A l’extérieur, on guette le moindre signe, on interprète la moindre rumeur. Poutine aurait cassé un crayon entre ses doigts. Porochenko a quitté un instant la réunion, c’est un fait, mais l’a-t-il fait sur un coup de sang ou pour s’entretenir avec un conseiller ? Des témoins assurent que la première hypothèse prévaut. Les ministres des affaires étrangères patientent à la porte. Le Russe Serguei Lavrov part s’isoler, puis revient la main dans une poche. L’Allemand Franz-Walter Steinmeier maintient envers et contre tour un air de bonhomie. Son porte-parole annonce qu’il annule son déplacement au Brésil. « Les négociations ne sont pas faciles ; mais elles continuent. »

«On vous réveillera»

Le président biélorusse, lui, patiente dans un coin du gigantesque hall de marbre, entouré de ses gardes du corps. « On est chez lui, mais on ne veut pas de lui, c’est quand même spécial », note un membre d’une délégation. La sécurité biélorusse annonce : « Dans cinq minutes, une photo commune ! » Loukachenko, privé de visa aux Etats-Unis et en Europe depuis 2011 en raison de sa façon autoritaire d’exercer le pouvoir, y tient. C’est le seul moment où il peut espérer jouer un peu plus qu’un rôle de figurant. Tout est prêt dans l’immense hall. Cinq drapeaux sont disposés à l’aplomb d’un lustre rutilant : de gauche à droite, l’ukrainien, le français, l’allemand, le russe. Et le biélorusse. Mais la photo tarde.

Enfin, les ministres rentrent, et, à 22 heures, la photo finit par se faire, juste le temps d’un coup de flash : à peine quelques secondes au pied des drapeaux, chacun devant le sien. Puis, c’est en version élargie aux délégations que les discussions reprennent dans la grande salle réservée aux rencontres solennelles – rarissimes, il faut bien le dire, à Minsk. En montant un escalier, Petro Porochenko glisse un œil derrière lui, comme pour surveiller le chef de « l’Etat voisin » qui le suit de près, en compagnie de Loukachenko.

Le temps s’étire. Bientôt, les quatre dirigeants traversent de nouveau tout le palais pour s’enfermer dans le petit salon. « Vous n’allez pas vous coucher? On vous réveillera ! » lance aux journalistes Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Source : Le Monde

Grosse propagande du Monde (2)

Un accord de paix imparfait et fragile sur l’Ukraine

Vosu avez l’accord, à vous de juger maintenant ! (Eh oui les gars, c’est moins simple qu’avant la propagande…)

Par Yves-Michel Riols

L’accord sur l’Ukraine arraché dans la douleur, jeudi 12 février à Minsk, est forcément imparfait et fragile. Mais, en son absence, le scénario était écrit d’avance. La poursuite de la guerre masquée que mène la Russie en Ukraine depuis bientôt un an, avec son corollaire de tragédies quotidiennes : des victimes civiles de plus en plus nombreuses, des villes rasées et un flux incessant de réfugiés.

Dans ce contexte, la question n’était pas tant de savoir s’il était possible de parvenir à une paix « juste », mais d’esquisser une méthode pour freiner le bain de sang. Le président russe, Vladimir Poutine, a lâché le minimum : l’engagement à œuvrer à la mise en place d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, à partir du dimanche 15 février. De son côté, le président ukrainien, Petro Porochenko, a précisé que le retrait des armes lourdes commencera deux jours plus tard et que les deux camps auront 19 jours pour libérer leurs otages. Quant à François Hollande, il a évoqué un « espoir sérieux, même si tout n’est pas encore accompli », lors d’une déclaration commune, jeudi, aux côtés de la chancelière allemande, Angela Merkel.

Une fausse retenue

Vladimir Poutine pouvait difficilement faire moins et renvoyer, à nouveau, François Hollande et Angela Merkel les mains vides, comme il l’avait fait la semaine dernière, à Moscou. L’affront aurait été total alors que les dirigeants français et allemand avaient pris le lourd risque de briser le cordon sanitaire diplomatique autour de M. Poutine en se rendant dans la capitale russe, le 6 février, après s’être déplacés, la veille, à Kiev.

En cela, M. Poutine est resté prévisible. Depuis le début du conflit en Ukraine, il a, à chaque fois, feint la retenue à l’approche des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) pour désamorcer les représailles. Le même scénario vient de se répéter puisque M. Hollande et Mme Merkel sont attendus, jeudi à Bruxelles, pour une réunion de l’UE, où la question de nouvelles rétorsions contre la Russie aurait forcément dominé les débats en cas de fiasco à Minsk.

Autre élément prévisible : Vladimir Poutine tient rarement parole. Il ne comprend que le rapport de force et le fait accompli. La Russie n’a jamais respecté les premiers accords de Minsk, conclus le 5 septembre 2014. Elle a continué à envoyer des hommes et du matériel militaire à travers une frontière dont elle s’est arrogé le contrôle. Et si M. Poutine n’a pas donné suite aux nombreuses tentatives d’ouvertures diplomatiques menées sans relâche par le couple franco-allemand depuis des mois, c’est qu’il ne cherche pas à stabiliser l’Ukraine. Au contraire, il veut affaiblir le gouvernement de Kiev par tous les moyens, militairement, économiquement et politiquement.

Affaiblir Kiev

Même si elle est déplaisante, la question qui se pose désormais est celle du moindre mal. Une « guerre totale », selon l’expression de M. Hollande, serait une catastrophe pour l’Ukraine. L’armée ukrainienne, à en croire les experts militaires, n’a ni les moyens, ni le savoir faire pour reconquérir le Donbass. Une telle option aurait un coût humain et social phénoménal. De plus, les Européens estiment, à tort ou à raison, qu’une telle stratégie ferait le jeu de M. Poutine, qui ouvrirait alors davantage les vannes de l’armement russe aux séparatistes de l’est de l’Ukraine.

Dans l’immédiat, les prochaines semaines vont donner lieu à d’épineuses tractations sur la mise en œuvre de « Minsk 2 ». Les paramètres sont connus – statut des territoires de l’est du pays, contrôle de la frontière, étendue de la zone sous influence des séparatistes, échange de prisonniers, etc. Si compromis final il y a, il se traduira forcément par une forme de mise sous tutelle russe d’une partie du territoire ukrainien. Le tout étant de savoir jusqu’où ira cette emprise. « Nous sommes engagés dans un conflit de longue durée, il faut se préparer à vivre avec la menace russe pendant 20 à 30 ans », prédit un diplomate ukrainien.

Tssss, l’erreur de faire voter les gens … (notez qu’il ne l’indique pas)

Et ce que pense un diplomate russse… on en le saura jamais !

Bataille économique

Face à ce scénario prévisible au goût amer pour les Ukrainiens, les Européens disposent néanmoins d’une boîte à outils. Elle n’est pas spectaculaire, mais elle peut être efficace, sur le long terme. Dans un premier temps, les Vingt-Huit peuvent maintenir les sanctions contre la Russie, tant que Moscou continuera sa campagne de déstabilisation de l’Ukraine. Et à défaut de livrer une bataille militaire, les Européens peuvent s’engager, avec les Etats-Unis, dans la bataille économique en octroyant massivement de l’aide à l’Ukraine. Pour éviter qu’à la déroute militaire s’ajoute aussi l’effondrement social.

Tant qu’on aide pas les Grecs en effet…

Ce n’est pas un hasard si Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international, a proposé, jeudi matin, l’octroi d’un nouveau prêt de 17,5 milliards de dollars (15,5 milliards d’euros) sur quatre ans à l’Ukraine. Une somme sans doute insuffisante au regard des défis à surmonter. Le financier George Soros a récemment estimé que l’Ukraine aurait besoin d’un « plan Marshall » de l’ordre de 40 milliards de dollars (35 milliards d’euros). Quoi qu’il en soit, si l’Ukraine devient un Etat failli, Vladimir Poutine aura atteint tous ses objectifs.

Et pourquoi on parle de Soros en conclusion, juste comme ça ? C’est un expert du sujet ? Il n’a qu’à commencer à le payer lui le plan Marshall, il peut…

Yves-Michel Riols
Journaliste au Monde

Source : Le Monde 

Rappel : Articles 1, 2 et 9 de la  Charte de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) :

  • 1. Respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité
  • 2. Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents
  • 9. Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste 

Le récit d’une négociation ubuesque

« Cela a bien failli par échouer… ». François Hollande, les traits tirés malgré le maquillage pour atténuer sa fatigue après seize heures d’épuisantes négociations à Minsk , ne cache pas que le sommet « de la dernière chance » pour la paix en Ukraine était à deux doigts de finir dans l’impasse. « Ce matin, il y a eu des tensions à cause du refus des séparatistes de signer », a confié aux Echos le président juste après la fin des discussions. Les rebelles pro-russes de l’est de l’Ukraine, partie prenante des négociations du groupe de contact en charge avec Kiev, Moscou et l’OSCE de la mise en œuvre des mesures de paix, se sont opposés sur plusieurs points clefs de l’accord : conditions du cessez le feu, délimitation de la ligne de démarcation, création d’une zone démilitarisée, réforme de décentralisation-fédéralisation de l’Ukraine, définition du statut des régions aux mains des séparatistes… « Mais tout est bien qui finit bien ! », se félicite François Hollande tandis que le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius ironise sur « les fameuses nuits de Minsk ».

« On s’y perd et on… le perd »

Les deux hommes ne sont en effet pas prêts d’oublier ces seize heures de négociations et d’intrigues passées, avec la chancelière Angela Merkel, le chef du Kremlin Vladimir Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko dans les salons et couloirs du palais de l’indépendance bâtie à Minsk par le président biélorusse Alexandre Loukachenko. Un curieux bâtiment moderne au style pourtant post-soviétique, kitch à souhait avec ses énormes lustres et son marbre omniprésent. « C’est l’horreur ! On s’y perd et on… le perd », a avoué, dépité, l’un des responsables de la sécurité du président français. Car, vers 10 heures, on ne savait plus très bien où se trouvait François Hollande. C’était en plein psychodrame. Un accord venait pourtant d’être annoncé imminent, les journalistes étaient conviés dans un salon pour la signature et chaque chef d’Etat devait faire une déclaration. Mais à la dernière minute, les négociations ont bloqué. Les émissaires, qui toute la nuit ont assuré la navette entre la salle des chefs d’Etat et celle du groupe de contact incluant les représentants des séparatistes pro-russes, ont repris leurs allers-retours frénétiques de textes sans cesse corrigés.

Ballet incessant des chefs d’Etat

Sur fond de refus des séparatistes, Vladimir Poutine et Petro Porochenko se seraient alors querellés, provoquant la fin brutale des discussions à quatre. Le chef du Kremlin est monté seul au troisième étage du palais de Minsk. Le président ukrainien, lui, est monté au deuxième où, dans un salon, il s’est entretenu avec Angela Merkel et François Hollande. La chancelière allemande et le président français l’auraient convaincu de reprendre le dialogue avec le chef du Kremlin. Ils l’ont alors laissé dans le salon du deuxième étage pour monter tous les deux au troisième étage et s’entretenir avec Vladimir Poutine pour le convaincre à son tour de reprendre la discussion à quatre. C’est à ce moment-là que le sommet a plongé dans la confusion et que les services d’ordre ont été pris un peu au dépourvu sur les déplacements incessants de leurs chefs d’Etat…

Porochenko et Poutine ont su se parler

L’humeur n’a en fait pas cessé de changer dans les coulisses des négociations. Sergeï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, est ainsi apparu très enthousiaste puis, au grès des discussions, très tendu. Vladislav Sourkov, l’un des conseillers de l’ombre de Vladimir Poutine, a au contraire semblé imperturbable tout le long de la nuit, maniant l’ironie avec les journalistes et envoyant ses acolytes finaliser les détails de l’accord avec les représentants des séparatistes. Un moment clef pour sortir les négociations de l’impasse a eu lieu au milieu de la nuit. Peu après 2 heures, entre différents rounds de négociations, parfois à quatre entre chefs d’Etat, parfois en mode élargi avec les délégations de ministres et d’experts, Petro Porochenko, Angela Merkel, François Hollande et Vladimir Poutine se sont retrouvés debout derrière leur table ronde. Des discussions animées mais constructives, des faces à faces entourés d’un petit groupe de conseillers et traducteurs. L’immense porte blanche et dorée du salon de ces négociations avait été laissée entrouverte pendant quelques minutes. Le spectacle de Petro Porochenko et Vladimir Poutine parlant ouvertement mais concrètement était saisissant, loin des subites tensions plus tard dans la matinée et des regards en chiens de faïence de la veille au soir. En cette nuit de négociations marathon, les deux hommes ont donc bel et bien su se parler pour obtenir l’accord de paix

Source : Les Echos

Pour finir :

Heiiiiiihheeeiiiiiiimmmmmoooouuuuiii, “l’Europe” !!!!

Alors que c’est la démonstration par A+B de l’inutilité et même de la nocivité de l’organisation de Bruxelles, heureusement totalement absente de ce process…

Du lourd dans l’article :

Source: http://www.les-crises.fr/accord-a-minsk-pour-un-cessez-le-feu-et-un-retrait-de-lartillerie/


[Interview exceptionnelle] Pierre Maillard, ancien conseiller diplomatique du général De Gaulle [2014]

Thursday 12 February 2015 at 13:00

Je ressors cette interview de mai 2014…

Recherchant sur ce blog l’avis de personnes compétentes, j’ai le plaisir de vous présenter une petite interview (allez, disons, échange…) sur l’Ukraine d’une Pointure : Pierre Maillard, réalisée la semaine passée.

Ce Normalien agrégé d’allemand a été le Conseiller diplomatique du Général de Gaulle à l’Élysée de 1959 à 1964 – avec au menu Guerre d’Algérie, réconciliation franco-allemande, Construction européenne, crise de Cuba, poursuite de la décolonisation, etc. Il a parla suite été ambassadeur (à l’Unesco, en Chine et au Canada).

Voici donc sa vision de la crise Ukrainienne. Une vision frappée au coin du bon sens, bien loin des inconscients actuellement au pouvoir.

Précision : il a… 98 ans

M. Maillard, quel regard portez-vous sur la crise en Ukraine ? 

Il y a eu dans cette affaire une intervention initiale de la part de certains pays Européens, qui ont déclenché un processus destiné à avoir des conséquences pour la situation de l’Ukraine. 

Evidemment l’Ukraine est depuis très longtemps – depuis la Russie soviétique et même bien avant -, dans la zone d’influence notoire de la Russie. L’Ukraine a ainsi fourni beaucoup de personnel politique – et du plus haut niveau – à la Russie. Ce pays est donc attaché à la zone d’intérêts particuliers de la Russie, en raison d’une très longue Histoire. 

Il est donc évident que cette intervention initiale – non pas dans la partie orientale mais dans la partie occidentale -, destinée à provoquer un rapprochement étroit entre l’Europe et l’Ukraine allait directement à l’encontre d’un intérêt stratégique très ancien de la Russie pour cette région. 

N’est-ce pas irresponsable pour l’UE d’avoir agi ainsi ? 

C’était en effet s’attirer certainement des objections ; la Russie n’a pas réagi immédiatement mais c’est certainement sans joie qu’elle a vu cette ingérence en vue de ce rapprochement qui aurait été consacré par des accords d’association. 

D’autant que l’Ukraine de l’Est – notoirement russophone – est très liée économiquement à la Russie – contrairement à l’Ouest du pays. Il y a deux Ukraine en réalité… 

L’Europe a donc réalisé une intrusion dans une sorte de « domaine réservé », de zone traditionnelle d’influence et d’action de  la Russie. C’est un fait. 

Auriez-vous conseillé au général de Gaulle d’agir ainsi ? 

Sûrement pas ! Étant donnée la proximité que j’ai eue avec le Général, je peux vous garantir qu’il n’aurait JAMAIS agi ainsi ! 

S’il pensait qu’il était bon d’une manière générale que la Russie se rapproche de l’Europe – c’était sa vision à long terme -, je ne pense pas du tout qu’il aurait salué cette sorte d’accord et de rapprochement spécifique de l’ensemble de l’Ukraine avec l’Union européenne. Il aurait été là-dessus plus que réservé… 

L’Europe semble se soumettre aux pressions américaines et ne pas prendre en compte ses propres intérêts stratégiques… 

C’est certain.

Naturellement, il y a eu des influences multiples. Quelles ont été exactement dans ces initiatives des pays européens, les responsabilités des uns et des autres et les États-Unis ont-ils vraiment été à l’origine de la chose : ça je n’en sais rien, mais ils ont eu une certaine influence sans aucun doute. 

N’êtes-vous pas étonné de l’espèce de russophobie qui s’empare des médias et donc de la population ? 

Oui : ceci est tout à fait inapproprié ! 

Encore une fois : l’Ukraine est notoirement depuis très longtemps dans la sphère d’influence de ce qui fut l’URSS et ce qui est aujourd’hui la Russie. Elle a été en plus le berceau de nombreuses personnalités Russes – Khrouchtchev en particulier, que j’ai eu l’honneur de bien connaître lorsque j’étais auprès du Général. L’Ukraine est depuis très longtemps une zone d’influence dans la périphérie de ce que l’on appelait « Empire soviétique » et ce qu’on appelle aujourd’hui la zone d’influence russe. Il est donc fâcheux d’entrer dans une sorte de contestation vigoureuse de cette zone d’influence. 

N’est-il pas inconscient de rentrer dans une spirale de sanctions contre la Russie – en plus pour des choses qui ne sont même pas prouvées ? 

Il est à mon avis fâcheux d’étendre le problème à l’ensemble de nos relations avec la Russie ; elles devraient être bonnes, en raison des nombreux facteurs qu’il serait trop long d’évoquer ici. 

Comment avait réagi le Général de Gaulle quand l’URSS avait envahi la Tchécoslovaquie en 1968 avec des chars (cas bien plus extrême que l’Ukraine, où on ne sait même pas si la Russie a vraiment fait quelque chose…) ? 

Notez que c’était très différent, la Tchécoslovaquie n’avait jamais été dans la sphère d’influence russe. 

Cependant, la réaction avait été prudente, car le Général estimait que c’était une action plutôt défensive. Sa réaction a été modérée car il pensait que c’était une péripétie momentanée et que ce n‘était pas la marque d‘une volonté d’assimilation complète. Evidemment, c’était fâcheux mais ce n’était pas dramatique… 

Quelle était la vision du Général sur nos relations avec la Russie et quel est notre intérêt stratégique par rapport à la Russie ? 

Il souhaitait beaucoup que la Russie se rapproche de l’Europe d’une façon générale. Il pensait que la Russie était un pays largement européen malgré ce qu’on appelait autrefois dans les manuels d’Histoire « la Russie d’Asie », cette Sibérie qu’il comparait un peu au Far West américain, quelque chose qui était étranger à la vocation profonde de la Russie qui était européenne. 

Il estimait que la Russie avait naturellement sa place en Europe et qu’elle devrait l’avoir pour fortifier l’ensemble et peut-être aussi servir de stimulant pour un certain nombre d’actions – et sans doute aussi qu’elle empêcherait que toute l’Europe centrale ne soit plus ou moins influencée par l’Allemagne. Elle pourrait ainsi jouer le rôle, dans une certaine mesure, de contrepoids heureux. 

Selon le Général, la Russie avait une spécifié européenne depuis très longtemps ; elle participait depuis plusieurs siècles au jeu des puissances qu’on appelle aujourd’hui occidentales (au XVIIIe siècle et même avant). Son souhait était que des liens s’établissent, peut-être pas aussi étroits que ceux entre la France et l’Allemagne, mais quand même une relation réelle et privilégiée. Il avait une vision très européenne de la Russie. 

Mais la Russie ne risque-t-elle pas de se tourner vers d’autres pays (Chine, Inde) et se détourner de l’Union Européenne avec notre comportement ? 

La Russie a quand même depuis très longtemps le vif désir de se rapprocher de l’Europe, c’est quand même sa politique. Un éloignement diplomatique  - ou même plus – de sa part me paraît douteux – bien que non impossible. 

Certes, la Russie n’a pas que l’Europe occidentale dans ses orientations politiques ; elle a beaucoup d’intérêts ailleurs : l’Extrême-Orient, les Balkans… Elle a néanmoins une vocation privilégiée à être non pas dans l’ensemble européen en tant que tel, mais tout de même dans sa proximité : cela fait partie de son Histoire. La Russie a toujours voulu jouer un rôle important en Europe – et elle l’a fait. C’est une puissance qui se veut proche de l’Europe –  non pas « l’Europe des Traités » mais « l’Europe » en général. 

On peut donc s’étonner grandement que certains adhèrent à une doctrine de refoulement de la Russie plutôt que de trouver les moyens diplomatiques adéquats pour que la Russie s’affirme comme une puissance proche de l’Europe.

N’êtes-vous pas étonné de la manière dont se comporte la diplomatie occidentale ? On dirait que c’est n’est plus une diplomatie, consciente des intérêts stratégiques de chacun, mais une sorte de théocratie qui ne se base plus que sur une « pseudo-morale » – souvent cynique et à sens unique. 

Oui, il y a de ça. 

Prenez aussi l’exemple de la lutte contre le djihadisme, où la Russie est très active, car malheureusement très menacée dans sa partie orientale et donc obligée de faire appel à certaines mesures sérieuses de protection. Eh bien sur ce plan là-aussi, la coopération avec la Russie est indispensable – et marche bien actuellement. 

Vous avez beaucoup critiqué la forme que prenait la construction européenne. Que pensez-vous de la transformation de cette structure, qui semble en l’espèce animée d’une volonté impérialiste dans sa façon de s’étendre de plus en plus loin (à l’Est, à la Turquie, maintenant l’Ukraine…) dans un cadre de plus en plus soumis aux États-Unis avec l’intégration à l’OTAN et la défense des intérêts américains au détriment de nos propres intérêts ? 

Je n’ai rien à corriger sur ce que vous venez dire ; je partage totalement ces propos. 

Vous attendiez-vous à cette transformation de l’Europe au fil du temps ? Il y a 30 ou 40 ans, pensait-on déjà que l’on construisait quelque chose en commun qui basculerait de plus en plus dans l’américanisme ? 

Il y a toujours eu un euro-américanisme dans la construction européenne, depuis Jean Monnet. Il y a toujours eu une association étroite des États-Unis avec l’Europe : l’américanisme s’est couché dans le berceau de l’Europe, si l’on peut dire – il y a toujours eu une inspiration de ce côté-là. 

C’est une chose contre laquelle le Général s’est efforcé de réagir, pour bâtir ce qu’il appelait une « Europe européenne », qui précisément dans son esprit devait aboutir – à terme et si possible – à une adhésion de la Russie. Il voulait que le centre de gravité de l’Europe se déplace vers l’Est, d’abord l’Allemagne puis la Russie si possible. 

Contrairement à ce que l’on peut penser le général n’était pas « anti Européen » : il était contre une Europe américaine… 

Tout à fait.

Il était très pro-Européen au sens d’une « Europe indépendante et confédérale », et non pas soumise aux États-Unis et fédéraliste à la manière de Jean Monnet.

Les-crses.fr

NB. Ca, c’est l’UMP actuelle, il y a 15 jours…

Source: http://www.les-crises.fr/interview-pierre-maillard/