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[Taux 0,00 %] Tout va bien !

Thursday 19 March 2015 at 19:35

Voici la dernière émission d’OAT de la France (= bon du Trésor) – preuve que l’économie est saine et qu’il n’y à aucun problème, en particulier dans les banques…

Cela ne vous parle peut être as trop, mais je vous garantis que ça donne à un actuaire une réelle envie de pleurer…

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Arrêté du 13 mars 2015 relatif à la création d’obligations assimilables du Trésor 0,00 % 25 février 2018 en euros

Le ministre des finances et des comptes publics,
Vu l’article 49 de la loi n° 2014-1654 du 29 décembre 2014 portant loi de finances pour 2015 ;
Vu le décret n° 2014-1693 du 30 décembre 2014 relatif à l’émission des valeurs du Trésor, notamment son article 1er,
Arrête :

Article 1
Il est créé une ligne d’obligations assimilables du Trésor 0,00 % 25 février 2018 en euros.
Ces obligations ont une valeur nominale de 1 euro. Elles sont remboursées le 25 février 2018 à un prix égal au pair, soit 1 euro.
L’intérêt nominal est de 0,000 0 euro par obligation de 1 euro. Il est payable à terme échu le 25 février de chaque année et, pour la première fois, le 25 février 2016.
Article 2
Les titres cessent de porter intérêt à partir du jour où ils sont appelés au remboursement.
Article 3
Le paiement des intérêts et le remboursement de ces titres sont effectués sous la seule déduction des impôts que la loi met ou pourrait mettre obligatoirement à la charge des porteurs.
Article 4
L’Etat s’interdit de procéder pendant toute la durée de l’emprunt à l’amortissement par remboursement anticipé des obligations, mais se réserve le droit de procéder, sur le marché, à des rachats ou des échanges.
Article 5
Les versements prévus aux articles 1er et 2 sont effectués, selon le cas, par l’émetteur ou par l’intermédiaire gérant l’inscription en compte.
Article 6
Le présent arrêté sera publié au Journal officiel de la République française.

Fait le 13 mars 2015.
Pour le ministre et par délégation :
La directrice générale adjointe de l’Agence France Trésor

Source : Journal officiel

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Voici pour mémoire l’évolution des taux sur les bons du trésor :

Si les taux réels ont déjà été plus faibles, ce n’est pas le cas des taux nominaux…

Voici la courbe de taux actuelle sur les bons du trésor :

et son évolution :

On note bien à quel point “le futur” (différence entre une taux à 30 ans et un taux à court terme) a de moins en moins de valeur…

Source: http://www.les-crises.fr/taux-000-tout-va-bien/


Obama : L’Amérique sera la nation indispensable pour le reste de ce siècle…

Thursday 19 March 2015 at 04:46

Des années avant qu’il ne devienne une figure nationale, Barack Obama a prononcé un discours lors d’un rassemblement contre le projet d’invasion de l’Irak qui est devenu partie intégrante de sa campagne en tant qu’outsider des primaires de 2008. « Je ne m’oppose pas à toutes les guerres », a-t-il dit. « Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre stupide. Ce à quoi je suis opposé, c’est à une guerre irréfléchie. » Mais la politique étrangère d’un président est dans la réalité bien plus complexe qu’un seul discours. Le monde est vaste, et la technologie moderne a fait de la guerre moins un choix binaire qu’un large éventail d’usages possibles de la force. Quand Obama a accordé un entretien à Vox fin janvier, nous ne lui avons pas posé de question concernant les crises actuelles mais nous l’avons interrogé sur les grandes idées qui déterminent sa vision des relations américaines avec le monde par-delà nos frontières.

Matthew Yglesias
C’est presque une question de fond, mais au fil des années, j’ai entendu un certain nombre de membres de votre équipe parler de votre sorte d’attitude en affaires étrangères comme d’une philosophie du « réalisme. » [1] Est-ce un terme que vous utiliseriez ?
[1] Le réalisme en politique étrangère est associé à la poursuite froide et insensible d’intérêts nationaux plutôt qu’à un accent mis sur les droits de l’homme ou le droit international. L’ampleur des engagements réalistes d’Obama est fréquemment débattue dans les cercles s’occupant de politique étrangère.

Barack Obama
Vous savez, traditionnellement, une grande partie de la politique étrangère américaine a été divisée en deux camps : le camp réaliste et le camp idéaliste. Et donc, si vous êtes un idéaliste, vous êtes comme Woodrow Wilson, et vous êtes là avec la Société des Nations à imaginer que tout le monde se tient la main en chantant « Kumbaya » et en imposant ces magnifiques règles que tout le monde respecte. Et si vous êtes un réaliste, alors vous soutenez des dictateurs qui se trouvent être vos amis, et vous concluez des marchés dans le seul but d’une recherche de l’intérêt propre étroitement défini de votre pays. Et je ne pense vraiment pas que cela décrive ce que devrait être une politique étrangère intelligente.

Je pense qu’il est réaliste pour nous de vouloir mettre en place, par la diplomatie, un système fondé sur des règles partout où nous le pouvons, en sachant que cela ne fonctionne pas toujours. Si nous avons des traités militaires en place, cela ne veut pas dire qu’il n’y ait personne qui fasse bande à part, comme la Corée du Nord qui essaie de suivre sa propre voie. Mais si vous pouvez créer ces normes, vous réduisez le nombre de problèmes et défis relatifs aux enjeux de sécurité et de défense. Et l’un des mérites de la politique étrangère américaine depuis l’après-seconde guerre mondiale c’est le bon travail réalisé à ce sujet. Il n’a pas été parfait, mais les Nations Unies, le FMI et toute une série de traités, de règles et de normes qui ont été établis ont réellement aidé à mettre le monde sur les voies d’une stabilité qui n’aurait pas existé autrement.

Mais je pense aussi que si nous avions seulement recours à cela sans avoir le point de vue réaliste qu’il existe des personnes méchantes qui essaient de nous nuire – et nous devons avoir la force armée la plus puissante au monde, et de temps à autre nous avons à tordre le bras à des pays qui ne voudraient pas faire ce que nous avons besoin qu’ils fassent, si ce n’était que nous disposons de divers moyens d’influence, économiques, diplomatiques ou, dans certains cas, militaires – si nous n’avions pas cette dose de réalisme, rien n’avancerait non plus. Ce qui me semble exact pour décrire ma politique étrangère, c’est la certitude que nous n’avons pas de solution militaire à tous les problèmes du 21e siècle. Il n’y a pas d’état semblable au nôtre qui veuille nous attaquer et nous provoquer. Celui qui s’en approche le plus, évidemment, c’est la Russie, avec son arsenal nucléaire, mais d’une manière générale ils ne peuvent pas se projeter partout dans le monde comme nous le pouvons. La Chine ne le peut pas non plus, Nous dépensons plus pour nos forces armées que les 10 pays suivants réunis. [2]

[2] Dépenses militaires comparées des USA et des autres pays


Source : Institut international pour les études stratégiques

Donc le plus grand défi auquel nous ayons à faire face dans l’immédiat est le désordre. Des états qui ont failli. Des menaces asymétriques de la part d’organisations terroristes. Et ce que j’ai essayé de faire, c’est de m’assurer qu’au cours des six dernières années, et, espérons-le les deux prochaines années, nous ayons plus d’outils à notre disposition pour régler les problèmes concrets que nous n’en avons aujourd’hui et que l’on puisse se projeter vers l’avenir, plutôt que de se reposer constamment sur les mêmes outils que lorsque nous nous occupions de l’Allemagne et du Japon pendant la seconde guerre mondiale.

Terminer deux guerres fut quelque chose d’important, non pas parce que j’avais une quelconque illusion que cela voulait dire que nous n’aurions plus à faire face à des menaces terroristes. [3] Cependant, cela signifie que le fait de ne pas avoir 180 000 hommes en Irak et en Afghanistan nous permet de déployer plus stratégiquement, avec une empreinte plus faible, des forces spéciales, des formateurs, des partenariats, ce qui nous autorise à accéder au vrai problème et nous donne la liberté d’envoyer une équipe afin de prévenir ébola. Cela nous permet de multiplier par deux nos investissements dans des choses comme la cyber-sécurité, d’étudier les nouvelles menaces et opportunités qui existent, et ceci, je pense, est le véritable défi des six à huit dernières années.
[3] Le personnel militaire américain présent en Afghanistan est toujours d’environ 10 000 conseillers et formateurs, et d’environ 3 000 soldats américains en Irak pour entraîner les soldats irakiens à se battre contre l’État Islamique.

Matthew Yglesias
Au Moyen-Orient, où nous sommes toujours très présents malgré le rappel de troupes d’Irak, l’administration Clinton avait une politique qui était appelée double-confinement (Dual Containment) de l’Irak et de l’Iran. L’administration Bush avait à l’idée la guerre préventive, le repli et la promotion de la démocratie. Sous votre administration, le pays est toujours très impliqué dans cette région, mais je ne pense pas que nous ayons une idée claire de l’objectif stratégique de cet engagement.

Barack Obama
C’est en partie dû à la nature de ce qui s’est passé au Moyen-Orient. Je suis arrivé avec quelques théories très précises de ce que seraient mes objectifs. Nous allions terminer la guerre en Irak. Nous allions empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire, en essayant la voie diplomatique dans un premier temps. Nous allions essayer de promouvoir le développement économique dans les pays musulmans afin de prendre en compte la poussée démographique qui entrait en jeu. Nous allions promouvoir des pourparlers de paix entre Israël et les Palestiniens. Nous avions donc toutes sortes de théories.

Et c’est alors que le printemps arabe est survenu. Je ne me souviens pas qu’aucun sage de Washington l’ait anticipé. Et ça a donc été ce grand bouleversement tumultueux, et nous avons dû nous adapter, alors même que cela arrivait en temps réel, à de grands changements au sein de ces sociétés. Mais si vous observez les objectifs simples que j’ai fixés : nous assurer que nous maintenons la pression sur les organisations terroristes de façon à limiter leur capacité à mener des attaques de grande ampleur contre l’occident. Accroître notre partenariat et notre coopération avec les pays pour gérer la menace terroriste. Continuer à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire. Et utiliser l’outil des sanctions pour voir si nous pouvons faire une avancée diplomatique de ce côté. Continuer à essayer d’améliorer la relation israélo-palestinienne, tout en aidant la région dans son ensemble à s’intégrer à l’économie mondiale de façon plus efficace pour que plus d’opportunités se présentent. Ces objectifs fondamentaux restent d’actualité.

Mais ce que les gens craignent à juste titre, c’est que les forces de chaos – le sectarisme, de la manière la plus tragique en Syrie, mais des éléments persistent aussi en Irak, l’incapacité des israéliens et des palestiniens à s’entendre, l’érosion continue des fonctions étatiques de base dans des endroits comme le Yémen, laissent d’avantage à craindre là-bas que sous l’ancien ordre. Nous traversons un moment difficile, mais nous le gérons de façon à assurer la sécurité des américains et à protéger nos intérêts. Et si nous pouvons faire des progrès dans le rétablissement d’un gouvernement irakien efficace, multi ethnique, et si nous sommes capables de faire avancer la diplomatie avec l’Iran, alors je pense que nous aurons la base d’une tendance vers une plus grande stabilité.

Mais cela va être un défi générationnel dans le monde musulman et le Moyen-Orient que non seulement les États-Unis, mais tout le monde devra relever. Et nous devrons avoir l’humilité de reconnaître que nous ne pouvons pas simplement envahir un pays dès que des troubles s’y déclenchent. Et que, dans une certaine mesure, les habitants de ces pays vont devoir, vous voyez, trouver leurs propres solutions. Nous pouvons les y aider, mais pas le faire à leur place.

Matthew Yglesias
Il me semble que sur ce point, les membres de votre administration semblent souvent bien conscients des limites de la puissance américaine, peut-être bien plus que ce qu’ils ont toujours exprimé sans gêne en public. Est-il difficile de dire, dans le système politique et médiatique, qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas vraiment faire ?

Barack Obama
Eh bien, le leadership américain vient en partie de notre attitude positive. Nous sommes le pays le plus grand, le plus puissant sur terre. Comme je l’ai dit dans de précédents discours, quand des problèmes surgissent, on n’appelle pas Pékin ni Moscou. On nous appelle. Et nous assumons cette responsabilité. La question, je crois, est comment s’exerce ce leadership. Mon administration est très combative et internationaliste pour aborder, se charger des problèmes et essayer de les résoudre.

Là où la question des limites intervient, c’est lorsqu’il s’agit de déterminer les ressources nécessaires à la résolution efficace des problèmes. Ainsi en Irak, avec la montée de l’EI, si vous pensez que vous n’avez pas de contraintes, pas de limites, alors j’ai l’autorité en tant que commandant en chef d’envoyer 200 000 américains réoccuper l’Irak. Je pense que ce serait terrible pour le pays. Je ne pense pas que ce serait productif pour l’Irak. Ce que nous avons appris en Irak, c’est que l’on peut contenir ces questions ethniques tant que nous avons l’armée la plus puissante du monde sur place, mais dès que nous partons, ce qui finira par arriver, les problèmes resurgissent. [4] Donc ce que j’ai dit, c’est que les Irakiens doivent nous montrer qu’ils sont prêts à mettre en place un gouvernement efficace, que la majorité chiite est prête à tendre les bras aux kurdes et aux sunnites, et qu’ils sont crédibles dans leur volonté de se battre sur le terrain. Et s’ils font tout cela, alors nous pourrons aider et nous aurons une coalition de 60 états pour le faire. Donc si vous considérez cette stratégie, oui, elle a ses limites. Oui, c’est une mauvaise idée pour nous, après 13 ans de guerre, de réoccuper un pays. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas impliqués, que nous ne donnons pas l’exemple.

[4] Civils tués en Irak, avant et après le départ des États-Unis


Source : The Economist

Et donc, je pense que le vrai défi pour le pays, pas seulement pendant ma présidence mais aussi pendant les prochaines, est de reconnaître que conduire ne signifie pas toujours occuper. Il y a la tentation de penser qu’il y a une solution rapide à ces problèmes, mais il faut généralement y résister. Et reconnaître que le leadership américain signifie quand c’est possible influencer d’autres pays, d’autres ressources, quand nous sommes le partenaire privilégié parce que nous avons des capacités que les autres n’ont pas. Mais dans ce cas il y a un partage des efforts et un certain droit de propriété sur les résultats. Et beaucoup de ces problèmes ne se résolvent pas en un an, ni en deux ou trois.

Vous savez, la scission entre chiites et sunnites au Moyen-Orient est de celles qui ont traversé les siècles. [5] Nous avons l’occasion, je pense, de diminuer ces tensions et de faire s’élever des voix qui sont moins portées à exploiter ces divisions sectaires, mais, vous savez, nous n’allons pas éliminer ces trucs du jour au lendemain.
[5] Part de la population musulmane chiite, par pays


Source : Pew Research Center

La tendance à l’extrémisme au sein d’une petite partie de la jeunesse musulmane dans la région, c’est une tendance qui s’est accumulée au fil du temps, en partie à cause de problèmes démographiques et économiques plus larges dans la région, et en partie à cause d’une idéologie pervertie, hyper-rechargée grâce à internet. Elle est en train de gagner les cœurs et les esprits d’une large frange de la jeunesse. [6] C’est un projet pluriannuel.

[6] Le ministère des affaires étrangères d’Obama est allé jusqu’à lancer une initiative appelée « Think Again, Turn Away » [« Réfléchissez-y à deux fois, prenez vos distances »] qui utilise YouTube, Twitter et d’autres plateformes pour tenter de convaincre les jeunes que les groupes extrémistes sont mauvais.

En attendant, vous prenez les victoires où vous pouvez. Vous améliorez ce que vous pouvez plutôt que faire empirer la situation. Et ce n’est en aucun cas une concession à cette idée que l’Amérique se retire ou qu’on ne peut pas faire grand-chose. C’est juste une évaluation réaliste de la façon dont le monde fonctionne.

Matthew Yglesias
Vous sembliez résister à l’étiquette réaliste tout à l’heure, mais quand vous avez parlé de vos objectifs, vous avez semblé très préoccupé par le désordre et vous n’avez mentionné ni la démocratie ni les droits de l’homme. Et les pays partenaires que vous avez mentionnés, c’est des endroits comme l’Egypte où ils sont arrivés au pouvoir par un coup d’état militaire, l’Arabie Saoudite, avec des décapitations publiques, le Bahreïn où pendant le printemps arabe ils battaient des manifestants non violents et le réprimaient violemment. Êtes-vous préoccupé par la viabilité à plus ou moins long terme de ce genre de partenariats ?

Barack Obama
C’est un parfait exemple, Matt, de situation dans laquelle la division entre réalisme et idéalisme ne tient plus. Je pense que tout réaliste digne de ce nom dirait que chaque société qui ignore systématiquement les droits de l’homme et la dignité de ses citoyens va, à un moment donné, être instable et devenir un mauvais partenaire. Donc ce n’est pas seulement la bonne chose à faire, c’est aussi complètement dans notre intérêt de promouvoir des réformes dans l’ensemble du Moyen-Orient. Maintenant, le fait que nous devions prendre des décisions en temps réel concernant le choix de nos partenaires, à quel point ils sont en adéquation avec nos idéaux, si à certains moments nous devons passer sous silence une partie de nos critiques pour obtenir des résultats, et à d’autres moments nous avons l’occasion d’aller de l’avant – tout ceci n’efface pas l’importance de nous exprimer sur ces questions.

Comme je l’ai dit pendant le discours sur l’état de l’Union et comme je l’ai dit dans chaque discours que j’ai fait au Moyen-Orient ou n’importe où ailleurs dans le monde, ça signifie juste que nous devons faire plus d’une chose à la fois. Nous avons besoin d’une relation bilatérale forte avec la Chine pour atteindre certains objectifs internationaux, comme le changement climatique, qui sont d’une grande importance pour notre sécurité nationale et pour des milliards d’autres gens. Ça ne signifie pas que ce ne soit pas une bonne idée de notre part de parler de la censure et des prisonniers politiques en Chine. Nous devons faire les deux à la fois, et par moment elles passeront plus au premier plan qu’à d’autres. Et il en est de même au Moyen-Orient et ailleurs. Mais je crois fermement que particulièrement dans cette époque moderne d’internet, la capacité d’un gouvernement autoritaire à l’ancienne à se maintenir et prospérer ne peut que continuer à s’affaiblir. Ce modèle va continuer à s’effriter. Mon argument envers chaque partenaire que nous avons est que vous vous porteriez mieux si vous aviez une société civile forte, si vous aviez la légitimité démocratique, et si vous respectiez les droits de l’homme. C’est ainsi que vous attirerez les entreprises. C’est ainsi que vous aurez une main d’œuvre forte, c’est ainsi que finalement, vous aurez non seulement une économie mais aussi un système politique durables.

Mais lors de ces conversations, je vais aussi reconnaître que pour un pays qui, disons, n’a aucune expérience de la démocratie ou n’a pas de société civile fonctionnelle, ou bien où la plupart des factions organisées sont intolérantes, vous savez, des sectes religieuses, le progrès va se faire pas à pas plutôt que par un grand saut. Et je pense que le but de toute bonne politique étrangère est d’avoir une vision, des aspirations et des idéaux, mais aussi de reconnaître le monde tel qu’il est, où il est, et se représenter comment atteindre le point où les choses sont mieux qu’elles ne l’étaient auparavant. Ça ne signifie pas parfaites. Ça veut juste dire que c’est mieux. La trajectoire de cette planète dans l’ensemble va vers moins de violence, plus de tolérance, moins de luttes, moins de pauvreté. Je l’ai dit auparavant et je crois que certaines personnes à Washington ont fait « Oh, il ignore le chaos et tous ces trucs terribles qui sont en train de se passer ». Bien sûr que je ne l’ignore pas. Je m’en occupe tous les jours. Je m’en rends compte tous les matins. J’ai un gros livre plein de morts, de destructions, de dissensions et de chaos. C’est ce que je prends avec mon thé du matin.

Matthew Yglesias
Pensez-vous que les médias surestiment parfois le niveau de crainte que les gens devraient avoir concernant le terrorisme et ce genre de chaos, par opposition à un problème à plus long terme du changement climatique et de maladie épidémique ?

Barack Obama
Absolument. Et je ne blâme pas les médias pour ça. Quelle est la phrase célèbre sur les bulletins d’information locale ? Si le sang coule, le sujet sera porteur, n’est-ce pas ? Vous montrez des histoires de meurtre et des incendies parce que c’est cela que les gens regardent, et tout tourne autour de l’audimat. Et, vous le savez, les problèmes de terrorisme et le dysfonctionnement et le chaos, avec à côté des accidents d’avion ou autres, c’est l’équivalent quand il s’agit de couvrir les affaires internationales. Il n’y aura pas beaucoup d’intérêt pour un gros titre qui dirait que nous avons fait chuter la mortalité infantile de manière significative sur les 20 dernières années, ou que l’extrême pauvreté a été réduite radicalement, ou qu’il y a eu un progrès énorme avec un programme que nous avons établi quand j’ai pris mes fonctions pour aider les agriculteurs pauvres à améliorer leur productivité et leurs rendements. [7] Ce n’est pas une histoire sexy. Et le changement climatique en est une qui se passe à une échelle si large et dans un système si complexe que c’est une histoire difficile à raconter pour les médias au quotidien.

[7] L’initiative peu remarquée « Nourrir le Futur » a déjà atteint environ 7 millions de personnes, et présente aux fermiers des pays pauvres des technologies plus avancées et des pratiques de gestion pour accroître la production agricole.

Écoutez, le fait est que mon premier travail est de protéger le peuple américain. Il est complètement légitime que le peuple américain soit profondément inquiet quand une bande de fanatiques cruels et violents coupent des têtes ou fusillent au hasard des gens dans une épicerie à Paris. Nous consacrons d’énormes ressources à ça, et il est normal et approprié que nous soyons vigilants et déterminés dans notre approche, tout comme le maire d’une grande ville doit réduire le niveau de criminalité s’il veut que cette ville prospère. Mais nous devons aussi tenir compte de beaucoup d’autres problèmes, et nous devons nous assurer de bien calibrer notre approche pour que ce que nous faisons ne soit pas contre-productif. À mon sens, notre invasion de l’Irak était contre-productive par rapport à l’objectif de maintenir notre pays en sécurité.

En dépit de la trempe incroyable de nos troupes – et je suis en admiration devant eux chaque jour quand je travaille avec eux – vous savez, la stratégie qui a été élaborée à Washington n’a pas toujours été appropriée aux menaces réelles. Et il faut que nous prenions les bonnes mesures, et que nous les appliquions correctement pour traiter les prochaines menaces comme la cyber-sécurité et le changement climatique, ou différentes parties du monde où les opportunités sont immenses, mais qu’avant mon mandat nous avions négligées pendant un certain temps, la zone Asie-Pacifique est un excellent exemple. Ou notre propre arrière-cour, l’hémisphère occidental, où il y a eu de réels progrès en Amérique Latine et où nous avons eu l’occasion de renforcer nos relations. Mais il y a aussi de gros problèmes comme l’Amérique Centrale où, au prix d’un investissement relativement modeste, nous pourrions vraiment faire la différence et mieux assurer notre sécurité. [8]

[8] Pas sûr que cela soit directement pertinent pour « notre sécurité, » mais cela vaut la peine de noter les conditions terrifiantes rapportées par les ONG qui ont étudié les vies des américains centraux renvoyés chez eux par des responsables américains. Voici ce que l’administration fait maintenant en Amérique Centrale.

Matthew Yglesias
Alors il y a cette idée du pivotement vers l’Asie, et j’aimerais savoir ce que cela recouvre pour vous précisément ? [9] Un transfert de matériel militaire, un transfert de temps sur votre agenda au Conseil National de Sécurité ? Est-ce quelque chose que vous avez réellement réussi à accomplir ou est-ce que le Moyen-Orient continue en quelque sorte à nous accaparer ?
[9] L’origine de l’expression « pivotement vers l’Asie » est un peu floue, mais le concept stratégique qui consiste à s’intéresser plus aux rives du Pacifique et moins au Moyen-Orient date d’une série de discours et d’initiatives de l’automne 2011.

Barack Obama
Je pense que ça signifie tout cela à la fois. Regardez, l’Asie est la région qui a la croissance la plus rapide du monde, c’est la région la plus peuplée du monde et vous y avez le plus grand pays du monde, la Chine, qui a subi cette transformation incroyable, spectaculaire, au cours des dernières décennies. [10] Les bons résultats de l’Amérique, économiquement, du point vue de la sécurité, vont être lié à nos relations avec cette région. Donc nous avons dit, a) : nous devons nous assurer d’avoir une relation constructive avec la Chine, en gardant la tête froide pour s’assurer qu’ils ne profitent pas de nous, mais qui leur envoie aussi le message que nous pouvons créer une situation gagnant-gagnant par opposition à une concurrence pure qui pourrait être dangereuse. Et pour ce faire, vous la Chine, vous devez intensifier vos efforts pour nous aider à écrire ces règles globales qui en fait faciliteront votre ascension. Des choses comme des règles correctes de libre-échange, et des réglementations maritimes qui ne permettraient pas à de grands pays de martyriser des petits. Voilà pour un premier gros morceau.

[10] Croissance du PIB chinois


Source : Banque Mondiale

Un second gros morceau, c’est de s’assurer que nos alliés comme le Japon ou la Corée du Sud aient confiance en notre capacité à être toujours là, et que notre présence n’est pas de celles qui se délitent avec le temps, parce qu’ils ont un voisin vraiment gros en face. Ils veulent être sûrs que si l’Amérique est leur partenaire-clé, cette Amérique-là va rester à leurs côtés contre vents et marées. Ensuite, vous avez tous ces pays plus petits, ou ceux qui sont en train de se développer, et qui se font une place dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-est, et ce que l’on y constate, c’est un énorme appétit pour plus d’engagement avec l’Amérique. Ils veulent faire plus d’affaires avec nous. Ils veulent plus de coopération avec nous en matière de défense. Et ce que nous avons été en mesure de faire ces six derniers mois, c’est de construire systématiquement cet ensemble de relations et de renforcer les plateformes de commerce, de renforcer la coopération pour la sécurité – tout depuis la façon dont on gère des secours après un désastre, pour que si quelque chose comme ce qui s’est passé aux Philippines arrive dans d’autres pays, on puisse travailler plus activement. Nous apprenons à intégrer la résilience à notre façon de traiter de la déforestation. Dans tous ces domaines où nous avons investi énormément, il y a eu des récompenses significatives.

Matthew Yglesias
Vous avez mentionné les Philippines, et vous disiez précédemment qu’il y aurait potentiellement gros à gagner en fournissant de l’assistance en Amérique Centrale. Est-ce que cela a réellement du sens de consacrer tellement de l’aide américaine vers l’étranger à un pays comme Israël qui est tout à fait prospère, quand il y a d’autres démocraties alliées dans d’autres régions du monde qui semblent avoir plus besoin d’assistance ?

Barack Obama
En fait, notre relation avec Israël est unique à bien des égards. C’est notre allié le plus fort dans la région. Nos liens de peuple à peuple sont inégalés. Et, en partie à cause de l’histoire du monde, les vulnérabilités d’une population juive au beau milieu d’un environnement vraiment hostile nous créent une obligation particulière à les aider. Je pense que la question la plus intéressante est que si vous considérez notre aide vers l’étranger comme un outil dans notre trousse de sécurité nationale, plutôt que comme de la charité, et que vous combinez notre budget de défense avec notre budget diplomatique et notre budget d’aide à l’étranger, alors dans cette réunion se trouvent beaucoup plus de choses que seulement ce que nous devrions faire pour aider le Honduras et le Guatemala à mettre en place un système de justice pénale, des services de police efficaces, et un développement économique qui crée des emplois. [11]

[11] Répartition du budget fédéral des USA, 2014


Source : Bureau Gestion et Budget de la Maison-Blanche

Matthew Yglesias
Alors vous voulez dire qu’il serait opportun de réattribuer ces ressources ?

Barack Obama
Eh bien, et une part du défi ici est juste la sensibilisation du public. Régulièrement, quand des sondages demandent aux gens quelle proportion du budget des affaires étrangères est consacrée à l’aide étrangère, ils répondent, “25 pour cent”. Ils sont persuadés que tout cet argent durement gagné qu’ils versent en impôts va d’une façon ou d’une autre à d’autres gens. Et si nous pouvons dire, cette proportion varie entre 1 et 2 pour cent selon ce que vous prenez en compte. Et si nous devions faire des investissements stratégiques dans des pays qui sauraient vraiment utiliser notre aide, alors nous n’aurions pas à déployer nos militaires aussi souvent, et nous serions dans une meilleure position pour coopérer avec d’autres pays pour faire cesser l’extrémisme violent. Donc je pense que les gens pourraient être convaincus par cet argument, mais traditionnellement nous n’en parlons pas en ces termes. C’est une des choses que je voudrais faire sur les deux prochaines années : essayer d’effacer cette ligne très marquée entre nos efforts militaires dans la sécurité nationale et nos efforts diplomatiques et d’aide aux pays étrangers. Parce que dans l’environnement d’aujourd’hui, nous devons penser à tout cela en un morceau.

Matthew Yglesias
La transformation de la Chine et sa prospérité croissante sont probablement la plus grande histoire de l’époque que nous traversons. Et cela me semble provoquer chez les américains une grande anxiété. Je veux dire, on a eu nos propres soucis économiques, mais aussi d’un point de vue géopolitique, c’est un pays avec un système politique très différent, avec des valeurs très différentes. Est-ce que vous pensez que les gens devraient s’en inquiéter ?

Barack Obama
Non, il n’y a pas de quoi nous inquiéter. En fait, nous devrions accueillir favorablement l’ascension paisible de la Chine, notamment dans une perspective simplement éthique. Voir des centaines de millions de gens sortir de leur extrême pauvreté, pouvoir nourrir leurs enfants et avoir une maison convenable : c’est une bonne chose que nous devrions encourager. De plus, une Chine en désordre est un grand problème parce qu’il y a beaucoup de chinois dans le monde et s’ils ne réussissent pas bien et qu’ils sont instables, c’est très dangereux pour la région.

Là où les américains ont une raison légitime de se sentir concernés, c’est qu’en partie cette ascension a eu lieu sur le dos d’un système international dans lequel la Chine ne portait pas son propre poids, ou elle ne suivait pas le code de la route que nous suivions, et dans certains cas, nous tenions le mauvais côté du bâton. [12] Ceci fait partie du débat que nous avons en ce moment sur les clauses du Partenariat Transpacifique, l’accord commercial pour lequel, vous le savez, nous sommes en pourparlers. Beaucoup de gens observent les 20 dernières années et disent, « Pourquoi voudrions-nous encore un autre traité commercial qui n’a pas été bon pour les ouvriers américains ? Il a permis à des entreprises américaines de délocaliser des emplois vers cette Chine aux bas salaires, et ensuite de revendre la production à Walmart. Et, oui, nous avons eu des chaussures de tennis moins chères, mais nous avons aussi perdu tous nos emplois. »

[12] L’exemple le plus remarquable ici, c’est probablement cette vieille discussion à propos de la politique monétaire chinoise, qui, particulièrement dans les années 2000, semblait calculée pour saper des productions américaines en créant un yuan artificiellement bon marché par rapport au dollar.

Et mon argument est double. D’abord : précisément parce que le mal est déjà fait, la question que nous essayons de traiter maintenant c’est, pouvons-nous monter la barre plus haut sur la main-d’œuvre, sur les normes environnementales, etc. dans cette région, et écrire un ensemble de règles qui seraient plus justes, parce que pour le moment ce n’est pas juste. Si vous voulez améliorer cela, alors nous avons besoin d’un nouveau régime commercial. Nous ne pouvons pas simplement compter sur l’ancien, parce qu’il ne marche pas pour nous.

Mais la deuxième raison pour laquelle c’est important, c’est parce que les pays avec lesquels nous sommes en pourparlers sont les mêmes pays avec lesquels la Chine tente de négocier. Et si nous n’écrivons pas les règles là-bas, la Chine le fera. Et les implications géopolitiques de l’écriture des règles par Chine, pour le commerce ou le droit maritime ou n’importe quelle sorte d’activité commerciale, signifient presque inévitablement que nous serons hors jeu ou profondément désavantagés. Nos entreprises seront désavantagées, nos travailleurs seront désavantagés. Donc quand j’entends, quand je parle à des organisations de salariés, je dis que, en ce moment, nous sommes extrêmement désavantagés. Pourquoi voudrions-nous maintenir le statu quo ? Si nous pouvons organiser un nouvel accord commercial dans lequel un pays comme le Viêt-Nam reconnaîtrait pour la première fois des droits aux salariés et que ceux-ci soient exécutoires, ce sera une grosse affaire. Cela ne signifie pas que nous n’allons pas encore voir des différences de salaire entre eux et nous, mais pour la plupart ils vendent déjà ici. Et ce que nous avons l’occasion de faire est de préparer des tendances à long terme qui nous maintiendront dans la partie, à un endroit où nous devons être.

Matthew Yglesias
Pourquoi pensez-vous que vous n’avez pas pu en persuader vos amis dans le mouvement ouvrier ? Ils regardent vraisemblablement ces questions d’assez près. Ils connaissent l’intérêt de leurs membres.

Barack Obama
Eh bien, voyez-vous, l’histoire, le récit, l’expérience que les gens ont vue pendant les 20 dernières années, c’est une réelle expérience, ce n’est pas quelque chose que nous nions. C’est pourquoi lors du discours sur l’état de l’Union, j’ai été très clair. J’ai dit, vous voyez, tous les accords commerciaux ne sont pas à la hauteur des espérances. Et il y a de vrais écarts dans le régime commercial en cours, ce qui signifie que des quantités de Toyota sont vendues ici et presque aucune Ford ou Chrysler ne se vend au Japon. Mais ce que je leur dis c’est que si, en fait, la situation actuelle nous désavantage, pourquoi voudrions-nous la pérenniser ?

Parfois leur réponse va être, eh bien, ce que vous faites ce n’est pas assez, ce que nous devons faire c’est obtenir l’autorisation des syndicats au Viêt-Nam, ou nous avons besoin que le Japon ouvre complètement ses marchés et supprime toutes ses barrières, et nous en avons besoin immédiatement. Et je leur réponds, je ne peux pas obtenir cela pour vous. Mais ce que je peux faire, c’est améliorer la situation actuelle pour des ouvriers américains et pour les entreprises américaines qui essayent d’exporter là-bas. Je peux ouvrir plus de marchés que ce qu’il y a d’ouvert pour l’instant, pour que des fermiers américains puissent y vendre leurs marchandises. Et vous savez, mieux c’est mieux. Ce n’est pas la perfection.

Ces expériences survenues ces 20 dernières années ne s’oublient pas facilement et la charge de la preuve repose sur nous, alors nous devons être très clairs et transparents en termes de ce que nous essayons d’accomplir. C’est un défi similaire à celui que nous avons dans nos négociations avec l’Iran.

Et je conclurai peut-être sur ce point, parce que la question a un grand intérêt : les gens ont raison de se méfier de l’Iran. L’Iran a parrainé le terrorisme d’état. Il a fait constamment, aux niveaux les plus hauts, des déclarations anti-israéliennes déplorables. Il est répressif à l’égard de son propre peuple et il est clairement et sans conteste prouvé que dans le passé ils ont essayé de développer des programmes d’armement et qu’ils ont essayé de le dissimuler. [13] Donc c’est un fait. Et il est compréhensible que les gens se sentent concernés, tant ici que dans le monde.
[13] L’Iran appuie depuis longtemps un grand nombre de groupes radicaux de la région, notamment mais pas seulement le Hezbollah. Le gouvernement a brutalisé les manifestants pour la démocratie, et plusieurs dirigeants ont promis d’éliminer l’état d’Israël.

Mais ce que j’ai aussi dit c’est que l’accord que nous avons conclu, cet accord provisoire favorisé par un régime de sanctions sévères que l’on a mis en place, nous offre la meilleure occasion de résoudre le problème d’un Iran nucléarisé sans recourir à la puissance militaire. L’Iran négocie sérieusement pour la première fois, et ils ont fait jusqu’ici des concessions réelles dans les négociations. Nous avons pu geler le programme pour la première fois et, en fait, faire reculer certains éléments du programme, comme les réserves d’uranium ultra hautement enrichi. Et donc à nous donner deux à trois mois supplémentaires pour épuiser toutes les possibilités d’une résolution diplomatique alors que personne ne nie, y compris nos agences de renseignement, et le Mossad et d’autres, personne ne nie le fait que l’Iran en ce moment même s’en tient aux termes de notre accord, donc nous ne perdons pas de terrain. Ils ne sont pas en train de développer clandestinement une arme au moment où nous parlons. Donner deux ou trois mois pour se représenter ça, pour nous c’est pertinent.

Maintenant, même chose en ce qui concerne les échanges. Vous allez rencontrer des gens qui vont être sceptiques, et leur réflexe va être, et bien, accumulons plus de sanctions, écrasons-les un petit peu plus, et quel que soit l’accord que l’on conclut, ils vont essayer de tricher, et on ne peut pas leur faire confiance, et ça va être un mauvais accord – et on me le dit, tout ça. [14] Mais mon message c’est que nous devons essayer la proposition, et si, en fait, l’accord est conclu, alors ce sera un accord que chacun, partout dans le monde, pourra surveiller. Et chacun sera en mesure de déterminer, est-ce que cela empêche dans les faits l’Iran d’avoir l’arme nucléaire ? Si la réponse est oui, alors c’est un bon accord. Si la réponse est non, alors ce n’est pas un accord que j’ai intérêt à signer. Il peut y avoir quelques arguments techniques, en partie parce qu’il y en a qui ne seront satisfaits que lorsque le régime iranien sera remplacé. Ils n’aiment même pas l’idée que l’Iran puisse avoir quelque technologie nucléaire que ce soit ou un savoir-faire nucléaire.

[14] Obama fait référence à un projet de loi introduit au sénat par Robert Menendez (Démocrate – New-Jersey) et Mark Kirk (Républicain – Illinois) qui imposerait de nouvelles sanctions à l’Iran, violant la part des États-Unis de l’accord, et tuerait probablement les négociations.

Matthew Yglesias
Lors de votre première campagne, il y avait une discussion comme quoi vous pourriez tenir des négociations directes avec des pays comme celui-là.

Barack Obama
Eh bien, nous avons eu des négociations directes. C’est exactement ce que nous sommes en train de faire. Nous essayons actuellement la proposition, et la question alors, Matt, c’est si l’Iran peut ou pas dire oui à la communauté internationale qui a décidé que c’était une démarche juste, donnant à l’Iran la possibilité de réintégrer la communauté internationale en vérifiant qu’il n’y a pas volonté de se doter de l’arme nucléaire.

Mais c’est une autre illustration de la remarque générale que j’ai faite au début. Voici une bonne façon de résumer : nous ne pouvons pas garantir que les forces à l’intérieur de l’Iran acceptent ce qui devrait être vu comme un bon accord pour l’Iran. Nous ne pouvons pas garantir qu’ils prennent une décision rationnelle, pas plus que nous pouvons garantir que M. Poutine prenne des décisions rationnelles à propos de quelque chose comme l’Ukraine. Il faut nous prémunir militairement contre leurs efforts. À toute agression qu’ils peuvent manifester, nous devons répondre de manière ferme et énergique. Mais nous devons aussi voir si des choses comme la diplomatie, des choses comme les sanctions économiques, des choses comme la pression internationale et les normes internationales, feront en réalité une différence.

Nos succès arriveront de manière irrégulière, et parfois il y aura une avancée significative, parfois vous n’améliorerez que modestement les choses. Et parfois le coup que vous jouerez ne marchera pas, et il vous faudra un plan B et un plan C. Mais la trajectoire globale, l’objectif global, est un monde dans lequel l’Amérique continuera à mener, que nous pousserons dans la direction d’une plus grande sécurité, de plus de normes et de règles internationales, plus de droits de l’homme, plus de liberté d’expression, moins d’intolérance religieuse. Et ces efforts se cumulent avec le temps, et je suis persuadé qu’il y a pour nous un moyen de maintenir notre idéalisme, de garder la tête froide dans nos analyses, en nous confrontant aux dangers sans les exagérer. L’Amérique, j’en suis certain, sera la nation indispensable pour le reste de ce siècle tout comme elle l’était durant le précédent.

Source : Vox, le 23/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/obama-lamerique-sera-la-nation-indispensable-pour-le-reste-de-ce-siecle/


[Média] BFM Business, Les Experts – 16 mars

Thursday 19 March 2015 at 01:59

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec Philippe Manière, président-fondateur de FootPrint Consultant et Henri Pigeat, directeur de la lettre Ilissos.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

Partie 2 :

Bonus : un petit rappel historique :

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Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

“La loi santé est un enfumage inutile économiquement et politiquement”

“L’inflation pour financer la dette publique n’est pas pertinent”

:”Ce n’est pas notre génération qui va mettre en place des mécanismes de solidarité”

L’euphorie du Quantitative Easing, “de la drogue gratuite” avant la descente

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N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

Utilisez aussi Twitter : https://twitter.com/NicolasDOZE

Source: http://www.les-crises.fr/media-bfm-business-les-experts-16-mars/


“Moi, censuré par la France pour mes opinions politiques”

Thursday 19 March 2015 at 00:25

L’excellent site Numerama publie aujourd’hui la lettre ouverte du créateur d’Islamic-News.info, censuré par le gouvernement.

Ceci n’implique évidemment aucun soutien de fond aux propos du site, mais seulement à un principe de forme : la liberté d’expression (Charlie toutçatoutça) ne peut être limitée que par la loi, et seul un juge peut déterminer si la loi a été respectée ou non.

Cette affaire montre donc les problèmes soulevés par la loi de 2014, largement dénoncée à l’époque, en particulier sur ce site.

Depuis le début de semaine et l’annonce du blocage du site Islamic-News sur ordre du ministère de l’intérieur, Numerama s’interroge sur la réalité de l’accusation qui vaut au média d’être bloqué pour apologie du terrorisme. Même la presse la mieux informée ne fournit pas d’explication à ce qui pourrait bien être un abus de pouvoir portant atteinte à la liberté d’expression. Un sentiment renforcé par la longue lettre ouverte communiquée en exclusivité à Numerama par le créateur d’Islamic-News.info, et que nous avons choisie de publier telle qu’elle, sans en changer une virgule.

Quelle réponse donner au blocage administratif décidé par le gouvernement français ? Dois-je me lancer dans une diatribe stérile contre cet Etat qui se veut le défenseur de la liberté d’expression lorsqu’il s’agit d’insulter le christianisme et l’islam mais place les verrous lorsqu’il s’agit de s’opposer à sa politique extérieure ? Le choix a été vite fait : je laisse tomber un combat perdu d’avance tout en contestant fermement les accusations. Mais je n’abandonne pas pour autant mon esprit critique.

Pour que mon message soit le plus clair possible, je vais l’articuler en plusieurs points. D’abord lever le voile sur islamic-news.info, ensuite expliquer en quoi la censure est politique.

Le projet Islamic-News

Le site islamic-news.info a été fondé en mai 2013. Je l’ai créé quelques mois après ma sortie de l’université, mon diplôme de droit international public, diplomatique et consulaire en poche. Si j’utilise la première personne pour écrire, ce n’est pas pour rien. Islamic-News.info repose depuis le tout début sur une seule personne. J’ai écrit moi-même la totalité des articles, du premier jusqu’au dernier. Je suis donc le seul responsable et le seul à qui parler pour évoquer islamic-news.info. Aucun groupe, aucune organisation, aucun mouvement n’est derrière le site. Cette précision a toute son importance car elle démontre le mensonge de Bernard Cazeneuve.

En effet, dans un article de FranceTVinfo, Bernard Cazeneuse revenait sur les censures mises en place et déclarait :  « Les cinq premiers sites (dont Islamic-news.info – c’est moi qui cite) sont tous animés par des groupes répertoriés par les services de renseignement et font tous l’apologie du terrorisme. »

Et non monsieur Cazeneuve, aucun groupe n’animait le site islamic-news.info. Aucun groupe ni organisation proche de l’Etat islamique ou d’Al-Qaïda ne l’animait, ni ne le finançait. Le site était dirigé par un seul homme, qui vit en Europe et qui est inscrit légalement sur les registres d’OVH et qui paie avec son propre compte en banque le serveur qu’il loue auprès du numéro 1 français. Aucun cryptage de données n’est utilisé, aucune combine, absolument rien, tout est transparent car il n y a rien à cacher. Je n’avais besoin que de 50 euros par mois pour faire tourner le site et lui donner une allure professionnelle, avec un certain succès d’ailleurs. Des journalistes professionnels m’ont même contacté pour me proposer des articles. Un photojournaliste palestinien de Gaza m’avait offert ses services lors de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza, durant l’été 2014. Le nouvel Observateur a cité l’un de mes articles comme source dans la rédaction de l’un de ses billets sur la Syrie. Wikipedia a indexé plusieurs de mes articles comme « références sérieuses ». Bref, pendant près de 2 années, il n y a avait rien à redire. Personne ne trouvait le moindre argument pour démontrer notre illégalité. En 2 ans, j’ai attiré près d’un million de visiteurs uniques. Aucun n’a jamais trouvé élément à contester.

La pertinence des accusations de l’Etat français :

1. Site qui provoque au terrorisme :

Dois-je rire ou pleurer ! Imaginez-vous deux secondes. Un site internet créé en Europe, hébergé en Europe, financé en utilisant mes coordonnées bancaires officielles, avec ma carte d’identité à disposition de l’hébergeur, bref un site totalement transparent qui inciterait ou provoquerait à des actes de terrorisme. Je ne suis pas spécialiste du droit français, mais je sais ce qu’est la provocation au terrorisme, même s’il est difficile de déterminer les limites juridiques du concept. L’incitation ou la provocation au terrorisme n’a aucun sens pour moi, aucun intérêt. Je suis convaincu que mille mots sont plus efficaces que tout acte de violence. C’est ma conviction personnelle. Je n’ai pas étudié 5 années dans l’une des meilleures universitaires européennes pour en sortir « radicalisé » et « assoiffé de sang ». La meilleure manière de prouver cela est de citer un article que j’ai écrit début 2014. J’avais vivement dénoncé les propos d’un combattant en Syrie qui encourageait à commettre des attentats en Europe. J’avais souligné le danger de ce genre de message et ses conséquences néfastes sur la population musulmane en Europe, qui n’a vraiment pas besoin de ça en ces moments. Et cet article je l’ai écrit par conviction personnelle. Bref, appeler les lecteurs à commettre des attentats est impensable, cela dépasse tout bon sens.

2. Le site fait l’apologie du terrorisme :

L’apologie du terrorisme c’est d’abord et avant tout la volonté de montrer « sous un jour favorable » des actes de terrorisme, de les présenter comme « légitimes », voire « nécessaires ». En résumé, c’est défendre les actes de terrorisme commis et se féliciter de leur survenance. Rien, absolument rien, dans ce que j’ai écrit ne fait passer les actes terroristes sous un jour favorable ni ne les légitime. Et puis de quels actes de terrorisme parle-t-on ? Je n’ai pas écrit un mot sur la tuerie de Charlie Hebdo, pas un mot sur les décapitations de l’Etat islamique, pas un mot sur le jordanien brûlé vivant, pas un mot sur les soldats alaouites et chiites massacrés. Bref, j’ai sciemment évité les sujets polémiques qui pourraient être mal interprétés.

En outre, et contrairement à ce qu’avance le ministre de l’intérieur, je n’ai jamais diffusé la moindre vidéo de l’Etat islamique sur mon site. Je ne suis pas idiot. Si je publiai leurs vidéos officielles, je me ferai complice de sa diffusion. Serais-je inconscient à ce point ? Je sais distinguer le légal de l’illégal et je sais où s’arrête la liberté d’expression.

J’aimerai également attirer votre attention sur l’un des articles les plus influents que j’ai écrit. J’avais abordé la question des jeunes européens qui s’engageaient en Syrie pour mener le djihad. J’avais fait un appel public pour qu’ils n’aillent pas se faire tuer pour rien en Syrie dans une guerre qu’ils ne comprennent pas. Mais je ne leur ai pas conseillé d’oublier la Syrie. Au contraire, je leur ai rappelé que 10 millions de réfugiés syriens crèvent de faim et qu’ils feraient mieux d’aider ces réfugiés en récoltant des dons, par exemple, car ce sont eux qui ont le plus besoin de leur aide et non pas les militants de l’Etat islamique. Je crois fermement que les jeunes européens n’ont pas à s’engager militairement en Syrie. Je l’ai écrit, non pas pour faire plaisir aux autorités, mais simplement parce que c’est ma conviction profonde.

Mais alors sur quoi le gouvernement français a-t-il fondé son blocage ? Je pense que la raison est politique. Ma position peut choquer à partir du moment où je vise davantage les opposants de l’Etat islamique plutôt que lui-même. Le fait que je ne critique pas ce groupe constitue pour certain un indice de soutien. Mais cela reste une supposition. D’abord parce que l’Etat islamique n’a certainement pas besoin de moi pour leur propagande. Qu’il se débrouille tout seul, je ne suis pas prêt à me sacrifier pour lui. Et puis je considère que le principal danger en Syrie et en Irak ce n’est pas cette organisation mais c’est l’ingérence iranienne chiite qui profite du chaos pour répandre son influence. Les dirigeants occidentaux sont complices de cette ingérence mais elle les arrange volontiers puisque les Iraniens sont les seuls à accepter d’envoyer des soldats affronter au sol les hommes de l’EI. Que l’on se comprenne bien. L’Etat islamique constitue une menace certaine pour l’occident mais, selon moi, elle n’est rien comparée à l’Iran. En ressort de mes articles une charge sévère contre les chiites iraniens, contre les Kurdes, mais également contre la coalition occidentale en Syrie et en Irak. Autrement dit, je suis davantage « anti » que « pro ». Pour l’Etat français, « les ennemis de mes amis sont mes ennemis », visiblement.

Le journaliste David Thompson m’accuse d’être favorable aux djihadistes qui combattent en Syrie et en Irak. En fait, ma position de départ est simple : je suis radicalement opposé à Bachar al-Assad. Et comme dit plus haut, je suis davantage « anti » que « pro ». Mon opposition viscérale anti-Bachar laisse entendre un soutien à ses opposants, ce qui n’est pas nécessairement vrai. Je m’attaque uniquement à Bachar, et non pas à ses opposants.

Je pense donc que j’ai payé mon engagement politique à la fois contre l’interventionnisme militaire arabo-occidental et chiite dans la région et contre les groupes armés soutenus par les acteurs précités. Ce qui a fait dire au Monde que je suis contre la « propagande chiito-occidentale ». Absolument, je me décris comme un opposant de la propagande chiito-occidentale et il me semble que cela est mon droit de l’être, quitte à ulcérer certains. Être contre cette propagande n’est pas illégal. C’est même la règle du jeu. Cela ne signifie pas non plus un anti-occidentalisme primaire. Les va-t’en guerre aux commandes des Etats occidentaux ne représentent pas l’occident dans sa globalité.

Je suis parfaitement conscients que mes articles ont pu déranger voire même choquer mais il y a une exagération dans ce blocage. Savez-vous qu’il existe des sites qui diffusent du contenu de l’Etat islamique et qui sont toujours libre d’accès en France ? On dira qu’ils sont maintenus ouverts pour les surveiller. Mais je pense que cela cache surtout une autre réalité : l’Etat français ne peut pas s’attaquer aux gros sites par un simple blocage administratif. Il sera pointé du doigt par tout le monde et sera attaqué en justice par les hébergeurs. Mais en revanche bloquer un petit site comme le mien, il l’a fait directement car il savait pertinemment que personne ne s’en rendra vraiment compte et que je n’aurai pas les moyens de leur tenir tête. De plus, personne ne s’indignera. Il a eu raison.

Comme dit en préambule, islamic-news.info c’est fini. Le mal est déjà fait. L’étiquette du « terrorisme » a été déposée et personne ne pourra l’enlever même pas la décision d’un juge. La page Facebook a été supprimée sans aucune raison. Mon compte Facebook personnel est vide, je n’ai jamais rien publié et pourtant il a été supprimé. J’ai fait un appel auprès de Facebook. J’attends leur réponse.

Pour finir, un aspect technique. Le site n’est pas supprimé. Le serveur est simplement down car je n’ai pas réglé à temps la facture. Aussi simple que cela.

Source : Numérama

Quand Le Monde explique pourquoi 5 sites sont bloqués

Ah, Le Monde, toute une histoire…

Le Monde constate que 5 sites ont été bloqués, mais n’a obtenu des explications que pour quatre d’entre eux. Le cinquième est-il censuré uniquement parce qu’il est un “média de contre-information anti-kurde”, selon les termes du quotidien ?

Doit-on considérer comme un fait acquis que les cinq sites internet dont le ministère de l’intérieur a ordonné le blocage sont effectivement des sites “dont le contenu provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme“, comme l’affirme la page officielle vers laquelle sont redirigés leurs visiteurs ? En l’absence d’ordonnance publique ou de jugement sur lequel apparaîtraient les motifs de la décision, l’internaute en est réduit soit à faire confiance aux services de police sur la qualité de leur jugement, soit à vérifier par eux-mêmes en contournant le blocage. Soit à faire confiance aux médias qui tentent de comprendre pourquoi un site de presse est censuré sur ordre de la police française, fut-ce un média islamique engagé.

Par souci d’exercer le rôle de contre-pouvoir reconnu à la presse en démocratie, Numerama a tenté de comprendre pourquoi Islamic-News.info figurait parmi les sites censurés. Mais nous n’avons rien trouvé de probant sur la prétendue apologie d’actes de terrorisme, ni dans les archives publiques du site internet, ni sur la page Facebook censurée à son tour.

Hélas, et à notre grand étonnement, il semble que nous soyons à peu près les seuls à nous préoccuper d’une éventuelle censure abusive, qui confirmerait nos craintes sur les dérives du dispositif placé dans les mains de l’administration au mépris de la séparation des pouvoirs, et en l’absence de toute validation par le Conseil constitutionnel.

Ce mardi, Le Monde apporte des bribes d’explication sur le blocage des cinq sites internet (jihadmin.com, mujahida89.wordpress.com, is0lamnation.blogspot.fr, alhayatmedia.wordpress.com et islamic-news.info). Mais il le fait d’une bien étrange manière. Ainsi le quotidien rapporte que les cinq sites sont “deux portails d’audience nationale et internationale (qui) côtoient deux blogs amateurs, dont un déclaré inactif par son auteur depuis début mars, et un média de contre-information anti-kurde“. Ce dernier est bien Islamic-News.info. Mais à la question “que leur reproche le ministère de l’intérieur”, voici la réponse du Monde : “Essentiellement d’héberger du contenu djihadiste. L’un de ces sites publie la traduction d’un discours d’Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l’Etat islamique. Deux autres sites permettent de télécharger le magazine d’Al-Qaida, Inspire. Le quatrième relaie des vidéos de propagande de l’EI“. Aucune explication n’est fournie sur le cinquième site censuré.

Il faut espérer que ce ne soit pas uniquement parce qu’il s’agit d’un “média de contre-information anti-kurde“, ce qui serait un cas flagrant de censure politique. Mais hélas, personne à notre connaissance n’a su pour le moment présenter la moindre preuve de ce que Islamic-News.info diffusait effectivement du contenu qui “provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme”. 

Faut-il donc fermer les yeux et accepter cette accusation comme un fait établi ?

Voir l'image sur Twitter

Source : Numérama

Islamic-News perd aussi sa page Facebook. Mais pourquoi ?

Ayant été classé par le ministère de l’intérieur parmi une première liste de sites faisant l’apologie du terrorisme, Islamic-News.info a été bloqué par les FAI, sans décision de justice. Mais le média islamique a également perdu son hébergeur OVH, son compte Twitter et sa page Facebook. Sans qu’aucune preuve des accusations ne soit apportée. Un site polémique ? Oui. Choquant ? Probablement. Illégal ? C’est moins sûr.

Il aura donc suffi d’un ordre de la police française, sans passer par l’avis d’un juge indépendant, pour faire disparaître tous les moyens de communication en ligne du site Islamic-News.info, qui disait publier “l’essentiel de l’actualité dans le monde musulman“. Selon nos constatations, la page Facebook du site qui avait réuni plus de 40.000 “j’aime” a été supprimée mardi, alors qu’elle était toujours ouverte (mais inactive) après la décision du ministère de l’intérieur d’exiger le blocage du site d’information islamique, accusé de faire l’apologie d’actes de terrorisme ou de provoquer à des actes de terrorisme (une accusation grave que nous n’avons pas réussi à confirmer).

Auparavant, le compte Twitter et l’hébergement du site sur OVH avaient également été suspendus, les plateformes et intermédiaires techniques craignant certainement d’être accusés de complicité d’apologie du terrorisme s’ils continuaient à fournir à Islamic News les moyens de s’exprimer. Personne ne répond par ailleurs ce mardi à l’adresse e-mail hébergée par Outlook (donc Microsoft), peut-être à son tour désactivée.

Dans les publications que nous avons pu consulter sur la page Facebook d’Islamic News, encore visibles en cache au moment où nous écrivons ces lignes, aucun message ne fait explicitement l’apologie du terrorisme ou appelle les lecteurs à commettre des attentats.

Dans leurs commentaires des conflits arabes, les animateurs du site se montrent sans ambiguïté d’une grande véhémence contre ce qu’ils appellent les “terroristes kurdes” du YPG (Unités de Protection du peuple kurde), qui combattent les forces de l’Etat Islamique, et ils dénoncent “la barbarie de ces criminels racistes envers les civils arabes sunnites“. Le site affiche aussi ses positions pro-palestiniennes et s’en prend donc à Israël, qu’il appelle “l’entité sioniste”, reprenant ainsi une terminologie employée par l’Iran.

CENSURE LÉGALE OU ACTE DE GUERRE ?

Mais même s’il ne condamne pas leurs exactions, jamais dans ce que nous avons pu lire Islamic News n’appelle quiconque à tuer les forces opposées à l’Etat Islamique, et encore moins à abattre des civils. La frontière qui sépare l’opinion politique choquante mais légale, et l’apologie illicite du terrorisme, a-t-elle réellement été franchie par Islamic News ? A cet instant, à notre connaissance, rien ne nous permet de le confirmer.

Or si réellement Islamic News est accusé à tort et ne bénéficie pas de la protection d’un juge (procédure administrative oblige), nous serions là en présence d’une forme moderne de censure politique ordonnée par intérêt stratégique et patriote, et non d’une censure légitime fondée sur l’état de droit. C’est exactement ce que nous avions redouté en écoutant l’ouverture des débats parlementaires sur la loi anti-terrorisme de 2014, où les mots “nous sommes en guerre” avaient été répétés à l’envi pour justifier des mesures d’exception.

Il n’est pas de guerre sans propagande de guerre, où chaque camp défend sa conviction d’être dans celui du bien et de combattre le camp du mal. Il faut mobiliser ses troupes et faire accepter à son peuple les efforts de guerre. Les pertes de libertés en font partie“, avions-nous prévenu. “Il n’est pas non plus de propagande de guerre sans contre-propagande. Il faut répondre avec force à la propagande de l’adversaire. Or au 21ème siècle, cela consiste notamment à contrôler les réseaux sociaux que peut utiliser l’ennemi, et à bloquer l’accès aux sites web qui leur permettent de faire connaître non seulement leurs actes de guerre les plus atroces, mais aussi leurs motivations qui peuvent apporter des nuances que le manichéisme d’une guerre ne saurait tolérer.”

Source : Numérama

10 problèmes posés par la censure d’Islamic-News.info

En ordonnant la censure d’Islam-News.info sur simple décision administrative, le Gouvernement a donné raison à ceux qui craignaient que le dispositif introduit par la loi anti-terrorisme de 2014 soit utilisée abusivement.

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  1. Ce blocage, que nous voulons ciblé et limité au strict nécessaire“, avait promis Bernard Cazeneuve lors de l’ouverture des débats parlementaires le 15 septembre 2014. Mais est-ce vraiment “ciblé et strictement nécessaire” que de bloquer sans jugement contradictoire l’accès à un site internet de presse ainsi accusé de faire l’apologie du terrorisme, ce qu’il dément ? Nos quelques recherches dans le cache de Google ou sur la page Facebook du site n’ont pas permis de trouver de contenus mis en en ligne par Islamic-News qui appelleraient à commettre des actes terroristes ou se féliciteraient d’attentats commis ou projetés.
  2. Cela ne veut pas dire que des contenus illicites n’existent pas, mais la démocratie ne devrait pas imposer de faire confiance à la police sur la qualité de ses propres jugements. La démocratie impose la transparence. Chaque citoyen doit pouvoir vérifier le bien-fondé des décisions prises en son nom, or en l’espèce le blocage n’est pas motivé par la moindre décision publique. Il est affirmé sur la page de redirection que le contenu d’Islamic-News “provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme“, mais sans que le moindre début de preuve soit apporté. Or l’internaute ne peut pas lui-même vérifier, sauf à contourner le blocage qui l’empêche de vérifier le bien-fondé de l’accusation.
  3. Lors des débats parlementaires, le ministre avait affirmé que les sites bloqués seraient des sites dont l’illégalité ne ferait aucun doute. Or l’illégalité de Islamic News ne semble pas être de la première des évidences. C’est bien pour cela que le rôle du juge est primordial, et que l’on craint que ce soit aussi pour cela que le juge est contourné. Garant des libertés, il aurait peut-être jugé que le site exerçait son droit à la liberté d’expression, fut-ce pour proférer des opinions choquantes qui déplaisent au Gouvernement, ou qui sont contraires à ses intérêts stratégiques.
  4. Pour justifier le recours aux ordres de police plutôt qu’à la justice, le Gouvernement avait argué de la nécessité d’aller vite pour contrer la propagande lorsqu’elle apparaissait sur Internet, sans subir la lenteur judiciaire. Mais Islamic News était en ligne depuis 2013. Où était l’urgence de faire fermer ce site en particulier, en se passant y compris d’une procédure de référé, accomplie en quelques jours à peine ?
  5. Rappelons que la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) estime que “l’essence de la démocratie tient à sa capacité à résoudre des problèmes par un débat ouvert” et que “des mesures radicales de nature préventive visant à supprimer la liberté de réunion et d’expression en dehors des cas d’incitation à la violence ou de rejet des principes démocratiques – aussi choquants et inacceptables que peuvent sembler certains points de vue ou termes utilisés aux yeux des autorités, et aussi illégitimes les exigences en question puissent-elles être – desservent la démocratie, voire, souvent, la mettent en péril“. Tout le problème est de savoir si Islamic News incitait effectivement à la violence, ce qui n’est pas publiquement démontré.
  6. Dans son étude d’impact, le Gouvernement justifiait la nécessité d’un blocage administratif par le fait que “la grande majorité des sites faisant l’apologie du terrorisme et provocant à une radicalisation, à l’instar des sites pédopornographiques, sont hébergés à l’étranger“. En l’espèce, Islamic-News était hébergé en France par OVH. L’hébergeur n’a pas été sollicité, faute pour Islamic-News d’avoir signalé publiquement dans des mentions légales qu’il était hébergé chez ce prestataire (ce qui pouvait néanmoins se vérifier très facilement, le ministère de l’intérieur ayant préféré ne pas diligenter la moindre enquête).
  7. Le recours gracieux ou le recours hiérarchique seront réputés rejetés en l’absence de réponse dans les deux mois. Il suffira donc que les services du ministère de l’intérieur gardent le silence pour conserver le blocage sans avoir à s’en expliquer. La seule possibilité pour le site en cause sera d’attendre l’expiration des deux mois pour introduire un recours au fond devant le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, ou de tenter une procédure de référé-liberté.
  8. Le blocage administratif des sites d’apologie du terrorisme a été imposé dans la loi sans vérification par le Conseil constitutionnel, alors que l’examen de sa jurisprudence ne permet absolument pas de prédire son approbation. S’il a validé le blocage des sites d’images pédophiles sur ordre policier, c’est sur la base d’un constat objectif : la présence d’images pornographiques impliquant des enfants. L’apologie du terrorisme est en revanche un sujet beaucoup plus subjectif, qui impose certainement l’examen judiciaire.
  9. Sur le fond, le blocage du site est un signe de faiblesse de la part de la France, qui n’a pas suffisamment foi dans la force de conviction de ses propres arguments, et se sent obligée à la fois de payer Google pour faire connaître ses arguments, et de censurer les sites de ses adversaires. Or ce n’est certainement pas en démontrant ainsi sa faiblesse que l’on combat le mieux le terrorisme, qui puisera de la force dans cette censure.
  10. En redirigeant les internautes vers une page d’accueil sous son contrôle, le ministère de l’intérieur se donne les moyens de connaître les adresses IP de tous les internautes qui demandent à visiter ces sites, potentiellement au mépris de la liberté d’opinion. Nous attendons des précisions du Gouvernement sur la politique de conservation des données de connexion, et leur éventuelle exploitation.

Source : Numérama

“Nous sommes en guerre”, ou comment légitimer la censure de l’ennemi

Lundi soir lors de l’ouverture des débats sur le projet de loi de lutte contre le terrorisme, qui prévoit notamment la censure sur ordre de l’Etat des sites faisant l’apologie du terrorisme, les députés ont justifié la mesure par l’état de “guerre” dans laquelle la France serait plongée. Ou comment le blocage doit servir à la contre-propagande de guerre. 

Nous sommes en guerre“. Lors de la discussion générale à l’Assemblée Nationale sur le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par Bernard Cazeneuve, l’expression est revenue lundi soir à de nombreuses reprises, pour justifier les mesures d’atteintes aux libertés prévues par le texte. Si la formule a surtout été prononcée par la droite de l’hémicycle, le gouvernement et la majorité ne l’ont pas contestée, loin s’en faut. Les débats doivent donc reprendre ce mardi soir, dans une inquiétante ambiance belliqueuse de renoncement à nos propres valeurs, signe ultime de la victoire du terrorisme qui, par la peur, parvient à faire reculer les libertés.

Monsieur le ministre, notre pays est en guerre“, entama ainsi le député UMP Eric Ciotti. “Notre pays est en guerre contre le terrorisme et contre l’expression qu’il revêt aujourd’hui : celle du fanatisme religieux et de l’extrémisme, celle qui arbore le visage de l’État islamique. (…) Face à cette situation de guerre, nous devons manifester notre unité“.

Pierre Lellouche (UMP) jugeait en effet la situation similaire à la première guerre mondiale. “Seule s’impose, comme ici même il y a un siècle, l’union sacrée de toute la représentation nationale, de tous les républicains, face à ce qu’il faut bien appeler une guerre. Cette guerre nous est imposée par une frange fanatique du monde musulman“. “Il nous faut prendre conscience que nous n’en sommes qu’au début de cette guerre“, a-t-il même ajouté.

On vient de nous déclarer la guerre. La France, unie autour de son président et de son gouvernement, unie autour de son assemblée, saura y répondre“, promettait à son tour Alain Tourret, député radical du Calvados.

Des formules similaires ont été prononcées par les députés UMP Guillaume Larrivé (“Un ennemi nous a déclaré la guerre. Cet ennemi, il faut le nommer, il faut le regarder pour ce qu’il est, il faut le combattre : c’est l’islamisme radical armé, le djihadisme, qui veut détruire, par la terreur la plus barbare, nos sociétés démocratiques“), Jacques Myard (“La réalité est simple et tragique, comme l’Histoire : nous sommes en guerre“), Thierry Mariani (“La France peut considérer qu’elle est en guerre contre le terrorisme“), ou encore Xavier Bertrand (“Nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre contre le terrorisme, nous sommes en guerre contre le terrorisme djihadiste“).

“SAVOIR SUSPENDRE LES LIBERTES DEMOCRATIQUES”

Ainsi les choses sont claires. Il n’est pas de guerre sans propagande de guerre, où chaque camp défend sa conviction d’être dans celui du bien et de combattre le camp du mal. Il faut mobiliser ses troupes et faire accepter à son peuple les efforts de guerre. Les pertes de libertés en font partie.

Il n’est pas non plus de propagande de guerre sans contre-propagande. Il faut répondre avec force à la propagande de l’adversaire. Or au 21ème siècle, cela consiste notamment à contrôler les réseaux sociaux que peut utiliser l’ennemi, et à bloquer l’accès aux sites web qui leur permettent de faire connaître non seulement leurs actes de guerre les plus atroces, mais aussi leurs motivations qui peuvent apporter des nuances que le manichéisme d’une guerre ne saurait tolérer.

Alain Tourret l’expliquait très bien lundi soir, en convenant qu’il fallait “suspendre des libertés démocratiques” au nom de cette guerre contre les terroristes. “Je n’ai pas dit « supprimer », j’ai dit « suspendre » ! Nous avons su, dans notre histoire, suspendre à un moment donné les libertés démocratiques. Celles-ci, en effet, ne peuvent pas avoir le même contenu en temps de paix et en temps de guerre. Or la guerre nous a été déclarée.”

C’est aussi l’avis de Philippe Goujon (UMP). “Puisque la guerre a lieu aussi sur internet, la responsabilisation des hébergeurs de sites quant aux contenus publiés ainsi que la procédure de blocage prévue par ce projet de loi démontrent qu’internet ne saurait constituer une zone de non-droit (…) Ne laissons subsister aucune faille dans notre arsenal juridique pour gagner la guerre contre le terrorisme et la barbarie“.

C’est le député Alain Marsaud (UMP) qui laissa le plus éclater la franchise, dans un discours qui a gêné jusqu’à son propre camp. Il reprocha au ministre Bernard Cazeneuve d’avoir cherché à expliquer “que vous n’étiez pas en train de vous asseoir sur les libertés individuelles et les libertés publiques“, alors que “ce n’est pas là le procès que nous vous ferons, bien au contraire !“.

Vous m’invitez à m’asseoir sur les libertés pour faire en sorte que la sécurité soit assurée dans notre pays. Tant que ce gouvernement sera en situation de responsabilité et que je serai ministre de l’intérieur, ce ne sera jamais le cas“, lui répondit Bernard Cazeneuve. En ne convaincant que les quelques députés présents dans l’hémicycle.

Source : Numérama, 09/2014

Source: http://www.les-crises.fr/moi-censure-par-la-france-pour-mes-opinions-politiques/


Armez l’Ukraine et vous prenez le risque d’une autre « Chute du Faucon Noir », par Eugene Rumer

Wednesday 18 March 2015 at 00:48

[NdT : référence au livre de Mark Bowden sur l'échec de l'intervention militaire américaine en Somalie, duquel Ridley Scott a produit le film du même nom]

La logique est perverse, mais elle est assez simple à saisir. L’armée ukrainienne, mal équipée, ne peut pas à elle seule infliger suffisamment de dommages à l’insurrection séparatiste soutenue par les russes pour forcer cette dernière à accepter un cessez-le-feu effectif qui pourrait conduire à la négociation d’une trêve. Par conséquent, l’Amérique devrait aider en envoyant des armes défensives, et certaines armes létales aussi. Une fois que les cercueils commenceront à arriver à Moscou (selon cette théorie) le président Vladimir Poutine fera marche arrière, de crainte d’une réaction violente de la part du public déjà exaspéré par la montée de l’inflation.

Voici l’argumentaire présenté par un groupe d’anciens officiels américains de haut rang, et on rapporte qu’il est en train d’être discuté au sein de l’administration Obama. Il est néanmoins profondément erroné. Visant à aider un pays dévasté, cela pourrait au contraire prolonger l’agonie de l’Ukraine et la détourner de la tâche vitale qu’est la reconstruction. Il est hautement improbable que cela fasse dévier M. Poutine de sa course destructrice. Et cela rapprocherait les États-Unis d’une confrontation militaire directe avec la Russie.

Les russes soutiennent M. Poutine. Le Kremlin a mis la crise économique sur le compte des sanctions occidentales, et il rendra les occidentaux également responsables des pertes militaires. Aucun élément ne suggère que les russes ne croient pas à la version du Kremlin. Il y a peu de chances pour qu’ils abandonnent M. Poutine dans son combat contre l’occident.

Il y a également des raisons pratiques. Il est inutile d’envoyer des armes à des troupes qui ne sont pas formées à leur utilisation. Les États-Unis et leurs alliés enverront-ils des formateurs en Ukraine de l’Est ? S’ils le font, ils enverront des Américains dans une zone de guerre dans laquelle l’ennemi est la Russie. Il sera difficile de faire comme si les États-Unis n’étaient pas une des parties du conflit. Si on est réaliste, quelles sont les chances de s’assurer que seules les troupes ukrainiennes régulières, et non les milices privées, auront accès aux armes fournies par les Occidentaux ? Si un Occidental non-combattant mais en uniforme est capturé par les séparatistes, est-ce que les États-Unis essaieront de le secourir ? Dans « La Chute du Faucon Noir », Mark Bowden décrivait les périls liés à une opération de ce genre, dans le centre-ville de Mogadiscio. Imaginez ce qui pourrait se produire à 5 km de la frontière russe, dans une zone contrôlée par des militaires russes.

Pour finir, imaginez la réponse. Que faisons-nous si la Russie poursuit l’escalade dans ce conflit ? Ou si le Kremlin lance une cyber attaque contre une institution financière américaine, détruisant les données relatives aux titres de propriété des avoirs ? Est-ce que l’Amérique ferait alors un pas de plus vers la guerre ?

Ce n’est pas rendre service que de nourrir des espoirs irréalistes. Bien sûr, l’Ukraine est victime d’une agression. Mais, à moins de faire une campagne de l’ordre de celle menée dans les Balkans, dans les années 90 par les États-Unis et ses alliés – ce que personne ne recommande – aucun type d’assistance de l’Amérique ou de l’OTAN ne peut changer le fait  que la Russie a le dessus. En août, puis à nouveau en janvier, M. Poutine a choisi l’escalade plutôt que de laisser les séparatistes se faire battre. L’Ukraine aura besoin d’aide pour reconstruire son armée, et les États-Unis devraient la fournir. Mais cela prendra des années, et cela ne peut être réalisé au milieu d’une guerre contre un voisin supérieur en puissance.

Contrairement à cette proposition téméraire d’envoyer des armes à l’Ukraine, l’assistance économique occidentale à ce pays a, jusque là, été timide. Les États-Unis ont promis 3 milliards de dollars en garanties de prêts, soit une fraction des dizaines de milliards dont ce pays a besoin. C’est en partie parce que Washington soupçonne encore Kiev de corruption généralisée. L’armée fonctionnera-t-elle mieux que le gouvernement qu’elle sert ?

Aujourd’hui, l’Ukraine ne peut pas gagner ce conflit. Il doit être gelé. Il faudrait le dire aux dirigeants ukrainiens. Cela aggraverait encore la tragédie si des soldats étaient envoyés pour mener une bataille désespérée. Une Ukraine libre et indépendante, une défense solide de l’ordre européen et une réplique ferme à l’agression russe : ce sont des objectifs louables. Mais ils ne nous absolvent pas de la responsabilité de penser aux conséquences de nos actions. La proposition actuelle d’armer l’Ukraine ne répond pas à cette exigence.

Source : Eugene Rumer, Thomas Graham, pour le Eugene Rumer, Thomas Graham, the Financial Times, 03/02/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/armez-lukraine-et-vous-prenez-le-risque-dune-autre-chute-du-faucon-noir-par-eugene-rumer/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade, Macron)

Wednesday 18 March 2015 at 00:30

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Petit lexique de langue de bois qui régit la Bourse aujourd’hui – 16/03

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (1/2): Fed: “Remonter les taux, il fallait le faire plus tôt” – 16/03

Olivier Delamarche VS Malik Haddouk (2/2): Qu’en est-il de la parité euro-dollar ? – 16/03

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade: “Merlin l’Enchanteur” ou le monde merveilleux de la Banque Centrale

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (1/2): Rachats de dettes par la BCE: réalité ou utopie ? – 11/03

Philippe Béchade VS Bernard Aybran (2/2): Comment appréhender le ralentissement de la croissance chinoise ? – 11/03

III. Jacques Sapir

La minute de Jacques Sapir : “Le gouvernement Grec envisage très sérieusement de sortir de l’euro”

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (1/2): La Fed va-t-elle perdre “patience” ? – 17/03

Jacques Sapir VS Jean-François Robin (2/2): La BCE pourra-t-elle sortir la zone euro de la crise ? – 17/03

III. Emmanuel Macron

Pourquoi accorder un généreux crédit d’impôt recherche (CIR) à Sanofi, qui supprime justement des postes… dans la recherche ? Élise Lucet a posé la question au ministre de l’Économie. “Quand les actionnaires s’en prennent à nos emplois”, c’est le titre de “Cash Investigation” du mardi 3 mars. Extrait.


Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-18-03-2015/


Tarifs des autoroutes : la lettre au vitriol d’un député PS à Valls

Wednesday 18 March 2015 at 00:05

Elle est quand même incroyable cette histoire autour du président de la commission environnement de l’Assemblée…

Jean-Paul Chanteguet vient de quitter le groupe parlementaire se penchant sur les profits des sociétés d’autoroutes. Il y a une semaine, dans une lettre adressée au Premier ministre, il dénonçait une “parodie de consultation”.

La lettre de Jean-Paul chanteguet, député PS, à Manuel Valls. (Impression d'écran)
La lettre de Jean-Paul chanteguet, député PS, à Manuel Valls. (Impression d’écran)

Une “parodie de consultation”. Voilà comment le député socialiste Jean-Paul Chanteguet qualifie les réunions du groupe de parlementaires censé examiner les options de l’Etat quant à l’avenir des sociétés – privées -concessionnaires d’autoroutes et de leurs profits.

Le  groupe de travail a donc servi au mieux de parodie de consultation, au pire de moyen d’instrumentaliser les parlementaires, afin d’obtenir des SCA quelques concessions marginales, sur lesquelles le gouvernement puisse communiquer en direction des citoyens, en leur faisant croire qu’en l’absence d’alternative crédible, il avait obtenu le maximum”, explique lundi 9 mars le député, lui-même rapporteur de la mission.

Le 25 février, le député avait déjà adressé une lettre à Manuel Valls, qu’il rend également publique lundi, dans laquelle il annonçait son départ imminent.

Je ne saurai pour ma part cautionner une démarche qui n’aurait pas pour ligne directrice la défense de l’intérêt général, c’est-à-dire celle de l’Etat et des usagers, c’est pourquoi j’envisage de quitter le groupe de travail avant la réunion, au cours de laquelle sera adopté le rapport d’étape, qui, contrairement à sa dénomination, mettra un terme à l’ambition affichée”

Dans cette lettre, le député décrit l’attitude ambivalente de l’exécutif sur ce dossier qui oppose l’Etat et les sociétés d’autoroutes privatisées en 2006. Selon Jean-Paul Chanteguet, le gouvernement, qui est à la recherche d’un substitut à l’écotaxe, et qui depuis près d’un an a dénoncé dans les médias les profits réalisés aux péages, se montre beaucoup plus conciliant, en aparté, avec les groupes privés qui exploitent les péages. L’administration n’aurait selon lui jamais envisagé sérieusement de dénoncer les concessions, option que l’exécutif avait pourtant demandé officiellement aux parlementaires d’étudier.

Voici le communiqué de presse de Jean-Paul Chanteguet :

Ainsi que la lettre de Jean-Paul Chanteguet à l’intention du Premier ministre :

Source : Donald Hebert, pour L’Obs, le 9 mars 2015.

Source: http://www.les-crises.fr/tarifs-des-autoroutes-la-lettre-au-vitriol-dun-depute-ps-a-valls/


[Orwellisme] Projet de loi sur le renseignement : l’arsenal qui fait du citoyen un suspect

Tuesday 17 March 2015 at 18:50

Sans commentaire – encore une belle victoire des terroristes.

P.S. Quand ils ne parlent pas géopolitique, ils font de bons papiers dans l’Obs…. :)

Le projet de loi sur le renseignement qui sera présenté jeudi en Conseil des ministres multiplie les possibilités de surveillance, notamment en contrôlant internet, sans passer par la case justice.

Une écoute téléphonique dans le film "Le quatrième protocole" de John Mackenzie (1987) (AFP)

Le projet de loi très attendu sur le renseignement doit être adopté en Conseil des ministres jeudi prochain, pour arriver à l’Assemblée nationale mi-avril. Ce mardi 17 mars, “le Figaro” révèle la teneur de ce texte. Après les attentats meurtriers contre “Charlie Hebdo” et l’Hyper Cacher, il vise à renforcer les pouvoirs des services de renseignements, engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Objectif de son auteur, le député socialiste Jean-Jacques Urvoas : “offrir un cadre légal” aux activités des services, quitte à “porter atteinte à la vie privée et au secret des correspondances”. Adrienne Charmet, coordinatrice des campagnes de la Quadrature du Net, association de défense des libertés sur internet, réagit :

C’était attendu, mais c’est encore pire que prévu. Ca va encore plus loin que [l'agence de renseignement américaine] NSA.”

Au programme de ce texte : des techniques d’espionnage poussées et une surveillance d’internet. Résumé.

E-mails, SMS, appels… interceptés

Le texte prévoit d’abord une vague d’interceptions à distance des communications. E-mails, conversations téléphoniques, SMS… Tous les échanges d’une personne ciblée pourront être “écoutés” par les autorités, en plus de l’accès aux fadettes qui détaillent le contexte (qui contacte qui, pendant combien de temps, à quelle heure…). Et, le tout, sans demander l’avis d’un juge, puisqu’il suffira d’autorisations administratives.

Des hackers au service des autorités

Tels des agents secrets, les autorités pourront poser micros et caméras dans des lieux ou des véhicules, afin de surveiller une personne. Mais elles iront aussi plus loin que James Bond, grâce à des mouchards capables de recopier en temps réel tout ce qui se passe sur un ordinateur ou un smartphone ciblé, aussi bien la navigation internet que les mots de passe tapés ou encore les fichiers stockés sur la machine.

Le projet de loi précise que “des agents spécialement habilités” pourront “s’introduire dans un système automatisé de traitement de données [...] aux seules fins de poser, mettre en œuvre ou retirer les dispositifs de captation”. Concrètement, des hackers des services de renseignement pirateront en toute légalité les machines des suspects pour mieux les espionner.

La valise qui capte tout

Comme l’agent secret britannique, les services français pourront utiliser des balises GPS afin de géolocaliser “en temps réel” aussi bien un véhicule qu’un objet. Mieux, les enquêteurs ayant reçu l’aval d’un juge pourront se servir des IMSI-catchers, qui permettent de mettre sur écoute très facilement un téléphone à portée de réseau. Comment ça se passe ? Toutes les communications (appels, SMS…) à proximité de cet appareil, prenant la forme d’une valise, transitent par celui-ci afin d’écouter aux portes.

Google et Facebook mis à contribution

Par ailleurs, le projet de loi entend accentuer la pression sur les opérateurs internet. Fournisseurs d’accès internet, moteur de recherche, réseaux sociaux… Ils devront conserver pendant cinq ans (au lieu d’un an actuellement) les données techniques de connexion des internautes. Ces informations permettent de pister une connexion internet, sa navigation et ses interactions.

En pratique : telle connexion (exprimée par une adresse IP) a visité ce site tel jour à telle heure, a envoyé un message Facebook à telle personne, a recherché tel mot clef sur Google… Ces données, les opérateurs devront les transmettre aux autorités sur simple requête administrative. Le texte veut que les enquêteurs puissent obtenir un “recueil immédiat” des informations. De quoi rappeler furieusement la NSA qui, avec son programme Prism et selon les révélations de Snowden, dispose d’un accès directs aux serveurs de Google, Facebook, Microsoft et Apple afin d’y piocher des informations.

En quoi ça nous concerne tous ? Adrienne Charmet, de la Quadrature du net, explique :

Le jour où vous ferez un pas de côté ou simplement, si vous entrez en contact avec la mauvaise personne, vous allez vous retrouver dans un engrenage de suspicion… même si vous n’avez rien fait.”

Les internautes espionnés et dénoncés

Les acteurs du net devront aller plus loin. Le projet de loi français souhaite les contraindre à “détecter, par un traitement automatique, une succession suspecte de données de connexion”. Les fournisseurs d’accès mais aussi les Américains Google, Facebook, Apple ou Twitter devront créer des algorithmes de surveillance des internautes afin de déceler les comportements suspects, en fonction de la navigation web, des messages échangés, etc.

Et, en cas de suspicion, les acteurs du net devront dénoncer une personne aux enquêteurs. Il s’agit de remettre les clefs d’une surveillance massive d’internet à des entreprises. Adrienne Charmet s’émeut :

C’est la mise en place d’une surveillance de masse d’internet. Il s’agit d’une importante intrusion dans la vie privée de tous les internautes, y compris ceux qui n’ont rien à se reprocher.”

Reste à savoir si les intéressés se plieront à cette nouvelle obligation d’espionner leurs clients. Même si Google et Facebook se sont illustrés dans cette délation en dénonçant aux autorités américaines des individus soupçonnés de pédophilie sur la base de leurs échanges privés.

Comme le note “le Figaro“, il s’agit de durcir la loi sur la lutte contre le terrorisme qui pénalise déjà “la consultation habituelle de sites internet appelant à la commission d’actes de terrorisme ou fournissant des techniques permettant le passage à l’acte”, sur la base d’informations transmises par les opérateurs internet. La représentante de la Quadrature du net ne cache pas ses craintes :

Le droit à la liberté d’expression et à la liberté de conscience risque d’en prendre un coup. Avec cette loi, on va basculer dans une société orwellienne…”

Surveillance accrue pour les détenus

Enfin, le projet de loi souhaite renforcer la surveillance des détenus. En plus de l’ouverture des courriers et de l’écoute des appels passés depuis les cabines téléphoniques, le personnel carcéral pourra détecter et brouiller les téléphones portables et les talkies-walkies introduits illégalement en détention. De même, les ordinateurs des détenus pourront être surveillés, “y compris en temps réel”, vraisemblablement à l’aide de logiciels espions.

Un maigre garde-fou

Pour “encadrer” ces nouvelles pratiques, le gouvernement souhaite créer une nouvelle autorité administrative indépendante, intitulé Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR). Elle doit remplacer l’actuelle Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité (CNCIS), qui compte une dizaine de personnes et dont les pouvoirs sont modestes.

Ce sera une instance très pointue et technicisée dont le format pourrait, à terme, être comparable à celui de la Cnil et ses 178 employés”, souligne une “source informée” au “Figaro”.

Cette instance remplacera, pour bon nombre de surveillances, la décision du juge. Elle sera aussi en charge du contrôle de celles-ci et pourra “recommander l’interruption de la mise en œuvre d’une technique qu’elle estime irrégulière”, voire saisir le Conseil d’Etat pour faire stopper une surveillance. Un bien maigre garde-fou, mais qui aura beaucoup plus à faire que l’actuelle CNCIS.

Boris Manenti

Source : L’Obs, 17/03/2015

Source: http://www.les-crises.fr/orwellisme-projet-de-loi-sur-le-renseignement-larsenal-qui-fait-du-citoyen-un-suspect/


[Ça commence] 5 sites censurés en France pour apologie du terrorisme

Tuesday 17 March 2015 at 18:40

Eh bien voilà, cela aura commencé comme ça. Notez qu’on s’est très bien passé d’une telle loi depuis des décennies…

Des petits sites censurés sans avis d’un juge – oh, ceux-ci sont sans doute bien “pro-islamistes”.

C’est comme pour l’infraction pénale : on a vu que les députés ont voté une loi visant les tentatives de recrutement par des types d’Al Qaeda, et qu’au final on  a eu des mois de prison ferme pour des alcooliques criant “Vive Kouachi” à 2 flics dans une rue déserte…

Alors c’est quoi, au fait le “terrorisme”, ou, plus précisément, ça commence où et ça s’arrête où ?

Genre, si je disais “Vive(nt) les résistants du Dombass”, comme ils sont considérés comme des “terroristes” par le gouvernement ukrainien que nous soutenons, cela pourrait-il valoir suspension du site les-crises.fr sans l’avis du juge, par le bon désir de Vallssolini?

Réponse dans les prochaines années…

Les autorités ont bloqué pour la première fois des sites, considérés comme faisant l’apologie du terrorisme, sans demander l’avis d’un juge.

Il aura fallu 38 jours pour que la censure du web français se mette en place. Cinq sites internet, considérés comme faisant l’apologie du terrorisme, sont désormais bloqués, annonce le ministère de l’Intérieur, lundi 16 mars.

Les sites visés sont alhayatmedia.wordpress.com (lié à l’Etat islamique), jihadmin.com, mujahida89.wordpress.com, is0lamanation.blogspot.fr, et islamic-news.info. La plupart de ceux-ci restent néanmoins accessibles ce lundi, le dispositif étant “en rodage”, selon le ministère.

A terme, lorsqu’un internaute situé en France tentera d’accéder à l’un d’entre eux, il se verra redirigé vers une page du ministère de l’Intérieur affichant une main rouge et le message :

Vous avez été redirigé vers ce site officiel, car votre ordinateur allait se connecter à une page dont le contenu provoque à des actes de terrorisme ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme.”

Notez au passage que, évidemment, ce n’est JAMAIS la politique étrangère française qui “provoque à des actes de terrorisme”

P.S. c’est très très mal le terrorisme, le site les-crises.fr le condamne sans aucune ambiguïté – me mettez pas en prison sivoplémerci, vive Charlie.

Ce blocage est encadré par un décret, relevant de la loi de “lutte contre le terrorisme” adoptée en septembre dernier. Il prévoit que l’Office central de lutte contre la cybercriminalité (OCLCTIC) peut demander aux fournisseurs d’accès à internet de bloquer sous 24h une liste de sites désignés comme faisant “l’apologie du terrorisme“. Le tout sans l’intervention d’un juge, même si la liste est validée par l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (UCLAT).

Un site “d’information musulman”

Le site spécialisé Next INpact a dévoilé le nom du premier site bloqué : islamic-news.info. Impossible de savoir précisément quels sont les propos incriminés pour celui-ci.

J’aime “les valeurs de la République socialiste”

Le ministère de l’Intérieur rend inaccessible la consultation, sans pour autant la motiver. Selon le journaliste de RFI David Thomson, il s’agit d’”un site pro-jihad assez peu influent“.

Le site islamic-news.info en janvier 2014Le site islamic-news.info en janvier 2014 (Capture d’écran)

Le site se présente comme “un site d’information musulman qui se concentre en particulier sur les territoires dits ‘islamiques’”. Dans sa page de description, il poursuit sur “son objet”, soit “fournir une information détaillée de l’actualité du monde musulman ainsi que des explications d’ordre politique et historique”. Avant de préciser :

Ce site d’information n’est en aucun cas partisan d’un quelconque groupe, organisation ou mouvement politique, religieux, civil ou armé. Ceci étant, nous considérons qu’il est de notre droit de dénoncer la manipulation, même lorsqu’elle concerne des organisations classées comme ‘terroristes’ à l’image d’Al-Qaïda, de l’Etat islamique ou des Frères musulmans. Le fait de réfuter des affirmations s’attaquant à ces organisations ne peut en aucune manière signifier une adhésion de notre part à celles-ci ni même faire la promotion de leurs idées et actes.”

Le site est enregistré au nom de la société Islamic News Media, prétendument localisée à Bruxelles (Belgique). Néanmoins, impossible d’en trouver trace sur les pages jaunes belges. De plus, le numéro indiqué lors du dépôt du nom de domaine est un faux.

“Nous ne nous laisserons pas intimider”

Contacté par Next INpact, le gestionnaire du site islamic-news.info a promis une réponse. “Tout ce que nous pouvons vous dire pour le moment, c’est que nous ne nous laisserons pas intimider”, a indiqué l’éditeur du site.

Concernant les autres sites bloqués figure celui d’al Hayat Media Center, une branche du groupe État islamique chargée de sa communication, et le “Mujahida89″ qui se présente comme “terroriste de naissance” et “partisan à 100% du djihad“. Tous deux étant hébergés par la plateforme de blogs gratuite WordPress.

Les sites d'al Hayat Media Center et le blog Mujahida89Les sites d’al Hayat Media Center et le blog Mujahida89 (Capture d’écran)

De nombreux autres sites devraient suivre puisque l’OCLCTIC a fait savoir, lors de son audition au Sénat, qu’il a dans son viseur une cinquantaine de sites web djihadistes.

Je pense qu’ils sous estiment grandement l’effet Streisand et la capacité de riposte, ils vont devoir censurer des milliers d’adresses assez rapidement….

Boris Manenti

La page de redirection du ministère de l’Intérieur :

La page de blocage du ministère de l'Intérieur (Capture d'écran)

Avez vous noté l’orwellique : “Pourquoi ? Pour protéger les internautes“…

Ils vont me faire virer libertarien à force…

Source : L’Obs, 16/03/2015

Source: http://www.les-crises.fr/5-sites-censures-en-france-pour-apologie-du-terrorisme/


Actu’Ukraine 17/03

Tuesday 17 March 2015 at 01:05

Actu’Ukraine semaine du 9 au 15 mars 2015 

Focus de la semaine : Vague de suicides de représentants de l’ancien gouvernement ukrainien et offensive anti-Kolomoysky

• Epidémie de suicides de représentants de l’ancien gouvernement en Ukraine. Nous vous avions parlé de 2 suicides douteux la semaine dernière. Il semble  qu’ils ne soient que la partie émergée de l’iceberg. Ce ne sont en fait  pas moins de 8 fonctionnaires et politiques de haut rang qui se sont suicidés dans des  circonstances douteuses entre le 27 janvier et 14 mars 2015 (rferl.org, courrier international, youtube).

 

 27 août 2014 – Valentina Semeniouk-Sansonenko (arme à feu), directrice du Fond des biens d’Etat de 2006 à 2008 (radiosvoboda.org, blogs.pravda.com.ua, theformat.com.ua, укроп.org)

20  novembre 2014 – Vadim Vichnievski (arme à feu) : Membre du conseil de surveillance de la banque  ”Portes d’or” (24tv.ua)

27 janvier 2015 – Nikolai Sergienko (arme à feu) ancien chef-adjoint des Chemins de Fer ukrainiens (uz.gov.ua), nommé sous Ianoukovitch en poste de 2010 à 2014 (24tv.ua)

29 janvier 2015 – Oleksiy Kolesnyk (pendaison), ancien chef du gouvernement régional de Kharkov (région de l’Est, historiquement et traditionnellement “pro-russe”) (24tv.ua)

6 février 2015 – Augmentation inquiétante des suicides à Kiev

25 février 2015 -  Walter Serhiy  (pendaison), l’ancien maire de la ville sud-est de Melitopol, en  procès  pour abus de pouvoir et liens avec le crime organisé depuis  2013.

26 février 2015 – Oleksandr Bordyuh (“attaque cardiaque”), chef adjoint de la police de Melitopol, un jour après la mort de Walter Serhiy (24tv.ua)

28  février  2015 – Mykhaylo Chechetov (défenestré),  l’ex-vice-président du groupe  du Parti des régions au parlement de  l’Ukraine, au coeur de  malversations financières en lien avec notamment Pinchuk (oligarque  influent d’aujourd’hui, voir plus bas le lien avec Kolomoïski). Il y a eu énormément d’articles sur lui. On dit qu’il savait beaucoup de choses. Trop sans doute… (24tv.ua, sputniknews, espreso.tv, lessentiel.lu, hromadske.tv, french.irib.ir, francetvinfo.fr, ipress.ua, obozrevatel.com)

9 mars 2015 – Stanislav Melnik (cause non précisée) ex Député du groupe du Parti des Régions (24tv.ua)

12 mars 2015 – Yevhen Peklouchenko (arme à feu)  Ex président de la région de Zaporizhzhya (24tv.ua, courrier international)

14 mars 2015 -  Sergei Melnychuk (défenestré).  L’enquête sur le ”suicide” du procureur d’Odessa révèle des indices de meurtre  (24tv.ua, lenta.ru)

 D’autres ont plus de chance, ils sont juste dans le coma…

14 mars 2015 – Vladimir Demidko (Commotion cérébrale), ancien député du Parti des Régions (pro-Ianoukovitch) (unian.net)

Sans oublier, bien sûr, les assassinats de journalistes…

15 mars 2015 - Olga Moroz (“mort violente”), rédactrice en chef du journal “Netechinsky Vestnik” retrouvée morte chez elle dans la région de Khmelnitski (vz, novostimira.com.ua, dialog.ua).

 Le SBU ne voit aucun lien dans les morts brutales de personnes qui appartenaient au même parti, étaient proche du précédent pouvoir et étaient accusées de corruption. C’est pas des lumières au SBU… Il faut sans doute s’attendre à la mort d’autres proches de Yanukovich (lifenews.ru). Tout ceci se passe en Ukraine, un pays gangréné par les luttes d’influences, la corruption, les organisations mafieuses, la guerre civile et l’effondrement économique… Et comme les victimes étaient plutôt pro-russes ou pas assez pro-ukrainiennes ou simplement trop curieuses, cela n’intéresse ni les médias occidentaux, ni les USA, ni l’UE, ni BHL…

 • Peut-être à rapprocher de l’empressement de l’oligarque et gouverneur de Dniepropetrovsk Igor Kolomoïski de raconter “beaucoup de choses” à la commission du parlement sur les privatisations (kyivpost) dont il a lui-même bénéficié… Kolomoïski a en personne évoqué les suicides douteux de  Mikhaïl Tchetchetov et  de Valentina Semeniouk-Sansonenko (qui avaient tous les deux dirigé le  Fonds des biens d’état, de 2003 à  2005 pour le premier, de 2006 à 2008  pour la seconde) devant cette commission le 5 mars 2015 (unian.net, newsler.info, nowyny.eu). Il a aussi beaucoup “balancé”, y compris sur lui, ce qui rend plus crédible tout son témoignage…

Selon le quotidien “Unian”, la commission de contrôle de la Rada a demandé au Parquet d’ouvrir une enquête sur les faits relatés à propos de pots de vin que Kolomoïski aurait été contraint de verser au Président en exercice à l’époque Leonid Kouchma, par le biais de son gendre Viktor Pinchuk, pour pouvoir diriger l’entreprise Oukrnaft. Ces pots de vins auraient été de 5 millions de dollars par mois. Kolomoïski aurait également rapporté que lors de sa privatisation, la vente de la société Oukrroudprom aurait été effectué à un prix inférieur de 100 fois à sa valeur réelle, 500 millions au lieu de 50 milliards (economics.unian.net). Unian cite comme source la page Facebook du Président de la commission des privatisations de la Rada Borys Filatov (facebook). Tout ceci ne doit pas plaire à ses petits camarades oligarques happy few et en particulier à Pinchuk qui fait partie de la toute nouvelle et non étatique  “agence de modernisation de l’Ukraine” (les-crises.fr). Mais bon, un oligarque ne se suicide pas aussi facilement qu’un député, un gouverneur ou un maire.   A un oligarque on attaque ses proches (dnr-news.com) et on lui prend ses jouets… Amusante coincidence, un projet de loi est introduit le 12 mars 2015 au parlement pour nationaliser Privatbank, la première banque commerciale du pays qui représente à elle seule 15% du système bancaire ukrainien…  et qui appartient à Kolomoysky (dnr-news.com) ! Déjà qu’on lui a pris son armée privée (le bataillon Aidar) la semaine dernière… que va-t’il devenir si, après ses “petits soldats” on lui pique aussi son coffre de Picsou…

Lundi 9 mars 2015

• C’est beau l’amitié polono-ukrainienne ! Alors que la Pologne parle d’aide fraternelle (les-crises.fr), penchons nous un peu sur ce “frère” ukrainien. C’est pas vraiment le gentil de la famille, plutôt même assez violent. dans sa version 2013, il décapite façon DAESH  un mannequin à l’effigie du président polonais près d’un consulat de Pologne (youtube).

 

Dans sa version 1942-1944, il est plus désinhibé… Ce sont les massacres de Volhynie, du nom d’une région de l’Ukraine actuelle (wikipedia, les-crises.fr, le courrier de russie), commis par l’UPA dont se revendiquent le gouvernement actuel et ses bataillons de volontaires de la garde nationale : 80 000 civils polonais massacrés en Ukraine de l’Ouest parce que non ukrainien de sang ! C’est sûr que cela motive les novorusses pour se défendre.

De plus, dans sa courte toute première vie en tant qu’état indépendant, entre 1918 et 1923, l’Ukraine a tout de même trouver le temps de déclencher une guerre… contre la Pologne (wikipedia) ! Avant de s’allier… A la Pologne contre l’Armée Rouge (wikipedia) ! Pas trop stable dans sa tête le frérot de l’est…

 • Un peu de poésie dans ce monde de brutes. L’Ukraine sort un nouveau billet de banque de 100 Hryvnia à l’effigie de Taras Chevtchenko, poète, peintre et nationaliste ukrainien. Au moins, lui n’a pas de sang sur les mains (unian.info)… Extrait de la page wiki lui étant consacré : “Taras Chevtchenko occupe une place exceptionnelle dans l’histoire culturelle de l’Ukraine. Son nom reste un des symboles les plus marquants du réveil de l’esprit national ukrainien au XIXe siècle. Vers la fin du XIXe siècle, son Kobzar devient le livre de référence d’enseignement de la langue ukrainienne. De ses 47 ans, Chevtchenko en vécut 24 au servage et 10 en exil. Sa  vie tragique et son amour pour son pays et sa langue reflètent dans  l’imaginaire de ses compatriotes le destin du peuple ukrainien qui lutta  à travers des siècles pour sa culture et sa liberté. L’influence de son  œuvre dans la vie culturelle et politique de l’Ukraine est immense. Taras Chevtchenko est « le poète national » des Ukrainiens”. (wikipedia)

Poème : Le testament
Quand je serai mort, enterrez-moi
    Au milieu de la steppe
    De mon Ukraine bien-aimée
    De façon que je voie les vastes campagnes
    Et que j’entende le Dnipro mugir.
         
 Lorsque, de l’Ukraine à la mer bleue
    Il emportera le sang de l’ennemi
    Je quitterai ces monts et ces plaines
    Et m’en irai vers Dieu
    Prier. Mais, jusque-là,
    Je ne connais pas Dieu.
         
 Couchez-moi et levez-vous !
    Brisez vos chaînes
    Et, du sang impur de l’ennemi
    Abreuvez la liberté !
    Puis, membres de la grande famille 
    De la famille nouvelle et libre
    Ne m’oubliez pas et accordez-moi
    Une bonne, une douce parole… “

Pereiaslav 1845 (chevtchenko-qc.ca)

• Un jour, Junckers a eu une idée : créer une armée européenne ! C’est pas vraiment une idée originale, elle date même de 1953, mais bon (zeit.de) … Lire à ce propos l’analyse de De Defensa (dedefensa.org). Donc une armée européenne pour dixit “défendre les valeurs de l’Europe contre la Russie” (Tusk sors de ce corps !) avec, pour commencer, les polonais et les baltes, les seuls à être suffisamment chauds et inconscients pour aller jouer à David contre Goliath, mais sans la fronde… Le Royaume Uni s’insurge quasi aussitôt contre cette idée, non seulement pour des questions de souveraineté et de nostalgie de sa grandeur, mais sans doute aussi parce qu’une arme européenne avec un commandement européen sonnerait le glas de la domination des USA sur les armées nationales européennes via l’OTAN (sputniknews, rt).

• Y’a des jours comme ça... Ce lundi, ce n’est pas un bon jour pour Porochenko. D’abord, c’est un procès qui est annoncé dans la presse anglaise… Roshen, la firme de Porochenko, aurait “omis” de payer quelques 140 000 $ à un cabinet d’architectes anglais pour le design d’une laiterie en Ukraine (newsweek, sputniknews). Ensuite, c’est la Crimée qui nationalise les firmes appartenant à Porochenko, trois fois rien, juste 13 entreprises, essentiellement de construction navale (sdelanounas.ru). Cela ne va pas l’aider à retourner dans le top des Happy few de Forbes… Enfin, Porochenko a dû dire deux trois vérités à son bon peuple à la TV ukrainienne comme ” 25% du potentiel industriel du pays est à l’arrêt dont 10% sont détruits…”  “Les dépenses de défense à l’heure actuelle atteignent 90 milliards de Hryvnias…” “Nous pouvons nous défendre, mais aussi longtemps que nous serons en guerre, les investissements (étrangers) ne se feront pas en Ukraine…” et pour finir, l’équivalent de  “quand les poules auront des dents” pour l’Ukraine : “Nous allons construire une économie différente et vaincre la corruption…”  (unian.infodnr-news.com).

• Ce n’est pas non plus un bon jour pour Donald 1er… Not’ bon prince Donald Tusk se lamente de ne pas pouvoir sanctionner la Russie à sa guise… Ben oui… C’est des choses qui arrivent dans une union de 28 pays qui ne sont pas tous d’accord entre eux et il s’en émeut dans les colonnes du New York Times (unian.info, nytimes, sputniknews)…

• Débarquement de tanks et de véhicules blindés US en Lettonie pour 3 mois de manoeuvres dans le cadre de l’opération Atlantic Resolve (defense.gov, eur.army.mil, eucom.mil). En tout 120 machines, A noter que le camouflage des véhicules est sable, donc ils viennent du Moyen-Orient… Des troupes vont aussi débarquer en Estonie voisine (sputniknews). Durant 3 mois, 3000 soldats américains vont faire mumuse avec leurs jouets dans les pays baltes, une région à la profondeur stratégique d’une cour de récré (youtube, rt, zerohedge, lexpress.fr)…

• Etendue des destructions des zones résidentielles en Novorussie (dnr-news.com, youtube)

• Documentaire sur les bombardements ukrainiens à Gorlovka : “Donbass Under Fire: Greetings from Gorlovka“  (youtube)

Mardi 10 mars 2015

• Après le parler vrai de Porochenko d’hier, le coup de massue sur la tête ! En premier, le ministère de la défense ukrainien va quadrupler son budget alloué à l’achat d’armes, 14 milliards de hryvnias, lors que le pays est ruiné et que l’armée enchaine les défaites, cela ne semble pas une très bonne idée (fortruss, sputniknews)… Ensuite, puisqu’il faut bien trouver l’argent quelque part, l’état va baisser les pensions versées aux retraité, mais aussi aux enseignants et médecins de 15% alor que la devise local a chuté de 70% en 1 an et que l’inflation est de 34,5% par rapport à février 2014… ce qui va amener 20 millions d’ukrainiens, soit 40% de la population au seuil de la survie avec une facture de gaz multipliée par 3,3, le chauffage qui va augmenter de 71,8% en avril, les prix qui changent chaque jour et les produits importés comme les vêtements, les chaussures, les produits ménagers, certains médicaments et d’autres encore qui ont doublé de prix (sputniknews, dnr-news.com)…

• Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule…  C’est à présent le FMI qui conditionne son aide de 17,5 milliards de dollars à l’Ukraine… au retour de l’endettement du pays à 70% du PNB alors qu’il est proche de 100 % actuellement (fortruss) … Sachant que le dit PIB s’est contracté de 15,2 % au quatrième trimestre 2014 par rapport au quatrième trimestre 2013 (bourse.lesechos.fr), ce qui augmente d’autant le pourcentage d’endettement sans nouvelle dette ! Cela veut dire une double dose de régime à la “grecque” avec moultes coupes budgétaires (mais pas pour l’armée) et privatisations à outrance (russia-insider.com).

Ecoutez à ce propos l’interview sur RT de Paul Craig Roberts la semaine dernière. Petit extrait : « Afin de sortir de sa situation économique difficile, l’Ukraine  sera contrainte de cesser de verser les retraites, d’annuler les  allocations aux victimes de l’accident de la centrale nucléaire de  Tchernobyl et de réduire de façon drastique le financement des écoles et  de la santé publiqueToutes les entreprises de l’Ukraine, toutes ses ressources naturelles, toutes ses terres agricoles… Bref, tout appartiendra à  l’Occident » (fortruss, olivier demeulenaere, soundcloud).

Après le débarquement américain en Lettonie, la Russie se désengage du groupe de consultation du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe (Conventional Armed Forces in Europe – CFE). Si tu joues avec tes jouets, je vais jouer avec les miens (sputniknews, cfr.org, osce.org, wikipedia)… Voir l’analyse de De Defensa sur le sujet (dedefensa.org)

• Réponse aux agacements russes ? Obama refuse de livrer des armes (létales) à l’Ukraine.  Selon l’ambassadeur allemand à Washington, cette décision a été prise après un entretien entre Merkel et Obama (vz), malgré son entourage pro-guerre, malgré l’OTAN qui “ne croit pas au retrait des armes lourdes novorusses” (sputniknews), malgré l’armée US qui se dégourdit les jambes et ses chars en Lettonie, malgré l’Ukraine qui arrête le retrait de ses armes lourdes (vz) et la Norvège qui envoit 5000 hommes faire des manoeuvres près de la frontière russe (sputniknews)… Heureusement, il reste apparemment des gens de raison là où les vraies décisions se prennent. Enfin presque… Parce que les USA vont quand même fournir à l’Ukraine des drônes de type Raven (qui ressemblent plus à un modèle d’aéromodélisme qu’à un avion de combat) et des Humvees (des jeeps blindées) pour un total de 75 millions USD (zerohedge)… ce qui ne plait pas aux allemands (mcclatchydc.com, sputniknews, russia-insider.com).

Démonstration d’un drône de type Raven (youtube)

• Pour les historiens de la guerre. Les novorusses ont trouvé dans les documents laissés par les ukrainiens à Debaltsevo les plans tactiques de plusieurs de leurs positions (colonel cassad)

• Conférence de presse du Ministre de la défense de la République de Donetsk (youtube)

 • Témoignage de Nuland devant la commission des affaires étrangères du Sénat des USA ou comment créer une polémique qui n’a pas lieu d’être… Son témoignage réel est différent du texte officiel publié sur le site du Département d’état (sans doute la version préparée pour le témoignage et non un transcript de celui-ci) (vzgliad.ru) avec des lapsus révélateurs (export à la place de experts) et des différences notables…

On remarque également, et malheureusement sans surprise, que le bien-être des ukrainiens n’est pas une priorité. le texte suivant a été supprimé du témoignage oral : “helping insulate vulnerable Ukrainians from the impact of necessary economic reforms” . En revanche, c’est pleine vitesse vers le monde merveilleux du free market, des privatisations et des dérégularisations… avec en plus le changement de “just procurations” à “increase procurations“. Tout un programme.

Autre élément intéressant, les oligarques ukrainiens sont dans le collimateur… Peut-être que leur plan de modernisation de l’Ukraine ne plait pas trop aux oligarques américains qui voudraient bien “moderniser” seuls l’Ukraine…  Style : “They created a new banking provision to stiffen penalties for stripping assets from banks at the public’s expense, a  common practice among oligarchs”  et  “We need to see  continued reforms at Naftogaz and across the energy sector; we need to see   final  passage of agriculture legislation; full and impartial   implementation of  anti-corruption measures, including a commitment to   break the  oligarchic, kleptocratic culture that have ripped of have the country for too long”.

Et enfin, elle résume toute l’histoire ukrainienne dans le but des USA de“…protecting our 25 year American investment in  the prospect of a Europe whole, free and at peace…”

Mais la différence la plus notable et importante est que les passages relatifs à la Crimée ont été supprimés du témoignage oral comme :  “Today   Crimea remains under illegal occupation and human rights abuses  are   the norm, not the exception, for many at-risk groups there—Crimean    Tatars, Ukrainians who won’t surrender their passports, journalists,    LGBT citizens and others.” et “In   Crimea, we have shown through our investment  sanctions that if you   bite off a piece of another country, it will dry  up in your mouth.”

Les articles sur le sujet mélangent tous  allégrement le témoignage oral et la version “as prepared” de celui-ci russia-insider.com). La polémique sur ces paroles non dites en définiive prend donc de l’ampleur sans aucune raison ! Le dirigeant de la Crimée Sergueï Axionov, a même invité Nuland à visiter la Crimée, suite à ses “déclarations” qu’elle n’a jamais déclaré sur le “royaume de la terreur” dans la péninsule (vz). Faute de Nuland, un ancien premier ministre japonais s’est rendu en Crimée cette semaine, malgré l’opposition du Japon, et décrit une situation sur place très différente de celle que dépeignent les médias ukrainiens. Il appelle de plus à reconnaître le résultat du référendum de  2014 (novorus.info, Vidéo: youtube).

En fait, on devrait plutôt se réjouir que ces paroles n’aient pas été dites ! L’important est, à mon sens, oublié. Nuland n’a pas parlé de la Crimée. En clair, la Crimée n’est pas ou plus un sujet de discussion…  Cela fait un motif de fâcherie en moins sur la table…

Ci-dessous le détail du témoignage avec la session complète, le témoignage oral et le texte du témoignage avec en gras ce qui a été dis mais non écrit et en italique ce qui a été écrit mais non dit.

Session complète de la commission (c-span.org)

00:13:08 Témoignage initial
00:35:02 Commentaire sur la présence de soldats russes, le retrait des armes lourdes et Debalstevo
00:42:14 Commentaire sur le “shopping list” ukrainienne d’armes US
00:45:50 Commentaire sur Minsk
00:55:18 Commentaire sur l’enveloppe budgétaire US pour l’Ukraine
00:59:10 Commentaire sur des sanctions supplémentaires contre la Russie
01:05:18 Commentaire sur Merkel et Minsk
01:16:43 Commentaire sur l’intégrité des frontières de l’Ukraine
01:21:20 Commentaire sur les autres pays de la région
01:25:52 Commentaire sur la Russie
01:29:42 Commentaire sur Minsk
01:38:52 Commentaire sur l’efficacité de OSCE en Ukraine
01:44:19 Commentaire sur l’indépendance énergétique de l’Ukraine
01:48:55 Commentaire sur l’efficacité des sanctions contre la Russie
01:55:13 Commentaire sur Minsk
01:59:40 Commentaire sur les forces russes en Ukraine
02:00:56 Commentaire sur le memorandum de Budapest
02:07:24 Commentaire sur comment l’action du congrès US est vue par les européens
 

Témoignage oral de Nuland (youtube)

Comparaison entre le texte officiel et le témoignage oral  (en gras ce qu’elle a dit en plus, en italique, ce qu’elle n’a pas dit) (state.gov)
Chairman  Corker, Ranking Member Menendez and members of this  committee—thank  you for the opportunity to speak to you today on the  situation in  Ukraine and for your personal investment that so many of you have made in that country’s  future. As  many of you know from your travels, your meetings and the establishment  of the bipartisan Senate Ukraine Caucus last month, Ukrainians deeply  appreciate this committee’s support for their  country’s security,  democracy, sovereignty and future prosperity.
Today  Ukraine is central to our 25 year Transatlantic quest for a  “Europe  whole, free and at peace.” My interagency colleagues and I are  pleased  to update you today on U.S. efforts to support Ukraine as it  works to  liberate the country from its corrupt, oligarchic past, and chart a  more democratic, European future, and to bring an end to Russian and separatist aggression  Russian-fueled  violence. In my remarks, I’ll focus on two areas today : first, the work  Ukraine is doing—with U.S. and international support—to reform the  country, to tackle corruption and to  strengthen democratic institutions;  second, I will give an update on  our efforts to support implementation  of the February and September  Minsk Agreements, including our readiness  to impose further costs on  Russia if the commitments Moscow made are  further violated. My  colleagues from DoD—Principal Deputy Under  Secretary McKeon and Vice  Admiral Pandolfe—will address our security  relationship in greater  detail. A/S Toloui will speak more to our  macroeconomic assistance in  coordination with our international  partners.
First—a  quick reminder of why we’re here. Sixteen months ago, the  Kyiv Maidan  and towns across Ukraine erupted in peaceful protest by  ordinary  Ukrainians fed up with a sleazy, corrupt regime bent on  cheating the  people of their sovereign choice to associate with Europe.  They braved  frigid temperatures, brutal beatings and sniper bullets. The  leader of  that rotten regime fled the country, and he was voted out by  the  parliament—including most members of his own party. Then, Ukraine  began  to forge a new nation on its own terms—signing an Association   Agreement with the European Union; holding free and fair   elections—twice—even as fighting raged in the east; and undertaking  deep  and comprehensive economic and political reforms.
Against the backdrop of Russia’s aggression, the situation in the  country remains precarious. Ukraine’s  leaders, in the executive branch  and the parliament, know they are in a  race against time to clean up the  country and enact the difficult and  socially painful reforms required  to kick start the economy, and meet  their commitments to their people,  the IMF and the international  community. The package of reforms already  put forward by the  government, and enacted by the Rada, is impressive in  its scope and its political courage.
Just last week:
  • The Ukrainian They passed budget reform which is expected to slash the deficit significantly this year, and to give  strengthen decentralization by giving more fiscal control to local communities and spur economic and political decentralization;
  • They made tough choices in just the last few days to reduce and cap pension benefits, increase work requirements and to phase in a higher retirement age as requested by the IMF;
  • They created a new banking provision to stiffen penalties for  financiers for stripping assets from banks at the public’s expense, a  common practice among oligarchs;
  • And, they passed laws cutting wasteful gas subsidies and closing the space for corrupt middlemen that buy low, sell high and rip off the   Ukrainian people. Ukraine will These laws will also enhance corporate efficiency,  incentivize domestic production, and use $400 million in increased  revenue from these measures to state-owned gas companies to help care for the poor  including some of the 1.7 million people who were driven from their homes by the  conflict.
With U.S. support, with your support in this committee and this congress—including  a $1 billion loan guarantee last year and  $355 million in foreign  assistance and technical advisors—the Ukrainian  government is:
  • helping insulate vulnerable Ukrainians from the impact of necessary economic reforms;
  • improving energy efficiency in homes and factories with metering,  consumer incentives and infrastructure improvement;
  • building e-governance platforms to make procurement more transparent and basic government services cleaner and more publicly accessible;
  • they are putting a newly trained force of beat cops on the streets of Kyiv who will protect, not shake down, the citizens. A prototype of what they hope to do nationwide;
  • they are reforming the Prosecutor General’s Office (PGO)—supported by U.S. law  enforcement and criminal justice advisors—and helping to help energize law  enforcement and just increase prosecutions;
  • moving to bring economic activity out of the shadows;
  • supporting new agriculture laws— with the help of USAID export (lapsus) experts —to they deregulate the agricultural sector and allow family farmers farms to sell their produce in  local, and regional and wholesale markets; and
  • helping those forced to flee Donetsk and Luhansk with USAID new jobs and skills training programs in places like Kharkiv.
And there’s more support on the way. The President’s budget includes  an FY16 budget request included of $513.5 million—almost six times more than our FY14  request—to build on these efforts.
And as you said Mrs Ranking member and Chairman, To turn the page, Ukraine’s hard work must continue. Between now and  the summer, we must see continued budget discipline maintained and tax collection  enforced across the country—notably including on some of Ukraine’s  richest citizens who have enjoyed tax impunity for far too long. We need to see  continued reforms at Naftogaz and across the energy sector; we need to see  final  passage of agriculture legislation; full and impartial  implementation of  anti-corruption measures, including a commitment to  break the  oligarchic, kleptocratic culture that have ripped of have has decimated the country for too long.
As you both said in your opening statements, the best As I said in my last appearance before this committee, the most  lasting antidote to Russian aggression and malign influence in the  medium term is for Ukraine to succeed as a democratic, free market state  and to beat back the corruption, dependence and external pressure that  have thwarted Ukrainians’ aspirations for decades. For this to happen,  we must ensure that the government lives up to its promises to his own  the  Ukrainian people, and keeps the trust of the international financial  community. And, But at the same time, the United States, and   Europe and the  international community must keep faith with Ukraine,  and help insure  that Russia’s aggression and meddling can’t crash  Ukraine’s spirit, its  will or its economy before reforms take hold.
Which brings me to my second point—even as Ukraine is building a more  peaceful, democratic, independent nation across 93% of its territory,  Crimea and parts of Ukraine (oublie d’un mot) eastern Ukraine are suffering a reign of terror.   Today Crimea remains under illegal occupation and human rights abuses   are the norm, not the exception, for many at-risk groups there—Crimean   Tatars, Ukrainians who won’t surrender their passports, journalists,   LGBT citizens and others.
In  eastern Ukraine, Russia and its separatist puppets unleashed   unspeakable violence and pillage. This manufactured conflict—controlled   by the Kremlin; fueled by Russian tanks and heavy weapons; and financed at  Russian taxpayers’ expense—has cost the lives of more than 6000  Ukrainians, but also of  and hundreds of young Russians have also lost theirs lives in eastern Ukraine sent there  to fight and die  there by the Kremlin, in a war their government denies. And When they come  home in zinc coffins—“Cargo 200,” which is the Russian euphemism for war  dead—their mothers, and wives and children are told not to ask too many  questions or raise a fuss if they want to see any death benefits.
Throughout  this conflict, the United States and the EU have worked in  lock-step  to impose successive rounds of tough sanctions—including  sectoral  sanctions—on Russia and its separatist cronies as the costs for  their  actions. In  Crimea, we have shown through our investment  sanctions that if you  bite off a piece of another country, it will dry  up in your mouth. Our unity with Europe remains the cornerstone of our  policy toward this crisis and a fondamental source of our strength.
And  it is in that spirit that we salute the efforts of German  Chancellor  Merkel and French President Hollande in Minsk on February  12th to try  again to end the fighting in eastern Ukraine ’s East. The Minsk  Package of Agreements—September 5th, September  19th and the February  12th implementing agreement—offer a real  opportunity for peace,  disarmament, political normalization and  decentralization in eastern  Ukraine, and the return of Ukrainian state sovereignty in the east and control of  its territory and borders controls. Russia agreed to it; Ukraine agreed to it;  the separatists agreed to it. And the international community stands  behind it.
For some eastern Ukrainians, conditions have already begun to improve. The OSCE reports the cease fire is holding in many parts Along  long areas of the line of contact, particularly in Luhansk Oblast, the  cease-fire has taken hold; There  have been significant withdrawal of gouvernment of Ukraine heavy  weapons and some separatists heavy weapons have also been withdrawn …  that process is incompleted as of the OSCE access and in the village of south east Donetsk of … the demining as already begun under the OSCE offices the guns have quieted in some towns and  villages; some weapons have been withdrawn; some hostages have been  released.
But the picture is very met (lapsus) mixed.  Just yesterday shelling continued in Shirokino, a key village on the  way to Marioupol, and outside Donetsk over the weekend. As I said,  access for OSCE monitors, in particulary in separatist control areas,  remais spotty.  And just in the few last days we can confirm new  transferts of russian tanks, armoured vehicles, heavy artillery and  rocket equipments over the border to the separatists in Ukraine. Since  the February 15th cease-fire,  the OSCE Special Monitoring Mission has  recorded hundreds of violations.  Debaltseve, a key rail hub beyond the  cease-fire lines, fell to the  separatists and Russian forces six days  after Minsk was signed and three  days after the cease-fire was to come  into effect. In Shchastya, in  villages near the Donetsk Airport, in  Shyrokyne and other towns around  Mariupol the shelling continues, as  verified by OSCE Special Monitor  Authority.
So In the coming days, days not weeks or months—here is what we need to see:
  • A complete cease-fire in all parts of eastern Ukraine;
  • Full, unfettered access to the whole conflict zone including all separatist-held territory, for OSCE monitors; and
  • A full pull-back of all heavy weaponsUkrainian, Russian and  separatist—as stipulated in the agreements, under OSCE monitoring and  verification.
  • And an end to uninspected convoy and cargo over the ukrainian border. 
If fully implemented, this will bring greater peace and security in  eastern Ukraine for the first time in almost a year. And  with it,  Ukraine will once again have unfettered access to its own  people in the  East, and the opportunity for dialogue and political  normalization with  them. That’s what Minsk promises. Peace, then  political normalization,  then a return of the border. But first, there  must be peace.
Russia’s commitments under the Minsk agreements are crystal clear and  again the choice is Russia’s. As the President has said, we’ll judge  Russia by its actions, not its words. And The United States will with our international partners start  rolling back sanctions on Russia only when the Minsk agreements are  fully implemented.
But the reverse is also true. If they are not implemented they will be more sanctions. We  have already begun consultations  with our European partners on further  sanctions pressure should Russia  continue fueling the fire in the east  or other parts of Ukraine, fail to  implement Minsk or grab more land  as we saw in Debaltseve after the agreement was signed.
Mr. Chairman, mister ranking member,  members of this committee, America’s investment in  Ukraine is about  far more than protecting the choice of a single  European country. It’s  about protecting the rules-based system across  Europe and globally.  It’s about saying “no” to borders changed by force,  and to big  countries intimidating their neighbors or demanding spheres  of  influence. It’s  about protecting our 25 year American investment in  the prospect of a  Europe whole, free and at peace and the example that  sets for nations  and people around the world who want more democratic,  prosperous  futures.
I thank this committee for its bipartisan support and commitment to the sovereignty and territorial integrity of Ukraine and for Europe call for peace.
Thank you.

Mercredi 11 mars 2015

• Le FMI valide le prêt de 17,5 milliards de dollars à l’Ukraine (zerohedge). Bon, finalement, les conditions du FMI s’étaient pour rire… L’Ukraine va avoir tout plein de billets verts pour payer les intérêts de sa dette, régler sa facture de gaz à la Russie, acheter des armes “pour se défendre contre ceux qu’elle attaque” et éventuellement redresser son économie avec les miettes…Un peu comme la Grèce en fait, la guerre en plus ! La Russie, en tant que partie prenante du FMI y est de 13,75 millions USD de sa poche, qu’elle va récupérer très vite avec le prochain pré-paiement de gaz par l’Ukraine, plus les livraisons d’électricité, plus les intérêts des emprunts ukrainiens à la Russie, … (rt). L’Ukraine va donc bientôt recevoir la première tranche de 5,5 millairds USD de cette aide (unian.info).

Justice européenne uber alles.  L’UE s’y connait bien mieux en justice que la Russie et demande donc une enquête internationale sur l’assassinat de Nemtsov. Le Parlement européen devrait adopter ce jeudi une résolution sur l’assassinat de ce dernier (unian.net).C’est effectivement plus facile d’obtenir un concensus sur une enquête dans un pays qui n’appartient pas à l’UE que de mettre en place une véritable enquête sur les luxleaks qui touchent les membres les plus éminents de l’UE (arretsurimages.net, contexte.com , boursorama )…

Porochenko reçoit les émissaires US. “Chers amis de l’Ukraine, je vous remercie pour ce que vous faites pour nous depuis de nombreuses années. Au cours de la dernière année, ce soutien est une question de survie de l’Ukraine “. C’est sur ces mots que Porochenko a accueilli les émissaires de la délégation du Congrès des Etats-Unis. Il les a également informé sur les progrès et l’irréversibilité des réformes politiques et économiques mises en place suite au coup d’Etat. Ceux-ci ont souligné l’importance de ces réformes, en priorité sur les secteurs de l’énergie et de l’agro-alimentaire (unian.net). Avis aux ukrainiens: le gaz n’est pas près de baisser!

• Les combattants de Secteur droit refusent toujours de se soumettre au ministère de la défense ukrainien. Les membres de Secteur Droit des bataillons de volontaires refusent toujours d’accepter les accords de Minsk 2 et veulent organiser une provocation afin de les faire capoter (sputniknews).

Traditionnelle marche de l’extrême-droite à Vilnius, à  laquelle participaient des radicaux des autres pays baltes, de  biélorussie et d’Ukraine. Déclaration d’un membre de Secteur droit (00:56): “Je suis venu pour que la Lithuanie soit aux Lithuaniens et pas aux juifs, katsapes (russes), youpins et demi-polonais” . Ils n’étaient qu’un millier, deux fois moins que l’année dernière. Le 16 mars, ils défileront en Estonie (1tv.ru).

Jeudi 12 mars 2015

• La Russie obtient un siège au conseil d’administration de SWIFT, le système internationalde transactions bancaires  (zerohedge). Sans doute que SWIFT a peur de la concurrence du futur système chinois et voudrait mettre la Russie dans sa poche. Du coup, cela va être plus compliqué de déconnecter la Russie de SWIFT comme les occidentaux la menace régulièrement (tass.ru via russia-insider)…

 • Le tueur présumé de Nemtsov dénonce le commandant du bataillon pro Kiev Dzhokhar Dudaev comme son commanditaire (fortruss)

 • Selon le ministre de la défense de la république de Donetsk, l’Ukraine positionne des armes lourdes sur la totalité de la ligne de front (novorossia.today) : “In spite of the announcement of Kiev authorities that they have  completed withdrawal of heavy armaments from the line of contact, we  keep on receiving information concerning the  reinforcement of the UAF  positions along the entire line of contact, as well as concerning the  deployment of artillery and MRLS in the demilitarized zone”. Une constatation radicalement différente de celle du témoignage de Nuland, mardi 10 mars.

• L’Ukraine se plaint de l’embargo européen sur les moteurs de véhicules de combat. Comme indiqué dans une précédente Actu’Ukraine, l’Ukraine a une industrie qui est toujours sectorisée à la soviétique, ce qui fait qu’elle n’est pas autonome pour la construction de matériels militaires. La Russie est encore en partie sur le même modèle industriel à la différence quelle peut recréer sur son sol les capacités de production, notamment militaires, qui étaient présentes en Ukraine et dont elle ne veut plus dépendre (fortruss).

• En Ukraine, l’agriculture souffre aussi.  Après l’effondrement de l’industrie se profile donc l’effondrement de l’agriculture. Près d’un cinquième des terres pourrait ne pas être ensemencé en raison de l’augmentation des coûts des semences, des engrais, du carburant et du crédit (vz). Et pour se faire du blé (jeu de mot facile) l’Ukraine envisage de faire payer plus cher de 30% à la Russie le transit du gaz russe vers l’Union européenne (economics.unian.net)… Quelque chose me dit que ce n’est pas gagné…

• Retour sur février : interview de Stephen Seagal sur RT à propos de son rôle comme ambassadeur informel entre les USA et la Russie (novorossia.today, youtube.com)

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Vendredi 13 mars 2015

• Lettre ouverte Alexandre  Zakhartchenko (DNR) et d’Igor Plotnitski (LNR) à François Hollande et à Angela Merkel (sputniknews, youtube)

Malheureusement, nos médias n’ont apparemment pas ouvert cette lettre ouverte…
 
Madame la Chancelière, Monsieur le Président
 
Nous sommes contraints de vous demander, en tant que garants des accords de Minsk,  de faire pression sur les autorités ukrainiennes, jusqu’à adopter des  sanctions individuelles et économiques, pour les pousser à remplir les  termes des accords approuvés par le Groupe de contact le 12 février  dernier à Minsk avec votre participation active.
 
L’Ukraine  sabote ouvertement et ne remplit pas les engagements pris.  Premièrement, les militaires ukrainiens ne respectent pas le calendrier  de retrait des armements lourds et ne fournissent pas d’informations sur  la zone de nouveau déploiement, ce dont attestent les observateurs de  l’OSCE.
 
Deuxièmement, et surtout, le parlement ukrainien (Rada) n’a même pas  initié la procédure d’examen du décret indiquant la liste des zones des  régions de Donetsk et de Lougansk bénéficiant de droits spécifiques  conformément à la loi ukrainienne sur le statut particulier du Donbass.  Sachant que le délai de 30 jours accordé pour mettre en œuvre cette  décision, conformément à la “feuille de route” également approuvée dans  les accords de Minsk, expire demain le 14 mars.
 
Nous  confirmons notre engagement à respecter les accords de Minsk et notre  disposition au règlement du conflit politique total et exhaustif.
 
En outre, nous voulons attirer votre attention sur le fait que  contrairement aux accords de Minsk, le blocus économique de nos  Républiques de la part du régime de Kiev perdure et se renforce.
 
L’Allemagne et la France ont promis de contribuer au recouvrement de  l’infrastructure bancaire dans la région. Mais Kiev, d’une part, rejette  votre aide et, de l’autre, ne fait rien pour que le système bancaire  fonctionne dans nos Républiques.
 
En raison de l’agression militaire de l’Ukraine, l’économie de nos  Républiques est au seuil de l’effondrement, les retraites et d’autres  prestations sociales ne sont toujours pas versées. Le déficit de la  hryvnia (la monnaie ukrainienne) est devenu si fort que les citoyens et  les petites entreprises paient avec toutes les autres devises  disponibles – euros, dollars, roubles.
 
Étant  donné que Kiev n’a pas l’intention d’entreprendre la moindre action  pour redresser la situation économique, nous nous adressons à vous en  tant que garants du respect des accords de Minsk pour demander:
1. L’envoi à Donetsk et à Lougansk de spécialistes de vos pays pour  une aide méthodique dans le recouvrement du système bancaire du Donbass.  De notre côté, nous garantissons la sécurité à vos spécialistes et  leurs accompagnateurs.
2. L’interdiction de séjour en Union européenne pour des crimes  contre l’humanité commis à l’égard de notre peuple, pour les violations  en masse des droits de l’homme, pour l’éradication de la population  civile par la terreur militaire et le blocus économique aux citoyens  ukrainiens suivants: Iatseniouk, Poltorak, Tourtchinov, Avakov, Lojkine,  Kolomoïski.
3. La suspension de l’aide financière au gouvernement antipopulaire  Iatseniouk-Avakov jusqu’à ce qu’il assure les conditions pour lever le  blocus économique du Donbass et régler politiquement le conflit.
 

• Nouveau rapport de l’ONG russe Research Foundation for Democracy  Problems sur les exactions de l’armée ukrainienne et des bataillons de volontaires : il a pour titre “War crimes Ukrainian security services: torture and inhuman treatment of residents of Donbass” et détaille les pratiques hélas habituelles de conflit où la haine est présente : viol, tortures diverses, exécutions et simulacres d’exécution, détention arbitraire… (colonel cassad)

Deuxième rapport : War crimes Ukrainian security services: torture and inhuman treatment (version russe)

Premier rapport datant de novembre 2014 : War crimes of the armed forces and security forces of Ukraine : torture of the Donbass region residents (version anglaise, version russe)

• Porochenko se targue d’avoir des contrats avec des pays occidentaux concernant des livraisons immédiates d’armes létales  “en cas de nouvelle aggression russe” (unian.infosputniknews)

• La Bulgarie et les USA vont débuter 3,5 mois d’exercices militaires conjoints en Bulgarie auxquels devraient participer 350 soldats américain (rt)

• Petit moment de détente (sputniknews)

Samedi 14 mars 2015

• Reportages côté novorusse sur la ligne de front à Peski, non loin de l’aéroport de Donetsk, et à Shironiko, sur la côte de la mer d’Azov, non loin de Marioupol. Peski et Shirokino sont les deux points chauds du front (youtube,youtube).

 •  Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg blablate à la TV anglaise (news.sky.com). En résumé L’OTAN aide l’Ukraine sans l’aider tout en l’aidant parce que l’Ukraine ne fait pas partie de l’OTAN, mais que, dans le même temps, la Russie n’est pas l’amie de l’OTAN. L’ennemi de mon ennemi est mon ami… même si ce sont des nazis génocidaires.

 • Les Rusyns de Transcarpathie demandent leur autonomie à l’Ukraine. “The decisions made at the congress (of Rusyn organizations) serve the following goals: demand the recognition  of Rusyns as a nationality, and demand the implementation of the 1991  referendum on autonomy through dialogue. None of that had happened  earlier. Right now we are opting for a dialogue, not a confrontation.” Même s’ils demande ça gentiment, cela ne va pas sûrement pas faire plaisir à Kiev (fortruss)…

 • Documentaire alemand sous-titré anglais sur les évenements de mai 2014 à Odessa (youtube)

Dimanche 15 mars 2015

• Version actuelle des Brigades Internationales : une centaine d’allemands se battraient du côté des novorusses en Ukraine (http://sputniknews.com/europe/20150315/1019509208.html ).

 • Exemple de paranoia ukrainienne. Un site publie une carte de la partie de l’Ukraine que la Russie voudrait annexer. En résumé c’est toute l’Ukraine sauf les régions de l’Ouest, historiquement plutôt polonaises, qui votent massivement pour des partis d’extrême-droite… Une autre façon de montrer qu’il y a l’Ukraine “pure” ou plutôt “purifiée” (voir “c’est beau l’amitié polono-ukrainienne ! lundi 9 mars dans cette actu’Ukraine) (strana.in.ua).

• Retour vers le passé si glorieux de l’UPA… En rencontrant des volontaires, Porochenko a revêtu une “mazepinka”, la casquette que portaient les partisans de Bandera pendant la seconde guerre mondiale. Il est question de généraliser cette coiffure dans l’armée ukrainienne. C’est tellement seyant ce petit côté old fashioned nazi trendy (vzgliad.ru)…

Double peine pour l’Allemagne : sanctions et compensations…  La société allemande Rheinmetall exige des autorités allemandes une compensation en raison de la rupture de son contrat avec la Russie à cause des sanctions (environ 120 millions d’euros de perte). D’autres entreprises du secteur énergétique allemand demandent quant à elles 22 milliards d’euros pour les mêmes raisons (vz, sputniknews, sputniknews)…

Source: http://www.les-crises.fr/actu-ukraine-17-03-15/