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[Reprise] Le retour de la guerre de George Orwell et Big Brother en Palestine ; l’Ukraine et la Vérité, par John Pilger

Sunday 10 August 2014 at 01:41

L’autre soir, je suis allé voir une interprétation de 1984, de George Orwell, dans un théâtre de Londres. Bien qu’une mise à jour contemporaine eut été intéressante, l’avertissement d’Orwell n’y fut présent que sous la forme d’un exercice de style : distant, pas le moins du monde menaçant, quasiment rassurant. Comme si Edward Snowden n’avait rien révélé, que Big Brother n’était pas devenu un espion numérique, et qu’Orwell lui-même n’avait jamais dit : « Pour être corrompu par le totalitarisme, nul besoin de vivre dans un pays totalitaire ».

Encensé par les critiques, cette production talentueuse était à la mesure culturelle et politique de notre époque. Quand les lumières se sont rallumées, les gens étaient déjà en train de sortir. Ils ne semblaient pas avoir été touchés, ou peut-être que d’autres distractions les attendaient. « Quelle prise de tête ! », s’est exclamée une jeune demoiselle, en allumant son téléphone.

A mesure que les sociétés avancées se dépolitisent, les changements sont à la fois subtils et spectaculaires. Dans les discours quotidiens, le langage politique est une inversion, comme Orwell l’avait prédit dans 1984. « Démocratie » n’est plus qu’un outil de rhétorique. « La Paix » c’est en réalité un état de guerre perpétuelle. « Global » signifie impérialiste. Le concept de « réforme », autrefois porteur d’espoir, signifie aujourd’hui régression, voire destruction. « Austérité » signifie le passage au capitalisme extrême pour les pauvres et au socialisme pour les riches : un système ingénieux où la majorité travaille à rembourser des dettes, au profit de la minorité.

Dans les arts, l’hostilité vis-à-vis des vérités politiques est un article de la foi bourgeoise. « La période rouge de Picasso », titrait un journal, « et pourquoi la politique et l’art ne font pas bon ménage ». Imaginez cela dans un journal qui aurait fait la promotion du bain de sang de l’Irak en tant que croisade libérale. L’opposition au fascisme qui a marqué la vie de Picasso n’est plus qu’un détail, comme le radicalisme d’Orwell qui s’est détaché de son nom.

Il y a quelques années, Terry Eagleton, alors professeur de littérature anglaise à l’université de Manchester, admit que « pour la première fois depuis deux siècles, il n’y a pas d’éminent poète britannique, de metteur en scène, ou de romancier prêt à remettre en cause les fondamentaux du style de vie occidental ». Aucun Shelley ne parle pour les pauvres, pas de Blake pour défendre les rêves des utopistes, ni de Byron pour maudire la corruption et la classe dominante, et pas de Thomas Carlyle ni de John Ruskin pour révéler le désastre moral qu’est le capitalisme. William Morris, Oscar Wilde, HG Wells, George Bernard Shaw n’ont aucun équivalent aujourd’hui. Harold Pinter fut le dernier à s’insurger. Parmi les voix du “consumé-féminisme”, aucune ne fait écho à celle de Virginia Woolf, qui décrivait “les arts de domination des autres peuples… de régner, de tuer, d’acquérir la terre et le capital”.

Au théâtre national, une nouvelle pièce, « Grande-Bretagne », satirise le scandale des écoutes téléphoniques, qui aura fait juger et condamner des journalistes, dont un ancien éditeur du « News of the World » de Rupert Murdoch. Décrite comme une « farce avec des crocs qui soumet l’ensemble de la culture médiatique incestueuse au ridicule impitoyable », les cibles de la pièce sont les personnalités « heureusement très drôles » de la presse tabloïd britannique. C’est bien bon, et si familier. Mais qu’en est-il des médias non-tabloïd qui se considèrent eux-mêmes comme crédibles et réputés, et pourtant jouent le rôle parallèle de bras armé du pouvoir de l’état et du capital, en promouvant et en soutenant les guerres illégales ?

L’enquête Leveson sur les écoutes téléphoniques a légèrement laissé entrevoir ce phénomène. Tony Blair énonçait des preuves, se plaignant auprès de monsieur le juge du harcèlement des tabloïds sur sa femme, quand il fut interrompu par une voix qui s’éleva du public. David Lawley-Wakelin, un réalisateur, demandait l’arrestation de Blair et son jugement pour crimes de guerre. Il y eut un long silence : le choc de la vérité. Lord Leveson se leva, ordonna l’expulsion de celui qui osait dire la vérité, et s’excusa auprès du criminel de guerre. Lawley-Wakelin fut condamné, pas Tony Blair.

Les complices aguerris de Tony Blair sont plus respectables que les hackers de téléphone. Quand le présentateur de la BBC, Kirsty Wark, le reçu pour le 10ème anniversaire de l’invasion de l’Irak, elle lui offrit un moment dont il ne pouvait que rêver ; elle lui permit d’agoniser sur sa décision “difficile” sur l’Irak au lieu de lui rappeler ses crimes. Ceci rappelle la procession de journalistes de la BBC qui en 2003 déclaraient tous que Blair pouvait se sentir “justifié”, et la série qui s’ensuivit sur la BBC, “Les années Blair”, pour laquelle David Aaronovitch fut choisi comme écrivain, présentateur, et interviewer. Un serviteur de Murdoch qui fit cempagne pour la guerre en Irak, en Lybie, et en Syrie.

Depuis l’invasion de l’Irak – l’exemple d’un acte d’agression non-provoquée, ce que le procureur de Nuremberg Jackson qualifiait de “crime international suprême qui diffère des autres crimes de guerre en ce qu’il les contient tous” – Blair et son porte-parole et principal complice, Alastair Campbell, ont eu droit à pas mal de place dans le Guardian afin de réhabiliter leurs réputations. Décrit comme une étoile du Labour Party, Campbell a voulu s’attirer la sympathie des lecteurs en prétextant une dépression, et a montré son intérêt, à l’instar de Blair, bien que cela ne soit pas son assignement actuel comme conseiller, pour la tyrannie militaire Egyptienne.

Alors que l’Irak est démembré suite à l’invasion de Blair et Bush, un titre du Guardian énonce : “Renverser Saddam était juste, mais nous nous sommes retirés trop tôt”. Ceci dans un article phare du 13 juin écrit par un ancien fonctionnaire de Blair, john McTernan, qui a aussi travaillé pour le dictateur Irakien installé par la CIA, Iyad Allawi. En appelant à répétition à l’invasion d’un pays que son ancien maître avait aidé à détruire, il ne fit jamais référence aux 700 000 morts, ni aux 4 millions de réfugiés et au tournant sectaire qui avait eu lieu dans une nation autrefois fière de sa tolérance.

“Blair personnifie la corruption et la guerre”, a écrit le journaliste radical du Guardian Seumas Milne dans un article très inspiré en date du 3 juillet. Dans le milieu on appelle cela « la balance ». Le lendemain, le journal publia une pleine page de publicité pour un bombardier américain. Sur la photo menaçante du bombardier était écrit : « le F-35, Génial pour l’Angleterre ». Cette autre personnification de « corruption et de guerre » va couter aux contribuables britanniques 1,3 milliards de £, les précédents modèles de la gamme F ayant déjà servi à massacrer des gens un peu partout dans le monde en développement.

Dans un village d’Afghanistan, où vivent les plus pauvres des pauvres, j’ai filmé Orifa, s’agenouillant devant les tombes de son mari, Gual Ahmed, un tisserand, et de 7 autres membres de sa famille, dont 6 enfants, et de deux enfants qui furent tués dans la maison d’à côté. Une bombe « de précision » de 500 livres est directement venue s’exploser sur leur petite maison de boue, de pierre et de paille, laissant à la place un cratère de 50 pieds de long. Lockheed Martin, le fabricant de l’avion a le privilège de bénéficier de pages publicitaires dans le Guardian.

L’ancienne secrétaire des affaires étrangères des USA et aspirant présidente, Hillary Clinton, est récemment passé à la BBC, à l’émission « Women’s Hour », la quintessence de la respectabilité médiatique. La présentatrice, Jenni Murray, présenta Mme Clinton comme l’exemple même de la réussite féminine. Elle ne rappela pas à l’audience les propos déplacés de Mme Clinton qui prétendait que l’Afghanistan était envahi afin de libérer les femmes comme Orifa. Elle ne posa aucune question à Mme Clinton sur la campagne de terreur de son administration qui utilise des drones pour tuer femmes, hommes et enfants. Elle ne fit pas non plus mention de la menace de Mme Clinton, durant sa campagne présidentielle, d’ « éliminer » l’Iran, et rien non plus sur son soutien aux surveillances illégales, et son acharnement contre les lanceurs d’alertes.

Murray posa une question « osée ». Mme Clinton avait-elle pardonné à Monica Lewinsky d’avoir eu une affaire avec son mari ? « Le pardon est un choix », répondit Mme Clinton, « pour moi ce fut le bon choix ». Cela nous rappelle que dans les années 90 et pendant la période secouée par le scandale « Lewinsky », le président Bill Clinton envahissait Haïti et bombardait les Balkans, l’Afrique et l’Irak. Il détruisait aussi les vies d’innombrables enfants Irakiens ; L’Unicef rapporte la mort d’un demi-million d’enfants Irakiens de moins de 5 ans, en conséquence de l’embargo mis en place par les USA et la Grande-Bretagne.

Ces enfants furent ignorés par les médias, tout comme les victimes des invasions soutenues par Hillary Clinton – l’Afghanistan, L’Irak, le Yémen, la Somalie – sont ignorés par les médias. Murray n’y fit jamais allusion. Une photo d’elle et de son invité de marque fut mise en avant sur le site de la BBC.

En politique, comme dans le journalisme et dans les arts, il semblerait que la contestation autrefois tolérée dans les médias mainstream se soit abaissée à un simple désaccord : un sous-sol métaphorique. Quand j’ai commencé ma carrière à Fleet Street en Angleterre dans les années 60, il était acceptable de critiquer fortement le pouvoir occidental. Il suffit de lire le rapport de James Cameron sur les explosions des bombes à hydrogène à l’atoll Bikini, où celui sur la guerre de Corée et sur le bombardement américain du Nord-Vietnam. La grande illusion de notre époque est ce mythe de l’ère de l’information, alors qu’en vérité nous vivons à une époque où la propagande des multinationales et du monde de l’entreprise est insidieuse, contagieuse, efficace et libérale.

Dans son essai de 1859 « De la liberté », auxquels les libéraux modernes rendent hommage, John Stuart Mill écrivait :

« Le despotisme est un mode de gouvernement légitime si l’on a affaire à des barbares, à condition que le but soit leur amélioration, et les moyens sont justifiés par l’accomplissement effectif de ce programme. »

Les « barbares » étaient de larges sections de l’humanité dont « l’obéissance implicite » était exigée.

« C’est un mythe utile et commode de croire que les libéraux sont pacifistes et les conservateurs belliqueux », écrivait l’historien Hywel Wiliams en 2001, « mais il est possible que l’impérialisme du libéralisme soit plus dangereux de par sa nature explicite : sa conviction qu’il représente une forme supérieure de vie ». Il avait en tête un discours de Tony Blair dans lequel l’ex premier ministre promettait de « remettre de l’ordre dans le monde autour de nous » selon ses propres « valeurs morales ».

Richard Falk, autorité reconnu sur la loi internationale et rapporteur spécial de l’ONU sur la Palestine, a décrit une « bien-pensance, unilatérale, un écran légal/moral avec des images positives des valeurs occidentales et de l’innocence dépeinte comme menacée, justifiant une campagne de violence politique sans restriction ». Et « largement acceptée au point d’en devenir virtuellement incontestable. »

Favoritisme et mandature récompensent les gardiens. Sur la Radio 4 de la BBC, Razia Iqbal reçut Toni Morrison, la lauréate Afro-Américaine du prix Nobel. Morrison se demandait pourquoi les gens étaient « si énervés » contre Barack Obama, qui était pourtant « cool » et souhaitait seulement construire une « économie et un système de sécurité sociale solide ». Morrison était fière d’avoir parlé au téléphone avec son héros, qui se trouvait avoir lu un de ses livres et l’avait invité lors de sa prise de fonction.

Ni elle ni la présentatrice n’évoquèrent les 7 guerres d’Obama, dont sa campagne de terreur par drones, à cause de laquelle des familles entières, leurs secouristes et leurs proches furent assassinés. La seule chose qui semblait avoir de l’importance était qu’un homme de couleur « qui s’exprime bien » s’était élevé au plus haut échelon de l’échelle du pouvoir. Dans « Les damnés de la terre », Frantz Fanon écrivait que « la mission historique » des colonisés était de servir de « ligne de transmission » aux dirigeants et autres oppresseurs. A notre époque, l’utilisation des différences ethniques par le pouvoir occidental et ses systèmes de propagandes est perçue comme essentiel. Obama incarne parfaitement cette idée, bien que le cabinet présidentiel de George W. Bush – sa clique belliciste – ait été le cabinet le plus multiracial de l’histoire présidentielle.

Alors que la cité Irakienne de Mosul tombait aux mains des djihadistes d’ISIS, Obama fit la déclaration suivante : « Le peuple américain a beaucoup investi et sacrifié afin que les Irakiens aient l’opportunité de se choisir une meilleure destinée ». À quel point ce mensonge est-il « cool » ? À quel point s’est-il « bien exprimé » lors de son discours à l’académie militaire de West Point le 28 mai ? Lors de son discours sur « l’Etat du monde » à la cérémonie de remise des diplômes de ceux qui « vont prendre la direction des Etats-Unis » à travers le monde, Obama déclara que : « Les Etats-Unis utiliseront la force militaire, unilatéralement s’il le faut, quand nos intérêts seront menacés. L’opinion internationale compte, mais l’Amérique ne demandera jamais la permission… »

En répudiant la loi internationale et le droit de souveraineté des nations, le président américain s’octroie un droit divin basé sur la puissance de son « indispensable nation ». C’est un message d’impunité impériale familier, bien que toujours étonnant à entendre. Evoquant la montée du fascisme des années 30, Obama a dit « Je crois en l’exceptionnalité Américaine de tout mon être ». L’historien Norman Pollack écrivait « Au lieu de ceux qui marchent au pas, on substitue l’apparemment inoffensive militarisation de la culture. Et au lieu du leader grandiloquent, nous avons le réformateur manqué, qui travaille allègrement, planifie et exécute des assassinats, tout en souriant ».

En février, les USA préparaient un de leurs coups d’états contre le gouvernement élu d’Ukraine, en exploitant de véritables protestations contre la corruption à Kiev. La conseillère nationale à la sécurité d’Obama Victoria Nuland sélectionna personnellement le leader d’un « gouvernement d’intérim ». Elle le surnomma « Yats ». Le Vice-Président Joe Biden se rendit à Kiev, tout comme le directeur de la CIA John Brennan. Les troupes de choc de leur putsch étaient des fascistes Ukrainiens.

Pour la première fois depuis 1945, un parti Néo-Nazi ouvertement antisémite contrôle des secteurs clés du pouvoir étatique d’une capitale européenne. Aucun leader européen n’a condamné cette résurgence fasciste près de la frontière où l’invasion des Nazis d’Hitler couta la vie à plusieurs millions de Russes. Ils étaient soutenus par l’UPA, une armée d’insurgés Ukrainiens, responsable de massacres de juifs et de russes qu’ils appelaient « la vermine ». L’UPA est l’inspiration historique du parti actuel Svoboda et de leurs compagnons de droite. Oleh Tyahnybok, leader de Svoboda a appelé à une purge de « la mafia Mosco-Juive » et des « autres vermines », dont les gays, les féministes et tous ceux de gauche.

Depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, les USA ont entouré la Russie de bases militaires, d’avions de guerre et de missiles nucléaires, suivant le projet d’élargissement de l’OTAN. Reniant la promesse faite au président soviétique Mikhail Gorbatchev en 1990 de na pas étendre l’OTAN « d’un centimètre vers l’Est », L’OTAN occupe militairement l’Europe de l’Est. Dans l’ancien Caucase soviétique, l’expansion de l’OTAN est le plus important chantier militaire depuis la seconde Guerre Mondiale.

Le cadeau de Washington au régime issu du coup d’état à Kiev est un plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN. En Août, l’opération « Rapid Trident » placera les troupes américaines et britanniques à la frontière entre la Russie et L’Ukraine et l’opération « Sea Breeze » placera des navires de guerre américains en vue de ports russes. Imaginer les conséquences si ces actes de provocations, ou d’intimidations, s’effectuaient contre les Etats-Unis.

En récupérant la Crimée – que Nikita Krutchev avait illégalement détachée de la Russie en 1954 – les russes se défendent comme ils l’ont fait depuis presque un siècle. Plus de 90% de la population de la Crimée a voté pour le rattachement à la Russie. La Crimée c’est aussi la base navale de la mer noire, et sa perte signifierait la mort de la flotte Russe et un trésor pour l’OTAN. Semant la confusion au sein des parties belliqueux de Kiev et de Washington, Vladimir Putin retira les troupes russes de la frontière ukrainienne et urgea les ethnies russes de l’Est de l’Ukraine d’abandonner le séparatisme.

Suivant une logique Orwellienne, cela a été traduit à l’Ouest par « la menace Russe ». Hillary Clinton compara Poutine à Hitler. Sans ironie aucune, les commentateurs d’extrême-droite allemands firent de même. Dans les médias, les Néo-Nazis Ukrainiens ne sont plus que des « nationalistes » ou « ultra-nationalistes ». Ils ont peur que Poutine soit habilement en quête d’une solution diplomatique, et qu’il réussisse. Le 27 juin, en réponse au compromis de Poutine– sa requête devant le parlement Russe de révoquer la législation qui lui avait octroyé le pouvoir d’intervenir en faveur des ethnies russes d’Ukraine – le secrétaire d’état John Kerry publia un autre de ses ultimatums. La Russie doit « agir dans les prochaines heures, littéralement » pour mettre un terme à la révolte en Ukraine de l’Est. Nonobstant le fait que Kerry soit largement considéré comme un guignol, le propos sérieux de ces « avertissements » est de conférer le statut de paria à la Russie et de faire écran de fumée aux nouvelles de Kiev et de la guerre que mène le régime intérimaire contre son propre peuple.

Un tiers de la population Ukrainienne est Russophone et bilingue. Ils souhaitent depuis longtemps la naissance d’une fédération démocratique qui reflèterait la diversité ethnique Ukrainienne et qui serait autonome et indépendante de Moscou. La plupart ne sont ni « séparatistes » ni « rebelles » mais des citoyens qui veulent vivre en paix sur leur terre natale. Le séparatisme est une réaction à l’attaque la junte de Kiev sur ces mêmes citoyens, causant l’exode de plus de 110 000 d’entre eux (estimation de l’ONU) vers la Russie. Pour la plupart, des femmes et des enfants traumatisés.

Comme les enfants de l’embargo irakien, et les femmes et les jeunes filles « libérées » d’Afghanistan, terrorisés par les seigneurs de guerre de la CIA, ces ethnies d’Ukraine ne sont pas les bienvenus dans les médias occidentaux, leurs souffrances et les atrocités auxquelles elles sont soumises sont minimisées, ou passées sous silence. L’intensité de l’assaut mené par le régime n’est pas retransmise par les médias occidentaux mainstream. Ce n’est pas une première. En relisant le chef d’œuvre de Phillip Knightley « Première victime : le correspondant de guerre comme héros, propagandiste et faiseur de mythes », je renouvelle mon admiration pour le journaliste du Guardian Philips Price, le seul reporter occidental à être resté en Russie pendant la révolution de 1917 et à avoir rapporté la vérité sur les invasions désastreuses des alliés occidentaux. Objectif et courageux, Philips Price à lui seul dérange ce que Knightley appelle un « silence sombre » antirusse en occident.

Le 2 Mai, à Odessa, 41 ukrainiens d’origines russes furent brulés vivant dans le QG des syndicats, sous les yeux de la police qui regardait sans rien faire. Il y a de nombreuses preuves vidéo sans équivoque. Le dirigeant de droite Dmytro Yarosh a dit de ce massacre qu’il était « un jour glorieux pour l’histoire de la nation ». Dans les médias américains et britanniques, ceci fut présenté comme une « sombre tragédie » résultant d’affrontements entre « nationalistes » (Néo-Nazis) et « séparatistes » (des gens collectant des signatures pour un référendum pour une Ukraine fédérale). Le New York Times passa cela sous silence, ayant classé comme propagande russe les avertissements sur les politiques fascistes et antisémites des nouveaux clients de Washington. Le Wall Street journal a maudit les victimes – « Un incendie ukrainien mortel probablement l’œuvre des rebelles, selon le gouvernement ». Obama félicita la junte pour sa « retenue ».

Le 28 juin, le Guardian dévoua une quasi pleine-page aux déclarations du « président » du régime de Kiev, l’oligarque Petro Poroshenko. Encore une fois, la règle Orwellienne d’inversion s’appliqua. Il n’y avait pas eu de putsch ; pas de guerre contre les minorités ethniques ; les Russes étaient à blâmer pour tout. « Nous voulons moderniser mon pays » écrivit Poroshenko. « Nous voulons introduire la liberté, la démocratie et les valeurs européennes. Quelqu’un n’aime pas ça. Quelqu’un ne nous aime pas pour cela. »

A la lecture de son article, le reporter du Guardian, Luke Harding, n’a jamais questionné ces affirmations, ou mentionné les atrocités d’Odessa, les attaques aériennes et de l’artillerie du régime sur des zones résidentielles, le meurtre et le kidnapping de journalistes, les incendies des journaux d’opposition, et la menace de « libérer l’Ukraine des poussières et des parasites ». Les ennemis sont « des rebelles », des « militants », des « insurgés », des « terroristes » et des larbins du Kremlin. Allez chercher dans les archives de l’histoire les fantômes du Vietnam, du Chili, du Timor-Est, d’Afrique du Sud, d’Irak, vous remarquerez les mêmes qualificatifs. La Palestine est la pierre angulaire de cette escroquerie sans fin. Le 11 juillet, à la suite des derniers massacres à Gaza, commis par les Israéliens, équipés par les Américains – 80 personnes dont 6 enfants de la même famille – un général Israélien écrivait dans le Guardian, le titre de son article : « Une démonstration de force nécessaire ».

Dans les années 70, j’ai rencontré Leni Riefenstahl et je lui ai posé des questions sur ses films qui glorifiaient les Nazis. À l’aide de caméras révolutionnaires et de techniques d’éclairages, elle a produit une sorte de documentaire qui hypnotisa les allemands ; son film « le triomphe de la volonté » est réputé avoir scellé le destin d’Hitler. Je lui ai posé des questions sur la propagande des sociétés qui s’estimaient supérieures. Elle répliqua que « les messages » dans ses films ne dépendaient pas « d’ordres venant d’en haut » mais d’un « vide de soumission » au sein de la population germanique. « Cela inclut-il la bourgeoisie libérale et éduquée ? » ai-je demandé, « tout le monde » m’a-t-elle répondu, « et bien sur l’intelligentsia ».

John Pilger (Traduis de l’anglais Nicolas CASAUX du 4eme Singe)

Vous trouverez la version anglaise ici

Source : Le Grand Soir

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-le-retour-de-la-guerre-de-george-orwell-et-big-brother-en-palestine-lukraine-et-la-verite-par-john-pilger/


Revue de presse internationale du 10/08/2014

Sunday 10 August 2014 at 00:01

Une revue internationale aux thématiques très variées. Un grand merci aux travailleurs de l’été !

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-10-08-2014/


[Vidéo] Conférence de Pierre Hillard sur le Mondialisme et la Crise ukrainienne

Saturday 9 August 2014 at 05:00

Une intéressante conférence ( à 1 ou 2 points près…) de Pierre Hillard à Berlin (dont je suis loin de partager toutes les positions, mais peu importe, je me limite ici à cette seule conférence dont 90 % est intéressant), en mai 2014 :

Source: http://www.les-crises.fr/conference-de-pierre-hillard-sur-le-mondialisme-et-la-crise-ukrainienne/


Ukraine : les trois options de Poutine, par Zbigniew Brzezinski

Saturday 9 August 2014 at 03:09

Tribune de Zbigniew Brzezinski parue le 8 juillet. Il est important de connaitre sa vision, au vu de son influence. Incroyable de le voir parler de “fanatisme chauvin”…

 Zbigniew Brzezinski a été conseiller à la sécurité nationale des Etats -Unis de 1977 à 1981. Ce texte est extrait de la déposition qu’il doit faire devant la commission des affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis ce mercredi [9 juillet].

Plus de trois mois se sont écoulés depuis le discours triomphaliste de Vladimir Poutine au parlement russe. Dans une débauche de chauvinisme, il se réjouissait alors de l’annexion militaire de la Crimée. Poutine savourait clairement l’enthousiasme du moment sans se préoccuper apparemment des conséquences stratégiques à long terme de ce qu’il avait déclenché.
Trois mois plus tard, au vu du coût international croissant pour la Russie et sur fond d’incertitude persistante quant à l’avenir des relations russo-ukrainiennes, Poutine est confronté à trois choix fondamentaux:
1. Il pourrait rechercher un compromis avec l’Ukraine en mettant fin aux attaques portées à sa souveraineté et à son bien-être économique. Cela requerrait de la sagesse et de la persévérance tant de la part de la Russie que de la part de l’Ukraine et de l’Occident. Un tel compromis devrait comprendre l’arrêt des efforts russes pour déstabiliser l’Ukraine de l’intérieur, mettant ainsi fin à toute menace d’invasion à plus grande échelle, et une sorte d’arrangement entre l’Est et l’Ouest conduisant la Russie à accepter tacitement de voir l’Ukraine se mettre en marche sur le long chemin menant à son éventuelle adhésion à l’Union Européenne. Dans le même temps, il devrait être précisé clairement que l’Ukraine ne recherchera pas son adhésion à l’OTAN, et que  l’Occident ne l’envisagera pas non plus. Il est compréhensible qu’une telle perspective puisse inquiéter la Russie.
De plus, il serait précisé de la même manière de façon claire que la Russie n’attendra plus de l’Ukraine qu’elle rejoigne « l’Union Eurasiatique », organisation masquant à peine la reconstruction de quelque chose se rapprochant de l’ancienne Union Soviétique ou de l’empire tsariste. Cela ne devrait toutefois pas empêcher  un accord commercial russo-ukrainien, sachant que les deux pays peuvent profiter de l’accroissement de leur coopération en matière commerciale et financière.
La communauté internationale pourrait renouveler son soutien à cette solution et au retour à des relations plus normalisées avec la Russie elle-même, incluant la levée des sanctions.
2. Poutine pourrait continuer à soutenir une intervention militaire à peine voilée destinée à déstabiliser plusieurs parties de l’Ukraine. Si la Russie venait à continuer sur cette voie, il est évident que l’Occident devrait engager des sanctions prolongées et véritablement punitives afin de reporter sur la Russie les conséquences douloureuses de sa violation de la souveraineté ukrainienne. Cette issue malheureuse ferait très probablement deux victimes en Europe de l’Est : d’une part l’Ukraine, en raison des actions destructrices de la Russie ; et d’autre part la Russie elle-même.
3. Poutine pourrait envahir l’Ukraine, en s’appuyant sur le potentiel militaire beaucoup plus important de la Russie. Une telle action, cependant, non seulement déclencherait des représailles immédiates de la part de l’Occident, mais pourrait également soulever une résistance ukrainienne. Si une telle résistance s’avérait durable et intense, il y aurait une pression croissante sur les membres de l’OTAN pour soutenir les Ukrainiens de différentes manières, rendant le conflit beaucoup plus coûteux pour l’agresseur.
Pour le Kremlin, la conséquence de cette troisième option serait non seulement l’hostilité permanente de 40 millions d’ukrainiens mais aussi une Russie isolée politiquement et économiquement, qui ferait face à un risque accru de troubles internes.
Le bon choix est évidemment de trouver un compromis, qui doit inclure l’abandon par la Russie de l’utilisation de la force contre l’Ukraine. La question de la Crimée restera  non-résolue pour le moment, mais servira à rappeler durablement que le fanatisme chauvin n’est pas le meilleur point de départ pour résoudre des problèmes complexes. C’est pourquoi les actions de Poutine sont une menace non seulement pour l’Occident mais, en fin de compte, pour la Russie elle-même .

 

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-les-trois-options-de-poutine-par-zbigniew-brzezinski/


Revue de presse du 09/08/2014

Saturday 9 August 2014 at 00:01

La crise bancaire est terminée (bien entendu), l’austérité mène à la croissance en Europe (évidemment), l’Allemagne et l’Angleterre exemplaires (si, si !), nos parlementaires gesticulent (…), les seules prises de positions intéressantes nous viennent des BRICS. Et Sénèque dans tout ça ? Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdp-09-08-2014/


Le Conseil de Sécurité de l’ONU a débattu de l’Ukraine le 5 aout

Friday 8 August 2014 at 04:50

… et cela vaut vraiment le coup de lire le compte-rendu...

LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DÉBAT DE LA GRAVITÉ DE LA SITUATION HUMANITAIRE EN UKRAINE

OÙ 4 MILLIONS DE PERSONNES SONT AFFECTÉES PAR LES COMBATS

 

Le représentant d’OCHA annonce le lancement, cette semaine,

d’une réponse humanitaire de l’ONU pour prévenir l’aggravation de cette situation

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, à la demande de la Fédération de Russie, débattu de la gravité de la situation humanitaire dans l’est de l’Ukraine et des conséquences de l’instabilité provoquée par les combats qui affectent le quotidien de 4 millions de civils.

« Actuellement, 3,9 millions de personnes vivent dans les zones affectées par la violence et l’approvisionnement en eau est réduite à quelques heures par jour pour 1,5 million d’habitants des villes de Donetsk et Luhansk », a déclaré le Directeur de la Division de la coordination et des interventions du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. John Ging. Depuis le début du conflit à la mi-avril, 1 367 personnes ont été tuées et 4 087 autres blessées, a-t-il dit, avant d’annoncer le lancement, cette semaine, d’un plan de réaction humanitaire des Nations Unies pour prévenir toute nouvelle aggravation.

Pour faire face à la situation des personnes déplacées en Ukraine dont le nombre est estimé à 117 910 et des 740 000 personnes qui auraient trouvé refuge dans la Fédération de Russie, de nombreuses délégations ont appelé à la mise en place d’un système unifié d’enregistrement de personnes déplacées.

Si le représentant russe a jugé « catastrophique » la situation dans l’est de l’Ukraine en raison des activités militaires qualifiées de « chaotiques » du Gouvernement ukrainien, plusieurs délégations ont accusé la Fédération de Russie d’avoir été à l’origine de cette situation et dénoncé son manque de coopération pour faire pression sur les séparatistes afin qu’ils renoncent aux armes et engagent un dialogue.

« Il est étonnant que la Fédération de Russie convoque une réunion d’urgence du Conseil de sécurité pour débattre de la gravité d’une crise humanitaire dont elle est à l’origine », a déclaré le représentant du Royaume-Uni. À l’instar de la représentante de la France, il a relevé que personne ne fuyait les zones sous contrôle du Gouvernement ukrainien. Les rapports du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a-t-il fait remarquer, ne laissent plus aucun doute sur les exactions commises par les séparatistes pro-russes. Sur le même ton, la représentante des États-Unis a estimé que la Fédération de Russie pouvait mettre fin à l’instabilité provoquée par les séparatistes en contrôlant ses frontières avec l’Ukraine et en interdisant ainsi les flux d’armes et ceux qui cherchent à combattre sur le territoire ukrainien.

« C’est la Russie qui continue de déstabiliser l’est de l’Ukraine, c’est elle qui soutient les terroristes dont le mobile principal est de détruire les systèmes d’approvisionnement en eau et en électricité et les hôpitaux », a accusé, de son côté, le représentant de l’Ukraine qui a rappelé que son gouvernement avait mis en place des corridors humanitaires pour permettre à la population civile de fuir les zones de combats.

Bien sûr, les combattants détruisent leurs propres hôpitaux ! Pour mémoire, le 7 aout (source) :

 

Le représentant de la Chine a appelé, quant à lui, les institutions des Nations Unies à respecter les principes d’objectivité et d’impartialité en assurant l’acheminement de l’aide humanitaire. La Chine, a-t-il assuré, est prête à appuyer tout dialogue politique. Les représentants de l’Australie et de la République de Corée se sont félicités du lancement, le 24 juillet, des pourparlers de Minsk impliquant des représentants des séparatistes. Ils ont appelé les parties concernées à les poursuivre.

Reprenant la parole à la fin de la séance, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que certains membres du Conseil de sécurité aient privilégié « la politique politicienne » plutôt que de répondre aux appels à l’aide de la population dans l’est de l’Ukraine.

Répondant aux interrogations de plusieurs délégations, le représentant d’OCHA a précisé que le plan d’intervention humanitaire prenait en compte les futures difficultés liées à l’approche de l’hiver qui, dans cette région, est très rigoureux. Le délégué du Rwanda, qui s’est inquiété de la gravité de la situation et de la division du Conseil de sécurité sur une crise qui, a-t-il averti, risque de se transformer en véritable guerre, a suggéré que le Conseil organise une réunion mensuelle sur cette question.

Exposé

Présentant la situation humanitaire en Ukraine, M. JOHN GING, Directeur de la Division de la coordination et des interventions du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a indiqué que 3,9 millions de personnes vivaient dans les zones affectées par la violence et que l’approvisionnement de l’eau était réduite à quelques heures par jour pour les 1,5 million d’habitants des régions de Donetsk et Luhansk. Il a précisé que 1 367 personnes avaient été tuées et 4 087 blessées depuis le début du conflit à la mi-avril. Il a indiqué que 58 000 autres personnes avaient fui leur foyer depuis début juillet, et que 1 000 personnes fuyaient, chaque jour, leur lieu d’habitation. Aujourd’hui, 117 910 personnes sont enregistrées comme étant déplacées à l’intérieur du pays, a indiqué M. Ging, en ajoutant que 168 677 Ukrainiens avaient aussi traversé la frontière pour se réfugier en Russie.

De nombreux Ukrainiens qui ont fui ne sont enregistrés nulle part, a fait remarquer M. Ging. Il a précisé qu’un plan de réaction des Nations Unies sera lancé cette semaine. Deux équipes de haut rang d’OCHA ont été déployées ces dernières semaines pour évaluer la situation sur le terrain. Les corridors humanitaires dans les zones fortement touchées sont établis mais ils sont souvent bloqués par des combattants, a-t-il dit. C’est pourquoi, il a appelé les parties en conflit à faciliter le déplacement des populations et l’accès sans entraves à l’aide humanitaire. Notant que la situation humanitaire se détériore de jour en jour, il a jugé indispensable de lancer une action humanitaire pour empêcher toute nouvelle aggravation.

Déclarations

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a déclaré que la situation dans l’est de l’Ukraine était « catastrophique ». On peut parler de véritable guerre, a-t-il insisté. En dépit de la Déclaration de Genève et de la Déclaration de Berlin, les autorités à Kiev continuent d’intensifier les opérations militaires, « exposant à de graves risques des milliers de vies humaines ». M. Churkin a affirmé que si des brigades punitives jouaient un rôle de premier plan dans le conflit, elles n’étaient pas soumises au contrôle du Gouvernement ukrainien mais financées au contraire par des oligarques. Il a dénoncé les tirs indiscriminés, en signalant que dans certains quartiers, près de 80% des habitations ont été détruites. Il s’agit d’actions militaires chaotiques et le conflit a déjà fait 1 367 morts et de nombreux blessés, a-t-il précisé. Le représentant de la Fédération de Russie a aussi fait savoir que 4 millions de personnes se trouvaient dans la zone des combats, dont 200 000 sont privées d’eau potable. L’électricité n’est plus disponible, les connexions téléphoniques n’existent plus et la collecte d’ordures ménagères n’est plus assurée. M. Churkin a aussi indiqué que près de 800 000 Ukrainiens avaient traversé la frontière depuis le début du conflit. La Fédération de Russie est prête à gérer la situation mais, pour le faire, elle a besoin d’une aide matérielle.

“Selon les autorités russes, et nous pensons que leur chiffre est crédible, il y a environ 730 000 Ukrainiens qui sont passés en Russie depuis le début de l’année”, a déclaré Vincent Cochetel. “Nous ne les considérons pas tous comme des réfugiés, 168 000 ont requis des statuts privilégiés, dont celui de réfugié, mais il ne s’agit pas de touristes. Parfois ils traversent la frontière à pied, avec seulement des sacs en plastique comme seul bagage”, a ajouté le responsable du HCR. (Source)

M. Churkin s’est également dit préoccupé par le fait que la majorité des médecins avaient fui la région et que les seules personnes qui s’y trouvent encore ne peuvent trouver refuge nulle part ailleurs. La Fédération de Russie cherche à établir des corridors humanitaires mais les autorités à Kiev s’y opposent formellement, a-t-il dit. Le représentant russe a donc appelé la communauté internationale à se mobiliser. La Fédération de Russie, a-t-il indiqué, propose d’envoyer des convois humanitaires sous l’égide du CICR vers l’est de l’Ukraine. En vertu de cette proposition, le Comité international de la Croix-Rouge(CICR) superviserait l’acheminement et la distribution de l’aide. Avant de conclure, M. Churkin a appelé les autres membres du Conseil à laisser de côté leurs velléités politiques. La stratégie adoptée par les autorités à Kiev dans l’est de l’Ukraine n’aura que des effets délétères pour la population, a-t-il déploré.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) s’est inquiété de l’aggravation de la situation dans l’est de l’Ukraine, en particulier les souffrances de la population civile et les destructions délibérées des infrastructures civiles. Le manque d’accès à l’eau potable est très préoccupant, a-t-il dit, avant de rappeler que le nombre élevé de personnes déplacées et de réfugiés comprenait essentiellement des femmes et des enfants. Le représentant a appelé à l’établissement, par les autorités à Kiev, d’un système unifié d’enregistrement afin de répondre aux besoins de ces populations. Il a ensuite salué la constitution par les agences humanitaires des Nations Unies d’un plan de réaction préliminaire pour l’Ukraine. Le représentant a aussi appelé les parties à engager un dialogue direct pour trouver une issue pacifique au conflit.

M. LIU JIEYI (Chine) s’est dit très inquiet de la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine. Il a appelé les institutions des Nations Unies à respecter les principes d’objectivité et d’impartialité. Il a exhorté les parties à faire preuve de retenue et à respecter la Charte des Nations Unies, ainsi que la Déclaration de Genève. Il a indiqué que la Chine était prête à appuyer tout dialogue politique.

Mme BÉATRICE LE FRAPER DU HELLEN (France) a regretté que les séparatistes s’entêtent à refuser la main tendue par le Président ukrainien. Le rapport du HCR est éloquent, a-t-elle dit, en faisant remarquer que partout où Kiev a rétabli son autorité, les services publics fonctionnent à nouveau. Les déplacements de population sont essentiellement causés par les activités des séparatistes, a-t-elle dénoncé, en fustigeant les groupes venant de l’extérieur et qui arment les séparatistes. La représentante a appelé à un engagement sincère de la Fédération de Russie qui, a-t-elle fait observer, a fait défaut jusqu’à présent. Elle a appelé la Fédération de Russie à mettre fin à la fuite en avant et à user de son influence pour pousser les groupes armés à déposer les armes et à engager un dialogue.

“La où il n’y a pas de combats, ça va mieux…” Cela confirme que notre Diplomatie délire…

Mme ROSEMARY A. DICARLO (États-Unis) a souligné que l’instabilité provoquée par les séparatistes avait contribué au déplacement de populations. Elle a salué l’ONU pour appuyer les efforts du Gouvernement ukrainien en notant que les institutions des Nations Unies sont déjà sur le terrain pour aider les populations les plus vulnérables. La Fédération de Russie peut tout arrêter en mettant un terme aux flux d’armes et de combattants de Russie vers l’Ukraine et peut exercer son influence pour amener les séparatistes à déposer les armes et à participer aux négociations. Elle a regretté que la Fédération de Russie ait multiplié par 2 ses bataillons le long de la frontière avec l’Ukraine. La Fédération de Russie doit mettre fin à toute action déstabilisatrice, a-t-elle insisté, avant de lui demander d’autoriser une évaluation indépendante des besoins humanitaires.

Mme RAIMONDA MURMOKAITÉ (Lituanie) s’est inquiétée de l’effondrement de l’état de droit dans les « soi-disant République populaire de Donetsk et de Luhansk ». Elle a dénoncé les exécutions sommaires et la diffusion de photos « selfies » montrant des rebelles posant à côté des corps de soldats ukrainiens abattus. Elle s’est aussi inquiétée de l’imposition, vendredi dernier, de la loi martiale à Donetsk. La représentante a aussi dénoncé les menaces proférées à l’encontre des membres du corps médical.

Mme Murmokaité s’est ensuite inquiétée du fait qu’en dépit de la résolution 68/262 de l’Assemblée générale, « les lois russes sont appliquées en Crimée, mettant en péril les droits des personnes qui ne veulent pas prendre la nationalité russe ». Elle a aussi dénoncé le fait que les groupes séparatistes armés n’hésitent pas à s’installer parmi la population civile. L’Ukraine, a-t-elle souligné, a le droit et le devoir de rétablir l’ordre à l’intérieur de ses frontières et de protéger son intégrité territoriale. La représentante a ensuite appelé le Gouvernement ukrainien à poursuivre son processus de réforme.

Mme Murmokaité a par ailleurs estimé que la Fédération de Russie aurait pu faire beaucoup plus pour prévenir la situation humanitaire actuelle « en se désassociant des groupes séparatistes, et en interrompant leur approvisionnement en armes et en sécurisant ses frontières ». Elle s’est déclarée inquiète du fait des manœuvres militaires russes qui se sont récemment déroulées à proximité de la frontière ukrainienne.

Pologne + Pays Baltes + Suède, les pays russophobes qui tentent d’entrainer l’Union européenne dans le gouffre…

M. SAMER ANTON AYED NABER (Jordanie) a appelé le Gouvernement ukrainien à respecter les principes s’appliquant aux droits de l’homme. Il a insisté sur l’importance de respecter les vies civiles et de s’abstenir de lancer des opérations de vengeance qui les prennent directement pour cible. Il a exhorté les parties au conflit à trouver une issue politique au conflit qui les oppose et à rétablir la stabilité dans l’est du pays. Le représentant a aussi appelé au retour des déplacés dans les plus brefs délais, et a insisté sur la nécessité d’assurer le respect des droits des journalistes

Purée, maintenant c’est la Jordanie qui a les pieds sur terre sur la Planète…

M. OH JOON (République de Corée) s’est inquiété de la détérioration de la situation humanitaire comme en témoigne l’augmentation du nombre des personnes déplacées dans l’est de l’Ukraine. De nouvelles mesures humanitaires, dont de nouveaux couloirs humanitaires sont plus que nécessaires, a estimé le représentant coréen. Ce dernier s’est néanmoins félicité de la tenue, le 24 juillet à Minsk, du Groupe de contact tripartite avec la participation de représentants séparatistes. Il a appelé à un accord s’appuyant sur la déclaration de Berlin du 2 juillet avant de réitérer l’appui de sa délégation en faveur d’une enquête internationale sur la destruction en plein vol de l’avion de la Malaysia Airlines.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a déclaré que l’augmentation constante du nombre de personnes déplacées traduisait une situation telle que la communauté internationale ne pouvait rester silencieuse. Regrettant les difficultés d’accès à l’eau et aux services de soins, elle a exhorté les parties concernées à respecter les obligations en vertu du droit international humanitaire pour assurer la protection des civils. Avec l’approche d’un hiver rigoureux dans la région, la situation risque de s’aggraver davantage, a-t-elle prévenu. C’est pourquoi, il est urgent pour les parties concernées d’engager un dialogue politique, inclusif et constructif.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) s’est inquiétée des cas d’intimidation et de torture signalés dans les zones contrôlées par les séparatistes. Elle a appelé à l’établissement d’un système d’enregistrement centralisé à l’intention des populations déplacées. Il faudrait également redoubler d’efforts pour créer les conditions propices pour la mise en œuvre du plan de paix du Président Poroshenko. La représentante du Luxembourg a appelé au déploiement d’observateurs civils aux postes de contrôle de l’est, comme le préconise l’OSCE. Il faudrait, a-t-elle insisté, que l’approvisionnement par les groupes séparatistes cesse. Le moment est venu de s’engager de bonne foi dans la recherche d’une solution pacifique.

M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) s’est inquiété des attaques contre les installations civiles et a appelé à assurer leur protection. Il a salué l’ONU et les acteurs humanitaires pour les efforts déployés en vue de venir en aide aux personnes déplacées. Il est important, a-t-il souligné, de coordonner les efforts du Gouvernement ukrainien avec ceux des institutions humanitaires. Le représentant de l’Australie s’est félicité du lancement des pourparlers de Minsk, en rappelant qu’au préalable, les groupes séparatistes doivent cesser leurs combats. Le représentant a ensuite déploré que la résolution 2166 (2014), concernant l’accès au site du crash du vol MH 17, n’ait pas été entièrement mise en œuvre.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a regretté que des centaines de milliers de personnes soient prises au piège dans le conflit qui se poursuit dans l’est de l’Ukraine. Il a noté que l’accès à l’eau potable était de plus en plus limité, qu’il n’y avait plus de gaz et que les fournitures médicales se faisaient rares. Le représentant a félicité l’OCHA pour établir une réponse humanitaire fondée sur une stratégie globale. Il a demandé aux autorités de l’Ukraine de mettre en place un système efficace visant à assurer efficacement la distribution de l’aide humanitaire. Il a estimé que l’Accord de Genève du 17 avril présente des voies possibles de résolution du conflit. Le représentant a demandé si le système d’enregistrement unifié des personnes déplacées avait été accepté par le Gouvernement ukrainien et si l’OCHA avait pris des mesures pour faire face à un hiver rigoureux dans la région.

M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a noté que 3,9 millions de personnes vivaient dans les zones touchées par le conflit et que le HCR avait recensé 117 000 personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine. Il s’est inquiété des affrontements qui se poursuivent à proximité du site du crash de l’avion de la Malaysia Airlines, en regrettant que les enquêteurs soient empêchés de mener leur travail. Il a jugé malheureux que le Conseil de sécurité reste divisé sur la question de l’Ukraine. Cette division, a-t-il dit, risque de transformer la crise actuelle en une guerre totale. Pour sa délégation, le plan de paix du Président ukrainien devrait servir de base à une solution de paix à long terme. Le représentant a rappelé toutes les parties à respecter la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine et a demandé au Conseil de sécurité de tenir une réunion mensuelle sur la question.

Le Rwanda nous avertit des risques de guerre…

M. GOMBO TCHOULI (Tchad) s’est inquiété de l’étendue des combats aux centres urbains qui, a-t-il dit, ont fait de nombreux morts parmi les civils. Des centres hospitaliers seraient, selon certaines informations, occupés par des forces armées, a-t-il ajouté. De l’avis de sa délégation, seul un dialogue constructif peut déboucher sur une désescalade de la situation.

Tiens, les massacres de civils sont mieux vus du Tchad que de France on dirait…

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a affirmé que même si la situation humanitaire en Ukraine ne peut être comparée aux autres crises en cours dans le monde, la détérioration de la situation n’en est pas moins préoccupante. La vie reprend normalement dans les villes qui sont passées à nouveau sous le contrôle des forces ukrainiennes, tandis que la violence persiste dans les localités qui se trouvent encore sous le contrôle des séparatistes. Selon des informations, les séparatistes ont même refusé l’évacuation de la population civile, s’est-il indigné. Le représentant a estimé qu’il était nécessaire de répondre aux causes profondes de la situation. C’est une insurrection fabriquée de toute pièce depuis Moscou, a-t-il accusé, avant d’affirmer que de nombreux dirigeants séparatistes étaient des citoyens russes appartenant aux services de renseignement de la Russie. Il est étonnant, a-t-il dit, que la Fédération de Russie convoque une réunion d’urgence du Conseil pour débattre d’une crise humanitaire dont elle est responsable.

Trop forts les anglais. Notez que si Kiev retirait ses troupes, la vie reprendrait son cours…

Reprenant la parole le Directeur de la Division de la coordination et des interventions d’OCHA a insisté sur l’urgence d’établir un système d’enregistrement. Il a aussi fait savoir que l’ensemble des réponses humanitaires prennent en compte les risques supplémentaires que pose un hiver rigoureux dans la région.

M. OLEKSANDR PAVLICHENKO (Ukraine) a tenu à préciser que la crise telle que décrite par la Fédération de Russie n’existe pas, même si la situation dans l’est du pays demeure extrêmement grave. Des difficultés humanitaires de taille ne se posent que dans les villes qui demeurent sous le contrôle de « groupes terroristes appuyés par la Fédération de Russie ». Le Gouvernement ukrainien s’acquitte quant à lui de toutes ses responsabilités, en matière de versement des salaires et de rétablissement des services de base notamment, a assuré son représentant. Les terroristes ont été repoussés de Slaviansk et d’autres villages où la vie reprend à présent normalement.

Le représentant s’est ensuite félicité de ce que plusieurs pays se soient engagés à fournir une aide significative aux efforts de reconstruction dans la région. Il a toutefois qualifié de cynique la proposition faite par la Fédération de Russie d’acheminer l’aide humanitaire. Le représentant s’est aussi inquiété des attaques qui prennent pour cibles des installations médicales. Des corridors humanitaires ont été établis par le Gouvernement ukrainien, mais ils ne peuvent pleinement fonctionner en raison des activités des groupes armés illégaux. Il a exhorté la Fédération de Russie à contrôler sa frontière avec l’Ukraine et à mettre fin au flux de « terroristes » qui franchissent cette frontière.

La Fédération de Russie, a-t-il accusé, déstabilise la situation dans l’est du pays en bombardant des positions ukrainiennes et en augmentant le nombre de troupes positionnées le long de sa frontière. Le représentant de l’Ukraine a appelé la Fédération de Russie à cesser d’envoyer des mercenaires et des armes en Ukraine, à garantir un contrôle efficace de sa frontière avec l’Ukraine, à s’abstenir de toute provocation visant à déstabiliser le pays et à mettre un terme à la formation de forces paramilitaires.

 

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a regretté que certains membres du Conseil n’aient pas entendu l’appel de sa délégation les engageant à abandonner les « politiques politiciennes ». Il a émis l’espoir que cette réunion permettra de mieux coordonner les efforts du Conseil.

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Annexe : le discours de la représenatnte de la France :
3. Ukraine – Russie – Intervention du premier conseiller de la France auprès des Nations unies (Paris, 05/08/2014)Monsieur le Président,

Je remercie M. John Ging du Bureau de coordination des affaires humanitaires de sa présentation de la situation.

Monsieur le Président,

La situation dans l’est de l’Ukraine est de plus en plus volatile. Comme nous l’a dit M. Ging, la situation humanitaire se détériore, et il nous a décrit comment les autorités ukrainiennes faisaient face à cette situation humanitaire avec le soutien de la communauté internationale.

Le nombre de déplacés est en augmentation, comme le relève le Haut-commissariat aux réfugiés. Pourquoi cette situation ? Parce que les populations fuient les combats provoqués par les séparatistes qui s’entêtent dans leur refus de saisir la main tendue par le président Porochenko. Parce que les populations fuient les exactions des séparatistes dans les zones qu’ils contrôlent et qui se font chaque jour plus meurtrières. Le rapport du Haut-commissariat aux droits de l’Homme sur lequel ce Conseil aura l’occasion de revenir prochainement est à ce point de vue éloquent.

À contrario, aucun rapport ne fait état de population fuyant les villes où les forces armées ukrainiennes ont rétabli l’ordre public et l’État de droit. Partout où Kiev a rétabli son autorité, les services publics et les services de base à la population sont remis en fonction. Le retour des populations déplacées, selon les déclarations même du HCR, dans les zones repassées sous contrôle gouvernemental met en évidence que la cause première de leur déplacement est l’action des séparatistes.

Cette dégradation de la situation humanitaire tient aussi à la présence de combattants armés venant de l’extérieur de l’Ukraine. La question des soutiens extérieurs, en terme de recrutement, de fourniture de matériel et d’entraînement, se pose aujourd’hui avec toujours plus d’acuité à la communauté internationale. Ce sont ceux qui arment les criminels qui terrorisent les populations, qui portent la responsabilité de la dégradation humanitaire.

Monsieur le Président,

Tous ces évènements pointent la nécessité pressante d’une pleine coopération internationale en vue de stabiliser l’Ukraine, de garantir sa souveraineté et son intégrité territoriale. Nous appelons à un engagement sincère de la Russie, qui a fait défaut jusqu’à présent.

Malgré les nombreux appels adressés au président Poutine, nous regrettons que la Russie n’ait pas fait effectivement pression sur les séparatistes afin de les amener à négocier et n’ait pas pris les mesures concrètes attendues afin d’assurer le contrôle de la frontière russo-ukrainienne. Nous marquons notre extrême vigilance sur tout soutien militaire direct que pourrait apporter la Russie aux séparatistes dans les combats. Dans ce contexte, de nouvelles mesures à l’encontre de la Russie ont été adoptées par l’Union européenne, mais également par nombre de ses partenaires, les États-Unis, et désormais le Japon et la Suisse. Ce mouvement marque la voix unanime de la communauté internationale pour condamner le manque de coopération de la Russie. Le message est clair : il faut arrêter la fuite en avant. La Russie a tout à fait la possibilité de choisir la voie de la désescalade.

Le renforcement des sanctions, Monsieur le Président, n’a qu’un seul et même but, la facilitation de l’émergence d’une solution politique. Notre priorité demeure d’abord d’enrayer l’escalade et d’obtenir la mise en place par toutes les parties d’un cessez-le-feu durable.

Nous appelons la Russie à s’impliquer de façon constructive dans cette entreprise et à user de son influence sur les groupes armés illégaux pour déposer les armes et s’engager dans le dialogue.

Je vous remercie./. (Source)

Source: http://www.les-crises.fr/conseil-de-securite-onu-debat-ukraine-05-08/


Ukraine : en vrac 08/08

Friday 8 August 2014 at 02:40

Plein de choses aujourd’hui…

La VRAIE bonne nouvelle : Parubiy a démissionné !

Si la démission du Premier ministère et du gouvernement a finalement été refusée par Porochenko (ils sont restés en place), il a bien accepté celle du co-fondateur du Parti National Social d’Ukraine qui s’occupait des forces de sécurité et de défense (qu’il garde quand même comme conseiller)… !

Il semble que Porochenko cherche à négocier une trêve voire la paix, ce que refusait Parubiy… (Source)

Oleg Lyashko, membre du parti radical, mis en cause par Amnesty International

Oleg Lyashko n’est pas n’importe qui, c’est le fondateur du Parti Radical (nationaliste) ukrainien et actuel député à la Rada (Parlement). Il a crée la surprise en arrivant en 3ème position lors de l’élection présidentielle du 25 mai en recueillant 8.32% des voix (soit 1 500 000 voix). En 2012, son parti n’avait obtenu qu’un siège au Parlement et n’avait recueilli que 202 000 voix. Dans les derniers sondages, et hors constitution d’un bloc “Porochenko-Oudar” (parti de Klitschko), c’est son parti qui arrive en tête des futures élections législatives avec plus de 20% des voix (ce qui laisse entrevoir une ligne dure dans le prochain Parlement…). Quel est donc le problème avec cet homme politique de si haut rang ? Rien de particulier, hormis qu’il aime se ballader dans l’est du pays (sous contrôle ukrainien) accompagné d’une milice d’hommes armés pour détenir, voire “kidnapper” des individus et leur faire subir des mauvais traitements ou les forcer à faire ce qu’il dit sans aucun cadre légal. Il aime à se filmer dans de telles situations ce qui restreint assez nettement les possibilités de contestation (tout en soulevant d’autres questions d’ordre psychologique). C’est ce que dénonce Amnesty International aujourd’hui.

“Bien qu’il n’ait pas le droit de détenir des personnes, il les enlève, les brutalise verbalement et physiquement pendant que la caméra tourne”, rapporte Amnesty. Plusieurs vidéos sur son site laissent voir des “enlèvements, des violations du droit à un procès équitable, de la liberté et de la sécurité de la personne ainsi que du droit de ne pas être sujet à la torture ou à des mauvais traitements“.

S’en suit un récit de plusieurs de ses exploits, parmi lesquels la menace de jeter le maire de Slovyansk du 4ème étage de l’immeuble s’il ne signe pas une lettre de démission. Dans une autre vidéo, il menace de mort le procureur de la ville de Slovyansk pour ne pas avoir pu arrêté un séparatiste. Ses méthodes d’interrogatoires avec des personnes qui ne sont inculpées de rien, ni ne sont prisonnières suite à des combats, posent également question (sac sur la tête, mains liés etc…). On le voit également frapper le maire d’une petite ville pour avoir tenu le référendum sur “l’indépendance” tenu par les séparatistes il y a plusieurs semaines. Il suffira de consulter les vidéos Youtube à la requête “Oleg Lyashko“.

Amnesty International dénonce la totale impunité dont bénéficie le député pour ces actes. L’organisation soutient également que lors de rencontres avec des responsables ukrainiens de haut-niveau, il lui a été confirmé que les actions de Lyashko s’effectuaient hors du cadre légal.

Il n’est pas inutile de rappeler que celui qui prétend libérer l’Ukraine de tous ses “parasites”, de priver de mandat et de juger les membres des partis des régions, d’interdire le parti communiste, de lutter contre la corruption, de déchoir de leur citoyenneté les citoyens ukrainiens qui ont collaboré avec les séparatistes, fut lui-même condamner à 4 ans de prison pour détournement de fonds dans les années 90 avant d’être libéré après 2 ans, puis gracié. On peut noter qu’il avait été expulsé du Parti de Ioulia Timochenko en 2010 pour avoir “collaboré avec la majorité” (celle de Ianoukovitch et des communistes…) lors de l’adoption de divers textes dont il a applaudi l’abrogation ces dernières semaines. Ancien journaliste, il proposed’interdire tous les médias russes sur le territoire ukrainien. Il prone une adhésion immédiate à l’OTAN. Il propose de priver de pensions et d’allocations les citoyens de Crimée disposant d’un passeport russe et qui ont voté pour son rattachement à la Russie. Il propose de créer des jurys populaires “d’experts, de journalistes et d’ONG” pour les corrompus (on se demande ce qu’il pense de cette ONG…). Libéral farouche, il proclame que “seul un marché libre avec une régulation minimale de l’État permettra de développer l’Ukraine”. Il propose cependant d’interdire aux étrangers de posséder des terres agricoles…

Voilà le genre de personnes avec qui il faudra désormais composer en Ukraine, l’élection de nombreux députés de sa faction va mettre une forte pression sur l’exécutif après les élections, dans un sens qui risque de ne pas apaiser les tensions loin de là.

Source : www.points-de-vue-alternatifs.com 

Donetsk : le premier ministre des insurgés démissionne

Le «Premier ministre» de la République proclamée par les séparatistes de l’est de l’Ukraine, Alexandre Borodaï, a annoncé jeudi sa démission.

«Aujourd’hui, pendant la réunion du gouvernement, j’ai annoncé que je quittais le poste de Premier ministre de la République populaire de Donetsk, car je vais changer de poste», a déclaré ce citoyen russe qui se rendait régulièrement à Moscou, au cours d’une conférence de presse.

Un peu comme un manager de crise

«Je veux vous rappeler que je suis arrivé ici un peu comme un manager de crise. En langage commercial, on dirait : un manager de start up. Je suis arrivé quand la République de Donetsk venait de naître, dans le chaos et le sang», a-t-il expliqué.

Alexandre Borodaï a expliqué qu’il resterait vice-Premier ministre et qu’il serait remplacé en tant que chef du gouvernement séparatiste par Alexandre Zakhartchenko, un Ukrainien allié du chef militaire des rebelles Igor Strelkov, dont l’influence est grandissante à un moment où la ville de Donetsk est assiégée par les forces ukrainiennes.

Maidan re-brule…

Mais attention, là, à Maidan, les durs, ce sont les mêmes qu’avant – sauf qu’ils sont désormais très méchants et extrémistes…

Une épaisse fumée noire s’élève d’un tas de pneus en feu et des pavés volent vers les forces de l’ordre : le Maïdan de Kiev a de nouveau été le théâtre de tensions.

«C’est une trahison !», hurle Lidia après des heurts entre manifestants et police qui ont laissé derrière eux une atmosphère électrique dans le centre de la capitale ukrainienne.

La désormais mythique place de l’Indépendance reste occupée par une partie des contestataires qui ont obtenu il y a six mois, à l’issue d’un bain de sang, le départ du président Viktor Ianoukovitch.

L’avenir de ce site fait l’objet d’un débat acharné entre d’un côté ceux qui y voient un sanctuaire inviolable et le garant des idéaux du mouvement de contestation de l’hiver dernier, et de l’autre ceux qui pensent que le centre de Kiev doit retrouver une vie normale et que le combat se situe dans l’Est.

Ces désaccords sont apparus au grand jour jeudi lorsque des troupes du ministère de l’Intérieur (alimentées en partie en hommes par d’anciens contestataires) ont escorté des employés municipaux et des bulldozers chargés de nettoyer une partie du campement.

«Ils sont venus des deux côtés et ont essayé de démonter les tentes et le reste», proteste Andriï, une barre de fer à la main. «Ils ne veulent plus de nous, mais nous ne sommes pas prêts à partir».

Résultat : des dizaines de manifestants se sont opposés aux forces de l’ordre, ce qui a donné lieu à des scènes rappelant les heurts passés, sauf que la chaleur a remplacé les températures bien en-dessous de zéro d’il y a six mois.

Des tas de pneus ont été enflammés, des pavés ont été jetés vers les bataillons policiers protégés par leurs boucliers métalliques. Des manifestants se sont retrouvés le visage en sang. [...]

«Ce Maïdan n’est plus ce qu’il était en février : seuls ceux qui n’ont plus d’espoir sont restés», constate Serguiï, un retraité, qui se dit néanmoins choqué de l’intervention des forces de l’ordre. «Nous avons déjà la guerre dans l’Est, nous n’avons pas besoin d’une guerre à Kiev».

Vitali Klitschko, qui était l’une des figures de proue de la contestation du Maïdan, a assuré que les autorités avaient tenté de négocier avec les contestataires.

«La majorité de la population de Kiev veut l’ordre et la sécurité dans le centre de Kiev et ce qui se passe ici relève de la criminalité», a-t-il estimé dans un communiqué jeudi.

«Les exigences de Maïdan ont été remplies», a-t-il ajouté.«Maintenant, nous devons nous mettre au travail et ne pas couvrir de honte les idéaux du Maïdan».

Pour ses occupants cependant, la place reste un symbole puissant de la volonté du peuple et une terre sacrée où sont morts environ 100 manifestants, dont les photos restent affichées.

«Nous devons traîner ici les responsables qui y ont tué des gens et volé notre argent, et les juger», estime Mykola. «Nous n’avons pas fini ce que nous avons commencé et les autorités ont peur». (Source : lesoir.be)

Ben, il semble que le travail n’ait donc pas été complètement terminé – et qu’en particulier les gens ne semblent pas décidés à enterrer l’affaire des snipers criminels de Maidan…

La Russie et l’Iran s’unissent face aux sanctions occidentales

La Russie et l’Iran ont signé un protocole d’entente prévoyant un élargissement important de leur coopération économique, a annoncé hier le ministère russe de l’Energie, écrit mercredi 6 août le quotidien Kommersant. Cela confirme la préparation d’une transaction d’envergure entre Moscou et Téhéran: la Russie achèterait le pétrole iranien et fournirait en échange à l’Iran des voitures, des équipements, des métaux, des céréales et des services. Selon les sources du gouvernement russe, les USA ont tenté de faire échouer ces accords. Parallèlement à l’assouplissement des sanctions internationales contre Téhéran, les compagnies russes ne sont pas les seules à s’activer – leurs concurrents, y compris occidentaux, travaillent également dans ce sens.

“Ce mémorandum implique l’élargissement de la coopération commerciale et économique dans les domaines de la construction et reconstruction des capacités de production, du développement de l’infrastructure électrique, dans le secteur pétrolier et gazier, ainsi que pour la fourniture de voitures, d’équipements et de produits de grande consommation”, explique le ministère de l’Energie. Ce dernier précise que les contrats seront évoqués concrètement les 9 et 10 septembre à Téhéran lors de la réunion de la commission intergouvernementale russo-iranienne.

Comme l’a expliqué l’ambassadeur de Russie à Téhéran Levan Jagarian, l’Iran pourrait exporter en Russie du pétrole brut mais aussi des produits pétrochimiques, du ciment, des tapis et des fruits et légumes traités. L’argent récolté par l’Iran servira à acheter en Russie des produits et des services. Selon l’ambassadeur d’Iran à Moscou Mehdi Sanai, Téhéran souhaiterait acheter des installations mécaniques, des rails, des camions lourds, des métaux et des céréales russes.

Selon des sources du gouvernement russe, les Etats-Unis ont tenté de mettre en échec cette transaction en menaçant les compagnies russes et iraniennes d’adopter des sanctions. La Maison blanche insiste sur le fait que l’activation de la coopération russo-iranienne va à l’encontre de toutes les sanctions anti-iraniennes et des accords intermédiaires sur le problème nucléaire iranien (les sanctions américaines ont été assouplies mais pas levées). L’administration Obama craint que les recettes récoltées grâce aux transactions avec Moscou réduise l’intérêt de Téhéran de parvenir à un compromis à long terme sur son programme nucléaire.

Selon les experts, la signature du protocole russo-iranien a lieu aujourd’hui à cause de la détérioration des relations entre la Russie et l’Occident.

D’autre part, la course pour le marché iranien prend de l’ampleur et c’est une autre cause de la réalisation rapide des plans entre Moscou et Téhéran, d’après les experts. Le processus de levée des sanctions contre l’Iran a été lancé fin 2013 et des délégations d’affaires chinoises, britanniques, allemandes, françaises, italiennes, autrichiennes ou encore suédoises se sont déjà rendues à Téhéran. Reuters et le Wall Street Journal ont récemment rapporté, se référant aux sources de l’industrie allemande, que les entreprises allemandes pourraient réorienter leurs investissements dans l’économie russe vers l’Iran en raison de la situation en Ukraine et des sanctions antirusses adoptées par les USA et l’UE. Selon les prévisions de la Chambre allemande de commerce et d’industrie, après l’assouplissement plus poussé des sanctions contre Téhéran, les exportations annuelles allemandes en Iran atteindront 10 milliards d’euros (1,85 milliard d’euros en 2013). “Dès que les sanctions contre l’Iran seront levées, le marché explosera”, a déclaré Stephanie Spinner-König de la société allemande Spinner GmbH, qui fabrique des composants pour les équipements high-tech. (Source : RIA)

Lire aussi ici la version AFP

La Russie réplique aux sanctions…

Le président russe Vladimir Poutine a interdit mercredi l’importation en Russie, pendant une année, des produits d’agriculture, des matières premières et des denrées alimentaires depuis les pays ayant introduit des sanctions contre la Russie, rapporte le service de presse du Kremlin.

“Pendant une année à compter du jour de l’entrée en vigueur du présent décret, sont interdites ou limitées les opérations économiques extérieures prévoyant l’importation sur le territoire de la Fédération de Russie de certains produits d’agriculture, matières premières et denrées alimentaires, dont le pays d’origine a introduit des sanctions économiques contre entités et individus russes ou a adhéré à de telles sanctions”, lit-on dans le communiqué.

La Russie interdit les importations de viande, de porc, de volaille, de fruits, de fromages et de lait en provenance de l’Union européenne, d’Australie, des Etats-Unis, du Canada et de Norvège, a annoncé jeudi le premier ministre russe Dmitri Medvedev.

Pour compenser le tarissement brutal de ses sources d’importations agroalimentaires, la Russie a déjà prévu de solliciter son marché intérieur et de se tourner vers les pays qui ne lui ont pas imposé de sanctions. Parmi eux: le Brésil, le Chili, l’Argentine et l’Équateur. «Même dans ces conditions, nous sommes persuadés que nous arriverons à retourner la situation en notre faveur», a assuré Dmitri Medvedev, promettant d’ «empêcher la hausse des prix» et de «libérer les étals pour nos propres producteurs». Selon lui, «une telle chance, une occasion unique d’ouvrir et de développer notre industrie destinée à la substitution des importations, ne peut être négligée».

En attendant, la mesure devrait se faire ressentir sur les balances commerciales des Américains et des Européens. La Russie est en effet le premier importateur mondial de fruits et légumes européens. En 2013, l’industrie agroalimentaire américaine a, de son côté, exporté pour 1,5 milliard de dollars de produits alimentaires vers la Russie, qui est notamment le deuxième marché d’exportation des volailles américaines derrière le Mexique. «Toutes ces mesures ne sont purement qu’une réponse aux sanctions occidentales. Nous ne voulions pas d’un tel développement de la situation. Il n’y a rien de positif dans les sanctions, a affirmé Dmitri Medvedev. J’espère sincèrement que le pragmatisme économique prévaudra sur les considérations politiques stupides chez nos partenaires, et qu’ils penseront à ne pas isoler ou faire peur à la Russie».

Tiens, on se rend compte qu’il y a des retours de bâtons… (totalement imprévisibles, hmmm ?)

Source : Le Figaro

Bœuf, porc, volaille, poisson, fromage, lait, légumes et fruits, l’embargo total de la Russie pour les produits en provenance des pays d’Europe et des États-Unis n’épargne presque aucun secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire français, à l’exception des vins et spiritueux. Cette interdiction d’importer, qui touche également l’Australie, le Canada et la Norvège, s’applique pour une durée de un an mais pourra être levée «si nos partenaires font preuve d’une approche constructive» précise le premier ministre russe. Moscou utilise une nouvelle fois l’arme commerciale comme moyen de pression diplomatique sur ses voisins.

Il fallait l’oser celle-là, mais un journaliste, ça ose tout…

Terminés donc les camemberts et le bœuf français dans les rayons des supermarchés russes, ce qui ne manque pas d’inquiéter les industriels françaises et les agriculteurs. La Russie est en effet un gros client de l’Union Européenne et de la France. Ce pays absorbe 10% des exportations agricoles et agroalimentaires de l’Union Européenne, pour un montant de 12 milliards d’euros par an, selon les chiffres Eurostat. Pour les produits français, la Russie est aussi une destination privilégiée. Plus de 121.000 tonnes de viandes et animaux y ont ainsi été exportés en 2013 pour une valeur proche de 243 millions d’euros. Et, l’industrie agroalimentaire y a, elle, exporté plus de 162.000 tonnes de produits pour une valeur proche de 375 millions d’euros, selon les derniers chiffres de FranceAgriMer.

Xavier Beulin, le président de la FNSEA, le principal syndicat d’exploitants agricoles a déjà fait savoir son inquiétude. Contacté par Le Figaro, il craint que l’embargo russe ait «des répercussions directes, à savoir la fermeture du marché russe aux produits européens», et craint notamment pour la filière des fruits et légumes qui représente 15% des exportations et celle des produits laitiers qui en représente 10%. Xavier Beulin évalue à un milliard d’euros le manque à gagner engendré par la décision russe. Même son de cloche du côté des industries de l’agroalimentaire. Les conteneurs de viandes congelées à destination de la Russie du groupe Bigard, numéro un de la viande en France, sont restés à quai ce matin. Joint par Le Figaro, Jean-Marie Joutel, le directeur général adjoint du groupe appréhende les répercussions, d’autant que l’embargo russe sur le porc européen décrété depuis janvier impacte déjà lourdement la filière viande. «Au sein du groupe Bigard, nous exportons vers la Russie essentiellement des coproduits et des abats car ce sont des produits bon marché qui rencontrent une faible demande en Europe. Avec l’embargo, il va falloir trouver de nouveaux débouchés, vers l’Europe de l’Est et l’Afrique. Le problème de ces nouveaux marchés, c’est qu’ils ont moins de moyens», explique-t-il avant d’ajouter que l’embargo pourrait donc engendrer «des prix bradés».

Une des conséquences indirectes de l’embargo est également l’engorgement du marché européen avec des produits normalement écoulés en Russie. «Poutine est adroit, il cible les produits les plus sensibles, à savoir les fruits et légumes ainsi que les produits laitiers, qui sont très vite périssables», analyse Xavier Beulin. Pour Emmanuel Commault, le directeur général de Cooperl Arc Atlantique, une coopérative spécialisée dans la viande de porc, «le marché russe est essentiel pour l’équilibre entre l’offre et la demande de la carcasse de porc, tout comme d’autres produits», expliquet-il au Figaro. «Le problème avec la Russie, c’est qu’en raison de la tournure politique des décisions commerciales, nous n’avons aucune visibilité. Les mauvais prix peuvent donc durer des mois ou des années» ajoute-t-il.

Face à cette inquiétude, le président de la FNSEA a d’ores et déjà demandé à rencontrer le président François Hollande. Ce midi, l’inquiétude ne semblait pourtant pas encore avoir gagné les rangs du ministère de l’Agriculture qui, contacté par la rédaction, répondait «Aucun chiffre n’est avancé pour le moment. Notre plus grand segment d’exportation vers la Russie est la filière des vins et des spiritueux qui n’est pas touché par l’embargo russe, ceci est plutôt une bonne nouvelle pour l’instant.

Eh oui, car le peuple russe, même sans embargo, il va bien sûr se jeter sur les vins français – le patriotisme, il ne connait pas, il aime bien qu’on lui crache dessus !

Nous allons réagir rapidement». Reste donc à savoir si la Commission Européenne développera des mesures de retrait et de dégagement sur les produits concernés par l’embargo ou si l’Organisation Mondiale du Commerce, que veut d’ailleurs saisir la FNSEA, prendra des mesures contre la Russie.

Eh oui, il faut punir la Russie ! CQFD

Les pertes de l’Union européenne suite à l’embargo russe sur les produits agroalimentaires pourraient atteindre 12 milliards d’euros, a estimé jeudi le délégué permanent de l’UE en Russie Vygaudas Ušackas.

“Il s’agit de sommes considérables, d’environ 12 milliards d’euros d’exportations. Nous n’avons pas encore analysé en détail la liste des produits frappés par l’embargo, mais les pertes pourraient atteindre 12 milliards d’euros. Les produits agroalimentaires constituent 10% de nos exportations vers la Russie”, a déclaré le diplomate. [...]

Les exportations allemandes vers la Russie ont reculé de 14,7% au cours des cinq premiers mois de 2014, a annoncé mercredi à Berlin le porte-parole du ministère allemand de l’Economie Adrian Toschev.

“Il y a sans doute eu une baisse des exportations vers la Russie de 14,7% de janvier à mai 2014 par rapport à la même période de l’an dernier”, a indiqué M.Toschev devant les journalistes.

La Russie occupe le 11e rang parmi les destinations des exportations allemandes, avec 3,3% des produits exportés. (Ria)

Les débiles de l’UE

Peu après ces annonces, l’Union européenne a affirmé qu’elle se réservait «le droit de prendre des mesures». «Après évaluation complète par la Commission européenne des mesures prises par la Fédération de Russie, nous nous réservons le droit de prendre les mesures appropriées», a affirmé Frédéric Vincent, un porte-parole de la Commission, qui a qualifié la riposte russe de «clairement politique».  Il a pris soin de rappeler que les sanctions européennes à l’encontre de la Russie étaient « directement liées à l’annexion illégale de la Crimée et à la déstabilisation de l’Ukraine » avant d’ajouter que « l’Union européenne reste déterminée à la désescalade de la situation en Ukraine ». (Le Figaro)

SALAUDS DE RUSSES, ils font de la politique !!!

Mais il y a mieux :

L’Union européenne qualifie de “non productives et injustifiées” les mesures restrictives dont la Russie frappe les importations des produits agroalimentaires des pays la sanctionnant, a déclaré mercredi à RIA Novosti une source diplomatiques au sein de l’UE.

“Cela est non productif et injustifié”, a indiqué l’interlocuteur de l’agence.

Et d’ajouter que la position officielle de l’Union européenne ne serait formulée qu’après la concrétisation de cet embargo, soit suite à la publication de la liste des marchandises concernées. (Source : RIA)

Mais pas de souci :


Les sanctions décrétées par Washington à l’encontre de Moscou exercent un impact négatif important sur l’économie russe, a estimé mercredi soir le président américain Barack Obama.

“Nous sommes au courant que les sanctions imposent un lourd fardeau sur l’économie russe”, a expliqué le chef de la Maison Blanche lors d’une conférence de presse tenue à Washington.

Toujours selon lui, l’économie russe affiche une croissance nulle à l’heure actuelle.

P.S. il faudra lui expliquer qu’avec son voisin ukrainien et ses 50 millions d’habitants en chute libre, c’est surtout ça qui blesse son économie…

Alors du coup :

Les Etats-Unis peuvent adopter de nouvelles sanctions contre la Russie qui a conclu un accord pétrolier avec l’Iran, a déclaré jeudi le vice-ministre américain des Finances David Cohen.

M.Cohen a indiqué qu’il n’était pas encore clair si l’accord signé par Moscou et Téhéran portait sur l’échange de pétrole contre nourriture ce qui ne serait pas compatible avec le régime de sanctions frappant Téhéran.

Selon lui, les Etats-Unis ont déjà déclaré aux autorités russes qu’ils adopteraient des sanctions contre les sociétés participant à cet accord de troc

OTAN

Alors ça, c’est fait…

L’Otan met fin à sa coopération avec la Russie

Le Secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen a annoncé jeudi la rupture de la coopération entre l’Alliance atlantique et la Fédération de Russie, dans le cadre de sa rencontre avec le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk à Kiev, annonce l’agence russe Itar-Tass. “L’Alliance met fin à sa coopération avec la Fédération de Russie. Elle (l’Otan, ndlr) renforce la défense collective pour la protection de tous les membres de l’Otan, et a décidé d’augmenter le niveau de soutien et de coopération avec l’Ukraine”, a déclaré M. Rasmussen.

M. Rasmussen et M. Iatseniouk ont discuté d’un éventuel soutien de l’Alliance atlantique aux capacités militaires de l’Ukraine, annonce un communiqué du gouvernement ukrainien.

L’Otan est prête à renforcer son assistance à l’Ukraine face à l’”agression” de la Russie, qu’elle appelle à retirer ses troupes de la frontière ukrainienne et à ne pas intervenir sous couvert de maintien de la paix, a poursuivi son secrétaire général.

“La Russie continue de déstabiliser l’Ukraine” et “de soutenir les séparatistes”, a-t-il estimé, ajoutant que le crash du vol de la Malaysia Airlines le 17 juillet montrait “les conséquences de ce soutien”. (Source)

Lors du sommet de l’Otan au Pays de Galles (4-5 septembre prochains), les pays de l’Alliance promettront à l’Ukraine une aide destinée à renforcer et moderniser son armée, a annoncé jeudi le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen, en visite à Kiev.

“Une réunion de la commission Ukraine-Otan aura lieu en marge du sommet au Pays de Galles. Je compte sur l’adoption d’une déclaration conjointe (…) sur l’intensification de la coopération entre l’Alliance et l’Ukraine dans les années qui viennent. Il s’agit d’une aide au renforcement et à la modernisation des forces armées ukrainiennes”, a déclaré M.Rasmussen devant les journalistes.

Il a toutefois précisé que l’Otan ne pouvait pas approvisionner l’Ukraine en matériel de guerre.

“Une telle décision ne relève pas de l’Alliance, mais est adoptée à titre individuel par les pays alliés”, a-t-il souligné. (source)

Jacques Myard : «Les sanctions contre la Russie sont suicidaires pour la France et l’Europe»

FIGAROVOX/ENTRETIEN – Pour Jacques Myard, la guerre économique que se livrent actuellement l’Union Européenne et la Russie est une grave erreur, révélatrice du manque de discernement et de concertation des 27 en matière de politique étrangère.


Jacques Myard est un homme politique français, député-maire de Maisons-Laffitte.


FigaroVox: Les sanctions économiques prises par l’Union européenne à l’encontre de la Russie vous paraissent-elles justifiées?

Jacques MYARD: L’Union européenne et les Etats qui la composent viennent de commettre une faute grave car le conflit ukrainien avec les rebelles russophones est un conflit purement régional, qui fait suite à la chute de l’URSS et qui se passe dans un contexte avec sa protohistoire, notamment durant la Seconde Guerre mondiale, quand nombre d’ukrainiens avaient pris parti pour les nazis.

En prenant des sanctions, l’Union Européenne internationalise ce conflit au lieu de le circonscrire. Il devient un conflit entre la Russie, l’Union Européenne et les Etats-Unis. Ces actions aggravent donc la situation, les tensions internationales alors qu’il faut toujours éviter une politique qui mène à l’internationalisation d’un conflit.

Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut donner blanc seing à Poutine, il faut cependant rechercher une solution politique, car ces sanctions sont sans effet sur la Russie, tout simplement parce qu’on a affaire à une question qui relève des relations stricto sensu entre Russie, rebelles russophones et Kiev. C’est une histoire de famille, et les histoires de familles ne se résolvent pas par l’intervention d’un tiers.

Sur le plan économique, on ne fera pas plier la Russie par des sanctions ciblées, comme on ne ferait pas plier les Etats-Unis par des sanctions du même acabit.

Quelles sont les conséquences pour la France des sanctions russes contre l’Union?

La France a une position forte dans l’économie russe: automobile, vente de technologies… dans ces conditions, à un moment où la France rencontre des difficultés économiques, financières et budgétaires, il est pour le moins suicidaire de porter atteinte à nos exportations vers la Russie, qui sont importantes et nécessaires à l’emploi français et pour notre balance commerciale. C’est une politique de gribouille menée par le gouvernement et l’Union Européenne.

Cette situation révèle-t-elle l’indigence de la politique extérieure européenne?

Ne parlons pas de ce qui n’existe pas. La politique extérieure européenne est un mythe, comme le souligne Jacques Delors lui-même, il n’y a jamais eu d’euro-puissance, cela relève de l’utopie, et si parfois il y a une position commune sur un sujet de politique extérieure, on sait bien en l’occurrence qu’au-delà des déclarations, voire de quelques sanctions inappropriées, on ne fera pas la guerre à la Russie. Cessons donc de croire à ces chimères. Les Européens sont profondément divisés car ils ont des intérêts divergents et une histoire également divergente dans leurs rapports avec la Russie.

La France doit avoir une politique indépendante et défendre ses intérêts, tout en étant bien entendu dans une alliance avec les autres pays ; mais alliance ne signifie pas alignement, soit sur les Etats-Unis, soit sur les craintes des Etats baltes ou les craintes polonaises. La solution au conflit ukrainien passe obligatoirement par des négociations avec le Kremlin, qui à mon sens doivent porter sur la reconnaissance que la Crimée fait partie de la Russie mais qu’il ne faut pas aller plus loin que le reste de l’Ukraine. C’est sur ces bases qu’on peut trouver une solution pour ce conflit, tout en se gardant d’aventurisme. (Source : Le Figaro)

La Démocratie d’épuration à Kiev

Le parlement ukrainien fait le ménage au pouvoir

Le parlement ukrainien (Rada) a l’intention d’initier une “lustration” totale, écrit jeudi le quotidien Kommersant.

La loi sur le “nettoyage du pouvoir” a été soutenue hier par la majorité parlementaire et l’adoption de ce texte est attendue dans les jours à venir. Les experts qualifient cette loi de “mine sous le gouvernement ukrainien” ou d’”écran de fumée” visant à détourner l’attention de la population de l’opération dans l’est du pays et de la crise économique.

“Les leaders de la majorité parlementaire et le ministre de la Justice, en tant que représentant du gouvernement, ont publiquement exprimé leur soutien à cette loi”, a déclaré Egor Sobolev, chef du comité de “lustration” auprès du gouvernement.

D’après lui, la loi devrait être soumise au vote la semaine prochaine.

“Cette loi sera un suicide politique pour de nombreux représentants du gouvernement ukrainien”, estime le politologue de Kiev Dmitri Janguirov. Ce document est une “véritable arme de représailles contre ceux qui s’opposaient au Maïdan et à ses représentants”, selon lui.

Le préambule du projet de loi stipule qu’il “définit les bases pour procéder à l’inspection des fonctionnaires pour rétablir la confiance envers le pouvoir”. Ces vérifications concerneront les fonctionnaires publics et municipaux, dont le président de la Rada et ses adjoints, le premier ministre et les vice-premiers ministres, les ministres et les chefs des comités exécutifs, les dirigeants des structures de force et de la Chambre des comptes, ainsi que les députés. Les juges, le Conseil suprême de la justice jusqu’aux secrétaires, les diplomates et les membres de la Commission électorale centrale subiront également cette procédure de “lustration”.

La liste des fautes qui peuvent entraîner le renvoi d’un fonctionnaire s’étend sur plusieurs pages. Avoir travaillé dans la fonction publique du 25 février 2010 au 22 février 2014 est la cause mentionnée le plus souvent. Toute la verticale du pouvoir ukrainien peut ainsi être “lustrée” pour ce “chef d’inculpation” – à commencer par le président, jusqu’aux vice-procureurs municipaux et aux chefs de police des commissariats de district.

Cette lustration s’adresse également aux “citoyens ukrainiens impliqués dans les préjudices à la vie, à la santé, aux biens des participants aux manifestations du 21 novembre 2013 au 22 février 2014″; aux policiers qui appréhendaient les activistes; aux enquêteurs qui étaient responsables de leurs dossiers; aux juges qui les condamnaient. Sans oublier ceux qui ont “collaboré avec les renseignements d’autres pays à titre d’informateur ou d’assistant”. Si cette loi était adoptée, tous les fonctionnaires “qui appelaient au séparatisme, organisaient les falsifications à la présidentielle de 2004 et aux législatives de 2012, ainsi que les individus impliqués dans les pertes du budget de plus de 83 000 dollars et des budget municipaux de plus de 4 100 dollars” perdront leur poste.

Un chapitre de la loi concernera spécifiquement ceux qui ont jugé l’ex-première ministre Ioulia Timochenko.

On trouve également la condition suivante: “L’action ou l’inaction entraînant des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales”. Un autre groupe à risque – ceux qui travaillaient avant le 19 août 1991 dans les organismes suprêmes du PCUS, le komsomol, la 5e direction du KGB et les “unités idéologiques” des forces militaires et policières.

Le projet de loi a été rédigé par une quinzaine d’auteurs. Beaucoup d’entre eux pourraient eux-mêmes faire l’objet de la “lustration”, parce qu’ils ont travaillé au sein du PC, du komsomol ou des organismes publics pendant les périodes indiquées. “Cette loi est une mine placée sous le gouvernement ukrainien. Mais elle pourrait être utilisée comme un écran de fumée pour détourner l’attention de la population des problèmes actuels – l’opération prolongée dans l’est du pays et la crise économique”, explique le politologue ukrainien Anton Finko. (Source : Ria)

Un peu de Chévènement pour finir…


Chevènement : “Un retour aux fondamentaux… par Europe1fr

Source: http://www.les-crises.fr/ukraine-en-vrac-0808/


Cafouillages élyséens face aux bombardements de Gaza

Friday 8 August 2014 at 01:05

Après “Qui aime bien châtie bien”, un incroyable article du Canard enchaîné, que je vous soumets non pas tant sur le fond du sujet moyen-oriental, mais sur l’esprit de cour dément qui fait  que les informations importantes n’arrivent même plus aux oreilles des décideurs, façon “Staline années 1930″…

Et je pense qu’il en est de même au sujet de l’Ukraine…

“Des diplomates, certains membres du P.S, et même un petit nombre de militaires de haut rang, ont peu goûté les réactions fluctuantes de François Hollande. Sans pour autant apporter le moindre soutien au Hamas.

« Personne n’ignore les fortes sympathies du Président et Manuel Valls à l’égard d’Israël » a affirmé un vieux routier du Quai d’Orsay. Mais de là à accorder un chèque en blanc au gouvernement Netanyahou et engager ainsi la France, il y a tout de même une marge ». L’un de ses collègues fait remarquer que Merkel  et le Britannique Cameron sont sur la même longueur d’onde, « sans que cela justifie la position élyséenne » dit-il. Quant à Barack Obama, son offre de médiation a été brutalement rejetée par Netanyahou. Le président américain n’a pas les moyens de lui faire entendre raison car, selon Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël à Paris, il est « coincé par son congrès et par le lobby juif aux USA » ( l’Opinion 28/4).

Premier épisode des cafouillages élyséens le 9 juillet. Stéphane Le Foll, ministre et porte-parole du gouvernent, fait une déclaration « balancée », croit-il, et met sur le même plan les roquettes du Hamas et les représailles israéliennes. Réaction furieuse de Netanyahou, qui appelle l’Elysée et obtient que le ton change. Gagné : Hollande fait aussitôt savoir, par un communiqué, qu’ « il appartient au gouvernement de prendre toutes les mesures pour protéger sa population ».

Le chef de l’Etat s’est-il trop engagé ? Le lendemain, 10 juillet, il évoque publiquement  la nécessité d’un « dialogue » pour résoudre cette énième crise. Puis il téléphone en Cisjordanie à Mahmoud Abbas, le patron de l’Autorité palestinienne, que Netanyahou  tient pour « quantité négligeable »  à en croire un conseiller de Laurent Fabius.

Un nouveau communiqué est rédigé à l’Elysée, alors que, à Gaza, on recense  déjà près de 100 morts et que les hôpitaux manquent de médicaments. Hollande y prône la fin de cette « escalade »  meurtrière entre les deux parties.

« L’entourage élyséen de François Hollande n’a rien fait pour calmer ses emballements pro-Netanyahou bien au contraire » ironise un vieux socialiste. Et d’aucuns d’évoquer l’influence de trois personnages  qui ne cachent pas leur approbation des engagements « atlantistes et pro-israéliens » du chef de l’Etat. A savoir Jacques Audibert, patron de la cellule diplomatique de l’Elysée, Emmanuel Bonne, conseiller pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, et Gérard Araud, nouvel ambassadeur à Washington après avoir été représentant de la France aux Nations unies.

Jacques Audibert

Emmanuel Bonne

Gérard Araud

François Sénémaud

Un bon connaisseur de Proche-Orient, François Sénémaud, prend, lui, des gants avec l’équipe élyséenne. Directeur des renseignements à la DGSE, il a récemment demandé à ses subordonnés d’éviter de rédiger des notes qui pourraient contredire certaines analyses de la cellule diplomatique de François Hollande.

C’est à croire qu’il faut ménager le Président et « lui donner la chanson qui convient » comme on le suggère parfois au Quai d’Orsay. Aucun risque ainsi de remettre en question ses opinions ou ses engagements internationaux. Et, surtout, lui déplaire…”

Source : http://rimweb.net/ Par Claude Angeli,  «  le canard enchaîné » mercredi 16 juillet 2014

 

Source: http://www.les-crises.fr/cafouillages-elyseens-face-aux-bombardements-de-gaza-2/


Occulter l’échec économique, par Paul Craig Roberts

Thursday 7 August 2014 at 05:00

Un billet de Paul Craig Roberts… Je rappelle que cet économiste et journaliste paléoconservateur américain a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan (1981-1982), et est un des pères fondateurs des Reaganomics. Il a également été rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Sa vision décape, en général…

Paul Craig Roberts, 4 août 2014
L’ajustement statistique est le facteur de production le plus puissant de l’Amérique.

L’estimation approximative faite par le gouvernement la semaine passée, selon laquelle la croissance réelle du PIB serait de 4 % pour le second trimestre 2014, semble absurde à première vue. Il n’y a aucun signe d’une augmentation du revenu médian par foyer ni d’une hausse des crédits à la consommation susceptible de faire repartir l’économie, en baisse au premier trimestre, vers une croissance de 4 % au deuxième trimestre. Les fermetures de magasins fréquentés par la classe moyenne (Sears, Macy’s, J.C. Penney) se sont étendues aux magasins « Tout à un dollar » [NdT : Dollar stores] fréquentés par les personnes aux revenus modestes. Family Dollar [Le Dollar Familial], une chaîne qui ferme actuellement des centaines de magasins, a été racheté par Dollar Tree [L'Arbre à Dollars], la seule des chaînes de magasins à bas prix qui ne soit pas en difficulté. Les ventes de Wal-Mart ont décliné au cours des cinq derniers trimestres. Des ventes en baisse et des fermetures de magasins indiquent un déclin du pouvoir d’achat des consommateurs. Les faits liés au commerce de détail ne sont pas cohérents avec un prétendu taux de croissance de PIB de 4 % pour le second trimestre ni avec les chiffres de vendredi dernier faisant état de 26 700 nouveaux emplois dans le commerce de détail en juillet.

Qu’en est-il du marché immobilier ? Est-ce que les gros titres accompagnant les chiffres de l’emploi vendredi dernier, comme « Les embauches en augmentation constante », signifient que plus de gens travaillent et que le redressement du marché de l’immobilier favorise la croissance ? Non. Ce que la presse économique ne dit pas, c’est que les États-Unis sont dans une dépression structurelle en termes d’emploi. Sur une période de 12 mois entre juillet 2013 et juillet 2014, 2,3 millions d’Américains ont atteint l’âge de travailler. Parmi ces 2,3 millions, seuls 330 000 d’entre eux ont rejoint la population active. J’en déduis que le marché du travail est si dégradé que seulement 14 % des personnes nouvellement en âge de travailler entrent dans la population active. La baisse du taux de participation au marché du travail est une mauvaise nouvelle pour le marché de l’immobilier. Le taux de participation au marché du travail américain, qui culminait à 67,3 % en 2000 [NdT : 67,3 Américains adultes sur 100 travaillent ou veulent travailler], n’a cessé de chuter depuis. Ce déclin s’est accentué en octobre 2008 avec le sauvetage des banques et l’« assouplissement quantitatif » de la politique monétaire [NdT : Quantitative Easing]. Entre octobre 2008 et aujourd’hui, 13,2 millions d’Américains ont atteint l’âge de travailler, mais seuls 818 000, soit 6 % d’entre eux, sont entrés sur le marché du travail.

[NdT: « labor force » = population active, y compris les chômeurs.
http://en.wikipedia.org/wiki/Labor_force
Ce qui est pointé du doigt ici n'est pas la hausse du taux de chômage - qui a décru ces dernières années aux US - mais la baisse du taux de participation de la population active i.e. beaucoup de gens ne font pas de démarches pour chercher du travail car ils ne pensent pas pouvoir en trouver]

http://investmentresearchdynamics.com/americas-structural-job-depression-is-here-to-stay/

Malgré ce qu’affirment le gouvernement et la presse économique, la politique pluri-annuelle de la Réserve fédérale de faire tourner la planche à billets pour acheter des bons du trésor, n’a profité ni au marché de l’immobilier ni à celui de l’emploi. Qu’en est-il du marché des actions ? Bien qu’il ait baissé ces derniers jours, son niveau demeure historiquement élevé. Le marché des actions n’est-il pas l’indicateur d’une économie en bonne santé ? Pas si les actions montent parce que les sociétés rachètent leurs propres titres. Les entreprises sont maintenant les plus grosses acheteuses d’actions. Récemment, nous avons appris que de 2006 à 2013, les entreprises ont autorisé le rachat de leurs actions pour un montant de 4 140 milliards de dollars. En outre, il apparaît que les entreprises ont emprunté de l’argent aux banques dans le but de racheter leurs actions. L’année dernière, 754,8 milliards de dollars ont été utilisés pour le rachat d’actions et 782,5 milliards de dollars pour des emprunts d’entreprise. Au cours des trois premiers mois de l’année, les mêmes corporations ont acheté pour 160 milliards de dollars de leur propres actions.

http://wallstreetonparade.com/2014/07/another-wall-street-inside-job-stock-buybacks-carried-out-in-dark-pools/

Emprunter pour racheter ses propres actions ne fait qu’endetter une entreprise sans qu’un nouvel investissement permette de générer des revenus pour couvrir cette dette. Le rachat massif d’actions démontre que le capitalisme américain est désormais corrompu. Pour maximiser les avantages financiers personnels à court terme provenants des bonus, stock options et des plus-values, les PDGs, conseils d’administration et actionnaires sont en train de décapitaliser les entreprises cotées et de les surcharger de dettes.

Fort bien, l’économie n’est-elle pas aidée par le retour de l’industrie manufacturière en Amérique ? Apparemment non. Les données de 1999 à 2012 indiquent que la délocalisation de l’activité manufacturière a augmenté de 9 %. Une économiste, Susan Hester, de la Retail Industry Leaders Association [« Association de dirigeants du commerce de détail »], a décidé de transformer cette perte d’emplois manufacturiers en vertu. Son argument est que les emplois de vente au détail éclipsent les emplois manufacturiers et que plus d’emplois américains peuvent être créés en vendant encore plus de produits importés plutôt qu’en encourageant la production dans le but d’exporter.

D’après les recherches de Mme Hester, les États-Unis gagnent plus d’argent sur la vente au détail que sur la production. Elle en conclut que la valeur ajoutée à un produit en le fabriquant à l’étranger ne représente qu’un petit pourcentage de la valeur ajoutée « en supervisant la production depuis l’étranger, en gérant les droits de douane, les entrepôts, la distribution, en faisant le marketing des produits d’habillement et en employant des millions de personnes pour remplir les rayons et tenir les caisses enregistreuses ». Autrement dit, les emplois manufacturiers américains qui ont été délocalisés ne représentent pas grand-chose. L’argent vient de la vente des importations.

Ce que Mme Hester omet de mentionner, c’est que lorsque la production délocalisée arrive aux États-Unis pour y être commercialisée, elle est comptabilisée comme importation, ce qui alourdit le déficit commercial américain. Les étrangers utilisent les dollars qui leur sont versés en échange des produits qu’ils fabriquent pour le compte des sociétés américaines pour se porter acquéreurs d’obligations américaines, d’actions et d’actifs réels tels que des terres, des bâtiments et des entreprises. Par conséquent, l’intérêt, les profits, les plus-values et les loyers associés aux achats étrangers d’actifs américains sont maintenant perçus par des étrangers et non par des Américains. Le compte courant s’en trouve dégradé.

Cela fonctionne ainsi : l’excès d’importations aux États-Unis par rapport aux exportations depuis les États-Unis donne des droits aux étrangers sur les revenus et la richesse des Américains, lesquels sont soldés par les achats étrangers d’actifs américains. Le revenu produit par ces actifs s’échappe maintenant vers l’étranger ; conséquence : le revenu perçu par les étrangers sur leurs investissements aux États-Unis dépasse le revenu perçu par les Américains sur leurs investissements à l’étranger.

Selon le raisonnement de Mme Hester, les Américains s’en sortiraient mieux s’ils ne produisaient rien de ce dont ils ont besoin et si, au lieu de fabriquer eux-mêmes, ils s’en remettaient aux créateurs de mode américains et concepteurs qui définissent les productions délocalisées destinées aux marchés américains, aux inspecteurs des douanes et agents du fret, aux employés chargés de planifier et accélérer la production, et aux dockers et employés du chemin de fer, enfin, qui livrent les produits fabriqués à l’étranger sur le marché américain des biens de consommation.

Pour Mme Hester la valeur ajoutée issue de la fabrication délocalisée est quantité négligeable. Comment se fait-il alors que la Chine soit devenue riche grâce à elle, atteignant le rang de seconde économie mondiale et employant 100 millions de personnes dans le secteur manufacturier (à comparer aux 12 millions des États-Unis), et qu’elle ait acquis la plus forte réserve de devises du monde ?

Lorsque Mme Hester aura répondu à cette question, elle pourra expliquer pourquoi les grandes sociétés américaines se donnent la peine de délocaliser leur production, si la contribution à la valeur ajoutée est si faible. La valeur ajoutée est de toute évidence suffisamment conséquente pour que l’économie sur la masse salariale couvre les coûts de transport de l’Asie vers les États-Unis, les coûts de mise en service et de gestion des installations délocalisées, et le coût de la mauvaise publicité résultant de l’abandon des communautés américaines au profit de l’Asie, tout en générant assez de bénéfices pour augmenter les profits et faire monter le prix des actions et les bonus des dirigeants.

Mme Hester se raconte des histoires. La faible valeur qui, selon ses calculs, est ajoutée au prix d’une chemise par le travail chinois, indien ou vietnamien, reflète le faible coût du travail étranger, pas la faible valeur de la chemise sur les marchés américains ou la faible valeur d’un iPhone sur les marchés européens. Le marketing, le stockage et la distribution sont effectués aux États-Unis par du personnel mieux payé, et c’est la raison pour laquelle nous avons l’impression que la valeur ajoutée vient de sources autres que la fabrication. Mme Hester passe à côté du fait que le coût inférieur de la main-d’œuvre étrangère ne se traduit pas par un produit moins valorisé, mais bien par des profits plus élevés.

Les économistes présument que les économies sur la masse salariale sont répercutées sur les consommateurs par une baisse des prix, mais je n’ai pas constaté de baisses des prix sur les chaussures de sport Nike ou Merell, sur les chemises Brooks Brothers et Ralph Lauren, les ordinateurs Apple, ou quoi que ce soit d’autre suite à la délocalisation de la production américaine. Les gains sur les coûts de main-d’œuvre partent en bénéfices, bonus pour les managers et plus-values pour les actionnaires. C’est une des causes de l’extraordinaire augmentation des inégalités de revenus et de richesse aux États-Unis.

Concentrés sur les profits à court terme, producteurs et revendeurs sont en train de détruire le marché de la consommation aux États-Unis. Le salaire annuel moyen d’un ouvrier du secteur textile aux États-Unis est de 35 000 $. Le salaire moyen d’un employé du secteur du commerce de détail aux États-Unis représente moins de la moitié de ce montant, et ne lui laisse aucun revenu disponible susceptible de stimuler les dépenses de consommation dans les magasins.

La délocalisation de la production par les entreprises américaines a mis le gouvernement Obama dans l’impossibilité de tenir sa promesse de création d’emplois manufacturiers et d’exportation. Dans l’incapacité de créer des emplois et des exportations réels, le gouvernement américain a proposé d’en créer des virtuels grâce à des « fabricants sans usine ». Afin de tenir sa promesse de doubler la croissance des exportations américaines, le régime Obama veut comptabiliser les fabrications délocalisées comme production américaine.

Le « fabricant sans usine » est une catégorie statistique qui vient d’être inventée. C’est une entreprise comme Nike ou Apple qui sous-traite la production de ses biens aux entreprises étrangères. Le régime Obama propose de redéfinir les entreprises comme Apple qui détiennent une marque ou le design d’un produit comme des fabricants, même si ces entreprises ne fabriquent pas.

En d’autres termes, qu’une entreprise américaine soit ou non un fabricant ne dépend pas de son activité, mais de la propriété d’une marque qu’elle sous-traite à un fabricant étranger. Par exemple, les iPhones d’Apple fabriqués en Chine et vendus en Europe seraient comptabilisés en tant qu’exports de biens américains de produits manufacturés, et les iPhones vendus aux États-Unis ne seraient plus considérés comme des importations, mais comme de la production locale américaine. Les employés d’Apple ne travaillant pas en production seraient assimilés à des employés d’usine.

Le but évident de cette tromperie statistique est de gonfler le nombre d’emplois manufacturiers américains, la production industrielle américaine et les exportations américaines, et d’assimiler les importations à de la production domestique. C’est un montage qui, par une redéfinition, élimine le déficit considérable de la balance commerciale américaine. Avec ce changement de classification, le Bureau gouvernemental des Mensonges Statistiques aurait cependant à gérer l’anomalie suivante : des produits fabriqués en Chine, Inde, Indonésie ou n’importe où deviendraient du PIB américain du moment que la marque déposée appartient à une société américaine, mais les paiements aux travailleurs asiatiques qui ont fabriqué les produits resteraient autant de créances sur la richesse américaine susceptibles d’ être converties en possession de bons du trésor américains, de sociétés et d’immobilier.

Par exemple, les travailleurs chinois produisent les produits Apple, et, par conséquent, la Chine a des créances à faire valoir sur la richesse des États-Unis. Comment ces créances sont-elles comptabilisées statistiquement suivant la nouvelle définition de l’administration Obama ? Les États-Unis peuvent ajouter la production chinoise au PIB américain, mais comment les États-Unis déduisent-ils les produits Apple fabriqués en Chine du PIB chinois ? Et comment la nouvelle définition du régime Obama escamotera-t-elle les paiements faits par Apple aux entreprises chinoises qui ont fabriqué les produits ? Ces paiements constituent des créances sur la richesse américaine.

Autrement dit, cette reclassification entrainerait un double comptage de la production des produits Apple. Si chaque pays fait ça, le PIB mondial augmentera statistiquement en dépit du fait qu’aucun bien ou service ne sera produit en supplément. Peut-être est-ce là la manière d’éluder la pauvreté mondiale.

Michael Porter, professeur à Harvard, avait anticipé l’apparition de ces « fabricants sans usine » dans son rapport de 2006 sur la compétitivité, qui justifie les délocalisations. En défendant les emplois délocalisés, Porter a dédramatisé l’augmentation du déficit commercial des États-Unis et le déclin du taux de croissance du PIB américain causé par les délocalisations.

Porter raisonnait en effet que c’est la propriété des revenus et des biens qui devrait déterminer leur classement, et pas l’endroit où ils sont produits. Comme je l’avais fait remarquer dans ma critique (voir The Failure of Laissez Faire Capitalism and Economic Dissolution of the West [Échec du capitalisme du laissez-faire et dissolution économique de l'Occident], livre de Paul Craig Roberts) , cela conduirait à accroître le PIB américain du montant des productions sous-traitées à l’étranger et de la production des filiales américaines outre-mer, et à diminuer le PIB des pays dans lesquels la fabrication a effectivement lieu. La cohérence voudrait alors que les voitures allemandes et japonaises, par exemple, qui sont produites aux États-Unis avec une main-d’œuvre américaine viennent en déduction du PIB américain et soient prises en compte dans le PIB allemand ou japonais.

Comme je l’ai souligné depuis des années, l’Occident vit déjà dans la dystopie prédite par George Orwell. Les emplois sont créés par des ajouts hypothétiques aux chiffres de l’emploi et par l’utilisation injustifiée d’ajustements saisonniers. L’inflation est gommée en substituant dans l’indice de l’inflation des articles à bas prix à ceux dont le prix augmente et par la requalification des augmentations de prix en améliorations de qualité. La croissance de PIB réel apparaît magiquement en abaissant le PIB nominal à l’aide de ce taux d’inflation sous-estimé. Maintenant, des sociétés sans usine vont fabriquer des produits manufacturés américains, des exportations américaines et des emplois industriels américains !

Chaque domaine de l’existence occidentale est défini par la propagande. Par voie de conséquence, nous avons atteint un état parfait de nihilisme. Nous ne pouvons rien croire de ce que nous disent le gouvernement, les entreprises et les médias presstitués [NdT : mot-valise « presse + prostitués »].

Nous vivons dans le mensonge, et ce mensonge ne cesse de grandir

Source : PCR

Source: http://www.les-crises.fr/occulter-l-echec-economique/


Pourquoi Washington prend-il le risque d’une guerre avec la Russie ?, par Katrina van den Heuvel et Stephen Cohen

Thursday 7 August 2014 at 03:30

Le siège du Donbass, mené par Kiev et soutenu par l’administration Obama, constitue une escalade dans une crise déjà périlleuse.
Katrina vanden Heuvel et Stephen F. Cohen
30 Juillet 2014 | Cet article est paru dans le numéro du 18-25 août 2014 de The Nation

Comme signalé à plusieurs reprises par The Nation, l’impensable peut désormais se produire à tout moment en Ukraine : pas seulement la nouvelle Guerre froide déjà en cours, mais une guerre bien réelle entre l’Otan, conduite par les États-Unis, et la Russie. L’épicentre en est le Donbass, territoire à l’est de l’Ukraine, grande région industrielle avec une forte densité de citoyens ukrainiens russophones et étroitement liée à son grand voisin par des décennies de relations économiques, politiques, culturelles et familiales. Le crash de l’avion de ligne malaisien MH17, abattu le 17 juillet, aurait dû obliger le gouvernement de Kiev, soutenu par les États-Unis, à déclarer un cessez-le-feu prolongé et stopper ses attaques terrestres et aériennes sur les villes proches afin de rendre hommage aux 298 victimes ; à donner aux enquêteurs internationaux un accès sécurisé au site de l’accident , et à entamer des pourparlers de paix. Au lieu de cela, Kiev, avec le soutien de Washington, a immédiatement intensifié ses attaques contre ces zones résidentielles, faisant de nouvelles victimes innocentes, pour “libérer” ces zones des “terroristes” pro-russes, selon l’étiquette que Kiev se plaît à coller sur le dos des membres du mouvement de résistance dans l’est de l’Ukraine. En réponse, Moscou se préparerait, selon certaines sources, à faire parvenir des armes lourdes aux résistants du Donbass.

Selon un article du New York Times du 27 juillet, la Maison-Blanche pourrait fournir à Kiev des informations sensibles provenant des services de renseignement, qui permettraient de localiser et de détruire ce matériel russe, et entraînerait par là, toujours selon l’article du Times, un risque “d’escalade avec la Russie”. L’administration Obama encourage cette escalade en affirmant, sans preuve concrète, que la Russie “procède déjà à des tirs d’artillerie depuis son territoire en direction de l’Ukraine”. Cependant, des tirs répétés de l’artillerie ukrainienne en direction du territoire russe ont tué un habitant le 13 juillet et n’ont pratiquement pas été rapportés par la presse. En fait, Kiev est depuis des mois l’intermédiaire militaire de Washington contre la Russie et ses “compatriotes” dans l’est de l’Ukraine. Depuis que la crise politique a commencé, le Secrétaire d’État John Kerry, le Directeur de la CIA John Brennan et le Vice-Président Joe Biden (par deux fois) se sont rendus à Kiev, précédant des “membres haut placés du ministère de la Défense US”, des équipements militaires américains et des aides financières. De plus, un haut responsable du département de la Défense US a informé un comité sénatorial que les “conseillers” du département sont maintenant “intégrés” au ministère de la Défense ukrainien.
En effet, Kiev ne peut mener cette guerre contre ses propres citoyens – un porte-parole de l’ONU affirme que près de 5 000 civils ont été tués ou blessés, ce qui pourrait constituer des crimes de guerre – sans le soutien politique, économique et militaire de l’administration Obama. Ayant provoqué l’exode de centaines de milliers de personnes, l’Ukraine est en faillite, ses infrastructures industrielles sont endommagées, sa situation politique est chaotique, elle utilise des milices ultranationalistes et mobilise les hommes jusqu’à l’âge de soixante ans.
Tout cela se déroule dans le contexte de la désinformation pratiquée par Washington, amplifiée par les médias grand public, qui décrit la crise ukrainienne comme la conséquence de  ”l’agression” du président russe Vladimir Poutine. En réalité, le rôle de celui-ci a été essentiellement réactif.
En novembre 2013, l’Union Européenne, avec le soutien de la Maison-Blanche, déclenchait la crise en rejetant l’offre de Poutine d’un plan financier associant l’Union Européenne, Moscou et les États-Unis, et en confrontant le président élu de l’Ukraine, Viktor Ianoukovitch, à un choix inutile entre un “partenariat” soit avec l’Europe, soit avec la Russie.
À ces propositions s’ajoutaient des mesures financières sévères, aussi bien que des obligations “militaires et de sécurité”.
Sans surprise, Ianoukovitch choisit l’offre financièrement largement plus favorable de Poutine. Imposer un tel choix au président d’un pays déjà profondément divisé constituait une provocation inutile.
En février, les manifestations de rue contre la décision de M. Ianoukovitch avaient pris un tour si violent qu’un accord de compromis fut négocié, grâce à la médiation des ministres des Affaires étrangères européens et avec le soutien tacite de Poutine. Ianoukovitch devait former un gouvernement de coalition ; les milices de rues de Kiev devaient être désarmées ; l’élection présidentielle à venir devait être avancée au mois de décembre ; et l’Europe, Washington et Moscou coopéreraient afin de sauver l’Ukraine de l’effondrement financier. Cet accord a été renversé en quelques heures par un déchaînement de violence urbaine de la part des ultranationalistes. Après la fuite de Ianoukovitch, un nouveau gouvernement a été formé, et la Maison-Blanche a rapidement apporté son soutien à ce coup d’Etat.
S’il y avait eut un service de renseignement sérieux à Washington, la réaction de Poutine aurait été prévue. Des décennies d’expansion de l’Otan vers la frontière de la Russie, et l’échec en 2008 d’une proposition américaine  d’incorporer  l’Ukraine dans l’Otan à “marche forcée”  , l’avait convaincu que le nouveau gouvernement pro-américain de Kiev avait l’intention de s’emparer de toute l’Ukraine, y compris la Crimée, province historique de la Russie abritant sa plus importante base navale. En mars, Poutine annexait la Crimée.
Tout aussi prévisible, la réaction du Kremlin face à l’évolution de la situation à Kiev a renforcé les mouvements de rébellion dans le sud-est de l’Ukraine qui s’étaient constitués contre le coup d’état de février. En l’espace de quelques semaines, l’Ukraine s’est trouvée plongée dans une guerre civile qui menaçait de devenir internationale.
Depuis avril, Poutine et son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, n’ont cessé d’appeler à un cessez-le-feu et à des négociations entre Kiev et les rebelles. Kiev, soutenue par l’administration Obama, a refusé d’adopter aucun cessez-le-feu suffisamment long pour permettre aux négociations d’avoir une chance d’aboutir, et a au contraire intensifié sa guerre contre ses propres citoyens, les qualifiant de ”terroristes”. Selon un article du Times, la Maison Blanche envisage une nouvelle escalade pouvant avoir des conséquences encore plus désastreuses.
Cela, aussi, est une question d’être un peu mieux “éclairé”, si tant est que Washington soit prêt à écouter. Pour des raisons historiques, nationales et géopolitiques, Poutine – ou tout autre dirigeant du Kremlin - ne peut permettre que la région du Donbass tombe aux mains de Kiev et donc, comme on le pense à Moscou, aux mains de Washington et de l’Otan. Si Poutine fournit des armes lourdes aux défenseurs du Donbass, c’est peut-être parce que c’est sa seule solution alternative à une intervention militaire russe directe, étant donné que les propositions diplomatiques de Moscou ont été rejetées. Cette option pourrait être limitée au déploiement d’avions de combat russes pour protéger l’est de l’Ukraine des forces terrestres et aériennes de Kiev, ou peut-être pas. Car les faucons du Kremlin, homologues de ceux de Washington, disent à Poutine de combattre aujourd’hui au Donbass, ou demain en Crimée. Ou, comme le résume le directeur du Carnegie Moscow Center, ”ce n’est plus seulement une lutte pour l’Ukraine, mais une bataille pour la Russie”.
Si les faucons des deux bords l’emportent, cela pourrait bien signifier une guerre à grande échelle. A-t-on jamais vu, dans l’histoire récente de la démocratie américaine, surgir une si terrible perspective sans qu’aucune voix ne s’élève dans le public, ou qu’un débat ne  s’ouvre  dans les médias du système ? Toutefois, la porte de sortie est évidente pour tout observateur informé : un cessez-le-feu immédiat, qui doit commencer à Kiev, permettant des négociations sur l’avenir de l’Ukraine, les contours généraux de ces négociations étant bien connus de tous les acteurs de cette funeste crise .
Source : The Nation , traduction collective par les lecteurs du blog www.les-crises.fr
Les Ministres des Affaires étrangères américain  John Kerry et ukrainien Pavlo Klimkin se serrent la main au secrétariat d’État le 29 juillet 2014.

Source: http://www.les-crises.fr/washington-risque-guerre-russie/