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Résolution 2178 – réactions de nos dirigeants

Wednesday 8 October 2014 at 02:00

On appréciera la longue sollicitude dont bénéficie la France pour la perte tragique et barbare du malheureux Hervé Gourdel.

On se demandera pourquoi les 1 688 morts dus à la violence en Irak durant le seul mois d’aout 2014 (250 dans des attentats à Bagdad), ne bénéficient pas de la même mansuétude – surtout des États-Unis…

Regardez bien la phrase choc du discours de Cameron…

Résolution 2178 – réactions

Les réactions suite à l’adoption à l’unanimité de la résolution 2178 de l’ONU, cf le billet précédent pour le texte.

La déclaration du Secrétaire Général Ban Ki-moon :

Je vous félicite, Monsieur le Président, de l’accession de votre pays à la présidence du Conseil de sécurité pour ce mois. Je vous remercie de votre initiative de convoquer ce sommet du Conseil de sécurité. C’est la deuxième fois que vous présidez le Conseil sur une question ayant de graves implications pour la paix et la sécurité internationales.

Le monde est témoin d’une évolution spectaculaire de la nature de la menace terroriste.

Durant l’année écoulée, des attentats terroristes ont tué, mutilé ou déplacé des milliers de civils–dont la grande majorité sont des musulmans–de l’Afghanistan à la Somalie en passant par le Nigéria, de l’Iraq à la Libye en passant par le Mali. Ces attentats sont perpétrés par des extrémistes violents qui se nourrissent de l’insécurité et de l’injustice, ainsi que de la fragilité et de l’absence de leadership. Ces groupes s’approprient sans vergogne la religion afin de pouvoir contrôler les territoires et les ressources économiques vitales. Ils brutalisent les femmes et les filles. Ils prennent pour cible et massacrent les minorités. Ce sont des ennemis de la foi.

Comme l’ont dit les dirigeants musulmans du monde entier, les groupes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL)–ou Daech–n’ont rien à voir avec l’islam, et ils ne représentent certainement pas un État. Il serait plus approprié de l’appeler le non-État non islamique. Pourtant, ces groupes attirent désormais des combattants terroristes étrangers qui succombent aisément aux appels simplistes et aux chants des sirènes.

L’Équipe de surveillance des activités d’Al Qaida et des Taliban estime que plus de 13000 combattants terroristes étrangers originaires de plus de 80 États Membres ont rejoint l’EIIL et le Front el-Nosra. Le phénomène croissant des combattants terroristes étrangers est une conséquence –et non pas une cause– du conflit syrien. Une longue période de troubles et, jusqu’à récemment, l’absence de réaction des gouvernants en Iraq, auxquelles s’ajoutent des violations scandaleuses des droits de l’homme en Syrie, ont créé un foyer d’horreurs. Il ne saurait y avoir de réelle protection des civils tant que des groupes extrémistes pourront agir en toute impunité et que le Gouvernement syrien continuera d’agresser son propre peuple.

Depuis plus d’un an, je tire la sonnette d’alarme sur les actions vicieuses et injustifiables de ces groupes, et sur le danger qu’ils représentent pour l’Iraq, la Syrie et l’ensemble de la région, ainsi que pour la paix et la sécurité internationales. Nous avons besoin d’une stratégie politique novatrice et globale en Syrie et au-delà afin d’endiguer le flot de combattants terroristes étrangers. Nous devons vaincre les terroristes, mais nous devons le faire de manière à éviter les actes de provocation délibérés qu’ils nous préparent, comme la persécution, la radicalisation et l’augmentation du nombre de victimes civiles. S’il l’on veut éliminer le terrorisme, il faut la solidarité de la communauté internationale et une démarche multidimensionnelle, parmi la panoplie d’instruments auxquels nous devons recourir. Il convient en outre de s’attaquer aux conditions sous-jacentes qui permettent aux groupes extrémistes violents de s’enraciner. Les questions de sécurité immédiates doivent être réglées.

À plus long terme, la plus grande menace pour les terroristes n’est pas la puissance des missiles. C’est une politique d’intégration. Ce sont des sociétés pacifiques et le respect des droits de l’homme. Ce sont l’éducation, l’emploi et de réelles possibilités. Ce sont des dirigeants qui sont à l’écoute de leur peuple et qui promeuvent l’état de droit. Les missiles tuent sans doute les terroristes, mais la bonne gouvernance tue le terrorisme. Des sociétés libres et indépendantes –où la souffrance, l’oppression et l’occupation n’existent pas– voilà ce qui tuera le terrorisme.

Je me félicite de la résolution 2178 (2014) qui vient d’être adoptée, et de ce qu’elle appelle à renforcer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Par l’intermédiaire de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, nous intensifions nos efforts pour aider les États Membres et les régions gravement touchés par le terrorisme. Par l’intermédiaire du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, nous collaborons avec les États Membres afin d’améliorer la compréhension du phénomène des combattants terroristes étrangers et de développer et mettre en œuvre des politiques pour entraver leurs déplacements.

Dans le cadre de nos efforts collectifs, nous devons veiller à ce que toutes les mesures et politiques antiterroristes soient conformes au droit international des droits de l’homme et au droit international humanitaire. En tant que garant de la Charte des Nations Unies, je tiens à souligner que toutes les mesures prises doivent correspondre pleinement aux buts, valeurs et principes de l’ONU. Je salue une nouvelle fois l’unité d’action du Conseil sur cette question, sous l’égide du Président Obama. J’espère que cet esprit se manifestera également pour d’autres questions pressantes, en particulier pour enfin apporter la paix au peuple syrien.

La déclaration du Président Obama :

Je remercie le Secrétaire général pour sa déclaration.

Je vais maintenant faire une déclaration en ma qualité de Président des États-Unis d’Amérique.

L’ONU existe depuis près de 70 ans et ce n’est que la sixième fois que le Conseil de sécurité se réunit à un niveau tel que celui d’aujourd’hui. Nous organisons de telles séances pour nous attaquer aux menaces les plus urgentes à la paix et à la sécurité. J’ai convoqué la présente séance car nous devons nous entendre en tant que pays et que communauté internationale pour faire face à la menace réelle et grandissante posée par les combattants terroristes étrangers.

Comme je l’ai dit plus tôt aujourd’hui, la tactique du terrorisme n’est pas nouvelle. Un si grand nombre de pays représentés ici aujourd’hui, y compris le mien, ont vu des citoyens tués par des terroristes qui prennent pour cible des innocents. Aujourd’hui, les peuples du monde sont horrifiés par un autre meurtre barbare –celui d’Hervé Gourdel– par des terroristes en Algérie. Nous soutenons le Président Hollande et le peuple français, non seulement au moment où ils pleurent cette terrible perte mais aussi alors qu’ils se montrent déterminés à lutter contre la terreur et à défendre la liberté.

Ce qui nous réunit ici aujourd’hui –ce qui est nouveau– c’est le flot sans précédent de combattants ces dernières années, depuis et vers des zones de conflits, y compris l’Afghanistan et la Corne de l’Afrique, le Yémen, la Libye et, plus récemment, la Syrie et l’Iraq. Nos services de renseignement estiment que plus de 15000 combattants étrangers de plus de 80 pays se sont rendus en Syrie ces dernières années. Un grand nombre a rejoint des organisations terroristes telles que celles affiliées à Al-Qaida, le Front el-Nosra et l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), qui menace maintenant les populations partout en Syrie et en Iraq. Je tiens à saluer le Premier Ministre iraquien, M.al-Abadi et à le remercier d’être présent ici aujourd’hui.

Au Moyen-Orient et ailleurs, ces terroristes exacerbent les conflits. Ils posent une menace immédiate aux populations de ces régions. Comme nous l’avons déjà vu dans plusieurs cas, ils pourraient tenter de rentrer dans leur pays d’origine pour y mener des attaques meurtrières. Face à cette menace, un grand nombre de nos pays, travaillant ensemble et à l’ONU, ont intensifié leur coopération. À travers le monde, des combattants terroristes étrangers ont été arrêtés, des plans ont été déjoués et des vies sauvées. Plus tôt cette année, à West Point, j’ai affirmé la nécessité d’un nouveau partenariat pour aider les pays à renforcer leur capacité de parer la menace du terrorisme en constante évolution, y compris celle posée par les combattants terroristes étrangers. Empêcher que ces personnes n’atteignent la Syrie puis franchissent de nouveau discrètement nos frontières est un élément essentiel de notre stratégie visant l’affaiblissement et, à terme, la destruction de l’EIIL.

La résolution historique 2178 (2014), que nous venons d’adopter exprime notre volonté de faire face à ce problème. Elle est juridiquement contraignante. Elle définit de nouvelles obligations que les pays doivent respecter. Plus précisément, il est demandé aux pays de prévenir et d’éliminer les activités de recrutement, d’organisation, de transport ou d’équipement bénéficiant à des combattants terroristes étrangers, ainsi que le financement des voyages et activités de ces personnes. Les pays doivent prévenir les mouvements de terroristes ou de groupes terroristes sur leur territoire et veiller à ce que leur législation interne permette d’engager des poursuites contre ceux qui tentent de le faire.

La résolution que nous avons adoptée aujourd’hui invite les États à aider à renforcer la capacité des États en première ligne de ce combat, y compris les pratiques optimales qu’un grand nombre de nos pays ont approuvées hier, et que les États-Unis s’emploieront à promouvoir grâce à notre fonds pour des partenariats antiterroristes (Counter terrorism Partnerships Fund). Cette résolution renforcera la coopération entre pays, notamment en partageant davantage d’informations sur les voyages et les activités des combattants terroristes étrangers, et indique clairement que le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’état de droit n’est pas optionnel –c’est un élément essentiel pour que nos efforts de lutte antiterroriste soient efficaces. L’histoire nous apprend en effet que le non-respect de ces droits et libertés peut en fait alimenter l’extrémisme violent.

Enfin, cette résolution reconnaît qu’il n’y a pas de solution militaire au problème des personnes qui se sont fourvoyées et cherchent à joindre des organisations terroristes. Elle exhorte par conséquent les États à travailler ensemble pour contrecarrer l’extrémisme violent qui peut conduire à la radicalisation, au recrutement et à la mobilisation de personnes pouvant se livrer au terrorisme. Les recrues potentielles doivent entendre ce que disent d’anciens combattants terroristes qui ont vu la réalité des faits, à savoir que des groupes tels que l’EIIL trahissent l’Islam en tuant des hommes, des femmes et des enfants innocents, dont la majorité sont musulmans. Les populations locales –familles, amis, voisins et chefs religieux– sont souvent les plus à même d’identifier et d’aider des personnes désabusées avant qu’elles ne succombent à des idéologies extrémistes et ne s’adonnent à la violence. C’est pourquoi le Gouvernement des États-Unis est déterminé à travailler avec des communautés aux États-Unis et dans le monde entier pour établir des partenariats de confiance, de respect et de coopération.

De même, alors même que nous luttons sans relâche contre les terroristes qui menacent notre population, nous devons intensifier nos efforts visant à éliminer les conditions –la répression, le manque de possibilités et, trop souvent, le désespoir– qui peuvent rendre certaines personnes plus réceptives que d’autres aux appels à l’extrémisme et à la violence. Il faut notamment continuer de rechercher une solution politique en Syrie permettant à tous les Syriens de vivre en sécurité, dans la dignité et en paix. C’est ce que nous devons faire ensemble en tant que pays. Ce sont les partenariats que nous devons établir en tant que communauté internationale. Ce sont les critères auxquels nous devons maintenant satisfaire.

Pourtant, alors même que nous sommes guidés par les engagements que nous prenons ici aujourd’hui, je voudrais terminer en énonçant une évidence. Les résolutions, seules, ne suffiront pas. Les promesses faites sur le papier ne peuvent pas garantir notre sécurité. Les nobles discours et les bonnes intentions n’arrêteront aucune attaque terroriste. Les paroles prononcées ici aujourd’hui doivent être traduites dans les faits, l’action jointe à la parole. Des mesures concrètes doivent être prises au sein des pays et entre les pays, non seulement dans les prochains jours mais aussi pour les années à venir. En effet, s’il y a un défi, dans notre monde interdépendant, qui ne peut être relevé par un pays agissant seul, c’est celui-là: des terroristes franchissant les frontières et menaçant de déchaîner des violences indicibles.

Ces terroristes pensent que nos pays ne seront pas en mesure de les stopper. La sécurité de nos citoyens exige que nous les arrêtions. Je suis ici aujourd’hui pour dire que tous ceux qui se sont engagés à participer à cet effort urgent constateront que les États-Unis d’Amérique sont un partenaire résolu et solide.

Je reprends à présent mes fonctions de Président du Conseil. Je donne maintenant la parole aux autres membres du Conseil de sécurité.

La déclaration du Président Hollande :

Monsieur le Président, je voudrais d’abord remercier le Président Obama et l’ensemble des membres du Conseil de sécurité de s’être associés à la peine du peuple français dans l’épreuve qu’il traverse. En effet, Hervé Gourdel, un ressortissant qui allait pratiquer son loisir préféré, la montagne, en Algérie, et qui était retenu comme otage depuis dimanche, a été assassiné dans des conditions effroyables, puisqu’il a été décapité.

Ce n’est pas la première fois que la France est touchée par des actes terroristes, et elle n’y a jamais cédé. Elle en sort à chaque fois plus forte et plus solidaire. D’autres pays aussi ont été frappés par cette barbarie. Il y a encore quelques jours, deux Américains et un Britannique ont été traités de la même façon, aussi cruelle. Il n’y a pas de nationalité qui compte: toutes les victimes du terrorisme méritent le respect et méritent l’hommage que nous devons à leur mémoire. Il n’y a pas de religion qui compte: toutes les victimes sont égales devant, hélas, la brutalité du terrorisme.

Le terrorisme n’est pas une réalité nouvelle. Depuis des années, nous l’affrontons, mais il a pris une autre dimension, il a une rétention. Il veut conquérir des territoires, il veut organiser des États, il veut soumettre des populations, il frappe des populations civiles, des femmes, des enfants. Il a de nouveaux noms: il ne s’appelle plus seulement Al-Qaida, ou Al-Qaida au Maghreb islamique, mais Boko Haram ou Daech. Justement, Daech est l’incarnation la plus récente de cette folie terroriste. Son caractère est nouveau en ce sens qu’il a la volonté de conquérir, et aussi d’attirer un nombre croissant de nos concitoyens, où qu’ils soient, pour rejoindre ce combat. Il attire des populations souvent jeunes et de toutes nationalités, et pas simplement, comme il est dit souvent, d’origine musulmane, même si l’islam n’a rien à voir dans ce combat.

Aucun de nos pays n’est à l’abri, aucun, même lointain. Il y a des tentations – et il y a Internet, qui fait que le réseau s’organise. Chaque jour, des hommes, des femmes et même des enfants, des familles entières, partent pour rejoindre le combat de Daech. C’est une mise en cause de notre propre sécurité. Tout à l’heure, le Président Obama a parlé de 15000 combattants étrangers. Parmi ces 15000 personnes, 1000 Français ou résidents de France sont en Syrie ou en Iraq. Ce chiffre est en augmentation de 50% depuis le début de l’année. Ce qui est vrai pour la France est vrai pour l’Europe tout entière. Notre réponse doit donc être globale; elle doit être rapide et elle doit être durable.

D’abord, nous devons prendre des mesures dans chacun de nos pays. La France, de ce point de vue, a adapté sa législation, et un texte est en discussion au Parlement. Il vise à prévenir, à empêcher le départ d’individus, à l’interdire même, quand il y a des raisons sérieuses de penser que le déplacement a une finalité terroriste. Il y a aussi une volonté de mettre en cause la propagande terroriste sur Internet, et les sites qui appellent à la haine seront fermés. Enfin, notre législation organisera la lutte contre les filières car ces combattants étrangers ne partent pas seuls ; ils partent parce qu’ils sont dans un réseau et qu’il y a, là aussi, des organisations qui les conduisent jusqu’à la zone des combats.

Aujourd’hui, c’est un moment très important, avec l’adoption, par le Conseil de sécurité, d’une nouvelle résolution en vertu du Chapitre VII (résolution 2178(2014)).

Cette stratégie que nous avons définie est une stratégie mondiale pour lutter contre le terrorisme, en appréhendant le phénomène non pas simplement des combattants étrangers mais de toutes les filières qui amènent des jeunes –ou des moins jeunes, mais souvent de très jeunes gens– à aller là où ils n’ont aucun intérêt à se rendre. Nous devons renforcer le dispositif juridique international et cette résolution est aussi un message de fermeté et d’unité de la communauté internationale tout entière. Nous avons une menace commune, nous avons une réponse commune, qui est multiple, militaire, et nous avons, les uns et les autres, à prendre nos responsabilités –la France l’a fait– pour répondre aux demandes des nouvelles autorités iraquiennes. Je salue au passage le Premier Ministre de l’Iraq.

La réponse est aussi politique, elle est aussi économique, elle est humanitaire. Mais notre réunion est aussi un acte de volonté. Nous devons lutter contre tous les trafics, je dis bien tous les trafics, car ce sont les trafics qui financent le terrorisme, et jamais ces groupes n’ont été aussi puissants, aussi fortunés, aussi alimentés, aussi armés. Donc, nous devons avoir une réponse qui puisse non seulement permettre de lutter contre les influences, les embrigadements, mais aussi contre les sources de financement du terrorisme.

Enfin, nous devons mener cette stratégie en respectant le droit et les libertés. Nous devons le faire en respectant les religions, et notamment l’islam Nous devons le faire en luttant contre les causes du terrorisme: le désespoir, la misère, les inégalités, tout ce qui engendre le fanatisme. Nous devons le faire sans faiblesse aucune, mais en même temps avec l’intelligence que donne la démocratie. Contre la barbarie, la force est non seulement nécessaire, mais elle est légitime. Et en même temps, elle ne suffit pas; il nous faut apporter des solutions politiques pour assécher les sources mêmes de ce qui fait le terrorisme, et la France y prendra toute sa part.

La déclaration du Premier Ministre Cameron :

Le conflit en Iraq et en Syrie choque le monde par sa barbarie. Ces actes de sauvagerie –décapitations, yeux arrachés, viols– sont horribles, pratiquement médiévaux. L’assassinat monstrueux du Français Hervé Gourdel est l’horreur la plus récente. Le Président et le peuple français ont toute notre sympathie. Mais l’un des aspects les plus troublants de ce conflit est l’attrait qu’il exerce sur la jeunesse de nos sociétés modernes et prospères, et la menace que posent ces combattants étrangers est plus grande aujourd’hui que jamais auparavant.

Je rends hommage au Président Obama pour le rôle moteur qu’il assume face à ce problème capital. C’est un problème qui nous touche tous. Les chiffres globaux sont connus, mais qu’il me soit permis de dire ici que 500 de ces fanatiques de mon propre pays se sont rendus en Syrie et en Iraq. Les meurtres horribles et choquants de James Foley, de Stephen Sotloff et de David Haines par un combattant ayant apparemment un accent britannique mettent au jour la nature directe et sinistre de cette menace. Le peuple britannique est écœuré de voir qu’un citoyen britannique puisse être mêlé ainsi à de tels assassinats, dont celui d’un compatriote qui s’était rendu en Syrie pour aider la population. C’est le contraire même de l’esprit pacifique et tolérant qui caractérise notre pays. C’est pourquoi nous devons adopter une riposte qui émane de l’ensemble du Gouvernement et de la société et de tous les pays concernés au sein de la coalition internationale la plus large possible.

Il n’y a pas de réponse facile ni de solution rapide, et je pense que nous aurons à traiter les effets de cette menace pendant des années, car, comme on l’a dit, il ne s’agit pas seulement de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). Il s’agit des Chabab. Il s’agit de Boko Haram. Il s’agit d’Al-Qaida. Partout des conflits font rage et partout on recense des problèmes de gouvernance–l’argumentaire empoisonné de l’extrémisme islamiste fait désormais florès

Toutefois, il me semble qu’il y a trois choses que nous pouvons faire.

Premièrement, nous devons intensifier nos efforts de lutte antiterroriste afin de prévenir les attentats et de pourchasser ceux qui les planifient. Pour notre part, au Royaume-Uni, nous créons actuellement de nouvelles prérogatives qui visent à renforcer notre capacité à saisir des passeports et à empêcher des suspects de voyager; nous permettre temporairement de prévenir le retour de nationaux britanniques au Royaume-Uni; veiller à ce que les compagnies aériennes mettent en application nos listes d’interdictions de vol et les dispositions que nous avons prises en ce qui concerne les contrôles de sécurité; et donner à nos services de police et de sécurité les moyens de limiter davantage les déplacements des personnes qui se trouvent encore sur notre territoire mais constituent néanmoins un risque.

Deuxièmement, et je crois que c’est crucial, nous devons battre en brèche l’idéologie extrémiste nocive qui est à la base même de cette menace terroriste. Oui, il y a les sites Web et il y a les prêcheurs qui prônent la violence et l’extrémisme, et bien sûr il faut les faire taire. Toutefois, il ressort du parcours des individus condamnés pour des infractions à caractère terroriste que beaucoup d’entre eux ont d’abord été influencés par des prêcheurs qui affirment ne pas encourager la violence, mais dont la vision du monde peut servir à la justifier.

Cette vision du monde, nous la connaissons: le colportage de mensonges qui consistent à dire que les attentats du 11 septembre ont résulté d’un complot juif ou que les attaques du 7 juillet à Londres n’étaient qu’une mise en scène; l’idée selon laquelle les musulmans sont persécutés dans le monde entier et que cela relève d’une politique délibérée de l’Occident; et le concept d’un choc inévitable entre les civilisations. Il faut être clair: pour mettre en déroute l’idéologie extrémiste, nous devons nous attaquer à toutes les formes d’extrémisme, et pas seulement à l’extrémisme violent. Cela suppose d’interdire aux prêcheurs de haine de venir dans nos pays. Cela suppose de proscrire les organisations qui incitent à commettre des actes de terrorisme contre les populations, chez nous et à l’étranger. Cela suppose d’empêcher les extrémistes, violents ou non, de faire l’apologie de la haine et de l’intolérance dans nos écoles, nos universités et même parfois nos prisons. Autrement dit, cela suppose de prendre des mesures fermes et décisives pour protéger et faire prévaloir les valeurs de nos sociétés libres et démocratiques.

Euh, qui va définir ce qu’est un “extrémiste non violent” ?

(heureusement qu’il est déjà mort lui…)

D’autres l’ont dit avant moi, nous devons proposer une autre interprétation du réel, en particulier à l’attention de ces jeunes. J’ai été frappé par ce qu’a dit le Secrétaire général–que les missiles peuvent tuer des terroristes mais que la gouvernance peut tuer le terrorisme. Il nous faut répéter encore et encore que cela n’a rien à voir avec la religion musulmane, qui est une religion de paix. Nous avons besoin que les pays musulmans, les uns après les autres, et les responsables musulmans, les uns après les autres, prennent la parole à cet égard, comme l’a fait si clairement aujourd’hui le Roi de Jordanie en condamnant les personnes qui prétendent parler au nom de l’islam alors qu’il n’en est rien.

Troisièmement, et pour finir, outre les mesures qu’il nous incombe à chacun de prendre individuellement dans notre propre pays, nous devons faire bien plus, en travaillant ensemble, pour venir à bout de cette menace. L’EIIL ne pourra être défait que si nous employons toutes les armes dont nous disposons. Oui, nous devrions imposer des sanctions à l’EIIL et le Front el-Nosra, et je pense que nous devrions aller plus loin, mais il nous faut également utiliser nos réserves humanitaires pour nourrir les populations touchées et leur porter secours. Nous devons mobiliser notre diplomatie et nous appuyer
sur des règlements politiques pour renforcer les pays représentent l’ensemble de la population dont ils ont la charge et, oui, qui entendent ses doléances.

Le Royaume-Uni est résolu à relever ce défi. Seule une réponse cohérente et coordonnée peut nous permettre d’éliminer ce qui est, de fait, une menace mondiale et aveugle. Cela doit s’inscrire dans le cadre d’une stratégie globale visant à démanteler et détruire l’EIIL.

Il est essentiel que cette stratégie nous amène à travailler en tandem avec les États arabes, toujours dans l’intérêt des populations locales, conformément à nos obligations juridiques et au titre d’un plan qui implique notre aide humanitaire, notre diplomatie et, oui, nos forces armées.

Nous devons agir, et nous devons agir maintenant.


Source : ONU

Source: http://www.les-crises.fr/resolution-2178-reactions-de-nos-dirigeants/


En route vers un Patriot Act mondial ? Résolution 2178 de l’ONU

Wednesday 8 October 2014 at 01:50

Je glisse ici un lien expliquant le Patriot act – la loi américaine contre le terrorisme de 2001, qui a suscité tant de dérives.

La résolution 2178 de l’ONU vient d’être votée ; elle ne va pas jusque là, heureusement, mais le chemin est tracé…

On appréciera la volonté d’empêcher des nationaux de quitter leur pays pour de mauvaises intentions. Sans aucune complaisance avec le terrorisme, on se demandera si cette nouvelle loi des suspects est vraiment nécessaire – il me semblait que l’interdiction de quitter son pays était habituellement la marque des régimes non-démocratiques. (le terroriste indiquera rarement “commettre des actes terroristes à l’étranger” pour justifier son départ)…

Nations Unies  - Conseil de sécurité

Soixante-neuvième année 7272e séance

Mercredi 24 septembre 2014, à 15 heures – New York

Président :

Le Président Obama/M. Kerry/Mme Power ……………..   (États-Unis d’Amérique)

Membres :

Argentine………………………………………………………………     La Présidente Fernández

Australie……………………………………………………………….     M. Abbott

Chili……………………………………………………………………..     La Présidente Bachelet Jeria

Chine……………………………………………………………………      M. Wang Yi

Fédération de Russie………………………………………………     Lavrov

France…………………………………………………………………..     Le Président Hollande

Jordanie………………………………………………………………..     Le Roi Abdullah II

Lituanie………………………………………………………………..     La Présidente Grybauskaitė

Luxembourg………………………………………………………….     M.Bettel

Nigéria………………………………………………………………….     Le Président Jonathan

République de Corée……………………………………………….  La Présidente Park Geun-hye

Royaume-Uni Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord..           M. Cameron

Rwanda………………………………………………………………….    Le Président Kagame

Tchad…………………………………………………………………….  Le Président Deby Itno

 

Ordre du jour

Menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme

Combattants terroristes étrangers

Le Président (parle en anglais):

Je tiens à saluer  chaleureusement les chefs d’État et de gouvernement, le Secrétaire général, les ministres et les autres représentants présents dans la salle du Conseil de sécurité. Leur présence ici aujourd’hui souligne l’importance de la question à l’examen.

Les membres du Conseil sont saisis d’une liste d’orateurs qui ont demandé à participer, conformément aux articles 37 et 39 du règlement intérieur provisoire du Conseil ainsi qu’à la pratique établie du Conseil à cet égard. Nous proposons qu’ils soient invités à participer à la présente séance.

En l’absence d’objection, il en est ainsi décidé.

Le Conseil de sécurité va maintenant aborder l’examen de la question inscrite à son ordre du jour.

Les membres du Conseil sont saisis du document S/2014/688, qui contient le texte d’un projet de résolution présenté par l’Afghanistan, l’Albanie, l’Algérie, l’Allemagne, l’Andorre, l’Arabie saoudite, l’Arménie, l’Australie, l’Autriche, l’Azerbaïdjan, Bahreïn, la Belgique, la Bosnie-Herzégovine, le Botswana, la Bulgarie, le Burkina Faso, Cabo Verde, le Canada,le Chili, la Colombie, la Côte d’Ivoire, la Croatie, Chypre, le Danemark, l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Érythrée, l’Espagne, l’Estonie, les Etats-Unis d’Amérique, l’ex-République yougoslave de Macédoine, la Finlande, la France, la Géorgie, la Grèce, la Guinée, la Hongrie, l’Indonésie, l’Iraq, l’Irlande, l’Islande, Israël, l’Italie, la Jamaïque, le Japon, la Jordanie, le Kazakhstan, le Kenya, le Koweït, la Lettonie, le Liban, le Lesotho, la Libye, le Liechtenstein, la Lituanie, le Luxembourg, la Malaisie, Malte, le Maroc, la Mauritanie, les États fédérés de Micronésie, Monaco, le Monténégro, le Népal, la Nouvelle-Zélande, le Niger, le Nigéria, la Norvège, Oman, les Palaos, laPapouasie-Nouvelle-Guinée, le Paraguay, les Pays-Bas, les Philippines, la Pologne, le Portugal, le Qatar, la République de Corée, la République de Moldova, la République tchèque, la République-Unie de Tanzanie, la Roumanie, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, le Rwanda, le Samoa, Saint-Marin, le Sénégal, la Serbie, les Seychelles, Singapour, la Slovaquie, la Slovénie, la Somalie, la Suède, la Suisse, le Tchad, le Togo, les Tonga, la Trinité-et-Tobago, la Turquie, l’Ukraine, l’Uruguay, le Vanuatu et le Yémen.

J’appelle l’attention des membres du Conseil sur le document S/2014/648, qui contient le texte d’une lettre datée du 3 septembre 2014, adressée au Secrétaire général par la représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations Unies, transmettant un document de réflexion sur la question à l’examen.

Je crois comprendre que le Conseil de sécurité est prêt à voter sur le projet de résolution dont il est saisi. Je vais maintenant mettre aux voix le projet de résolution.

Il est procédé au vote à main levée.

Votent pour : Argentine, Australie, Tchad, Chili, Chine, France, Jordanie, Lituanie, Luxembourg, Nigéria, République de Corée, Fédération de Russie, Rwanda, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, États-Unis d’Amérique

Le Président (parle en anglais):

Le résultat du vote est le suivant: 15 voix pour.

Le projet de résolution est adopté à l’unanimité en tant que résolution 2178 (2014).

Résolution 2178 de l’ONU

La résolution 2178 de l’ONU a été adoptée à l’unanimité des 15 membres du Conseil. Il exprime “sa volonté d’élargir aux combattants terroristes étrangers, notamment ceux qui sont recrutés par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) et le Front el-Nosra, les sanctions qui frappent actuellement les individus et entités visés par le Comité contre Al-Qaida.”

Voici le texte de la résolution :

Résolution 2178 de l’ONU sur le terrorisme publié par les-crises

 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME: LES COMBATTANTS TERRORISTES ÉTRANGERS

Lettre datée du 3 septembre 2014, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente des États-Unis d’Amérique auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2014/648)

Le texte de la résolution 2178 (2014) adoptée par le Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment et les auteurs, et demeurant résolu à contribuer encore à améliorer l’efficacité de l’action d’ensemble menée contre ce fléau à l’échelle mondiale,

Constatant avec préoccupation que la menace terroriste devient plus diffuse à mesure que les attaques, y compris celles motivées par l’intolérance ou l’extrémisme, se multiplient dans plusieurs régions du monde, et se déclarant résolu à combattre cette menace,

Considérant qu’il faut éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme et affirmant que les États Membres sont déterminés à continuer à faire tout leur possible pour régler les conflits et empêcher les groupes terroristes de s’implanter et de créer des sanctuaires, et lutter ainsi plus efficacement contre la menace grandissante que constitue le terrorisme,

Réaffirmant que le terrorisme ne peut et ne saurait être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation,

Considérant que la coopération internationale et toutes les mesures prises par les États Membres pour prévenir et combattre le terrorisme doivent respecter strictement la Charte des Nations Unies,

Réaffirmant que, conformément à la Charte, il respecte la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États,

Réaffirmant que les États Membres doivent veiller à ce que les mesures qu’ils prennent pour combattre le terrorisme soient conformes à toutes les obligations que leur fait le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, soulignant que les mesures antiterroristes efficaces et le respect des droits de l’homme, des libertés fondamentales et de l’état de droit sont complémentaires et se renforcent mutuellement, et que tous sont des éléments essentiels au succès de la lutte contre le terrorisme, notant qu’il importe de respecter l’état de droit pour prévenir et combattre efficacement le terrorisme et notant également que le fait de se soustraire à ces obligations internationales particulières comme à d’autres, dont celles résultant de la Charte des Nations Unies, est un des facteurs contribuant à une radicalisation accrue et favorise le sentiment d’impunité,

Se déclarant gravement préoccupé par la menace terrible et grandissante que font peser les combattants terroristes étrangers, à savoir des individus qui se rendent dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité, dans le dessein de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou afin d’y participer ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme, notamment à l’occasion d’un conflit armé, et résolu à écarter cette menace,

Se disant gravement préoccupé par quiconque cherche à se rendre à l’étranger pour y devenir un combattant terroriste,

Constatant avec inquiétude que les combattants terroristes étrangers contribuent à intensifier les conflits, à les prolonger et à en compliquer singulièrement le règlement, et qu’ils peuvent aussi être une menace considérable pour les États dont ils viennent, ceux par lesquels ils transitent et ceux où ils se rendent, ainsi que les États qui jouxtent les zones de conflit armé où ils combattent et qui doivent faire face à de sérieux problèmes de sécurité, notant que la menace que représentent les combattants terroristes étrangers peut atteindre toutes les régions et tous les États Membres, même ceux qui sont éloignés des zones de conflit, et se disant profondément préoccupé de voir que les combattants terroristes étrangers mettent leur idéologie extrémiste au service de l’apologie du terrorisme,

Constatant avec préoccupation que des terroristes et des entités terroristes ont construit, entre les États d’origine, de transit et de destination, des réseaux internationaux leur permettant de faire circuler des combattants de toutes nationalités et les ressources dont ils ont besoin,

Particulièrement inquiet de constater que des combattants terroristes étrangers sont sélectionnés et recrutés par des entités telles que l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Front el-Nosra et d’autres cellules, filiales, émanations ou groupes dissidents d’Al-Qaida figurant sur la Liste établie par le Comité du Conseil de sécurité créé par les résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011), considérant que la menace que représentent les combattants terroristes étrangers englobe, entre autres, les personnes qui appuient les actes ou activités d’Al-Qaida et de ses cellules, filiales, émanations ou groupes dissidents, notamment en recrutant pour leur compte ou en soutenant de toute autre manière les actes et activités de ces entités, et soulignant qu’il est urgent de s’attaquer à cette menace précise,

Conscient que, pour faire pièce à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, il faut s’attaquer à l’ensemble des causes du phénomène, ce qui exige notamment d’empêcher la radicalisation pouvant conduire au terrorisme, de juguler le recrutement, d’interdire aux combattants terroristes étrangers de voyager, de bloquer l’aide financière qu’ils reçoivent, de lutter contre l’extrémisme violent qui peut déboucher sur le terrorisme, de combattre l’incitation à la commission d’actes terroristes motivés par l’extrémisme ou l’intolérance, de promouvoir la tolérance politique et religieuse, le développement économique et la cohésion et l’intégration sociales, de faire cesser et de régler les conflits armés, et de faciliter la réintégration et la réinsertion,

Considérant que la force militaire, les mesures visant à faire appliquer la loi et les opérations des services de renseignement ne suffiront pas à elles seules à vaincre le terrorisme, et soulignant qu’il est nécessaire d’éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme, comme le veut le premier volet de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Organisation des Nations Unies (A/RES/60/288),

S’inquiétant que les terroristes et leurs partisans utilisent de plus en plus les nouveaux moyens de communication, dont Internet, à des fins de ralliement par la radicalisation, de recrutement, d’incitation à la commission d’actes terroristes et de financement et d’organisation des voyages et des activités des combattants arrivés à destination, et soulignant que les États Membres doivent agir dans un esprit de coopération pour empêcher les terroristes de tirer parti de la technologie, des moyens de communication et d’autres ressources à des fins d’incitation à la perpétration d’actes de terrorisme, tout en respectant les droits de l’homme et les libertés fondamentales, ainsi que les autres obligations édictées par le droit international,

Se félicitant des activités entreprises dans le domaine du renforcement des capacités par les entités des Nations Unies, en particulier celles qui font partie de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, dont l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, ainsi que des initiatives de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme dans le but d’offrir une assistance technique, notamment en facilitant les échanges entre prestataires et bénéficiaires de l’aide au renforcement des capacités, en coordination avec les autres organisations internationales, régionales et sous-régionales compétentes, afin de fournir une assistance technique aux États Membres qui en font la demande dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale,

Prenant note des initiatives et activités menées récemment aux niveaux international, régional et sous-régional pour prévenir le terrorisme international et en venir à bout, et prenant acte des travaux du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, qui a notamment adopté récemment une série complète de bonnes pratiques destinées à lutter contre le phénomène des combattants terroristes étrangers et publié plusieurs autres guides et exemples de bonnes pratiques, en particulier dans les domaines de la lutte contre l’extrémisme violent, de la justice pénale, des prisons, des enlèvements contre rançon, de l’aide aux victimes du terrorisme et de la police de proximité afin d’aider les États intéressés à appliquer sur le terrain les orientations générales et le cadre juridique établis par l’Organisation des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme, et de compléter le travail des entités spécialisées de l’Organisation,

Saluant l’action menée par INTERPOL pour écarter la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, notamment la facilitation d’échanges d’informations utiles aux services chargés de l’application de la loi du monde entier grâce à son réseau de communication sécurisée, ses bases de données, son système de notices, ses procédures de recensement des documents de voyage et d’identité volés et des faux, ses instances chargées de la lutte contre le terrorisme et son programme relatif aux combattants terroristes étrangers,

Ayant à l’esprit et soulignant la situation des personnes ayant plusieurs nationalités qui se rendent dans des États dont elles ont la nationalité dans le dessein de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou afin d’y participer ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme, et exhortant les États à prendre les mesures qui s’imposent dans le respect des obligations qui leur sont faites par leur droit interne et le droit international, y compris le droit international des droits de l’homme,

Demandant aux États de veiller, conformément au droit international et notamment au droit international des droits de l’homme et au droit international des réfugiés, à ce que le statut de réfugié ne soit pas détourné à leur profit par les auteurs, organisateurs ou complices d’actes terroristes, y compris les combattants terroristes étrangers,

Demandant à nouveau à tous les États de devenir parties dès que possible aux conventions internationales de lutte contre le terrorisme et à leurs protocoles, qu’ils soient ou non parties à des conventions régionales sur la matière, et de s’acquitter intégralement des obligations découlant des instruments auxquels ils sont parties,

Notant que le terrorisme menace constamment la paix et la sécurité internationales et affirmant qu’il faut combattre par tous les moyens, conformément à la Charte des Nations Unies, les menaces que font peser sur la paix et la sécurité internationales les actes de terrorisme, notamment ceux perpétrés par des combattants étrangers,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

    1. Condamne l’extrémisme violent, qui peut conduire au terrorisme, la violence confessionnelle et la perpétration d’actes de terrorisme par des combattants terroristes étrangers, et exige que tous les combattants terroristes étrangers désarment, qu’ils mettent fin à toutes leurs activités terroristes et qu’ils cessent de participer à des conflits armés;
    2. Réaffirme que tous les États doivent empêcher la circulation de terroristes et de groupes terroristes en effectuant des contrôles efficaces aux frontières, en surveillant de près la délivrance de documents d’identité et de voyage, et en prenant des mesures visant à empêcher la falsification de documents d’identité et de voyage, la fabrication de faux et l’utilisation frauduleuse de tels documents, souligne à cet égard qu’il importe qu’ils s’attaquent, conformément à leurs obligations internationales pertinentes, à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, et encourage les États Membres à mettre en place des procédures de contrôle des voyageurs et d’évaluation des risques reposant sur des observations factuelles telles que la collecte et l’analyse de données relatives aux voyages, sans toutefois procéder à un profilage sur base de stéréotypesfondés sur des motifs de discrimination interdits par le droit international;
    3. Prie instamment les États Membres d’intensifier et d’accélérer, conformément au droit interne et international, les échanges d’informations opérationnelles au sujet des activités ou des mouvements de terroristes et de réseaux terroristes, y compris de combattants terroristes étrangers, notamment avec les États de résidence ou de nationalité des individus concernés, dans le cadre de mécanismes multilatéraux et bilatéraux, en particulier l’Organisation des Nations Unies;
    4. Demande aux États Membres de coopérer, conformément à leurs obligations, au regard du droit international, à l’action menée pour écarter la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, notamment en prévenant la radicalisation pouvant conduire au terrorisme et le recrutement de combattants terroristes étrangers, y compris des enfants, en empêchant lesdits combattants de franchir leurs frontières, en faisant cesser et en bloquant l’aide financière qui leur est destinée et, s’agissant des combattants terroristes étrangers qui retournent dans leur pays de départ, en élaborant et appliquant des stratégies de poursuites, de réinsertion et de réintégration;
    5. Décide que les États Membres doivent, dans le respect du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire, prévenir et éliminer les activités de recrutement, d’organisation, de transport ou d’équipement bénéficiant à des personnes qui se rendent dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité dans le dessein de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou afin d’y participer ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme, ainsi que le financement des voyages et activités de ces personnes;
    6. Rappelle que, dans sa résolution 1373 (2001), il a décidé que tous les États Membres devaient veiller à ce que toute personne qui participe au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme ou qui y apporte un appui soit traduite en justice, et décide que tous les États doivent veiller à ce que la qualification des infractions pénales dans leur législation et leur réglementation internes permette, proportionnellement à la gravité de l’infraction, d’engager des poursuites et de réprimer :
      1. Leurs nationaux qui se rendent ou tentent de se rendre dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité, et d’autres personnes qui quittent ou tentent de quitter leur territoire pour se rendre dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité, dans le dessein de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou afin d’y participer ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme;
      2. La fourniture ou la collecte délibérées, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, par leurs nationaux ou sur leur territoire, de fonds que l’on prévoit d’utiliser ou dont on sait qu’ils seront utilisés pour financer les voyages de personnes qui se rendent dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité, dans le dessein de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou afin d’y participer ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme;
      3. L’organisation délibérée, par leur nationaux ou sur leur territoire, des voyages de personnes qui se rendent dans un État autre que leur État de résidence ou de nationalité, dans le dessein de commettre, d’organiser ou de préparer des actes de terrorisme, ou afin d’y participer ou de dispenser ou recevoir un entraînement au terrorisme, ou la participation à d’autres activités qui facilitent ces actes, y compris le recrutement;
    7. Se dit fermement résolu à envisager d’inscrire sur la Liste, en application de la résolution 2161 (2014), les personnes, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida qui financent, arment, organisent et recrutent pour son compte ou qui soutiennent, de toute autre manière, ses actes ou activités, y compris à l’aide des nouvelles technologies de l’information et des communications, comme Internet, les médias sociaux ou tout autre moyen;
    8. Décide que, sans préjudice de l’entrée ou du transit nécessaires à la conduite d’une procédure judiciaire, y compris à la conduite d’une telle procédure liée à l’arrestation ou à la détention de tout combattant terroriste étranger, les États Membres interdiront l’entrée sur leur territoire ou le transit par leur territoire de toute personne pour laquelle l’État est en possession d’informations fiables lui donnant des motifs raisonnables de penser que celle-ci cherche à entrer sur le territoire ou à transiter par lui afin de participer aux actes décrits au paragraphe 6, y compris tout acte ou activité indiquant qu’une personne, groupe, entreprise ou entité est associé à Al-Qaida, comme indiqué au paragraphe 2 de la résolution 2161 (2014), étant entendu qu’aucune disposition du présent paragraphe n’oblige un État à refuser à ses propres ressortissants ou résidents permanents l’entrée ou le séjour sur son territoire;
    9. Invite les États Membres à exiger des compagnies aériennes opérant sur leur territoire qu’elles communiquent à l’avance aux autorités nationales compétentes des informations sur les passagers afin de détecter le départ de leur territoire, ou la tentative d’entrée sur leur territoire ou de transit par leur territoire, à bord d’appareils civils, de personnes désignées par le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) (« le Comité »), et les invite également à signaler au Comité tout départ de leur territoire, ou toute tentative d’entrée sur leur territoire ou de transit par leur territoire, de telles personnes et à communiquer ces informations à l’État de résidence ou de nationalité de la personne, selon qu’il conviendra et conformément au droit interne et aux obligations internationales;
    10. Souligne qu’il convient d’urgence d’appliquer intégralement et immédiatement la présente résolution aux combattants terroristes étrangers, insiste sur le fait qu’il faut en particulier l’appliquer d’urgence aux combattants terroristes étrangers associés à l’EIIL, au Front el-Nosra et à toute cellule, filiale ou émanation d’Al-Qaida ou groupe dissident de celui-ci désignés par le Comité, et se dit prêt à envisager de désigner, en application de la résolution 2161 (2014), des personnes associées à Al-Qaida qui commettent les actes énoncés au paragraphe 6 ci-dessus;

Coopération internationale

    1. Invite les États Membres à améliorer la coopération internationale, régionale et sous-régionale, dans le cadre d’accords bilatéraux selon qu’il convient, en vue d’empêcher que des combattants terroristes étrangers quittent leur territoire ou s’y rendent, y compris en renforçant l’échange d’informations permettant de repérer les combattants terroristes étrangers, en mettant en commun et en adoptant des pratiques optimales et en comprenant mieux la façon dont s’articulent les voyages des combattants terroristes étrangers, et les engage à agir dans un esprit de coopération, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et conformément aux autres obligations qui leur incombent en droit international, lorsqu’ils prennent des mesures visant à empêcher les terroristes de tirer parti de la technologie, des moyens de communication et des ressources pour inciter au soutien à des actes de terrorisme;
    2. Rappelle que, dans sa résolution 1373 (2001), il a décidé que tous les États devaient se prêter mutuellement la plus grande assistance à l’occasion d’enquêtes criminelles ou de poursuites pénales relatives au financement d’actes de terrorisme ou à l’appui à de tels actes, y compris l’assistance en vue de l’obtention des éléments de preuve qui seraient en leur possession et qui seraient nécessaires à la procédure, et souligne qu’il importe de respecter cette obligation à l’occasion des enquêtes ou poursuites se rapportant à des combattants terroristes étrangers;
    3. Encourage INTERPOL à redoubler d’efforts s’agissant de la menace que représentent les combattants terroristes étrangers et à recommander ou à mettre en place d’autres ressources, telles que l’extension de l’usage des notices spéciales INTERPOL aux combattants terroristes étrangers, afin d’appuyer et de promouvoir les mesures nationales, régionales et internationales visant à contrôler et empêcher le transit de combattants terroristes étrangers;
    4. Invite les États à aider à renforcer la capacité des États d’écarter la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, y compris d’empêcher et d’interdire que des combattants terroristes étrangers franchissent les frontières terrestres ou maritimes, en particulier à aider les États voisins de zones de conflit armé où des combattants terroristes étrangers se trouvent, et accueille avec satisfaction et encourage l’assistance bilatérale qu’apportent les États Membres au renforcement de ces capacités nationales;

Lutte contre l’extrémisme violent afin d’empêcher le terrorisme

    1. Souligne que la lutte contre l’extrémisme violent, lequel peut conduire au terrorisme, y compris la lutte contre la radicalisation et la mobilisation de personnes et leur recrutement dans des groupes terroristes et la lutte contre le fait de devenir un combattant terroriste étranger, est essentielle pour contrer la menace pour la paix et la sécurité internationales que représentent les combattants terroristes étrangers, et demande aux États Membres de redoubler d’efforts pour lutter contre cette forme d’extrémisme violent;
    2. Encourage les États Membres à faire participer les populations locales et les organisations non gouvernementales compétentes à l’élaboration de stratégies de lutte contre le discours extrémiste violent qui peut inciter à la commission d’actes de terrorisme, à faire changer les conditions propices à la propagation de l’extrémisme violent, qui peut conduire au terrorisme, y compris en donnant voix au chapitre aux jeunes, aux familles, aux femmes, aux chefs religieux et culturels et aux responsables de l’éducation, et tous les autres groupes de la société civile concernés, et à adopter des stratégies personnalisées visant à lutter contre l’embrigadement dans cette forme d’extrémisme violent et à promouvoir l’inclusion et la cohésion sociales;
    3. Rappelle la décision qu’il a prise au paragraphe 14 de sa résolution 2161 (2014) concernant les engins explosifs improvisés et les personnes, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida et exhorte les États Membres, dans ce contexte, à agir dans un esprit de coopération, dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et conformément aux autres obligations qui leur incombent en droit international, lorsqu’ils prennent des mesures visant à empêcher les terroristes de tirer parti de la technologie, des moyens de communication et des ressources, y compris les moyens audio et vidéo, pour inciter au soutien à des actes de terrorisme;
    4. Invite les États Membres à coopérer et à s’entraider systématiquement dans la lutte contre l’extrémisme violent, lequel peut conduire au terrorisme, notamment dans les domaines du renforcement des capacités, de la coordination des plans et des efforts et de l’échange d’enseignements tirés de l’expérience;
    5. Souligne à ce sujet l’importance de l’action menée par les États Membres pour inciter les personnes et populations locales touchées à mettre au point des moyens non violents de prévention et de règlement des conflits afin de réduire le risque de radicalisation pouvant conduire au terrorisme, et celle des efforts visant à promouvoir des moyens pacifiques de s’opposer à la rhétorique violente à laquelle adhèrent les combattants terroristes étrangers, et insiste sur le rôle que l’éducation peut jouer dans la lutte contre la propagande terroriste;

Participation des Nations Unies à la lutte contre la menace que représentent les combattants terroristes étrangers

  1. Note que les combattants terroristes étrangers et ceux qui financent ou facilitent leurs voyages et leurs activités pourraient être inscrits sur la Liste relative aux sanctions contre Al-Qaida que tient à jour le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) pour le fait de concourir à financer, organiser, faciliter, préparer ou exécuter des actes ou activités du réseau Al-Qaida, en association avec celui-ci, sous son nom ou pour son compte, ou le fait de les soutenir, le fait de fournir, vendre ou transférer des armements et matériels connexes à Al-Qaida et le fait de recruter pour le compte du réseau Al-Qaida ou de soutenir, de toute autre manière, des actes ou activités du réseau Al-Qaida ou de toute cellule, filiale ou émanation ou tout groupe dissident de celui-ci, et invite les États à proposer que soient inscrits sur la Liste ces combattants terroristes et ceux qui facilitent ou financent leurs voyages et activités ultérieure
  2. Charge le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) et l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, agissant en étroite collaboration avec tous les organismes des Nations Unies chargés de la lutte contre le terrorisme, en particulier la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, de s’intéresser tout particulièrement à la menace que représentent les combattants terroristes étrangers qui sont recrutés par l’EIIL, le Front el-Nosra et tous les groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida ou qui s’y joignent;
  3. Encourage l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions à coordonner l’action qu’elle mène pour suivre et écarter, avec d’autres organismes des Nations Unies chargés de la lutte contre le terrorisme, en particulier l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, la menace que représentent les combattants terroristes étrangers;
  4. Prie l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, agissant en coopération étroite avec d’autres organismes des Nations Unies chargés de la lutte contre le terrorisme, de faire rapport dans les 180 jours au Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011), et de lui présenter oralement dans les 60 jours, un exposé préliminaire sur la menace que représentent les combattants terroristes étrangers qui sont recrutés par l’EIIL, le Front el-Nosra et tous les groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, comprenant:
    1. Une évaluation globale de la menace que représentent ces combattants terroristes étrangers, y compris ceux qui les aident, les régions les plus touchées et les tendances de la radicalisation pouvant conduire au terrorisme, la facilitation, le recrutement, la composition démographique et le financement;
    2. Des recommandations quant aux mesures qui peuvent être prises pour mieux écarter la menace que représentent les combattants terroristes étrangers;
  5. Prie le Comité contre le terrorisme, dans les limites de son mandat et avec le concours de sa direction exécutive, de détecter, dans la capacité qu’ont les États Membres d’appliquer ses résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005), les principales insuffisances qui pourraient les empêcher d’endiguer le flot de combattants terroristes étrangers et de recenser les bonnes pratiques mises en œuvre pour appliquer les résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) qui permettraient de le faire, et de faciliter l’assistance technique, précisément en favorisant la collaboration entre ceux qui fournissent une aide au renforcement des capacités et ceux qui la reçoivent, surtout ceux des régions les plus touchées, y compris en mettant au point, lorsqu’ils en font la demande, des stratégies globales de lutte contre le terrorisme prévoyant de lutter contre la radicalisation violente et d’endiguer le flot de combattants terroristes étrangers, en rappelant le rôle des autres acteurs concernés comme, par exemple, le Forum mondial de lutte contre le terrorisme;
  6. Souligne que la menace grandissante que représentent les combattants terroristes étrangers fait partie des problèmes, tendances et faits nouveaux en rapport avec les résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) qu’il a demandé à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, au paragraphe 5 de la résolution 2129 (2013), de recenser, et qu’elle mérite donc une attention soutenue du Comité, conformément à son mandat;
  7. Prie le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) et le Comité contre le terrorisme de lui faire rapport sur l’action que chacun entreprendra en application de la présente résolution;
  8. Décide de rester saisi de la question.

Source : ONU

Les réactions à ceci dans le prochain billet.

Source: http://www.les-crises.fr/resolution-2178-de-l-onu/


Miscellanées du mercredi (Delamarche, Sapir, Béchade)

Wednesday 8 October 2014 at 00:35

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche : Mario Draghi acculé et désarmé – 06/10

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair: Cac 40: vers un retour en récession de la zone euro ? – 06/10 1/2

Olivier Delamarche VS Pascale Auclair: États-Unis: une hausse du taux directeur de la FED serait-elle envisageable ? – 06/10 2/2

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : La BCE veut-elle copier l’échec japonnais ? – 01/10

Le face à face: Mesures de la BCE: Quelle efficacité pour les entreprises ? – 01/10 1/2


Philippe Béchade VS Serge Négrier: Bourse: Comment préparer son portefeuille pour bien démarrer l’année 2015 ? – 01/10 2/2

III. Jacques Sapir

Jacques Sapir: Manifestations à Hong Kong: quels impacts sur l’économie de la Chine ? – 30/09

 


 

 

 

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi, ou les sites Soyons sérieux et Urtikan.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-08-10-2014/


[Organisation Entraide] Appel à traducteurs

Tuesday 7 October 2014 at 05:30

PETIT RAPPEL – UNIQUEMENT POUR CEUX NE S’ÉTANT PAS DÉJÀ INSCRITS 

bonjour

comme vous le voyez, en ces temps de crise, il est important de disposer d’informations et de visions éclairantes en provenance du monde entier.

Vous êtes nombreux depuis plusieurs semaines à vous mobiliser pour les appels à traduction, ce dont je vous remercie (on a encore quelques papiers traduits en stock à publier).

Aujourd’hui, je vous propose ceci : si vous maitrisez une autre langue, et que vous pouvez donner occasionnellement un peu de temps, je vais créer des listes de diffusion pour annoncer les traductions collaboratives à faire sur Framapad. Ainsi, vous aurez facilement l’information.

Bien entendu, rien ne vous obligera à participer, vu qu’il s’agit de travail collaboratif : vous allez sur Framapad seulement si vous en avez le temps – aucune obligation :)

Le principe de la liste est simple :

  1. moi seul peut écrire
  2. vous recevrez donc seulement 1 (au pire 2 mails) par semaine et c’est tout – pas de pollution de boite mail !
  3. vous vous désabonnez en un clic…
  4. les mails restent confidentiels (je ne les revends pas aux marchands d’encyclopédies…) et la démarche anonyme

Merci donc aux volontaires de s’inscrire sur ce formulaire ci-dessous – l’anglais est évidemment le plus recherché…

D’ailleurs, pour que les anglophones ne perdent pas la main, voici un intéressant débat à traduire :

1ère partie

2e partie

On compte sur vous !

Olivier Berruyer

Source: http://www.les-crises.fr/appel-a-traducteurs/


[Média] BFM Business, Les Experts – 29 septembre

Tuesday 7 October 2014 at 01:10

Nicolas Doze m’a invité à son émission sur BFM Business.

Avec le grand Jacques Sapir et Henri Pigeat, ancien PDG de l’AFP.

Voici la vidéo :

Partie 1 :

 

Partie 2 :

Bonus : un petit rappel historique (regardez au moins le début, cela améliorera en plus la visibilité de cette vidéo et lui faire un peu de pub – c’est probablement la seule fois où on a présenté des images chocs sur l’Ukraine dans un grand média)

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Quelques extraits de l’émission (comme BFM passe du temps à les découper, au moins qu’on les diffuse…):

Déficit de la sécurité sociale :

Les djihadistes sont fabriqués par les politiques occidentales :

L’euro :


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N’hésitez pas à réagir en direct par mail sur cette émission via ce lien – Nicolas Doze consulte bien les mails en direct, et est très demandeur ;) :

http://www.bfmtv.com/emission/les-experts/

(cliquez sur Lui écrire à droite)

Utilisez aussi Twitter : https://twitter.com/NicolasDOZE

Source: http://www.les-crises.fr/bfm-29-09-2014/


[Reprise] GEAB N°87 : Europe 2020 – Communauté ou empire ?

Tuesday 7 October 2014 at 00:20

Je partage avec vous aujourd’hui l’introduction du “GlobalEurope Anticipation Bulletin”, qui est pour moi de loin une des meilleures sources d’information sur la Crise…

Cet intitulé est inspiré du titre du premier livre de Franck Biancheri (inédit) rédigé en 1992 et dans lequel l’auteur montrait que les principes fondateurs du projet européen conçu à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (soit une communauté de pays se donnant les moyens de bâtir ensemble une paix durable et un continent prospère) pouvaient, si l’on n’y prenait garde, se retrouver marginalisés et les réflexes bien connus d’Europe-empire (colonisation européenne, Napoléon, Hitler,…) reprendre le dessus. En l’occurrence, Franck Biancheri estimait que ce qui devait permettre au projet de construction européenne de rester sur la voie de la communauté, c’était sa démocratisation.

Quelques années plus tard, avec le Traité de Maastricht qui rebaptisait la Communauté européenne en « Union européenne », Franck Biancheri, avec sa méfiance des « unions » de toutes natures, avaient estimé que ce choix n’était pas de très bon augure. Vingt-trois ans plus tard, rien n’a avancé sur le front de la démocratisation de l’Europe et la crise fournit le contexte propice au déraillement complet du projet de communauté. Nous allons montrer quels indicateurs permettent de dire que cette tendance (qui a toujours été là bien sûr, mais était encadrée dans une mécanique de garde-fous relativement efficace) est en train de resurgir. Mais nous nous refuserons à en faire encore une vraie anticipation, préférant mettre également l’accent sur les autres indicateurs, ceux qui permettent encore d’espérer un retournement de tendance (1).

Si nous parlons de « retournement de tendance », c’est que, après avoir passé près d’une année à voir une Europe à la « croisée des chemins » (2), nous estimons que cette rentrée marque son engagement sur la mauvaise voie, celle qui emmène vers le « scenario tragique » décrit par Franck Biancheri dans son ouvrage visionnaire « Crise mondiale : En route vers le monde d’après » publié en 2010 (3), dans lequel il mettait en avant les atouts considérables de l’Europe face à la crise et son potentiel de participation à l’émergence d’un « monde d’après » souhaitable ; mais aussi le risque majeur pesant sur l’Europe et les Européens dont les élites dirigeantes, non démocratiques (à Bruxelles) ou non européennes (dans les capitales), s’avèrent incapables de s’appuyer sur la crise pour parachever ce projet positif de construction européenne, toujours inabouti (4).

Comme nos fidèles lecteurs le savent, nous avons analysé la crise ukrainienne comme une opération dirigée par les États-Unis, et mise en œuvre par une poignée d’affidés bien placés dans les circuits décisionnels européens, dans le but, pour résumer, de sceller le destin de l’Europe à celui d’un camp occidental, emmené par les Américains. Cette opération a été menée comme une blitzkrieg dans une absence totale de capacité de réaction de la part du camp européen qui s’est brutalement retrouvé quasiment en guerre contre la Russie sans avoir compris pourquoi. Lorsque les Européens se sont réveillés de ce premier choc, une autre bataille, assez difficile à suivre, a eu lieu parmi les classes dirigeantes, entre les États européens et au sein des opinions publiques, entre les « anti-russes » et les « pro-russes », ou plutôt entre les « pro-américains » et les « anti-américains », mais en fait surtout entre les idéologues de l’Occident et les défenseurs de l’indépendance du continent européen.

Dans les deux derniers numéros du GEAB, nous avons mis l’accent sur le fait que les « conditions d’un sursaut » étaient réunies, relevant les indicateurs d’une reprise en main européenne des affaires. Mais l’été est passé par là, avec la perte de vigilance qui caractérise cette période de l’année. Et la rentrée nous fait découvrir un paysage a priori assez désolant, notamment sur trois points : le nouveau remaniement gouvernemental français, le projet de Commission de Juncker, et la grand-messe de l’OTAN à Newport. Nous tenterons une lecture de ces trois événements de rentrée. Puis nous passerons en revue d’autres thèmes importants de la rentrée (Irak, élections générales au Brésil, remaniement gouvernemental au Japon) que nous lirons à l’aune de la grande reconfiguration géopolitique globale, sachant que nous nous attachons désormais à repérer les indicateurs de précipitation d’une bipolarisation du monde – ou ceux de progrès dans l’émergence du monde multipolaire. Nous verrons ainsi que ce n’est pas seulement l’Europe qui risque de glisser vers la tentation de l’empire.

L’Europe joue son rôle dans cet accouchement pénible du monde de demain, mais il est certain que l’augmentation du risque de bipolarisation globale nourrit et est nourrie par la résurgence d’une idéologie de puissance (Europe-empire) au sein de ses élites (5).

L’hypothèse que nous faisons est que l’explosion de l’UE (6) peut donner lieu à deux types de réaction :

Dans les deux cas, nous estimons que le politique est en train de faire son retour en Europe. Mais selon que c’est le premier ou le second scenario qui se met en place, ce politique n’aura bien entendu vraiment pas les mêmes caractéristiques.

Ces deux camps s’affrontent actuellement dans les couloirs décisionnels de l’UE, tant au niveau national qu’au niveau européen. Nous estimons que la piste de l’Europe-empire est en train de prendre le dessus mais ne désespérons pas encore de voir l’Europe-communauté gagner in fine.

Explosion de l’UE : referendum écossais, intégration ratée des pays d’Europe de l’Est

Oui l’UE explose. Nous avons déjà abondamment décrit les remises en question de nombreuses politiques par les États membres, en particulier la libre-circulation des biens et des personnes de l’espace Schengen (7) ; ou encore le projet de sortie de l’UE du Royaume-Uni, puissance structurante de l’UE depuis sa naissance en 1992.

Referendum écossais : Il nous faut désormais ajouter à cette liste le probable éclatement du Royaume-Uni causé par le referendum écossais. Nous avions pris le risque d’anticiper une victoire du oui il y a de nombreux mois déjà. Aujourd’hui, nous faisons une anticipation complémentaire : que le oui gagne ou non, de toute façon, ce referendum transforme le Royaume Uni. Londres avait dû espérer qu’une victoire retentissante du non renforcerait la cohésion de l’Union du Royaume. Mais, avec une certitude de résultat extrêmement serré, Cameron a déjà dû faire de telles concessions aux Écossais (8) que les autres membres de l’Union (Pays de Galle, Irlande du Nord) sont déjà sur les starting-blocks pour obtenir les mêmes avancées en matière d’autonomie (9).

Cela dit, en cohérence avec le principe de l’anticipation politique selon lequel les grandes tendances ne doivent pas être bloquées mais exploitées, nous estimons que le Royaume-Uni aurait tout à gagner à une évolution vers une structure fédérale. Nous avons souvent répété que les pays centralisés ne sont plus adaptés aux enjeux du monde du XXIe siècle.

Sans compter que les Anglais sont opportuns et savent rebondir. Pour preuve, le retournement de leur place financière vers les sukuks et le yuan (10), qui sauve la City. Une fédéralisation du Royaume-Uni donnerait à ses élites une belle occasion de montrer comment elles sont capables de tirer parti d’un tel coup du sort.

Quoiqu’il en soit une fédéralisation du Royaume-Uni change considérablement la donne pour l’UE.

Intégration ratée des pays de l’Est : L’UE est menacée de délitement également sur son front oriental.

Aujourd’hui en effet, l’UE en crise apparaît de moins en moins attractive pour les pays de l’Est et certains, sans remettre en question leur appartenance européenne, commencent à regarder avec intérêt ce qu’il se passe du côté du précédent envahisseur, la Russie. La Hongrie de Victor Orban est la plus avancée sur cette voie et l’on ferait bien de regarder plus en détail les idées de ce politique qui n’a rien d’un dictateur, même s’il a tout d’un homme fort, soucieux de l’indépendance de son pays… Mais, dans l’Europe de ces dernières années, regarder vers l’Est est passible de haute trahison.

D’autres, face à l’évidente faiblesse politique européenne, notamment en matière de politique de sécurité et de défense, ont entrepris par exemple de réfléchir entre eux à un système de défense qui leur soit propre. C’est ainsi que le groupe de Visegrad (d’ailleurs composé entre autres de la Hongrie, mais aussi de la Slovaquie qui a récemment déclaré ne pas vouloir de troupes étrangères sur son sol (11)), depuis plusieurs années, travaille à mettre en place un système de défense et de sécurité qui, d’une certaine manière, les autonomise (12). Nous sommes là clairement sur une conséquence directe de l’incapacité de l’UE à avoir pu proposer le moindre projet d’Europe de la Défense susceptible de rassurer les pays des confins de l’Europe.

La Bulgarie quant à elle exprime désormais son souhait de pouvoir coopérer avec la Russie dans le cadre de la construction du gazoduc de contournement de l’Ukraine qu’est la ligne South-Stream. Mais depuis la crise ukrainienne, Bruxelles lui interdit de construire son tronçon (13). Pourtant, la Bulgarie a un double intérêt à cette construction : d’une part, cela lui garantit son approvisionnement en énergie ; et d’autre part, cela lui ajoute une source non-négligeable de financement grâce au prélèvement d’un droit de péage sur le gaz russe.

Les taux de participation des pays de l’Est de l’Europe aux dernières élections européennes sont un indicateur clair du degré de ratage de l’intégration de ces pays. L’intégration s’est faite trop vite sur des considérations purement mercantiles et non politiques, ces pays ont souvent mélangé l’objectif d’intégration à l’UE avec celui d’intégration à l’OTAN ; quant à l’union économique, ils l’ont souvent vécue, à juste titre, comme une invasion d’entreprises occidentales ayant détruit leur économie locale.

Si la crise ukrainienne fournit peut-être l’occasion de mettre en place une Europe de la Défense dont il resterait à espérer qu’elle se fasse en concertation et non en opposition avec la Russie, tout échec sur ce point nous projette sur une perspective de défection de certains de ces pays à l’horizon 2020, ce qui serait encore un bel échec de cette UE qui n’a eu de cesse que d’élargir l’Europe en rejetant tout projet d’approfondissement de l’intégration, notamment politique et démocratique.


Notes :

(1) C’est ainsi que, contrairement à notre habitude, nous ne faisons pas un choix de scenario. Libre à nos lecteurs de se faire une idée par eux-mêmes.

(2) Une expression qui est souvent revenue dans les lignes du GEAB, en 2013 surtout.

(3) Et qui mérite une réédition à mi-chemin de la période anticipée (2010-2020), réédition à laquelle l’éditeur, Anticipolis, a accepté de se prêter. La relecture de cet ouvrage à la lumière des événements dramatiques qui dominent l’actualité en 2014 n’incite pas à l’optimisme.

(4) En fait, la construction européenne est à l’arrêt à peu près complet depuis le Traité de Maastricht : l’union économique réalisée, le seul projet d’avenir qui ait vu le jour depuis, c’est l’union monétaire dont la mise en place imposait de poursuivre le travail vers la gouvernance économique, l’union fiscale, l’union politique et la démocratisation. Mais nous nous sommes arrêtés au milieu du gué… et la crue arrive.

(5) Les parallèles historiques sont faciles. Parallèle avec l’Union soviétique : des puissances occidentales qui ne sont plus les meilleures dans la course économique mondiale et qui, telles l’URSS dans les années 50, préfèrent monter un mur entre elles et cette concurrence jugée déloyale ; mais aussi parallèle avec la montée du nazisme : un système économico-politique capitaliste dont les excès créent un rejet profond et qui peu à peu développe une idéologie de puissance justifiant la concentration de pouvoir et d’argent caractéristique de leur fonctionnement. De même que l’idéologie nazie était en effet bien partagée dans tous les circuits de pouvoir européens et pas seulement en Allemagne, l’idéologie de puissance véhiculée par les États-Unis séduit de nombreux Européens proches ou à l’intérieur des cercles de pouvoir, en particulier à Bruxelles (mais pas seulement). Après tout, ce genre d’idéologie a été européenne avant d’être américaine et les personnes qui la portent estiment que les État-Unis ne sont qu’une extension de l’Europe et que les deux doivent s’unir indissolublement pour faire échec à l’émergence de la Chine, en particulier, qui les effraie plus que tout. C’est ainsi qu’on peut suspecter certains technocrates européens de voir dans la signature d’un Traité de libre-échange avec les États-Unis un élargissement naturel de l’Europe aux États-Unis… vers une Europe des Rocheuses aux Balkans !

(6) Dans plusieurs numéros antérieurs du GEAB, nous avons anticipé cette explosion de l’UE, tout en montrant que l’UE n’était pas l’Europe, qu’elle était une forme d’organisation, née du Traité de Maastricht, qui avait échoué, et que l’on pouvait saluer positivement la naissance de l’Euroland dans la fin de l’UE. Cette émergence d’un projet européen alternatif à l’UE s’est mise en route dans le cadre de la gestion de la crise de l’Euro qui a en effet accéléré la structuration d’une gouvernance de la zone Euro. Mais si une crise de l’Euro renforçait naturellement la zone Euro, une crise géopolitique comme celle générée par la crise euro-russe renforce l’UE… et tous ses défauts.

(7) Par exemple : Deutsche Welle, 22/10/2012

(8) Source : DailyAdvance, 14/09/2014

(9) Source : BBC, 09/09/2014

(10) Source : Forbes, 14/09/2014

(11) Source : Reuters, 04/06/2014

(12) Source : Premier Ministre polonais, 14/10/2013

(13) Source : Financial Times, 25/08/2014


Abonnement : pour ceux qui en ont les moyens, en particulier en entreprise, je ne peux que vous recommander l’abonnement à cette excellente revue de prospective sur la Crise, qui avait annoncé dès 2006 la crise actuelle.

Je rappelle que LEAP ne reçoit aucune subvention ni publique, ni privée, ni européenne, ni nationale et que ses ressources proviennent uniquement des abonnements au GEAB.

Europe 2020 – Communauté ou empire ?

Source: http://www.les-crises.fr/geab-87/


[Vidéo] Comme quoi, en Allemagne, il y a de l’information sur le terrorisme…

Monday 6 October 2014 at 04:30

Après avoir brillamment parlé du rôle néfaste des médias en Ukraine (après avoir finement parlé de la situation en mars), l’émission de la ZDF (le France 2 allemand) a traité du terrorisme – décapant…

Source: http://www.les-crises.fr/n-allemagne-il-y-a-de-l-information-sur-le-terrorisme/


Discours à l’ONU de la Présidente du Brésil Dilma Rousseff

Monday 6 October 2014 at 02:43

Comme je ne connais pas les résultats au moment ou je lance le billet, je reprends simplement le discours de la présidente du Brésil à l’ONU – il n’y a pas que les USA et la Russie dans la monde :)

Lisez surtout, si vous êtes pressé, à la fin, le second discours de l’année dernière, sur les libertés individuelles…

Discours de la Présidente de la République du Brésil, Dilma Rousseff, à l’ouverture du Débat Général du Sommet de la 69e Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) en 2014

(on note l’intérêt que représentait ce discours pour les télévisions – elle passait en effet juste avant Obama…)

New York, États-Unis, 24 Septembre 2014.

Monsieur l’Ambassadeur Sam Kutesa, Président de la 69ème Assemblée générale des Nations Unies.

Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.

Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Pour le Brésil – qui a l’honneur et le privilège d’ouvrir ce débat – c’est une grande satisfaction de voir un enfant de l’Afrique à la présidence de cette session de l’Assemblée générale. Nous avons, nous brésiliens, des liens historiques, culturels et d’amitié avec le continent africain, dont la contribution a été, et est toujours, décisive pour la construction de l’identité nationale de notre pays.

Monsieur le Président,

J’ouvre ce Débat Général à la veille des élections qui choisiront, au Brésil, le Président de la République, les gouvernements des États et une grande partie des représentants de notre Pouvoir législatif. Ces élections sont la célébration d’une démocratie que nous avons conquise il y a près de trente ans, après deux décennies de gouvernements dictatoriaux. Avec cette démocratie, nous avons aussi beaucoup avancé dans la stabilisation économique du pays.

Au cours des douze dernières années, en particulier, nous avons pu ajouter à ces réalisations la construction d’une société d’inclusion sociale basée sur l’égalité des chances.

La grande transformation dans laquelle nous sommes engagés a produit une économie moderne et une société plus équitable. Elle a demandé, dans le même temps, une forte participation populaire, le respect des droits de l’homme et une vision durable de notre développement.

Elle a exigé, enfin, sur la scène internationale, une action marquée par le multilatéralisme, le respect du droit international, la poursuite de la paix et la pratique de la solidarité.

Monsieur le Président,

Il y a quelques jours, la FAO a déclaré que le Brésil était sorti de la carte de la faim.

Ce changement est le résultat d’une politique économique qui a créé 21 millions d’emplois, qui a réévalué le salaire minimum, augmentant le pouvoir d’achat de 71% au cours des 12 dernières années. Avec cela, nous avons réduit les inégalités.

Depuis 2003, trente-six millions de brésiliens sont sortis de la pauvreté; dans mon seul gouvernement, ils ont été 22 millions. Les politiques sociales et de transfert de revenus, réunies dans le programme Brasil Sem Miséria (Brésil Sans Misère NDT) ont également contribué à ce résultat.

Dans le domaine de la santé, nous avons réussi à atteindre l’objectif de réduction de la mortalité infantile avant la date établie par les Objectifs du Millénaire.

Nous avons universalisé l’accès à l’enseignement primaire, et nous poursuivons le même objectif pour l’école secondaire. Nous nous sommes engagés à accroître sa qualité, à améliorer ses programmes et à valoriser ses enseignants.

L’enseignement technique a progressé avec la création de centaines de nouvelles écoles et, au cours des quatre dernières années, avec la formation et la qualification technique et professionnelle de 8 millions de jeunes.

Le développement de l’enseignement supérieur a été sans précédent: nous avons créé de nouvelles universités publiques, et plus de 3 millions d’étudiants ont obtenu des bourses pour y étudier, ou des financements pour leur assurer l’accès aux universités privées.

La discrimination positive a permis l’afflux massif des étudiants pauvres, des noirs et des Indiens vers les universités.

Enfin, les défis de la construction d’une société axée sur la connaissance ont donné lieu à la création d’un programme, Science sans Frontières, par lequel plus de 100.000 étudiants du cycle supérieur sont envoyés dans les meilleures universités mondiales.

À l’initiative de la présidence, le Congrès a adopté une loi qui destine 75% des redevances du pétrole et 50% du Fond Social du pré-sal (1) à l’éducation, et 25% à la santé.

Nous allons transformer ces ressources limitées et non renouvelables – comme le pétrole et le gaz – en des éléments pérennes: l’éducation, le savoir scientifique et technologique, l’innovation. Ce sera notre passeport pour l’avenir.

Monsieur le Président,

Nous n’avons pas négligé la solidité financière et la stabilité monétaire, et nous avons protégé le Brésil de la volatilité financière extérieure.

Ainsi, nous avons su donner des réponses à la grande crise économique mondiale qui a éclaté en 2008, à la crise du système financier international, qui a débuté après la faillite de Lehman Brothers, et qui s’est transformée ensuite dans de nombreux pays en une crise de la dette souveraine.

Nous avons résisté aux pires conséquences de cette crise: le chômage, la baisse des salaires, la perte des droits sociaux et la paralysie des investissements.

Nous avons continué à distribuer le revenu, en stimulant la croissance et l’emploi, tout en maintenant les investissements dans les infrastructures.

Le Brésil est passé de la 13ème à la 7ème plus grande économie mondiale et le revenu par habitant a plus que triplé. L’inégalité a diminué.

Si, en 2002, plus de la moitié des brésiliens étaient pauvres, ou très pauvres, 3 brésiliens sur 4 appartiennent aujourd’hui à la classe moyenne et supérieure.

Pendant la crise, quand le monde entier licenciait des centaines de millions de travailleurs, le Brésil a généré 12 millions d’emplois formels.

En outre, nous sommes devenus une des principales destinations pour les investissements étrangers.

Nous avons repris les investissements dans les infrastructures dans un partenariat solide avec le secteur privé.

Toutes ces avancées se produisent dans un environnement fiscal solide. La dette nette est passée de 60% à 35% du produit intérieur brut.

La dette extérieure brute relative au PIB a diminué, quant à elle, de 42% à 14%.

Les réserves internationales ont été multipliées par 10, nous plaçant, ainsi, dans la position de créancier international.

Le taux annuel d’inflation s’est également stabilisé dans les limites de la variation fixée par les objectifs du pays.

Monsieur le Président,

Bien que nous ayons réussi à résister aux conséquences les plus néfastes de la crise globale, elle nous a aussi durement frappé au cours des dernières années.

Cela est dû à la persistance, dans toutes les régions du monde, de difficultés économiques considérables qui ont un impact négatif sur notre croissance.

Je répète ce que j’ai dit l’an dernier à l’ouverture de l’Assemblée Générale. Il est essentiel et urgent de redonner son dynamisme à l’économie mondiale. Celle-ci doit fonctionner comme un moyen d’inciter à la croissance, au commerce international et à la réduction des inégalités entre les pays, et non comme un facteur de réduction du rythme de la croissance économique et de la répartition du revenu social.

En ce qui concerne le commerce international, il est impératif que tous s’engagent dans un programme de travail afin de conclure le cycle de Doha.

Il est impérieux aussi, Monsieur le Président, de mettre fin au hiatus entre l’importance croissante des pays en développement dans l’économie mondiale et leur faible participation dans les processus de prise de décisions des institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale. Le retard pris dans l’intensification du pouvoir de vote des pays en développement dans ces institutions est inacceptable. Ces dernières, en agissant ainsi, prennent le risque de perdre leur légitimité et leur efficacité.

Monsieur le Président,

C’est avec une grande satisfaction que le Brésil a accueilli le VIème Sommet des BRICS. Nous avons reçu les dirigeants de la Chine, de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud lors d’une réunion fraternelle et fructueuse qui a montré d’importantes perspectives pour l’avenir.

Nous avons signé des accords pour la mise en place de la Nouvelle Banque de Développement et de sa réserve d’arrangement de devises.

La Banque répondra aux besoins de financement de l’infrastructure des pays des BRICS et des pays en développement.

La réserve d’arrangement de devises protégera les pays des BRICS de la volatilité financière.

L’apport pour chacun de ses instruments sera de 100 milliards de dollars.

Monsieur le Président,

La génération actuelle des dirigeants du monde – notre génération – a été également appelée à faire face à des défis importants pour la paix, pour la sécurité collective et pour l’environnement. À ce jour, nous n’avons pas été capables de régler de vieux litiges, ni de prévenir de nouvelles menaces.

L’usage de la force n’est pas en mesure d’éliminer les causes profondes des conflits. Cela est clair dans la persistance de la question palestinienne; le massacre systématique du peuple syrien; la tragique désintégration nationale de l’Irak; la grave insécurité en Libye; les conflits dans le Sahel et dans des affrontements en Ukraine. À chaque intervention militaire, nous ne cheminons pas vers la paix, mais nous assistons, invariablement, à l’intensification de ces conflits.

Il s’agit d’une multiplication tragique du nombre de victimes civiles et des tragédies humanitaires. Nous ne pouvons pas accepter que ces manifestations de barbarie se multiplient, en blessant nos valeurs éthiques, morales et de civilisation.

Nous ne pouvons pas être indifférents à la propagation du virus Ebola en Afrique de l’Ouest. À cet égard, nous appuyons la proposition du Secrétaire général d’établir la Mission des Nations Unies pour une Réponse Urgente à l’Ebola. Le Brésil sera entièrement solidaire de cette action.

Monsieur le Président,

Le Conseil de Sécurité a rencontré des difficultés pour promouvoir un règlement pacifique de ces conflits. Afin de surmonter ces impasses, une véritable réforme du Conseil de Sécurité sera nécessaire, dans un processus que l’on attend depuis trop longtemps.

Les 70 ans de l’Organisation des Nations Unies, en 2015, devrait être l’occasion propice à l’évolution que cette situation exige. Je suis sûre que vous comprenez tous les risques graves provoqués par la paralysie et par l’inaction du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Un Conseil plus représentatif et plus légitime pourra être aussi plus efficace. Je tiens à rappeler que nous ne pouvons pas rester indifférents à la crise israélo-palestinienne, surtout après les événements tragiques de la Bande de Gaza. Nous condamnons l’usage disproportionné de la force, dont les principales victimes sont la population civile, les femmes et les enfants.

Ce conflit doit être résolu, et non administré de manière précaire, comme il l’est actuellement. Des négociations effectives entre les parties doivent aboutir à la solution de deux États – Israël et la Palestine – vivant côte à côte, en sécurité, dans des frontières internationalement reconnues.

Au milieu de tant de situations de conflit, l’Amérique latine et les Caraïbes cherchent à résoudre le principal problème qui nous a marqué pendant des siècles – les inégalités sociales. L’ancrage démocratique se renforce dans la recherche d’une croissance économique plus juste et durable, marquée par l’inclusion sociale. Les efforts d’intégration progressent, par le biais du Mercosur, de l’UNASUR et de la CELAC.

Monsieur le Président,

Le changement climatique est aujourd’hui un défi majeur. Nous avons besoin, pour le vaincre, d’un sens de l’urgence, de courage politique, et nous devons comprendre que chacun doit contribuer selon les principes de l’équité et des responsabilités communes, même si celles-ci sont différenciées.

Le Sommet sur le Climat, convoqué ici opportunément par le Secrétaire Général, renforce les négociations au titre de la Convention-cadre.

Le gouvernement brésilien va lutter pour que que ces négociations aboutissent à un nouvel accord équilibré, équitable et efficace. Le Brésil a fait sa part pour lutter contre le changement climatique.

Nous nous sommes engagés, à la Conférence de Copenhague de 2009, à une réduction volontaire de 36% à 39% de nos émissions de gaz d’ici à 2020. Entre 2010 et 2013, nous avons cessé de rejeter dans l’atmosphère 650 millions de tonnes de dioxyde de carbone en moyenne par an. Nous avons atteint, pendant toutes ces années, les quatre plus faibles taux de déforestation de notre histoire. Au cours des 10 dernières années, nous avons réduit la déforestation de 79%, sans pour autant renoncer au développement économique ni à l’inclusion sociale.

Nous avons montré qu’il est possible de mener de front la croissance, l’inclusion sociale, la conservation et la protection. Une telle conquête est le résultat de cet engagement – ferme et continu – du gouvernement, de la société, des agents des secteurs public et privé. Nous attendons que les pays développés – qui ont l’obligation, non seulement juridique, mais aussi politique et moral, de diriger par l’exemple, démontrent sans ambiguïté et concrètement leur engagement à lutter contre ce mal qui nous afflige tous.

Lors du sommet Rio +20 (2012 NDT), nous avons eu la grande satisfaction de définir un nouvel agenda, basé sur des Objectifs de Développement Durable, applicables à la fois aux pays développés comme à ceux en développement.

Il sera fondamental de définir des moyens de mise en œuvre qui correspondent à l’ampleur des difficultés que nous nous sommes engagés à vaincre. Nous devons être ambitieux en termes de financement, de coopération, de construction de capacités nationales et de transfert de technologie, en particulier vers les pays les moins avancés.

Je souligne, dans ce contexte, la nécessité d’établir un mécanisme pour le développement, pour le transfert et la diffusion de technologies propres et durables.

Monsieur le Président,

A côté du développement durable et de la paix, l’ordre international que nous cherchons à construire repose sur des valeurs. Parmi elles se détachent en évidence la lutte contre toutes les formes de discrimination et d’exclusion.

Nous avons un engagement clair vis-à-vis de la valorisation des femmes dans le monde du travail, dans les professions libérales, les entreprises, les activités politiques, et dans l’accès à l’éducation, entre autres domaines. Mon gouvernement lutte sans relâche contre la violence envers les femmes sous toutes ses formes. Nous considérons le 21ème siècle comme le siècle des femmes.

De même, la promotion de l’égalité raciale, au Brésil, est une manière de réparer la souffrance endurée par les africains-brésiliens – qui représentent aujourd’hui plus de la moitié de notre population – durant plusieurs siècles d’esclavage.

Nous leur devons un inestimable et permanent héritage de richesses et de valeurs culturelles, religieuses et humaines. Pour nous, le métissage est un motif de fierté.

Le racisme, plus qu’un crime odieux, est une tache que nous n’hésitons pas à combattre, à punir et à éradiquer. Le même engagement que nous avons pris dans le combat contre la violence envers les femmes et les noirs, les afro-Brésiliens, nous le menons également contre l’homophobie. La Cour suprême de notre pays a reconnu l’union stable entre les personnes du même sexe, leur assurant tous les droits civils qui en découlent.

Nous croyons fermement à la dignité de chaque être humain et à l’universalité de ses droits fondamentaux. Ceux-ci doivent être protégés de toute discrimination et de toute politisation, à l’échelle nationale et internationale.

Une autre valeur fondamentale est le respect de la chose publique et la lutte implacable contre la corruption.

L’histoire montre qu’il n’y a qu’une seule façon correcte et efficace de lutter contre la corruption: la fin de l’impunité avec le renforcement des institutions qui contrôlent, qui enquêtent et qui punissent les actes de corruption, le blanchiment d’argent et autres délits financiers.

C’est une responsabilité de chaque gouvernement. Une responsabilité que nous assumons en renforçant nos institutions.

Nous avons construit le Portail Gouvernemental de la Transparence qui garantit au citoyen l’accès à toutes les dépenses publiques dans les 24 heures.

Nous avons approuvé la Loi sur l’Accès à l’Information qui permet au citoyen d’accéder à toutes les informations sur le gouvernement, exceptées celles qui sont liées à la souveraineté du pays.

Nous avons renforcé et donné leur autonomie aux organismes d’enquête et aussi à celui qui effectue un contrôle interne du gouvernement.

Nous avons créé des lois qui punissent la fois celui qui est corrompu, comme celui qui corrompt. Le renforcement de ces institutions est essentiel à l’amélioration d’une gouvernance ouverte et démocratique.

La réélection récente du Brésil au Comité exécutif du «Partenariat pour le Gouvernement Transparent» (2) nous permettra également de contribuer à rendre les gouvernements plus transparents sur la scène mondiale.

Monsieur le Président,

Il est essentiel de prendre des mesures pour protéger efficacement les droits de l’homme, tant dans le monde réel que dans le monde virtuel, comme le préconise la résolution de cette Assemblée sur la vie privée à l’ère numérique.

Le Brésil et l’Allemagne ont mené cette importante discussion en 2013 et nous souhaitons l’approfondir lors de cette session. Le rapport de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme servira de base à cette évaluation. En Septembre 2013, j’ai proposé ici, dans la discussion générale, la création d’un cadre civil pour la gouvernance et l’utilisation d’Internet, sur la base des principes de la liberté d’expression, de la protection de la vie privée, de la neutralité du net et de la diversité culturelle.

Je note avec satisfaction que la communauté internationale s’est mobilisée depuis lors pour améliorer l’architecture actuelle de la gouvernance de l’Internet. Une étape importante dans ce processus a été la réalisation, à l’initiative du Brésil, de la Réunion Mondiale Multi-sectorielle sur l’Avenir de la Gouvernance de l’Internet – le NET mundial – à São Paulo, en avril de cette année.

L’événement a réuni des représentants de diverses régions du monde et de différents secteurs. On y a discuté des principes à suivre et des actions à entreprendre pour garantir que l’Internet continue d’évoluer de façon ouverte, démocratique, libre, multilatérale et multi-sectorielle.

Monsieur le Président,

Les États membres et les Nations Unies ont aujourd’hui devant eux des défis de grande ampleur. Ceux-ci doivent être les priorités de cette session de l’Assemblée générale. L’année 2015 se distingue comme un véritable tournant.

Je suis sûre que nous ne nous soustrairons pas à cette tâche de remplir, avec courage et avec clarté, nos hautes responsabilités dans la construction d’un ordre international fondé sur la promotion de la paix, du développement durable, ainsi que sur la réduction de la pauvreté et de l’inégalité.

Le Brésil est prêt et totalement déterminé à y apporter sa contribution.

Merci.

(1) Créé en 2010, le Fonds Social est un fonds souverain destiné à recevoir la partie des ressources du pré-sal qui revient au gouvernement fédéral à titre de redevances et de participations spéciales. Selon la loi, le Fonds social doit être une épargne pour le gouvernement, qui aidera à financer le développement du pays quand l’argent du pétrole diminuera, et contribuera à réduire les effets d’un «déferlement» possible de dollars dans le pays suite à l’exportation du pétrole du pré-sal.

Pré-sal: énormes réserves de pétrole et de gaz profondément enfouies (à environ 6.000 mètres, sous une couche de sel, d’où son nom) au large des côtes des États de São Paulo, d’Espirito Santo et de Rio de Janeiro. Ces réserves sont difficiles et coûteuses à exploiter, mais elles placent le Brésil au 6ème rang des pays détenteurs potentiel de pétrole.

(2) Le Partenariat pour un gouvernement transparent (anglais: Open Government Partnership) est un organisme international visant à promouvoir un gouvernement ouvert, par une augmentation de la participation civique, la lutte contre la corruption et la mise en œuvre des nouvelles technologies afin d’offrir un service plus efficace et plus responsable

Source (Planalto – Palais de la Présidence – Brasilia) : http://www2.planalto.gov.br/acompanhe-o-planalto/discursos/discursos-da-presidenta/discurso-da-presidenta-da-republica-dilma-rousseff-na-abertura-do-debate-de-alto-nivel-da-69a-assembleia-geral-das-nacoes-unidas-onu

Traduit par Lucien pour Si le Brésil m’était traduit…

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Discours de la Présidente de la République du Brésil, Dilma Rousseff, à l’ouverture du Débat Général du Sommet de la 68e Assemblée Générale des Nations Unies (ONU) en 2013

Ambassadeur John Ashe, Président de la 68e Assemblée Générale des Nations Unies,

Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies,

Excellentissimes Chefs d’État et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Permettez-comme introduction d’exprimer ma satisfaction à la vue d’un illustre représentant d’Antigua et Barbuda – pays faisant partie de l’espace des Caraïbes si cher au Brésil et dans notre région – participer aux travaux de cette cession de l’Assemblée Générale.

Vous pouvez compter Excellence sur l’appui permanent de mon gouvernement.

Permettez-moi aussi, en préambule de mon intervention, d’exprimer le dégout du gouvernement et du peuple brésilien pour l’attentat terroriste qui s’est produit à Nairobi. J’exprime nos condoléances et notre solidarité aux familles des victimes, au peuple et au gouvernement du Kenya.

Le terrorisme, où qu’il advienne et d’où qu’il vienne, ne méritera jamais que notre condamnation sans équivoques et notre ferme détermination à le combattre. Jamais nous ne transigerons avec la barbarie.

Monsieur le Président,

Je veux porter à l’attention des délégations une question que je considère de majeure importance et gravité. De récentes révélations concernant les activités d’un réseau d’espionnage électronique global ont provoqué et écœuré tous les secteurs de l’opinion publique mondiale.

Au Brésil, la situation fut encore plus sérieuse, nous avons été ciblés par cette intrusion. Les données personnelles des citoyens ont fait l’objet d’interception sans discrimination.

Des informations relatives aux entreprises – et souvent, de grande valeur économiques et stratégiques – ont été la cible de cet espionnage. De même, des représentants de la diplomatie brésilienne, dont la Mission Permanente aux Nations Unies et la propre Présidence de la République ont vu leurs communications interceptées.

S’immiscer de cette manière dans la vie des autres pays est une atteinte au Droit International et un affront aux principes qui régissent les relations entre ces pays, surtout entre nations amies.

Jamais une souveraineté ne devrait pouvoir se renforcer au détriment d’une autre. Jamais le droit à la sécurité des citoyens d’un pays ne peut être garanti par le biais d’une violation des droits humains et civils fondamentaux de citoyens d’autres nations.

Pire encore lorsque des entreprises privées justifient cet espionnage. Aucun argument ne justifie l’interception illégale d’informations et de données destinée à protéger les nations contre le terrorisme.

Le Brésil, monsieur le président est capable de se protéger. Il rejette, combat et ne sert pas d’abri aux groupes terroristes. Nous sommes un pays démocratique, entouré de pays démocratiques, pacifiques et respectueux du Droit International. Nous vivons en paix avec nos voisins depuis plus de 140 ans.

Comme tant d’autres latino-américains, j’ai lutté contre l’arbitraire et la censure et je ne peux cesser de défendre de manière intransigeante le droit à la vie privée des individus et à la souveraineté de mon pays.

Sans lui – le droit à la vie privée – il n’y a pas de véritable liberté d’expression et d’opinion et, par conséquent pas de réelle démocratie. Le non-respect de la souveraineté, brise les liens d’union possibles entre les nations.

Nous sommes, monsieur le président, face à un cas important de violation des droits de l’homme et des libertés civiles ; l’intrusion et la rétention d’informations secrètes relatives à des activités d’entreprise et, surtout, d’un manque de respect à la souveraineté nationale de mon pays.

Nous avons fait savoir au gouvernement des États-Unis notre désapprobation, et exigé des explications, des excuses et la garantie que de telles pratiques ne se reproduiraient plus.

Les gouvernements et les sociétés amies, qui veulent consolider une alliance effective et stratégique, comme c’est notre cas, ne peuvent permettre que des actions illégales, soutenues, se produisent comme si cela était courant. Elles sont inadmissibles.

Le Brésil, monsieur le président, redoublera ses efforts pour se doter d’une législation, de technologies et de mécanismes afin de nous protéger d’interceptions illégales de communication et de données.

Mon gouvernement fera tout son possible pour défendre les droits humains de tous les brésiliens et de tous les citoyens du monde et protéger le fruit de l’ingéniosité de nos travailleurs et de nos entreprises.

Cependant, le problème, va bien au-delà de la relation bilatérale entre deux pays. Il affecte toute la communauté internationale et en exige une réponse. Les technologies de télécommunication et de l’information ne peuvent servir de nouveau champ de bataille entre les états.

C’est le moment de créer les conditions pour éviter que l’espace cybernétique soit instrumentalisé comme une arme de guerre, par le biais de l’espionnage, du sabotage, ou des attaques contre les systèmes et infrastructures d’autres nations.

L’ONU doit définir un rôle de leader dans l’effort de régulation comportemental des États face à ces technologies et à l’importance de l’internet, de ce réseau sociale, pour la construction de la démocratie mondiale.

Pour cette raison le Brésil fera des propositions afin d’établir un point de référence civil multilatéral en relation à l’administration et l’utilisation de l’internet et des moyens garantissant une effective protection de transport des données.

Nous avons besoin d’établir pour ce réseau mondial des mécanismes multilatéraux capables de garantir des principes comme :

  1. La liberté d’expression, l’intimité des individus et le respect des droits de l’homme.
  2. L’administration démocratique, multilatérale et ouverte, exercée de manière transparente, pour stimuler la création collective et la participation de la société, des gouvernements et du secteur privé.
  3. De l’universalisme assurant le développement social et humain ainsi que la construction de sociétés ouvertes au partenariat et non discriminantes.
  4. De la diversité culturelle, sans imposition de croyances, coutumes ou valeurs.
  5. De la neutralité du réseau, qui se bornera à respecter les critères techniques et étiques, rendant inadmissibles des restrictions d’ordre politiques, commerciales, religieuses ou de quel qu’autre nature.

L’approbation du potentiel intégral de l’internet passe donc, ainsi, par une régulation responsable garantissant dans le même temps la liberté d’expression, la sécurité et le respect des droits de l’homme.

Monsieur le président, mesdames et messieurs,

Le thème de cette Assemblée Générale me parait idéal pour définir l’ordre du jour en relation au développement post-2015. Le combat contre la pauvreté, la faim et les inégalités constitue le plus grand défi de notre temps.

C’est pour cela, que le Brésil a choisi un modèle économique avec inclusion sociale, stabilisant la création d’emplois, le renforcement de l’agriculture familiale, l’élargissement des crédits, la valorisation des salaires la construction d’un vaste réseau de protection social, particulièrement par le biais de notre programme Bolsa Familia.

Au-delà de ces conquêtes passées, nous avons arraché à l’extrême pauvreté, avec le Plan Brésil sans Misère, 22 millions de brésiliens, en seulement deux ans. Nous avons réduit la mortalité infantile de forme drastique. Un récent rapport de l’UNICEF démontre que le Brésil est un pays pionnier dans la chute de cet indicateur (pauvreté) sur le plan mondial.

Les enfants sont une priorité pour le Brésil. Cela se traduit dans un engagement envers l’éducation. Nous sommes le pays qui a investi le plus dans le secteur public éducationnel, selon dernier rapport de l’OCDE. Aujourd’hui nous réservons par loi, 75% des royalties du pétrole pour l’éducation et 25% pour la santé.

Monsieur le Président,

Dans le débat sur l’agenda de développement post-2015 nous devons considérer comme axes les résultats de RIO+20.

Le grand pas que nous avons fait à Rio de Janeiro fut de placer la pauvreté au centre de l’agenda du développement durable. La pauvreté monsieur le président, n’est pas un problème exclusif des pays en développement, et la protection de l’environnement ne peut être un objectif que lorsque la pauvreté est éradiquée.

Le sens de l’agenda post-2015 est basé sur la construction d’un monde dans lequel il soit possible de croitre, inclure, conserver et protéger.

En favorisant, monsieur le président, l’ascension sociale et l’extinction de l’extrême pauvreté, comme nous le faisons, nous créons un immense contingent de citoyens aux conditions de vie meilleures, possédant un plus accès à l’information et conscient de ses droits. Un citoyen avec de nouvelles espérances, de nouveaux désirs et de nouvelles exigences.

Les manifestations de juin, qui ont eu lieu dans mon pays, sont indissociables de notre processus de construction démocratique et de changement social. Mon gouvernement ne les a pas réprimées, au contraire, il a entendu et compris les voix de la rue. Nous avons entendu et compris parce que nous venons des rues.

Nous avons été formés par le quotidien des grandes luttes du Brésil. La rue est notre socle, notre base. Les manifestants ne demandaient pas un retour au passé. Mais ils exigeaient une progression ver un futur plus juste, ainsi que plus de participation et plus de conquêtes sociales.

Dans ce Brésil, cette la décade fut celle qui a noté la plus grande réduction d’inégalités de ces cinquante dernières années. Ce fut la décade où nous avons créé un système de protection sociale qui nous a pratiquement permis aujourd’hui d’éradiquer la pauvreté.

Nous savons que la démocratie crée plus de désirs de démocratie. L’inclusion sociale provoque une demande de plus d’inclusion sociale. La qualité de vie réveille des désirs de plus de qualité de vie. Pour nous, toutes les avancées conquises ne sont qu’un début.

Notre stratégie de développement exige plus, comme le veulent tous les brésiliens et les brésiliennes. Pour cela, il ne suffit pas d’entendre, il est nécessaire de faire. Transformer cette extraordinaire énergie des manifestations en réalisations pour tous.

Pour cela j’ai lancé cinq grands projets : le pacte pour le combat de la corruption et de la réforme politique ; le pacte de la mobilité urbaine, pour améliore les transports publics et pour une réforme urbaine ; le pacte de l’éducation, notre grand passeport pour le futur, avec l’aide des royalties et des fonds sociaux du pétrole ; le pacte pour la santé, lequel prévoit l’envoi de médecins pour recevoir et sauver la vie des brésiliens qui vivent dans des lieux isolés et pauvres du pays ; et le pacte pour la responsabilité fiscale, pour garantir la viabilité de cette nouvelle étape.

Mesdames et messieurs,

Passée la phase la plus critique de la crise, la situation de l’économie mondiale continue à se montrer fragile, avec des niveaux de chômage inacceptables. Les données de l’OIT indiquent l’existence de 200 millions de chômeurs dans le monde.

Ce phénomène affecte les populations des pays développés ou non. Le moment est donc choisi pour renforcer les tendances de croissance de l’économie mondiale qui donnent semble-t-il des signes de récupération.

Les pays émergents ne peuvent à eux seuls garantir la reprise de la croissance globale. Plus que jamais, il faut coordonner une action pour réduire le chômage et rétablir le dynamisme du commerce international. Nous sommes tous dans la même barque.

Mon pays récupère sa croissance en dépit de l’impact de la crise internationale de ces dernières années.

Nous comptons sur trois éléments importants : L’engagement de politiques macroéconomiques solides, la maintenance de politiques prospères sociales et inclusives et l’adoption de moyens pour augmenter notre productivité et la compétitivité des nations.

Nous avons comme engagement la stabilité avec le contrôle de l’inflation, avec les meilleures dépenses publiques possibles et la maintenance d’une fiscalité raisonnée.

Et puis, monsieur le président nous continuons d’appuyer la réforme du Fond monétaire international. Les administrateurs du Fond devraient s’interroger se pencher sur le poids des pays émergents et en développement dans l’économie mondiale. L’attente dans ce contexte réduit d’autant son efficacité.

Mesdames et messieurs, monsieur le président,

L’année 2015 marquera le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies et le 10e du sommet mondial de 2005. Ce sera l’occasion pour réaliser l’urgente réforme que nous demandons depuis cette date.

Il est indispensable d’éviter la déroute collective représentée par le fait d’arriver en 2015 sans un Conseil de Sécurité capable d’exercer pleinement ses responsabilités dans le monde actuel. La représentation limitée du CS face aux défis du XXIe siècle est préoccupante.

Un exemple en est la grande difficulté rencontrée pour offrir une solution au conflit syrien et la paralysie au niveau du traitement de la question israélo-palestinienne. Sur ces importants sujets la polarisation récurrente des membres permanents crée un immobilisme dangereux.

Il est urgent de doter le CS de qui soient à la fois indépendantes et constructives. Seule l’augmentation du nombre des membres permanents ou non et l’inclusion de pays en développement dans chaque catégorie permettra d’assainir l’actuel déficit de représentativité et légitimité du Conseil.

Monsieur le président,

Ce débat général offre l’opportunité pour réitérer les principes fondamentaux qui orientent la politique extérieure de mon pays et notre position sur des sujets brulants de réalisme et sur l’actualité internationale.

Nous sommes positionnés pour la défense d’un monde multilatéral, régie par le Droit International, pour la priorité de solutions pacifiques des conflits et pour la recherche d’un ordre solidaire et juste sur le plan économique et social.

La crise syrienne nous afflige et provoque l’indignation. Deux ans et demi de mort et de destruction ont déjà causé le plus grand désastre humanitaire de ce siècle. Le Brésil qui compte une importante communauté de descendants syriens, est profondément concerné par ce drame.

Il faut empêcher la mort des innocents, des enfants, des hommes, des femmes et des vieillards. Il faut faire taire les armes – conventionnelles ou chimiques qu’elles soient du gouvernement ou des rebelles. Il n’y aura aucune issue par le biais des armes. La seule solution passe par la négociation, le dialogue et les accords.

La décision de la Syrie d’accéder à la Convention sur la Prohibition des Armes Chimiques fut très importante, comme son application immédiate. Cette mesure est décisive pour dépasser ce conflit et contribuer à la naissance d’un monde libre de ces armes. Leur utilisation, je le répète, est odieuse et inadmissible quelle que soit la situation.

C’est pour cela que nous soutenons l’accord obtenu entre les USA et la Russie pour l’élimination des armes chimiques syriennes. Il appartient au gouvernement syrien de l’honorer intégralement, de bonne-foi dans un esprit de coopération.

Quelles que soient les hypothèses, nous rejetons toute intervention unilatérale qui contrarierait le Droit International, sans autorisation du Conseil de Sécurité. Cela ne ferait qu’aggraver l’instabilité politique de la région et augmenterait la souffrance humaine.

De même une paix durable entre Israël et la Palestine est plus urgente que jamais compte tenu des transformations dont le Moyen Orient est l’objet. L’heure est venue pour s’occuper des légitimes aspirations des palestiniens pour un État indépendant et souverain. L’heure est également venue pour transformer en réalité l’ample consensus international favorable à une solution de deux États. Les négociations actuelles entre israéliens et palestiniens doivent entrainer des solutions pratiques et significatives pour arriver à un accord.

Monsieur le président, mesdames et messieurs, ,

L’histoire du XXe siècle prouve que l’abandon du multilatéralisme est le prélude à des guerres ne laissant comme trace que misère humaine et dévastation. Elle nous démontre également ce que la promotion du multilatéralisme permet de récolter sur le plan de l’éthique, de la politique et des institutions.

Ainsi je renouvelle mon appel au profit d’une ample et vigoureuse conjonction de volontés politiques, en vue de soutenir et réhabiliter le système multilatéral, dont le pilier central se trouve aux Nations Unies.

À sa naissance étaient réunies les espérances que l’humanité pourrait passer le stade des blessures infligées par la seconde guerre mondiale.

Il serait possible alors de reconstruire, de ces dégâts et de cette boucherie, un nouveau monde de liberté, de solidarité et de prospérité.

Nous avons tous comme tâche de ne jamais laisser périr cette espérance si généreuse et si féconde.

Merci beaucoup, mesdames et messieurs.

Traduction – Alain Conny sur son blog

Source: http://www.les-crises.fr/discours-a-lonu-de-la-presidente-du-bresil-dilma-rousseff/


Critiques en Allemagne après l’annonce d’un rachat d’actifs par la BCE

Monday 6 October 2014 at 00:10

Reprise AFP.

Encore parfait ces Allemands (sur ce point… !) face à ce nouveau scandale…

Plusieurs voix critiques, dont celle du président de la Bundesbank, se sont élevées en Allemagne dimanche après la décision de la BCE d’ouvrir encore plus la vanne des liquidités en zone euro en lançant un programme de rachats d’actifs.

Le dirigeant de la banque centrale allemande, Jens Weidmann, a jugé dans l’hebdomadaire Focus que la Banque centrale européenne (BCE) achetait des actifs “de faible qualité”. Ce faisant, “les risques en matière de crédit pris par les banques privés vont être transférés vers la banque centrale et donc vers les contribuables, sans compensation adéquate“, selon le banquier central.

Le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé jeudi le rachat d’ABS dès le quatrième trimestre 2014, ainsi que d’obligations sécurisées à partir de mi-octobre, et ce pendant au moins deux ans.

De son côté, le ministre bavarois des Finances, Markus Söder, a également critiqué cette décision. “Nous craignons de plus en plus que la BCE devienne ainsi une ‘bad bank’”, a-t-il dit dans le quotidien régional “Münchner Merkur” à paraître lundi. Pour ce responsable conservateur, l’automne “sera chaud” et il attend du gouvernement d’Angela Merkel qu’il s’oppose à ces mesures.

Le président des Caisses d’épargne allemandes, Georg Fahrenschon, a souligné que la BCE créait un cercle viscieux avec sa politique monétaire actuelle, basée sur des taux très bas. “Avec des taux bas, il est plus facile pour les pays européens en crise de contracter de nouvelles dettes, plutôt que de se confronter aux problèmes et de mettre en place des réformes”, a-t-il estimé dans le quotidien régional “Magdeburger Volkstimme”.

L’achat prochain d’ABS par la BCE est controversé. Ces produits financiers complexes avaient été rendus en partie responsables de la crise financière de 2008. Leur mécanisme est similaire à celui des “subprimes” (titres adossés à des prêts immobiliers) américains.

Le rachat d’ABS est une des mesures de la BCE destinée à fluidifier le crédit et donc à soutenir l’activité, alors que la zone est engluée dans une croissance très faible et des menaces de déflation.

Source : Boursorama

Le président de la Bundesbank Jens Weidmann

Source: http://www.les-crises.fr/critiques-en-allemagne-apres-lannonce-dun-rachat-dactifs-par-la-bce/


[Reprise] Décès de la géostratégie française par Richard Labévière

Sunday 5 October 2014 at 03:30

Richard LABÉVIÈRE est un journaliste et essayiste français qui a travaillé à RFI avant d’en être licencié en août 2008. Il est actuellement rédacteur en chef de Défense, la revue de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

Que pensez-vous de l’éventuel retour des wahhabites ? Vous avez rédigé un article sur l’État islamique et le renseignement américain… Pourriez-vous nous expliquer de quoi il retourne ?

Richard Labévière. L’usage de l’islamisme politique radical et de l’islamisme armé est une vieille histoire qui commence avec la signature du Pacte de Quincy entre le Président Roosevelt qui rentre de la Conférence de Yalta en 1945 et le roi Ibn Séoud. Il s’agit du premier accord « pétrole contre la sécurité »… Comme ça les Américains avaient le feu vert pour exploiter la plus grande réserve d’hydrocarbures du monde contre le f ait qu’ils protégeraient la politique de la dynastie séoudienne y compris sa diplomatie en direction de la plupart de pays arabo-musulmans dans leur volonté d’hégémonie du monde arabo-musulman.

Donc les Américains ont commencé effectivement par soutenir la monarchie saoudienne et l’idéologie wahhabite… A la clé de cette posture l’utilisation, dès le milieu des années 50, de la confrérie égyptienne des Frères musulmans financés par l’Arabie Saoudite. Mais à l’instant où Nasser rompt avec les Etats-Unis sur l’affaire du barrage d’Assouan, et se tourne vers l’URSS (et il soutient peu ou prou le nationalisme arabe), les services américains vont beaucoup utiliser les Frères musulmans. Et les Frères Musulmans seront choyés par les administrations successives démocrates et républicaines, et pour une bonne raison ! Parce que là où vous avez les Frères Musulmans, vous n’avez pas de syndicat ni parti communiste ! Pas de parti nationaliste ! Et les gens font l’aller-retour entre la mosquée et le Mac Donald ! Donc les Frères Musulmans sont les vecteurs de libéralisme économique, versus Washington ! On l’a vu avec le déclenchement des révolutions arabes : une thèse de l’effondrement du régime autoritaire qui était jusqu’à maintenant soutenue par les Etats-Unis et dont, pensaient les Américains, l’alternative sera justement les Frères Musulmans.

Malheureusement, les Frères Musulmans au pouvoir en Egypte et en Tunisie n’ont pas su gérer l’économie, et, un an après l’arrivée au pouvoir de Morsi en Egypte, il y avait 3O Millions d’Egyptiens dans la rue !

Il fallait autre chose ! Et l’administration américaine qui réellement a tourné la page d’Al-Qaïda et de Ben-Laden, exécute ce dernier au Pakistan, en mai 2011, pour éviter une convergence entre ces malmenées révolutions arabes et la mouvance Al-Qaïda pour essayer de tourner cette page d’Al-Qaïda. Les relations de Ben-Laden avaient été beaucoup utilisées contre l’Armée soviétique en Afghanistan…Et après la fin de la Guerre Froide les services américains avaient continué à instrumentaliser cette nébuleuse Al-Qaïda un peu partout dans le monde : en Tchétchénie, en Bosnie, en Afghanistan, en Chine…

A un moment donné l’administration Obama veut tourner la page. Et c’est pour ça qu’ils vont essayer de siphonner le djihadisme global pour favoriser la formation des djihadistes locaux prétendant à gérer les territoires ou constituer des Etats. Et c’est comme ça que durant l’hiver 2012-2013 les services américains vont favoriser l’émergence de DAISH, de l’Etat Islamique de l’Iraq et du Levant qui va prendre Môssoul le 9 juin dernier.

Et donc les services américains avaient signalé à plusieurs reprises qu’il fallait soutenir ces djihadistes locaux contre les djihadistes globaux d’Al-Qaïda pour en finir avec Al-Qaïda !

Malheureusement, nouvelle déconvenue américaine : des djihadistes locaux vont s’avérer absolument ingérables… Et ils se mettent à menacer l’ensemble de la région ! En juin dernier ils se sont constitués en Califat. Donc la signification politique du Califat, c’est qu’ils prétendent avoir un droit de regard sur la gestion de la communauté musulmane comme la Mecque ou Médine. Et là on a un raidissement des monarchies wahhabites qui prennent peur ! Et c’est seulement à ce moment-là que l’administration américaine envisage les bombardements sur les djihadistes dans le Kurdistan, en Iraq, voire en Syrie…

Donc là on assiste à un fabuleux retournement et à un nouveau revers de l’improvisation politique et diplomatique au Proche-Orient qui dure depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale ! Tout ça nous ramène à une très vieille histoire qui est le financement et le soutien logistique de ces mouvements islamiques de sunnisme radical financés par l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats et le Koweït et avec l’aval des services pakistanais, de l’Afghanistan sans parler de la bienveillance des services américains qui se sont toujours trompés sur cette mouvance qui a toujours créé des effets néfastes aussi bien pour les intérêts arabes qu’américains sinon russes pour tout la région du Proche et Moyen Orient !

Et la France là-dedans ? Y a-t-il quelque chose à craindre pour la France ?

Richard Labévière. Malheureusement pour mon pays, la décadence a commencé avec le deuxième mandat de Chirac et la résolution 2539 en septembre 2004 où la France a eu son sursaut gaullien, à l’occasion du discours du 14 février 2003 au Conseil de Sécurité condamnant la deuxième Guerre d’Iraq. Les Américains nous ont fait payer très cher ce geste dans toutes les enceintes internationales et dans tous les hauts-lieux de l’économie importants ! Et on a fini par prêter allégeance aux Etats-Unis avec cette résolution dont l’effet était absolument désastreux ! Il s’agissait du retrait syrien du Liban avec le résultat que l’on connaît et le désarmement du Hezbollah… Cela a été inséré dans un cadre plus large : à savoir une Conférence Globale pour traiter l’épicentre de ces crises…

Malheureusement, quand vous tronçonnez le Proche et Moyen Orient, vous donnez raison à l’agenda américano-israélien… Chirac a commencé à le faire. Sarkozy s’est totalement aligné. La politique et la diplomatie françaises étaient beaucoup par trop pro-arabes et qu’il fallait rééquilibrer à la faveur de l’Etat d’Israël. Sarkozy a réintégré la France au commandement intégré de l’OTAN… Et on pensait qu’avec François Hollande les choses seraient un peu différentes et qu’on reviendrait à une certaine vision gaulliste. Malheureusement, il n’en a rien été ! Et François Hollande avec Laurent Fabius ont fait pire que Nicolas Sarkozy dans l’alignement sur la position américano-israélienne ! Maintenant on peut considérer que pratiquement il n’y a plus de diplomatie française pour le monde arabe ! La France prend systématiquement parti pour Israël ! On l’a vu lors de la dernière opération de Gaza.

Elle prend aussi systématiquement parti contre l’Iran et contre la négociation américano-iranienne. Lorsque Barak Obama a déclenché les bombardements sur la Syrie à propos des armements chimiques dont on sait aujourd’hui qu’ils étaient aussi utilisés par l’Alliance sunnite, la France n’a pas réagi ! Ainsi on voit que l’on a une politique française qui s’appuie principalement sur l’Arabie Saoudite maintenant dans le monde arabe… Pourquoi ? Espérant peut-être signer des contrats importants avec l’Arabie Saoudite. Cela me semble une vision politique de courte vue et cela finira par un isolement diplomatique de la France, sinon la fin de la diplomatie française dans le monde arabe au Proche et Moyen-Orient !

Interview de Richard LABÉVIÈRE par Alexandre Artamonov

Source : Le Grand Soir

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Voici le texte évoqué :

Coalition improbable contre l’État islamique…

« La meilleure des réponses militaires à opposer à l’Etat islamique consistait à retourner contre lui ses propres armes : enlèvements, assassinats ciblés et déplacements de population. Et pour donner le moins de publicité en martyrologie à ces jihadistes qui en raffolent, il s’agissait surtout de mener ces opérations de manière la plus opaque et la plus clandestine possible », explique un officier supérieur des forces spéciales françaises. En organisant une conférence internationale à Paris et en déchaînant tous les tam-tams médiatiques, les présidents français et américains ont fait exactement ce qu’il ne fallait pas faire en s’exposant, par avance, aux mêmes contreperformances de la désastreuse « guerre contre la terreur » de George W. Bush.

Pire, cette nouvelle mobilisation d’affichage ne manquera pas d’apparaître aux yeux du monde arabo-musulman comme une nouvelle croisade occidentale. Cette « coalition » risque aussi de ressouder l’Etat islamique (Daesh) qui fait déjà redonner les trompettes anti-impérialistes, anti-croisés, etc. En dernière instance, cette opération vise peut-être moins l’éradication des méchants barbus – si longtemps choyés par l’Oncle Sam -, que la stabilité des frontières issues des accords Sykes-Picot (1) , sinon l’avenir des intérêts américano-saoudiens scellés par le Pacte du Quincy (2) toujours en vigueur…

Une première incohérence saute aux yeux : aucun des grands pays de la région n’est partie prenante, sans parler de la Russie et de la Chine. Pourtant principal membre de l’OTAN du Moyen-Orient, la Turquie n’a même pas rejoint la coalition et pour cause ! Elle finance et arme depuis l’été 2011 les principaux groupes jihadistes engagés contre Damas… et elle va continuer à le faire ! La Syrie justement, pourtant en première ligne contre Daesh – mais dont les pays occidentaux ont juré la fin -, n’a pas été invitée de même que l’Iran avec lequel sont pourtant engagées des négociations sur un dossier nucléaire qui concerne l’ensemble de la région. Intelligent ! Israël, évidemment ne peut apparaître au grand jour, alors que ses services spéciaux n’ont cessé d’attiser la montée de l’islamisme radical à Gaza, en Egypte, en Syrie et ailleurs afin de mieux fragmenter ses Etats voisins. Du côté européen, ce n’est guère plus brillant : les Allemands livrent aux Kurdes des armes et des saucisses, les Britanniques cherchent à éradiquer d’abord les indépendantistes écossais, tandis que les autres regardent ailleurs, continuant à pousser leurs PME dans la région…

Seul François Hollande, qui voulait et veut toujours apparemment « punir » la Syrie est présent à l’appel. Déjà engagée sur deux fronts importants en Afrique (Mali/Sahel et Centrafrique), la France ne pourra aligner que quelques Rafale et Mirage 2000 dans un contexte où les réductions budgétaires successives de son budget de défense ont failli provoquer la démission de ses quatre chefs d’état-major. Mais le plus surprenant est de voir Paris prendre aujourd’hui le contrepied du sursaut gaullien qui lui avait fait refusé la guerre d’Irak du printemps 2003, c’est-à-dire refuser des coalitions militaires qui n’ont pas reçu l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. Ainsi Paris fragilise non seulement son siège de membre permanent au Conseil de sécurité mais apparaît clairement comme le supplétif de Washington dont la stratégie reste pour le moins fumeuse. En son temps Tony Blair passait pour le caniche de George Bush alors qu’on se demande aujourd’hui quels intérêts Paris peut sérieusement poursuivre dans cette galère improbable…

Sur un plan strictement opérationnel, les militaires savent parfaitement que des opérations aériennes ne suffiront pas à neutraliser un Etat islamique désormais en immersion dans les différentes populations civiles d’un immense territoire. « A un moment ou un autre, il faudra aller au sol », souligne un officier général français qui se demande qui pourra bien faire le boulot ; « la nouvelle armée irakienne est en carton-pâte, les milices recrutées se débanderont dès qu’il n’y aura plus d’argent, tandis que les soldats occidentaux – quels qu’ils soient -, ne sont pas prêts à mourir pour Bagdad, Erbil ou Mossoul… » Reste les Iraniens et les Syriens qui sentent le pâté…

Mais le plus cocasse de cette étrange coalition concerne les pays du Golfe – Arabie saoudite en tête -, qui vont continuer à soutenir les jihadistes tout en jurant la main sur le cœur qu’ils font le contraire. Et ils peuvent difficilement faire autrement au risque de voir ces méchants barbus – qu’ils arment et financent depuis des décennies avec la bienveillance de Washington -, se précipiter sur leurs monarchies corrompues, essoufflées et grotesques. On attend du reste avec impatience que les grands dignitaires sunnites de la mosquée d’Al-Azhar se prononcent sur le caractère licite, sinon positif de la « coalition ». Gageons qu’on peut attendre longtemps.

En l’occurrence, Godot se sera non seulement définitivement égaré dans le désert des Tartares mais il pourra toujours guider les pas des 700 jihadistes d’origine française qui, un jour ou l’autre, regagneront le pays. Alors ce ne seront ni les services turcs, ni la « grande coalition » contre l’Etat islamique qui viendront en appui de la France éternelle…

Par Richard Labévière Date de parution : 19/9/2014

(1) Les accords (secrets) Sykes-Picot ont été signés le 16 mai 1916, entre la France et la Grande-Bretagne (avec l’aval des Russes et des Italiens), prévoyant le partage du Proche-Orient à la fin de la Première Guerre mondiale en zones d’influence française et britannique, dans le but de contrer les revendications ottomanes.

(2) Le Pacte du Quincy a été signé le 14 février 1945 sur le croiseur USS Quincy entre le roi Ibn Séoud, fondateur du royaume d’Arabie saoudite et le président américain Franklin Roosevelt, de retour de la conférence de Yalta. Ce premier accord « pétrole contre sécurité » était prévue pour une durée de 60 ans. Il a été reconduit pour une même période en 2005 par le président George W. Bush.

Source: http://www.les-crises.fr/deces-de-la-geostrategie-francaise/