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[Entraide] Programmeur Excel

Friday 31 July 2015 at 03:30

Je remonte l’appel à entraide Excel d’avant-hier.

Vous avez été plusieurs à répondre – merci, je vais vous écrire.

J’ai cependant un besoin plus précis : je cherche à automatiser la création d’un de ces fichiers Excel. J’aurais donc besoin de 1 ou 2 volontaires cet été pouvant aider, connaissant bien la programmation VBA, étant minutieux (c’est un projet pas très compliqué, mais un peu long) et motivé avec un peu de temps.

Merci de me contacter ici.

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-specialistes-dexcel-2015/


Grèce : La lutte continue, par Sebastian Budgen & Stathis Kouvelakis

Friday 31 July 2015 at 01:19

Un dernier compte-rendu de ce qui s’est produit pendant les dernières semaines en Grèce, et ce qui se passera ensuite pour Syriza et la gauche européenne.

Par Sebastian Budgen & Stathis Kouvelakis

A Athènes, les militants de la campagne du “Non” agitent leurs drapeaux après les premiers résultats du référendum. Yannis Kolesids / EPA

Le dernier accord entre le gouvernement Syriza et les créanciers a choqué de nombreuses personnes de la gauche qui avaient suivi les événements en Grèce. Il semble que cela marque la fin de tout un cycle politique.

Dans cet entretien avec Sebastian Budgen, rédacteur de Jacobin, Stathis Kouvelakis, un des chefs de file de la “Plateforme de Gauche” interne au parti, raconte la dernière séquence, dans quelles mesures les espoirs ont été confirmés ou déçus, et les prochaines étapes pour l’aile gauche radicale du parti.

Kouvelakis profite de cette opportunité pour tirer plus largement le bilan de la stratégie de la “Plateforme de Gauche”, si les choses auraient pu être faites différemment, et quelles sont les perspectives pour une recomposition plus générale de la gauche.

Quelles étaient les causes du référendum de juillet ? Beaucoup ont dit que c’était quelque chose venu de nulle part, un joker sorti de la manche d’Alexis Tsipras. Mais il y a quelque incertitude sur ses motivations – certains ont même spéculé qu’il pensait qu’il perdrait.

Je pense que le référendum était clairement une tentative de sortir du piège dans lequel le gouvernement tombait lors du processus de négociation.

Il était assez évident, en fait, que pendant l’engrenage de concessions faites par le gouvernement, Tsipras a réalisé que quoi qu’il ait pu proposer cela ne suffirait jamais à la Troïka. Lors de la dernière semaine de juin, il était clair que l’accord qui prenait plus ou moins forme ne passerait pas le test interne à Syriza ni celui de l’opinion publique.

Des messages ont été envoyés aux équipes dirigeantes et à Tsipras lui-même de l’intérieur du parti, d’au-delà de le “Plateforme de Gauche”, selon lesquels l’accord n’était pas acceptable. Pendant les derniers jours de la semaine, le changement dans l’opinion publique aussi a été significatif, avec des gens lassés par ce processus d’interminables négociations. On a compris que la Troïka cherchait seulement à humilier le gouvernement grec.

Tsipras, dont il a été dit qu’il est une sorte de politicien joueur, pensait le référendum – une idée qui n’était pas entièrement nouvelle et qui avait été évoquée avant lui par d’autres personnes du gouvernement dont Yanis Varoufakis – non comme une rupture avec le processus de négociation mais un mouvement tactique qui pourrait renforcer son plan de négociation.

Je peux l’affirmer avec certitude, car j’étais dans le secret des rapports détaillés de la réunion cruciale de la soirée du 26 juin, quand le référendum a été annoncé.

Deux choses doivent être dites à ce stade. La première est que Tsipras et la plupart des gens proches de lui pensaient que ça allait être une promenade de santé. Et cela avait été plutôt le cas avant la fermeture des banques. La tendance générale était que le référendum serait gagné largement, avec plus de 70%.

C’était assez réaliste, sans la fermeture des banques le référendum aurait été facilement gagné, mais le sens politique du Non en aurait été changé, car cela se serait passé sans cette ambiance de tension et de drame créée par la fermeture des banques et la réaction des Européens.

Ce qui s’est passé pendant la réunion gouvernementale c’est qu’un certain nombre de personnes – l’aile droite du gouvernement, menée par le vice-premier ministre Giannis Dragasakis – désapprouvait cette opération. Dragasakis est celui qui a géré l’ensemble de la négociation du côté grec. Tout le monde au sein de l’équipe de négociation, à l’exception du nouveau ministre des finances Euclid Tsakalotos, lui était dévoué et il a été le principal partisan parmi ceux du gouvernement qui voulaient vraiment se débarrasser de Varoufakis.

Cette faction pensait que le référendum était une proposition à haut risque, et elle comprenait, contrairement à Tsipras, que ce serait un mouvement de grande confrontation qui déclencherait une réaction très dure du côté européen – et il s’avère qu’elle a eu raison.

Ces personnes craignaient également la dynamique sous-jacente qui serait générée par cette initiative. D’autre part, le leader de la Plateforme de gauche et ministre de l’énergie et du redressement productif, Panagiotis Lafazanis, a dit que le référendum était la bonne décision, bien qu’arrivant trop tard, mais il a aussi averti que cela reviendrait à une déclaration de guerre, que la partie opposée couperait les lignes de liquidités et que nous devions nous attendre sous quelques jours à fermer les banques. La plupart des personnes présentes se sont contentées de rire à cet avis.

Je pense que ce manque de prise de conscience de ce qui allait arriver est absolument primordial pour comprendre la logique d’ensemble du chemin que le gouvernement a pris jusqu’ici. Il ne pouvait simplement pas croire que les européens réagiraient comme ils ont effectivement réagi. D’un certain côté, comme je l’ai dit, l’aile droite de Syriza était beaucoup plus lucide sur ce à quoi le gouvernement s’attaquait.

Cela explique aussi ce qui s’est passé à ce niveau pendant la semaine du référendum. Tsipras était mis sous extrême pression par Dragasakis et d’autres pour qu’il annule le référendum. Il ne l’a pas fait, bien sûr, mais il a fait savoir clairement que ses prochaines orientations se feraient avec l’accord de l’aile droite, et que cette mesure n’était pas une rupture avec la ligne qu’il avait toujours suivie jusqu’ici, mais était plutôt une sorte d’opération tactique dans cet esprit.

Etait-ce l’explication de la marche arrière du mercredi avant le vote ?

Exactement. Ce mercredi, certaines personnes ont même parlé d’un coup d’état interne à venir, et à Athènes couvaient des rumeurs selon lesquelles Tsipras s’apprêtait à annuler le référendum. Pendant son discours, il a confirmé le référendum mais a aussi fait savoir qu’il était conçu comme un outil de pression afin d’obtenir un meilleur accord et que cela n’était pas la fin des négociations mais seulement la continuité dans de prétendues meilleures conditions. Et il est resté fidèle à cette ligne durant la semaine entière.

Une chose que je n’ai pas comprise au sujet du processus, même sous l’angle des relations publiques, est qu’il a appelé à un référendum sur une série de mesures proposées qu’il a ensuite appelé à rejeter et malgré ça, à l’approche du référendum, il a fait un pas vers les créanciers ce qui a semblé être sur certains aspects pire que les mesures qu’il appelait à rejeter.

Tout ceci a donné l’impression d’un amateurisme total et de chaos.

J’ai essayé de reconstituer les intentions de Tispras essentiellement pour répondre à votre question au sujet de l’idée qu’il pensait perdre le référendum et pour essayer de comprendre le sens que le référendum avait pour lui. Mais ce qui est indéniable est que cela a déchaîné des forces qui sont allées au-delà de ses intentions. Tsipras et le gouvernement ont été clairement dépassés par la dynamique créée par le référendum.

Ils ont tenté par tous les moyens de remettre le diable dans sa boîte. Le moyen pour Tsipras de gérer la pression exercée par Dragasakis – et la raison pour laquelle mercredi était si crucial – était d’accepter leur ligne et d’envoyer cette fameuse lettre à l’Euro-groupe, et avant ça d’envoyer la lettre demandant un nouveau prêt. Ce qui a ouvert la voie à ce qui devait arriver la semaine suivant le référendum.

Mais d’un autre côté, afin de justifier le fait qu’il ne pouvait pas annuler le référendum sans se ridiculiser complètement, il devait avancer quelques raisons à cette initiative. Il devait parler du combat contre les mesures d’austérité prévues dans l’offre de Juncker, du chantage effectué par la troïka et de l’ultimatum qu’il avait reçu. Et bien sûr, la dynamique qui se développait depuis la base à ce moment s’est saisie de cette opportunité, l’a pris au mot, et s’est élancée pour engager le combat contre la troïka.

Voilà un parfait exemple d’une initiative prise d’en haut, du fait de contradictions internes, qui a eu pour conséquence de libérer des forces qui allaient bien au-delà des intentions du dirigeant concerné. C’est très important, parce qu’il faut aussi bien comprendre que l’une des principales difficultés que Tsipras va devoir affronter maintenant après la capitulation de l’accord d’hier, est la très douteuse légitimité de ce changement de position après le référendum.

Nous devons comprendre qu’il est complètement illusoire de prétendre que le référendum n’a pas eu lieu. Il a eu lieu, et il est clair à la fois pour l’opinion publique internationale et pour la société grecque que Tsipras trahit un mandat populaire.

Donc, le grand débat qui est – Tsipras est-il un genre de génie tactique machiavélique, ou bien plutôt un joueur invétéré dépassé par les événements – vous êtes dans le second camp ?

Eh bien, je suis définitivement dans le second camp, à condition de clarifier le point suivant : en réalité, Tsipras et son équipe dirigeante ont constamment suivi la même ligne depuis le début. Ils pensaient qu’en combinant une approche “réaliste” des négociations, et une certaine fermeté rhétorique, ils obtiendraient des concessions des Européens.

Cependant, ils étaient de plus en plus coincés par cette ligne, et quand ils ont réalisé le piège, ils n’avaient aucune stratégie alternative. Ils ont constamment refusé tout autre stratégie, et ont de plus rendu pratiquement impossible l’émergence d’une autre approche quand il en était encore temps.

Maintenant, dans l’entretien qu’il a donné il y a quelques jours au New Statesman, Varoufakis dit qu’une petite équipe de collaborateurs a travaillé durant la semaine du référendum sur un projet alternatif qui incluait un contrôle étatique des banques, l’émission d’IOU, et la déconnexion de la banque centrale grecque de la BCE à Francfort, et donc sur une forme de sortie progressive. Mais ce projet est clairement arrivé trop tard, et a été rejeté par pratiquement tout le reste de l’équipe économique du gouvernement, ce qui signifie principalement Dragasakis. Et Tsipras, bien sûr, a validé la décision.

Ainsi, il nous faut souligner la continuité de la ligne de Tsipras. C’est également la raison pour laquelle je pense que le mot “trahison” n’est pas adéquat, si on veut comprendre ce qui se produit. Bien sûr, on peut objectivement dire que cela a été une trahison du mandat populaire, que le peuple se sent légitimement trahi.

Cependant, la notion de trahison signifie habituellement qu’à un moment donné on prend la décision consciente de renier ses propres engagements. Je crois en réalité que Tsipras a cru honnêtement qu’il pouvait obtenir une issue positive en mettant en avant une approche centrée sur les négociations et en faisant preuve de bonne volonté, et c’est aussi la raison pour laquelle il a toujours dit ne pas avoir d’autre plan.

Il pensait qu’en se présentant comme un “européen” loyal, exempt de tout “agenda secret”, il obtiendrait une quelconque récompense. D’un autre côté, il a montré pendant des mois une capacité à résister à la pression croissante et fait quelques coups imprévisibles tels que le référendum ou le voyage à Moscou.

Il pensait que c’était le bon dosage pour aborder le problème, et il s’avère que si vous suivez fidèlement cette ligne, vous vous retrouvez dans une position telle qu’il ne vous reste plus que les mauvais choix.

Et les racines de cette stratégie : dans quelle mesure est-ce de l’aveuglement idéologique, et dans quelle mesure est-ce de l’ignorance pure ? Beaucoup de personnes sont perplexes du fait qu’il s’agit d’un gouvernement formé d’un grand nombre d’intellectuels, de personnes qui ont passé toute leur vie à étudier les politiques économiques capitalistes contemporaines, tant théoriques qu’expérimentales, des personnes qui sont des activistes politiques.

Comment justifier ce qui semble être de la naïveté quant à leurs opposants politiques ? Est-ce de l’idéologie profondément ancrée, ou bien simplement un manque d’expérience de la “haute politique” ?

Je pense qu’il faut distinguer deux éléments au sein du gouvernement. Le premier est la frange la plus à droite du gouvernement, menée par deux des principaux économistes, principalement Dragasakis, mais également Giorgos Stathakis. Et ensuite le leadership central, Tsipras et son entourage.

Le premier groupe a une ligne constante depuis le début – il n’y a absolument aucune naïveté de leur part. Ils savaient pertinemment que les Européens n’accepteraient jamais une rupture avec le mémorandum.

C’est la raison pour laquelle Dragasakis a fait dès le début tout ce qu’il a pu pour ne pas modifier la logique de l’approche globale. Il a clairement saboté toutes les tentatives de Syriza d’avoir son propre programme économique, fût-il inclus dans le cadre qui avait été approuvé par la majorité du parti. Il pensait que la seule chose qu’il pouvait obtenir était une version améliorée du cadre du mémorandum. Il voulait avoir les mains libres pour négocier l’accord avec les Européens, sans pour autant être sous le feu des projecteurs ; il est parvenu à contrôler l’équipe de négociations, surtout une fois Varoufakis mis sur la touche.

À l’été 2013, il a donné une interview très intéressante qui a fait beaucoup de bruit. Il ne proposait pas une version adoucie du programme de Syriza, mais en réalité un programme différent qui était une amélioration légère de l’accord existant que Nouvelle Démocratie avait signé.

Il y a ensuite l’autre approche, celle de Tsipras, qui était effectivement ancrée dans l’idéologie de l’européisme de gauche. Je pense que la meilleure illustration en est Euclid Tsakalotos, une personne qui se considère comme un dévoué marxiste, une personne qui provient de la tradition communiste européenne, nous étions dans la même organisation pendant des années. Sa citation la plus représentative, qui trahit tant son idéologie que la perspective donnée au gouvernement par la présence de tous ces érudits est ce qu’il a dit dans une interview au site français Mediapart en avril.

Interrogé sur ce qui l’avait le plus frappé depuis qu’il était au gouvernement, il a répondu qu’il était un universitaire, son travail était d’enseigner l’économie à l’université, donc quand il s’est rendu à Bruxelles, il s’était préparé très sérieusement, il avait préparé toute une série d’arguments, et s’attendait à une contre-argumentation tout aussi exactement élaborée. Mais à la place de cela, il avait dû faire face à des personnes qui récitaient sans cesse des règles, des procédures et ainsi de suite.

Tsakalotos s’est dit très déçu du faible niveau de la discussion. Dans son interview au New Statesman, Varoufakis relate des choses très similaires de sa propre expérience, même si son style est plus agressif que celui de Tsakalotos.

Partant de là, il est tout à fait clair que ces personnes s’attendaient à ce que la confrontation avec l’UE soit semblable à un congrès académique où vous vous rendez avec un bel article et vous vous attendez à la présentation d’une sorte de beau contre-article.

Je pense que cela nous renseigne sur ce qu’est la Gauche aujourd’hui. La Gauche est pleine de personnes bien intentionnées mais qui sont totalement incapables en matière de politique réelle. Mais cela nous renseigne également sur le type de dévastation mentale provoquée par la croyance quasi-religieuse en l’européisme. Cela signifie que, jusqu’à la fin, ces personnes ont cru qu’elles pouvaient obtenir quelque chose de la Troïka ; elles pensaient qu’entre “partenaires” elles trouveraient une sorte de compromis, qu’elles partageaient certaines valeurs fondamentales telles que le respect des mandats démocratiques ou la possibilité d’une discussion rationnelle fondée sur des arguments économiques.

Toute l’approche de la posture plus agressive de Varoufakis revient en fait au même, mais emballée dans le langage de la théorie des jeux. Il disait qu’il fallait jouer la partie jusqu’à la toute, toute, toute fin, et, qu’ensuite, ils battraient en retraite, parce que les dégâts qu’ils auraient à endurer s’ils ne l’avaient pas fait auraient été trop grands pour eux.

Mais ce qui s’est en réalité produit était plus proche d’un combat entre deux personnes, où l’une risque d’avoir la douleur de perdre un orteil, et l’autre ses deux jambes.

Il est donc vrai qu’il y a eu un manque de réalisme élémentaire, et cela est directement relié au problème principal auquel la gauche doit faire face aujourd’hui : notre propre incapacité.

Et cet européisme que vous décrivez dans la frange centrale du leadership de Syriza, quelle est sa nature idéologique ? Parce qu’ils ne sont ni des libéraux ni même des fédéralistes – ce sont les personnes qui se qualifient la plupart du temps de marxistes ? Y a-t-il une influence de Habermas ou Étienne Balibar ?

Je pense que, dans ce cas, Balibar est sans doute plus approprié que Habermas. Une fois encore, je pense qu’il faut prendre Tsakalotos au mot. Il a donné une interview à Paul Mason le lendemain même de l’envoi des contre-propositions extrêmement humiliantes du Président de la Commission Européenne Jean-Claude Junker.

Quand Mason l’a interrogé sur l’euro, Tsakalotos répondit qu’une sortie serait une catastrophe absolue et que l’Europe revivrait les années 30, avec un retour de la compétition entre les monnaies nationales, et la hausse de divers nationalismes et fascismes.

Ainsi, pour ces personnes, le choix est le suivant : soit être “Européen”, et accepter le cadre existant, ce qui, d’une certaine façon, représente objectivement un pas en avant par rapport à la vieille réalité des états-nations ; ou bien être “anti-européen”, ce qui équivaut à une rechute vers le nationalisme, un pas réactionnaire et régressif.

C’est l’un des moyens faibles qui sert à la légitimation de l’Union Européenne – ce n’est peut être pas idéal, mais c’est mieux que tout le reste sur la table.

Je pense que dans ce cas, on peut clairement voir laquelle des idéologies est au travail. Bien que vous n’adhériez pas totalement au projet, et que vous ayez de sérieux doutes quant à l’orientation néolibérale et la structure verticale des institutions européennes, vous adoptez néanmoins ses codes et ne pouvez imaginer mieux en dehors de ce cadre.

C’est là la signification des dénonciations d’un Grexit qui serait un genre de retour aux années 30, ou une sorte d’apocalypse. C’est le symptôme du propre enfermement des dirigeants dans l’idéologie de la Gauche européiste.

La fin du capitalisme est-elle plus simple à imaginer que la fin de l’Union Européenne, ou même de l’euro ?

Tout à fait, je l’ai écrit il y a quelques années.

Et pourtant, cette espèce de mollesse envers l’Union Européenne ne correspond pas aux propres idées de Nicos Poulantzas, bien que certains intellectuels utilisent Poulantzas pour défendre la position gouvernementale.

Effectivement, Poulantzas a écrit sur l’intégration européenne dans la première partie de son livre sur les classes sociales dans le capitalisme contemporain, il y analyse les processus d’internationalisation du capital, et il considérait clairement la communauté économique européenne comme l’exemple d’une forme impérialiste d’internationalisation du capital européen dans le cadre de ce qu’il regardait comme étant la nouvelle structure d’hégémonie des États-Unis dans l’après-guerre.

Parlons une nouvelle fois du référendum lui-même. Le référendum est survenu dans un contexte de crise de liquidité, de fermeture des banques, de réactions hystériques des médias, et d’autres partis faisant pression en faveur du “Oui”. Mais alors, quelque chose s’est produit qui a déclenché une contre-réaction à une échelle considérable de la part des Grecs ordinaires.

Etaient-ils poussés par la fierté nationale, était-ce principalement une question de classe sociale ou est-ce que, selon les spéculations de Paul Mason et d’autres, la mémoire de la guerre civile a joué un rôle ? Quelles sont les raisons déterminantes de ce “Non” ?

De tous les facteurs que vous avez mentionnés, le moins pertinent est celui de la guerre civile. Nous devons constater que le “Non” domine même dans des zones du pays traditionnellement à droite telles que la Laconie, près de Sparte, Messinia ou d’autres zones en Grèce centrale où la droite domine. Le “Non” est majoritaire dans toutes les régions de Grèce.

La dimension de classe était clairement la plus importante des trois que vous avez mentionnées et que je vais analyser par ordre d’importance. Même les commentateurs conventionnels reconnaissent que c’était le scrutin le plus socialement clivé de l’histoire de la Grèce. Dans les quartiers ouvriers on obtient plus de 70 pour cent pour le “Non”, et dans les quartiers riches, plus de 70 pour cent pour le “Oui”.

La réaction hystérique des forces dominantes et la situation dramatique provoquée par la fermeture des banques, la limitation des retraits, etc. ont créé au sein des classes populaires une simple assimilation au camp du “Oui” de tout ce qu’elles détestaient. Le fait que le camp du “Oui” ait mobilisé pour leur campagne tous ces politiciens, experts, dirigeants d’entreprises et célébrités médiatiques détestés, n’a fait qu’exacerber cette réaction de classe.

Le deuxième élément qui est tout autant impressionnant est la radicalisation de la jeunesse. C’est la première fois depuis la crise que la jeunesse dans son ensemble fait une déclaration unifiée. Quatre-vingt-cinq pour cent des 18 à 24 ans ont voté « Non », ce qui montre que cette génération, qui a été totalement sacrifiée par le mémorandum, est très consciente de l’avenir qui se prépare et a une attitude claire vis-à-vis de l’Europe.

Dans le quotidien français Le Monde, un article demande comment ces jeunes, qui ont grandi avec l’euro, les programmes Erasmus et l’Union Européenne en sont venus à se retourner contre elle, et la réponse de toutes les personnes interrogées était simple : nous avons vu ce qu’est l’Europe, et l’Europe, c’est l’austérité, l’Europe, c’est le chantage envers les gouvernements démocratiques, l’Europe, c’est la destruction de notre avenir.

Ceci explique les manifestations massives et combatives de cette semaine, culminant particulièrement avec les rassemblements de ce vendredi 3 juillet à Athènes et autres grandes villes en Grèce

Et le troisième aspect est certainement celui de la fierté nationale. Cela explique pourquoi en dehors des grands centres urbains où les limites entre les différentes classes sociales sont plus floues, dans la Grèce rurale et les petites villes, même là, le « Non » a été majoritaire. C’était un « Non » à la Troïka, un « Non » à Juncker. On a vu que même pour ceux qui sont sceptiques vis-à-vis du gouvernement et ne s’identifient pas à Syriza ou Tsipras, il s’agissait clairement d’une tentative d’humilier un gouvernement élu et maintenir le pays sous le règne de la Troïka.

Vous vous êtes rendu sur plusieurs lieux de travail pour faire campagne pour le « Non ». Pouvez-vous nous en parler un peu et nous dire quel accueil vous avez reçu ?

Cela a bien sûr été une expérience unique. Il y avait une grande disparité de situations – l’atmosphère était dure au sein des chemins de fer, une compagnie qui a été déjà largement démantelée et dont ce qui subsiste sera privatisé. Les travailleurs savaient que le gouvernement avait déjà accepté la privatisation des chemins de fer. Cela était même inclus dans la première liste de réformes annoncées par Varoufakis après l’accord du 20 février.

Mais malgré les contextes variés, dans tous ces lieux, la discussion tournait autour de deux questions : pourquoi le gouvernement a-t-il fait si peu jusqu’à présent, pourquoi a-t-il été si timide ? Et aussi qu’allez-vous faire après la victoire du “Non” ?

Il était tout à fait clair pour ces personnes que le “Non” allait l’emporter car la campagne du “Oui” était invisible sur les lieux de travail, et parmi la classe ouvrière d’une manière générale, de sorte qu’il n’y avait aucun doute sur le résultat à venir. Mais il y avait une très grande anxiété concernant ce qui se produirait après la victoire.

Ainsi, les questions étaient : Quels sont vos plans ? Qu’allez-vous faire ? Pourquoi parlez-vous encore de négociations alors que depuis cinq mois et demi nous avons vu cette approche échouer clairement ?

J’étais dans une situation très embarrassante, parce qu’en tant que porte-parole de Syriza et membre du comité central, je ne pouvais pas apporter de réponses convaincantes à tout cela.

Le “Non”, bien sûr, l’a massivement emporté. Avez-vous été surpris par l’ampleur de cette victoire ?

Oui, je ne m’attendais pas à ce que le “Non” atteigne le seuil des soixante pour cent. Il faut dire que parmi les cadres dirigeants de Syriza, seul Lafazanis avait prédit un tel résultat et très peu au sein de la Plateforme de Gauche étaient d’accord avec lui. La plupart s’attendaient à un score comme cinquante-cinq pour cent.

La première conséquence immédiate de cette victoire massive du “Non” a été d’accroître la désintégration des partis de l’opposition.

Le soir même du vote, ces gens étaient complètement vaincus. C’était de loin la plus grave défaite des partisans de l’austérité depuis le début de la crise. C’était bien plus clair et bien plus profond que les élections de janvier, parce même en regroupant et mobilisant toutes leurs forces ils avaient malgré tout essuyé une défaite dévastatrice. Il n’y a pas une seule circonscription en Grèce qu’ils aient gagnée.

Le leader de Nouvelle Démocratie et ancien Premier ministre Antonis Samaras a démissionné immédiatement. Ensuite, à peine quelques heures plus tard, tout ce camp avait ressuscité et avait été légitimé par Tsipras lui-même lorsqu’il a convoqué le “conseil des leaders politiques” sous les auspices du président de la république, un supporter déclaré du “Oui”, qui avait été nommé par la majorité de Syriza au parlement en février.

A cette réunion une chose extraordinaire s’est produite : le chef de ceux qui avaient gagné a accepté toutes les conditions de ceux qui avaient perdu. Cela, il faut le dire, est un évènement unique dans l’histoire politique. Je ne pense pas qu’on ait déjà vu ça avant.

Peut-être le gouvernement a-t-il été surpris par la force du “Non”, et le comportement de classe qu’ils ont dû comprendre par ailleurs, mais en a conclu que cela ne faisait que confirmer ses plans initiaux ? Rien n’indiquait que quelque chose de plus profond était à l’œuvre ?

Je ne peux pas vraiment me prononcer sur la manière dont ils ont interprété le référendum, parce que tout le monde a été très absorbé par les prétendues négociations, qui ne relèvent que de la plaisanterie évidemment. Je pense que la meilleure formule pour qualifier ces négociations est celle rapportée par le correspondant du Guardian à Bruxelles, Ian Traynor, qui a écrit qu’un responsable de l’UE les avaient appelées un “exercice de torture psychologique”.

Ce qui est clair, en revanche, c’est que le gouvernement a immédiatement pris ces initiatives pour désactiver la dynamique qui était en train d’émerger à la suite du référendum. Et c’est pour cette raison que quelques heures après l’annonce du dernier recours, a été convoquée cette réunion de tous les chefs de parti, qui a fixé une ligne politique complètement différente de celle exprimée par le “Non”.

Le contenu de cette nouvelle ligne était que, quoi qu’il arrive – c’était déjà en route évidemment dans des mesures inspirées par Dragasakis la semaine précédente – la Grèce devait rester dans la zone euro. Et le point le plus ancré de la déclaration commune approuvée par tous les chefs de parti – à l’exception du Parti Communiste Grec (KKE), qui a refusé de signer, et des Nazis, qui n’ont pas été invités à la réunion – était que ce référendum n’était pas un mandat pour une sortie de la zone mais un mandat pour négocier un meilleur accord. Donc dès ce moment le désastre était en marche.

Y a-t-il des indices que les positions des gens sur la question de la zone euro changeaient pendant le temps du référendum ?

Bien sûr qu’elles changeaient. L’argument qui a été constamment ressassé par les médias, par les dirigeants politiques du camp du “Oui”, mais aussi par tous les dirigeants européens qui ont manifestement interféré sur le référendum de la plus flagrante des façons pendant cette semaine, était que voter “Non” était voter contre l’euro. Donc il est totalement irrationnel de prétendre que les gens qui ont voté “Non” n’étaient pas de ceux qui prenaient le moins le risque d’une possible sortie de l’euro quand c’est le moyen pour eux de dire “Non” à plus de mesures d’austérité.

Il faut préciser que ce qui s’est produit au cours de cette semaine a été un processus de radicalisation de l’opinion publique. Vous pouviez le sentir et l’entendre dans les rues, les lieux de travail, tous les types d’espaces publics. Partout, les gens ne parlaient que du référendum, si bien qu’il était très facile de percevoir le sentiment populaire.

Je ne prétends pas qu’il était homogène. Les gens faisaient valoir que voter “Non” donnerait vraiment au gouvernement une carte de plus pour les négociations. Je ne dis pas que cela n’est pas vrai. Mais nous devons aussi comprendre que le caractère massif du “Non” dans le pays signifie que les gens, plus particulièrement dans les classes laborieuses, dans la jeunesse, et dans les classes moyennes appauvries, ont eu le sentiment qu’ils n’avaient plus rien à perdre, qu’ils pouvaient prendre des risques et livrer bataille.

L’esprit combatif des rassemblements du vendredi fut un autre signe de cela. J’ai été très impressionné. Personnellement, je n’ai rien vu de tel en Grèce depuis les années 1970.

Parlons du vote du 11 juillet au parlement concernant les propositions envoyées par le gouvernement grec à l’Euro-groupe. Il est devenu clair à ce moment que le gouvernement avait accepté la perspective d’un nouveau plan d’austérité.

Ces propositions ont finalement été approuvées par 251 députés sur 300, avec le soutien massif des partis pro-austérité.

L’une des conditions posées par les créanciers était que les propositions du gouvernement grec devaient être approuvées par le Parlement, sachant que cela n’avait aucun sens. Ce n’est même pas constitutionnel à proprement parler, parce que le parlement ne peut se prononcer que sur des lois ou des accords internationaux et intergouvernementaux, il ne peut pas voter un simple document servant de base à des négociations et qui peut être modifié n’importe quand au cours des négociations.

Mais cela a été un acte symbolique qui a donné carte blanche au gouvernement pour négocier sur des bases dramatiquement affaiblies. Les propositions du gouvernement étaient seulement une version allégée du plan Juncker qui avait été rejeté par le référendum. Donc, en fait, ce que le gouvernement demandait était l’approbation de sa volte-face au cours de la semaine.

Mais le tableau au sein du groupe parlementaire de Syriza semble plus complexe. Donc évoquons les dissensions dans les rangs de Syriza et la position adoptée par la Plateforme de Gauche.

La position de la Plateforme de Gauche fut significativement débattue en interne, notamment au sein de la principale composante de la plateforme, le courant de Gauche mené par Panagiotis Lafazanis. L’opinion majoritaire était que nous devions exprimer un vote différencié, ce qui supposait que certains devaient voter “présent” pendant le vote lui-même, ce qui correspondait pratiquement à un vote “Non”, mais avec peut-être cependant une portée symbolique moindre.

Pourquoi est-ce la même chose qu’un vote “Non” ?

Parce que ça ne change rien à la majorité requise nécessaire à une proposition pour passer. De toute façon, vous avez besoin de 151 votes pour la faire passer.

Une autre partie du groupe devait voter en faveur de ces propositions tout en faisant simultanément une déclaration stipulant deux choses : la première, c’est qu’ils étaient solidaires de ceux qui rejetaient ces propositions, ceux qui avaient voté “présent” en l’espèce mais qui n’acceptent pas cet accord ; la deuxième c’est qu’ils ne voteraient pas un accord contenant des mesures d’austérité.

Et peut-être que le second point est encore plus important que le premier (nous y reviendrons certainement dans un instant). La raison en est que la pratique constitutionnelle grecque est la suivante : pour chaque loi qu’il veut faire adopter, le gouvernement doit montrer qu’il a une majorité venant de ses propres rangs, du parti lui-même ou de la coalition, ce qui est le cas si nous tenons compte de l’ANEL, le parti des Grecs indépendants. Et, en fait, le gouvernement a perdu le contrôle de sa propre majorité.

Bien que ce ne soit pas obligatoire, il est de coutume dans l’histoire constitutionnelle grecque que lorsqu’un gouvernement perd sa majorité, c’est le fameux “dedilomeni” comme on l’appelle (majorité déclarée), il faut organiser de nouvelles élections. C’est pourquoi les discussions sur de nouvelles élections ont immédiatement débuté. Les nouvelles élections ont déjà été annoncées, la question maintenant est juste de savoir quand elles auront lieu.

Donc, nous constatons que cette ligne, avec laquelle je suis personnellement en désaccord, je fais partie de ceux qui privilégiaient un vote homogène “Non” ou “Présent”, a échoué car avec sept députés de la Plateforme qui ont voté “Présent” tout comme plusieurs députés de Syriza (Notamment Zoe Konstantopoulou, le président du Parlement, et Rachel Makri, une ex-députée ANEL qui est très proche de nous à présent), le gouvernement avait déjà perdu sa majorité.

Cependant, l’essentiel est là : tous les députés de la Plateforme de Gauche rejetteront le nouveau mémorandum au prochain vote, cela a déjà été annoncé. A ceci je dois ajouter que les deux députés de la Plateforme qui ne sont pas membres du courant de gauche mais proches du réseau rouge (DEA et les autres), la composante trotskiste de la Plateforme, ont voté “Non” et ils furent les deux seuls députés de Syriza à voter “Non” au nouvel accord.

Donc ce que vous êtes en train de dire c’est que la Plateforme de Gauche a adopté cette position compliquée, du moins compliquée vue de l’extérieur des salles de l’Assemblée nationale, parce qu’elle a sous-estimé le degré d’impopularité que la proposition de Tsipras allait avoir ? Elle a sous-estimé à quel point les gens extérieurs aux rangs de la Plateforme monteraient au créneau et s’y opposeraient ?

Ils se prenaient en quelque sorte pour “le dernier des Mohicans”. Ils pensaient que s’ils votaient “Non”, ils entraîneraient la chute du gouvernement et provoqueraient de nouvelles élections – même s’il y avait en fait une crise plus large qui touchait, par exemple, le Président du Parlement, et ils n’ont pas intégré cela dans leurs calculs ? Qu’ils étaient portés par un sens de la légitimité ?

Je dirais qu’il s’agissait en effet essentiellement de légitimisme, il s’agissait de montrer que leur intention n’était pas de renverser le gouvernement mais d’exprimer leur désaccord, d’envoyer un avertissement sur le fait qu’il s’apprêtait à franchir la dernière ligne rouge. Il s’agissait donc de dénoncer l’illégitimité du revirement de Tsipras sans toutefois, à ce stade, opter pour une rupture claire et nette avec celui-ci.

Je dois ajouter que les deux plus importants ministres et personnalités de la Plateforme, Lafazanis lui-même et le ministre adjoint aux affaires sociales, Dimitris Stratoulis [qui a perdu son poste au gouvernement le 17 juillet, NdT] ont voté “Non” pour mettre les choses au clair. Lafazanis a également fait une déclaration précisant qu’il s’agissait de la position de la Plateforme, et qu’ils n’essayaient pas pour autant de renverser le gouvernement.

Mais pensez vous que les couches fraîchement radicalisées de la classe laborieuse grecque qui venait de remporter le référendum ont compris ce qui était en train de se passer ?

Ils ont bien compris que le gouvernement avait perdu le contrôle de sa propre majorité. Les médias ont fait le travail pour nous, en se focalisant sur Lafazanis, en rapportant qui avait voté “non”, “présent”, “absent”, etc. Je dois également ajouter que parmi les absents il y avait les quatre députés du courant maoïste (KOE) ainsi que Yanis Varoufakis lui-même, alors censé avoir des “obligations familiales”. Donc les médias ont travaillé pour nous, et chacun s’est rendu compte qu’il y avait une rupture au sein du groupe parlementaire de Syriza.

Immédiatement, les éléments les plus à droite de Syriza ont exigé que ceux qui étaient en désaccord d’une manière ou d’une autre démissionnent immédiatement de leurs mandats, y compris de leurs sièges parlementaires. Donc il est clairement apparu que Syriza était partagé, même si évidemment leur tactique restait obscure.

Le vote le plus crucial et le plus symbolique va avoir lieu maintenant. Le vote de la semaine dernière était un vote sur les propositions pour la négociation. Le prochain vote, celui qui déterminera l’avenir de Syriza et du pays, sera un vote sur l’accord signé dimanche. Et selon les informations que j’ai le vote sera absolument clair, et il se fera dans la mémoire populaire un véritable parallèle avec les fameux votes de mai 2010 et février 2012, quand tout le monde observait chaque individu, chaque député, pour voir comment ils allaient voter à cette occasion.

Que pensez-vous de l’argument avancé par des personnes comme Alex Callinicos, avec qui vous avez débattu il y a quelques jours, qui est qu’à ce moment la Plateforme de Gauche bénéficiait de la légitimité octroyée par le référendum et qu’elle a d’une manière ou d’une autre gâché cette opportunité ?

Je pense qu’il est trop tôt pour dire si nous l’avons gâchée ou non. Les choses ne se décident pas en un seul instant, pas à ce moment-là du moins. C’est un processus en train de se dérouler, et je pense que le vrai choc dans la société au sens large va venir avec le nouvel accord qui a été signé.

A ce stade, tout ce que je peux dire est que la Plateforme de Gauche a décidé de reprendre en main le parti et de demander que se tienne un congrès du parti. Je pense qu’il est clair que ce virage à cent quatre-vingts degrés de Syriza n’est soutenu que par une minorité des membres du parti.

Bien sûr, nous savons tous que les manipulations bureaucratiques des procédures partisanes sont sans fin et démontrent une capacité d’innovation infinie. Cependant, il est très dur pour moi de voir comment la majorité des membres de Syriza a pu approuver ce qui a été fait. La direction principalement résistera férocement à l’appel d’un congrès. Nous verrons ce qui se produira, car les statuts nous permettent d’appeler à une réunion du comité central etc.

Mais, objectivement, le processus menant à la désintégration de Syriza a déjà commencé. Syriza tel que nous le connaissions est mort et des scissions sont absolument inévitables. La seule question qui se pose, c’est de savoir comment elles se produiront et quelles formes elles prendront.

Cependant il est également probable que la majorité gouvernementale soit drastiquement redessinée, pour se rapprocher d’une forme de gouvernement d’”union nationale” ou de “grande coalition”. L’entière logique de la situation indique cette direction.

Les quatre ministres de la Plateforme de Gauche quitteront le gouvernement cette semaine et le vote de demain au parlement sur l’accord démontrera l’existence d’une nouvelle majorité favorable à l’austérité, regroupant la plupart des députés de Syriza et tous les autres partis, à l’exception du KKE [parti communiste, NdT] et des Nazis. On s’attend à ce qu’au moins quarante députés de Syriza votent contre l’accord et ils pourraient être suivis d’un certain nombre de Grecs Indépendants. D’ores et déjà le leader de To Potami se conduit comme un futur ministre et la Droite débat assez ouvertement de la possibilité de se joindre au gouvernement, bien qu’aucune décision à ce sujet n’ait encore été prise.

Mais ce que vous décrivez c’est une Plateforme de Gauche agissant comme un bloc discipliné. Suggérez-vous qu’elle n’est pas fragmentée, que le vote n’était pas une manifestation de cela mais une manœuvre tactique ?

Il y a eu des défections individuelles, mais elles sont restées plutôt limitées, et nous avons réussi à préserver la cohérence de la Plateforme de Gauche. Clairement, je pense que ne pas avoir présenté notre plan alternatif avant était une erreur, mais un document a été soumis au groupe parlementaire durant la réunion plénière, et ce document a été adopté comme déclaration commune de la Plateforme de Gauche, par les deux composantes : le Courant de Gauche et le Réseau Rouge [Les deux courants internes de la Plateforme de Gauche, NdT]. Il est absolument crucial de maintenir la cohérence entre ces deux composantes. Mais il est encore plus crucial, en réalité, pour la gauche de Syriza d’agir de manière coordonnée.

Il y a toutes sortes d’initiatives lancées en dehors des rangs de la Plateforme de Gauche pour réagir à ce qui est en train de se passer. Nous savons déjà que la tendance que l’on a appelée les Cinquante-trois (l’aile gauche du parti) s’est désintégrée, et il va y avoir des réalignements majeurs de ce côté. La clef est pour nous d’agir comme les représentants légitimes du camp du “Non”, le camp opposé à l’austérité, qui est celui de la majorité de la société grecque et qui a objectivement été trahi dans ce qui est arrivé.

Et, constitutionnellement, est-ce que la direction est en position de purger le parti ?

Elle est certainement en position de purger le gouvernement, et c’est une bonne chose. Bien sûr, cela veut dire que les ministres de la Plateforme de Gauche vont bientôt être expulsés du gouvernement. En ce qui concerne le parti, nous verrons.

Mais existe-t-il des mécanismes qu’ils pourraient utiliser ?

Il est très difficile d’exclure quelqu’un du parti, mais nous attendons de voir comment ils manipulent les procédures au niveau du comité central.

Et on peut forcer quelqu’un à se démettre de son mandat, ou pas ?

Non, c’est complètement impossible. Les candidats de Syriza qui ont été élus députés ont adopté une sorte de charte, qui dit qu’ils doivent démissionner s’ils sont en désaccord avec les décisions de la majorité. Mais les décisions du gouvernement n’ont pas été approuvées par une instance du parti. Le comité central du parti, qui est son seul organe élu par le congrès, ne s’est pas réuni depuis des mois. Donc la légitimité de ces décisions à l’intérieur du parti, et bien sûr dans la société grecque, est tout simplement inexistante.

Mais, s’il y a de nouvelles élections, la direction du parti peut-elle exclure des gens ?

C’est clairement leur plan. Un tel scénario était même déjà discuté avant le référendum, au cours de la dernière phase du processus de négociation, lorsque l’impasse devenait de plus en plus évidente – des gens disaient alors que Tsipras devait convoquer de nouvelles élections et, entre les élections, exclure tous les candidats de la gauche de Syriza. Et je pense que c’est certainement le type de plan qu’ils ont en tête. Ce sera donc une lutte entre le fonctionnement et la légitimité du parti et les possibilités de manipulation du programme et du calendrier politiques, en particulier par la convocation de nouvelles élections.

Comment voyez-vous l’accord signé le week-end dernier entre le gouvernement grec et l’Euro-groupe ?

L’accord est, à tous les niveaux, dans la droite ligne de la thérapie du choc appliquée avec constance à la Grèce au cours des cinq dernières années. Il va même encore plus loin que tout ce sur quoi des votes ont eu lieu jusqu’à présent. Il inclut le plan d’austérité budgétaire qui a été systématiquement mis en avant par la troïka depuis des mois, comprenant des objectifs d’excédents primaires élevés, une augmentation des recettes par le biais de la TVA et de toutes les taxes exceptionnelles qui ont été créées ces dernières années, de nouvelles baisses des retraites, mais également des salaires du secteur public puisque la réforme sur l’échelle des salaires comprendra certainement des baisses de rémunération.

Il y aura aussi des changements institutionnels importants : le fisc deviendra complètement indépendant de la politique intérieure, devenant en fait un outil dans les mains de la troïka, et un nouveau conseil « indépendant » sera créé, pour contrôler la politique fiscale. Il sera habilité à introduire automatiquement des coupes budgétaires si les objectifs d’excédent primaire ne sont pas atteints.

Les éléments qui ont été ajoutés, et qui donnent une teinte particulièrement féroce à cet accord, sont les suivants : premièrement, il est clairement confirmé que la présence du FMI en Grèce est bien établie. Deuxièmement, les institutions de la troïka seront présentes de manière permanente à Athènes. Troisièmement, Syriza se voit interdire de mettre en œuvre deux de ses engagements majeurs, le rétablissement de la législation du travail – il y a eu quelques vagues références au code de bonnes pratiques européen, mais il était explicite que le gouvernement ne pourrait pas revenir à la législation d’avant – ainsi que, bien sûr, l’augmentation du salaire minimum.

Le programme de privatisations est porté à un niveau incroyable – il s’agit de 50 milliards d’euros de privatisations -, ce qui signifie qu’absolument tous les biens publics seront vendus. Non seulement cela, mais ils seront, dans leur totalité, transférés à une institution complètement indépendante de la Grèce. Il était question qu’elle soit basée au Luxembourg. Elle sera en fait basée à Athènes, mais elle sera entièrement soustraite à toute forme de contrôle politique. C’est typiquement ce qui s’est passé sous le régime de la Treuhand, qui a privatisé tous les biens de la RDA.

Et parmi toutes ces mesures, la plus forte est qu’à l’exception du projet de loi sur les mesures humanitaires – dont la portée est très réduite par rapport au programme de Syriza, c’est avant tout un geste symbolique -, le gouvernement devra abroger l’ensemble des quelques mesures de politique sociale et économique qu’il avait fait passer.

Et qu’en est-il de tous ces problèmes que les libéraux et les sociaux-démocrates utilisent pour donner des arguments politiquement corrects en faveur de l’austérité, à savoir le budget de la Défense et l’Église orthodoxe ?

Il n’y a rien à signaler du côté de l’Église. Une réduction importante du budget de la Défense est en effet proposée, et quelques vagues discussions ont eu lieu concernant la possibilité de rendre le paiement de la dette plus viable, tout en rejetant explicitement tout effacement ou annulation véritable de la dette.

Cela ne changera presque rien, puisque les intérêts de la dette grecque sont déjà plutôt bas, et les paiements annuels sont extrêmement étalés dans le temps ; il y a donc très peu à faire de ce côté-là pour alléger la charge de la dette. Et il ne faut pas oublier que l’accord est juste une première étape avant le mémorandum qui accompagnera un nouveau prêt de 86 milliards, qui bien sûr entraînera une nouvelle augmentation de la dette.

La clause, vague, concernant un réexamen des termes du paiement de la dette est donc un coup avant tout rhétorique qui permet simplement à Tsipras de dire qu’ils ont maintenant reconnu la nécessité de s’occuper du problème de la dette. C’est de la pure rhétorique, des paroles vides de sens.

Pensez-vous que c’était une erreur de la part du gouvernement et de la Gauche de ne pas en avoir fait plus concernant l’Église orthodoxe, l’armée, et le budget de la Défense, donnant par là même des arguments à l’autre camp ?

Honnêtement, la priorité n’est pas là. La dette grecque est essentiellement due au contexte économique général dans le pays d’une croissance insoutenable alimentée, pendant les années qui ont précédé, par des emprunts, et est due au fait que l’état grec n’a pas correctement taxé le capital et les classes moyennes et supérieures. Ceci est le cœur du problème. Ce n’est pas le mythe à propos de l’Église.

C’est difficile : taxer l’Église n’est pas quelque chose qui peut être fait du jour au lendemain, car les actifs en possession de l’Église sont extrêmement divers. La plupart d’entre eux sont sous forme d’entreprises, ou de revenus qu’elle retire de ses terrains, ou de biens immobiliers. Il y a donc un mythe à ce propos, alors qu’en fait, si l’on taxait correctement ce genre de revenus et de possessions, on taxerait aussi l’Église elle-même.

Cette idée comme quoi le gouvernement avait trop peur du coût politique d’adopter une ligne dure vis-à-vis de l’Église, que ce soit par rapport à l’ANEL [Grecs indépendants, NdT], ou plus généralement au sein du pays, ne tient donc pas ?

Il y a beaucoup de points sur lesquels on peut critiquer ce gouvernement, mais, honnêtement, penser qu’ils essaieraient de se décharger de leurs responsabilités sur l’ANEL, ça n’a pas de sens.

Je dirais même que les actions les plus choquantes dans le domaine de la défense et de la politique étrangère – par exemple, le maintien de l’accord militaire avec Israël, les exercices menés en Méditerranée avec les Israéliens – toutes ces décisions ont été prises par des personnes clefs de Syriza, comme Dragasakis. C’est assez révélateur que ce soit lui qui représentait le gouvernement grec lors de la réception organisée par l’ambassade d’Israël pour célébrer les vingt-cinq ans de la normalisation des relations diplomatiques entre la Grèce et Israël.

Et qu’en est-il de l’autre interprétation que l’on peut avoir de tout ça ? L’idée qui veut que Tsipras a remis du politique dans ces discussions techniques, qu’il a exposé l’autre camp pour ce qu’ils sont réellement : maintenant, dans l’opinion publique, Merkel et les autres sont présentés pour ce qu’ils sont vraiment, des monstres, etc.

Sans qu’il l’ait voulu, je pense que c’est le cas. Un camarade m’a envoyé un message disant qu’il est vrai que le gouvernement de Syriza a réussi à ce que l’UE soit bien plus haïe par le peuple grec que tout ce à quoi étaient parvenus Antarsya [Front de la Gauche Anticapitaliste Grecque, NdT] ou le KKE [Parti Communiste Grec, NdT] en vingt ans de rhétorique anti-UE !

Parlons à présent de ce qui va suivre. Il y aura cette semaine un vote sur le nouveau plan d’austérité, où vous êtes convaincu que la Plateforme de Gauche votera contre, un congrès d’urgence du parti pour essayer de regagner la majorité avec, potentiellement, des divisions et des expulsions. Et ensuite ? Une reconstruction de la Gauche avec des éléments d’Antarsya ?

Il est très tôt pour discuter de telles perspectives d’avenir.

Mais les relations entre la Plateforme de Gauche et Antarsya se sont-elles améliorées ?

Je pense que ce qui a été important est le fait que la plupart des sections d’Antarsya ont vraiment mené la bataille du référendum avec beaucoup d’entrain, et, dans de nombreux endroits, il y avait des comités locaux impliquant toutes les forces du Non, c’est-à-dire, en fait, Syriza et ces sections d’Antarsya. Je pense qu’il y a donc une possibilité politique qu’il faut examiner.

Cependant, je ne suis pas si optimiste concernant Antarsya parce que je crois que le ciment qui maintient ensemble cette coalition est toujours le gauchisme traditionnel. On peut d’ores et déjà voir que ce qu’ils disent de cette défaite est qu’ils ont été disculpés, que c’est l’échec de tous les réformismes de gauche, et que ce qu’il nous faut est un parti authentiquement révolutionnaire, et que, bien sûr, ils sont l’avant-garde qui constitue le cœur de ce parti et ils vont continuer comme cela. Je pense donc qu’il y aura quelques recompositions, mais je m’attends à ce qu’elles soient d’ampleur limitée.

Et, éventuellement, des mouvements sociaux aujourd’hui, avec des rumeurs de grève générale dans le secteur public ?

C’est le facteur le plus décisif pour l’instant inconnu. Quelle est la situation globale désormais ? Nous avons un nouveau mémorandum et nous avons une reconfiguration de la majorité parlementaire qui est derrière ce mémorandum. Il sera symboliquement validé par le vote à venir, où nous verrons la plupart des parlementaires de Syriza voter ensemble à nouveau avec les partis pro-austérité pour un nouveau mémorandum, et à nouveau, nous avons un écart entre la représentation politique de ce pays et le peuple. Cette contradiction nécessite donc d’être résolue.

Le champ est maintenant clairement ouvert pour les Nazis. Ils vont certainement tenter d’en faire le meilleur usage possible. Ils ont déjà voté contre la proposition grecque, ils voteront certainement contre le mémorandum, ils le traiteront certainement de nouvelle trahison. La grande question est de savoir quel sera le niveau de la mobilisation sociale contre le tsunami de mesures qui vont tomber sur les épaules des travailleurs et bien sûr l’urgence absolue de reconstituer une gauche combattant l’austérité. C’est bien sûr le défi principal.

Nous savons que nous avons quelques éléments pour reconstruire la Gauche, que les lourdes responsabilités reposent sur les épaules de la gauche de Syriza, au sens large. Plus précisément, une responsabilité encore plus lourde repose sur les épaules de la Plateforme de Gauche, car c’est la partie la plus structurée, cohérente et lucide politiquement de ce bord. Ce sera donc le test des mois à venir.

Prenons un peu de recul pour observer le processus dans son ensemble, et la première interview que vous avez donnée à Jacobin : premièrement sur la vaste question de la Plateforme de Gauche qui travaille simultanément avec le gouvernement et au sein des mouvements sociaux, quel est votre bilan sur ce point ?

Tout d’abord, commençons par la situation générale. Ce que j’ai dit dans l’interview était qu’il n’y avait que deux possibilités pour la situation grecque, la confrontation ou la capitulation. Nous avons eu la capitulation, mais il y a aussi eu des moments de confrontation qui ont été très mal gérés par le gouvernement. Cela a été le réel test.

A l’évidence, la stratégie du « bon euro » et de « l’européisme de gauche » s’est effondrée, et de nombreuses personnes le réalisent désormais. Le processus du référendum l’a fait apparaître très clairement, et le test est parvenu à ses extrêmes limites. La leçon a été dure, mais nécessaire.

La seconde hypothèse que j’ai émise à l’époque était que l’on a besoin de succès politiques, y compris au niveau électoral, pour déclencher de nouveaux cycles de mobilisation. Je pense que cela s’est révélé vrai également, à deux moments cruciaux.

Le premier a correspondu aux trois premières semaines après l’élection, lorsque l’état d’esprit était très combatif, les gens étaient prêts à la confrontation et pleins d’entrain. Il s’est terminé avec l’accord du 20 février. Et, à partir de ce moment, il y a eu un relâchement vers un climat de passivité, d’anxiété et d’incertitude sur ce qui se passait. Le second a été le référendum, évidemment. Nous avons alors pu voir la manière dont une initiative politique qui amène une séquence de confrontation libère des forces, et agit comme catalyseur d’un processus de radicalisation dans l’ensemble de la société. C’est un enseignement que nous devons également en tirer.

Abordons maintenant la relation entre les mouvements sociaux et la Plateforme de Gauche. Eh bien, au vu des piètres résultats enregistrés par le gouvernement, on peut dire qu’il n’y a pas eu d’initiatives gouvernementales particulières qui auraient pu donner des raisons à la population de se mobiliser. Ces mesures n’ont en fait jamais été prises. Cette hypothèse, du moins à ce niveau, n’a donc jamais été testée. Et ce qui nous attend est quelque chose de beaucoup plus familier : une mobilisation contre la politique d’un gouvernement converti à l’austérité extrême.

D’une manière plus générale, Syriza n’a presque rien mis en œuvre de son programme électoral. Ce que les ministres de la Plateforme de Gauche ont pu faire de mieux a été de bloquer un certain nombre de processus, en particulier la privatisation du secteur de l’énergie qui avait été initiée précédemment. Ils ont gagné un peu de temps, mais c’est tout. Ce que l’on a aussi clairement vu dans cette période, c’est que le gouvernement, les dirigeants, sont devenus totalement autonomes vis-à-vis du parti. Ce processus avait déjà commencé – nous en avions parlé lors de notre dernière conversation – mais cela a maintenant atteint une sorte de point culminant.

Cela a également été accentué par le fait que tout ce processus de négociation a déclenché la passivité et l’anxiété parmi la population et les secteurs les plus combatifs de la société, les menant à l’épuisement. Avant le référendum, l’état d’esprit était clairement : « Nous ne pouvons plus accepter cette sorte de torture, à un moment, cela doit cesser. »

C’est quelque chose que personnellement je n’avais pas prévu. Je pensais que le rythme serait plus rapide. Je n’avais pas prévu que ce processus d’enfermement et de blocage durerait si longtemps, et limiterait autant notre capacité d’initiative.

C’est bien sûr le moment pour une inévitable autocritique, qui ne fait que débuter. Clairement, la Plateforme de Gauche aurait pu faire plus durant cette période pour mettre en avant des propositions alternatives. L’erreur est même très claire parce que le document alternatif existait, il y avait simplement une hésitation en interne au sujet du moment approprié pour le sortir.

Nous avons été neutralisés et submergés par la séquence sans fin de négociations et de moments difficiles et ce fut seulement quand il était déjà trop tard, lors de la réunion plénière du groupe parlementaire, qu’une version allégée de cette proposition a finalement été rendue publique et a commencé à circuler. Clairement, c’est une chose que nous aurions dû faire plus tôt.

Et que faites-vous des attaques sur les déclarations de Costas Lapavitsas [Économiste et député de Syriza, NdT] affirmant que la Grèce n’est pas prête pour un Grexit et qu’il n’y a dans un sens aucune issue ? Un des problèmes avec cette formulation c’est que, bien que cela soit vrai dans les faits – il n’y a pas eu de préparations pour un Grexit -, cela ne fait que renforcer cette opinion parce que les personnes qui veulent un Grexit ne seront jamais en mesure de le préparer.

Je pense que la déclaration de Costas a été mal interprétée. Tout d’abord, Costas est l’une des cinq personnes qui ont signé le document apporté par la Plateforme de Gauche et qui dit clairement qu’une alternative est possible même maintenant, immédiatement.

Ce sur quoi Costas voulait insister dans sa déclaration, derrière les portes de la salle du Parlement, est la chose suivante : que le Grexit doit être préparé concrètement et qu’il y a eu une décision politique de ne rien préparer du tout et ainsi d’empêcher matériellement toute possibilité de solution alternative d’émerger au moment le plus critique.

La stratégie systématiquement mise en avant par le gouvernement a été celle du type « brûler ses vaisseaux ». Et je pense que c’était plus particulièrement l’obsession de Giannis Dragasakis [Vice premier ministre, NdT]. Il a fait en sorte de rendre impossible toute prise de contrôle publique des banques. Il est en fait l’homme de confiance des banquiers et des grands groupes et il s’est assuré depuis la prise de pouvoir de Syriza que le cœur du système reste inchangé.

Et vous confirmez que des documents préparatifs à un Grexit ont été initialement mis sur la table et rejetés ?

Très vaguement. Dans les réunions gouvernementales restreintes, de ce que l’on appelle le Conseil gouvernemental, auxquelles ne prennent part que les dix ministres principaux, Varoufakis avait évoqué la nécessité au printemps d’envisager le Grexit comme une issue possible et de s’y préparer. Je crois qu’il y a eu quelques travaux sur une monnaie parallèle, mais tout cela est resté assez vague et mal préparé.

Maintenant, comme je l’ai déjà dit, dans son entretien avec le New Statesman, Varoufakis fait une présentation des évènements selon laquelle il a préparé un plan alternatif pendant la mise en place du référendum. Mais c’est également un aveu que tout cela est venu bien trop tard.

Que diriez-vous aujourd’hui – les questions du rythme et de la démoralisation mises à part – que vous n’aviez pas, ou seulement partiellement compris au début de ce processus, et que vous comprenez mieux maintenant ?

Je me suis repassé le film dans la tête un nombre incalculable de fois toutes ces années pour tenter de comprendre les moments de bifurcation. Et pour moi le moment décisif a été la période qui a suivi le pic des mobilisations populaires de l’automne 2011 et précédé la séquence électorale du printemps 2012.

Comme vous le savez sans doute, j’étais très impliqué avec Costas Lapavitsas et d’autres camarades, la Direction de la Plateforme de Gauche incluse, dans des initiatives pour constituer un projet commun de toute la Gauche anti-européiste.

Les discussions étaient relativement avancées, il y a même eu un document rédigé par Panagiotis Lafazanis [Ex-ministre du redressement productif depuis le 18 juillet, NdT] amendé par d’autres participants à ces discussions. L’idée était d’ouvrir un espace commun de discussions et d’actions entre la Plateforme de Gauche de Syriza, certains courants d’Antarsya et d’autres composantes du mouvement politique et social.

Cette initiative n’a jamais abouti parce qu’elle a été catégoriquement rejetée au stade final par la Direction de la principale composante d’Antarsya, NAR (Le Courant de la Nouvelle Gauche), ce qui a mis au jour leur incapacité à comprendre la dynamique de la situation et le besoin de changer d’une certaine manière la configuration des forces et le mode d’intervention de la Gauche.

Une fois cette possibilité abandonnée, la seule qui restait est celle qui s’est finalement produite. Les composantes de la Gauche radicale ont été mises au pied du mur et d’une certaine façon Syriza a été la seule d’entre elles à être capable de mettre cette dynamique à profit et de donner une expression politique au besoin d’alternative.

On pourrait dire après coup que certaines composantes de la Gauche grecque moins liées aux politiques de parti auraient pu prendre une initiative du type Podemos, ou peut-être de façon plus réaliste une initiative comme celle du CUP [Candidatura d'Unitat Popular, un mouvement indépendantiste catalan de la gauche radicale, NdT] avec, pourquoi pas, des composantes de l’extrême-gauche, mais plutôt celles du type « mouvementiste » [Mouvement des sans-terre, NdT].

Mais, une fois encore, aucune de ces composantes n’était prête à faire ça. Chacune était trop liée aux limitations des structures existantes et la seule tentative de redistribuer les cartes a échoué, dans le cas présent à cause du poids trop important du gauchisme traditionnel.

Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Oui, je voudrais ajouter une réflexion plus générale sur la signification de se voir conforté dans ses positions ou battu dans un combat politique. Je pense que pour un marxiste ce qui est nécessaire est une sorte de compréhension historique de ces termes. D’un côté, vous pouvez dire que ce que vous dites est valide puisque les évènements vous ont donné raison.

C’est l’éternelle approche du « je te l’avais bien dit ». Mais, si vous n’êtes pas en mesure de donner corps à votre positionnement, politiquement vous êtes battus. Parce que si vous êtes impuissant et que vous démontrez que vous êtes incapable de passer d’une position théorique à sa mise en pratique, alors politiquement vous n’avez pas obtenu gain de cause. C’est une première chose.

La seconde chose c’est que tout le monde n’a pas été battu de la même façon et au même degré. Je veux le souligner. Je pense qu’il était absolument crucial que cette bataille à l’intérieur du mouvement Syriza ait lieu.

Laissez-moi être clair à ce sujet. Quelle était l’autre option ? Une fois passé le test de ce moment décisif, le KKE et Antarsya ont montré tous les deux, de manière bien sûr très différente dans chaque parti, combien ils étaient hors sujet. Pour nous, la seule alternative aurait été de rompre plus tôt avec la Direction de Syriza. Cependant, étant donné la dynamique de la situation après la bifurcation décisive entre la fin 2011 et le printemps 2012, cela nous aurait immédiatement marginalisés.

Le seul résultat concret que je peux voir serait d’ajouter quelques groupes supplémentaires à la dizaine ou douzaine de groupes composant Antarsya, Antarsya passant alors de 0,7% à 1%. Cela voudrait dire que Syriza aurait été offert sur un plateau à Tsipras et la majorité, ou tout au moins aux forces situées en dehors de la Plateforme de Gauche.

Aujourd’hui dans la société grecque, il est clair que la seule opposition visible à l’action du gouvernement est, à gauche, le KKE. C’est indéniable mais ils sont complètement hors sujet politiquement. Nous n’avons pas parlé du rôle du KKE durant le référendum, mais c’était une caricature absolue de leur propre inconséquence. En fait, ils avaient appelé à torpiller le vote. Pour cela, ils avaient demandé aux électeurs d’utiliser les bulletins qu’ils avaient fait eux-mêmes, avec un « double Non » écrit dessus (Non à l’Union européenne et Non au gouvernement). Ces bulletins n’étaient bien entendu pas valables et l’opération a été un fiasco. Les dirigeants du Parti n’ont pas été suivis par leurs propres électeurs car seulement 1% des votants, peut-être même moins, ont finalement utilisé ces bulletins.

En dehors du KKE, il y a la Plateforme de Gauche. Les Grecs savent parfaitement, et les médias le répètent constamment, que Lafazanis et la Plateforme sont la principale épine dans le pied de Tsipras. On peut y ajouter Zoe Kostantopoulou. Je pense que c’est ce que nous avons gagné de cette situation. Nous avons une base pour débuter un nouveau cycle, une force qui a été à l’avant-garde de ce combat politique et qui a acquis une expérience sans précédent.

Tout le monde comprend que si nous ne parvenons pas à être à la hauteur du défi, la Gauche ne sera plus qu’un champ de ruines après ça.

Partant de cette perspective, qui est celle de la reconstruction de la Gauche anticapitaliste, sans prétendre que nous sommes la seule et unique force qui jouera un rôle, nous savons à quel point les enjeux sont immenses, ce qui nous donne une très grande responsabilité dans ce que nous allons faire maintenant.

Merci à Nantina Vgontzas pour les suggestions de questions.

Source : Jacobin, le 14/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

Source: http://www.les-crises.fr/grece-la-lutte-continue-par-sebastian-budgen-stathis-kouvelakis/


Pourquoi j’ai voté oui ce soir, par Yanis Varoufakis

Friday 31 July 2015 at 00:19

 

Dans la résolution de l’Eurogroupe du 20 février, nous étions arrivés à ce que le Mémorandum (MoU) ne soit mentionné nulle part.

En lieu et place du mémorandum, il y avait, comme préalables à l’évaluation réussie, la référence à une liste comportant nos réformes qui devaient être soumises trois jours plus tard et être immédiatement approuvées par les institutions.

En effet, notre liste, portant ma signature, a été déposée le 23 février. Dans le weekend entre le 20 et le 23 février, nous avons fiévreusement travaillé et nous étions, bien entendu, constamment en contact avec les représentants des institutions afin d’éviter tout blocage le lendemain, le 24 février, lors de la téléconférence au cours de laquelle l’Eurogroupe approuverait notre liste, sur proposition des institutions.

La liste finale que j’ai transmise aux institutions tard dans la nuit du 23 février (voir en anglais ici) contenait nos priorités (par exemple, lutte contre la crise humanitaire, retour des négociations collectives, changement de philosophie quant à l’exploitation des avoirs publics, pas de coupes dans les pensions auxiliaires, etc.) ainsi que certaines de leurs exigences.

Leurs exigences, concernant lesquelles j’avais plaidé en faveur de leur acceptation en échange de celle de nos priorités, incluaient les deux mesures que le Parlement est appelé à adopter ce soir[ndlr : le mercredi 22 juillet] : (a) Amendements du Code de procédure civile (CPC) et (b) Transposition de la directive 2014/59 de l’UE concernant « l’assainissement » des banques et des établissements de crédit (BRRD).

Je savais déjà que les amendements au Code de procédure civile regorgeaient de dangers concernant les droits humains des parties les plus faibles en cas de faillite d’entreprises ou de ménages. Par ailleurs, la meilleure des choses que l’on pourrait dire concernant la directive sur « l’assainissement » des banques était que, au fond, il s’agissait d’un grand coup d’épée dans l’eau (puisqu’elle garantissait au niveau juridique les dépôts garantis sans pour autant garantir le financement du fonds qui devait les… garantir). Toutefois, j’ai estimé que s’il s’agissait, dans le cadre d’un accord honnête, de préserver nos lignes rouges importantes (par exemple, des excédents primaires ne dépassant pas 1% ou, tout au plus, 1,5%, les pensions, les droits sociaux, une TVA faible), le Code de procédure civile et la directive BRRD ne représentaient pas de concessions majeures. C’est pourquoi j’avais inclus ces deux préalables dans notre liste.

Aujourd’hui, bien entendu, les choses sont totalement différentes.

Aujourd’hui, il n’existe plus de liste à nous concernant les réformes dans le cadre d’un accord honnête.

Aujourd’hui, il y a une liste dictée dans sa totalité par la troïka.

Aujourd’hui, nous sommes face aux récents échos d’un coup d’état humiliant au lieu d’un accord honnête.

En février, nous avons accordé le Code de procédure civile et la directive BRRD pour recevoir en retour des choses importantes. À présent, nous accordons le CPC et la BRRD pour « recevoir en retour » des mesures encore plus délétères, dans l’espace de quelques semaines.

En outre, dans le texte que j’avais transmis aux institutions en février, je m’engageais quant à « un nouveau Code de procédure civile » (to a new Civil Code) et non pas, bien entendu, quant au CPC qu’elles nous dicteraient. Cela ne m’aurait jamais traversé l’esprit que notre gouvernement accepterait la procédure d’urgence, refusant (sous les dictats de la troïka) que tous les amendements, abolissant ainsi, dans les faits, le Parlement( * ).

Mercredi dernier, je n’avais d’autre choix qu’un NON tonitruant. C’était mon propre « OXI » qui est venu s’ajouter au 61,5% de nos concitoyens à une capitulation fondée sur la logique de l’inexistence d’alternative (la fameuse « TINA » – there is no alternative), logique que je rejette depuis trente-cinq ans aux quatre continents où j’ai vécu. Aujourd’hui, ce soir, les deux mesures que j’avais moi-même proposées en février, arrivent au Parlement d’une manière que je n’aurais pas pu imaginer alors et qui ne nous fait pas honneur, en tant que gouvernement Syriza.

Mais, comme j’avais expliqué dans mon récent article au « Journal des Rédacteurs », intitulé Pourquoi j’ai voté ‘Non’, mon objectif est, en dépit de mon désaccord fondamental concernant nos manœuvres d’après le Référendum, de préserver l’unité de Syriza, de soutenir Alexis Tsipras et de soutenir Euclide Tsakalotos. Ainsi, aujourd’hui, je vote OUI à deux mesures que j’avais moi-même proposées bien que, dans des conditions et sous des termes radicalement différents.

Je suis malheureusement certain que mon vote n’aidera pas le gouvernement dans notre objectif commun. Et, ce, parce que l’accord de l’Euro Summit, dont font partie les deux mesures de ce soir, est conçu pour échouer. Néanmoins, je donne ce vote à mes camarades dans l’espoir qu’ils gagnent du temps de sorte que, ensemble, unis, nous planifions la nouvelle résistance au totalitarisme, à la misanthropie et à l’accélération et l’approfondissement de la crise fomentés.


* Ce matin, lors de la réunion de la Commission des affaires financières du Parlement à laquelle je participais, j’ai constaté que pas un seul parlementaire n’était d’accord avec le nouveau Code de procédure civile, ministre de la justice inclus. Il s’agissait d’un triste spectacle.

Source : thepressproject.gr

« VAROUFAKIS POURRAIT ÊTRE LE PROCHAIN PREMIER MINISTRE DE LA GRÈCE, IL FAUT DONC L’ANÉANTIR MAINTENANT »

Par Pitsirikos

En examinant la trajectoire du gouvernement de Tsipras après le référendum, je remarque qu’il n’a plus aucun éclat. Que s’est-il passé depuis le référendum ? Le Ministre de l’économie Yanis Varoufakis a démissionné. Et Alexis Tsipras a été obligé de faire un accord pour un Mémorandum. Finalement, tout le gouvernement se résumait à Varoufakis.

Que vous le trouviez sympathique ou pas, il n’était pas possible de ne pas reconnaître son éclat. Et sa connaissance. Son éclat est le produit de sa connaissance.

Que l’on soit d’accord ou pas avec lui, il faut reconnaître que Varoufakis est une étoile.

J’avoue lorsque j’ai appris la démission de Varoufakis, j’ai pensé que c’était un truc décidé entre Tsipras et lui.

Que vouliez-vous que je pense alors que le lendemain du NON qui gagne avec 61,3%, le premier ministre demande la démission de son ministre de l’économie ?

Je me mets à penser alors que Tsipras a fait le référendum en pensant que le OUI gagnerait et qu’il s’est juste fait avoir !

Et là tout est dévoilé. On voit la vérité sans maquillage. Et inexistante.

Ce n’est pas un hasard si Alexis Tsipras a essayé de diminuer la portée des paroles de Varoufakis lors de son interview à la télé (ERT) après l’accord pour le nouveau Mémorandum en disant qu’il est un bon économiste mais pas nécessairement un bon politique.

C’est donc Tsipras qui aurait du déchirer et abolir le Mémorandum et qui a fait un référendum où les citoyens se sont prononcés pour le NON à 61,3% et qui, par la suite, est allé signer l’accord pour le Mémorandum le plus sauvage, qui est un bon politique.

Ce n’est pas un bon politique, c’est un politicien qui s’agenouille.

Bien sûr Yanis Varoufakis a fait un erreur malgré lui :

En cachant, par sa présence, ces incroyables bonshommes aux têtes tristouilles, il a donné aux citoyens l’illusion que ce gouvernement était différent, bien meilleur, que ce qu’il voyait en réalité.

Maintenant, Yanis Varoufakis est l’objet d’attaques violentes de la part des médias des oligarques qui ont pris Tsipras en otage.

Varoufakis est présenté comme un adorateur de la drachme et un traître bien que tout le monde sache que la position de Varoufakis état le maintien dans la zone Euro.

En parallèle, Varoufakis est menacé d’être traîné aux tribunaux pour haute trahison car il a examiné, en tant que ministre de l’économie, un plan alternatif (un plan B).

Evidemment, ces accusations contre Varoufakis ne tiennent pas debout.

Ils essaient de le rendre responsable d’une part pour partager les responsabilités avec les politiciens qui ont conduit le pays à la banqueroute, afin de les blanchir, d’autre part pour faire peur à Tsipras qui sait mieux que quiconque que Varoufakis agissait en complète entente avec lui.

Il existe une troisième raison pour calomnier Varoufakis.

Varoufakis pourrait être le prochain premier ministre de la Grèce. Il en a les qualités. Au quintuple.

De sorte qu’il faut l’anéantir maintenant !

Du fait de l’attaque frontale que reçoit Yanis Varoufakis, nous comprenons qu’il est incontrôlable par les oligarques.

Zoï Kostantopoulou [la présidente du Parlement] reçoit une attaque similaire, de même que tous ceux qui ont voté contre le nouveau Mémorandum et mettent en danger la domination de Alexis Tsipras qui est maintenant dans les mains des oligarques. Il leur faut protéger celui qui est devenu « leur » Tsipras pour qu’ils puissent travailler tranquillement avec lui.

En Grèce il nous est difficile d’accepter que quelqu’un est meilleur ou plus intelligent que nous.

Moi ça ne me pose aucun problème.

Varoufakis est quelques crans au-dessus des autres politiques grecs et de la plupart des grecs.

Pourrons-nous le lui pardonner ?

(Et dire que je suis en désaccord avec la plupart des idées de Yanis Varoufakis).

Source : koutipandoras.gr

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/pourquoi-jai-vote-oui-ce-soir-par-yanis-varoufakis/


Miscellanées du vendredi (Delamarche, Béchade, Poutine)

Friday 31 July 2015 at 00:01

I. Olivier Delamarche

Un grand classique : La minute d’Olivier Delamarche: “On n’enrichit pas le monde en faisant marcher la planche à billets”

Olivier Delamarche VS Jean-François Robin (1/2): Le krach de la bourse chinoise est-il une menace pour les marchés ? – 27/07

Olivier Delamarche VS Jean-François Robin (2/2): Doit-on s’attendre à une remontée des taux américains ? – 27/07

II. Philippe Béchade

La minute de Philippe Béchade : La FED toujours maîtresse du jeu – 22/07

Philippe Béchade VS Régis Bégué: Le marché est-il en train de respirer actuellement ? (1/2) – 22/07

Philippe Béchade VS Régis Bégué: Focus sur les résultats d’entreprises américaines (2/2) – 22/07

Bilan Hebdo: Philippe Béchade et Jean-Louis Cussac – 24/07

II. Poutine

Vladimir Poutine: “L’Europe devrait se montrer plus indépendante des USA”


Petite sélection de dessins drôles – et/ou de pure propagande…

 

Images sous Copyright des auteurs. N’hésitez pas à consulter régulièrement leurs sites, comme les excellents Patrick Chappatte, Ali Dilem, Tartrais, Martin Vidberg, Grémi.

Source: http://www.les-crises.fr/miscellanees-29-07-2015/


Pendant l’été, la propagande russophobe continue

Thursday 30 July 2015 at 04:27

En passant, un petit best of rapide de nos médias…

On commence par un grand classique de l’amitié entre les peuples : Mediapart

Bah oui, effondrement de l’État russe, bien sûr… (Il n’y avait pas cette chanson sur Radio Paris il y a 70 ans, d’ailleurs ?)

Ne payant pas pour lire de la boue, je n’ai pas lu la suite… Mais le début est suffisant…

Amusant “l’autocrate” russe, pour un président légitimement élu et soutenu par une (vaste) majorité de sa population – contrairement à notre motocrate…

Après, je n’ai pas la moindre idée de la véracité de ces accusations. Ce qui est intéressant, c’est :

1/ pourquoi ce matraquage permanent sur le président russe ? Ange ou démon, tous ces sujets regardent les Russes, et eux seuls.

2/ pourquoi on ne parle-t-on jamais de, euh, disons le président chinois ? Vous arrivez à citer son nom, comme ça ? Pourquoi ne le traite t on jamais”d’autocrate”, alors que c’est un dictateur communiste ? Et que règne la corruption dans son pays ? (83 milliardaires au Parlement chinois !) Et je ne parle même pas des autocrates du Qatar ou d’Arabie pour qui on privatise illégalement nos plages…

3/ en parlant de corruption – qui peut prendre plusieurs formes -, pourquoi n’a-t-on jamais d’article sur le fait que les Clinton gagnent 25 millions de dollars par an avec des “conférences” ? (Source : LA Times)

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Sinon, ce fabuleux article de Mediapart est donc coproduit de nouveau avec Correct!V, ce magnifique site (pour les rois du butinage : informations bienvenues) qui bosse avec le fameux BellingCat (il faut que je fasse un billet sur lui), ce “fantastique petit chômeur anglais qui depuis chez lui trouve la vérité grâce à Youtube et Facebook” :

Ben oui, pour la vérité sur un crash en Ukraine, vous demandez à un site allemand et à un chômeur anglais, no soucy ! Même plus besoin d’enquête, on vous dit qu’on connait LA vérité !

Bon, après, on évitera d’informer les Français que :

“Oui, dans l’esprit d’Eliot Higgins, seules les vidéos des ennemis US UK peuvent être trafiquées…”

(Charles Shoebridge : Retraité. Officier de l’armée britannique, détective de Scotland Yard, Officier du Renseignement de l’Anti-Terrorisme, avocat, écrivain)

“C’est formidable de recevoir Belling Cat au Foreign Office aujourd’hui pour parler de son travail fascinant sur la Syrie et l’Ukraine”

(Craig Morley, Stratège en communication zone Moyen-Orient Afrique du Nord au Foreign Office – Ministère des Affaires Étrangères du Royaume-Uni)

Mais ATTENTION, c’est juste car tout ce petit monde aime les belles enquêtes “indépendantes”…

(cependant, je vous confirme que jamais un officiel quelconque ne m’a proposé d’intervenir nulle part, mais c’est surement juste parce que je ne suis pas un chômeur anglais…)

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Bon, allez, je m’égare… La suite !

Eh oui, et si Poutine (notez bien la personnalisation, c’est évidemment fait exprès en propagande de guerre) envahissait un pays de l’OTAN, en voilà une belle question !

Moi je propose après “Et si Obama envahissait l’Irak”, tant qu’à fictionner…

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Ici, pour les Echos :

De retour de leur visite controversée en Crimée, plusieurs parlementaires français affirment avoir rencontré des habitants « heureux d’être revenus en Russie ».

D’après le groupe de parlementaires français qui revient d’une visite controversée en Crimée , les habitants là-bas sont « heureux d’être revenus en Russie » et « soulagés de ne pas connaître la guerre (…) que certains connaissent dans les régions de Lougansk et Donetsk », a notamment déclaré le député de droite Thierry Mariani, lors d’une conférence de presse à Moscou.

Eh oui : “plusieurs parlementaires français affirment avoir rencontré des habitants « heureux d’être revenus en Russie »”, c’est important de le dire comme ça, car cela semble tellement incroyable que des Russes préfèrent la Russie à l’Ukraine ! Les parlementaires ont dû mentir je pense…

ukrainiens crimée

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Mais la palme de l’abjection revient pour terminer à Jean-Baptiste Naudet de l’Obs, bien connu du blog, pour cet article torchon, qui dépasse je pense tout ce que j’ai vu à ce jour, et que je me contente de citer sans le reprendre, mais lisez-le, c’est ici...

 

Cela confirme un des points que j’avais avancé lors de notre débat sur les journalistes : les lecteurs devraient pouvoir porter plainte pour un tel article devant une autorité déontologique, pour obtenir une condamnation morale du journaliste.

À suivre !

Source: http://www.les-crises.fr/pendant-lete-la-propagande-russophobe-continue/


Telle quelle – l’intervention de Yanis Varoufakis lors de la réunion de l’Euro-groupe du 27 juin 2015, présentée par lui-même

Thursday 30 July 2015 at 00:14

La réunion de l’Euro-groupe du 27 juin 2015 ne restera pas comme un moment glorieux de l’histoire européenne. Les ministres [des finances de la zone euro, NdT] ont rejeté la requête du gouvernement grec demandant qu’une semaine soit accordée au peuple grec pour qu’il puisse donner une réponse, oui ou non, aux propositions des institutions – des propositions cruciales pour l’avenir de la Grèce au sein de l’Euro-zone. L’idée même qu’un gouvernement puisse consulter son peuple à propos d’une proposition problématique émanant de ces institutions a été reçue avec incompréhension, et souvent même avec un dédain proche du mépris. On m’a même demandé “Comment pouvez-vous vous attendre à ce que des gens ordinaires comprennent des problèmes aussi complexes ?” Certes, la démocratie n’était pas à la fête à la réunion de l’Euro-groupe d’hier ! Mais les institutions européennes non plus. Après le rejet de notre requête, le président de l’Euro-groupe a brisé la convention relative à l’unanimité (en produisant un communiqué sans mon consentement) et a même pris la décision douteuse de convoquer une réunion de l’Euro-groupe sans le ministre grec, ostensiblement pour discuter “des suites à donner”.

La démocratie et une union monétaire peuvent-elles coexister ? Ou l’une des deux doit-elle céder le pas ? C’est à cette question fondamentale que l’Euro-groupe a décidé de répondre en plaçant la démocratie dans la case des problèmes insolubles. Temporairement, espérons-le.

Intervention de Yanis Varoufakis lors de la réunion de l’Euro-groupe du 27 juin 2015

Chers collègues,

Lors de notre précédente réunion (le 25 juin), les institutions ont présenté leur offre finale aux autorités grecques, en réponse à notre proposition d’accord au niveau ministériel (Staff Level Agreement, SLA), présentée le 22 juin et signée par le premier ministre Tsipras. Après une étude longue et minutieuse, notre gouvernement a décidé que, malheureusement, la proposition formulée par les institutions ne pouvait pas être acceptée. Etant donné la proximité de l’échéance du 30 juin, à laquelle l’accord actuel de prêt expire, cette impasse qui nous soucie tous fortement et ses causes doivent être examinées soigneusement.

Nous avons rejeté les propositions des institutions du 25 juin pour plusieurs raisons essentielles. La première est l’association d’austérité et d’injustice sociale qu’elles auraient imposée à une population déjà dévastée par… l’austérité et l’injustice sociale. Même notre propre proposition d’accord SLA (du 22 juin) est une proposition d’austérité, une tentative pour apaiser les institutions et par là s’approcher d’un accord. Mais notre SLA cherchait à déplacer le fardeau de ce nouvel assaut d’austérité vers ceux qui sont le plus capables de le supporter, par exemple en s’appliquant à augmenter les contributions des employeurs aux fonds de retraite plutôt qu’à réduire les retraites les plus basses. Néanmoins même notre SLA contient de nombreux points que la société grecque rejette.

Donc, ayant été durement poussés à accepter une substantielle nouvelle austérité, sous la forme d’un excédent primaire absurdement élevé (3,5% du PIB à moyen terme, encore que ce soit quelque peu moins que l’irréalisable chiffre accepté par les précédents gouvernements grecs, c’est-à-dire 4,5%), nous en sommes arrivés à devoir faire des compromis conduisant à la récession entre, d’un côté, de plus hauts impôts/plus hautes charges dans une économie où ceux qui paient leur dû y laissent la peau des fesses et, d’un autre côté, des réductions de retraites/bénéfices dans une société déjà dévastée par des coupes massives dans le soutien au revenu de base des nécessiteux de plus en plus nombreux.

Laissez-moi vous dire, chers collègues, ce que nous avons déjà communiqué aux institutions le 22 juin, lorsque nous présentions nos propres propositions : même ce SLA, celui que nous proposions, serait très pénible à faire voter par le parlement, étant donné le niveau des mesures de récession et l’austérité qu’il comporte. Malheureusement, la réponse des institutions a été d’insister sur des mesures encore plus génératrices de récession, alias mesures paramétriques (par exemple en augmentant la TVA sur les hôtels de 6% à 23% !) et, encore pire, d’insister sur un déplacement massif du fardeau, du monde des affaires vers les membres les plus faibles de la société (par exemple en réduisant les retraites les plus basses, en retirant le soutien aux agriculteurs, en repoussant à l’infini la législation offrant quelque protection aux travailleurs gravement exploités).

Les nouvelles propositions des institutions, telles qu’exprimées dans leur document SLA/Mesures préalables du 25 juin changeraient un politiquement très problématique ensemble de mesures – du point de vue de notre parlement- en un ensemble qui serait très difficile à faire admettre par notre groupe parlementaire. Mais ce n’est pas tout. Le pire apparaît encore bien pire une fois que l’on a jeté un œil au montage financier proposé.

Ce qui rend impossible l’adoption par le parlement des mesures proposées est l’absence de réponse à la question suivante : ces mesures douloureuses nous donneront-elles au moins une période de tranquillité pour la mise en œuvre des réformes et des mesures acceptées ? Est-ce qu’une vague d’optimisme viendra contrer les effets de récession provoqués par la consolidation budgétaire supplémentaire que l’on impose à un pays qui a été en récession pendant 21 trimestres d’affilée ? La réponse est évidente : non, la proposition des institutions n’offre pas de telles perspectives.

Et voici pourquoi : le financement proposé pour les cinq mois à venir (voyez plus bas pour le détail) pose toutes sortes de problèmes :

Premièrement, il ne constitue aucune provision pour les arriérés de l’état, résultant de cinq mois de paiement sans déboursement et de l’effondrement du revenu de l’impôt, en résultat de la constante menace de Grexit qui flottait dans l’air, pour ainsi dire.

Deuxièmement, l’idée de cannibaliser le Fonds Hellénique de Stabilité Financière (HFSF) pour repayer à la BCE des bons de l’ère du SMP [Security Market Program, circa 2010, NdT] constitue un évident et très présent danger. Ces sommes étaient réservées, comme il se doit, au renforcement des banques grecques fragiles, éventuellement par une opération qui s’occupe de leur montagne de créances immobilisées qui entame leur capitalisation. La réponse que j’ai reçue de hauts responsables de la BCE, que l’on laissera anonymes, est que, en cas de nécessité, le HFSF sera réapprovisionné pour qu’il puisse faire face aux besoins de capitalisation des banques. Et qui fera le réapprovisionnement ? Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), telle est la réponse que l’on m’a faite. Mais, et c’est un mais colossal, ceci ne fait pas partie de l’accord proposé et, de plus, ceci ne peut pas faire partie de l’accord puisque les institutions n’ont pas le mandat leur permettant d’engager le MES de cette manière – comme je suis bien sûr que Wolfgang [Schäuble, NdT] nous le rappellera à tous. Et, de plus, si un tel nouvel arrangement peut être fait, pourquoi donc ne discute-t-on pas de notre proposition, sensée et modérée, d’une nouvelle facilité du MES accordée à la Grèce facilitant le déplacement des engagements SMP de la Banque Centrale Européenne vers le MES ? La réponse “on n’en discutera pas parce qu’on n’en discutera pas” sera pour moi très difficile à communiquer à mon parlement, accompagnée d’un autre paquet de mesures d’austérité.

Troisièmement, le calendrier proposé pour les versements est un champ de mines de revues – une par mois – qui garantira deux choses. D’abord, que le gouvernement grec sera plongé tous les jours, toutes les semaines, dans le processus de réexamen pour cinq longs mois. Et ensuite, bien avant la fin de ces cinq mois, que l’on entrera dans une autre fastidieuse négociation sur le programme suivant – puisqu’il n’y a rien dans la proposition des institutions susceptible d’inspirer ne serait-ce que le plus évanescent des espoirs qu’à la fin de cette nouvelle prolongation la Grèce puisse se tenir debout toute seule.

Quatrièmement, étant donné qu’il est abondamment prouvé que notre dette restera insoutenable à la fin de l’année, et que l’accès au marché restera alors aussi lointain qu’il l’est maintenant, on ne pourra pas compter que le FMI débourse sa part, les 3,5 milliards compris par les institutions dans le montage financier présenté.

Ce sont là de solides raisons qui font que notre gouvernement ne se considère pas mandaté pour accepter la proposition des institutions ou pour utiliser sa majorité parlementaire pour la faire voter.

En même temps, nous n’avons pas non plus le mandat pour rejeter les propositions des institutions, conscients que nous sommes du moment historique critique où nous nous trouvons. Notre parti a recueilli 36% des suffrages et le gouvernement dans son ensemble dispose d’un peu plus que 40%. Pleinement conscients de l’importance de notre décision, nous nous sentons obligés de porter devant le peuple grec la proposition des institutions. Nous devrons nous efforcer de lui expliquer clairement ce qu’un Oui aux propositions signifie, de même pour un Non, et le laisser décider. Pour notre part nous accepterons le verdict et ferons tout pour le mettre en œuvre – d’une façon ou d’une autre.

Certains s’inquiètent de ce qu’un vote Oui puisse être un vote de défiance envers notre gouvernement (puisque de notre côté nous recommandons de voter Non), et que dans cas-là, face à l’Euro-groupe, nous ne soyons pas en position de signer et d’appliquer l’accord avec les institutions. Pas du tout. Nous sommes des démocrates engagés. Si le peuple nous donne clairement l’instruction de signer les propositions des institutions, nous le ferons quoi qu’il en coûte, et même si cela signifie un changement de gouvernement.

Chers collègues, le référendum est la meilleure solution pour tous compte tenu des contraintes présentes.

Sur la question qui doit être posée au peuple grec beaucoup a été dit. Beaucoup d’entre vous nous ont parlé, conseillé et même enjoint d’en faire une question de oui ou non à l’euro. Je voudrais être clair sur ce point. Premièrement, la question a été formulée par le cabinet et présentée au parlement – et c’est “Acceptez-vous la proposition des institutions telle qu’elle nous a été présentée le 25 juin par L’Euro-groupe ?” C’est la seule question pertinente. Si nous avions accepté cette proposition deux jours avant nous aurions conclu un accord. Le gouvernement grec demande maintenant à son électorat de répondre à la question que vous m’avez fait me poser Jeroen – particulièrement lorsque vous avez dit, et je cite, “vous pouvez, si vous voulez, considérer cette proposition comme à prendre ou à laisser”. Et bien voilà comment nous la prenons et nous rendons hommage actuellement aux institutions et au peuple grec en demandant à ces derniers de nous livrer une réponse claire sur la proposition des institutions.

A ceux qui disent qu’en réalité c’est un référendum sur l’euro, ma réponse est celle-ci : Vous avez tout à fait le droit de dire cela mais je ne ferais pas de commentaires. C’est votre point de vue, votre avis, votre interprétation. Pas les nôtres ! Votre vision n’est logique que si dans le non du peuple grec à la proposition des institutions réside une menace implicite d’actions visant à sortir illégalement la Grèce de l’euro. Une telle menace ne serait pas en adéquation avec les principes fondamentaux d’une gouvernance européenne démocratique et de la loi européenne.

A ceux qui nous enjoignent de formuler la question du référendum comme étant celle d’un dilemme euro-drachme, ma réponse est claire comme de l’eau de roche : Dans les traités européens il y a des dispositions pour une sortie de l’UE. Il n’y en a pas pour une sortie de la zone euro. A juste titre , bien sûr, car l’indivisibilité de notre Union Monétaire fait partie de sa “raison d’être”. Nous demander de formuler la question du référendum comme un choix incluant la sortie de la zone euro c’est nous demander de violer les traités de l’UE et la Loi de l’UE. Je suggère à quiconque voudrait que nous, ou d’autres, tenions un référendum sur la question de son appartenance à l’UEM d’en changer d’abord les traités.

Chers collègues,

Il est temps de faire le point. Il y a une raison pour laquelle nous nous trouvons dans les difficultés actuelles : La proposition initiale que notre gouvernement vous a faite à vous et aux institutions, et que j’ai clairement énoncée devant l’Euro-groupe lors de ma toute première intervention, n’a jamais été prise au sérieux. C’était la proposition qu’un terrain d’entente soit trouvé entre le Protocole d’Entente [PE] en place et le programme de notre nouveau gouvernement. Pendant un bref moment la déclaration de l’Euro-groupe le 20 février a fait émerger l’espoir d’un tel terrain d’entente – car il n’y avait pas eu de référence au PE et la concentration s’était faite sur la nouvelle liste de réforme de notre gouvernement qui serait présentée aux institutions.

Malheureusement, immédiatement après le 20 février les institutions, et la plupart des collègues ici présents, ont cherché à remettre le PE au centre et à réduire notre rôle à des changements marginaux dans le cadre du PE. C’est comme si on nous disait, pour paraphraser Henry Ford, que nous pouvions avoir n’importe quelle liste de réformes, n’importe quel accord pour autant que ce soit le PE. Le terrain d’entente commun a ainsi été sacrifié préférant imposer à notre gouvernement une retraite humiliante. C’est ma vision. Mais ce n’est pas important pour le moment. Pour le moment c’est au peuple Grec de décider.

Notre tâche aujourd’hui, dans l’Euro-groupe, doit être de préparer le terrain à un passage en douceur vers le référendum du 5 juillet. Cela signifie une chose : que notre accord de prêt soit prolongé de quelques semaines afin que le référendum puisse  se tenir dans des conditions de tranquillité. Immédiatement après le 5 juillet, si les gens ont voté Oui, la proposition des institutions sera signée. Jusque là, pendant la semaine prochaine, à l’approche du référendum, toute déviation de la normalité, particulièrement dans le secteur bancaire, sera invariablement interprétée comme une tentative de forcer les électeurs grecs.

La société grecque a payé un prix élevé au travers de la contraction budgétaire pour faire partie de notre union monétaire. Mais une union monétaire démocratique qui menace un peuple sur le point de se prononcer avec des contrôles de capitaux et des fermetures de banques est une contradiction dans les termes. J’aimerais penser que l’Euro-groupe respectera ce principe. En ce qui concerne la BCE, le gardien de notre stabilité monétaire et de l’Union elle-même, et en cela je n’ai aucun doute, si l’Euro-groupe prend la décision responsable d’accepter la demande d’extension de notre accord de prêt, elle, la BCE fera tout ce qu’il faut pour octroyer au peuple grec quelques jours de plus pour donner leur avis.

Chers collègues, ce sont des moments critiques et les décisions à prendre sont capitales. Dans les années à venir on pourrait bien nous demander : “Où étiez-vous le 27 juin ? Et qu’avez-vous fait pour éviter ce qui est arrivé ?” Pour le moins nous devrions être capables de leur dire cela : “Nous avons donné au peuple qui vivait sous la plus terrible dépression une chance de réfléchir et choisir. Nous avons essayé la démocratie comme moyen de briser un verrou. Et nous avons fait ce qu’il faut pour leur donner les quelques jours pour le faire.”

POSTSCRITUM – Le jour où le Président de l’Euro-groupe a rompu avec la tradition de l’unanimité et exclu la Grèce d’une réunion de l’Euro-groupe volontairement.

A la suite de mon intervention (voir ci-dessus) le président de l’Euro-groupe a rejeté notre demande d’extension, avec le soutien des autres membres, et a annoncé que l’Euro-groupe ferait une déclaration accusant la Grèce d’être à l’origine de l’impasse, et proposant que les 18 ministres (c’est à dire les 19 ministres des finances de l’Euro-zone moins le ministre grec) se retrouvent plus tard pour discuter des voies et moyens de se protéger de la faillite.

A ce moment j’ai demandé un conseil juridique au secrétariat, à savoir si une déclaration de l’Euro-groupe pouvait se faire hors de l’unanimité conventionnelle et si le président de l’Euro-groupe pouvait convoquer une réunion  sans inviter le ministre des finances d’un état-membre. J’ai reçu l’extraordinaire réponse suivante : “L’Euro-groupe est un groupe informel. Par conséquent il n’est pas lié par des traités ou des règles écrites. Même si l’unanimité est classiquement observée, le président de l’Euro-groupe n’est pas lié par des règles explicites.” Je laisse le lecteur commenter cette remarquable déclaration.

De mon côté j’ai conclu ainsi :

Chers collègues, le refus d’une extension de l’accord de prêt de quelques semaines, et ceci dans le but de donner au peuple grec la possibilité de débattre paisiblement et sereinement de la proposition des institutions, surtout au vu de la forte probabilité qu’ils acceptent ces propositions (contrairement à l’avis de notre gouvernement),portera atteinte durablement à la crédibilité de l’Euro-groupe en tant qu’organisme démocratique de décision comprenant des états-partenaires qui ne partagent pas seulement une monnaie commune mais aussi des valeurs communes.

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CONFERENCE DE PRESSE IMMEDIATEMENT APRES LA REUNION DE L’EUROGROUPE LE 27 JUIN 2015

Source : Yanis Varoufakis, le 28/06/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Sur la déclaration sur la Grèce du sommet de l’Euro : premières impressions de Yanis Varoufakis

Durant les prochaines heures et les prochains jours, je siégerai au parlement afin d’évaluer la législation faisant partie du récent accord du sommet européen sur la Grèce. J’ai aussi hâte d’entendre en personne mes camarades, Alexis Tsipras et Euclid Tsakalotos, qui ont tant enduré durant ces derniers jours. Jusque-là, je compte réserver mon jugement quant au texte qui nous est présenté. En attendant, voici mes quelques premières impressions à chaud telles que soulevées par la déclaration du sommet de l’Euro.

  • Un nouveau traité de Versailles hante l’Europe – j’ai utilisé cette expression à l’époque au printemps 2010 pour décrire le premier « sauvetage financier » de la Grèce qui était préparé à ce moment-là. Si cette allégorie était alors pertinente, elle ne l’est, malheureusement, que trop aujourd’hui.
  • L’Union Européenne n’avait encore jamais pris une décision qui affaiblisse aussi fondamentalement le projet d’intégration européenne. Les dirigeants européens, en traitant Alexis Tsipras et notre gouvernement de la manière dont ils l’ont fait, ont porté un coup décisif au projet européen.
  • Le projet d’intégration européenne a, en effet, été mortellement blessé durant ces dernières années. Et comme Paul Krugman l’a dit à juste titre, quoi que vous pensiez de Syriza, ou de la Grèce, ce ne sont ni les Grecs ni Syriza qui ont tué le rêve d’une Europe démocratique et unie.
  • Dès 1971, Nick Kaldor, le célèbre économiste de Cambridge, avait prévenu que forger une union monétaire avant qu’une union politique ne soit possible, ne mènerait pas seulement à l’échec de l’union monétaire, mais aussi à la déconstruction du projet politique européen. Plus tard, en 1999, le sociologue germano-britannique Ralf Dahrendorf avait aussi averti qu’une union économique et monétaire diviserait l’Europe plus qu’elle ne l’unirait. Pendant toutes ces années, j’ai espéré qu’ils avaient tort. Maintenant, les pouvoirs en place à Bruxelles, à Berlin et à Francfort ont conspiré pour leur donner raison.
  • La déclaration du sommet de l’Euro d’hier matin ressemble à un document couchant sur le papier les termes de la reddition de la Grèce. Elle est rédigée comme une déclaration confirmant que la Grèce accepte de devenir un vassal de l’Euro-groupe.
  • La déclaration du sommet de l’Euro d’hier matin n’a rien à voir avec l’économie, ni avec une quelconque préoccupation pour le type de programme de réformes capable de sortir la Grèce du bourbier. C’est purement et simplement la manifestation d’une politique de l’humiliation qui est à l’œuvre. Même quelqu’un qui exècre notre gouvernement doit voir que la liste des exigences de l’Euro-groupe n’a rien de décent ou de raisonnable.
  • La déclaration du sommet de l’Euro d’hier matin a donné le signal d’une complète annulation de la souveraineté nationale, sans mettre à sa place un corps politique souverain supra-national, pan-européen. Les Européens, même ceux qui se fichent complètement de la Grèce, devraient faire attention.
  • Les médias dépensent beaucoup d’énergie à essayer de savoir si les Termes de la Reddition seront acceptés par le parlement grec, et en particulier si les parlementaires comme moi resteront dans le droit chemin et voteront en faveur de la législation correspondante. Je ne pense pas que ce soit la plus intéressante des questions. La question cruciale est : est-ce que l’économie grecque a une chance de s’en sortir sous ces termes ? C’est la question qui me préoccupera durant les sessions parlementaires qui suivront dans les prochaines heures et les prochains jours. La plus grande crainte que j’ai est que même une complète reddition de notre part ne mènerait qu’à une crise sans fin de plus en plus profonde.
  • Le récent sommet de l’Euro n’est en effet rien d’autre que l’aboutissement d’un coup d’état. En 1967, ce sont les tanks que les puissances étrangères utilisèrent pour mettre fin à la démocratie grecque. Dans mon interview à Philip Adams, sur la radio nationale d’ABC, LNL, j’ai affirmé qu’en 2015 un autre coup d’état était organisé par les puissances étrangères, en utilisant cette fois, à la place des tanks, les banques grecques. Peut-être que la plus grosse différence économique est que, si en 1967, les biens publics grecs n’étaient pas ciblés, en 2015, les puissances derrière le coup d’état ont exigé de se voir remettre tous les actifs publics restants, afin qu’ils servent à payer notre dette insoutenable et irremboursable.

Source : Yanis Varoufakis, le 14/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source: http://www.les-crises.fr/telle-quelle-lintervention-de-yanis-varoufakis-lors-de-la-reunion-de-leuro-groupe-du-27-juin-2015-presentee-par-lui-meme/


Actu’Ukraine 29/07/2015

Wednesday 29 July 2015 at 01:42

ACTU’UKRAINE DU 20 AU 26 JUILLET 2015

 

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont participé à cette Actu’Ukraine !

Actu’Ukraine fait une pause en août… On se revoit en septembre !

 

 FOCUS SUR UN GRAND PAS VERS LA PAIX

• La conversation au format “Normandie” du 23 juillet.  Le groupe de contact des accords de Minsk était arrivé à un accord important le 21 juillet. Le groupe s’est entendu sur un retrait multilatéral (donc y compris les ukrainiens) des armes d’un calibre inférieur à 100 mm (c’est à dire les chars et l’artillerie légère) des lignes de front (novorossia.today, dnr-news.com). Le fait important et sans doute déclencheur de cet accord est que ce retrait est déjà effectif du côté des Novorusses. Après la république de Lougansk la semaine dernière, celle de Donetsk a terminé le retrait de ce type d’armes des lignes de front justement le 21 juillet (rt.com), ce que l’OSCE a pu “observer”, mais pas “confirmer” (novorossia.today). Fait très notable, le député du conseil municipal de Kiev et journaliste Dmitri Gordon, très ultra nationaliste, conseille le 21 juillet aux autorités ukrainiennes de laisser tomber leurs prétentions sur le Donbass (vzgliad.ru, gordonua.com). Porochenko lui-même déclare dans un communiqué officiel, le 22 juillet : “I hope it will be the real beginning of the ceasefire” “J’espère que c’est le vrai début du cessez-le-feu” (president.gov.ua).

 

22 juillet 2015 : communiqué officiel de la présidence d’Ukraine (president.gov.ua)

 President’s statement about the Minsk agreement: I hope it will be the real beginning of the ceasefire
“I hope it will be the real beginning of the ceasefire,” the President said about the Minsk agreement. 
President  Petro Poroshenko announced the signing the Agreement by the Trilateral  Contact Group that would allow withdrawing heavy weapons and  establishing the 30-kilometer buffer zone along the contact line.
During  his meeting with the core groups of the Luhansk region in  Severodonetsk, the President said that he instructed the members of the  Contact Group from Ukraine to initiate signing the Agreement for  establishing the 30-kilometer buffer zone along the contact line, which  would include the removal of artillery, the remaining tanks, and  mortars. “Thus, constant shelling in Severodonetsk, Rubizhne,  Lysychansk, and impossible Popasnaya,” the President said.
The  Head of State noted that the diplomatic efforts were successful and the  proposal of Ukraine was accepted at the insistence of the OSCE. “The  countdown will start in a few days and all heavy weapons will be  withdrawn under the control of the OSCE,” Petro Poroshenko said.
“I  hope that this will be the beginning of the real ceasefire, withdrawal  of heavy machinery and artillery, release of hostages illegally kept by  the occupiers, and effective control of the OSCE over the performance of  such agreements. Then, such steps will ensure potential economic and  political reintegration of such territories and their return to  Ukraine,” Petro Poroshenko said.

 

22 juillet 2015 :  Я сподіваюся, що це буде реальний початок припинення вогню – Президент про Мінську домовленість   (youtube)

 

Le 23 juillet au soir, une conversation téléphonique au format “Normandie” (Ukraine, Russie, France, Allemagne) a  lieu. Les résultats du groupe de contact sont actés et de grandes avancées sont décidées durant cette conversation. Les chefs d’état des pays du “format de Normandie” appellent donc  le 23 juillet à un cessez-le-feu complet (lefigaro.fr), demandent/exigent de Kiev le retrait des forces armées ukrainiennes de Shirokino d’ici le 3 août (vz.ru, sputniknews) pour répondre à la démilitarisation unilatérale de la ville par les Novorusses le 2 juillet (les-crises.fr dans le Focus de la semaine). Pour éviter surtout que des éléments de l’armée ou de la garde nationale cherchent à occuper le terrain, comme cela a été tenté le 22 juillet  (novorossia.today) et enfin appellent au retrait des chars et de l’artillerie “légère” (calibre inférieur à 100 mm) à 15 km de par et d’autre de la ligne de front, ce qui concerne en fait principalement les forces ukrainiennes, puisque les Novorusses ont déjà effectué ce retrait.

 

 

Les quatre communiqués de presse officiels sont reproduits ci-dessous.

23 juillet 2015 : Communiqué officiel de la présidence d’Ukraine  (president.gov.ua)

President had a conversation in the Normandy format
President of Ukraine Petro Poroshenko had a telephone conversation  with German Chancellor Angela Merkel, French President Francois  Hollande, and Russian President Vladimir Putin.
The leaders  discussed the results of the last meeting of the Trilateral Contact  Group and its four subgroups held on 21 July in Minsk.
The  President of Ukraine mentioned the deteriorating security situation in  the Donbas, including increasing attacks by militants.
The leaders  emphasized the need to ensure proper monitoring and verification of the  ceasefire by the OSCE and supported the initiative of the President of  Ukraine on immediate signing the Trilateral Contact Group Agreement for  the withdrawal of tanks, guns with calibre below 100 mm, and mortars.
The  President of Ukraine stressed the need for release of all hostages,  including those illegally detained in Russia, and in particular Nadia  Savchenko.
The parties welcomed decisions made by the Trilateral  Contact Group in relation to repairing damage to the water and railway  infrastructure.
Special attention was paid to the immediate  establishment of delimitation line for the humanitarian and logistics  centers where Ukrainians from occupied territories would  be able to by  goods and drugs at affordable prices.
The leaders also discussed  the upcoming elections in some parts of the Donetsk and Luhansk regions.  In that context, Petro Poroshenko emphasised that arranging fictitious  elections scheduled for 18 October and 1 November would be unacceptable  and such elections would not have legal consequences.
The parties  agreed to speed up the preparations of the Agreement between Ukraine,  the EU, and Russia to ensure Russian gas supplies to Ukraine.
The leaders agreed to continue the dialogue.

 

23 juillet 2015 : Communiqué officiel du Kremlin (kremlin.ru)

 Telephone conversation with Angela Merkel, Francois Hollande and Petro Poroshenko 
Vladimir Putin had a telephone conversation with Federal Chancellor of Germany Angela Merkel, President of France Francois Hollande and President of Ukraine Petro Poroshenko.
The four leaders examined the implementation of the Minsk Agreements of February 12, 2015, taking into account the results of the recent meeting of the Contact Group and its working sub-groups on July 21. 
They expressed satisfaction with the decision announced by the Donetsk People’s Republic and Lugansk People’s Republic to carry out a voluntary and unilateral withdrawal of arms of a calibre of less than 100mm, and the start of this withdrawal. The Contact Group’s working sub-group on security has reached agreement on a document on withdrawal of tanks and mortars of a calibre of less than 120mm and artillery systems with a calibre of less than 100mm to 15 kilometres from the line of contact. The emphasis is now on getting this document signed as soon as possible and implementing these agreements that complement the measures set out in the Minsk Agreements. 
The four leaders  once again stressed the importance of strict compliance with  the ceasefire regime and establishment of demilitarised zones, under  the oversight of the OSCE’s  special monitoring mission. In this respect, a call was made  for Ukrainian forces to withdraw from the village of Shirokino, which  the self-defence forces withdrew from earlier in a goodwill gesture. They also discussed  the exchange of people detained by both sides in the conflict,  and the possibility of getting International Red Cross representatives involved. 
Mr  Putin stressed that a stable and comprehensive settlement to Ukraine’s  internal crisis would be possible only if Kiev establishes direct dialogue with  Donbass representatives. The Russian leader called on Ukraine to comply more  closely with the spirit and the letter of the Minsk Agreements,  and in particular to consult with Donetsk and Lugansk people’s republics  representatives and bring into legal force a permanent legally enshrined special status  for the two regions and a law on an amnesty, and also settle the procedures  for holding local elections. 
The four leaders exchanged views on possible steps to resolve a number of serious social, economic and humanitarian problems in the Donbass region. 
They also discussed matters concerning Russian gas supplies to Ukraine.
The four leaders agreed to continue their work in the Normandy format at various levels.

 

23 juillet 2015 : Communiqué officiel de l’Elysée (elysee.fr)

 Entretien téléphonique en format Normandie – Ukraine                 
Le Président de la République et la  Chancelière allemande se sont entretenus avec les Présidents ukrainien  et russe de la situation dans l’est de l’Ukraine et de la mise en œuvre  du paquet de mesures adopté à Minsk le 12 février 2015.
Lors de cet appel téléphonique, les points suivants ont été agréés :
    
Questions de sécurité
Les quatre dirigeants ont pris note des accords trouvés sur le  retrait des chars et de l’artillerie légère à 15 km de part et d’autre  de la ligne de contact, dans le cadre du groupe de travail de Minsk en charge des questions de sécurité. Ils souhaitent que ces accords soient  signés dès que possible et qu’un dispositif d’observation effectif par  la Mission spéciale d’observation de l’OSCE soit mis en place le long de  la ligne de contact.
S’agissant de Chyrokine, les quatre dirigeants ont pris note du  retrait des forces séparatistes et demandé à la Mission spéciale  d’observation de l’OSCE et aux experts de la Commission de contrôle et  de coordination du cessez-le-feu (JCCC) de trouver des solutions  pratiques, d’ici le 3 août, pour le retrait des troupes ukrainiennes et  l’installation de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.
Ils sont convenus de l’importance de respecter les engagements pris à  Minsk en février concernant le retrait des armes lourdes de la ligne de  contact, la mise en oeuvre complète du cessez-le-feu et l’accès de la  Mission spéciale d’observation de l’OSCE.
 
Questions humanitaires
Les quatre dirigeants ont salué la décision de lancer des projets de  rénovation des infrastructures de traitement et d’approvisionnement en  eau et de restaurer une voie ferrée pour le transport de charbon.
Ils ont salué l’accord trouvé afin d’établir des centres logistiques  humanitaires dans la zone tampon. Ces centres devraient être utilisés  pour la fourniture de services bancaires mobiles.
Afin de progresser sur les échanges de prisonniers et  l’identification des personnes disparues, ils ont marqué l’importance  d’assurer un libre accès au Comité international de la Croix Rouge  (CICR).
 
Questions politiques
Les quatre dirigeants ont salué l’intention des parties de discuter  des élections locales et du régime de décentralisation le 28 juillet  dans le cadre du groupe de travail de Minsk en charge des questions  politiques.
L’importance de retenir une seule date pour l’organisation des  élections locales dans l’ensemble de l’Ukraine, y compris dans certains  secteurs des régions de Donetsk et de Lougansk, a été soulignée.
Il a aussi été rappelé que les élections locales devaient être  organisées selon les normes de l’OSCE et être surveillées par le Bureau  des institutions démocratiques et des droits de l’Homme (BIDDH) de  l’OSCE.
 
Energie
Enfin, les quatre dirigeants sont convenus de la nécessité de trouver rapidement un accord sur le prochain paquet gazier.

 

23 juillet 2015 : Communiqué officiel de la Chancellerie fédérale (bundesregierung.de)

 Bundeskanzlerin Merkel telefoniert mit den Staatspräsidenten von Frankreich, Russland und der Ukraine   
Die stellvertretende Sprecherin der Bundesregierung, Christiane Wirtz, teilt mit:
Bundeskanzlerin Angela Merkel hat heute  (23.7.2015) in einer Telefonkonferenz mit den Staatspräsidenten von  Frankreich, Russland und der Ukraine über die Lage in der Ukraine  beraten. Zentrales Thema war der Stand der Umsetzung der Minsker  Vereinbarungen. 
Dabei waren sich die Gesprächsteilnehmer einig,  dass die in dieser Woche erzielten Vereinbarungen zum Rückzug von  Panzern und leichter Artillerie von der Kontaktlinie rasch umgesetzt  werden müssten und dass der Rückzug von der Organisation für Sicherheit  und Zusammenarbeit in Europa (OSZE) überwacht werden soll.
Um den lokalen Waffenstillstand in der lange umkämpften Stadt Schyrokyne zu sichern, sollen Experten der OSZE bis zum 3. August Lösungen für offene Fragen wie das Räumen von Minen finden.
Es bestand Einigkeit, dass dem politischen Prozess  besondere Aufmerksamkeit gewidmet werden müsse. Insbesondere seien  Fortschritte zu den für Herbst geplanten Kommunalwahlen im Einklang mit  den Standards der OSZE sowie dem ukrainischen Recht und dem besonderen Status der von Separatisten kontrollierten Gebiete dringlich.
Alle vier Staats- und Regierungschefs begrüßten die  Einigung vom Dienstag auf humanitäre Projekte zur Unterstützung der von  dem Konflikt am meisten betroffenen Bevölkerung in der Ostukraine (z.B.  im Wassersektor, bei der Reparatur von Eisenbahnlinien und der  Einrichtung von humanitären Zentren an der Kontaktlinie). Auch die Frage  des Zugangs zu Gefangenen sowie der Suche nach Vermissten mit  Unterstützung des Internationalen Komitees vom Roten Kreuz soll wieder  aufgenommen werden.
Die Gesprächsteilnehmer stimmten darin überein,  dass alle Seiten aufgefordert blieben, das Minsker Maßnahmenpaket von  Februar 2015 umzusetzen. Dazu zählen insbesondere der Abzug auch der  schweren Waffen sowie die Überprüfung durch die OSZE, der freier Zugang gewährt werden müsse.
Es wurde vereinbart, die Gasverhandlungen zwischen Russland und der Ukraine rasch wieder aufzunehmen.

 

Dans la foulée, Porochenko a une conversation téléphonique avec le Vice Président américain Biden (president.gov.ua, pravda.com.ua).

 

24 juillet 2015 : Communiqué officiel de la présidence d’Ukraine (president.gov.ua)

 President had a phone conversation with U.S. Vice President
Vice  President Biden supported the efforts of President Poroshenko on the  fulfillment of the Minsk agreements. He noted that the U.S. positively  evaluated the efforts of Ukraine on the establishment of peace,  achievement of political settlement and restoration of normal life in  Donbas.
President Petro Poroshenko and Vice President Joseph Biden shared views on the situation in Donbas.
The  Head of State informed the American party on the results of yesterday’s  negotiations in the Normandy format and the aftermath of the  negotiations of the Trilateral Contact Group of July 21 in Minsk,  particularly on the achievement of the agreement regarding the  withdrawal of heavy weaponry of caliber greater than 100 mm and the  establishment of 30 km demilitarized area on the touch line under the  OSCE control, which should ensure real ceasefire. 
Petro  Poroshenko is hopeful that the U.S. will facilitate the fulfillment of  these important agreements that are a necessary precondition for the  further progress in the political settlement and the solution of urgent  humanitarian and economic problems in Donbas.
Vice President Biden  supported the efforts of President Poroshenko on the fulfillment of the  Minsk agreements. He noted that the U.S. positively evaluated the  efforts of Ukraine on the establishment of peace, achievement of  political settlement and restoration of normal life in Donbas.
The  parties discussed military-technical cooperation and prospects of  establishing the international criminal tribunal regarding the tragedy  of MH17 aircraft.
President Poroshenko is hopeful that Ukraine  will get the next IMF tranche. He informed on the signature of the law,  which creates an opportunity for the continuation of funding.

 

Du coup, Porochenko se déclare favorable à une zone tampon de 30 kilomètres pour éviter les bombardements, c’est à dire accepte de facto le retrait des chars et de l’artillerie légère ukrainienne (geab.eu).  L’accord devrait être signé avant le 3 août 2015 et  mis en oeuvre dans les 10 jours suivants (sputniknews). Il est, de plus, également question de lever le blocus des républiques de l’est et d’organiser les échanges commerciaux entre l’Ukraine et les républiques (fortruss). Porochenko déclare toutefois dans la foulée que “le Donbass restera en Ukraine et que ses habitants pourront parler le russe et l’ukrainien” (sputniknew). Il admet ainsi une sorte de fédéralisation qui était la demande initiale des Novorusses et des Odessites en mars-avril 2014, c’est à dire avant le massacre d’Odessa du 2 mai 2014 et avant la guerre civile au Donbass. Porochenko le déclare, mais malheureusement plus d’un an trop tard avec des milliards de dollars de destruction et des dizaines de milliers de morts. Un autre acte tangible de détente est que les deux soldats russes capturés en Ukraine en mai (Actu’Ukraine du 27 mai 2015 : les crises  L’isolement par rapport aux USA : mise en pratique – Le flop de la capture de deux soldats russes en Ukraine) auraient été échangés discrètement contre des soldats ukrainiens et des “combattants étrangers” prisonniers des républiques de l’Est (Fortruss).

Ce n’est pas forcément la fin de la guerre, mais c’est un bon pas en avant. Seule l’infanterie va rester sur les lignes de front, ce qui empêchera les bombardements. Certes, il est toujours possible que des groupes de reconnaissance (comme à Shirokino le 22) ou de sabotage s’infiltrent en territoire ennemi, mais cela serait, si tel est le cas, d’une intensité nettement moindre que ce que l’on a connu les mois passés, par exemple à Marinka début juin.

Du coup, l’atmosphère se détend. L’Ukraine échappe (pour l’instant) au défaut de paiement  (ici.radio-canada.ca) et le FMI débloque une tranche de 1,7 milliard USD de son prêt de 17,5 milliards USD à l’Ukraine (unian.info, pravda.com.ua, bloomberg.com). De manière plus anecdotique, mais politiquement importante, la FIFA réaffirme son soutien à la coupe du monde de football en Russie en 2018 (rt.com, youtube). Annonce faite par Blatter à Saint-Petersbourg lors de la cérémonie du tirage au sort des équipes :I would like to inform you that the executive committee has  recently adopted a new resolution in which FIFA assures the Russian  Federation of its full support in carrying out the World Cup in Russia  in 2018,

 

25 juillet 2015 : Russia: FIFA’s Executive Committee has ‘trust and confidence’ in Russia – Blatter   (youtube)

 

Point de vue politique, Russes et américains se réconcilient avec le but commun affiché d’en finir avec DEASH et autres groupes du même genre (sputniknews). Kerry prévient même Israël qu’une attaque israëlienne sur l’Iran serait une “énorme erreur avec des conséquences” (rt.com).

 

Il y a clairement un changement de position au sein du camp USA/UE qui va plus loin que l’arrêt des hostilités, ce qui inquiète le pouvoir ukrainien. En effet, les sanctions contre la Russie, seule “victoire” tangible de l’Ukraine, sont en péril, du moins au niveau de l’UE (glavnoe.ua reprenant une info de la chaîne 112.ua). A la question d’un journaliste concernant les sanctions (l’UE allait-elle les renforcer?), Loutsenko, le chef du bloc Petro Porochenko, a répondu: “Non, malheureusement, il n’en est pas question (Ndlr : de les renforcer). Malheureusement, il est question de savoir si on les conserve, ils disent ouvertement que cette option est menacée. Parce que les amis de Poutine disent que c’est l’Ukraine qui est fautive et ne veut pas la paix, qu’elle ne respecte pas les accords de Minsk et qu’en conséquence, ils ne veulent pas être obligés de perdre leurs possibilités de commercer avec la Russie”. Selon lui, on considère au sein du Parlement européen qu’il est pratiquement impossible de conserver les sanctions si l’Ukraine cesse de soutenir les accords de Minsk. Loutsenko s’appuye sur un article du Times qui affirme que les sanctions sont inopérantes car les oligarques russes appartenant à l’entourage du président russe et aussi les proches de celui-ci ont trouvé le moyen de contourner ces sanctions en vendant ou en cédant leurs actifs aux membres de leur famille et à leur entourage. En résumé et en caricature, cela donne le dessin donné plus bas dans les “Exemples d’humour russe”.

 

D’une manière factuelle, les sanctions se retournent essentiellement contre l’UE. Les USA commercent tranquillement avec la Russie et la Russie en profite pour se rendre autonome, réoriente ses flux commerciaux et songe à prolonger ses propres sanctions anti UE (sputniknews). En Europe, quelques chiffres parlant : les exportations allemandes vers la Russie sont en baisse de 43% (vz.ru) et les entreprises italiennes perdent 8 milllions EUR par jour du fait des sanctions (sputniknews). En Finlande, l’industrie laitière est en crise en raison du temps et de l’embargo russe (vz.ru). L’initiative des 10 parlementaires français et leur voyage en Crimée s’inscrit dans cette logique de levée des sanctions (voir le focus sur le sujet, un peu plus bas).

 ”Il est peut-être temps d’adoucir les sanctions contre la Russie”

 

Une seule question demeure.  Est-ce que Porochenko sera assez fort politiquement pour mener à bien ces avancées vers la paix ? Pour la pravda russe, rien n’est moins sûr (russia-insider), mais c’est néanmoins possible si personne ne remet de l’huile sur le feu…

Et ca commence plutôt mal. Alors que des ordres ont effectivement été donnés pour quitter Shirokino (dnr-news.com), les “volontaires et patriotes ukrainiens” ont l’intention de bloquer le retrait des troupes (dnr-news.com). A suivre donc…

 

FOCUS : LA VETCHE DE PRAVIY SEKTOR ET LE PAYSAGE POLITIQUE UKRAINIEN

• La Vetche du 21 juillet 2015. Donc, comme annoncé, Praviy Sektor a organisé sa Vetche à Kiev le mardi 21 juillet. Si dimanche, très peu de monde était présent, Praviy Sektor a réussi à rassembler mardi plusieurs  milliers de personnes, de 3 à 6000 (vz.ru). C’est à la fois peu et beaucoup. Peu pour démarrer une révolution, beaucoup si l’on compare à la Vetche organisée à Dnipropetrovsk par Kolomoïski en mars 2015 qui n’avait rassemblé que quelques centaines de personnes au mieux.

 

 

Yarosh, le chef de Praviy Sektor, annonce une nouvelle étape de la révolution (ukrstream.tv) avec des slogans comme “Gloire à l’Ukraine !” et “A bas le pouvoir des traîtres !” (http://colonelcassad.livejournal.com/2298823.html) et renomme son mouvement en Mouvement de Libération Nationale (vz.ru). Il demande en outre la dénonciation des accords de Minsk (sputniknews). De Defensa y voit les premisses d’une décomposition avancée du pouvoir et les germes d’une nouvelle révolution (dedefensa.org). Ce qui répond à une autre inquiétude selon laquelle “dans un an, les ukrainiens seront prêts à n’importe quoi” (fortruss). Fondamentalement, Praviy Sekor /MLN se sent  trahi par le gouvernement ukrainien avec le vote de la constitution, la traque des Praviy Sektor de Mukachevo et la récente détente (voir plus pas dans le focus “Détente internationale ?”). Il n’est plus question de guerre (du moins officiellement). Les héros de PS et d’Azov entre autres sont morts pour rien… Alors la colère des ultra-nationalistes se retourne naturellement vers le gouvernement (fortruss). Stratfor sort une analyse sur Praviy Sektor et sur ses capacités à déstabiliser le régime de Kiev (stratfor.com). Pour Stratfor, Praviy Sektor/MLN est plus une nuisance qu’une menace.

Nuisance ou menace, Praviy Sektor/MLN appelle à un référendum dans lequel sera posé plusieurs questions :

 

Les jours précédents, Praviy Sektor /MLN avait tweeté des attaques sans équivoque contre le gouvernement et l’UE (fortruss). Par exemple :

“Un esclave est un esclave, qu’elle que soit la couleur”

 

“Ne financez pas l’occupant intérieur ! si vous achetez Roshen (Note : c’est la chocolaterie qui appartient à Porochenko), vous financez l’occupant intérieur !” 

 

“Nous avons mis en place des réformes GRANDES COMME CA” 

 

21 juillet 2015 : «Правий сектор» розпочинає новий етап української революції – Ярош (“Secteur droit” commence une nouvelle étape de la révolution ukrainienne – Jarosz) (youtube)

 

A remarquer dans cette vidéo le regard de Yarosh. Il est plein d’émotion. Ce n’est pas un regard ou un ton de colère, mais plutôt les yeux de quelqu’un qui se sent trahi… Vulgairement parlant, il a plutôt l’air “d’avoir les boules”…

 

21 juillet : Промова Дмитра Яроша під час Віче на Майдані Незалежності у Києві   (Discours de Dmitri Yarosh) (sectorpravdy.com)

Traduction automatique de l’ukrainien à l’anglais

Glory To Ukraine!
You know, people like us do messiahs, I – as simple and sinner like all of you here, and who are all over Ukraine. We do what we have to do. We defend state sovereignty and territorial integrity of our country. And, frankly, I was not interested in names out Poroshenko Avakov and all others.
We predicted that the blood of our heroes that shed here, come sharomyzhnyky that will manage our Ukraine. We  know well that do not have names now vary country, and must be thrown  into the dustbin of history all political peretasovana log. We know what must be destroyed system of internal occupation. Other way is not.
Dear  friends, I thank you, for what you have gathered, I, frankly, did not  think that so many people come to support Ukrainian patriots. thank you!
For us it is very important to perform two tasks. First – this is to protect our country. For  we know perfectly well that many think that the legal sector – it is  such a “ryboshky” that will peck at the bait Putin and his gang. In fact, do not be! From our very expect that we are off to smash admin. buildings and everything else. We show that we – disciplined revolutionary force that this generation  from the Chamber and our Congress begins a new stage of Ukrainian  revolution.
Our combat units now carry their service in the combat zones of their responsibility. We do not take off our men from the front to prevent the enemy to start a broad offensive in the east of Ukraine. However, while the whole, there are also representatives of the battalions of the 5th, 8th, separate groups, and so on. I’ll release of all soldiers congratulations!
Today the congress Right Sector. Extraordinary Congress detonator which are the events in Mukachevo. I was in Transcarpathia several days and looked at the equipment and soldiers who are concentrated there. As the commander of the 8th Battalion friend “June”: “those forces and Donetsk could be tipped.” But for some reason, a dozen of our guys the forces were thrown. It’s amazing! Given that we have not seen those natshvardiytsiv there on the front. They are the second and third lines of block-posts.
Our guys shed blood, and for this same punished here in the rear. And not just ours – we’re talking about the entire volunteer movement.
Today the Congress Right Sector were adopted strategic decisions. First: Right Sector initiates a nationwide referendum, which will be submitted several questions. First  – distrust the government, the second – we demand that at last war  waged by Russia against Ukraine was recognized by the war, not the ATO -  and then word has to say our Ukrainian people. Third – we support the complete blockade of the occupied territories. Fourth – we ask the support of the people to legalize Ukrainian Volunteer Corps and other volunteer departments under the law.
Today was also decided, in view of the fact that we are starting a new  stage of the revolutionary struggle, renamed the Military Political  Movement Right Sector for National Liberation Movement Right Sector.
We believe that people can not win, but happy people without the people themselves – also impossible. Therefore, we sincerely look forward to your support. Without you – we nothing with you – we have the power! So together we will win!
Dear friends, we have come – very big job. It is – difficult and not a day. Now,  literally tomorrow, in all regions of Ukraine, each regional center  will happen to our operational headquarters referendum. I ask actively involved in this work because we can tear down internal  occupation regime and the terrible defeat of the external enemy – Putin  and his gang.
Glory To Ukraine! Thank Nation! Thank you friends! Total – win!

 

Texte ukrainien original

Слава Україні!
Знаєте, у нас люди люблять творити месій, я – такий простий та грішний як і ви всі тут, і які знаходяться по всій Україні. Ми робимо те, що мусимо робити. Ми захищаємо державний суверенітет та територіальну цілісність нашої держави. І, чесно говорячи, мене геть не цікавлять прізвища порошенків, авакових та всіх інших.
Ми передбачали, що на крові наших героїв, яка проливалась ось тут, прийдуть шаромижники, які будуть керувати нашою Україною. Ми знаємо чудово, що не прізвища мають зараз мінятись в країні, а має бути викинута на смітник історії вся перетасована політична колода. Ми знаємо, що має бути знищена система внутрішньої окупації. Іншого шляху в нас немає.
Шановні друзі, я вам щиро дякую, за те що ви зібралися, я, якщо чесно, не думав, що так багато людей прийде підтримати українських патріотів. Дякую вам!
Для нас зараз дуже важливо виконати два завдання. Перше – це вберегти нашу державу. Бо ми чудово знаємо, що багато хто думає, що Правий сектор – це такі собі “рибьошки”, які будуть клювати на наживку путіна та його банди. Насправді так не буде! Від нас дуже чекали, що ми зараз підемо громити адмін. будівлі і все інше. Ми показуємо, що ми – дисциплінована революційна сила, яка оцим от віче і нашим з’їздом розпочинає новий етап української революції.
Наші бойові підрозділи зараз несуть свою службу в зонах своєї бойової відповідальності. Ми не знімаємо наших бійців з фронту, щоб не дати ворогу почати широкий наступ на сході України. Але, при тому всьому, тут є і представники цих батальйонів 5-го, 8-го, окремих груп, тощо. Я вам від всіх фронтовиків передаю вітання!
Сьогодні відбувся з’їзд Правого сектору. Надзвичайний з’їзд, детонатором до якого стали події в Мукачеві. Я був на Закарпатті декілька днів і дивився на техніку та солдат, які там сконцентровані. Як сказав комбат 8-го Батальйону друг “Червень”: “з тими силам і Донецьк можна було б відбити”. Але чомусь на десяток наших хлопців ті сили були кинуті. Дивно! При тому, що ми не бачили тих нацгвардійців там, на фронті. Вони стоять на другій та третій лінії блок-постів.
Наші хлопці проливають кров, і за це ж, несуть покарання тут, в тилу. І не тільки наші, – ми говоримо про весь добровольчий рух.
Сьогодні на З’їзді Правого сектору були прийняті стратегічні рішення. Перше: Правий сектор ініціює всеукраїнський Референдум, на який буде винесено декілька питань. Перше – недовіра владі, друге – ми вимагаємо, щоб нарешті війна, яка ведеться Росією проти України була визнана війною, а не АТО, – і тут слово має сказати наш український народ. Третє – ми виступаємо за повну блокаду окупованих територій. Четверте – ми просимо підтримки народу в тому, щоб легалізувати Добровольчий Український Корпус і інші добровольчі підрозділи згідно чинного законодавства.
Сьогодні також було прийняте рішення, в зв’язку з тим, що ми починаємо новий етап революційної боротьби, перейменувати Військово-Політичний Рух Правий сектор на Національно-Визвольний Рух Правий сектор.
Ми переконані в тому, що народ перемогти неможливо, але і ощасливити народ без участі самого народу – теж неможливо. Тому ми щиро розраховуємо на вашу підтримку. Без вас – ми ніщо, з вами – ми сила! Тому разом ми переможемо!
Шановні друзі, у нас попереду – дуже велика робота. Вона – важка і не одноденна. Зараз, буквально завтрашнього дня, по всіх областях України, в кожному райцентрі будуть творитись оперативні штаби для нашого Референдуму. Я прошу активно долучатися до цієї роботи, бо ми можемо знести режим внутрішньої окупації, і перемогти зовнішнього страшного ворога – путіна і його банду.
Слава Україні! Слава Нації! Дякую друзі! Разом – переможемо!

 

21 juillet 2015 : Мітинг «Правого сектору» на майдані Незалежності (пряма трансляція)   (Réunion de Secteur Droit sur la Place de l’Indépendance (diffusion en direct) (youtube)

 

• Le paysage politique ukrainien. La vie politique ukrainienne est très fragmentée. En juin 2014, on ne comptait pas moins de 210 partis en Ukraine, plus ou moins grands, plus ou moins “vivants”  (wikipedia). Les dernières élections législatives datent d’octobre 2014 (wikipedia, wikipedia). Le mode de scrutin ukrainien est un peu compliqué, c’est un mélange de majoritaire et de proportionnelle. La moitié des députés (225 sur 450) est élue au scrutin majoritaire et l’autre au scrutin proportionnel avec un seuil de 5%. Du fait de la sécession de la Crimée et de la guerre civile à l’est, 27 circonscriptions se retrouvent hors du contrôle de Kiev. On a donc au final 225 députés élus à la proportionnelle et 198 (225-27) au scrutin majoritaire, ce qui fait un total de 423. La répartition actuelle du parlement ukrainien, la Rada, est la suivante :

 

 

Comme aucun parti n’a la majorité absolue, une coalition a été formée comprenant les partis suivants pour un total de 288 députés sur 423, soit 68 % du parlement :

 

Ceci laisse plus ou moins dans l’opposition les partis suivants :

 

A cela s’ajoute 96 députés “indépendants”.

 

à noter également que par rapport aux élections de 2014, trois faits nouveaux sont apparus :

 

• Le dernier sondage en date. Le dernier sondage date de juin-juillet  2015 (kiis.com.ua) : From June 27 to July 9 of 2015 Kyiv International Institute of  Sociology (KIIS) has conducted a nationwide opinion poll. 2044  respondents above 18 years old, who live in 110 settlements all over  Ukraine (except Crimea)”.

 

Les résultats sont les suivants :

 

Si on recalcule les pourcentages en excluant les personnes n’ayant pas exprimé l’intention de voter pour un parti, on obtient (en gras, les partis ayant plus de 5% d’intention de vote) :

 

Les principaux enseignements sont que par rapport aux élections législatives de 2014 :

 

• Tensions politiques internes intenses. Le président de la fraction “Bloc Porochenko”, Youri Loutsenko, constate l’existence d’une profonde crise au sein de la coalition parlementaire : “La coalition se trouve actuellement dans un état de super-crise. On en est arrivé à ce que personne ne veut être le coordinateur de cette coalition”. Il attribue ce problème au populisme et au refus des politiciens de “se mouiller” en étant coordinateurs du conseil de la coalition  (pravda.com.ua).

Parubiy (Svoboda) a deposé le 20 juillet  une loi visant à aider, dans le cadre de la Garde Nationale, la formation et l’armement des volontaires dans tout le pays. Ce qui serait parfait pour aider Azov, Praviy Sektor/MLN et d’autres à se cacher sous le titre de garde nationale (pravda.com.ua). De son côté, le gouverneur de Transcarpathie récemment nommé, Moskal, accuse Pravy Sektor/MLN de kidnapping et de tortures (interpretermag.com).

Porochenko a mis Liashko (Parti Radical) à la porte d’une réunion du Conseil national des réformes (vz.ru). Auparavant Liashko avait accusé Porochenko de faire pression sur les députés pour obtenir leurs votes à la Rada sur certains projets en les menaçant d’arrestation (vz.ru). Du coup, le parti radical (celui de Liashko) exige la démission de Chokine, le procureur général d’Ukraine et prohe de Porochenko (vz.ru).

 

• Exercice pratique : L’élection partielle à Tchernigov. Cette élection est complétement délirante. Il s’agit de remplacer le député en place, Valery Kulich, qui est nommé au gouvernerat de la région. pas moins de 127 candidats se sont inscrits pour cette élection (news.pn) ! Tout ceci est destiné à disperser les voix des électeurs car le vrai enjeu est entre un lieutenant d’Igor Kolomoysky, Gennady Korban (wikipedia), et un proche de Porochenko, Sergey Berezenko (odessatalk.com).

L’ambiance sur place est “très tendue” même pour l’Ukraine. La semaine dernière nous faisions état d’un accrochage en direct entre Saakashvili et un autre lieutenant de Kolomoiski, Boris Filatov. Saakachvilii était venu soutenir un candidat  pour ces élections partielles prévues le 26 juillet (gordonua, vzgliad.ru). Filatov a l’intention de déposer plainte contre Saakachvili suite à ces incidents (unian.net).

Avakov avait annoncé l’envoi de renforts pour surveiller le bon déroulement de ces élections (gordonua). Apparemment le temps presse. Le 21 juillet, on est passé de l’accrochage à la bastonnade d’un candidat à l’élection par deux députés du parti radical, Lozovoi et Mosiychuk (parti de Liashko). A l’arrivée : une dent cassée et une commotion cérébrale (korrespondent.net, youtube). Du coup, c’est de bonne guerre, Gerashchenko s’étend sur sa page Facebook sur l’immunité parlementaire et  la responsabilité pénale de Lozovoi (facebook).

 

21 juillet 2015 : Люди Ляшка б’ють Дурнєва (Les partisans de Liashko ont battu Durneva) (youtube)

 

Le député de la faction présidentielle, Sergueï Leshchenko, pense que la campagne actuelle de cette élection est honteuse (radiosvoboda.org). il y aurait des achats de votes, Kolomoiski et Saakashvili seraient tous les deux dans le coup (bbc.com, hromadske.tv).

 

20 juillet 2015 : Вибори в Чернігові. Спецвипуск програми Дорогі депутати   (youtube)

 

Vendredi 24 juin, 2000 policiers sont envoyés à Tchernigov pour surveiller ces élections (vesti-ukr.com) ! Pour Porochenko, la campagne électorale à Tchernigov (circonscription 205) est “une honte” pour l’Ukraine. Il a appelé Avakov à maintenir l’ordre dimanche, lors du scrutin (gordonua).

 

Au final, dimanche, la participation a été de 35,32% seulement, même si elle est “plus élevée que prévue” (gordonua, unian.net). La commission électorale centrale (Ts.I.K) donne Berenzenko (Bloc Petro Porochenko) gagnant avec 35,86 % des votes, contre 14,78% pour Korban (Oukrop), après le dépouillement de 99 % des bulletins (gordonua), ce qui contredit trois des quatre sociétés de sondage ayant réalisé des exit polls qui donnaient Korban gagnant à l’élection, une seule mettant Berezenko en tête (unian.net). Il y a eu des bagarres dans deux bureaux de vote (vesti-ukr.com).

 

 

FOCUS SUR L’UKRAINE ET SES VOISINS PLUS OU MOINS LOINTAINS

• OCS. Analyse de De Defensa sur l’extension de OCS (dedefensa.org).

 

• Turquie. Selon Regnum, l’Ukraine et la Turquie projetteraient de déstabiliser la situation en Crimée (regnum.ru). En fin de semaine, a Turquie autorise les Etats-Unis à utiliser l’une de ses bases aériennes pour lutter contre l’Etat islamique en Syrie (unian.net) et bombarde elle-même des positions de DAESH et du PPK (kurdes). Les frappes de l’armée turques sur les positions kurdes en Irak divisent les Occidentaux (vz.ru). L’UE appelle la Turquie au calme vis à vis des Kurdes, les Etats Unis soutiennent Ankara (unian.net). La Turquie demande une réunion extraordinaire du Conseil atlantique (vzgliad.ru).

 

• Israël. L’Ukraine et Israël veulent accélérer la signature d’un accord sur une zone de libre-échange entre les deux pays (sputniknews). Porochenko a d’ailleurs parlé à Netanyahu le 23 juillet sur ce sujet entre autre (president.gov.ua)

 

23 juillet 2015 : Communiqué officiel de la présidence d’Ukraine (president.gov.ua)

 President had a telephone conversation with Prime Minister of Israel
President Petro Poroshenko had a telephone conversation with Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu.
Petro  Poroshenko thanked Israeli doctors for their assistance to Captain of  Police Department Nadia Andrukhiv who was injured in explosions near the  police precincts in Lviv. She is treated in Israel upon the initiative  of the President and thanks to his support.
The Israeli Prime Minister promised to do everything to help the officer injured as a result of the terrorist attack in Lviv.
The  President of Ukraine also raised the issue of ensuring crossing the  Israeli border for Ukrainian tourists. The Israeli Prime Minister has  promised to take all measures to make it possible for Ukrainians to  travel freely across his country.
Petro Poroshenko and Benjamin  Netanyahu also discussed the Free Trade Zone Agreement between Ukraine  and Israel and agreed to speed up the preparation process.
The  President and the Prime Minister also said that they would like to  arrange the meeting of the Ukrainian-Israeli Intergovernmental  Commission on Economic Cooperation as soon as possible. Petro Poroshenko  and Benjamin Netanyahu agreed to maintain close political cooperation.

 

• Géorgie. Donald Tusk, le président du conseil de l’Europe, très anti-russe, donne une conférence de presse en Géorgie (tvnewsroom part-1, tvnewsroom part-2 et tvnewsroom part-3).

 

• Arabie Saoudite. Ramzan Kadyrov, le leader tchétchène pro russe, joue depuis longtemps le rôle quasi officiel d’ambassadeur de la Russie auprès du monde musulman. Il a fait le hadj (le pèlerinage à La Mecque) avec le président (ou le premier ministre) de Malaisie et le roi de Jordanie est son “frère”. Mais jusque là, étant donné sa lutte féroce contre les jihadiste du Caucase, il était plutôt en froid avec l’Arabie Saoudite et le Qatar, grands argentiers des dits jihadistes. Les choses changent ! Le roi d’Arabie Saoudite a ouvert pour lui les portes de la Kaaba (sputniknews) ! Dixit Sputnik news : “Le point culminant de cette visite fut l’ouverture extraordinaire des  portes de la Kaaba pour la mère du dirigeant tchétchène, Aïmani  Kadyrova. Il s’agit d’un geste très rare dans le monde musulman, qui  témoigne de la haute estime portée par le roi d’Arabie Saoudite à Ramzan  Kadyrov et à sa famille. L’ouverture de ce sanctuaire pourrait être  considérée comme une invitation au renforcement des relations entre la  Russie et le monde islamique, où Ramzan Kadyrov joue le rôle de  médiateur et d’homme de confiance du président russe.”

 

• Kyrgyzstan. Les USA sont “déçus” de la rupture de leur accord de coopération avec le Kyrgyzstan (sputniknews, russia-insider). Le président du Kirghizstan Almazbek Atambaïev a déclaré que la décision du State Department US de donner le prix des droits de l’homme à l’activiste Azimjan Askarov témoigne de la volonté des Etats-Unis d’organiser un “chaos dirigé” dans son pays. Il a soutenu la décision du gouvernement de dénoncer l’accord conclu avec les Etats-Unis en 1993 (vz.ru).
• Daghestan. Au Daghestan, Les mères de la ville de Derbent (wikipedia) exigent des autorités la fermeture d’une mosquée salafiste (eadaily.com).

 

• Pologne. Depuis un an, le pouvoir polonais a été un soutien indéfectible du pouvoir ukrainien. Qui plus est, son ex-premier-ministre Donald Tusk, profondément anti-russe, est actuellement président du Conseil européen. Mais qu’en pense le peuple ? Un sondage Ipsos, cité par Radio Polsha (radiopolsha.pl) révèle que si 55% des Polonais estiment que les “Arabes” représentent un danger pour leur pays, 35% pensent la même chose à l’égard de leurs voisins ukrainiens. La sympathie des Polonais va surtout aux pays d’Europe de l’ouest (63%) ainsi qu’aux Etats-Unis et au Canada (62%).

La défiance des Polonais envers les migrants ukrainiens est donc visible chez un tiers des habitants. Toute l’actualité depuis un an en matière de corruption, de trafics et de contrebande en tous genres y est certainement pour quelque chose. La Pologne est, parmi les anciens satellites de l’ex-URSS, le pays qui s’en sort le mieux sur le plan économique, les Polonais n’ont certainement aucune envie de voir des migrants ukrainiens importer dans leur pays leurs mauvaises habitudes de magouilleurs et saper une prospérité encore fragile (le problème des migrants est à rapprocher du paragraphe de jeudi 23 sur le régime sans visa).

De plus, un film est en cours de fin de tournage dans le pays sur les massacres de Volhynie (1943-1944) (colonelcassad, fortruss), ce qui ne va pas améliorer les relations avec le pouvoir en place à Kiev qui glorifie ses combattants nazis (russia-insider). Un film avait déjà été réalisé sur Katyn (wikipedia), le massacre des officiers polonais par les russes en 1940 dans une forêt de Biélorussie (wikipedia). Les polonais s’attaquent avec ce nouveau film à un massacre d’une toute autre ampleur. A Katyn les russes ont tué des milliers d’officiers par balles. En Volhynie, les troupes ukrainiennes nazies ont exterminé près de 100000 personnes du bébé au vieilllard avec une rare barbarie : personnes clouées sur les portes ou découpées en morceaux à la scie, mutilations, tortures, … Si vous avez le coeur bien accroché, vous pouvez aller voir ce site qui recense certaines photos des événements (uglich-jj.livejournal.com).

 

 

Autre info sur la Pologne,  John A.Heffern, l’adjoint aux affaires européennes au département d’état indique que le sommet de l’OTAN de juillet 2016 à Varsovie ne prendra pas la décision d’installer des bases permanentes de l’OTAN en Pologne et ce malgré l’insistance des diplomates polonais (fortruss).

 

• Carte comparée des conflits 2010 et 2015.

 

 

 

FOCUS SUR LES EXERCICES MILITAIRES DE L’OTAN ET LA MOBILISATION GENERALE EN TRANSNISTRIE

• Rapid Trident. Les USA, l’OTAN et l’Ukraine débutent les exercices “Rapid Trident” (eur.army.mil) au sein du polygone militaire de Yavoriv, à la frontière ouest de l’Ukraine (army.mil), là où 300 parachutistes américains entraînent déjà depuis avril des unités ukrainiennes dans le cadre de la mission “Fearless Guardian”. Présentés comme d’une “ampleur sans précédent” (lexpress.fr), ces exercices se dérouleront du 20 au 31 juillet 2015 et rassemblent des soldats de 18 nations. Dis comme cela, c’est impressionnant. Le nombre de soldats y participant l’est moins : 1800 en tout, y compris les américains, les polonais et les ukrainiens… Cela fait une moyenne de 100 soldats par pays… Par exemple, ;…. Pour l’instant c’est plus folklorique que militaire (dailymail.co.uk)…

 

Présentation officielle de Rapid Trident par l’armée américaine (eur.army.mil)

 WHAT IS RAPID TRIDENT?
Rapid Trident is a regional command post exercise and  field training exercise focused on peacekeeping and stability operations  to ensure a safe and secure environment within the operating  environment. The exercise is being held at the International  Peacekeeping and Security Center (IPSC) in Yavoriv, Ukraine. The  exercise will be conducted July 20-31, 2015. 
Saber Guardian/Rapid Trident supports interoperability among Ukraine,  the U.S., NATO and Partnership for Peace member nations. This year, 18  countries are taking part in the exercise with participation of  approximately 1,800 personnel. 
In preparation for the field training exercise, training audiences will  undergo one week of situational training exercises that focus on  exercise key tasks such as countering improvised explosive devices,  convoy operations and patrolling. The exercise will feature a combined,  internationally staffed battalion focused on peacekeeping and stability  operations. 
Participating nations’ forces include Ukraine, Azerbaijan, Bulgaria,  Canada, Estonia, Georgia, Germany, Great Britain, Latvia, Lithuania,  Moldova, Norway, Poland, Romania, Spain, Sweden, Turkey and the U.S. The  Rapid Trident exercise comes at the explicit request of the Ukrainian  government and military.

 

20 juillet 2015 : Rapid Trident 2015 Opening Ceremony (youtube)

 

20 juillet 2015 : Manoeuvres militaires sans précédent dans l’Ouest de l’Ukraine (lexpress.fr, dailymotion)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

 

Tout ceci fait finalement assez rire les russes (sputniknews), d’autant que quelques jours plus tard, un exercice militaire conjoint USA Estonie d’héliportage et de parachutage est annulé… à cause de la pluie et du vent (fortruss) ! Pragmatiquement parlant, ce n’est pas illogique s’il s’agit d’une formation, mais l’impact médiatique de cette annulation est négatif pour les USA.

Dans les jours précédents ces exercices “sans précédent”, les russes ont organisé des exercices “routiniers” avec environ 2000 parachutistes et leur matériel d’un côté (sputniknews) et 900 opérateurs de blindés de l’autre (sputniknews).  De plus, en fin de semaine, la Russie accueille l’édition 2015 des épreuves de biathlon en char de combat. 13 nations participent. Les chinois ont amené leur “matériel” (rt.com) !

Question : comment l’OTAN qui renacle à s’exercer sous la pluie peut-elle espérer entrer en compétition avec un pays pour qui le char de combat est un sport ?…

 

 

Avec un prime un bijou d’humour involontaire de l’OTAN : “l’OTAN n’acceptera jamais les efforts de la Russie pour créer des sphères d’influence le long de ses frontières” (twitter au 20 juillet)

 

Oana Lungescu ‏@NATOpress  16h16 hours ago
SG: #NATO supports #Ukraine, #Georgia, #Moldova and “will never accept” #Russia’s efforts to create “spheres of influence along its borders”

 

 

• Joint Effort 2015. Parallélement, du 19 au 25 juillet ont lieu des exercices militaires “Joint Effort 2015″ en Moldavie avec environ 800 militaires de Moldavie, USA, Roumanie, Pologne et Georgie dans une base militaire de la seconde ville de Moldavie, Balti. Il s’agit, là aussi, des exercices “parmi les plus importants” jamais organisés en Moldavie et un “test d’interopérabilité des forces armées des pays concernés” comme pour Rapid Trident. Rappelons que ce n’est pas la première fois que des exercices ont lieu en Moldavie et que la Moldavie fait partie du “Programme de partenariat pour la Paix” de l’OTAN (abcnews.go.com). Cependant, cela arrive la même semaine que l’annonce de la création par la Roumanie et la Moldavie d’un “bataillon conjoint de maintien de la paix” (actmedia.eu). C’est le rapprochement entre la Moldavie et la Roumanie dans les années 90 qui avait déclenché les deux guerres civiles en Transnistrie.

 

 

Du coup, voyant la menace se préciser de nouveau, la République de Transnistrie déclare la mobilisation générale des hommes de 18 à 27 ans (sputniknews). L’ordre a été publié sur le site du président de cette république (president.gospmr.ru) La Pravda ukrainienne affirme évidemment que cela s’est fait “sur ordre de la Russie” (pravda.com.ua). Rappelons que la Transnistrie est un pays à peine large au mieux de 20 kilomètres et que sa meilleure défense est d’anticiper une éventuelle aggression, d’où la mobilisation.

 


De plus, près de 7000 militaires ukrainiens sont concentrés près des frontières de la Transnistrie (vz.ru) et Praviy Sektor / Mouvement de Libération Nationale a établi des checkpoints à la frontière (novorossia.today)

 

Du coup, les Russes sont moins “amusés”…

 

 

FOCUS SUR LES VOYAGES PARALLÈLES DU PARLEMENT DE L’UE A KIEV ET DES PARLEMENTAIRES FRANÇAIS EN CRIMÉE

• Le Parlement Européen en Ukraine : “business as usual”. Schulz l’avait annoncé la semaine dernière. Une délégation du Parlement Européen est donc en Ukraine cette semaine.

EXTRAIT DE L’ACTU’UKRAINE DE LA SEMAINE DERNIÈRE (les-crises.fr)

• Délégation du Parlement Européen à Kiev. Une délégation du PE conduite par Elmar Brok, président de la commission des Affaires étrangères et Andreï Plenkovic, président de la Délégation du PE pour les relations avec l’Ukraine, se rendra à Kiev du 23 au 25 juillet pour une visite au cours de laquelle elle rencontrera Porochenko, Yatseniouk et Groitsman. Des rencontres sont aussi prévues avec la mission spéciale d’observation de l’OSCE et avec des organisations de la société civile (lb.ua).

Le quotidien Leviy Bereg rappelle que le président du Parlement européen Martin Schulz  a conclu le 3 juillet dernier à Kiev avec le président de la Rada Groisman un accord pour renforcer la coopération des deux institutions (lb.ua). Martin Schulz avait annoncé devant la Rada que le PE pourrait envoyer des observateurs pour les élections locales et régionales (lb.ua). Il avait été aussi annoncé le 3 juillet dernier que le PE enverrait à Kiev une mission présidée par son ancien Président du PE Pat Cox, lequel avait participé aux négociations concernant la libération de Timochenko, pour examiner les moyens d’améliorer le fonctionnement de la Rada (lb.ua).

Rien de bien nouveau. Des discussions habituelles. Des assurances du soutien de l’UE (president.gov.ua).  Le Vice-président du PE Czarnecki prévient à cette occasion Porochenko de la constitution d’un lobby pro-russe au sein de l’UE, notamment après les événements en Transcarpathie (vzgliad.ru). Elmar Brok, président de la commission des Affaires étrangères du PE, déclare pour sa part que “la Russie doit comprendre l’inéluctabilité des sanctions pour les crimes de guerre et la violation du droit international” (unian.net) et que “l’UE  ne peut pas faire la guerre à la Russie à cause de l’Ukraine, qui n’est d’ailleurs pas membre de l’OTAN. Nous devons agir par les sanctions.” (gordonua)

 

 

22 juillet 2015 : Communiqué officiel de la présidence de l’Ukraine (president.gov.ua)

 President Petro Poroshenko and Vice President of the  European Parliament Richard Charnetsky discussed support provided by  the EU and Poland to Ukraine                                  
The President of Ukraine met with the Vice President of the European Parliament.
Petro  Poroshenko thanked Richard Charnetsky for his personal support of  Ukraine on its path towards reforms and fight against the Russian  aggression. The Head of State stressed the importance of ensuring  cooperation between Europe with Ukraine and Richard Charnetsky’s  contribution to the adoption of the European Parliament’s Resolutions,  and in particular those related to the annexation of the Crimea,  aggression in the East, and requirements to release Nadia Savchenko from  the Russian prison. “Establishment of the first ever European  Parliament office in Kyiv is evidence of your sincere support of Ukraine  and mutual respect,” the Head of State said.
The President also  expressed hope that after the presidential elections in Poland, Richard  Charnetsky’s experience would help further improve relations between the  two countries, strengthen the position of Poland as an advocate for  Ukraine’s European integration for Ukraine, and in particular the  visa-free regime for Ukraine.
Richard Charnetsky confirms that the  European Parliament is ready to support Ukraine in introduction of the  visa-free regime between Ukraine and the EU in 2016, which will be a  strong driving force for the country’s development and reformation.
The  President of Ukraine and the Vice President of the European Parliament  discussed the situation in the Donbas and the Minsk agreements  implementation. Richard Charnetsky praised Ukraine’s efforts in  promoting the implementation of the peace plan, including the  constitutional reform.
Richard Charnetsky emphasized that Western  countries place confidence in President Petro Poroshenko. “You are the  most earnest partner when it comes to relationships between the West,  Ukraine, and Poland,” he said.
The Vice President of the European  Parliament said that the recent situation in Mukacheve has caused great  harm to the image of Ukraine as the Russian PR used it against Ukraine.  He emphasised the increased efforts of pro-Russian lobby in the European  Union.

 

• Des parlementaires français en Crimée : la rupture du consensus diplomatique européen anti-russe. Cette visite somme toute banale du Parlement Européen est totalement occultée par l’initiative d’une dizaine de parlementaires français menés par le député Thierry Mariani (les républicains ex UMP), vice-président du Groupe d’amitié  France-Russie de l’Assemblée nationale (itele.fr, lemonde.fr, unian.info). Parmi les parlementaires, on compte une majorité issue du parti Les Républicains (ex UMP) : Nicolas Dhuicq, Jacques Myard, Claude Goasguen, Patrice Verchère, Sauveur Gandolfi-Scheit  et Marie-Christine Dalloz, un UDI : Yves Pozzo di Borgo (vice-président de la Commission des affaires étrangères et de la  défense du Sénat) et un Radical : Jérôme Lambert.

 

 

Donc cette délégation passe par Moscou mercredi 22 juillet puis visite la Crimée et spécifiquement les villes de Yalta, Simferopol et Sébastopol le jeudi 23 juillet. Les français ont rencontré sur place les représentants des autorités locales (rt.com). Mariani donne des interviews à Sputnik News (sputniknews), Kommersant (kommersant.ru) et Regnum (regnum.ru).  Pozzo de Borgo est interviewé par Regnum (regnum.ru).

 

22 juillet 2015 : Interview de Thierry Mariani à Sputnik News (sputniknews)

 

23 juillet 2015 : Russia: “Crimea is now an integral part of Russia” says French MP Mariani   (youtube)

 

24 juillet 2015 : Russia: Crimea’s reunification was ‘logical’ development – French MP Mariani (youtube)

 

Petit interlude franco-français, Goasgen indique que Sarkozy a approuvé la visite des parlementaires français en Crimée (vz.ru). Oukraïnskaya Pravda réagit aussitôt pour s’étrangler de rage : “Sarkozy a approuvé le voyage scandaleux des députés français en Crimée occupée” (pravda.com.ua). Claude Goasguen a également déclaré à l’agence TASS que “Sarkozy avait montré beaucoup d’enthousiasme par rapport à ce voyage” et ajouté que Nicolas Sarkozy pourrait même se rendre lui-même en Crimée : “Он может, может. Пока точных планов нет, но это вполне возможно”, – сообщил Клод Гоасген.” (Il peut le faire. Pour l’instant, il n’y a pas de plans précis, mais c’est tout-à-fait possible”, a déclaré Goasguen).

 

Selon Sputnik News, les parlementaires français sont “surpris” par le niveau de bonheur en Crimée : “We saw happy people here who live in Crimea and have returned  to Russia. We talked to young people. It’s a very different picture  from what is shown in our countries. I saw such a warm welcome here. We  had a completely different idea about Crimea [before the visit]” (sputniknews.). Pour Mariani, les Criméens dans leur ensemble sont heureux d’être de nouveau russes (rt.com, lesechos.fr).

 

 

La presse russe se fait l’écho de cette visite en reprenant des propos de Thierry Mariani, par exemple sur le fait qu’il ne voit pas de raison de prolonger les sanctions contre la Russie (vz.ru, rt.com, eurointegration.com.ua). Voir par ailleurs la déclaration de Youri Loutsenko à ce propos dans le premier focus de cette semaine. VzGliad voit dans la visite des parlementaires français en Crimée “un signal pour toute l’Europe” (vz.ru).

Histoire que les choses soient claires et de calmer le jeu (c’est une boutade), le Sénateur Yves Pozzo di Borgo va même jusqu’à s’afficher avec un tee-shirt de l’effigie de Poutine et dénigrant Obama (rt.com) !

 

 

Même si Mariani précise que ce voyage ne représente pas la position du gouvernement français (fr.rbth.com), cela n’empêche pas une tempête médiatique de protestation de s’abattre sur lui et ses collégues avec un automatisme quasi pavlovien.

 

Le ministre des affaires étrangères français, Fabius, est “choqué” (franceinfo.fr) et voit même dans cette visite une “violation du droit international” (sputniknews). Pour Elisabeth Guigou, présidente de la Commission des Affaires Etrangères à l’Assemblée Nationale, c’est “une initiative choquante et une équipée ridicule” (itele.fr, lepoint.fr). Le Parisien titre que Mariani “défend l’annexion de la Crimée” (leparisien.fr) ainsi que Boursorama  (boursorama). Plus nuancée dans le titre, RFI parle d’une “visite très critiquée” (rfi.fr).

Elmar Brok, Président de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, qualifie la visite de la délégation parlementaire française en Crimée de “grosse erreur” (unian.net). Le New York Times titre : “French Lawmakers Visit Crimea, to the Dismay of Officials Back Home” (nytimes). la BBC rappelle que cette visite est condamnée par la France et l’Ukraine (bbc.com). Pour la Lettonie, c’est une “honte pour l’Europe (lepoint.fr).

En Ukraine, Euromaidan donne justement la liste des parlementaires français concernés comme s’il s’agissait d’un couloir de la honte (euromaidanpress.com/) et dans un autre article titre que “la visite de Mariani en Crimée est une honte pour la France” (euromaidanpress.com). Le média ukrainien “Eurointegration” voit rouge, pour lui “Des députés français faisant partie des “amis de Poutine” se rassemblent en Crimée annexée” (eurointegration.com.ua). Novayagazeta dénigre l’initiative française et se demande “pourquoi les français sont-ils allés en Crimée ?” (novayagazeta.ru).

Kiev qualifie ce voyage de  “marque d’irrespect envers la souveraineté nationale de l’Ukraine” et de  “violation délibérée de la législation ukrainienne” (sputniknews). Kiyv Post titre “French lawmakers’ visit to Crimea outrages Ukrainian, French officials” (kyivpost). Pour UNIAN, les français visitent la Crimée “occupée” (unian.info) et le Parlement Européen condamne cette visite (unian.info).

Kiev affirme que la délégation de parlementaires français en Crimée ne restera pas sans conséquences (vz.ru) et de fait, les parlementaires français sont interdits de séjour en Ukraine (sputniknews)…

 

Hanna Hopko (parti Samopomich et présidente de la commission des Affaires étrangères de la Rada), en situation délicate après son refus de voter la loi de décentralisation (voir la semaine dernière) donne des gages à Porochenko pour conserver son poste et attaque violemment, voire outrancièrement, l’initiative des députés français via son Facebook (facebook.com)

 

DÉCLARATION 
La Verkhovna Rada d’Ukraine des affaires étrangères sur la décision des députés de l’Assemblée nationale de la France de visiter le territoire occupé temporairement de la République autonome de Crimée
Nous, les membres de la Verkhovna Rada d’Ukraine des affaires étrangères, surpris et indignés par l’intention des députés de l’Assemblée nationale française de visiter la Crimée. (La Crimée) est une partie intégrante du territoire de l’Ukraine, traîtreusement occupé et annexé par la Fédération de Russie avec l’utilisation de ses forces armées et les agences de renseignement en violation des principes fondamentaux du droit international et des accords bilatéraux, y compris le traité de 1997 entre l’Ukraine et la Fédération de Russie, le Mémorandum de Budapest de 1994, les documents fondamentaux de l’Organisation des Nations Unies, de l’ OSCE et d’autres organisations internationales. En effectuant ce crime international, la Russie a violé les principes de base du gouvernement mondial et européen, a détruit l’équilibre des forces dans la région et a provoqué la plus importante crise depuis la crise de la sécurité de la Seconde Guerre mondiale en Europe.
Les actions des députés de l’Assemblée nationale de la France sont un défi direct à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Le territoire de la République autonome de Crimée a été, est et fera partie de l’Ukraine. Tenir l‘autonomie du territoire sous la pointe du fusil du soi-disant « référendum »,  ne change rien à cette situation, et c’est la conviction des citoyens de l’Ukraine et des membres choisis de la Verkhovna Rada. il est particulièrement regrettable que cette initiative de députés d‘un pays ayant été dans le passé annexé par la force des armes (ait) ainsi trahi la mémoire  de nombreuses générations de français, qui ont défendu l’indépendance et la souveraineté de leur pays. Nous condamnons cette décision, prise par un groupe de députés de l’Assemblée nationale de la République Française, quelles que soient les explications qui puissent être données. Cette décision a démontrée le manque de respect pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, son peuple et le droit international.
 Pour: Claude BARTELONE, président de l’Assemblée nationale de la République française
Élisabeth Guigou,  présidente de la Commission Aux Affaires étrangères de l’Assemblée nationale de la République française
Remy POVROSU, président du Groupe d’Amitié Ukraine – France Assemblée nationale de la République de la France

 

 

Bref, des réactions disproportionnées par rapport à l’événement. Ce qui donne l’analyse de De Defensa suivante : “Une brèche dans la formidable muraille antirusse du Système” (dedefensa.org). A suivre…

 

 

FOCUS SUR  LE MONDE MERVEILLEUX DE SAAKASHVILI

• Bras-de-fer à Odessa entre Saakashvili et un ex-député, Vassili Khmelnitski. Dans la ligne des décisions prises par Saakashvili de rendre au public odessite certaines plages privatisées ou réservées aux membres de la police et d’organismes gouvernementaux, le nouveau gouverneur avait fait abattre lundi un mur en béton bordant la propriété d’un ex-député de la Rada, Vassili Khmelnitski (kyivpost). On le voit se fâchant sur une vidéo et vilipendant les “milliardaires” qui s’approprient l’espace public (youtube)…

 

20 juillet 2015 : Открытие пляжа, захваченного киевским миллиардером, бывшим депутатом Хмельницким  (youtube)

 

Mais le personnage en question ne s’est pas laissé faire, et dès jeudi, des ouvriers ont posé une clôture de grillage à l’emplacement du mur abattu, rétrécissant à nouveau le passage  Le mur ayant été abattu, les vacanciers auront désormais une vue imprenable sur la demeure du très riche ex-député de Kiev, et pourront admirer l’architecture de sa datcha (ridus.ru).

 

 

• Le ratage “Gaidar”. Maria Gaidar a raté son examen de passage de nationalisme ukrainien en refusant de nommer la Russie comme étant en guerre contre l’Ukraine. Du coup elle n’a pas bonne presse (sputniknews, russia-insider.com) et doit “rattraper le coup” d’autant qu’elle n’est pas, pour l’instant, officiellement nommée (unian.net). Le 19 juillet, elle donne une interview en anglais à la chaîne controversée Hromadske (hromadske.tv, youtube de 28min30 jusqu’à 45min) et le 20 sur 112 (112.ua).

 

Elle annonce donc être prête à renoncer à sa nationalité russe (une “tragédie” pour elle la semaine dernière) et arrêter ses démarches pour acquérir la nationalité israélienne (dnr-news). De plus, elle déclare que la Russie a attaqué la Georgie en 2008, qu’il est un “fait” que la Russie fait la guerre à l’Ukraine et qu’elle estime la réunion de la Crimée et de la Russie illégale (vz.ru).

 

• Opposition Porochenko Saakashvili Kolomoïski. Les observateurs voient de plus en plus se dessiner une concurrence et une opposition entre Porochenko et Saakachvili. Porochenko a organisé hier une rencontre de tous les gouverneurs d’Ukraine à Odessa à laquelle il a assisté. Les autres gouverneurs ont été assez critiques vis à vis de Saakashvili (vesti-ukr.com). Saakashvili lui claironne qu’il fait des réformes à Odessa beaucoup plus vite que Porochenko à Kiev (atlanticcouncil.org). Ambiance.

Selon VzGliad, Saakachvili aide Porochenko à se débarrasser des gens de Kolomoiski. Korban serait la prochaine cible à Tchernigov et au delà c’est sans doute Filatov qui est visé (vz.ru). “Svobodnaïa Pressa” fait une analyse au ton très enlevé sur la situation de ces trois acteurs (svpressa.ru).

 

En bonus, l’émision de 1+1 du 19 juillet dans laquelle Saakasvili accusait Kolomoïski (youtube.com)

 

19 juillet 2015 : Интервью Михаила Саакашвили телеканалу 1+1  (youtube)

 

• Purges odessites. Saakashvili appelle a virer ex abrupto le chef du port maritine commercial d’Ilitchevsk, Yuri Kruk (censor.net.ua, capital.ua) et se rend en personne sur place pour annoncer lui-même son limogeage à l’intéressé (gordonua). Saakashvili donne comme explication l’existence de “sociétés indélicates basées en Amérique Centrale (Bélize)” (facebook). Depuis sa nomination, Saakachvili a géorgisé l’exécutif de la région et pratiquement divisé par deux le nombre de ses employés (unian.net). Pour la première fois l’ancien gouverneur de la région d’Odessa Igor Palitsa commente sur sa page Facebook la nomination de Saakachvili pour le remplacer. Il ne l’avait rencontré que deux fois, en mai 2014 et en mai 2015. Palitsa est particulièrement remonté par un article du service de presse de Saakachvili selon lequel celui-ci est venu “nettoyer les écuries d’Augias” laissées par Palitsa (unian.net).

 

• Implication de plus en plus grande des USA à Odessa. Saakashvili, Chef de l’Administration d’Etat régional d’Odessa et l’Assistant Secretary, Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs, Bill Brownfield (state.gov, wikipedia) ont signé un accord pour une coopération renforcée (kyivpost, facebook). Les États-Unis aideront la région d’Odessa dans la réforme des douanes, des services administratifs et dans la prestation de services juridiques gratuits bénévoles. Bill Brownfield, a déclaré lors d’une conférence de presse que Washington soutient pleinement la politique anti-corruption à Odessa.

En prime; le FBI va être chargé d’entraîner la police d’Odessa (pravda.com.ua) .

 

 

 

FOCUS SUR QUELQUES ROUAGES DE L’UE EN UKRAINE

• L’EUAM. EUAM (European Union Advisory Mission) est l’équipe de conseillers de l’UE en Ukraine pour tout ce qui est police, garde frontière, garde nationale, service de sécurité et pénitencier ainsi que les institutions juridiques (euam-ukraine.eu). Cette équipe est donc directement concernée par la réorganisation de la police de la route en cours.

 

 

 

Le site internet est, de manière amusante, basé aux USA, ca montre bien l’indépendance européenne en matiere d’informatique (http://ns.myip.ms/info/whois/192.241.88.232/k/512797244/website/www.euam-ukraine.eu). Pour se faire plaisir on remarquera qu’à l’adresse IP est 192.241.88.232 il y a deux autres sites  : convert.ge et dieta.ge. L’extension “ge” c’est la Georgie…

Au niveau du compte tweeter, il est toujours intéressant à suivre l’historique des abonnements (hyper pas ue) (twitter) :

 

1) foreign Policy
2) Kyiv Post
3) Christopher Miller Magazine Mashable
4) Avakov Miistere de l’Interieur
5) Simon Ostrovsky magazine Vice News
8) Hillary Clinton
9) Yatsenyuk
10) porochenko
13) Lesya Orobets
14) Svyatoslav Vakarchuk
17) Shaun Walker –> Journal Guardian
 
21) Klytchko
22) Leshchenko
25) Dmitry Timchuk
26) Hromadaske
27) Tetiana Danylenko
28) Pyatt ambassadeur US
29) Pavel Sheremet
 
31) Bill Clinton
32) Andriy Shevchenko
34) Nayyem
35) Vitaly Portnikov
 
36) Euromaidan

 

• Yes-Ukraine. Yes Ukraine est une création de l’oligarque ukrainien Victor Pinchuk. La Yalta European Strategy (YES) is dixit le site officiel “the leading public diplomacy  platform in Eastern Europe to develop strategies for Ukraine and Wider  Europe and promote Ukraine’s European integration” (yes-ukraine.org). YES a été créée en 2004 et est présidée par l’ex président polonais Aleksander Kwasniewski (wikipedia). La prochaine réunion de YES aura lieu les 10 et 12 septembre 2015.

 

 

 

 

FOCUS SUR LES TEMOIGNAGES DE CEUX QUI VIVENT LES EVENEMENTS

• Interview d’un français en Novorussie. Il s’agit d’Erwan Castel qui tient le blog gaideclin.blogspot.fr. Il est interviewé via Skype par Meta TV. l’interview date du 8 juillet et est relayée par le blog d’Erwann Castel le 22 juillet  (gaideclin).

 

8 juillet 2015 : Les vraies raisons de la guerre en Ukraine – Erwan Castel et Alain Benajam – Meta TV (dailymotion, dailymotion et dailymotion)

 

 

• Un Ukrainien au Donbass. Arthur Senko est un blogueur ukrainien, originaire de Vinnitsa, en  Ukraine centrale.  En juin dernier, il décide de se rendre à Donetsk pour  voir de ses propres yeux ce qui s’y passe, pour rencontrer les  habitants et discuter avec eux, avoir leurs opinions sur le conflit en  cours et le devenir de l’Ukraine et du Donbass. (youtube, facebook, vk.com).

 

18 juillet 2015 : Un ukrainien à Donetsk #1. Première impression. [sous-titres français]   (youtube)

 

18 juillet 2015 : Un ukrainien à Donetsk #2. Réactions à la langue ukrainienne [sous-titres français]  (youtube)

 

19 juillet 2015 : Un ukrainien à Donetsk #3: un lieu inattendu [sous-titres français]  (youtube)

 

19 juillet 2015 : Un Ukrainien à Donetsk #4: Comment voyez-vous cette guerre ? [sous-titres français] (youtube)

 

20 juillet 2015 : Un ukrainien à Donetsk #5. Comment mettre fin à cette guerre ? (youtube)

 

20 juillet 2015 : Un ukrainien à Donetsk#6 : Y a-t-il une chance que le Donbass reste en Ukraine ?  (youtube)

 

• Projet documentaire “Le Donbass sous le feu” : Episode 10 : “Invictus”. Maxim Fadeïev est journaliste dans le réseau d’agences indépendantes News Front, il a survécu au siège de Slaviansk et réside actuellement à Donetsk où il a créé le projet documentaire “Le Donbass sous le feu “. La dixième partie de ce projet est parue le 19 juillet et traduite en anglais le 22 (traduit par Kazzura youtub, source : youtube).

 

19 juillet 2015 : Фильм 10-й: «Непокоренный». Документальный проект NewsFront: «Донбасс. На линии огня» (“Invictus”, unbowed) (sous-titres anglais par Kazzura : youtube, source : youtube).

 

Les documentaires précédents :

 

10 mars 2015 : Le Donbass sous le feu (Part. 9) : Greetings from Gorlovka (sous-titres anglais par Kazzura : youtube, source : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

27 février 2015 : Le Donbass sous le feu (Part. 8) : Sur les routes de la guerre (sous-titres anglais par Kazzura : youtube, source : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

23 janvier 2015 : Le Donbass sous le feu (Part. 7) : La guerre, c’est la guerre (sous-titres anglais par Kazzura : youtube (18+), source : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

13 janvier 2015 : Le Donbass sous le feu (Part. 6) : Le Nouvel An 2015 (sous-titres anglais par Kazzura : youtube, source : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

26 décembre 2014 :  Le Donbass sous le feu (Part. 5) : Séparatistes (sous-titres anglais par Kazzura : youtube, source : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

6 décembre 2014 : Le Donbass sous le feu (Part. 4) : Le Terminal (sous-titres anglais par Kazzura : youtube, source : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

30 novembre 2014 : Le Donbass sous le feu (Part. 3) : «С любовью. Донецк» (Avec Amour. Donetsk) (source non sous-titrée : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

18 novembre 2014 : Le Donbass sous le feu (Part. 2) : Памяти воина «Волка» (Dans la mémoire du guerrier “loup”)  (source non sous-titrée : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

23 février 2015 : Le Donbass sous le feu (Part. 1) :  «Прифронтовой город»  (La ville de première ligne)  (source non sous-titrée : youtube)

Cliquer sur l’image pour voir la video :

 

• Anatoly Shary est à présent sous-titré en anglais. La plupart des vidéos du channel d’Anatoly Shary sont à présent sous-titrées en anglais avec une latence de 3 à 4 jours pour les nouvelles. Ceci permettra une plus grande diffusion de ces informations quasi-journalières  (fortruss, youtube) ! Quelques exemples…

 

17 février 2015 : Трейлер (bande-annonce) (youtube)

 

16 juillet 2015 : Переведи меня через блокпост (checkpoints ukrainiens) (youtube)

 

19 juillet 2015 : Донецк. После обстрела  (Donetsk, après le bombardement) (youtube)

 

 

SUITE DE LA SEMAINE PASSEE

• Quelques éléments sur la Transcarpathie. Une analyse de De Defensa sur les rapports entre Transcarpathie, Hongrie et Praviy Sektor (dedefensa.org) et une analyse de la “Revue Contemporaine” datant de juillet 1912 (gallica.bnf.fr). De façon connexe, on apprenait la semaine dernière que la Hongrie se méfiait fortement de l’ukraine et menait ouvertement des opérations d’espionnage en Ukraine, notamment en Transcarpathie. Le 20 juillet, le Ministre des Affaires Étrangères  d’Ukraine a convoqué l’ambassadeur hongrois pour “explications, qualifiant d’inacceptables les opérations des services secrets hongrois en Ukraine (korrespondent.net, mfa.gov.ua, zik.ua).

Etrangement, L’ambassadeur US se rend à Mukachevo le lundi 20 juillet pour “se rendre compte de la situation” (mukachevo.net, fortruss). Etrangement car Mulachevo est a priori un conflit local et interne à l’Ukraine dans lequel les USA n’ont rien à faire… D’ailleurs, l’ancien Premier Ministre ukrainien Nikolaï Azarov le note sur sa page FB : “la visite à Moukatchevo en Transcarpathie de l’ambassadeur US permet de déduire qui est le vrai maître en Ukraine” (vz.ru, facebook). Peut-être aussi que les tensions que l’on observe entre la population et la garde nationale font penser aux premières semaines du conflit dans le Donbass (fortruss)…

Pour la petite histoire, le député Lanio aurait finalement quitté l’Ukraine en traversant la frontière sud ouest (unian.net). En tous cas, c’est ce que le SBU déclare (pravda.com.ua). Et pour finir, une vision ukrainienne dépassionnée des événements de Transcarpathie (nv.ua).

 


• La nouvelle police des transports. Eka Zguladze annonce la suppression globale de l’ancien service (vesti-ukr) et indique que le déploiement de la nouvelle Police des Transports s’étend à présent à  la Transcarpathie (unian.net). Le recrutement/casting des futurs membres ont d’ailleurs commencé en fin de semaine à Oujgorod, Place du Peuple n° 4. Les candidats ont jusqu’au 11 août pour se présenter (glavnoe.ua).

 

• Poursuite des purges : Le SBU. Le SBU annonce avoir arrêté le 20 juillet certains de ses membres qui s’étaient livrés à des écoutes illégales des opposants lors de la “Révolution de la Dignité”, lire le “coup d’état du Maidan en 2014″ (sbu.gov.ua).  Comme d’habitude, des hommes ligotés à terre et des liasses de gros billets (ici des 500 UAH)… En prime le lien du site officiel du SBU (sbu.gov.ua)…

 

 

Et les “déplacements” de cadres aux SBU se poursuivent (lb.ua). Porochenko a ainsi nommé un nouveau responsable du SBU en Transcarpathie (unian.net).

 

• Poursuite des purges : La Justice.  Cette fois c’est le procureur de Kiev qui est arrêté. Il est soupconné de trafic de “drogue” (en fait de médicaments). Remarquez la photo montrant une position vraiment pas respectueuse et apparamment un SBU en tenue de “gangster” qui le garde (korrespondent.net). Long article de VzGliad sur la crise des procureurs en Ukraine (vz.ru). Le procureur général d’Ukraine, Chokine, déclare au cours d’une conférence de presse que l’on veut s’en prendre à sa vie (unian.net).

 

 

• Poursuite des purges : Transparence des patrimoines. Le parlement a voté le 14 juillet une loi imposant la transparence des possessions de terres, de propriétés et de voitures. Cela ne va pas plaire à plein de gens (pravda.com.ua)…

 

• Poursuite des purges : L’enseignement.  Le 21 juillet, une perquision conjointe du Parquet général, du SBU et du Ministère de l’Intérieur a eu lieu chez des hauts fonctionnaires du Ministère de l’Education (unian.net). Le 22, le gouvernement limoge le Directeur du Centre d’évaluation de l’enseignement (lb.ua/).

 

• Restriction dans la santé : après les enfants cancéreux, les séropositifs. Bientôt, ce sont environ 8000 séropositifs qui pourraient être privés de traitement (20minutes.fr).

 

• Le bombardement de Donetsk du 18 juillet. Ce jour là, le centre-ville de Donetsk a été bombardé (rue  Universitetskaia – rue Schorsa et l’hôpital No. 23). 46, rue  Tselinogradska . Un homme de 31 ans, agent de sécurité sur un chantier  de construction près de 69, rue Shchorsa  a été tué.  Dans les deux cas,  l’OSCE a été en mesure de conclure que le feu a été tiré à partir de la  zone de Pisky (11km au nord-ouest de Donetsk) et Pervomaiske (17km au  nord-ouest de Donetsk) contrôlés par l’Ukraine.

 

20 juillet 2015 : Bombardements  de Donetsk et rapport OSCE. Le 18 07 2015   (youtube)

 

21 juillet 2015 : Donetsk, le 21 07 15. L’obus transperce trois appartements (sous-titres français]  (youtube)

 

Extrait du rapport de l’OSCE : Latest from OSCE Special Monitoring Mission (SMM) to Ukraine based on information received as of 19:30 (Kyiv time), 19 July 2015 (osce.org)

 “On 19 July the SMM observed the aftermath of shelling overnight and  conducted crater analyses in “DPR”-controlled Donetsk city, visiting a  total of 12 impact sites. Around 80 Universytetska Street and 69  Shchorsa Street (2.5km north-west of Donetsk city centre), the SMM  observed three fresh craters that it concluded had been caused by MBT  fragmentation shells (125mm) fired from the north-west. At Hospital No.  23 at 46 Tselinogradska Street (4km west of Donetsk city centre), the  SMM observed three fresh craters that it also concluded had been caused  by MBT fragmentation shells (125mm) fired from the north-west. In both  cases, the SMM was able to conclude the direction of fire to have been  from the area of government-controlled Pisky (11km north-west of  Donetsk) and Pervomaiske (17km north-west of Donetsk). Moreover, the SMM  learned that a security guard at a construction site close to 69  Shchorsa Street had been killed – and the SMM observed damage to a  smouldering building there, with a direct hit to the roof, and then  visited Kalinina morgue and confirmed the death of the 31-year-old man.”

 

 

Sur cette vidéo, on voit l’obus passer entre les immeubles (zerohedge, vidéo à 1mn37 environ : youtube)

 

 

20 juillet 2015 : 21.07.15 Утренний Обстрел Донецка ВСУ , видно полёт снаряда  (youtube)

 

L’analyse de l’attaque compilée par Colonel Cassad montre que le bombardement est le fait d’un ou plusieurs tanks et non de l’artillerie, ce qui en soi est une bonne nouvelle. Il est sans doute question d’un acte isolé d’une unité, voir d’un équipage (colonelcassad).


• Manifestation à Donetsk le 23 juillet. L’OSCE est régulièrement pris à parti par les Novorusses pour son apathie. Le 23 juillet, une manifestation a eu lieu à Donetsk devant  l’hôtel Park Inn où logent les observateurs de l’OSCE et les représentants de la Croix-Rouge.

 

23 juillet 2015 : Donetsk. Les voitures de l’OSCE taguées par les habitants [le 23/07/15]   (youtube)

 

23 juillet 2015 : Donbass. Manifestation devant l’hôtel de l’OSCE le 23 juillet 2015   (youtube)

 

Auparavant des résidents de Donetsk avaient appelé pacifiquement l’OSCE à réagir (novorossia.today, youtube).

 

20 juillet 2015 : Resident from Donetsk: an appeal to OSCE (youtube)

 

Il faut dire que les presses ukrainiennes et atlantistes avaient atteint un niveau délirant d’hypocrisie. Allant jusqu’à dire que les Novorusses se bombardaient eux-mêmes pour accuser les Ukrainiens (russia-insider, kyivpost)

 

• Des éléments sur le vol MH17. Le conseil de sécurité de l’ONU a commencé l’examen du projet de résolution relative à la constitution d’un tribunal international pour juger de l’affaire du Boeing malais (pravda.com.ua). En vertu des accords entre les pays participants à l’enquête sur le drame du MH1, les résultats de l’enquête sur le crash seront tenus secrets. L’adjointe à l’intégration européenne du ministre des affaires étrangères d’Ukraine, Elena Zerkal précise : “With  regard to criminal investigation, we set up a joint investigation team  and the investigation is still ongoing. At the same time it is  classified and confidential and the results will not be presented for  public discussion.” (fortruss). Grahams Phillips, sur son blog “The Truth Speaker” sort plusieurs articles sur le sujet :

 

 

• Suite des attentats à Donetsk. Alors que Kyiv Post se réjouit et titre “Arbitrary arrests in Russian-held Donetsk as city descends into anarchy “ (kyivpost), Colonel Cassad livre un témoignage d’un membre de l’unité militaire incriminée dans les attentats, et dont des membres ont été arrêtés (colonelcassad).

 

 

 

LE RESTE DES INFOS : LUNDI 20 JUILLET 2015

Humour ukrainien involontaire…  avec ce titre d’OukraïnskaIa Pravda lundi 20 dès potron-minet : Ситуация на востоке Украины остается стабильно неспокойной – 75 обстрелов (La situation dans l’est de l’Ukraine reste stablement agitée – 75 tirs)  (pravda.com.ua).

 

• Odessa, ville Far-West. Un bar a encore explosé (obozrevatel.com). Il s’agit du bar “Liberty”, en plein centre, dans lequel une grenade a été jetée. Un vigile a été blessé (obozrevatel.com). De plus, Andreï Yousov, l’un des meneurs de l’Euromaïdan d’Odessa, et sa femme se sont fait tabasser par des inconnus (pravda.com.ua). La femme de Youssov a tenu à préciser qu’ils se sont sortis des pattes de leurs agresseurs grâce à l’intervention de passants, pas grâce à la police…

 

Petites visites de courtoisie entre amis. Les USA et l’Ukraine vont effectuer entre le 20 et le 26 des vols conjoints d’observation au-dessus du territoire russe (pravda.com.ua). La communication faite par OukraïnskaIa Pravda reprend celle faite dans “Novoe Vremia” par Sergueï Rizhkov, directeur du Centre russe de réduction du danger nucléaire. En même temps, la Russie fera de même dans le ciel de la Lituanie et de la Lettonie, en vertu d’un accord commun dit du “ciel ouvert”. Echange de bons procédés.

Cela fera au moins une fois où la Lituanie ne hurlera pas “au loup” à propos d’avions ou de sous-marins russes, comme aujourd’hui (pravda.com.ua, twitter). L’article de Pravda précise néanmoins que les navires russes se trouvaient à six milles de la limite des eaux territoriales. N’importe quel autre navire de guerre de n’importe quel autre pays s’y serait trouvé, personne n’en parlerait. Mais ce sont des navires russes…

 

• Petite pénalité. Le fisc ukrainien reclame 5 Milliards UAH (environ 250 millions USD) de pénalités à Ukrnafta (forbes.ua).

 

• Rependance d’un EuroMaidan. Eugene Vasilkevich Dovlatov, un journaliste d’Odessa et activiste du Maïdan, présente ses excuses à Poutine (lenta.ru).

 

 

LE RESTE DES INFOS : MARDI 21 JUILLET 2015

Nouvelle chaîne de télé anti-russe. La Pravda de Kiev titre : “La Pologne et les Pays-Bas créent une chaîne télévisée pour “contrer la propagande russe” (traduire par “créent une chaîne télévisée pour diffuser de la propagande anti-russe”). Décidément, la Hollande dépense beaucoup d’argent pour les activités anti-russes. Il y avait déjà eu la création de la chaîne ukrainienne “Hromadske” (itunes.apple.com) au financement international : Pays-Bas, Congrès US, UE. C’est sur cette chaîne que le journaliste ukrainien Bogdan Boutkievitch avait dit clairement qu’il y avait au Donbass 1,5 million d’inutiles qu’il fallait tuer : Sa prestation (sous-titrée en anglais) pour mémoire (youtube).

 

31 juillet 2014 : Bogdan Boutkevitch: You need to kill 1.5 million people in Donbass  (youtube)

 

 

LE RESTE DES INFOS : MERCREDI 22 JUILLET 2015

• Epuration culturelle ukrainienne : Depardieu dans le collimateur du SBU. Notre Gérard Depardieu a chaud aux oreilles en ce moment. Le SBU aurait décidé qu’il représente un danger pour la sécurité nationale de l’Ukraine (pravda.com.ua, theguardian.com) ! En fait, la logique ukrainienne de purification tous azimuts (listes de personnes non grata, listes de films et émissions russes interdites de diffusion, déboulonnage de statues de Lénine, dérussification des noms de rues, etc.) touche aussi la culture. Le ministère de la culture ukrainien avait déjà transmis en janvier au Conseil de Sécurité Nationale une liste de 117 personnalités du monde culturel interdites de séjour en Ukraine, ou dont les oeuvres et productions sont proscrites, liste qui n’apparaît pas apparemment sur le site officiel du ministère (http://mincult.kmu.gov.ua/mincult/uk/index) et dont le ministère avait jusqu’à présent toujours démenti l’existence (calvertjournal.com). Apparemment, il est à présent question de 500 voire 600 personnes dont Gérard Depardieu (news.rin.ru). Il y a deux semaines de cela, une initiative nommée “Pidvitch” ainsi que d’autres associations avaient manifesté devant le ministère de la culture et communiqué au ministre leur propre liste de “moutons noirs” qui comptait 500 noms. Dans cette liste, il est aussi question de l’acteur Steven Seagal et du chanteur compositeur Goran Bregovic (tass.ru) ou encore du cinéaste et musicien serbe Emir Kusturica, du réalisateur Oliver Stone et évidemment de nombreux artistes russes et quelques ukrainiens…

 

• Une cache d’armes américaines trouvée dans les ruines de l’aéroport de Lougansk. Comme à Donetsk, l’aéroport de Lougansk a été utilisé par les forces ukrainiennes comme tête de pont durant l’été 2014 pour débarquer des troupes et du matériel et faire éclater le front. Comme à Donetsk, cela s’est mal fini pour les Ukrainiens. dans les ruines de l’aéroport, une cache d’armes d’origine américaine a été trouvée. Elle contenait notamment des missiles portables anti-aériens Stinger (sputniknews, sputniknews). La cache date de l’offensive ukrainienne de l’été 2014, ce qui implique que des livraisons d’armes ou l’utilisation de mercenaires US ont été réalisées à cette époque.

 

 

• Porochenko nomme Heorhy Tuka, un volontaire et activiste euromaidan, au gouvernerat de la partie sous contrôle de Kiev de l’Oblast de Lougansk (kyivpost.).

 

 

LE RESTE DES INFOS : JEUDI 23 JUILLET 2015

Trente-troisième convoi humanitaire russe au Donbass. Plus personne n’en parle. Surtout pas nos médias, qui préfèrent parler de la Grèce. Ainsi, le 33e convoi russe est parti ce matin vers une heure du centre du ministère des situations d’urgence de Rostov-sur-le-Don et se dirige vers la frontière ukrainienne (vesti-ukr.com). Il apporte encore plus de mille tonnes de marchandises : “Среди грузов медикаменты, продукты питания, в том числе консервы, крупы, макаронные изделия, а также предметы первой необходимости. Гуманитарная помощь будет доставлена в Донецк и Луганск. Перед границей колонна разделится примерно на две равные части.” Traduction : “Dans les chargements, il y a des médicaments, de la nourriture, entre autres des conserves, de l’orge, des pâtes, mais aussi des objets de première nécessité. L’aide humanitaire sera déchargée à Donetsk et à Lougansk. Avant la frontière, elle se divisera en deux convois d’importance égale.”

Mais les camions ne transportent pas seulement des choses matérielles. Ils amènent aussi des médecins et des psychologues et  du personnel technique afin de pallier tout incident mécanique ou autre et d’empêcher ainsi que le convoi soit soumis à des arrêts préjudiciables à l’accomplissement de sa mission. Et pendant ce temps, à l’ONU, on est encore en train de discuter de la faisabilité d’un envoi d’aide humanitaire. Dans les pays de l’UE, on n’y pense même pas. Et l’Ukraine y voit toujours une “invasion” russe. En caricature, cela donne ça :

 

Régime sans visas. C’est depuis le début le Graal de l’intégration européenne pour Porochenko : obtenir de l’UE un régime sans visa pour les Ukrainiens. Hélas pour lui, l’UE vient de durcir les conditions d’obtention des visas (vesti-ukr.com). Cela ne date pas d’aujourd’hui, les Polonais avaient déjà commencé en octobre 2014 (14 10 2014 ridus.ru, news de 23 h 24) : “Les autorités polonaises ont compliqué l’obtention de visas Schengen pour les Ukrainiens. Malgré l’orientation pro-européenne du gouvernement de Kiev, les habitants des oblasts occidentaux de l’Ukraine sont pratiquement privés de la possibilité de voyager sans problème en Europe, communique Russia today (http://russian.rt.com/article/54414). “Ainsi, auparavant il suffisait d’être enregistré comme résident permanent dans l’un des oblasts de l’ouest et d’exprimer le souhait de faire ce que l’on appelait une virée-shopping en Pologne. En cas d’acquisition effective de marchandises, les Ukrainiens recevaient un visa multiple avec un délai de validité d’un an. Maintenant, pour ceux qui désirent se rendre en Pologne pour des achats, on exige qu’ils produisent un relevé de compte bancaire et pour ceux qui veulent se rendre sur le territoire polonais, il leur faut prouver qu’ils ont un travail pour au moins six mois.” Le même site (ridus.ru) écrivait encore (12  11  2014 ridus.ru, news de 15 h 16) : ” D’après l’UE, l’attribution à l’ukraine d’un régime sans visa ne sera pas possible avant la première moitié de 2015, écrit “La Vérité européenne” en se référant à ses propres sources au sein des milieux diplomatiques (http://www.eurointegration.com.ua/news/2014/11/12/7027716/)”

Un média ukrainien (zn.ua) exprimait d’ailleurs le 16 novembre 2014 une crainte évidente : “L’Ukraine s’attend à une fuite massive de sa population, si l’on établit un régime sans visa avec l’UE, étant précisé qu’au cours des premières années après l’abolition du visa, environ trois millions de personnes pourraient quitter le pays, écrit ZN.ua, citant Andreï Gaïdoutskovo, un expert en transferts de capitaux et en surveillance bancaire des migrants.

Récemment, le 6 juillet, un autre média (112.ua) avait donné un petit espoir aux Ukrainiens : Martin Schulz avait promis de travailler au régime sans visa entre Ukraine et UE, et d’envoyer des observateurs pour les élections régionales (112.ua).

 

 

LE RESTE DES INFOS : VENDREDI  24  JUILLET

Attentats à Kiev.  Deux explosions ont retenti en plein centre de la capitale la nuit dernière. La façade d’une banque a été mitraillée au lance-grenades. Il n’y a pas eu de blessés (pravda.com.ua).

 

• Initiative russe d’une agence de notation internationale.  Il y a en fait déjà au moins 4 petites agences russes de notation, qui n’ont aucune notoriété. Une agence plus grosse se met en place, avec la participation de Gazprombank. Par contre le projet d’agence russo-chinoise n’avance pas (rt.com).

 

• Exemples d’humour russe plus ou moins fins  (fortruss).

 

Russia’s FSB is monitoring Klichko’s conversations. Just for laughs.

 

“Ukraine’s  postal service released a stamp bearing Poroshenko’s face. But it  turned out it’s not sticking to the letters–people are spitting on the  wrong side!”

 

“If somebody doesn’t like the idea of restoring USSR, we’ll settle for the 1870 borders.”

 

Minions are Ukrainians
1. Very gullible
2. Blue and yellow
3. Help all manner of evildoers (especially from the US)
4. Whatever they do, it has the opposite effect.
5. They speak an emotional language which constantly changes so that nobody understands it, not even themselves. 

 

  “It’s merrier with Mr. Putin!
World order and twice as fast!”

 


“Maybe it’s time to reduce the sanctions on Russia?”

 

 Find 10 differences
Iraq–ISIS–Ramadi
Ukraine–Right Sector–Mukachevo

 

 “Ukraine is closely copying the Russian 1990s:
–President-alcoholic
–Fights in the parliament
–Oligarchs in key posts
–IMF
–Default
–Love for the US
And it will end with a New Year’s “I’m tired, I’m leaving”, and the appointment of Putin

 

“That feeling with Right Sector Nazis have declared themselves a national liberation movement and called for a referendum”

 

  A meeting of Normandy Four:
–Zdravstvuyte!
–Guten Tag!
–Bonjour!
–Give us money, please!

 

We’re not Gazprom, but we can also deliver warmth to NATO homes

 

If one is to die, one should die with music 

[A pun on the Right Sector leader Muzychka, killed in Transcarpathia in 2014]

 

• Humour russo américain.

 

 

LE RESTE DES INFOS : SAMEDI 25 JUILLET 2015

• Derniers soubresauts guerriers ?  Oukraïnskaïa Pravda dénonce l’intensification des tirs par les miliciens “séparatistes”  sur les positions ukrainiennes et affirme qu’ils utilisent des munitions incendiaires (pravda.com.ua). C’est possible, quoique, venant de ce média officiel du pouvoir ukrainien, il est raisonnable de s’attendre à de la propagande caractérisée. Quant aux munitions incendiaires, nous rappellerons que les forces ukrainiennes ont, les premières, utilisé des munitions à cassettes (bombardement du centre de Lougansk en juin 2014, nombreuses victimes civiles), et des obus au phosphore blanc, et ce, dès l’automne 2014 :

 

D’un autre côté l’OSCE annonce que les échanges de tirs autour de l’aéroport de Donetsk se sont amenuisés (osce.org). Un obus de mortier est tombé dimanche près de véhicules de l’OSCE sur la ligne de front dans la région de Lougansk (sputniknews) et un chef de patrouille de l’OSCE a été blessé, le lundi suivant, près de Shirokino (sputniknews).

 

• Démontage. Les russes démontent certains équipements électroniques leur appartenant des porte-hélicoptères “Mistral”. Ceci dit, la poupe des navires vient aussi de Russie… S’ils les démontent aussi, les Mistral vont avoir du mal à flotter (lenta.ru). Ceci n’empêche pas Bloomberg d’écrire le 28 juillet que Hollande décidera “dans les semaines à venir” s’il livre les Mistral à la Russie (bloomberg.com via pravda.com.ua)…

• Ratification en cours dans l’UE. Comme on pouvait s’y attendre, l’Allemagne a mené à bien la nuit dernière la dernière étape du processus de ratification de l’accord d’association UE-Ukraine (112.ua).

 

LE RESTE DES INFOS : DIMANCHE 26 JUILLET 2015

• Fait pas bon être avocat lié aux ultra-nationalistes en Ukraine. Jaroslav  Babich, le chef du département juridique du régiment “Azov”, a été trouvé pendu dans un pièce d’un casernement Azov en zone ATO (dnr-news) et l’avocat de Vita Zaveruha a reçu un avis de mobilisation (dnr-news, Fortruss).

 

 

• Ni prêtre orthodoxe du patriarcat de Moscou. A Kiev, un prêtre de l’église orthodoxe dépendant de Moscou a reçu deux balles dans la tête près de son domicile. La thèse avancée par la police est celle de cambrioleurs (dnr-news, sputniknews).

 

• Manifestation conjointe de nationalistes ukrainiens et russes à Kiev. Manifestation devant l’ambassade russe à Kiev pour demander la libération des “prisonniers politiques” en Russie (colonelcassad).

 

• Article de synthèse sur la défense de Lougansk en juillet-août 2014 (colonelcassad).

 

 

 

 

Source: http://www.les-crises.fr/actuukraine-29072015/


La Grèce est traitée comme un état hostile occupé, par Ambrose Evans-Pritchard

Wednesday 29 July 2015 at 00:14

Un nouvel accord pour Athènes qui est le plus mauvais possible et ne résout rien


Photo : AP

Par Ambrose Evans-Pritchard

Comme les Bourbons Napolitains – gentils en comparaison – les dirigeants de la zone Euro n’ont rien appris et rien oublié.

La cruelle capitulation imposée à la Grèce après 31 heures de torture diplomatique n’offre aucune sortie concevable à la crise perpétuelle du pays. Les termes en sont infiniment plus durs que ceux rejetés par les électeurs grecs lors du référendum triomphal une semaine auparavant et ne pourront donc jamais obtenir d’approbation démocratique.

Ils doivent être entérinés par un parlement grec toujours dominé par des députés de gauche et de droite qui détestent chaque ligne de la déclaration du sommet, l’infâme SN 4070/15 et ont seulement accepté – si tant est qu’ils l’aient fait – le couteau sous la gorge.

Les inspecteurs de l’Union économique et monétaire peuvent mettre un veto aux lois. L’émasculation du parlement grec a été glissée dans le texte. Il ne manque plus qu’une unité de gendarmes de l’Union économique et monétaire.

De tels termes sont inapplicables. Les créanciers ont cherché à rendre le nouveau mémorandum définitif en transférant 50 milliards d’euros d’actifs grecs “à un fonds indépendant qui monétisera les actifs par des privatisations et d’autres moyens”. Il sera utilisé en partie pour régler les dettes.

Ce fonds sera sous “la surveillance” de l’Union européenne. Les finesses cosmétiques de souveraineté seront préservées en laissant les autorités grecques gérer leurs affaires quotidiennes. Personne n’est dupe.

 

Un Tsipras “crucifié” a capitulé devant des mesures draconiennes après 17 heures de pourparlers achevés tard dans la nuit

Autrement dit, ils saisissent à la source le peu de bijoux restants de la Grèce. Ceci n’est pas vraiment différent du Comité International pour la Gestion de la Dette Grecque en 1898 imposé à la Grèce après que le pays eût fait faillite à la suite d’une guerre balkanique désastreuse.

Une ligue de six grandes puissances détentrices d’obligations, menée par des banquiers britanniques, confisquèrent les droits de douane dans le Port du Pirée, saisirent les revenus issus des droits de timbre, du tabac, du sel, du kérosène et jusqu’aux droits sur les cartes à jouer. Mais au moins il n’y eut aucune tromperie sur la solidarité et l’aide à la Grèce en cette occasion.

“C’est le Traité de Versailles d’aujourd’hui,” a dit M. Varoufakis ce matin, me parlant depuis sa maison sur une île de la mer Égée.

Selon les nouveaux termes de l’accord, la Grèce doit resserrer son budget d’environ 2% de son PIB dès l’année prochaine, poussant le pays plus loin dans une spirale de déflation-dettes et dans l’étape suivante de sa dépression de six ans.

Cela aura pour résultat que le gouvernement manquera les objectifs budgétaires encore une fois – probablement de beaucoup – dans une répétition exacte de la politique d’auto-faillite qui a rendu hors de contrôle la dynamique de la dette grecque dans les deux derniers ensembles de prêts de la Troïka.

Comme le Fonds Monétaire International l’a reconnu dans son célèbre mea culpa, si vous méjugez le multiplicateur fiscal et forcez l’austérité au-delà de la dose thérapeutique, vous aggravez les choses. Le ratio dette/PIB s’accroît malgré les coupes dans les dépenses.

Les dirigeants de l’UEM ont une réponse. Comme les courtisans de Knut le Grand, ils ordonneront simplement que les vagues refluent. Le texte déclare qu’en plus des diminutions des retraites et des augmentations des impôts il doit y avoir “des réductions de dépenses quasi automatiques en cas d’écarts par rapport aux objectifs des excédents primaires ambitieux”.

Autrement dit, ils seront forcés de mettre en œuvre des politiques restrictives pro-cycliques. La dérive fiscale qui a agi comme un léger amortisseur pendant les cinq dernières années ne sera pas tolérée cette fois.

 

A propos des demandes de l’UEM, l’économiste américain et Prix Nobel Paul Krugman déclare “cela va au-delà de l’intransigeance, c’est une vindicte”

Et n’oublions pas que ces excédents primaires n’ont jamais eu aucun sens en premier lieu. Ils n’ont pas été établis sur la base de l’analyse macro-économique. Ils ont été inclus dans des accords antérieurs car c’est ce qui serait nécessaire – ceteris paribus – pour faire croire que la dette est supportable et donc pour que le FMI accorde son financement. Quelle blague !

L’économiste Nobel Paul Krugman dit que les demandes de l’UEM sont “de la folie” à tous les niveaux. “Ce que nous avons appris pendant ces deux dernières semaines, c’est qu’être membre de la zone Euro signifie que les créanciers peuvent détruire votre économie si vous déviez de la norme. Ceci n’a absolument aucun rapport avec les sous-jacents économiques de l’austérité”, a-t-il dit.

“Cela dépasse l’intransigeance et devient pure vindicte, destruction complète de la souveraineté nationale, sans espoir d’apaisement. C’est probablement conçu pour que la Grèce ne puisse l’accepter ; mais quand même, c’est une trahison grotesque de tout ce que le projet européen a supposé signifier”, a-t-il dit.

Oui, Syriza a flanché, mais il y a beaucoup de chapitres encore à écrire dans cette misérable histoire.

Les banques grecques sont sur le point de s’écrouler. Il ne reste même pas assez d’argent pour couvrir les retraits aux distributeurs automatiques de 60 € par jour durant cette semaine, ou couvrir les paiements hebdomadaires de 120 € aux retraités et aux chômeurs – c’est-à-dire la minuscule fraction des chômeurs qui reçoit quelque chose.

Le contrôle des capitaux a mené à un arrêt de l’économie. Presque rien n’entre dans le pays. Les sociétés consomment leurs derniers stocks de matières premières et d’importations essentielles. Des centaines d’usines, des moulins et des unités de fabrication ont déjà réduit leurs équipes et se préparent à débrayer dès cette semaine.

Les dernières réservations touristiques se sont effondrées de 30%. Syriza a fait face à un sérieux risque du pays d’épuisement des stocks de produits alimentaires importés dès la fin de ce mois, avec des conséquences catastrophiques au sommet de la saison touristique. Ainsi oui, face à l’horreur complète de ce qui se passe, ils ont reculé.

Pas besoin d’être un oracle pour voir que la Grèce va au-devant de plus de problèmes

Il n’y a aucun doute que Syriza a vendu un programme trompeur au peuple grec avec ses promesses incompatibles de déchirer le mémorandum de la Troïka et de garder la Grèce dans l’euro. Ils ont appris une horrible leçon.

Pourtant c’est seulement la moitié de l’histoire. Nous avons aussi vu le pouvoir des créanciers de l’UEM mettre un pays à genoux en coupant la liquidité de secours (ELA) au système bancaire.

Il n’y a aucun doute, c’est la décision de la Banque Centrale Européenne de geler l’ELA à 89 milliards d’euros il y a deux semaines qui a précipité la crise finale et a détruit la volonté de résister de Syriza. Les responsabilités sur cet épisode sont confuses. Personnellement, je n’accuse pas Mario Draghi de la BCE pour cet abus de pouvoir. C’était en substance une décision politique prise par l’Euro-groupe.

Mais de quelque manière qu’on le déguise, le fait demeure que la BCE a dicté par ses actes un règlement politique et servi de bras armé aux créanciers au lieu de faire respecter la loi du traité de l’UE.

Elle a adopté une attitude qui a déstabilisé encore plus le système financier d’un état membre de l’UEM qui avait déjà de graves ennuis, et l’a vraisemblablement fait en enfreignant son premier devoir fixé par les traités, celui de maintenir la stabilité financière. C’est un moment crucial.

Ce que nous avons tous vu avec une grande clarté est que les pouvoirs des créanciers de l’UEM peuvent soumettre un état indiscipliné – à condition qu’il soit petit – en bloquant son système bancaire. Nous avons aussi vu qu’un petit pays n’a pas la moindre défense. C’est le pouvoir monétaire pris d’une folie furieuse.

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Et comme si cela ne suffisait pas, le premier ministre grec Alexis Tsipras ne peut même pas se prévaloir auprès des Grecs d’avoir garanti l’allègement des dettes, la seule chose qui aurait pu le sauver. Même cela, l’Allemagne l’a bloqué.

Elle a agi ainsi malgré la pression conséquente de la Maison-Blanche et du FMI et bien que la France, l’Italie et les dirigeants de la Commission de l’UE et du Conseil admettent qu’une forme de réduction soit nécessaire.

Le FMI dit que l’allègement des dettes doit être d’au moins 30% du PIB. Même cela est trop bas. Étant donné les dégâts faits par six ans d’implosion économique, une décennie d’investissements perdue, une hystérésis chronique, un chômage des jeunes à 50% ou plus, une fuite des cerveaux diplômés et un système bancaire ruiné, ce serait encore insuffisant si toute la dette était annulée. Voilà ce que cette expérience de l’UEM a fait au pays. [L'hystérésis caractérise un système tendant à rester dans le même état après qu'ait cessé la cause extérieure ayant produit cet état, NdT]

Mais tout ce que les Grecs obtiennent n’est que vagues propos sur une “possible” extension des maturités, quelque part dans l’avenir, une fois qu’ils auront sauté à travers d’innombrables cerceaux et réussi leurs examens. C’est ce que l’on leur avait promis en 2012. Ce n’est jamais arrivé.

“Si les détails de l’allègement de la dette ne sont pas écrits clairement dans le plan global, cela ne vaut rien”, a dit M. Varoufakis.

Le document du sommet affirme avec une malhonnêteté égoïste que la dette de la Grèce a déraillé en raison de l’échec des gouvernements grecs à respecter les termes du Mémorandum au cours de l’année dernière. Si ceci n’était pas arrivé, la dette serait toujours soutenable.

C’est un mensonge. La dette publique a gonflé à 180% vers la fin de l’année dernière – bien avant que Syriza ne soit élu – et bien que le gouvernement de Démocratie Nouvelle ait respecté la plupart des demandes de la Troïka.

La vérité est que la Grèce était déjà en faillite en 2010. Les créanciers de l’UEM ont refusé d’accorder une restructuration normale de la dette parce que cela aurait provoqué une contagion instantanée au Portugal, à l’Espagne et à l’Italie à un moment où la zone Euro n’avait aucun prêteur en dernier ressort ni aucune défense.

 

Le chef brisé de Syriza doit vendre un accord qui laisse la Grèce dans un piège de dettes permanentes

Les documents divulgués du FMI ne laissent aucun doute quant au fait que le sauvetage avait pour but de sauver l’euro et les banques européennes, pas la Grèce. Plus de dette a été déversée sur les contribuables Grecs pour gagner du temps, tant en 2010 que de nouveau en 2012, en mettant de côté la crise à laquelle l’Europe fait face aujourd’hui.

Dans une façon étrange, le seul politicien européen qui offrait vraiment à la Grèce une sortie de l’impasse était Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances, même si son offre a été faite d’une façon inélégante, presque sous la forme d’un diktat.

Son plan pour un retrait adouci de l’Euro-zone pour 5 ans – un euphémisme, car il voulait vraiment dire Grexit – avec un allègement des dettes de type Club de Paris, une aide humanitaire et un ensemble de mesures de croissance, pourrait permettre à la Grèce de regagner d’une façon ordonnée de la compétitivité avec la drachme.

Une telle formule impliquerait l’intervention de la BCE pour stabiliser la drachme, empêchant une spirale de baisse incontrôlée et dangereuse. Cela aurait certainement été mieux que le document atroce que M. Tsipras doit maintenant rapporter à Athènes.

Le chef brisé de Syriza doit vendre un accord qui laisse la Grèce dans un piège de dettes permanentes, sous un contrôle néocolonial, et si fragile économiquement qu’il est quasi assuré d’éclater en une nouvelle crise à la prochaine récession mondiale ou européenne.

A ce moment-là, tout le monde accusera de nouveau les Grecs, injustement, et nous aurons encore une autre manche d’amères négociations, jusqu’à ce que quelque chose casse finalement ce cycle sinistre d’échec et de récriminations.

 

L’accord laissera la Grèce économiquement si fragile qu’il est quasi certain qu’il éclatera en une nouvelle crise à la prochaine récession mondiale

Pour la zone Euro cet “accord” est le pire possible. Ils n’ont rien résolu. L’Allemagne et ses alliés ont pour la première fois essayé d’éjecter un pays de l’euro et, ce faisant, ont violé le caractère sacré de l’union monétaire.

Au lieu d”aller de l’avant, dans ces temps de crise profonde, vers une union fiscale et politique pour maintenir ensemble l’euro – comme les architectes de l’UEM l’avaient toujours prévu – ils ont fait machine arrière.

D’un même coup ils ont converti la zone Euro en un système de change fixe, un Mécanisme de Taux de Change renouvelé (ERM) qui est en soi instable, soumis au caprice et à la merci de politiciens populistes qui font du théâtre pour leurs électeurs. Les marchés commencent déjà à l’appeler ERM3.

Dans les jours prochains je reviendrai sur le comportement de l’Allemagne et sur le désastre diplomatique auquel on a assisté. Pour le moment, j’aimerais seulement citer le verdict de l’historien Simon Schama. Il a dit :

“Si Tsipras portait la couronne du Roi Pyrrhus la semaine dernière, c’est Merkel qui la porte maintenant. Son ultimatum est le début de la fin de l’UE”, a-t-il dit. Exactement.

Crise en Grèce : ce qui est arrivé depuis le référendum

Dimanche 5 juillet

La Grèce dit “non”

L’électorat grec rejette les conditions d’un accord de renflouement, avec 61,31% de “non”, renforçant le premier ministre Alexis Tsipras qui déclare que ce vote “n’est pas un mandat de rupture avec l’Europe, mais un mandat qui renforce notre capacité de négociation pour aboutir à un accord viable”.

Lundi 6 juillet

Le ministre “rock-star” démissionne

Yanis Varoufakis démissionne de ses fonctions de ministre des finances de la Grèce pour améliorer les relations avec les créanciers de l’Euro-zone. Il est remplacé par Euclide Tsakalotos, qui a dirigé les discussions avec les créanciers de l’Union Européenne et du FMI. La BCE maintient un flux de liquidités vital vers les banques grecques mais avec des condition durcies.

Mardi 7 juillet

Les Grecs se présentent les mains vides

Les ministres des finances de l’Euro-zone se rencontrent à Bruxelles avant un sommet extraordinaire des chefs d’état et de gouvernement de l’Euro-zone. Les deux rencontrent s’achèvent sans une proposition détaillée du gouvernement grec. Il est donné à Athènes jusqu’à jeudi pour présenter un programme de réformes convaincant.

Mercredi 8 juillet

“Dernier appel”

Tsipras déclare au parlement européen que la Grèce présentera dans les 24 heures un plan “crédible” alors que le président de l’UE Donald Tusk prévient les parlementaires : “C’est vraiment le dernier appel pour la Grèce et, pour nous, notre dernière chance.” Athènes soumet formellement la demande d’une nouvelle aide au fonds de stabilité de l’Euro-zone et propose des réformes des retraites et de la fiscalité en échange d’un prêt de trois ans de l’Euro-zone.

Jeudi 9 juillet

Mieux vaut tard que jamais

Après que la chancelière allemande Angela Merkel ait répété qu’elle s’oppose à une décote sur la dette, la Grèce soumet à Bruxelles un nouveau plan de sauvetage, deux heures avant la date-butoir à minuit.

Vendredi 10 juillet

Non, mais oui

Athènes détaille les nouvelles propositions, qui ressemblent de près à celles soumises par les créanciers internationaux de la Grèce le mois précédent. La Grèce y accepte de se plier aux exigences des créanciers de décourager les retraites anticipées, de relever les cotisations de santé, d’augmenter les taxes, de vendre les parts de l’état dans le géant des télécoms OTE et de privatiser les ports du Pirée et de Thessalonique.

Samedi 11 juillet

Un Grexit temporaire ?

Une réunion des ministres des finances de la zone euro s’achève par de profondes divisions sur la confiance à accorder à Tsipras pour un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros. Un document du ministère des finances allemand indique que Berlin attend bien plus d’engagements concrets de la Grèce, faute de quoi la Grèce devrait quitter la zone euro pendant cinq ans jusqu’à ce qu’elle ait remis les choses en ordre.

Dimanche 12 juillet

Les choses se gâtent

L’UE annule un sommet des 28 à Bruxelles pour décider si la Grèce devrait rester dans l’euro. Il est remplacé par un sommet des 19 dirigeants de l’Euro-zone, où il est demandé à Athènes de faire passer de nouvelles réformes dans la semaine.

Lundi 13 juillet

“A-grec-ment”

Tusk annonce que le sommet est parvenu à un accord unanime sur un “plan pour la Grèce avec d’importantes réformes et un soutien financier”. Un document de 7 pages révèle ses termes : hausse de la TVA et baisse des retraites, mais avec 50 milliards d’euros de privatisations dont une partie sera affectée à des initiatives de croissance. Athènes doit aussi réorganiser son système de justice civil et aligner ses lois bancaires sur le reste de l’UE.

Source : The Telegraph, le 13/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

 

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-est-traitee-comme-un-etat-hostile-occupe-par-ambrose-evans-pritchard/


La Grèce, la gôche, la gauche, par Jacques Sapir

Tuesday 28 July 2015 at 02:03

PAR  · 22 JUILLET 2015

Le diktat arraché à la Grèce par l’Eurogroupe et la Commission européenne est une tragédie pour la Grèce. Cet accord ne réglera rien et va même empirer la crise que la Grèce connaît. La dette de la Grèce n’était pas soutenable en 2010. Elle ne l’était pas en 2012. Elle ne l’est toujours pas après ce diktat. La solvabilité du pays n’est nullement assurée car la viabilité de l’économie n’est pas assurée. Ici se trouve une évidence, niée par les négociateurs de Bruxelles, qu’un pays ne peut rembourser que ce que son économie lui permet. En fait, c’est même l’inverse qui apparaît le plus évident, car les mesures imposées dans ce diktat, combinées avec les conséquences de la politique de la Banque Centrale Européenne, vont aggraver la crise économique en Grèce. Mais, les conditions qui ont entouré ce désastre ont des conséquences qui dépassent la Grèce. Nous assistons aujourd’hui au naufrage de la social-démocratie européenne et à un moment charnière pour ce que l’on appelle la « gauche radicale ».

Le naufrage de la Social-Démocratie européenne

La social-démocratie européenne, avec son grand rêve d’une Union européenne réformée, d’un Euro dit « de gauche », a sombré entre les derniers jours de juin et les premiers de juillet[1]. La social-démocratie européenne s’est révélée être une force d’imposition de l’austérité, une force qui a contribué à écraser une tentative pour construire un autre chemin économique en Europe. Ce naufrage n’a qu’un précédent : celui d’août 1914, ou mieux encore 1918. Comme à cette époque, la social-démocratie allemande est bien entendu la première à sombrer. Le fantôme de Ebert, et de sa collaboration avec Noske, est revenu hanter les couloirs de la chancellerie à Berlin[2]. La collusion entre le SPD et la droite allemande à propos de la Grèce a été évidente[3]. Que l’on se souvienne des déclarations d’un Martin Schulz, appelant au renversement d’un gouvernement, le gouvernement grec, démocratiquement élu, ou les déclarations tout aussi calamiteuses d’un Sigmar Gabriel, le dirigeant du SPD, allié d’Angela Merkel au sein du gouvernement allemand. Mais ce phénomène dépasse, et de loin, le cas de l’Allemagne. En Grande-Bretagne, les événements de ces derniers jours ont aggravé la crise latente au sein du Labour déjà mal remis de l’épisode Tony Blair[4]. Ces événements vont aussi aggraver la crise interne du PD en Italie, parti rassemblant depuis une partie des anciens « eurocommunistes » jusqu’au centre-gauche issue de la démocratie chrétienne. On pourrait multiplier les exemples.

En France, on voit dans la manière dont la majorité du Parti dit « socialiste » s’est rangé autour du diktat, dans la manière et dans les mots dont le Premier ministre, Manuel Valls, a usé pour faire voter le Parlement, que cette logique de collaboration avec l’ennemi est allée jusqu’aux tréfonds de sa logique. Il est d’ailleurs significatif que les « frondeurs » du Parti dit « socialiste » aient, dans leur majorité, voté avec le reste du Parti. Même le PCF, qui est le seul parti du Front de gauche représenté au Parlement, a hésité. Rappelons que le lundi matin Pierre Laurent appelait à voter le soutien à ce diktat avant que le Président du groupe, André Chassaigne, tenant compte des réactions de la base et de nombreuses fédérations locales[5], fasse voter contre. Ce pas de clerc de Pierre Laurent est en réalité très révélateur non seulement d’une politique réduite aux intérêts électoraux et financiers, mais aussi du poids de l’idéologie européiste au sein du PCF. Il faut comprendre comment cette idéologie s’est constituée, et pourquoi les événements de ces derniers jours la mettent aussi violemment en crise.

L’Europe comme seule horizon ?

L’Union européenne, rebaptisée « Europe » au prix d’une supercherie évidente, était devenue le cœur du projet de la social-démocratie depuis les années 1980. L’effondrement de l’Union soviétique avait même donné une certaine urgence au « rêve » européen de la social-démocratie. En fait, cette dernière voyait, dans un projet de type « fédéral » la possibilité d’imposer à ce qu’elle appelait les « forces de la réaction », et dans les années 1980 celles-ci étaient bien identifiées en Grande-Bretagne avec le Thatchérisme, des mesures sociales. La défaite de la social-démocratie traditionnelle en Grande-Bretagne face à Margaret Thatcher validait en un sens ce projet. Convaincue, surtout en France et en Italie, de l’impossibilité de faire « un autre politique économique » dans le cadre national, elle reportait ses espoirs sur une politique à l’échelle de l’Europe. L’absence d’analyse sérieuse des raisons de l’échec de la politique d’Union de la Gauche en 1981-1983, a certainement été un facteur important dans le tournant pris par la gauche française, de fait l’une des moins « sociale-démocrates » en Europe. D’autres facteurs jouèrent leur rôle, comme l’impact des « années de plomb » en Italie.

Mais, le ralliement à l’idée européenne était en fait ancien. Dès les années 1950 s’est imposée au sein de la social-démocratie l’idée que seule une organisation fortement intégrée de l’Europe occidentale pouvait empêcher le retour des guerres sur le continent européen. Il faut aussi signaler le très fort anticommunisme du SPD en Allemagne de l’Ouest, ce qui le conduisit à accepter le cadre du Traité de Rome (et de l’OTAN) comme seul cadre susceptible de garantir le système social ouest-européen qu’il s’agissait alors non pas de changer mais de faire évoluer. Notons aussi le fait que nombre de social-démocraties du sud de l’Europe (en Espagne et au Portugal en particulier) subirent l’influence du SPD.

Pourtant, le tournant des années 1980 va bien au-delà. Il y a une transformation qualitative qui fait passer « l’Europe » d’élément important dans l’idéologie des partis de l’Internationale Socialiste à un élément dominant et central. C’est une idéologie de substitution, qui allie le vieux fond internationaliste (ou plus précisément des formulations internationalistes car quant à la réalité de l’internationalisme de la social-démocratie, il y aurait beaucoup à dire) avec un « grand projet », s’étendant sur plusieurs générations. Les différentes social-démocraties européennes, puis ce qui survivait du mouvement communiste institutionnel, ont donc fait de la « construction européenne » l’alpha et l’oméga de leur projet politique[6]. Ceci a eu des effets importants dans le mouvement syndical, et la CFDT a commencé son involution qui l’a transformé en un syndicat de collaboration de classe, évolution qui s’est accélérée à partir de 1995. Mais, même au sein de la CGT, on peut ressentir cette évolution avec une montée en puissance du tropisme « européen ». Ce tropisme a déjà été mis à mal, du moins en France, par l’échec du référendum de 2005. Le résultat, qui n’avait pu être obtenu que parce qu’une frange des électeurs du Parti dit « socialiste » avait voté « non » a été vécu comme un véritable drame au sein de ce Parti. Au lieu d’en tirer les leçons, et de comprendre que ce tropisme « européen » ne pouvait qu’entraîner de nouvelles catastrophes, les dirigeants de ce Parti ont décidé de persévérer.

Encore fallait-il que, dans sa réalité, l’Union européenne permette d’accorder à ce dit projet quelques créances. C’est cela qui vient de sombrer avec la crise grecque.

Le principe de réalité

En effet, l’Union européenne s’est révélée sous un jour hideux. Ou, plus exactement, certaines de ses institutions ont montré qu’elles n’étaient nullement « neutres », mais qu’elles avaient ce que l’on peut appeler un « contenu de classe » ou, si l’on veut utiliser un langage moins marqué, qu’elles étaient consubstantiellement au service des nantis. Cela concerne, évidemment, au premier chef les institutions monétaires, c’est à dire la zone Euro. Les institutions de l’Union Economique et Monétaire, et surtout le fait que certaines d’entre elles soient des « institutions de fait » sans existence juridique (comme l’Eurogroupe) assurent la prédominance non seulement d’une certaine politique économique au sein de l’UEM, mais aussi la domination de la financiarisation sur les pays de l’UEM. Le fait que ces institutions soient aujourd’hui consolidées dans l’UE, même si de nombreux pays de l’UE ne font pas partie de la zone Euro, aggrave cette situation. On a clairement vu non seulement l’impossibilité de faire une autre politique que l’austérité dans le cadre de la zone Euro, mais surtout que ce cadre était politique et entendait imposer sa loi à tous les pays. Enfin, on a eu la confirmation que, loin de constituer un cadre apaisant les tensions entre pays, la zone Euro avait pour effet de les exacerber.

On voit bien qu’aucune politique alternative n’est possible dans le cadre de la zone Euro. On pourrait en dire sans doute de même avec l’UE telle qu’elle existe aujourd’hui. Les conditions de négociation du TTIP/TAFTA montrent que ce traité que l’on veut conclure dans le dos des peuples ne fonctionnera qu’au profit des grandes sociétés multinationales. L’UE ne protège nullement de ce marché mondial. Elle contribue au contraire à l’accoucher. La compréhension de ces faits pénètre désormais de plus en plus profondément au sein de l’électorat mais aussi au sein de certaines fractions de l’appareil social-démocrate. C’est le cas en France au sein du Parti dit « socialiste ».

La social-démocratie est donc confrontée à la réalité. Elle a rêvé un processus de construction européenne et se réveille aujourd’hui avec un monstre. Qui plus est, elle se retrouve dans la peau de l’un des deux parents de ce monstre. On comprend, alors, la gueule de bois historique qui a saisi la social-démocratie européenne. Mais, peut-elle renier ce qui résulte de près de trente années de ses compromissions multiples et répétées ?

L’Union européenne, et bien entendu la zone Euro, vont se révéler la Némésis de la social-démocratie européenne. Mais, dans le même temps ceci confronte les différents partis de la « gauche radicale » à un moment charnière. Car, de leur réaction rapide, dépend leur capacité à prendre pied dans l’électorat de cette social-démocraties ou au contraire de voir d’autres forces s’en emparer. En politique aussi, la nature a horreur du vide.

Source : http://russeurope.hypotheses.org

Notes

[1] Evans-Pritchard A., « EMU brutality in Greece has destroyed the trust of Europe’s Left », The Telegraph, 15 juillet 2015, http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/EMU-brutality-in-Greece-has-destroyed-the-trust-of-Europes-Left.html

[2] F. Ebert, dirigeant du SPD, écrasa dans le sang avec la complicité de la Reichswehr et des corps francs la révolte de la gauche socialiste autour de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht

[3] Mounk Y., « Germany’s Social Democrats Are Colluding in Greece’s Destruction—And I’m Leaving The Party », The Nation, 16 juillet 2015, http://www.thenation.com/article/germanys-social-democrats-are-colluding-in-greeces-destruction-and-im-leaving-the-party/

[4] Jones O., « The left must put Britain’s EU withdrawal on the agenda”, The Guardian, 14 juillet 2015, http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jul/14/left-reject-eu-greece-eurosceptic

[5] Je peux en témoigner compte tenu du nombre de commentaires provenant de responsables de sections locales et départementales du PCF arrivés sur le carnet RussEurope entre le lundi 13 et le mardi 14 juillet.

[6] Voir « Quand la mauvaise foi remplace l’économie: le PCF et le mythe de “l’autre euro” », 16 juin 2013, note sur RussEuropehttp://russeurope.hypotheses.org/1381

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PAR  · 24 JUILLET 2015

Cette note fait suite à la précédente[1], postée sur ce carnet le 22 juillet.

 

Les événements qui ont conduit au Diktat imposé à la Grèce, et ce dit Diktat lui-même, constituent un moment charnière pour ce que l’on appelle la « gauche radicale ». En un sens, la crise grecque soumet cette « gauche radicale » à un test aussi sévère que celui imposé à la social-démocratie. Si la « gauche radicale » n’est pas aujourd’hui dans la même crise que la social-démocratie, elle risque néanmoins de se trouver face à une crise d’orientation de première grandeur. En effet, l’européisme qui caractérise la « gauche radicale » a été lui aussi condamné par le Diktat imposé à la Grèce. La question est aujourd’hui posée de savoir si la « gauche radicale » va accepter de n’être qu’une force d’appoint de la social-démocratie ou si elle est capable d’assumer toutes les conséquences d’un programme de rupture. Mais, un tel programme de rupture n’est plus, aujourd’hui, compatible avec l’européisme.

 

Eléments de définition de la « gauche radicale »

Précisons d’abord ce que l’on entend par ce terme. Il s’agit des partis ou mouvements politiques qui se sont constitués à la gauche de la social-démocratie traditionnelle, et le plus souvent en réaction contre sa politique et ses orientations. Cela n’inclut pas les partis restés fidèles à l’identité communiste (comme le KKE grec ou le PRC italien) ni les partis ou mouvements d’extrême-gauche restés fidèles à une identité marxiste révolutionnaire, plus ou moins dénaturée par le sectarisme et le dogmatisme (comme en France le NPA ou Lutte ouvrière). Cela inclut donc Syriza en Grèce, Podemos en Espagne, le Front de Gauche en France ou encore Die Linke en Allemagne et SEL en Italie[2]. L’origine de ces partis est diverse et ceci entraîne des logiques tant politiques qu’idéologiques très particulières. De ce point de vue, la gauche radicale apparaît comme un courant ayant des aspirations communes mais qui est en réalité très hétérogène. En réalité, la culture politique et l’histoire de chaque pays se reflète dans le type de parti ou de mouvement. Si les partis de la gauche radicale se sont dotés de structures de coordination au niveau de l’Union européenne, il n’y a pas d’unité européenne de ce courant tout simplement parce que l’histoire politique de chaque pays a sa spécificité.

En France comme en Allemagne, ils se sont constitués à partir de dissidences de la social-démocratie et d’une union avec ce qui survivait des partis communistes (le PCF en France et le PDS en Allemagne), et dans certains cas rejoints par des forces d’extrême-gauche. A l’inverse, Podemos est un mouvement relativement nouveau, issu des « Indignés » qui ont été relativement fort en Espagne. La cas de Syriza en Grèce est intermédiaire, car le parti communiste grec s’était coupé en deux du temps de la dictature des colonels, avec le « Parti de l’intérieur » proche du courant dit « Eurocommuniste » qui a engendré Synapismos et le « Parti de l’extérieur » de strict obédience moscoutaire.Synapismos a été le noyau de Syriza rejoint tant par des mouvements d’extrême-gauche que par des dissidents de la social-démocratie locale (le PASOK), tandis que le « Parti de l’extérieur » s’est reconstitué dans le KKE, et continue de mener une existence sectaire, repliée sur lui-même. L’Italie est un cas particulier. En effet, le processus de dissolution du PCI (en dépit de la scission du PRC) a abouti à sa fusion dans un vaste ensemble électoral, le Parti Démocrate, qui inclut les résidus du PSI et un morceau de la Démocratie Chrétienne. L’Italie est certainement le pays ou la « gauche radicale » est la plus faible et cela a des conséquences importantes sur la structuration de l’espace politique italien. Cette faiblesse a laissée le champ libre à la fois au Movimente Cinque Stelle de Beppe Grillo, qui est devenu le deuxième parti d’Italie, qu’à la Ligue du Nord de Salvini.

 

Eclectisme politique et européisme

Si l’éclectisme politique, conséquence logique de l’hétérogénéité des modes de formations et de la diversité des cultures politique nationales, est l’une des caractéristiques de la « Gauche Radicale » à l’échelle européenne, on peut remarquer cependant certains traits communs en ce qui concerne l’Union européenne. Si ces divers partis ou mouvements se sont opposés, plus ou moins, aux différents traités constitutifs de l’Union européenne depuis le début des années 1990, ils n’en partagent pas moins ce que l’on peut appeler une « idéologie européiste ». Ils sont dans une large mesure convaincus que l’Union européenne, même sous la domination de la droite néo-libérale, constitue un cadre privilégié de l’action politique. Depuis la crise financière de 2007-2009, crise qui continue à faire sentir ses effets jusqu’à aujourd’hui, une partie de ces mouvements voit dans le cadre de l’Union européenne une garantie contre le retour à la situation des années 1930. Bien entendu, cette acceptation du cadre de l’Union européenne se fait avec une forte tonalité critique. Les thèmes comme « changer l’Europe » ou « changer d’Europe » sont très présents dans le vocabulaire de ces partis ou mouvements. Mais, ce « changement » d’une part reprend à son compte le fait que l’UE serait l’Europe (et non une forme d’institutionnalisation couvrant certains pays de l’Europe, au sens culturel comme géographique) et d’autre part doit se faire largement dans le cadre de certaines des institutions existantes, et c’est en particulier le cas de l’Euro.

La question de l’Euro offre un concentré des contradictions de la « Gauche Radicale ». Dans une large mesure il n’est pas remis en cause. Et l’on a vu les conséquences tragiques que cette absence de remise en cause a eues sur le comportement de Syriza ces derniers jours. Tsipras a pris la décision politique de refuser la réquisition de la Banque Centrale de Grèce et de mettre en circulation des reconnaissance de dette car il pensait, et là on ne peut lui donner tort, que ces décisions entraîneraient probablement une sortie de la Grèce de l’Euro. Ce faisant, il s’est néanmoins mis lui-même la tête sur le billot face à l’intransigeance de l’Eurogroupe. Surtout, il n’a pas compris que la gestion de l’Euro ne relevait pas de l’économie, avec un calcul coût-avantage, mais quelle relevait du politique. Les options que représentaient Syriza étaient politiquement inacceptables pour l’Eurogroupe. Demain, on risque de voir l’histoire se répéter avec Podemos qui entend situer sa revendication d’une autre politique économique à l’intérieur de la zone Euro.

Ce refus de remettre l’Euro en cause à plusieurs origines. On peut y voir les restes d’un vieux marxisme dogmatique qui considère que, finalement, la monnaie n’a pas d’importance. Seules comptent les « forces productives », dans un logique qui doit, il faut le dire, plus à Jean-Baptiste Say (« les produits s’échangent contre des produits, la monnaie est un voile ») qu’à Marx. Cette logique peut aussi se décliner sur le mode du « progrès ». Certes, l’Euro, produit du pouvoir bourgeois a bien des défauts, mais il constitue un « progrès » allant vers l’unification des espaces productifs, et une fois que les « masses populaires » auront pris le pouvoir elles pourront utiliser cet « instrument » dépouillé de ses habits bourgeois. En fait, c’est la reprise, sans doute inconsciente, de ce que Boukharine expliquait en 1915-1916 sur l’évolution des « trusts capitalistes d’Etat » qui conduiraient au socialisme en en changeant la direction politique[3]. Enfin, certains reconnaissent que l’Euro a bien des défauts, mais expliquent que la rupture de la zone Euro ramènerait l’Europe à la situation des années trente. C’est, semble-t-il, la position de Tsipras[4]. Cet européisme, qui infecte une grande partie de la « gauche radicale », risque donc fort d’être sa Némésis. On voit bien aujourd’hui qu’aucun programme économique radicalement différent du consensus austéritaire qui domine en Europe n’est possible tant que l’on persiste à adhérer à l’européisme. C’est la leçon qu’il nous faut tirer de la capitulation de Tsipras face à l’Eurogroupe[5]. Le grand historien britannique, Perry Anderson écrit ainsi : « Tsipras et ses collègues ont répété à qui voulait les entendre qu’il était hors de question d’abandonner l’euro. Ce faisant, ils ont renoncé à tout espoir sérieux de négocier avec l’Europe réelle — et non l’Europe qu’ils fantasmaient »[6]. Ceci décrit bien le piège de l’européisme dans lequel Tsipras s’est enfermé, et qui menace aujourd’hui la « gauche radicale ».

 

L’UE, un système semi-colonial ?

Il faut ici comprendre une chose importante : la souveraineté a été pendant longtemps un point aveugle de la « gauche radicale ». Pourtant, la « gauche radicale » a défendu la notion de souveraineté alimentaire. Elle n’a cependant jamais, jusqu’à présent, voulu sauter le pas et aller se réclamer de la souveraineté politique. Les seuls courants qui l’on fait, comme le chevènementisme en France, ont été isolés et incapable d’étendre leur influence sur la « gauche radicale », même si l’héritage de Jean-Pierre Chevènement s’étend désormais au-delà de la coupure gauche/droite.

Pourtant, il existe une tradition marxiste, certes ancienne, qui indiquait que les luttes pour la transformation de la société ne pouvaient se mener que dans le cadre d’un Etat souverain[7]. Mais, cette tradition semble avoir été emportée dans le grand processus de remise en cause de l’expérience soviétique qui s’est imposé avec la fin de l’URSS en 1991. Pourtant, une analyse du système soviétique compris comme un capitalisme d’Etataurait permis de comprendre bien des choses, et en particulier les caractéristiques d’une trajectoire alternative dans le cadre d’un pays « semi-féodal et semi-colonial ». De fait, tout le débat sur la « nature de l’URSS » est ainsi passé à la trappe[8], en dépit de ce qu’il pouvait apporter à la compréhension des modes d’existence du capitalisme et à sa diversité, mais aussi aux alternatives possibles dans les stratégies économiques[9]. On peut penser qu’une partie des problèmes que l’on rencontre dans le débat contemporain provient de l’effet d’amnésie sur la connaissance accumulée dès années soixante à la fin des années quatre-vingt du siècle dernier, effet d’amnésie qui provient à la fois de l’émergence d’une nouvelle génération de militants politiques, et du nouveau contexte des luttes, contexte qui semblait exiger des connaissances nouvelles.

En fait, c’est le concept d’Etat « semi-colonial » qui apporte le plus de lumière sur la situation actuelle des pays européens. On peut considérer l’UE comme un système colonial mais dont la « métropole » ne pourrait être complètement identifiée. En cela ce « colonialisme » ou plus exactement ce « semi-colonialisme » n’est pas entièrement réductible à la situation de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle. Si l’Allemagne apparaît comme le pays profitant le plus des structures de l’UE, cela n’implique pas que l’UE soit le système colonial de l’Allemagne. L’UE permet le déploiement de structures financières assurant le contrôle et la domination, et ces structures financières ne sont pas réductibles au capitalisme allemand. Il s’agit plus d’un « semi-colonialisme » que d’un colonialisme simple, en ceci que les pays de l’UE conserve, à des degrés divers, des marges d’autonomie. Certains de ses pays peuvent d’ailleurs se constituer en force néocoloniale envers les pays du « Sud », même si la logique de leurs actions est soumise, in fine, à l’approbation par le système semi-colonial. Le cas de la Grèce est spécifique en ce que, sous le joug des différents mémorandums, le pays est passé d’un statut semi-colonial à un statut qui est de plus en plus directement colonial.

Dans un pays en train de passer, ou déjà entièrement passé, sous la coupe d’un système semi-colonial, la question de la souveraineté devient dès lors cruciale. Elle concentre l’ensemble des luttes pour le changement économique et social. En un sens, on pouvait penser que Syriza l’avait compris quand il fait l’alliance avec l’ANEL à la suite des élections du 25 janvier. Mais, l’européisme est resté trop puissant à l’intérieur de ce parti.

 

La « gauche radicale » et la question de la rupture

La question fondamentale qui est désormais ouvertement posée aux différents mouvements de la « gauche radicale » est celle du degré de leur compréhension du cadre semi-colonial dans lesquels ils sont amener à lutter, et donc du caractère primordial de la lutte pour le recouvrement de la souveraineté. Cela implique une rupture avec l’européisme, et avec la religion de l’Euro. Mais cela n’implique pas que cela. De la prise en compte de cette situation découle en réalité non seulement une stratégie politique, comment reconstruire la souveraineté et avec quelles médiations, mais aussi une tactique, autrement dit quelles seront les alliances les mieux à même de porter ce projet politique.

Bien entendu, ces questions vont se concentrer en priorité sur le rapport à l’Euro, car il est désormais l’institution qui concentre largement le contenu semi-colonial de l’UE. De ce point de vue, il faut remarquer que certains des conseillers de Yanis Varoufakis ont changé leur position sur l’Euro et se prononcent désormais pour une rupture franche avec la monnaie unique[10]. Jean-Luc Mélenchon écrit quant à lui sur son blog : « toute tentative de changer l’Europe de l’intérieur est vouée à l’impuissance si ceux qui l’entreprennent ne sont pas près à tirer instantanément et totalement la leçon d’un échec, en rompant le cadre. Autrement dit aucun plan A n’a de chance sans plan B. Et quand vient l’heure du plan B il ne faut pas avoir la main qui tremble »[11]. Si ce texte à l’intérêt de monter la détermination en cas d’échec d’appliquer une politique de rupture, ce qui est un progrès par rapport à l’émission de juillet 2012 que nous avions faites Mélenchon et moi et où il n’évoquait le fameux « plan B » que comme un moyen de réaliser le « plan A », il montre que Mélenchon n’a pas encore tiré TOUTES les leçons du Diktat imposé à la Grèce. En réalité, aucun changement de l’UE de l’intérieur n’est possible. La « Gauche Radicale » doit se fixer comme objectif premier la rupture, au moins avec les institutions dont le contenu semi-colonial est le plus grand, c’est à dire l’Euro, et elle doit penser ses alliances politiques à partir de cet objectif. Pour elle, l’heure des choix est arrivée ; il faudra rompre ou se condamner à périr.

[1] Sapir J., « La Grèce, la gôche, la gauche (I) », note publiée sur RussEurope le 22 juillet 2015, http://russeurope.hypotheses.org/4138

[2] Voir Marlière P., « La gauche radicale en Europe : esquisse de portrait », in Jean-Numa Ducange, Philippe Marlière et Louis Weber, La gauche radicale en Europe, éditions du Croquant, Paris, collection « Enjeux et débats d’Espaces Marx », Paris, 2014.

[3] Boukharine N., L’Économie mondiale et l’impérialisme 1915. traduction. Paris, Anthropos, 1977. Voir, aussi, Christian SalmonLe Rêve mathématique de Nicolaï Boukharine, Paris, Le Sycomore, 1980.

[4] Kouvelakis S., interview donné à Sebastian Budgen, « Greece: The Struggle Continues » in Jacobin, 15 juillet 2015, https://www.jacobinmag.com/2015/07/tsipras-varoufakis-kouvelakis-syriza-euro-debt/

[5] Gianni A., « Il problema non è Tsipras ma questa Europa » in MicroMega, 22 juillet 2015, http://www.sinistrainrete.info/index.php?option=com_content&view/il-problema-non-e-tsipras-ma-questa-europa&catid=44:europa&Itemid=82

[6] Anderson P., « La débacle grecque », 22 juillet 2015,http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/220715/la-debacle-grecque-par-perry-anderson

[7] Voir, Georges Haupt, Michael Lowy et Claude Weill, Les Marxistes et la question nationale, 1848-1914, Editions Maspéro, Paris, 1974.

[8] Sapir J., “Le débat sur la nature de l’URSS: lecture rétrospective d’un débat qui ne fut pas sans conséquences”, in R. Motamed-Nejad, (ed.), URSS et Russie – Rupture historique et continuité économique , PUF, Paris, 1997, pp. 81-115.

[9] Sapir J., L’économie mobilisée. Essai sur les économies de type soviétique, La Découverte, Paris, janvier 1990; (ouvrage publié en Allemagne, dans une version traduite et augmentée en 1992, Logik der Sowjetischen Ökonomie – Oder die Permanente Kriegswirtschaft, LIT Verlag, Munster et Hambourg

[10] Munevar D., « Why I’ve Changed My Mind About Grexit », in SocialEurope, 23 juillet 2015, http://www.socialeurope.eu/2015/07/why-ive-changed-my-mind-about-grexit/

[11] Mélenchon J-L, 23 juillet 2015,https://www.facebook.com/JLMelenchon/posts/10153499370008750

Source: http://www.les-crises.fr/la-grece-la-goche-la-gauche-i-par-jacques-sapir/


Sauvetage grec, « un nouveau traité de Versailles » pour Yanis Varoufakis

Tuesday 28 July 2015 at 00:02

Suite de la série…

Lundi 13 juillet 2015, 22:39

Exclusif : Alex McClintock

Image : L’ancien ministre des finances grec Yanis Varoufakis s’adresse à la presse après avoir déposé son bulletin lors du référendum sur l’austérité le 5 juillet 2015 à Athènes (MILOS BICANSKI/GETTY IMAGES)

Dans sa première interview depuis sa démission du poste de ministre des finances grec, Yanis Varoufakis a pris pour cible les créanciers de la Grèce, révélé le degré de préparation du pays à quitter l’euro et a alerté de la montée de l’extrême droite. Late Night Live vous en fait part.

Dans sa première interview depuis sa démission au début du mois, l’ancien ministre des finances grec Yanis Varoufakis décrit l’accord de sauvetage de 86 milliards accepté par le premier ministre Alexis Tsipras comme « un nouveau traité de Versailles ».

« C’est la politique de l’humiliation », a-t-il dit à Late Night Live. « La troïka a fait en sorte de lui faire ravaler chaque critique qu’il a prononcée sur la troïka pendant les cinq dernières années. Pas seulement ces six mois où nous avons été dans le gouvernement, mais dans les années précédentes.

Cela n’a rien à voir avec l’économie, rien à voir avec la remise en route de la Grèce vers la reprise. Ceci est un nouveau Traité de Versailles qui hante l’Europe à nouveau et le premier ministre le sait. Il sait qu’il aura tort s’il signe et tort s’il ne signe pas. »

L’accord, accepté lundi après 17 heures de pourparlers avec des leaders de la zone Euro, contient des conditions très dures, incluant des coupes dans les pensions de retraite, des augmentations fiscales et le transfert de biens publics dans un fonds de placement pour payer pour la recapitalisation des banques grecques.

M. Varoufakis a rejeté l’accord en utilisant les termes les plus forts possibles, le comparant au coup d’état de 1967 qui a instauré une dictature militaire dans la nation méditerranéenne.

« Dans le coup d’état le choix des armes utilisées pour abattre la démocratie a été alors les tanks. Eh bien, cette fois cela a été les banques. Les banques ont été utilisées par des pouvoirs étrangers pour prendre le contrôle du gouvernement. La différence est que cette fois ils prennent tous les biens publics. »

M. Varoufakis a suggéré que M. Tsipras provoque des élections anticipées plutôt que présenter l’accord devant le Parlement grec, disant qu’il serait « très étonné » si M. Tsipras voulait rester premier ministre.

Il a insisté, cependant, sur le fait que lui et M. Tsipras restent en bons termes et qu’il a adopté une attitude discrète au cours de la semaine dernière pour soutenir M. Tsipras et son successeur au ministère des finances, Euclid Tsakolotos.

« J’ai sauté plus qu’on ne m’a poussé », a dit M. Varoufakis, décrivant sa démission au lendemain immédiat du « non » au référendum du 6 juillet sur des termes du sauvetage similaires à ceux acceptés le lundi.

« Je suis entré ravi dans le bureau du premier ministre. J’étais sur un joli nuage poussé par les bons vents de l’enthousiasme du public pour la victoire de la démocratie grecque au référendum. Au moment où je suis entré dans le bureau du premier ministre, j’ai immédiatement senti un certain sentiment de résignation, une atmosphère chargée négativement. J’étais confronté à un air de défaite qui ne cadrait absolument pas avec ce qui se passait dehors.

À ce stade il fallait que je l’exprime au premier ministre : si vous voulez utiliser le buzz de la démocratie hors des portes de ce bâtiment, vous pouvez compter sur moi. Mais si d’un autre côté vous ne vous sentez pas capable de gérer ce « non » majestueux à une proposition irrationnelle de nos partenaires européens, je disparaîtrai simplement dans la nuit. »

L’ancien ministre des finances a aussi décrit les préparatifs secrets du gouvernement grec pour imprimer des drachmes au cas où le pays serait forcé à quitter l’euro.

« En tant que gouvernement responsable, nous savions pertinemment qu’il y avait une alliance significative à l’intérieur de l’Euro-groupe, et nous avons dû préparer des éventualités, » a-t-il dit. « Il fallait que nous ayons une petite équipe de personnes dans le secret qui créeraient le plan au cas où nous serions forcés à quitter l’union monétaire de la zone euro. »

« C’est évidemment un dilemme. Une fois que le plan commence a être mis en œuvre, une fois que vous passez de cinq personnes qui travaillent dessus à 500, le minimum nécessaire à sa mise en œuvre, cela devient de notoriété publique. Au moment où c’est de notoriété publique, la prophétie auto-réalisatrice crée sa propre dynamique… Nous n’avons jamais fait cette transition de cinq à 500. Nous n’avons jamais eu de mandat pour le faire. Nous n’avons jamais voulu le faire. Nous avions le modèle sur le papier mais il n’a jamais été activé. »

M. Varoufakis a dit qu’il resterait député d’arrière-ban au parlement grec, où il a « beaucoup plus d’espace de manœuvre et pour dire la vérité. » Il a cependant averti que l’austérité encouragera l’extrême droite du pays.

« Au parlement, je dois m’asseoir et regarder la droite de l’auditorium, où 10 nazis siègent, représentant Aube Dorée. Si notre parti, Syriza, qui a cultivé tant d’espoir en Grèce… si nous trahissons cet espoir et inclinons la tête devant cette nouvelle forme d’occupation postmoderne, alors je ne vois pas d’autre issue que le renforcement d’Aube Dorée. Ils vont hériter du manteau de l’élan anti-austérité, c’est tragique. »

« Le projet d’une démocratie européenne, d’une union démocratique de l’Union européenne, vient d’être victime d’une catastrophe majeure. »

Source : ABC, le 13/07/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.


Source: http://www.les-crises.fr/sauvetage-grec-un-nouveau-traite-de-versailles-pour-lancien-ministre-des-finances-yanis-varoufakis/