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[Entraide] C dans l’air sur l’euro du 4/12

Tuesday 16 December 2014 at 13:57

Ce C dans l’air du 4/12 sur la sortie de l’euro semble collector, hélas, il n’est plus disponible en ligne. Quelqu’un l’aurait enregistré par hasard ?

Je précise bien qu’elle n’est plus en version complète (50 minutes) sur le site de France 5 (il n’y a que 2 petits extraits), d’où mon appel…

Me contacter

Merci

Olivier

Source: http://www.les-crises.fr/entraide-c-dans-lair-sur-leuro-du-4-12/


[Reprise] Les étiquettes des viandes changent : un nivellement par le bas

Tuesday 16 December 2014 at 02:00

Pour changer un peu  :)

Éloquente quand même cette histoire qui semble anecdotique… Encore du progrès, de la modernité et de la “simplification”

Par Pierre Hinard
Éleveur et ingénieur agronome

Simplification ou marketing ? Ce samedi, l’étiquetage des viandes dans les rayons de supermarchés évolue. Les morceaux ne seront plus détaillés mais regroupés sous une dénomination générique, comme steak ou rôti par exemple. Est-ce une bonne chose ? Quelles sont les conséquences d’une telle décision ? L’éclairage de Pierre Hinard agronome, auteur d’”Omerta sur la viande”.

À partir du 13 décembre, les étiquettes du rayon viande en libre service (bœuf, veau et agneau) changent.

“Afin de mieux informer le consommateur, il sera permis de regrouper certains morceaux de viande sous une même dénomination générique” à la place du nom précis, par exemple : poire, merlan, araignée, aiguillette deviennent tous des steaks.

Donc pour mieux informer le consommateur, on supprime des informations et on ajoute un flou artistique sur les étiquettes.

La simplification n’est qu’un prétexte

L’argument de la simplification pour le consommateur n’est qu’un prétexte. Le législateur pouvait faire le choix de maintenir le nom exact des morceaux (poire, aiguillette…) mais indiquer en plus sa catégorie (steak, rôti…) et le mode de cuisson (à griller, à cuisiner…).

Ce nouvel étiquetage a été obtenu suite à un lobbying très efficace des industriels de la viande auprès des services publics de la consommation (DGCCRF). Un seul objectif : vendre à tout prix ! C’est certainement une des raisons pour laquelle ils qualifient la réforme “d’historique”.

Que veulent nous faire croire les pros du marketing en notant les morceaux de 1 à 3 étoiles, comme les hôtels ? Que le nombre d’étoiles est un bon indice de qualité. On pourra alors penser qu’un “steak ***” issu d’un élevage industriel hors-sol (le mode de production, ce n’est jamais indiqué) est “de meilleure qualité” qu’un “steak *” provenant d’un élevage extensif d’animaux nourris à l’herbe.

Les premiers critères de qualité sont le mode de production et le régime alimentaire des animaux. Or, on veut nous laisser penser que seuls la catégorie et la tendreté du morceau comptent.

La même problématique que pour le vin

Cette réforme s’oppose à la transparence revendiquée de plus en plus par le consommateur, car elle amène de l’imprécision sur le morceau vendu, ce qui arrange bien l’industriel. Steaks, rôtis, escalopes… On uniformise l’offre ce qui garantit au supermarché de ne jamais manquer une vente : il peut mettre dans la même catégorie des pièces très différentes.

C’est un des effets négatifs de l’industrialisation des productions.

La même problématique existe pour un autre produit noble : le vin. Les lobbies de l’agroalimentaire voudraient mondialement imposer que le cépage du vin remplace la référence au terroir, c’est mieux pour les affaires. On va aller vers une massification des productions pour disposer de grandes quantités au lieu d’une vraie qualité, et ainsi répondre aux exigences de la grande distribution.

Et la transparence ?

Cette volonté omniprésente de tout standardiser est un comble dans le pays de la gastronomie, où les émissions culinaires n’ont jamais attiré autant d’amateurs. C’est manifestement un nivellement par le bas. Nos dirigeants disent vouloir défendre “l’exception culturelle française” alors qu’ils font chaque jour une autoroute un peu plus large à la grande distribution et aux fast-foods.

Si les industriels de la viande ont un tel désir de réforme, une telle soif d’apporter plus de lisibilité au consommateur, qu’ils mettent donc la même énergie à obtenir l’étiquetage obligatoire du mode d’élevage : plein air ou bâtiments industriels ?

Et la transparence sur l’alimentation donnée aux animaux que nous consommons ? C’est pour quand l’étiquetage obligatoire “nourri aux OGM”? Voilà des informations utiles qui permettraient au consommateur de faire un choix éclairé lors de ses achats de viande.

Il découvrirait que non, les vaches ne sont plus engraissées à l’herbe des prairies ! Pourtant elles le devraient.

Source : Le Nouvel Obs


Christian Le Lann : «Adieu poire, merlan, collier, araignée, échine, plat de côtes…»

Christian LE LANN Président de la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie et traiteurs – 8 décembre 2014 à 19:46

Les dénominations des morceaux de viandes bovine et ovine, dans les grandes surfaces, vont être remplacées par un classement à base d’étoiles et des termes génériques («à mijoter», «steak», etc.) Ce système, qui prétend simplifier l’étiquetage et menace de s’étendre, fait disparaître un pan entier de notre culture.

La France est une exception. Une exception culturelle. S’il existe encore un cinéma français bien vivant par exemple, c’est parce que des décisions politiques ont été prises pour protéger la création. A l’heure où la tradition gastronomique française se voit inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, elle n’a jamais été aussi menacée. Je n’utilise pas ce mot simplement pour attirer votre attention. Ce qui se prépare est très grave : un arrêté à valeur réglementaire va porter une atteinte irrémédiable à la culture française. Dès le 13 décembre, un nouvel étiquetage va faire son apparition sur les morceaux de viandes bovine et ovine préemballés et vendus en libre-service dans les grandes et moyennes surfaces. Poire, merlan, collier, araignée, échine, ou encore plat de côtes : des mots qui font la France et ses terroirs, des mots vivants qui sont les piliers de notre culture, jugés incompréhensibles et désuets, seront remplacés par des termes génériques et des étoiles. Ce monde de demain, dans lequel le consommateur dirigera des choix essentiels à son existence à l’aide de pictogrammes, est le produit d’une tendance générale à l’opacité, à la désinformation et à l’appauvrissement de la pensée. Ceux qui, oubliant qu’elle est un atout majeur pour notre avenir, voudraient mettre notre tradition gastronomique au musée, nous porteraient un lourd préjudice.

La France ne peut rester un modèle en Europe et dans le monde si elle cesse d’être courageuse. En livrant notre pays pieds et poings liés aux industriels et à la grande distribution, comme il l’a déjà fait en 2008 avec la loi de modernisation de l’économie (LME) (1), le gouvernement donne sa bénédiction à un modèle économique qui lamine notre agriculture, piétine les artisans et écorche la noblesse de nos métiers. Cette LME, la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie et traiteurs (CFBCT) ne cesse de la dénoncer. Quand l’Etat encourage l’uniformisation des denrées, des plats et des goûts, la CFBCT se bat pour rappeler la dimension culturelle de nos arts culinaires et pour sensibiliser les Français à la diversité et aux enjeux liés à la transmission de ces traditions. Quand l’Etat demeure immobile face à la disparition des commerces de bouche de nos villes et villages, la CFBCT rappelle que la préservation de cette culture française dont nous sommes si fiers et que le monde nous envie passe par une exigence vis-à-vis de ce que nous consommons. Dans un esprit de responsabilité, la CFBCT pointe régulièrement les conséquences désastreuses de nos contradictions : nous nous targuons d’être le pays de la gastronomie et pourtant nous mangeons de la viande de basse qualité. Nous voulons rassurer le consommateur : pour le moment, les boucheries artisanales ne sont heureusement pas concernées par l’arrêté du 10 juillet 2014.

Nous voulons aussi rappeler tout ce pour quoi nous existons : pour la diversité des produits et l’amélioration de l’information sur leur origine, pour tout un savoir-faire et un patrimoine. La viande va enfin parler la langue du consommateur, dit le slogan. Sans s’attarder sur le caractère paradoxal d’une formule extrêmement confuse promettant plus de clarté (la viande parle ?), demandons-nous tout de suite de qui on se moque. Du consommateur, comme d’habitude.

Les supermarchés, à grand renfort de marketing et de publicité, ont réussi à imposer les produits de l’industrie agroalimentaire et les repas «prêts à manger». Pourquoi ? Pour répondre à de nouveaux besoins liés aux changements de modes de vie des Français. Ces mêmes supermarchés disent aujourd’hui voler au secours de consommateurs privés du capital culturel qui leur permettrait de bien acheter et de bien manger. En réalité, l’intention et le mécanisme sont clairs : invoquer un changement dans le mode de vie pour créer de nouveaux comportements. Ne nous méprenons pas : cette politique de l’offre ne nous conduit pas vers une diversification des choix mais vers une réduction et une standardisation des modes de consommation.

«Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde», jugeait Camus. Effectivement, ce qui va se perdre, ce ne sont pas simplement des mots. Ce sont les goûts qui sont associés à ces mots. C’est le moment de se poser une question simple et concrète : faut-il diriger les comportements selon des schémas pauvres et abêtissants ou faut-il continuer d’enrichir le vocabulaire du consommateur et le guider à l’aide d’indications linguistiquement riches ?

Fondamentalement, en termes de culture nationale, à qui rendons-nous service ? Soyons précis. Celles et ceux qui ignorent ce qu’est la poire ou le jumeau seront-ils enrichis ou appauvris par cette mesure ? Il y a un art français de la conversation à table, auquel la CFBCT, comme de nombreux Français, est attachée. «Venez à la maison ce soir, il y a un pot-au-feu deux étoiles.» Honteux. Mercredi, jour du steak haché une étoile. Scandaleux. A la formule que mettait en exergue Brillat-Savarin dans sa Physiologie du goût, «Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es», que répondront demain les mangeurs d’étoiles ? Rien. Nous perdons notre identité quand il n’y a plus les mots pour la dire.

(1) L’un des volets de la loi est une réforme majeure de l’urbanisme commercial aux termes de laquelle les créations de grandes surfaces commerciales (ou réaménagements de surfaces) de moins de 1 000 m2 ne seront plus soumises à autorisation préalable d’exploitation commerciale.

Source : Libération

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-les-etiquettes-des-viandes-changent-un-nivellement-par-le-bas/


[Reprise] Stratégie Chinoise, par Charles Gave

Tuesday 16 December 2014 at 00:01

Article du libéral Charles Gave du 17/11

Tout le monde connait la réponse de Chou En Lai à Malraux qui lui demandait quelles avaient été, à son avis, les répercussions de la Révolution Française.

« Je ne sais pas, avait il répondu. Il est encore trop tôt … »

L’Etat Chinois existe sous une forme ou sous une autre depuis au moins 4000 ans, ce qui donne un certain recul à ceux qui le dirige.Et il faut bien comprendre qu’une période se termine en Chine, et qu’une autre commence. Et que donc les autorités sont en train de changer de stratégie.Pour bien comprendre les enjeux en cours, il faut commencer par un constat, celui de la situation mondiale dans laquelle la Chine va évoluer dans les années qui viennent.Sur le plan technologique, le coût d’un robot dans les usines de Foxconn est en train de passer en dessous du coût du travail en Chine.Or cinquante pour cent des exportations Chinoises sont faites par des entreprises Européennes ou Américaines ayant des usines en Chine et ré exportant aux USA ou en Europe. Ces usines vont donc fermer et ré ouvrir à Buffalo ou à Turin.Ce qui veut dire que le modèle mercantiliste Chinois basé sur un coût du travail bas, une bonne infrastructure et une force de travail docile et bien formé est obsolète et qu’il faut donc changer de modèle.

Et c’est ce à quoi le nouveau gouvernement Chinois s’attelle.

Un certain nombre de grandes directions ont été fixées par Pékin

· Première direction.

La demande extérieure en provenance des USA et d’Europe va beaucoup baisser, à cause de la technologie certes mais aussi à cause de l’appauvrissement de la classe moyenne dans ces zones géographiques, résultat inévitable de politiques économiques et monétaires débiles. Conserver une monnaie sous évaluée ne sert donc plus à rien, bien au contraire. Vendre à des gens qui s’appauvrissent est rarement une bonne idée.La décision a donc été prise de transformer la monnaie chinoise en une monnaie forte et de laisser les taux d’intérêts trouver leur niveau naturel, ce qui est une façon de stimuler la consommation et l’épargne domestique, nouvelles sources de croissance.

Il faut souligner ici l’incroyable flexibilité des autorités de l’empire du milieu. L’ancien modèle ne marche plus.On en prend bonne note et on s’adapte, sans récriminations ni gémissements.

· Deuxième direction.

La Chine, en raison de la politique de change précédente à d’énormes réserves de change qui étaient investies en obligation américaines ou européennes qui ne rapportent plus rien.Et bien comme la Chine a trop d’épargne, elle va devenir exportatrice de capitaux et c’est là où les choses deviennent passionnantes tant la stratégie qui se dessine est complexe et brillante.Le premier problème de la plupart des pays asiatiques a toujours été que toutes les transactions entre eux étaient soldées en dollar US.

S’il y avait trop de dollars, nous avions un boom en Asie, pas assez et nous avions un bust…

Aujourd’hui, la banque centrale Chinoise va voir les autres banques centrales en Asie, celle de l’Indonésie par exemple et lui dit : « Vous avez un déficit extérieur parce que vous croissez très vite et que vous faites beaucoup de dépenses d’infrastructure. Donc, vous êtes obligé de freiner votre économie domestique en maintenant des taux d’intérêts trop élevés. Je vous offre de financer votre déficit extérieur en mettant mon bilan en garantie et je vous offre tous les crédits dont vous avez besoin pour acheter- en Chine bien sur- tous les biens d’équipement dont vous avez besoin. »

Je vous prête des yuans (autre nom de la monnaie chinoise) et vous me payez en yuan, ou même si vous le voulez, dans votre monnaie nationale (accords de swaps entre banques centrales).A la place d’être financé par des dollars à court terme, le déficit extérieur Indonésien le devient par des Yuan à long terme, voir par la Chine acceptant d’être payée en monnaie locale. .Les crises de balance des paiements qui avaient tué l’Asie en 1997 sont donc une chose du passé.C’est très exactement ce que les USA ont fait dans les années 40 et 50 avec le Plan Marshall…

Du coup, la croissance des pays asiatiques, qui ne sera plus entravée par leur dépendance au dollar, va être à la fois plus stable et plus forte, et ce simple fait suffira – peut-être à compenser la baisse des exportations Chinoises vers l’Europe ou les USA. .

· Troisième direction.

Pour qu’il y ait un commerce florissant entre différents pays, il faut que chacun d’entre eux puisse se spécialiser dans les domaines ou il a un avantage comparatif (cf. la théorie des avantages comparatifs de Ricardo).

La Thaïlande est le plus efficace producteur de riz au monde.Aucune raison de faire du riz en Chine du Nord s’il peut venir de Thaïlande.

Pour cela il FAUT que des systèmes de communication s’ouvrent. (Routes, ports, aéroports, systèmes de télécommunications etc.)Et donc le gouvernement chinois est en train d’offrir à tous les pays de l’ancienne » route de la Soie » de financer tous ces investissements qui les relieront d’abord à la Chine mais aussi au reste du monde.Pour ce faire, les autorités Chinoises sont entrain de créer l’équivalent de la banque mondiale (pour le financement des projets) et l’équivalent du FMI (pour le financement des problèmes de déficit extérieur) et cerise sur le gâteau, ils offrent des parts de ces deux nouvelles institutions à tous les pays de la zone qui le souhaitent, à la grande fureur des Américains et des Européens.

On sait en effet que Banque Mondiale et FMI sont sous le contrôle des USA et que les pays Européens sont sur représentés dans leurs instances dirigeantes. Pourquoi le patron du FMI doit il toujours être un français par exemple Mystère. L’hypothèse de la compétence exceptionnelle peut être écartée au vu des derniers représentants Français à la tête de cette institution.

Nous allons donc avoir des lignes de chemin de fer et des autoroutes qui relieront la Chine à Singapour, ou Pékin à l’Europe, à la Russie, à toute l’Asie centrale, des barrages, des centrales nucléaires construits en Mongolie, au Kazakhstan en Afghanistan, au Pakistan, en Inde, des pipe-lines pétroliers et gaziers reliant la Sibérie à la Chine , des aéroports construits partout, ainsi que des hôtels et des centres d’affaires, tout cela financé par les excédent d’épargne Chinois.

Et comme la Chine a des excédents de capacité de production dans tous ces domaines et que c’est eux qui vont financer, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre de quelle nationalité seront les sociétés qui vont emporter les contrats.La plus veille route commerciale du monde, celle reliant la Chine à l’Asie du Sud Est, à l’Europe et au Moyen-Orient est en train de renaître de ses cendres, trois siècles après qu’elle ait disparue, tuée par le transport maritime.Ceci va faire rentrer dans le système mondial des échanges environ 2 milliards de personnes, ce qui est tout simplement prodigieux.

Pour financer tout cela de manière harmonieuse, la Chine a besoin de marchés financiers profonds et stables et d’une monnaie forte, puisqu’elle se transforme en pays exportateur de capitaux.Déjà les autorités ont signé avec la Grande-Bretagne et la Suisse des accords d’internationalisation de la monnaie Chinoise et déjà des émissions obligataires dans cette monnaie ont eu lieu à Londres….Qui plus est, cette monnaie est lentement mais sûrement en train de devenir convertible.Ainsi, la semaine dernière, il a été décidé que les habitants de Shanghai allaient pouvoir acheter librement des actifs à la bourse de Hong-Kong tandis que les habitants de Hong-Kong allaient pouvoir acheter à Shanghai…Or, il n’y aucun contrôle des changes à Hong- Kong, qui d’ici 10 ans risque bien de donner du fil à retordre à Wall-Street.Et donc le contrôle des changes pour les habitants de Shanghai est en train de disparaître.Le Yuan est en train de devenir convertible, doucement, doucement. Les Chinois ne sont pas pressés.

On voit donc très bien les lignes de force du projet Chinois.

1. Soutien financier aux pays en forte croissance en Asie Financement des infrastructures de communication partout en Asie

2. Internationalisation du Yuan, appuyé sur la place financière de Hong-Kong

3. Création d’un marché obligataire en Yuan, d’abord à Hong-Kong, puis partout dans le monde.

4. Cela requiert une monnaie forte, un abandon des activités à faible valeur ajoutée telles le textile ou les matières premières, un développement de la technologie et des Universités et bien sur l’émergence d’un état de Droit en Chine, ce qui ne va pas être facile, mais les autorités pour la première fois utilisent le mot dans tous leurs discours.

Mais cela veut dire aussi que la Chine retrouve sa place en Asie, c’est à dire la première, ce qui a toujours été le cas dans l’Histoire.

Pendant des siècles, le PIB Chinois représentait 20 % du PIB mondial.

Sous Mao, l’empereur fou, nous étions à 5 %…sous les acclamations de la gauche Française.

Nous sommes en train de retourner à 14 % avec 20% de la Population mondiale , en marche vers les 20% (pour approfondir, Voir Angus Maddison et surtout, Chinese Economic performance in the long run , Etude complète sur l’évolution du PNB Chinois)

Voilà qui n’amuse pas les USA qui manœuvrent aussi mal qu’il est possible, en envoyant la Russie dans les bras de la Chine, qui n’en croit pas son bonheur. Favoriser l’alliance des deux puissances qui contrôlent l’ensemble des terres asiatiques est à peu prés aussi idiot que si les Anglais avaient favorisé une alliance entre la France et la Prusse au XIX eme siècle.

Voilà qui amuse encore moins le Japon, qui du coup et à tout hasard, dévalue sauvagement pour rester compétitif dans ce monde nouveau qui s’annonce. Le Japon a compris et se dit qu’à tout prendre, il vaut mieux devenir la réserve de haute technologie pour l’Asie que de rester une colonie des États Unis.Le prochain grand marché haussier, qui a peut être déjà commencé aura donc lieu en Asie et sera centré sur Hong-Kong et peut être sur Tokyo et Singapour.

Antoine de Saint-Exupéry savait que pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agissait pas de le prévoir, mais de le rendre possible. Je n’ai, pour ma part, jamais rien prévu, je m’efforce juste, encore et toujours de comprendre les possibles.

Le temps nous le dira.

C.G

Source : Institut Des Libertés

Source: http://www.les-crises.fr/reprise-strategie-chinoise-par-charles-gave/


Epinglée par le CSA, à quoi joue Caroline Fourest ?

Monday 15 December 2014 at 01:49

Pour mémoire, je vous rappelle cette série Fourestique du mois de mai :

Je pointais une chronique haineuse et manipulatoire de Caroline Fourest, qui déclarait tranquillement que les Russes arrachaient les yeux de leurs prisonniers :

Chronique de la haine ordinaire : Caroline Fourest ou le délire des Russes qui arrachent les yeux

Celle-ci a eu la gentillesse de me répondre sur le Huffington Post :

À propos des yeux ensanglantés de l’Ukraine, par Caroline Fourest

m’indiquant sa source, mais, comme elle n’a pas pris la peine de faire la moindre vérification, je montrais vite que sa source était juste un fan d’Al Qaeda :

Les barbares russes de Caroline Fourest : sa source était un fan d’Al-Qaeda…

Je vous avais proposé de saisir le CSA face à ce manque de déontologie  journalistique.

En septembre, le CSA a écrit à Radio-France en lui demandant d’user de plus de professionnalisme…

Comme quoi, il reste encore quelques contre-pouvoirs, et il peut être efficace de se mobiliser…

Merci à toutes et à tous !

Quand le CSA épingle Caroline Fourest…

Date de publication : lundi 15 septembre 2014
Assemblée plénière du 16 juillet 2014

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel SA a été saisi de plaintes au sujet de l’émission Le Monde selon Caroline Fourest diffusée sur France Culture le 6 mai 2014, en raison d’une chronique qui portait sur le conflit en Ukraine et au cours de laquelle la chroniqueuse a fait état d’exactions qui auraient été commises à l’encontre d’officiers ukrainiens, en précisant notamment que « les paramilitaires séparatistes venaient de leur arracher les globes oculaires avec un couteau ».

Le CSA a considéré que cette information – eu égard à sa sensibilité – n’avait pas fait l’objet de vérifications préalables suffisantes.

Le Conseil a rappelé fermement à la société Radio France la nécessité de faire preuve de davantage de vigilance et de rigueur, notamment pour des sujets sensibles d’actualité. Il a, à cette occasion1, rappelé les orientations de la recommandation du Conseil du 20 novembre 2013 relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes par les services de communication audiovisuelle.

Source : CSA, 15/09/2014

Donc Fourest colporte une rumeur abjecte sans fondement, en étant dans la totale incapacité de la prouver, elle se fait taper sur les doigts par le CSA. Et que fait-elle ? Elle attaque – façon BHL…

A quoi joue le CSA ?, par Caroline Fourest

Quand il ne décrète pas la mort salariale de centaines de journalistes en refusant à des chaînes comme LCI ou Paris Première d’accéder à la TNT, le CSA se permet de tancer des confrères de D8 ayant enquêté sur le Front national à l’aide d’une caméra cachée. La chaîne, qui doit déjà affronter le harcèlement juridique bien connu (et coûteux) du Front national, a reçu un « avertissement ».

[OB : C'est bizarre, je n'ai jamais entendu critiquer TF1 d'avoir choisi un modèle payant pour sa chaine d'info, contrairement à Canal Plus et BFM, et d'avoir perdu en fin de compte en raison de sa stratégie initiale erronée... J'imagine que ce devrait être comme pour les banques : pile je gagne, face je ne perds pas ?]

Bizarrement, le CSA n’en donne jamais quand des confrères servent de relais, bêtes et neutres, à des intox ou à des propos mensongers livrés sous forme de communication politique bien huilée. Ou lorsque des émissions de service public censées élever le débat servent de relais aux théoriciens de l’incitation à la haine ou du complot. Non, le mal suprême, c’est d’avoir osé faire une « caméra cachée » pour contourner le vernis et faire émerger un discours-vérité !

Voilà qui va un peu plus dissuader des confrères d’enquêter — et donc d’informer — sur le décalage existant entre le discours lisse tenu par le FN dans les médias et celui qu’il tient en en réalité, dans les coulisses. Les radicaux, les démagogues et les désinformateurs professionnels en général, peuvent dormir tranquilles. Le CSA veille à les protéger.

Les pro-Russes, parfois aussi militants du Front national, peuvent aussi se réjouir.

[Point Godwin, classique]

Pendant l’été, le CSA a cru bon d’adresser une leçon de morale à mon employeur (qu’il a nommé) suite à une campagne largement menée par des soutiens de Vladimir Poutine. 

[C'est dingue ça, on raconte des conneries à la radio, et il y a des conséquences !!! A quand l'impunité à vie ?]

[2e point Godwin, non, non, on ne soutient pas Poutine, on essaie de chercher la vérité - et on a vu après l'Irak, le Kosovo, la Libye, la Syrie, etc, que la lutte contre la propagande de guerre était une impérieuse nécessité]

En effet, lors d’une chronique sur l’incendie meurtrier à la Maison des syndicats d’Odessa où ont péri des dizaines de militants séparatistes, j’ai mentionné le climat délétère qui l’avait précédé en Ukraine et dont très peu parlait à l’époque, sauf la presse Ukrainienne. Bien avant les images que l’on connaît enfin aujourd’hui et qui sont devenues quotidiennes, un quotidien national venait d’annoncer l’enlèvement de trois officiers du SBU. Sur une vidéo diffusée cette fois par les séparatistes, on peut les voir exhibés comme prisonniers, les yeux trempés de sang à travers leur bandeau. Ces yeux ensanglantés ont-ils été arrachés ? C’est ce que prétend ce journal ukrainien. Une universitaire et une journaliste me l’ont dit sérieux et moins propagandiste que d’autres médias ukrainiens. Ce journal a-t-il menti ou s’est-il trompé ? Personne, à ce jour, ne l’a démontré. En revanche, ceux qui le prétendent (sans preuves) n’arrivent toujours à expliquer pourquoi les yeux de ces trois agents étaient trempés de sang… Mais surtout, mon article portait sur ce climat de haine et de propagande. Ne pas en parler aurait été, à mes yeux pour le coup, une faute.

[Ah pardon, c'est à nous de prouver que ce que raconte Mme Fourest est faux, mes excuses, j'ai du mal lite la Charte de Munich :

3. Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ;

Citer un pseudo journal et aucune source sérieuse, et ne même pas regarder l'émetteur de la vidéo qui est, je la rappelle, un islamiste, ne semble pas remplir ce devoir... Je rappelle qu'aucune agence de presse mondiale n'a rapporté cette information, mais ce n'est pas grave apparemment...

Quant au point 6 :

6. Rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte...]

Comme j’ai la chance de travailler sur une antenne à la fois libre et de qualité, je m’en suis expliquée sur l’antenne de France Culture au micro du médiateur, quelques jours après ma chronique ayant suscité une campagne de courriers. Des auditeurs pro-Russes se plaignaient, en général, d’écouter une antenne jugée trop favorable aux Ukrainiens. J’ai tenté de leur expliquer que l’antenne d’une radio est faite de journaux factuels et de chroniques d’opinions engagées. Ce n’est tout de même pas la faute de la rédaction, l’une des meilleures que je connaisse, si les pro-Russes préféraient mener des opérations de déstabilisation armées illégales plutôt que d’aller voter comme ils en avaient le droit lors d’élections nationales enfin libres et non truquées… L’antenne de France Culture a également rapporté les actes criminels de supporters de foot pro-Ukrainiens, mafieux et pour certains d’extrême droite. Comme lorsqu’ils ont tué des dizaines de militants pro-Russes à la Maison des syndicats d’Odessa. Je suis bien placée pour le savoir, j’ai réalisé un reportage pour France culture sur ce sujet, en laissant la parole aux pro-Russes, alors victimes de ces criminels.

J’ai aussi parlé de ce je pensais des fascistes (ultra-minoritaires) du Secteur droit. J’assume néanmoins préférer les insurrections populaires réclamant la démocratie comme l’Euro-Maïdan aux crimes menée par un voisin autoritaire, en l’occurrence russe, pour tenter d’empêcher cette démocratisation et préserver ses intérêts de façon coloniale.

Si cette grille de lecture est partagée par d’autres confrères, ce n’est pas le fruit d’un complot ou à cause de « la pensée unique » comme l’écrivent certains auditeurs, mais le résultat d’une logique assez simple : les gens dont le métier est de réfléchir sont plutôt du côté des démocrates que des apprentis totalitaires.

[Ah si leur métier est de réfléchir alors... On a vu qu'ils avaient bien réfléchi déjà pour l'Irak et la Libye, beau succès, bravo... N'hésitez pas à prendre des vacances...]

Non seulement, cette mise au point a eu lieu sur l’antenne, mais elle a même permis de faire un peu de pédagogie sur nos métiers.

Cela n’a pas dissuadé le CSA d’écrire à mon employeur pour donner raison aux campagnes de courriers en lui conseillant de bien faire attention aux sources en temps de guerre. Comme si ma chronique — qui s’appelle « Le Monde selon Caroline Fourest » — était un reportage pour le journal de 20H et non un éditorial sur les propagandes russes et ukrainiennes… Par temps de guerre justement.

["Ben flute, je ne fais pas de l'information, laissez moi tranquille !". Je me demande si elle comprend que dire que des Russes arrachent les yeux c'est faire de la propagande, elle n'a pas l'air...]

Merci pour la leçon. Mais je me permets de vous donner à mon tour un conseil. En effet, j’ai bien regardé votre CV et vos parcours. Il y a parmi vous quelques collègues. Assez peu en fait, mais enfin il y a tout de même quatre journalistes… Certains que je respecte et pour qui j’ai même de l’amitié. Enfant, j’ai écouté vos émissions d’histoire et vu vos reportages à la télé.

Sans vouloir me montrer trop irrespectueuse, je ne crois pas que vous sachiez bien ce que signifie être éditorialiste (une seule parmi vous l’a été) par temps de guerre 2.0. Surtout lorsqu’on enquête, comme c’est mon cas depuis dix-neuf ans, sur les réseaux extrémistes spécialisés dans la propagande et les campagnes d’intimidation. Qu’ils soient partisans de Tariq Ramadan, de Thierry Meyssan, de Dieudonné, de Marine Le Pen, d’Alain Soral, de la Manif pour tous, du Printemps français et depuis deux ans de Vladimir Poutine… Heureusement, très souvent, ce sont les mêmes.

Pas un jour ne se passe sans que je sois insultée ou menacée sur les réseaux sociaux. Quand on ne veut pas m’organiser un accident de voiture, on veut me casser les dents, me tabasser (parfois ça arrive), souvent on donne mon adresse. Les uns me traitent d’ « islamophobe » pour avoir écrit sur l’intégrisme, les autres d’ « islamophile » pour avoir soutenu le printemps arabe et dénoncé le racisme anti-musulmans, certains de « pro-israélienne » pour avoir toujours combattu l’antisémitisme, d’autres de « nazie » pour avoir critiqué la politique israélienne.

Les esprits délirants de Reopen 911 (ceux qui pensent qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone) m’adressent perpertuellement des leçons de journalisme et mentent ouvertement en écrivant sur leur site que j’ai « bidonné un reportage »… Il s’agit en fait d’un reportage de France 5 sur les théories du complot, et d’une séquence non montée et parfaitement juste donnant la parole à deux de leurs sympathisants se perdant dans leurs raisonnements ! J’ai porté plainte. Je porte régulièrement plainte, contre les menaces et les diffamations les plus grossières, mais je ne peux pas tout poursuivre… Je n’ai pas les moyens juridiques du Front national.

Parfois, en retour, je reçois des convocations au poste de police. Avant l’été, l’AGRIF a porté plainte contre moi pour « haine envers la religion », simplement parce que je filmais les FEMEN pour France 2 lors de la manifestation de CIVITAS… Où je me suis faite tabasser. Je passe sur le harcèlement injurieux, ayant donné lieu à des procédures d’une internaute soutenant la LDJ. Alain Soral a également porté plainte contre moi, pour avoir pointé du doigt ses expressions racistes lors d’une soirée de soutien à Christine Taubira. Je me rends aux convocations quand je suis poursuivie, lui jamais. Ainsi va le monde.

[Bravo et respect, et total soutien pour condamner la violence dont elle a été victime, mais en quoi cela donne le droit de dire des conneries à l'antenne ?]

Vous voyez cela fait de grosses journées, passées à batailler pour informer sur les propagandistes sans être soi-même salie par leurs propagandes. Si vous ajoutez à cela la précarité de nos métiers, où nous ne sommes plus déclarés comme journalistes mais comme intermittents du spectacle, par des patrons qui vous expliquent qu’il n’y a plus d’argent pour faire des émissions « prise de tête », qu’il faut faire de l’audience pour avoir des budgets, et surtout laisser plus de place à l’interactivité, c’est-à-dire aux campagnes de courriers souvent anonymes et haineuses, je peux vous dire que la dernière chose dont un journaliste enquêtant sur la propagande a besoin, c’est d’une leçon du CSA.

Mais surtout, la prochaine fois, envoyez-moi votre mise en garde par courrier. Cela me fera un souvenir, que je pourrais encadrer. Quand un jeune, dans quelques années, me demandera « Caroline, c’était quoi le CSA ? », je pourrais lui répondre, émue : « Le CSA ? C’était des sages qui écrivaient des lettres aux journalistes pour leur dire de bien faire attention à ne pas propager la propagande qu’ils démasquaient, à la demande de ceux qui voulaient les intimider pour continuer à désinformer, au nom de « l’interactivité » que le CSA encourageait… Et qui a finalement remplacé le journalisme. »

Bien sûr, à ce moment, cette jeune fille ou ce jeune garçon ajoutera « Mais Caroline, c’est quoi le journalisme ? ».

[Ben petit, demande plutôt à Georges Malbrunot ou Denis Robert, Caroline elle n'a pas d'échantillon sur elle en ce moment ! :) ]

[Allez, sans rancune !]

Source : Le Huffington Post  , 16/09/2014

  1. Assemblée plénière du 16 juillet 2014

Source: http://www.les-crises.fr/epinglee-par-le-csa-a-quoi-joue-caroline-fourest/


Pièce à convictions : Areva, 3 milliards en fumée…

Sunday 14 December 2014 at 05:00

EXCELLENTE enquête de Pièce à conviction sur France 3 mercredi dernier.

A revoir ici.

Avis Télérama :

“Affaire Areva : 3 milliards en fumée”, une enquête précise et détaillée sur France 3

Comment le géant du nucléaire français, Areva, a-t-il pu se faire berner par une petite société canadienne, et se retrouve en pleine tourmente financière ? C’est ce qu’explique Pascal Henry dans un solide documentaire. Copieux et édifiant. Trois bonnes raisons de le regarder…

France 3 diffuse mercredi à 23h20 dans Pièces à conviction une enquête consacrée à l’affaire Uramin. En 2007, Areva achetait cette petite société canadienne à prix d’or. Une opération qui s’est rapidement révélée financièrement calamiteuse pour le géant du nucléaire. Areva, victime d’une grossière arnaque ? Dans une enquête de terrain édifiante, Pascal Henry interroge la responsabilité de la direction de l’époque : l’ex-patronne Anne Lauvergeon et son ex-directeur des activités minières, Sébastien de Montessus. Un retour bienvenu sur un scandale qui participe de la dérive d’un groupe en pleine tourmente financière et sous le coup d’une enquête préliminaire ouverte par la justice.

Un sujet au cœur de l’actualité

Les temps sont durs pour le numéro un mondial du nucléaire : Areva a perdu 694 millions d’euros au premier semestre, et la facture pourrait s’élever à plus d’un milliard d’euros fin 2014. En cause, une chute de ses ventes, le marché du nucléaire étant en berne depuis la catastrophe de Fukushima en 2011; des retards dommageables sur les chantiers des EPR de Flamanville (Manche) et d’Olkiluoto(Finlande), mais aussi l’achat dispendieux de la petite compagnie canadienne Uramin en 2007, dont les mines d’uranium au Niger, en Centrafrique ou en Namibie se sont vite révélées inexploitables. C’est sur cette affaire, dont la justice s’est saisie au printemps et qui n’a pas fini de faire parler du géant du nucléaire, que zoome Pascal Henry.

Un solide tour de la question en moins d’une heure

Pas de révélations dans cette enquête, par rapport à la somme d’informations déjà parues dans la presse depuis 2011, mais une solide synthèse. Le film est un document précieux, retraçant avec rigueur les grandes lignes de l’affaire Uramin. Avec une interrogation initiale : comment le premier groupe nucléaire mondial a-t-il pu se laisser berner par la petite Uramin et ses permis miniers fertiles ? Et une réponse sans équivoque face caméra de l’ancien géologue d’Areva, Jean-Pierre Milesi : le sous-sol des terrains acquis n’a pas été expertisé comme il aurait dû l’être par Areva, tant les négociations ont été hâtivement menées. Areva s’est contenté d’expertises financées par les vendeurs eux-mêmes. Partant de ce constat absurde, Pascal Henry creuse les causes de cette légèreté, interroge les principaux acteurs de l’époque et rassemble d’instructifs documents internes. Autres interrogations majeures : pourquoi Areva a-t-elle dépensé autant d’argent et à qui a bien pu profiter une telle négociation ?

En interne, deux enquêtes secrètes ont été menées, entre 2010 et 2011, pour éclaircir la transaction mais aussi sur l’éventuel rôle qu’aurait pu tenir Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon, qui avait personnellement introduit le négociateur chargé de la transaction chez Areva. Des investigations commandées par Thierry D’Arbonneau, alors chef de la sécurité d’Areva, puis Sébastien de Montessus. Retraçant minutieusement les événements, Pascal Henry livre une captivante « plongée dans les arcanes d’un gros contrat », fouille les « zones d’ombre » et les « recoins secrets » de l’opération Uramin, soulignant les suspicions de pots de vin et de commissions occultes dans le projet d’exploitation de Bakouma, en Centrafrique.

Une enquête de terrain

Rares sont les enquêtes de terrain sur l’affaire Uramin. Pascal Henry est allé constater sur place l’état des mines acquises par Areva à prix fort en Afrique : il récolte en Namibie et en Centrafrique des images de sites abandonnés, qui illustrent avec force l’ampleur de la gabegie. A Trekkopje, en Namibie, « deuxième région la plus riche du monde en uranium », il trouve des installations conséquentes (1 milliard d’euros de travaux) mais désolées et impossibles à visiter. Pascal Henry rencontre le directeur du site, qui dément une fermeture définitive de la mine et évoque une pause dûe à la chute du cours de l’uranium. Le journaliste visite pourtant sans aucun souci le site voisin de l’Australien Rio Tinto, dont la mine de Rössing tourne à plein. Son directeur confirme la teneur très faible en uranium du site d’Areva.

A Bakouma, site fermé quatre ans après son acquisition, un ancien salarié d’Areva est formel : « Il n’y a jamais eu d’exploitation d’uranium. » Un fiasco centrafricain qui devrait tout particulièrement intéresser la justice dans les mois à venir : l’enquête de Pascal Henry souligne le rôle qu’aurait pu jouer en coulisse le député-maire de Levallois-Perret Patrick Balkany dans l’accord passé en 2008 entre l’Etat centrafricain et Areva pour obtenir le droit d’exploiter les mines. Areva aurait à cette fin déboursé 50 millions d’euros supplémentaires, et l’intermédiaire Balkany aurait reçu 8 millions d’euros de commission. Un versement dont la somme a été confirmée en septembre par l’homme d’affaires belge George Forrest, dans le cadre d’une tout autre affaire. L’enquête de Pascal Henry s’achève sur ces soupçons de commission occulte. Celle du parquet est quant à elle bien loin d’être bouclée

Suivi d’un débat en plateau avec Pascal Henry et Vincent Crouzet.

Source : Télérama

Source: http://www.les-crises.fr/piece-a-convictions-areva-3-milliards-en-fumee/


[Reprise] Les banquiers, tricheurs par culture

Sunday 14 December 2014 at 03:00

Les banquiers n’inspirent pas confiance, c’est là un euphémisme. Chaque nouvelle enquête le rappelle : aucun secteur professionnel ne suscite autant de rejet dans l’opinion, « si ce n’est les hommes politiques, les criminels emprisonnés… et les vendeurs de voitures », précise Michel Maréchal, professeur d’économie expérimentale à l’université de Zurich. Le chercheur ne va rien arranger à l’affaire. Avec son collègue de Zurich, Ernst Fehr, et Alain Cohn, de l’université de Chicago, il publie dans la revue scientifique Nature, jeudi 20 novembre, un article qui met en évidence la « culture de la triche » en vigueur dans le secteur bancaire.

Les trois chercheurs s’intéressent depuis des années aux identités professionnelles et à la façon dont celles-ci peuvent contribuer à construire des comportements plus ou moins éthiques. « Les récents scandales financiers, du dossier Kerviel à l’affaire du Libor, et la conviction des experts que les normes en vigueur dans le monde de la banque pouvaient expliquer ces dérives nous ont convaincus de la nécessité d’élaborer un protocole », explique M. Maréchal. Un dispositif assis sur le plus célèbre et le plus simple des jeux de hasard : pile ou face.

Une grande banque internationale a mis à la disposition des universitaires 128 de ses employés, issus de tous les secteurs – banque privée, gestion du risque, traders, ressources humaines – et de tous les niveaux. A une condition : conserver l’anonymat (la suite lui donnera raison). La cohorte, en moyenne onze ans et demi d’expérience dans le secteur, a été scindée en deux. A tous a été posée une série de questions portant sur leur bien-être, suivie de sept questions distinctes. Le premier groupe s’est vu interroger sur son identité professionnelle (dans quelle banque travaillez-vous ? quelle est votre fonction ?…) ; le second, sur d’autres sujets (quel est votre loisir favori ? combien d’heures regardez-vous la télévision chaque jour ?…).

A pile ou face

Les affaires sérieuses ont ensuite commencé. Les cobayes ont été invités à lancer dix fois une pièce et à noter le résultat. Ennuyeux et banal ? Pas tant que ça, car le jeu était intéressé : chaque lancer retombant côté « face » rapportait 20 dollars ; « pile », au contraire, ne rapportait rien.

Tricher ? La tentation était grande. Les joueurs n’étaient pas observés. Un résultat hors de la norme pouvait aisément être attribué au facteur chance. Un, peut-être deux, mais pas dix ou vingt… Que pensez-vous qu’il advint ? L’échantillon de contrôle rapporta un taux de 51,6 % de lancer « gagnant », « ce qui n’est pas significativement différent de 50 % », indiquent les chercheurs. Qui concluent que les banquiers ne sont pas malhonnêtes par nature.

En revanche, dans l’échantillon placé dans des conditions professionnelles, la pièce tomba du bon côté dans 58,2 % des cas. Ce qui n’a plus rien de normal. En considérant que personne ne triche contre son intérêt, le calcul de probabilité estime à 26 % le taux de tricheurs dans le groupe étudié.

Le même exercice a été reproduit avec des employés d’autres secteurs. Aucune différence statistique n’a été observée entre les joueurs placés en situation professionnelle et le groupe de contrôle. Et avec des étudiants : même résultat. En revanche, un autre groupe de 80 employés du secteur bancaire venus d’autres établissements se sont avérés très… chanceux. Ce n’est donc pas la banque d’origine mais bien le conditionnement professionnel qu’il faut incriminer. « Les normes et règles informelles en vigueur dans le monde de la banque privilégient les valeurs matérielles et poussent à une attitude malhonnête », concluent les chercheurs.

Marie-Claire Villeval, professeur d’économie (CNRS, université de Lyon), invite à poursuivre les recherches en se focalisant sur la « prise de risques » et à reproduire une telle étude avec des hommes politiques confrontés à de possibles gains électoraux. « Il n’y a aucune raison de penser que seul le secteur financier soit concerné », juge-t-elle.

Les chercheurs suisses insistent, eux, sur la nécessité de « modifier la culture professionnelle des banquiers ». Mettre en place un « serment », à l’image de celui d’Hippocrate prononcé par les médecins ; écarter les bonus qui favorisent un comportement en conflit avec l’intérêt du client ou de la société ; introduire des primes qui récompensent une attitude « citoyenne ». Le rêve appartient-il à la culture professionnelle du chercheur ?

Nathaniel Herzberg – Journaliste au Monde

Source : Le Monde Economie

Source: http://www.les-crises.fr/les-banquiers-tricheurs-par-culture/


Revue de presse internationale du 14/12/2014

Sunday 14 December 2014 at 01:40

La revue de presse internationale avec cette semaine plusieurs articles pour lesquels le lien renvoi directement sur une traduction. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/rdpi-14-12-2014/


[Reprise] “Nous n’avons plus de politique étrangère indépendante ; ceux qui commandent sont les États-Unis et Israël”, par Roland Dumas

Saturday 13 December 2014 at 05:00

C’est évident, mais heureusement qu’il y a les vieux pour dire un peu la vérité…

L’ancien ministre de François Mitterrand et ex-président du Conseil constitutionnel livre à Sihem Souid sa vision de la France. Entretien.

Sihem Souid : Que pensez-vous de la politique étrangère menée par François Hollande depuis son élection ?

Roland Dumas : Le général de Gaulle tenait à ce que la France soit indépendante. Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing (VGE) et Mitterrand ont été dans cette ligne de conduite qui donnait satisfaction à tout le monde, dire oui avec des réserves mais ne pas entrer dans le commandement intégré de l’Otan. Avec Chirac, des discussions ont eu lieu pour une réintégration, mais les contreparties qu’il voulait n’ont pas été acceptées (le commandement de la zone sud – la Méditerranée). Sarkozy a annoncé que la France réintégrait le commandement intégré de l’Otan. Avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir, la politique étrangère a entériné ce changement de cap avec peu de débats internes et pas de débat public en réintégrant définitivement le commandement intégré de l’Otan, et cela, sans vraie contrepartie. En réalité, aujourd’hui, ceux qui commandent sont les États-Unis et Israël. Aujourd’hui, nous sommes dans une alliance où la France n’a plus rien à dire. Nous n’avons plus de politique étrangère indépendante.

Quel œil portez-vous sur le travail mené par Laurent Fabius au Quai d’Orsay ?

Il a été mon Premier ministre, donc je ne peux pas en dire du mal (sourires). Vous connaissez le proverbe anglais “right or wrong, my country is my country”. Il a été un très bon Premier ministre, mais il est un moins bon ministre des Affaires étrangères car il ne pousse pas les idées que je viens de vous exposer qui sont les idées traditionnelles de la France. La France a perdu son indépendance en matière de politique étrangère !

Croyez-vous en l’avenir du Parti socialiste ?

Je suis très frappé de voir avec quelle dextérité les partis de droite changent de label, contrairement au Parti socialiste qui n’a changé qu’une seule fois d’étiquette (SFIO). Il est le seul à incarner le socialisme et c’est une grande idée, ce n’est pas quelque chose que l’on change en lisant Marie Claire. C’est une philosophie politique. Le Parti socialiste a deux tendances et elles subsisteront. Une tendance conservatrice et une tendance progressiste. Manuel Valls représente tout ce qu’il y a de plus conservateur dans le Parti socialiste. Manuel Valls est un bon gestionnaire, mais ce n’est pas ma tasse de thé. François Hollande comme Manuel Valls représentent la tendance droitière. Je n’oublie pas qu’il y a 20 ans François Hollande était le précurseur de la droite du Parti socialiste. Il appelait ça l’intercourant. C’est la droite du Parti socialiste qui gouverne et qui trouve son aise et ses habitudes dans son alliance avec l’Amérique.

Selon vous, François Mitterrand a été le président de la République le plus à gauche ?

Le plus à gauche de tous les hommes politiques qui ont gouverné est le général de Gaulle. Sur le plan de la politique étrangère, il a créé avec la Russie l’escadrille de chasse Normandie-Niemen, il fallait du culot tout de même de sa part ! C’est quand même lui qui a fait la paix pour la guerre d’Algérie. On peut raconter ce que l’on veut, mais à l’époque, c’est lui qui a fait la paix et les socialistes qui ont fait la guerre. Il y a des moments où je me sens mal à l’aise !

Nous sommes à la mi-mandat de François Hollande. Quelle différence voyez-vous entre les deux premières années de François Mitterrand et celles de François Hollande ?

Elle est très grande ! François Mitterrand avait créé l’Union de la gauche, c’est moi-même qui avais négocié avec le Parti communiste. Le Front de gauche est un adversaire du gouvernement. Hollande ne sait pas rassembler les gauches et je considère qu’il a du courage, mais pour une mauvaise politique.

Que feriez-vous aujourd’hui si vous étiez encore ministre des Affaires étrangères ?

Je serais déjà toujours resté fidèle à la pensée socialiste. J’aurais rétabli une vraie politique française avec la Russie ! La France doit rétablir une relation privilégiée avec la Russie. Nous traitons mal les Russes, contrairement à ce qui peut se dire dans le monde ! Nous ne tenons compte d’aucun des engagements qui ont été pris, notamment avec Gorbatchev concernant la conférence de Moscou. L’alliance outre-Atlantique n’a pas tenu ses engagements envers Moscou. Je suis contre l’injustice même en politique internationale.

Pensez-vous que la montée des extrêmes est plutôt due à une crise du politique ou de la démocratie ?

Les hommes politiques ont moins d’influence que l’on croit sur la politique, mais ils incarnent à un moment une situation. Le Front national surfe sur la crise économique concernant la politique intérieure et surfe sur la politique étrangère en prenant le relais du nationalisme.

Pourquoi faut-il reconnaître l’État palestinien ? Selon vous, la reconnaissance de l’État palestinien est-elle suffisante pour relancer un processus de paix ayant des chances d’aboutir ?

C’est une question qui n’est pas neuve. La question se pose déjà depuis la fin de la guerre. Ce qui me navre, c’est qu’elle se pose avec répétition et un peu de naïveté, car tous les jours on entend dire où en est le processus de paix, mais tout le monde sait que le processus de paix est mort. Il ne faut pas demander des nouvelles d’un mort, mais ça amuse la communauté internationale. En réalité, les protagonistes de ce conflit ne souhaitent pas la paix, ils veulent le processus de paix, ce qui est différent. La reconnaissance de l’État palestinien n’est pas négligeable, mais tout cela finira dans le ridicule. La France vient de se prononcer avec courage sur cette question, mais un courage qui tape dans un édredon de plumes. Les jeux sont faits de telle façon que ça ne bouge pas, on voit bien que, dès qu’il y a une décision de prise qui condamne Israël, il y a le veto américain ou un autre veto. Les grandes puissances ne veulent pas que ça avance. Aujourd’hui, la Russie est quand même un peu affaiblie et n’a pas le pouvoir qu’elle pouvait avoir autrefois pour peser dans le conflit israélo-palestinien. On se dirige vers une situation qui n’est pas très originale.

Sihem Souid -  chargée de mission au ministère de la Justice.

Source : Le Point

 

Source: http://www.les-crises.fr/nous-n-avons-plus-de-politique-etrangere-independante-ceux-qui-commandent-sont-les-etats-unis-et-israel-par-roland-dumas/


[Reprises] GEAB N°88 et N°89 : Crise systémique globale 2015

Saturday 13 December 2014 at 02:00

Je partage avec vous aujourd’hui l’introduction du « GlobalEurope Anticipation Bulletin », qui est pour moi de loin une des meilleures sources d’information sur la Crise…

GEAB N°89 – Crise systémique globale 2015 : le monde passe à l’est

- Communiqué public GEAB N°88 (15 octobre 2014) -

Deux faits majeurs ressortent de l’actualité des quatre dernières semaines. D’un côté, la Chine devient la première puissance économique mondiale, passant officiellement devant les États-Unis, avec un poids économique officiel (chiffres du FMI) de 17,61 billions de dollars (versus 17,4 pour les États-Unis). Si les médias mainstream n’ont pas accordé le moindre haussement de sourcil à cette information, notre équipe, en revanche, estime qu’il s’agit là d’un événement historique: les États-Unis ne sont plus la première puissance économique mondiale et, forcément, ça change tout ! (1)

C'est officiel : la Chine devient la première économie mondiale devant les USA.

PIB de la Chine (bleu) et des États-Unis (rouge) en parité de pouvoir d’achat (PPP), en milliards de dollars, 2002-2019. Source : Financial Times

D’autant plus que, parallèlement au franchissement de ce seuil, les États-Unis, après avoir tenté d’impressionner la planète par un militarisme débordant à l’occasion de la crise ukrainienne, révèlent une faiblesse stratégique majeure dans leur « gestion » de la crise irakienne. La politique du muscle, qui semblait obliger le monde à rester sous tutelle américaine pour un temps encore indéfini, tourne court.

Ces deux indicateurs permettent de voir se dessiner un point de bascule majeur dans le déroulement de la crise systémique globale : le passage d’un monde américain à un monde chinois…

Europe, Russie – Mise en place d’un plan Marshall « à la chinoise »

Cette évidente émergence de l’acteur chinois a été précipitée par la crise ukrainienne. Alors que la Chine avait intérêt à maturer son émergence à l’abri des radars, alors que les Russes tenaient à distance une Chine inévitablement invasive, alors que les Européens auraient dû également préserver les conditions d’une émergence en douceur de ce méga-acteur, la crise ukrainienne a accéléré la mutation et fait perdre en partie la main aux acteurs.

Nous avons déjà fait remarquer que la crise ukrainienne et la politique de sanctions ont poussé les Russes à accepter de signer à un tarif moins intéressant que ce qu’ils espéraient le fameux accord gazier russo-chinois. L’Ukraine a fait perdre la main aux Russes dans leur négociation avec la Chine de cet accord.

Ces jours-ci, le premier ministre chinois est en visite officielle en Europe et en Russie (2). Il a les bras chargés de contrats, de projets d’investissements et de perspectives de business (3), un véritable plan Marshall de reconstruction des économies européennes et russes partiellement détruites par la guerre ukrainienne (4)… Un plan irrésistible, bien sûr. Mais les conditions sont-elles désormais réunies pour que nous soyons vraiment attentifs à préserver notre indépendance vis-à-vis de cette nouvelle puissance ? Rappelons-nous que le plan Marshall a contribué à enchaîner l’Europe de l’après-guerre aux États-Unis.

La City de Londres a déjà été sauvée de la faillite par la Chine qui en a fait la première place financière « hors-sol » à pouvoir émettre des obligations en yuan (5). De ce fait, l’Angleterre devient un fervent promoteur de l’adjonction du yuan aux DTS du FMI. La BCE elle-même commence à envisager d’ajouter du yuan à ses réserves internationales (6). Et l’Europe se retrouve à jouer le rôle qui lui incombe de facilitateur de transition systémique entre un monde d’avant et un monde d’après la crise. Mais pour le jouer à ses conditions, il aurait été préférable d’être mu par une vision (7) plutôt que par l’appât du gain, voire un réflexe de survie.

Tout cet activisme entre l’Europe, la Russie et la Chine va culminer ces jours-ci avec la tenue du sommet de l’ASEM à Milan, les 16 et 17 octobre. Cet événement a toutes les chances de rester dans les livres d’histoire, en ce qu’il va arrimer l’Europe et l’Asie et fournir la plateforme de résolution de la crise de l’euro, de la crise ukrainienne, de la crise euro-russe, de la crise systémique globale… permettant ainsi la transition au monde d’après la crise. Il aurait été plus « multipolarisant » que l’acte fondateur du monde d’après soit scellé en un sommet Euro-BRICS (8); mais il y a urgence et, après tout, trois des cinq BRICS seront présents (Russie, Inde et Chine)… Et surtout, le sommet ASEM a pour caractéristiques communes avec l’idée d’un sommet Euro-BRICS d’être représentatif des nouvelles réalités globales (poids économique, commercial, démographique) et de ne pas compter les États-Unis, désormais et jusqu’à nouvel ordre ombre portée sur toute tentative d’adaptation du système mondial aux nouvelles réalités.

Le succès de cette rencontre va rendre évident à tous le contraste entre les perspectives offertes par l’alliance avec les États-Unis (où il est surtout question de guerre) et celles offertes par un rapprochement stratégique avec l’Asie (où il est surtout question de redressement économique) (9). Notre équipe anticipe que les espoirs portés par ce sommet auront notamment pour effet de sonner le glas du traité transatlantique, le déjà si controversé TTIP (10).

Nos lecteurs savent que notre équipe ne craint pas l’irrésistible montée en puissance de la Chine. Mais on ne fait pas d’anticipation sans mettre en perspective des hypothèses d’avenir composées de changements de régimes, de dérives propres aux positions de toute-puissance, de durcissements conjoncturels… Alors, face à l’arrivée d’un nouveau patron sur la scène internationale, l’Europe (et tout le monde) doit être capable à la fois d’accueillir positivement la nouvelle réalité et de veiller à repenser les conditions de la préservation de son indépendance.

En la matière, notre équipe se permet une autre pointe d’optimisme. Les premières générations d’étudiants formés à l’Europe (grâce au programme Erasmus et aux dynamiques trans-européennes en matière d’enseignement supérieur) ont 45-50 ans, l’âge où l’on commence à compter, que ce soit sur les circuits politiques ou économiques. Leur capacité à s’intégrer dans un monde multipolaire est infiniment supérieure à celle des élites issues des générations antérieures formées nationalement ou aux États-Unis, ne parlant dans le meilleur des cas qu’anglais. Grâce à Erasmus, l’Europe a tous les atouts en main pour compter à l’échelle globale malgré sa petite taille relative : multilinguisme, multiculturalisme naturel facilitant l’ouverture au monde et la compréhension de la complexité, etc.

En conclusion, l’émergence du monde multipolaire reprend son cours suivant les anticipations de LEAP… Il aura seulement été plus douloureux et sera juste un peu plus chinois que ce qu’une transition organisée aurait permis.

Notes

(1) Moins fracassant, mais tout aussi emblématique d’un changement de paradigme, la Chine annonce qu’elle adopte un nouveau mode de calcul du PIB, intégrant d’autres paramètres que la seule croissance. Une décision dont la pertinence objective et la base d’application (Chine) risque de reléguer l’ancien PIB au rang des outils de la préhistoire économique. Le brouillard statistique va tendre à retomber et le paysage n’aura vraiment plus rien à voir! Source : Europe Solidaire, 09/10/2014.

(2) Sources : China Daily, 08/10/2014.

(3) Sources : Business Insider, 14/10/2014 ; China Daily, 09/10/2014.

(4) La crise euro-russe et la politique de sanctions mutuelles sont bien évidemment les principales causes du considérable ralentissement économique du continent ces derniers mois. Cette réalité, qui ne fait l’objet d’aucun commentaire dans la presse, a pourtant récemment été mise en évidence par les chiffres catastrophiques de l’économie allemande… depuis comme par hasard six mois. Sources : The Telegraph, 06/10/2014 ; International Business Times, 09/10/2014.

(5) Source : Wall Street Journal, 09/10/2014.

(6) Source : Malay Mail, 11/10/2014.

(7) En promouvant activement l’émergence d’un monde multipolaire grâce à un rapprochement Euro-BRICS tel que préconisé depuis 2009 par Franck Biancheri et LEAP.

(8) Tel ce pour quoi nous militons depuis 2009. Voir projet Euro-BRICS de LEAP.

(9) Le GlobalEuromètre en témoigne depuis quelques mois : beaucoup de personnes en Europe sont conscientes du fait que les dynamiques d’avenir se situent davantage du côté des BRICS que de celui des États-Unis.

(10) TTIP dont nous avons toujours anticipé qu’il ne verrait pas le jour, en tout cas pas autrement que sous une forme totalement édulcorée (pour ne pas faire perdre la face à Bruxelles et Washington), mais que le basculement idéologique « occidentaliste » de ces derniers mois, en déconnectant l’Europe de la réalité et en annihilant sa capacité de réaction naturelle aux événements, a réellement fait courir le risque d’une signature forcée.


GEAB N°89 – Crise systémique globale 2015 : les dynamiques d’avenir éloignent l’Europe des logiques de guerre du camp occidental

- Communiqué public GEAB N°89 (15 novembre 2014) -

Depuis 2006, le GEAB analyse l’évolution et anticipe les étapes à venir de ce que nos équipes appellent depuis le début une « crise systémique globale ». Le fait que nous soyons bien en « crise » depuis 2008 ne fait plus doute pour personne. Que cette « crise » soit « globale » est également communément admis. Mais le monde a-t-il bien pris la mesure de la dimension « systémique » de cette crise ?

La partie visible de ce changement de système sur lequel tout le monde s’accorde désormais, c’est l’apparition de nouveaux très gros acteurs internationaux remettant en question l’ordre mondial instauré par les États-Unis lors de l’effondrement du bloc soviétique.

C’est ainsi que dans le GEAB, nous parlons depuis longtemps de cette tendance lourde de multipolarisation du monde imposant de réformer les instances internationales existantes ou/et, en cas d’échec sur ce point, d’inventer une nouvelle gouvernance mondiale (un processus d’invention dans lequel nous estimons que l’Europe avait un rôle historique à jouer compte tenu de son expérience unique d’intégration d’entités étatiques de tailles et de natures différentes).

Mais il est une autre tendance lourde dont chacun admettra le caractère profondément restructurant, c’est l’internet qui, au-delà de sa contribution à la facilitation des échanges commerciaux et à la globalisation des économies, connecte de facto en un corps social organique la totalité de l’humanité grâce à un « système » en réseau profondément différent des systèmes pyramidaux hérités du XIXe siècle qui fondent pourtant officiellement toujours nos « systèmes » socio-politico-institutionnels nationaux, inter-nationaux et supra-nationaux (1).

Ces deux grandes tendances combinées aident à se faire une idée de ce à quoi ressemblera le monde de demain : un corps social global en réseau largement auto-organisé et dont il reste à inventer le modèle institutionnello-politique de gouvernance. On devine à cet énoncé de la problématique à laquelle le monde est confronté que ce modèle consistera en petites structures plates de coordination politique (2) intégrées aux réseaux humains relevant de leur compétence administrative (3).

Mais avant que ce système ne soit officialisé, toute la difficulté consiste à intégrer à ces dynamiques d’avenir l’ancien système pyramidal… ou à s’en débarrasser. Notre équipe estime que c’est à ce combat que le monde assiste actuellement : logiques d’empire vs combinaison d’entités politiques indépendantes entre elles, démocratie représentative vs participation citoyenne directe organisée, pyramides vs réseaux, colonisation militarisée vs commerce globalisé et régulé, systèmes nationaux vs systèmes post-nationaux, pétrole contre énergies renouvelables, économie lourde vs économie numérique, banques vs flux financiers, emploi vs activité professionnelle en ligne, institutions ONU vs club BRICS, etc.

Les acteurs du monde d’avant, en raison surtout d’une totale incompréhension des ressorts caractéristiques de la société de demain, ont actuellement recours à tous les outils classiques de la domination (finance, armée, religion ou idéologie) pour bloquer l’évolution « naturelle » du monde. Ce combat est voué à l’échec, c’est une certitude, mais selon la vitesse à laquelle ces acteurs se fondront au nouveau mode d’organisation, les dégâts infligés à l’humanité peuvent être considérables.

C’est dans ce paysage de transformation systémique du monde que notre équipe a souhaité planter son habituelle analyse de l’actualité récente : influence de la Chine et des BRICS sur l’actualité économique et géopolitique, fin de l’enlisement euro-russe au milieu de l’arsenal ukrainien, crise cardiaque des États-nations en Europe, espoir de résurrection par le niveau européen.

La globalisation à la chinoise reprend son cours

Le mois dernier nous analysions que le monde devenait chinois. Ce mois-ci un certain nombre d’événements internationaux nous montrent ce que ce fait change en matière de gouvernance mondiale :

Tout cela en un mois seulement ! Le monde semble redémarrer, emmené par les dynamiques des émergents. Il est multipolaire, pacifique, ouvert, et l’Occident y a toute sa place aussi.

Notes

(1) On constate dans cette terminologie que l’État-nation constitue toujours l’ultime point de repère institutionnello-politique.

(2) dont la légitimité démocratique reste à inventer

(3) En guise d’exemple, le secrétariat de coordination des politiques de la Communauté des Européens (CE) pourrait consister en une petite entité décentralisée (composée d’une poignée d’individus, qui n’ont même pas besoin d’être réunis en un lieu commun) travaillant en réseau à coordonner la mise en œuvre des actions décidées dans le cadre d’un système légitime de prise de décision (notre but ici est de montrer à quel point le système de 2030 sera différent de l’actuel, pas de donner une image de ce qu’il sera exactement).

(4) Source : EUObserver, 12/11/2014

(5) Cet article de The Economist qui va tout à fait dans notre sens, vaut la peine d’être lu.

(6) Scellant l’interventionnisme américain (notamment) en la matière. Source : Reuters, 13/11/2014

(7) Source : China Post, 09/11/2014

(8) Source : Deccan Chronicle, 14/11/2014

(9) Le numéro de septembre du GEAB en particulier a fourni une analyse détaillée de l’importance qu’il y a à intégrer l’Iran à la stratégie de paix au Moyen-Orient.


Abonnement : pour ceux qui en ont les moyens, en particulier en entreprise, je ne peux que vous recommander l’abonnement à cette excellente revue de prospective sur la Crise, qui avait annoncé dès 2006 la crise actuelle.

Je rappelle que LEAP ne reçoit aucune subvention ni publique, ni privée, ni européenne, ni nationale et que ses ressources proviennent uniquement des abonnements au GEAB.

Source: http://www.les-crises.fr/reprises-geab-n88-et-n89/


Revue de presse du 13/12/2014

Saturday 13 December 2014 at 00:01

La revue de la presse francophone. Merci à tous nos contributeurs. Bonne lecture.

Source: http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-13-12-2014/